Crise sanitaire et handicap : l’information en santé enfin accessible à tous… La France en 2020 compte près de 12 millions de personnes en situation de handicap…

« Quand les enjeux du handicap avancent, c’est toute la société qui progresse. » C’est ainsi que débute le dossier de presse du Comité interministériel du handicap datant du 16 novembre dernier.

La France en 2020 compte près de 12 millions de personnes en situation de handicap.

 

Si la crise sanitaire a révélé les difficultés d’accès à l’information en santé des personnes vivant avec un handicap ou éloignées du système de soins (personnes non francophones, précaires…), elle a aussi été un catalyseur de solutions innovantes au service de tous grâce au travail collaboratif des associations et des pouvoirs publics.

Une mobilisation sans précédent au service des plus fragiles

Seulement quelques jours après que le premier confinement ait été décidé en mars, l’Alliance Internationale pour les personnes en situation de handicap (IDA) publiait dix recommandations, notamment sur la nécessité d’informer les personnes en situation de handicap et de former les personnels de santé à l’accueil de ces patients aux besoins particuliers. Pourquoi ? Parce que mieux comprendre la santé, c’est avoir moins peur, être davantage coopérant et au final être acteur de sa santé.

« Une information accessible est le prérequis à l’auto-détermination, c’est-à-dire à la capacité d’une personne à prendre des décisions qui la concernent. En cas d’opposition de la part des professionnels ou des organisations, la personne doit pouvoir faire valoir ses droits à l’auto-détermination grâce à l’accompagnement collectif par les pairs qui est un vecteur d’émancipation. » détaille Karen Buttin, personne autiste*.

Par la suite, les acteurs de la santé et du médico-social, notamment les associations, ont fait preuve d’une extraordinaire créativité et réactivité pour produire des outils de communication et des guides de recommandations. Impossible ici d’être exhaustif aux vues de la profusion des initiatives ; citons par exemple les ressources utiles recommandées par les associations nationales comme APF France Handicap ou Santé Publique France mais aussi les associations régionales comme le CREAI Ile-de-France en collaboration avec l’ARS Ile-de-France et le CReHPsy Pays-de-La-Loire.

« Le rôle de notre association, en temps de crise sanitaire, est entre autres de proposer une information fiable, accessible à tous, transparente et honnête aux personnes en situation de handicap et à leurs proches, afin qu’elles restent actrices de leur santé et en capacité de donner un consentement libre et éclairé. » explique Marie-Catherine Time, représentante Régionale APF France handicap Auvergne-Rhône-Alpes.

Mentionnons aussi les outils de notre association CoActis Santé, engagée pour l’accès à la santé pour tous, comme le poster SantéBD pour expliquer le test PCR avec des images et des mots simples et les fiches-conseils HandiConnect pour guider les professionnels de santé dans l’accueil de patients en situation de handicap, en particulier la fiche-conseils « Comment communiquer avec une personne sourde/malentendante ? ».

L’engagement de l’Etat

Les efforts soutenus de l’État, en particulier du Secrétariat d’Etat en charge des Personnes handicapées, méritent d’être soulignés : transcription des documents officiels en FALC (Facile à Lire et à Comprendre), discours systématiquement traduits en langue des signes et vélotypie, production, entre autres, d’un guide pour mieux vivre le confinement avec un enfant autiste par la Délégation Interministérielle à la stratégie nationale pour l’autisme au sein des troubles du neuro-développement et de la plateforme solidaires-handicaps.fr pour recenser les initiatives solidaires… La nécessité d’adopter des réflexes d’accessibilité dans notre société a été mise en lumière, notamment lorsque le port du masque a été rendu obligatoire, empêchant la lecture labiale chez les personnes sourdes qui la pratiquent.

Au final, il paraît légitime de penser que la pandémie de COVID-19 aura été un révélateur de la capacité d’adaptation et de la résilience des acteurs de la santé, du handicap, du médico-social et de la solidarité. Ne nous arrêtons pas là et utilisons ces outils comme des preuves de concept pour continuer à oeuvrer ensemble en faveur d’une société plus inclusive où l’information en santé est accessible à tous et où les professionnels de santé sont formés à l’accueil de patients vivant avec un handicap. Car ce qui est fait pour les plus vulnérables de notre société est utile à tous.

* Karen Buttin est membre de Personnes autistes pour une auto-détermination responsable et innovante (PAARI), du conseil d’administration d’Handi-Voice, think tank d’auto-représentants qu’elle représente à la Commission santé, bien-être et bientraitance du CNCPH et au Conseil scientifique de l’Association pour la recherche sur l’autisme et la prévention des inadaptations (ARAPI), ainsi que facilitatrice-chercheuse à CapDroits qui est une démarche scientifique et citoyenne.

Source ECONOMIE MATIN.

Epilepsie : crises, échec scolaire, Dépakine… Laurène se livre sur son « handicap invisible »…

A l’occasion de la journée mondiale, Laurène Abramovsky nous raconte son quotidien de jeune femme épileptique et reviens sur son parcours, marqué par ce « handicap invisible ».

A 28 ans, elle a réussi le tour de force de décrocher un CDI d’agent d’accueil dans un cabinet d’avocat, et est correspondante locale de l’association Épilepsie France.

Epilepsie : crises, échec scolaire, Dépakine... Laurène se livre sur son "handicap invisible"

 

Pourquoi docteur – Comment votre épilepsie s’est-elle déclarée ?

Laurène Abramovsky – Ma pathologie s’est déclenchée quand j’avais un an. Suite à une méningite, je suis restée plusieurs heures dans le coma, avec un pronostic vital engagé (les médecins étaient très pessimistes). Finalement, je m’en suis sortie, mais j’ai gardé une séquelle épileptique.

La maladie a-t-elle eu des conséquences sur votre parcours de vie ?

Oui, beaucoup. J’ai eu de grandes difficultés scolaires, car j’avais des problèmes de mémoire et de concentration.

Une fois sur le marché de l’emploi, j’ai enchaîné les CDD, car les employeurs ne connaissent pas l’épilepsie. Dès qu’il y a une crise, ils sont très surpris et très anxieux.  Aujourd’hui, je suis agent d’accueil dans un cabinet d’avocat, en CDI.

Quel est aujourd’hui l’impact de l’épilepsie sur votre quotidien ?

Au niveau de la sphère professionnelle, mon épilepsie inquiète ma supérieure hiérarchique, qui est hypersensible. Je me demande même parfois si elle n’est pas plus inquiète que moi. Par ailleurs, je ne peux pas conduire. Dans les transports, j’ai toujours une petite carte artisanale pour informer les voyageurs de ma situation, au cas où j’ai une crise. Quand je sors d’un épisode, je n’ai pas toujours les mots.

Concernant ma vie de couple, mon conjoint avait déjà des amis en situation de handicap quand on s’est rencontré, donc il n’y a pas de soucis. Et comme cela fait longtemps que je souffre d’épilepsie, j’ai appris à vivre avec.

Quels sont les symptômes de votre maladie ?

Une crise d’épilepsie est une décharge au niveau du cerveau, provoquée par l’électricité qui circule dans le corps. Le livre intitulé « Un orage dans ma tête » résume bien ce que je ressens.

J’ai aussi des problèmes de concentration. Je fais beaucoup d’exercices pour entraîner ma mémoire au quotidien, je prends de la vitamine D et je fais  attention à dormir suffisamment toutes les nuits. Un mauvais sommeil augmente le risque de crises, de palpitations très désagréables au niveau du cœur et de spasmes.

Je précise qu’il y a énormément de types d’épilepsie. La durée, l’intensité et le nombre de crises par mois varient en fonction des personnes. Idem pour le niveau de dépendance.

Quel(s) traitement(s) suivez-vous actuellement ?

J’ai rendez-vous tous les mois pour augmenter la fréquence et la tension de mon VNS (petit dispositif médical placé sous l’aisselle gauche, relié au nerf vague et au cerveau), pour lequelle je me suis faite opérée en novembre dernier. Je prends par ailleurs un cachet de Lamictal et une dose de Vimpat matin et soir.

Avant cela, j’ai essayé beaucoup d’autres médicaments, sans succès (je suis notamment passée par la fameuse Dépakine*). Ils étaient soit inefficaces, soit générateurs d’effets secondaire trop lourds à supporter. C’est d’ailleurs cela qui m’a décidé à me faire opérer. Aux grands maux, les grands remèdes.

A quoi sert le NVS (acronyme de « vagus nerve stimulation »), que vous venez d’évoquer ?

Quand le NVS sent venir la crise, il équilibre la tension et la stoppe. Grâce à ce dispositif, je fêterai mercredi prochain mon premier mois sans crise depuis de nombreuses années. Je m’accorde encore quelques semaines avant de crier victoire, mais je pense être sur le chemin la stabilisation.

Y a-t-il selon vous des choses à améliorer concernant l’épilepsie en France ?

Il faudrait que l’épilepsie soit mieux connue de grand public – on parle d’ailleurs de « handicap invisible ». Lorsque je fais des crises, il y a très peu de passants qui les reconnaissent et savent comment réagir.

A ce propos, comment faut-il réagir face à une crise d’épilepsie ?

La première chose à faire, c’est d’éviter la chute, en accompagnant la personne par terre, puis en la plaçant en PLS. Il faut aussi éloigner tous les objets dangereux du patient (coupants, brulants, etc…).

Une crise d’épilepsie peut se manifester via des absences, des secousses, des cris… Mais c’est toujours au cas par cas.

Sentez-vous venir les crises ?

Oui. Avant mon opération, j’en avais à peu près trois ou quatre par mois. Toujours pendant la journée, jamais de nuit.

L’épilepsie impacte-t-elle vos éventuels projets d’enfants ?

Nous voulons des enfants avec mon conjoint, donc je ne ferme pas la porte à une future grossesse, même si elle devra être surveillée de très près par mon gynécologue et mon neurologue. On a tous été échaudés par le sandale sanitaire de la Dépakine.

*médicament accusé de provoquer des malformations chez les enfants exposés pendant la grossesse. 

Source POURQUOI DOCTEUR ?

L’épilepsie, ce « handicap invisible » dont souffre Etienne, étudiant à Clermont-Ferrand…

Ce lundi 08 janvier se tient la journée internationale de l’épilepsie. L’occasion pour Etienne, épileptique de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), de rappeler que c’est un « handicap invisible » avec lequel il faut composer.

Il a accepté de nous raconter son quotidien avec la maladie.

À première vue, rien ne différencie Etienne des autres étudiants. Pourtant l'épilepsie est un handicap parfois pesant.

 

Etienne, Clermontois de 24 ans, est atteint d’épilepsie depuis l’âge de 2 ans. En cette journée internationale de l’épilepsie, il raconte les difficultés de vivre avec ce handicap encore assez méconnu, considéré comme « invisible ».

Une maladie encore méconnue

« Il n’y a pas que les crises auxquelles on pense spontanément, avec des convulsions », prévient Etienne. Bien qu’elle touche 1% de la population française, l’épilepsie reste très mal connue. Avec des traitements, les crises d’Etienne se manifestent désormais de façon plus silencieuse : « Je fais des absences, qui durent entre une fraction de seconde et dont je ne me rends pas forcément compte, et une vingtaine de secondes. » À cela s’ajoutent les migraines, « chroniques et très douloureuses » et les conséquences psychologiques.
Or, tous ces symptômes restent assez discrets. « Quelqu’un à qui il manque un doigt, ça se voit », compare Etienne. L’épilepsie est plutôt une « maladie invisible. »

Une atteinte neurologique « hyper handicapante »

Pour cet étudiant en fac d’histoire de l’art à l’Université Clermont Auvergne, l’épilepsie est un handicap que l’on ne devine pas au premier regard, mais qui impose des contraintes dans la vie de tous les jours.
À cause de sa maladie, il n’est pas autorisé à passer son permis de conduire. « Une majorité de boulots nécessitent le permis », déplore-t-il. Etienne a appris à faire sans, à marcher et prendre le bus, mais de nombreux emplois lui sont interdits. Même dans son petit boulot à la pizzeria, il est contraint de s’adapter : « Je ne fais que la préparation et le standard, même quand c’est la course, je ne peux pas participer aux livraisons. »
Au quotidien, l’étudiant doit aussi veiller à son sommeil. « Une année, j’ai fait une crise le premier janvier, après avoir fait une nuit blanche, en plein milieu de la place de Jaude. » Il ne peut pas non plus abuser de l’alcool en soirée : « C’est bête, c’est le seul qui ne peut pas conduire et ramener les autres ! », plaisante sa maman, Isabelle.
Etienne fait aussi attention aux lumières qui pourraient déclencher la crise « Ça m’est arrivé en concert, qu’un ingénieur lumière s’emballe un peu trop sur les effets », raconte le jeune homme. Il a alors trouvé une parade : « Je peux fermer un oeil, ça marche vraiment, mais ce n’est pas très pratique ! »

Pas de « traitement miracle », ni d’aménagements cohérents

Après vingt-deux années d’épilepsie, Etienne n’a pas trouvé de « traitement miracle ». Aujourd’hui encore, il souffre d’absences et d’effets secondaires assez lourds : « Quand je suis fatigué, j’ai l’impression de devenir fou. J’ai conscience que c’est faux mais j’ai l’impression que des gens que je connais entrent dans mon appartement. » Il semble résigné : « J’ai appris à faire avec. »
À la fac, les journées trop longues l’épuisent. « Il m’est arrivé de sécher un cours entre deux pour aller faire une sieste. », regrette l’étudiant à qui l’on a seulement proposé un tiers temps. « Mais je n’en ai pas besoin, moi, et ce n’est pas juste envers les autres étudiants. Ce qu’il aurait fallu, c’est aménager les horaires des Travaux Dirigés (TD) par exemple, pour avoir des journées moins longues. »

« Ce n’est pas une honte d’être épileptique »

La maman d’Etienne a appris sur le tas comment gérer le handicap de son fils. Elle a tiré quelques conseils de son expérience. « Il faut donner une vie la plus normale possible aux enfants, affirme-t-elle, ne pas les surprotéger. » Etienne, à ses côtés, acquiesce. Isabelle insiste surtout sur la nécessité de communication : « Ce n’est pas une honte d’être épileptique. Il faut prévenir les professeurs à l’école, les maîtres-nageurs quand on va à la piscine et ne pas avoir peur. » Enfin, rien ne sert de se voiler la face, tout ne leur sera pas possible : « Il faut pousser les enfants intellectuellement, pour que dans leur vie professionnelle ils aient un maximum de possibilités. »

Des gestes à connaître en cas de crise

Témoin d’une crise ? Quelques gestes sont à connaître pour assurer la sécurité de l’épileptique et ne pas aggraver la situation. Il faut d’abord éloigner les objets et meubles qui pourraient entraver la victime de la crise et ne pas l’empêcher de convulser, au risque de la blesser. Une fois les convulsions terminées, il est conseillé de chronométrer la phase de perte de connaissance. Au delà de vingt minutes, des dommages au cerveau peuvent survenir : il faut appeler les pompiers.

Plus d’informations sur le site www.epilepsie-france.com

Source FR3.

Elisa Rojas, avocate : « Le problème du handicap, c’est politique et social. Ça ne relève pas du caritatif. »…

En 2004, elle écrivait une tribune dans laquelle elle s’insurgeait contre le Téléthon.

Seize ans plus tard, elle publie un premier roman qui parle d’amour autant qu’il dénonce le validisme, système d’oppression qui déshumanise et infériorise les personnes handicapées.

Elisa Rojas est en colère et elle le fait savoir.

Elisa Rojas, avocate : "Le problème du handicap, c'est politique et social. Ça ne relève pas du caritatif."

 

Elisa Rojas est avocate au barreau de Paris. Elle est également féministe et militante, notamment par l’intermédiaire d’un blog intitulé « Aux marches du palais« , dans lequel elle dénonce les problèmes d’accessibilité et de visibilité des personnes handicapées, et via le Collectif Lutte et Handicaps pour l’égalité et l’émancipation dont elle est la cofondatrice. Plus récemment, Elisa Rojas est devenue autrice d’un premier roman, Mister T & moi, paru aux éditions Marabout.

Un râteau au jardin des Tuileries

Elisa Rojas a choisi comme « Journée particulière » un jour du printemps 2009 (ou peut-être était-ce de l’été). Ce jour-là, prenant son courage à deux mains, elle ose faire une déclaration d’amour à un homme valide dont elle est amoureuse depuis plusieurs années. Bien qu’elle ait absolument et minutieusement préparé cette déclaration, la jeune avocate s’attend à un refus. En un sens, elle se déclare surtout pour se débarrasser de l’amour encombrant qu’elle porte à ce jeune homme et pouvoir passer à autre chose.

« Je voulais me libérer et je ne voyais pas d’autre option. La meilleure option, c’était d’affronter ce qui me faisait le plus peur et je voulais vraiment l’entendre et me dire que c’était sans espoir. »

Elisa Rojas s’est lancée et a effectivement essuyé un refus, qu’elle raconte dans son livre. Pourtant, ses ami·e·s lui avaient déconseillé de déclarer son amour. Tout le monde y allait de sa propre opinion et, en creux, semblait lui dire d’éviter une situation humiliante. Avec cette expérience, l’avocate prend conscience du validisme qui l’entoure.

« [Le validisme,] c’est le système d’oppression qui déshumanise et infériorise les personnes handicapées, qui fait des personnes valides la norme à atteindre et qui explique que la société soit organisée par et pour les personnes valides. Cela repose sur un ensemble de représentations faussées des personnes handicapées. »

« C’est une tendance très répandue des personnes valides de savoir ce qui est le mieux pour vous. »

De l’importance de redéfinir… tout

Aujourd’hui, Elisa Rojas refuse de se plier à l’ordre insidieux de ne pas grandir et de rester une enfant, ce qui est, selon elle, la principale injonction adressée aux femmes handicapées. Elle décide d’être un être sexué et de définir sa propre féminité. La société ne reconnaît pas les femmes handicapées comme des femmes en tant que telles ; le seul attribut féminin qui ne leur est pas contesté, c’est la vulnérabilité. Exclues de la séduction, on ne pense jamais les femmes handicapées comme objets de désir ce qui, in fine, les empêche de s’imaginer comme des partenaires potentielles. En se posant les questions de la beauté, de l’amour et du désir, qui sont des constructions subjectives, pensées par des personnes valides et, le plus souvent, par des hommes valides, Elisa Rojas a redistribué les cartes pour se réapproprier son corps et se libérer des injonctions qui pèsent sur les femmes handicapées.

« Ce qu’on nous présente comme étant des réalités objectives ne sont pas du tout objectives. Elles sont totalement subjectives et ne reposent sur rien d’autre que la volonté de maintenir un système de domination. Une fois qu’on le sait, tout redevient possible, on peut tout redéfinir. La liberté est totale ! »

« On devrait tou·te·s s’interroger et redéfinir tout ça. Je n’ai pas l’impression que les définitions qu’on en a rendent les gens heureux. »

Des injustices dans les lieux de justice

Dans son blog, « Aux marches du palais », Elisa Rojas parle notamment des problèmes d’accessibilité et des difficultés qu’elle a rencontrées dans le cadre professionnel. Se retrouver aux marches du palais (de justice) sans pouvoir y accéder, c’est en effet ce qui lui arrive souvent.

« C’est quand même le service public de la justice. Avoir des palais inaccessibles, c’est hautement symbolique. Les personnes handicapées […] subissent constamment des discriminations et des injustices et s’il leur venait l’idée de vouloir être reconnues dans leur droit, elles seraient confrontées d’abord à une injustice supplémentaire. […] Je trouve ça honteux pour un pays comme la France d’avoir des lieux de justice qui ne soient pas entièrement accessibles. »

Handicap et Covid-19

Sur son blog, toujours, Elisa Rojas a publié en mars 2020, une note intitulée « Le confinement : une nouveauté pour vous, une réalité pour nous« , dans laquelle elle explique que le confinement n’est pas une nouveauté pour les personnes handicapées. Le plus souvent, celles-ci ont en effet appris à faire avec l’ensemble des contraintes que les valides ont découvertes avec le début de la crise sanitaire : être limité·e dans ses mouvements, dans ses interactions sociales, être privé·e de la liberté de circuler, avoir à penser, planifier, justifier chaque déplacement, gérer sa frustration…

« Ce qui est effrayant, c’est que, finalement, la situation a aggravé l’isolement des personnes handicapées. Là où les personnes valides sont confinées, les personnes handicapées se retrouvent « surconfinées ». En plus, la crise sanitaire […] a légitimé un discours qui considère que toutes les vies n’ont pas la même valeur. »

« Non seulement on est, pour beaucoup, à haut risque, on sait que si l’on se retrouve à l’hôpital, on sera probablement exclu·e·s de la réanimation et, en plus, rien n’est fait pour nous vacciner dans un délai raisonnable. C’est une maltraitance d’État, on peut le dire. »

Source FRANCE INTER.

 

Vous êtes retraité, malade, absent de votre domicile… Pourquoi expulser un squatteur ne sera pas si facile malgré la nouvelle loi ?…

Les procédures d’expulsion ont été raccourcies mais le préfet peut toujours refuser votre demande.

Et même se déjuger.

Explications.

La demeure du couple de retraités marseillais est encombrée de détritus apportés par les squatteurs.

La demeure du couple de retraités marseillais est encombrée de détritus apportés par les squatteurs.

Pour la deuxième fois en trois ans, un couple de retraités marseillais a récemment vu sa maison squattée. Dans les deux cas, l’affaire était antérieure à la nouvelle loi. Les propriétaires n’ont donc pas pu profiter de la procédure accélérée d’expulsion. Désormais, un logement – une résidence principale ou secondaire – peut être vidé de ses squatteurs par les forces de police en seulement 72 heures (contre 2 à 3 ans en moyenne auparavant).

Mais la deuxième affaire à Marseille cache une réalité aberrante: les forces de police n’ont pas appliqué une expulsion ordonnée par… le préfet. «L’officier de police était frileux face à la trentaine de Roms qui se sont montrés agressifs. Personne ne semblait l’avoir briefé, il avait mal préparé son dossier et a multiplié les coups de fil à sa hiérarchie pour savoir quoi faire», raconte au Figaro Me Caroline Plaisant, l’huissier de justice qui était sur place.

Au final, il a été décidé que l’expulsion n’aurait pas lieu, «face à la vulnérabilité de ce public et aux risques de troubles à l’ordre public s’ils étaient expulsés», a répondu la préfecture des Bouches du Rhône, contactée par Le Figaro. L’expulsion «n’est pas prévue avant la fin de la trêve hivernale (qui prend fin le 1er juin prochain après une prolongation de deux mois) et interviendra en tenant compte de la crise sanitaire et du calendrier académique des enfants scolarisés présents sur le site».

Les préfets peuvent refuser une expulsion

La préfecture se serait donc déjugée. Un cas inédit qui n’a pas de quoi rassurer les propriétaires. Car à la base, les victimes de squat n’ont aucune assurance d’obtenir le feu vert du préfet. La nouvelle loi impose aux préfets de répondre aux propriétaires et les autorise de refuser une demande d’expulsion, à condition que le préfet motive son refus.

Il peut, par exemple, invoquer l’intérêt général et plus précisément le maintien de l’ordre public. «Le trouble à l’ordre public peut justifier de ne pas appliquer immédiatement le droit de propriété mais seulement dans des cas d’exception comme l’atteinte à la liberté de culte, d’expression, d’aller et venir… Il s’agit de l’appréciation au cas par cas des intérêts en présence», affirme Me Caroline Caussé, l’avocat qui défend les retraités marseillais.

Autre motif: la présence d’enfants en bas âge. «Nous prenons souvent en compte le profil des squatteurs avant de les expulser ou pas, confie au Figaro un commissaire de police parisien. L’expulsion sera immédiate pour des personnes qui cherchent, par exemple, à se cacher de la police. En revanche, s’il s’agit d’une femme seule avec des enfants en bas âge, l’expulsion sera plus délicate».

Plus généralement, c’est le droit au logement qui permet aux squatteurs de ne pas être délogés. Pour ne pas froisser les associations, le gouvernement a décidé qu’une expulsion devait être accompagnée d’une solution de relogement. Mais la plupart du temps, les dossiers traînent en longueur. «L’État fait financer par des particuliers une politique publique (loi du droit au logement opposable)», dénonce Caroline Caussé.

Et si le préfet ne répond pas? La loi prévoit que «le défaut de réponse équivaut à un refus» (article R153-1 du Code des procédures civiles d’exécution). Or, le délai imparti pour la réponse du préfet est désormais de 48 heures. «Si le préfet refuse d’accéder à la demande du propriétaire, ce dernier a deux mois pour contester la décision. On peut supposer que le silence vaut refus avec ce nouveau délai et que cela ouvre également une procédure de contestation de deux mois», explique Me Romain Rossi-Landi, avocat en droit immobilier, spécialiste des squats.

Bref, la procédure d’expulsion a beau avoir été accélérée, elle ne garantit pas au propriétaire de récupérer aussi rapidement son logement. En cas de refus, c’est même retour à la case départ de la traditionnelle procédure longue et coûteuse. Une vraie galère pour des propriétaires qui, souvent, ont des crédits à rembourser, des frais, des charges et des taxes à payer pour un logement qu’ils n’occupent plus. Sans compter les euros à débourser pour réparer les dégâts commis par les squatteurs. «Certains propriétaires sont à bout et ont l’impression d’être abandonnés. La nouvelle loi ne changera rien. C’est de la poudre aux yeux!», lâche Me Plaisant.

Source LE FIGARO.

Les masques de catégorie 1 obligatoires dès lundi à l’école…

Les masques faits maison ne seront désormais plus autorisés dans tous les établissements scolaires….

La mesure, annoncée le 1er février, entre en mesure lundi 8 février.

 

Les masques faits maison ne seront désormais plus les bienvenus à l’école. À partir du lundi 8 février, seuls les masques de catégorie 1 – c’est-à-dire filtrant au moins 90 % des aérosols de 3 microns – seront autorisés en classe.

L’annonce avait été faite par le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, le 1er février, qui affichait son ambition de «garder les écoles ouvertes» et de limiter la circulation du virus en milieu scolaire.

Qu’est-ce qu’un masque de catégorie 1?

Les masques de catégories 1 filtrent 90% des particules, seuls les aérosols de moins de 3 microns parviennent à se frayer un chemin. À ce titre ils sont considérés comme très protecteurs.

«Les masques en tissu de catégorie 1, fournis par les industriels, validés par la direction générale des armées en termes de performance, sont aussi efficaces que les masques chirurgicaux», assurait ainsi au Figaro le Pr Didier Lepelletier, coprésident du groupe de travail Covid-19 du Haut conseil de la Santé publique (HCSP).

Ces masques en textiles, de fabrication industrielle, sont bien souvent réutilisables. Ces masques, comme ceux de la catégorie 2, peuvent être commercialisés sans aucune homologation par un organisme tiers, même si une norme NF Masques Barrières par l’AFNOR peut être sollicitée par les fabricants. Ces masques se distinguent des masques chirurgicaux ou des masques FFP2, plus protecteurs encore.

Les masques en tissu artisanaux ne filtrent que 70 % des aérosols. Le HCSP avait émis un avis le 18 janvier dernier dans lequel il recommandait fortement de «substituer aux masques de catégorie 2 et aux masques de fabrication artisanale, des masques grand public de catégorie 1, en raison de leur meilleur pouvoir filtrant».

Reste à savoir ce que risquent les enfants qui ne seront pas équipés de tels masques. Selon le Parisien , aucune directive n’a pour l’instant été donnée par le ministère.

Source LE FIGARO.

TÉMOIGNAGE – « À cause du Covid-19, j’ai dû me battre pour soigner mon cancer » …

Les médecins ont diagnostiqué à cette mère de famille âgée de 41 ans et habitant Le-Bourget-du-Lac, un cancer du sein au printemps 2020.

Céline, savoyarde de 41 ans s'est battue contre un cancer du sein en pleine pandémie de Covid-19.

 

Diagnostiquée au printemps 2020, Céline a dû se battre contre un cancer du sein tout au long de la pandémie de Covid-19. En cette journée mondiale de lutte contre le cancer, cette savoyarde de 41 ans raconte comment au milieu du chaos des hôpitaux, elle s’est battue pour accéder à sa chimiothérapie, être prise en charge à temps.

« J’ai vraiment dû me battre pour accéder à ma chimio rapidement. » – Céline, en rémission d’un cancer du sein

En Avril 2020, Céline commence son combat contre le cancer seule. « À cette époque là, on ne peut se déplacer que seul. J’ai donc dû me rendre seule à ce premier rendez-vous avec l’oncologue, un moment très important émotionnellement parlant. J’aurais aimé être accompagnée de mon mari » témoigne la savoyarde. Courageuse et volontaire, la maman de 41 ans détermine avec son médecin son protocole de soins. L’oncologue lui conseille la pose d’une chambre dans le bras, un tube pour l’injection de la chimiothérapie mais rien ne se passe comme prévu.

« On m’a indiqué que les salles opératoires et le personnel était mobilisé pour les patients covid. » – Céline, en rémission d’un cancer du sein

« Quelques jours plus tard » se souvient Céline, « l’hôpital me propose un rendez-vous pour une pose de PICC-LINE« , un cathéter dont le but est le même que celui d’une chambre, mais « sa pose est plus risquée d’après mon oncologue » explique la savoyarde. « C’était une surprise, je ne comprenais pourquoi ce changement et j’ai dû insister pour avoir une explication. On m’a finalement indiqué que les salles opératoires et les personnels étaient mobilisés pour les patients covid« . On fait donc comprendre à la maman qu’il faut envisager une solution plus rapide nécessitant moins de personnel pour réaliser l’acte médical.

Une fois le cathéter posé, Céline attend dans le flou le plus total une date de démarrage pour sa chimiothérapie. Face à la situation d’urgence dans les hôpitaux, elle sent qu’elle doit insister, répéter les appels, se battre pour accéder à ses soins. « J’y suis parvenue et on m’a bien dit que j’avais de la chance » sourit la mère de famille.

Explosion de malades à partir de 2021 ?

Si Céline a dû souffrir de retard dans la prise en charge, de modification de son protocole de soins, voire carrément d’absence totale de soins supports, la sportive s’en sort bien. D’autres, ont vu leurs opérations chirurgicales ou leurs séances de chimiothérapie reportées, leurs dépistages annulés. C’est la crainte aujourd’hui de la Ligue contre le cancer de Savoie, l’explosion du nombre de malades à partir de 2021 à cause du retard de diagnostic. Dans le département, 4.000 à 5.000 nouveaux cas sont déjà détectés tous les ans.

  • La Ligue contre le cancer de Savoie a ouvert un forum pour répondre aux questions des malades sur le Covid-19. Vous pouvez y accéder en cliquant ici

Source FRANCE BLEU.

VIDÉO – Le coup de colère des parents du jeune handicapé agressé dans le Territoire de Belfort …!

Le weekend des 30 et 31 janvier, un jeune handicapé était agressé dans le Territoire de Belfort, battu et humilié sur les réseaux sociaux.

Quelques jours après, ses parents prennent la parole pour dénoncer les violences dont sont victimes les personnes handicapées.

VIDÉO - Le coup de colère des parents du jeune handicapé agressé dans le Territoire de Belfort ...!

 

Quatre jours après l’agression de Steven, jeune handicapé originaire du Territoire de Belfort, ses parents ont tenu, mercredi, à prendre la parole, pour « agir, pour que tout cela cesse« . Le jeune garçon de 22 ans a été frappé et humilié par un groupe de jeunes qui ont partagé la vidéo sur les réseaux sociaux.

La mère de Steven n’arrive pas à parler de son fils, les larmes montent trop vite. Le père, Michel, est partagé entre la rancœur et la colère. Son fils, après être passé par une période de déni, est aujourd’hui meurtri : « Au début il me disait que c’était pas grave. Puis mercredi matin, devant la psychiatre, il a eu un gros contrecoup. Il a pris un gros coup de massue, il dit qu’il a l’impression d’avoir vécu un attentat, qu’il allait mal finir. Il a quelques marques sur la figure, ils l’ont rasé, il a quand même été attaché. Je vous dis franchement, on le vit très mal« .

Une soirée entre copains, qui vire à l’humiliation

Steven, 22 ans, passionné de football, est le genre de garçon « que tout le monde apprécie » affirme son père. Abonné au FC Sochaux Montbéliard, bénévole aux Restos du cœur, « il a le cœur sur le main » ajoute son beau-frère Salvator. Ce soir-là, il rejoint une amie à Dorans dans le Territoire de Belfort : « Il a ramené un gâteau, et a pris des affaires pensant dormir sur place« .

« Ils étaient là pour frapper du handicapé »

Mais la soirée, prévue pour seulement quatre personnes, avec des copains, prend rapidement une autre tournure : « Il est tombé dans un guet-apens. D’autres personnes se sont rajoutées. C’est de la violence gratuite, ils étaient là pour frapper du handicapé. C’est là qu’on voit les lâches« . Les parents sont prévenus par leur jeune voisine : « Elle nous a montré les vidéos qui tournaient. On a pris la voiture et on est allés le chercher. Sur place, on a trouvé trois autres personnes, mais les agresseurs étaient partis ».

Le jeune homme a t-il déjà subi ces agressions par le passé?

Une fois rentré, Steven a tenté dans un premier temps de minimiser les faits. Celui qui venait tout juste de prendre son autonomie en louant un appartement dit à ses parents que les agressions « n’étaient pas grand-chose, quelques claques« . Pour son père, c’est certain, « si on n’avait pas vu la vidéo, il ne nous aurait rien dit. Il nous a dit que c’était quelques claques. C’est pour cela qu’on se demande avec la psychiatre si c’était vraiment la première fois. Qu’on le frappe, et qu’on le force à se taire? C’est pour ça qu’aujourd’hui on dit stop, il faut que justice soit faite« .

Mercredi, le jour où France Bleu Belfort Montbéliard a rencontré le père de Steven, cinq personnes, dont trois mineurs, ont été interpellées et placées en garde à vue. Une enquête est ouverte pour violence aggravée.

« Les handicapés ne sont pas des souffre-douleur »

Le coup de colère des parents de Steven n’est pas simplement destiné à défendre leur fils. Le père du jeune homme raconte qu’il assiste régulièrement à des scènes où les personnes handicapées sont ridiculisées, brutalisées, insultées. « Les handicapés ne sont pas des souffre-douleur, il faut que ça cesse », proteste-t-il.

Source FRANCE BLEU.

Vaccination : un parcours du combattant pour les personnes en situation de handicap…

Si des initiatives se mettent en place aux quatre coins de la France, elles restent inégales et pour ceux dans l’incapacité de se déplacer, la vaccination est, pour l’instant souvent impossible.

Alors que la vaccination à domicile est encore rare pour les personnes en situation de handicap, cette solution est celle à privilégier pour ces derniers, plaident associations et professionnels du secteur.

 

«Il faudra attendre le vaccin AstraZeneca». Voilà ce que s’est entendu répondre Yann quand il a tenté de prendre rendez-vous pour Olivier, son père, atteint d’un lourd handicap. Suite à un accident vasculaire cérébral (AVC), Olivier est constamment alité et ne peut se déplacer sur un centre de vaccination. Aucune solution ne lui sera proposée si ce n’est d’attendre qu’il puisse recevoir une dose, à domicile, grâce au nouveau vaccin qui a été autorisé en France mardi 2 février. Mais ce dernier n’est réservé qu’aux personnes de moins de 65 ans et Olivier en a 86. Il fait partie de ceux qui sont, aujourd’hui, prioritaires pour la vaccination, à laquelle il n’a pour l’instant pas droit.

L’anecdote n’a rien de surprenant pour Agnès Bourdin-Busin chargée des questions de santé et de politique au sein d’APF France handicap. «Le vaccin AstraZeneca ne peut pas être une réponse pour ces personnes», soupire-t-elle. Depuis le 18 janvier, les 60.000 personnes en situation de handicap se trouvant dans des établissements médico-sociaux de type foyers d’accueil médicalisés (FAM) et maisons d’accueil spécialisées (MAS) quel que soit leur âge, bénéficient d’un accès à la vaccination qui peut se faire directement sur ces lieux d’accueil. Mais pour les autres comme Olivier qui, malgré leur handicap vivent toujours chez eux, il faut se déplacer jusqu’au centre le plus proche, ce qui relève, bien souvent, du parcours du combattant.

Dans le cas d’Olivier, l’octogénaire aurait pu être accueilli s’il avait pu se déplacer en fauteuil roulant, une chose impossible pour lui. Du côté du centre, on lui répond que faire venir un brancard n’est pas envisageable. «La consigne a été donnée de respecter l’accessibilité universelle mais ce n’est absolument pas le cas», déplore Agnès Bourdin-Busin. «Il y a vraiment des endroits où l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite n’est pas respectée avec par exemple des marches pour accéder au lieu de vaccination, ou si celle-ci se fait au premier étage sans ascenseur». Selon elle, «il faudrait que des consignes claires soient relayées auprès des agences régionales de santé (ARS), des préfets et des collectivités locales impliquant une même prise en charge».

Des initiatives inégales selon les départements

Ici et là, des initiatives émergent. À Reims (Marne), un «Vacci’Bus» permet depuis le 19 janvier aux personnes ne pouvant pas se déplacer d’être accompagnées aux centres de vaccination. Dans l’Allier, c’est un camion, transformé en bus de vaccination mobile, avec à son bord médecins et infirmières, qui a été affrété par le conseil départemental. De même dans le Lot-et-Garonne. À Douai (Nord), la municipalité a réquisitionné des navettes, les mêmes dédiées aux personnes âgées pour leur permettre de faire leurs courses ou de se rendre à des rendez-vous médicaux. Un peu partout en France, les collectivités locales s’investissent pour que tous les plus de 75 ans aient accès à la vaccination. Dans d’autres départements, les solutions tardent à voir le jour. «Cest très dépendant des territoires. Dans certains, des moyens ont été mis en place, dans d’autres on laisse les gens faire comme ils peuvent», regrette Agnès Bourdin-Busin. D’autant que pour ceux souffrant d’un très lourd handicap, ces dispositifs demeurent insuffisants.

Les aides à domicile, «appuis» de la campagne vaccinale

Au plus près de cette frange de la population, les réseaux d’aides à domicile dressent le même constat. «La plus grande difficulté concerne les personnes immobiles et pour le moment, peu d’options s’offrent à elles», atteste Marc Dupont, vice-président de l’UNA, réseau national de l’aide à domicile pour les personnes âgées ou en situation de handicap. Il souligne le rôle que ce secteur peut jouer dans la campagne vaccinale. «Nos aides à domicile peuvent notamment être des personnes de confiance pour les familles et voir avec elles la meilleure façon d’organiser la vaccination de leurs proches», abonde Hugues Victor, directeur général d’Adedom, une fédération représentant 320 structures associatives œuvrant dans l’aide, le soin à domicile et les services à la personne. «L’aide à domicile est extrêmement bien placée et nous avons sollicité le gouvernement pour être des appuis de cette campagne vaccinale», indique-t-il. Chaque semaine, les professionnels du secteur échangent à ce sujet avec le cabinet de la ministre chargée de l’Autonomie Brigitte Bourguignon.

Au centre des discussions, la question de la prise en charge de la prestation des aides à domicile qui accompagneront à la vaccination. «Certains départements complèteront l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) de deux à cinq euros ou donneront des financements dédiés mais rien n’est cadré, ça dépend totalement du bon vouloir d’une politique départementale ou de la capacité des employeurs», pointe le directeur général d’Adedom. «Il y a déjà une forme de fragilité économique de ces structures. Elles vont donc avoir un peu de mal à s’engager dans des déplacements s’il n’y a pas de financements», précise-t-il. Selon lui, il faudrait «une incitation forte à destination des conseils départementaux pour leur enjoindre de prendre en charge ces frais et coût de déplacement». Du côté de l’association des maires de France (AMF), on préconise «un support financier» de l’État, en particulier «pour les territoires ruraux et les moins pourvus notamment en transport». Plutôt qu’une stratégie nationale, «c’est plutôt un soutien financier ou matériel que l’État doit apporter là où le coût de prise en charge est important», explique Frédéric Chéreau, président de la Commission santé de l’AMF et maire de Douai.

Développer «l’aller vers»

Plus simplement, pour tous les acteurs du secteur, la solution réside dans la vaccination à domicile. «Il est possible de lister dix personnes à vacciner sur une matinée afin que le médecin se déplace lui-même, c’est réalisable», prédit Frédéric Chéreau de l’AMF. «Il faut développer ‘l’aller vers’ pour les personnes lourdement handicapées ou qui ne peuvent pas se déplacer et il faut les identifier. Les mairies via les centres communaux d’action sociale (CCAS) et les médecins généralistes doivent cibler toutes ces personnes», confirme Agnes Bourdin-Busin. «Déplacer quelqu’un en brancard, qui plus est en hiver avec tout ce que ça engendre de stress, sachant qu’il faut le faire deux fois, c’est compliqué». Elle appelle de ses voeux le déploiement «d’équipes mobiles», «ce qui n’est pas le cas aujourd’hui».

La vaccination a domicile se développe, assure-t-on du côté du cabinet de Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées. En attendant, «quand elles n’ont pas de possibilité de se rendre dans un centre de vaccination et qu’elles entrent dans la catégorie du vaccin, les personnes peuvent faire appel au dispositif 360». Ce numéro vert national (0 800 360 360) a été mis en place dans le cadre de la crise pour les personnes en situation de handicap et les proches aidants. Initialement prévue pour janvier 2021, sa mise en application avait été avancée à juin dernier en raison de la crise sanitaire. Une fois en ligne, «la personne est redirigée vers une antenne qui coordonne tous les acteurs autour du handicap afin de trouver des solutions pour être vaccinée à domicile», explique-t-on brièvement. 90 départements sont d’ores et déjà raccordés à ce dispositif qui n’était toutefois pas prévu à l’origine pour répondre à des problèmes liés à la vaccination.

«Ça ne peut pas être la seule solution», commente Agnès Bourdin-Busin d’APF France handicap. Beaucoup reste donc à faire. Et malgré toutes les initiatives qui voient le jour, un autre point vient ternir ces avancées : le manque de doses. «C‘est la problématique à laquelle nous devons faire face actuellement», déplore Lucile Pluchart, directrice générale adjointe des services du département du Vaucluse, en charge du pôle solidarité. «Comme beaucoup de départements, nous souhaiterions pouvoir mettre en place un certain nombre d’initiatives mais la réalité du terrain nous rattrape». Un manque qui ne saurait venir perturber le calendrier de vaccination a assuré Emmanuel Macron, promettant que tous les Français seront vaccinés à la fin de l’été.

Source LE FIGARO.

 

Bretagne : Les Ehpad s’équipent de puces connectées pour prévenir l’errance de certains résidents…

SECURITE Développée par la société rennaise LiveStep, la solution a déjà été adoptée par quatre établissements bretons.

Bretagne : Les Ehpad s’équipent de puces connectées pour prévenir l’errance de certains résidents

 

  • La start-up rennaise LiveStep a développé une solution pour prévenir l’errance de certains résidents en Ehpad.
  • Le principe consiste à glisser une étiquette équipée d’une puce connectée dans les chaussures des résidents et sous les paillassons des portes de sortie.
  • Si la personne sort, le personnel de l’établissement est alors alerté.

C’est un risque auquel les Ehpad sont confrontés au quotidien. Chaque année, des disparitions inquiétantes de résidents sont signalées aux quatre coins de la France avec des personnes âgées, souvent atteintes d’Alzheimer, qui ont fugué ou se sont perdues dans la nature. Si la majorité d’entre elles sont retrouvées vivantes, l’issue peut parfois être dramatique. Directeur de l’établissement Les jardins du Castel à Châteaugiron près de Rennes, Michel Barbé n’a jamais eu à vivre un tel drame. « Mais on n’est pas à l’abri, le risque zéro n’existe pas », assure-t-il.

Pour garantir la sécurité de ses résidents susceptibles de se mettre en danger, le directeur expérimente depuis près d’un an une solution développée par la start-up rennaise LiveStep. Le principe consiste à glisser une étiquette équipée d’une puce connectée dans les chaussures ou les chaussons des personnes âgées et à en faire de même sous les paillassons des différentes portes de sortie de l’établissement. « Quand le résident sort, le personnel va alors recevoir une alerte sur les téléphones », détaille Romain Berrada, cofondateur de la société.

« Leur donner plus de liberté tout en garantissant leur sécurité »

La solution requiert bien sûr le consentement du résident ou de ses proches, et ne se veut pas un outil de flicage. « On souhaite au contraire donner plus de liberté à ces résidents tout en garantissant leur sécurité », souligne Romain Berrada. Très attaché aux droits et à la liberté des résidents, Michel Barbé atteste du bien-fondé de la solution. « Quand on reçoit l’alerte, on ne court pas après eux pour les empêcher de sortir, indique-t-il. On va juste s’assurer que tout se passe bien et rester vigilant le temps de la balade. »

Dans son établissement, seulement deux personnes sur les 121 résidents sont équipées de ces étiquettes connectées. « On ne puce pas tout le monde comme j’ai pu l’entendre, seulement les résidents qui présentent le plus de risques », assure-t-il. Trois autres établissements bretons ont également adopté cette solution développée par LiveStep. Dans ce marché porteur de la « silver économie », la start-up rennaise ambitionne déjà d’en équiper une trentaine d’ici la fin de l’année et une cinquantaine en 2022.

Source 20 MINUTES.