Le poney Jonquille donne le sourire aux résidents en EHPAD dijonnais…

Depuis mai 2022, l’EHPAD Notre-Dame de la Visitation à Dijon propose à ses résidents de participer à des activités avec Jonquille, un poney.

Pendant deux heures, la ponette et que sa propriétaire Elsa Huet, rencontrent les personnes qui le souhaitent. Un moment de détente mais aussi thérapeutique.

Elsa Huet et Jonquille travaillent dans huit EHPAD autour de Dijon

 

En Côte-d’Or, on connaissait déjà Peyo, le cheval qui allait dans les EHPAD, voici maintenant Jonquille, le modèle du dessous. La ponette est transportée dans huit EHPAD à Dijon et autour, par sa propriétaire Elsa Huet. Depuis le mois de mai 2022, l’EHPAD Notre-Dame de la Visitation à Dijon propose l’intervention du duo pour des séances de médiation équine. Il s’agit en fait de faire interagir un poney ou un cheval avec des personnes isolées socialement, qui se déplacent difficilement ou atteintes d’un handicap. En l’occurrence, l’objectif des visites en EHPAD c’est de créer un moment convivial pour les résidents.

Le sourire d’abord

Dans la cour de l’EHPAD, les résidents sont rassemblés autour de Jonquille. La ponette a su convaincre Jeanine : « elle n’est pas rebelle, on s’arrête quand on veut, elle n’est pas exigeante, on s’arrête quand on veut ».  Au programme, caresses mais aussi brossage du poil de la ponette. Une activité qui sort du quotidien de Claude : « c’est agréable de voir des animaux, des collègues du sport équestre sont passés et m’ont dit que j’avais de la chance ».  

Si l’activité peut paraitre simpliste, ce n’est pas le sentiment d’Aline Ferrière, la directrice de l’EHPAD : « ce n’est pas du tout infantilisant, au contraire c’est valorisant. Ils créent du lien sur plusieurs semaines avec l’animal. »

Un intérêt thérapeutique

Elsa Huet, la propriétaire de Jonquille est monitrice équestre de formation, son activité est centrée sur la médiation équine. Elle propose ce type d’activités dans huit EHPAD. Elle voit le poney comme une motivation pour les résidents : « j’essaye souvent de mobiliser les personnes pour qu’elles viennent marcher à côté de Jonquille ». 

Pour les personnes qui ont du mal à bouger, c’est aussi un effort physique qui, a répétition, peut permettre de gagner en autonomie: « une personne qui peut se lever, se mobiliser, c’est plus facile pour les soins et même dans sa vie de tous les jours, si elle peut marcher c’est génial », explique la monitrice.

Source FRANCE BLEU.

Scandale des Ehpad : Orpea a «péché par manque de rigueur», estime son PDG, qui annonce une opération «portes ouvertes»…

Le groupe est sous le feu des critiques depuis la publication fin janvier du livre enquête du journaliste indépendant Victor Castanet Les Fossoyeurs.

Le PDG d'Orpea, Philippe Charrier.

 

Le PDG d’Orpea, Philippe Charrier, affirme dans un entretien au JDD que le groupe, qui présente ses résultats vendredi et organise à partir de la mi-mai une opération portes ouvertes pour tenter de rassurer sur ses pratiques, a «péché par manque de rigueur».

«Le moment est venu de bâtir le nouvel Orpea, dans la transparence», assure le PDG. «C’est pourquoi nous lançons les états généraux d’Orpea, l’idée étant d’ouvrir, entre le 13 mai et le 11 juin, les portes de nos Ehpad aux familles des résidents, aux élus, au monde associatif, aux journalistes et à tous les citoyens intéressés par la question du grand âge», précise-t-il.

Les premières conclusions des deux audits externes diligentés par le groupe pointent des failles dans la prise en charge des patients. «Les signalements d’événements indésirables graves liés aux soins, en particulier, étaient trop lents; il y a pu avoir des omissions», reconnait Philippe Charrier. Les audits montrent aussi l’existence de remises de fin d’année de la part de fournisseurs de produits financés par des fonds publics. «Orpea a péché par manque de rigueur. Aujourd’hui, on sait, donc on corrige», assure Philippe Charrier.

Payer les heures supplémentaires

Pour lutter contre les sous-effectifs, le groupe, qui présentera vendredi ses résultats annuels, va «désormais payer les heures supplémentaires, étudier la possibilité d’offrir de meilleures mutuelles à ses collaborateurs, faciliter leurs évolutions de carrière et changements de statut», poursuit-il. Le groupe privé a récemment déposé plainte contre X pour abus de biens sociaux.

Cette plainte contre personnes non dénommées porte sur des faits et des opérations passés – sans aucun lien avec les conditions d’accueil et de soins des résidents – susceptibles de poser question au regard de l’intérêt social d’Orpea et découverts à la suite d’investigations internes, avait expliqué le groupe début mai.

Le groupe est sous le feu des critiques depuis la publication fin janvier du livre enquête du journaliste indépendant Victor Castanet Les Fossoyeurs. Un rapport commandé par le gouvernement a pointé début avril de graves dysfonctionnements. Et le groupe fait depuis fin avril l’objet d’une enquête judiciaire, ouverte à Nanterre, sur des soupçons de maltraitance institutionnelle ou d’infractions financières.

Source LE FIGARO.

 

Des changements après le scandale ORPEA ?…

2 mois après les révélations choc de Victor Castanet sur les maisons de retaite dans son livre « Les Fossoyeurs », que s’est-il passé ?

Alors qu’un nouveau groupe de maisons de retraite se retrouve sur le devant de la scène, on en parle avec Fred Ballard, Quentin Lhui, Fabien Emo et Willy Rovelli. 

Si le scandale a eu un avantage, c'est de mettre la lumière sur les autres formes de résidence pour seniors.

 

Depuis les révélations, des changements ?

Depuis la sortie du livre « Les Fossoyeurs », des actions en justice se sont lancées, notamment avec Maitre Sarah Saldmann, avocate au barreau de Paris qui accompagne les familles plaignantes contre le groupe ORPEA. Alors, la sortie du livre a-t-elle changé les choses ? Ce n’est pas le sentiment de l’avocate : « Ce que je constate, c’est que je continue à recevoir des nouvelles demandes chaque jour sur des faits récents, qui datent de moins de deux mois…

Je précise quand même qu’il n’y a pas que des plaintes contre ORPEA ». Avec ces premières plaintes, elle peut en tout cas confirmer certaines des allégations de Victor Castanet : « J’ai vu des photos où il faut avoir le cœur bien accroché. J’y pense en m’endormant. Ces photos sont durs et difficilement contestables ».

Mais le pire pour notre invitée, c’est la réaction d’ORPEA : « Ils nous prennent de haut ! Une des personnes que je représente s’est vu refuser un rendez-vous par écritNon, on ne vous donne pas rendez-vous et on vous signale comme événement indésirable à l’ARS car le dialogue n’est pas possible avec vous’. Il faut avoir un degré d’assurance absolument hors-norme ».

Parmi les motifs de plaintes : homicide involontaire, non-assistance à personne en danger ou encore mise en danger de la vie d’autrui. Des maltraitances liées à une mauvaise gestion selon notre invitée : « Par manque de personnel, on devient maltraitant malgré soi. On a plus tendance à être détestable quand on est surmenés, mal payés avec un contrat précaire que quand tout va bien ».

Si Maître Saldmann attend beaucoup d’un éventuel procès, elle veut surtout que les choses changent avec malgré tout cette question : « Est-ce que ORPEA envisage de s’en mettre un peu moins dans les poches pour que les résidents aient ce qui est annoncé sur la carte ? J’en demande pas à ce qu’il y est plus que le service annoncé« .

On précise qu’ORPEA a publié ce matin les premières conclusions d’un audit externe confirmant des dysfonctionnements notamment dans son usage des fonds public mais les deux cabinets ne peuvent pas confirmer l’existence d’un système qui entrainerait la maltraitance des résidents.

Les alternatives à la maison de retraite

Si ce scandale a eu un avantage, c’est de mettre la lumière sur les autres formes de résidence pour seniors. C’est ce que propose La Maison de Blandine que vous présente Blandine de Traverse dans notre podcast. Des habitations pensées pour l’humain et pas pour le soin avec comme objectif de sortir les seniors d’un isolement.

Source FRANCE BLEU.

Scandale Orpea: ouverture d’une enquête après le signalement du gouvernement…

Le gestionnaire d’Ehpad privés est soupçonné de maltraitance institutionnelle et de détournements de fonds publics.

Le groupe privé Orpea, gestionnaire d'Ehpad, est soupçonné de maltraitance institutionnelle et de détournements de fonds publics, a indiqué jeudi le parquet de Nanterre.

Après le scandale qui a suivi la sortie du livre de Victor Castanet, Les Fossoyeurs, c’est une nouvelle étape importante dans l’affaire Orpea. Jeudi, le parquet de Nanterre a indiqué avoir ouvert une enquête sur le groupe privé gestionnaire d’Ehpad, soupçonné de maltraitance institutionnelle et de détournements de fonds publics. Elle fait suite au signalement du gouvernement, le 28 mars dernier.

L’État avait saisi la justice à la lumière de la double enquête administrative et financière accablante sur les pratiques du groupe qui avait confirmé des « dysfonctionnements graves » dans la gestion du groupe.

« C’est une excellente nouvelle. Le gouvernement a fait son boulot et le parquet aussi. À la sortie du livre, nous n’étions pas du tout certains de son impact. Certains craignaient qu’il ne serve à rien. Les faits démontrent le contraire. C’est une histoire incroyable et j’espère qu’elle servira à changer le système de tous les Ehpad et de la prise en charge des personnes âgées en France », réagit Laurent Garcia, témoin privilégié de l’enquête Les Fossoyeurs et ancien soignant chez Orpea.

Cette enquête judiciaire ouverte par le parquet s’ajoute à des investigations menées depuis février à la suite d’une plainte pour «faux et usage de faux, et infraction à la législation sur le travail en recourant abusivement à des contrats à durée déterminée ». Elle portera également sur une partie des plaintes de familles de résidents déposées début avril par Me Saldmann.

« Un premier tri a été effectué et un peu plus de la moitié des cinquante plaintes déposées a été jointe au volet “maltraitance institutionnelle” de l’enquête », précise le parquet de Nanterre au Figaro. La question de confier le dossier au pôle santé publique du parquet de Paris s’est posée, mais le choix a finalement été fait de tout centraliser au parquet de Nanterre en raison de la situation du siège d’Orpea à Puteaux (Hauts-de-Seine) et de la présence d’un volet économique et financier dans cette affaire.

Coup d’accélérateur

Alors que les plaintes déposées visent des Ehpad éparpillés sur le territoire, la question est également de savoir si les faits dénoncés relèvent d’une « politique de groupe » ou de pratiques locales. «Différents niveaux de responsabilités sont possibles », précise le parquet de Nanterre. L’enquête a été confiée aux gendarmes de la section de recherches de Versailles. L’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp) a également été saisi. Des investigations pourront être menées sur tout le territoire via des brigades locales.

Alors que les plaintes contre les Ehpad peinaient jusqu’à présent à aboutir, les proches de résidents qui dénoncent des situations de maltraitance espèrent à présent un coup d’accélérateur de la justice. « Et apparemment, Orpea commence à faire le ménage dans ses directeurs, ajoute Laurent Garcia. La question est de savoir ce que va devenir ce groupe. Je me demande pourquoi il n’a pas encore été mis sous tutelle, a minima le temps de l’enquête. »

Du côté d’Orpea, les nuages s’accumulent. Cette semaine, les premières conclusions intermédiaires de la « mission d’évaluation indépendante », menée par les cabinets d’audit Grant Thornton et Alvarez & Marsal, ont confirmé les accusations de détournement d’argent public du groupe sur la période 2019-2021 et des problèmes de « contractualisation de CDD ». Le rapport définitif est attendu d’ici fin juin.

Source LE FIGARO.

 

Covid-19. Faut-il une quatrième dose de vaccin pour les personnes en situation de handicap ?…

Depuis le 14 mars, les personnes de plus de 80 ans peuvent recevoir une nouvelle dose de rappel vaccinal contre le Covid-19.

Cela a ensuite été étendu aux plus de 60 ans en avril.

Qu’en est-il pour les personnes en situation de handicap ?

Sont-elles aussi concernées par cette nouvelle injection ?

Une dose du vaccin Moderna contre le Covid-19 en préparation dans un centre de vaccination de Brest (Finistère). Photo d’illustration.

« Est-ce que les personnes en situation de handicap sont concernées par la quatrième dose de vaccin contre le Covid-19 ? ».

Depuis quelques semaines, il est possible pour certaines personnes de recevoir un nouveau rappel vaccinal contre le Covid-19, soit une quatrième dose de vaccin.

Cette nouvelle injection se fait sur critères d’âge et de comorbidités : « à la suite de l’avis de la Haute Autorité de santé (HAS) du 17 mars 2022 et de l’avis du COSV [Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale] du 31 mars 2022, les personnes âgées de plus de 60 ans, avec ou sans comorbidité, sont éligibles à un deuxième rappel vaccinal », peut-on lire sur le site du ministère de la Santé.

L’injection se fait dès trois mois après le premier rappel pour les personnes âgées de 80 ans et plus et les résidents en Ehpad et en USLD (unités de soins de longue durée), et dès six mois après le premier rappel pour les personnes âgées de 60 à 79 ans.

Quelles sont les personnes concernées ?

Dans le cas des personnes immunodéprimées, l’injection d’une deuxième dose de rappel peut se faire dès 12 ans., depuis le 28 janvier dernier « Pour les personnes immunodéprimées, il est recommandé de suivre l’avis de leur professionnel de santé quant au schéma vaccinal le plus adapté », note le site Vaccination info service. En cas de doute, vous pouvez en parler avec le médecin qui vous suit.

Dans le cas des personnes en situation de handicap : tout dépend donc de l’âge et d’éventuelle(s) comorbidité(s). Interrogé par Ouest-France sur cette question, le ministère de la Santé rappelle le calendrier pour cette deuxième dose de rappel.

Depuis le 14 mars 2022, les personnes âgées de 80 ans et plus ainsi que les résidents des Ehpad et USLD sont éligibles à un deuxième rappel. Et depuis le 7 avril, à la suite de l’avis de la HAS et de l’avis du COSV du 31 mars 2022, l’accès à la deuxième dose de rappel est élargi aux personnes âgées de 60 à 79 ans, avec ou sans comorbidité. Là encore, en cas de doute, vous pouvez en parler avec votre professionnel(le) de santé.

Les comorbidités listées par le ministère de la Santé sont les suivantes : les pathologies cardio-vasculaires, les diabètes de types 1 et 2, les pathologies respiratoires chroniques susceptibles de décompenser en cas d’infection virale notamment, l’insuffisance rénale chronique, l’obésité avec indice de masse corporelle ≥ 30, un cancer ou hémopathie maligne, les maladies hépatiques chroniques, en particulier la cirrhose, l’immunodépression congénitale ou acquise, le syndrome drépanocytaire majeur ou antécédent de splénectomie, les pathologies neurologiques, les troubles psychiatriques et enfin la démence.

Source OUEST FRANCE.

 

Grand âge et handicap : comment concilier droit et éthique ?

Les personnes vulnérables sont de mieux en mieux protégées par la loi, mais cette dernière doit répondre intelligemment à leurs attentes… et être appliquée.

Grand âge et handicap : comment concilier droit et éthique ?

 

Deux décennies après la promulgation de la loi Kouchner sur les droits des patients et de celle rénovant l’action sociale et médico-sociale, la fondation Partage et Vie a choisi le thème des droits et de l’éthique pour ses nouvelles Estivales, en partenariat avec Le Point. Un thème qui s’impose, non seulement en raison de cet anniversaire, mais aussi – et surtout – de la crise du Covid-19. Car les vagues successives de l’épidémie ont eu de multiples retentissements sur la vie des personnes âgées et en situation de handicap, de leurs familles et proches, ainsi que de leurs soignants et des dirigeants des établissements chargés de les accueillir.

« En vingt ans, les lois, nombreuses, se sont étoffées pour préciser les choses et renforcer les droits des personnes vulnérables », note Karine Lefeuvre, juriste, vice-présidente du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) et conseillère scientifique à la fondation Partage et Vie sur les questions de droit des personnes et de démocratie en santé. « Nous disposons aujourd’hui d’un dispositif extrêmement protecteur et assez complet. » Et pourtant, sur le terrain, ces lois et leurs décrets ne sont pas toujours suffisamment connus, compris et mis en application.

Le rôle des conseils de vie sociale dans les Ehpad

C’est, par exemple, le cas concernant la désignation de la personne de confiance. Depuis 2002, un patient hospitalisé ou depuis 2015 le résident d’un Ehpad peut donner le nom de celui ou celle qui sera susceptible de témoigner de ses choix, au cas où il ne serait pas en état de s’exprimer. Une personne différente du référent familial qui règle en pratique les questions administratives. « L’appropriation de cette mesure a été très hétérogène », regrette Karine Lefeuvre. « Dans certains établissements, une procédure est en place pour expliquer cette possibilité et aider les usagers à faire leur choix librement. Dans d’autres, ce document disparaît au milieu de tout un dossier et on n’accompagne pas suffisamment le résident qui doit le remplir. »

Le même constat peut être dressé au sujet du fonctionnement des conseils de vie sociale (CVS) dans les Ehpad. En principe, ils doivent être sollicités pour émettre des avis et propositions, quelle que soit l’importance des sujets… En réalité, certains établissements peinent à les réunir, d’autres le font a minima, tandis que d’autres encore se sont emparés de cet outil, en ont fait un forum et l’ont complété par d’autres formes de participation au sein de l’établissement.

« Au-delà de la loi, l’enjeu crucial est de s’emparer des textes, de leur donner vie, voire de prendre un peu de liberté en adaptant le sens prévu au départ – tout en respectant leur esprit – pour mieux répondre à des problématiques quotidiennes », explique la juriste. « Pour moi, droit et éthique forment un couple indépendant et indissociable. Et la crise du Covid a bien remis cette dernière au centre des discussions. » Un exemple concret : un décret du 1er avril 2020 sur le traitement réalisé sur les corps des défunts et sur les rites funéraires a suscité un vent de révolte de la part des professionnels du terrain et des familles. Le CCNE a pris position 15 jours plus tard et le décret a été largement assoupli le 30 du même mois…

Le fait que ce comité ait été aussi souvent sollicité pendant l’épidémie constitue une véritable avancée pour Karine Lefeuvre, bien persuadée que le droit ne pourra désormais plus avancer seul, au moins en matière de santé et de protection des plus vulnérables.

Source LE POINT.

Guingamp. Une maison de retraite qui vit au rythme de ses résidents…

Dans un secteur secoué par plusieurs révélations, et des soupçons de maltraitance, il fait figure d’établissement modèle. L’EHPAD municipal de Guingamp vit au rythme de ses résidents.

Du petit matin au coucher du soleil, les habitants choisissent leurs horaires, décident de leurs activités et de leurs menus.

Atelier percussion au réveil pour celles et ceux qui en ont envie

 

C’est une maison de retraite atypique. Pas un Ehpad aux cadences infernales. Non, une maison où les retraité(e)s prennent le temps de vivre.

Au réveil, quand certain(e)s commencent la journée par un atelier percussions, d’autres préfèrent prolonger leur grasse matinée.

Dans cet EHPAD municipal, les levers à 6h du matin ou les toilettes à la chaîne en quelques minutes ont été bannis. Une liberté savourée par toutes et tous.

Je pense que la vie est belle. Je suis la reine ici

Elisa, résidente centenaire

Ici, il n’y a pas d’horaires imposés. Caroline Dagorgne, aide-soignante, s’occupe des résidents quand ils sont prêts. Tant qu’ils dorment, leur sommeil fait loi.

« On peut les lever à 14h, 15h, 16h… On attend qu’ils soient bien réveillés pour s’occuper d’eux. Pour nous, c’est le rythme des résidents en priorité ». 

Vivre au rythme de chacun, la philosophie de cette maison de retraite

Pour que les 72 pensionnaires se sentent bien, le lieu a été pensé comme un village. On trouve un café où les joueuses de belottes prennent leurs quartiers. Mais aussi un restaurant, une épicerie. Où chacun(e) peut circuler librement.

Il y a même un facteur maison. Marcel, 87 ans, est volontaire pour livrer le courrier à tous les étages. Il toque aux portes et fait la conversation.

« Ca rend service, ça nous permet d’avoir des contacts avec tout le monde, on essaye de faire marcher les neurones aussi » souffle-t-il.

Guingamp. Une maison de retraite qui vit au rythme de ses résidents

Une atmosphère familiale aux bienfaits visibles

Au 3ème étage où vivent les résidents les plus dépendants, l’heure est aux tâches quotidiennes : plier du linge, couper les légumes. Ici chacun a son rôle à jouer.

Evidemment, mes collègues pourraient plier les draps plus rapidement. Mais il y a un lien fort qui va se tisser entre l’habitant et le soignant et ça leur permet de se dire : je sers à quelque chose

Corinne Antoine Guillaume directrice de la Résidence Kersalic

Au restaurant du rez-de-chaussée, les résident(e)s peuvent s’inviter, convier leur famille, les soignants qui les accompagnent au quotidien.

Au menu, beaucoup de produits locaux cuisinés maison. Rien n’est imposé. Il y a une carte, les convives choisissent. « Ils ont même doit à l’apéro et à un verre de vin » précise Ronan Hellec, aide-soignant maître d’hôtel.

Au restaurant, menu à la carte pour tout le monde

Au restaurant, menu à la carte pour tout le monde

Cette atmosphère familiale apporte beaucoup aux résidents comme aux soignants.

On a diminué de moitié les anxiolytiques, les neuroleptiques, les antidépresseurs

Corinne Antoine Guillaume directrice de la Résidence Kersalic

Moins d’absentéisme, moins de turn-over. Le maire de Guingamp précise qu’il n’y a aucune difficulté à recruter,  « ce qui est aujourd’hui une particularité« .

A Kersalic où il fait bon vieillir, la liste d’attente ne cesse de s’allonger. 150 personnes sont déjà  inscrites pour profiter jusqu’au bout de sa douceur de vivre et de sa liberté.

Source FR3.

 

Quelle solution logement et pour quel senior en Touraine ?…

Pour vivre sereinement la retraite, la question du logement doit être anticipée rapidement.

Entre l’aménagement de votre domicile et les maisons de retraite médicalisées, il existe de nombreuses alternatives auxquelles vous pouvez réfléchir dès à présent.

Selon l'INSEE, le nombre de personne âgées de plus de 60 ans passera de 15 millions à 20 millions en 2030.

 

Papy loft, béguinage, maintien à domicile, résidences services, accueil familial, colocation entre seniors ou entre générations, des solutions logements pour bien vivre sa retraite en dehors des Ehpad, il y en a. Mais avant d’envisager ses différentes solutions logements seniors, il est nécessaire d’évaluer la perte d’autonomie. Avec Maxence Petit, expert des habitations seniors et Paul de Rochebouët, président du groupe associatif Esprit béguinage nous allons découvrir les différents types de logement pour les seniors.

Le classement GIR

Un hébergement adapté est un logement qui correspond aux besoins des occupants. Il est donc nécessaire d’évaluer son degré de dépendance avant de faire son choix. Chaque département évalue le degré de perte d’autonomie d’une personne âgée. C’est ce qui va permettre de débloquer l’Apa, l’allocation personnalisée d’autonomie. Les personnes âgées sont classées sur une échelle de perte d’autonomie appelée GIR. Cette échelle va de 1 à 6. Le niveau de dépendance est calculé grâce à une observation et à une série de questions. On vérifie si la personne âgée est en capacité physique et mentale de réaliser les tâches de la vie quotidienne (l’orientation, la toilette et l’hygiène intime, l’habillage, l’alimentation, les déplacements, etc.). Selon votre GIR de 1 à 6, vous pourrez bénéficier d’aides sociales et vous connaitrez votre droit d’hébergement.

L’esprit béguinage enfin en Touraine

Paul de Rochebouët est le président de l’association Esprit béguinage. C’est un mode de vie qui se popularise partout en France. Il s’inspire du béguinage apparu Moyen Âge. Richelieu va accueillir une résidence séniors en béguinage. Elle sera installée dans l’ancienne école primaire Jean Mermoz, aujourd’hui inoccupée. Elle sera constituée de 23 logements sociaux indépendants : des T2 et T3 à prix modéré, de 400€ à 550€, mais aussi d’au moins une salle commune. Une salariée sera présente à plein temps, notamment pour proposer des activités et coordonner la vie en communauté. Ces résidences vont se multiplier en Touraine notamment à Loches et Amboise. Ils accueilleront les seniors classés en Gir 5 et 6.

Définition du handicap – La grille AGGIR (GIR), cliquez ici.

Source FRANCE BLEU.

Alzheimer : à l’EHPAD Solidor de Saint-Malo, des techniques non médicamenteuses pour conserver les capacités des malades…

La maladie d’Alzheimer touche plus d’un million de personnes en France. Une maladie qu’on ne sait pas guérir.

Les équipes soignantes tentent pourtant de maintenir l’autonomie des patients.

C’est le cas à l’EHPAD Solidor Korian de Saint-Malo.

Des jeux sur écran proposés aux malades d'Alzheimer pour stimuler leur capacités cognitives et physiques.

Des jeux sur écran proposés aux malades d’Alzheimer pour stimuler leur capacités cognitives et physiques.

Dans cette maison de retraite malouine pour personnes âgées dépendantes, 80 résidents vivent ensemble. Les pathologies sont différentes mais certains souffrent de la maladie d’Alzheimer à laquelle ce mardi 21 septembre est consacrée sous la forme d’une journée mondiale de sensibilisation.

Ce matin là dans sa chambre, Madeleine joue avec une aide soignante sur une petite tablette portable. On l’appelle l’happy neurone, tout un progamme ! La machine propose des lettres et Madeleine doit composer des mots. C’est ludique et ça lui plait.

« J’aime bien les mots croisés! j’aime bien tout ça! Ca fait travailler ma mémoire. »

Madeleine, résidente Epadh Korian Solidor

Ici, tout est mis en oeuvre pour stimuler la mémoire mais aussi le physique des résidents. Deux fois par semaine, un atelier gym douce a été mis en oeuvre. Il provoque émulation et mimétisme dans le groupe face aux postures à réaliser. On se passe des ballons, on fait des mouvements de jambes, de motricité… L’objectif est de permettre de travailler sur l’autonomie à la fois physique et intelectuelle.

« Ces techniques s’appellent les TNR, thérapies non médicamenteuses. Les recherches sur la maladie d’Alzheimer ont prouvé que l’important était surtout de prévenir cette pathologie pour la freiner au mieux, puisqu’on ne sait pas la soigner. »

Sabine Mathieu Médecin coordonnateur Ehpad « Korian Le Solidor »

Sabine Mathieu rappelle ces chiffres : il y a plus d’un million de  personnes atteintes de cette maladie en France. 40 % des plus de 90 ans en sont atteints, c’est un véritable enjeu de santé public. Il faut absolument aider la recherche insiste t’elle.

Un atelier gym douce : ici les résidents travaillent leur motricité et leur autonomie !

Un atelier gym douce : ici les résidents travaillent leur motricité et leur autonomie !

Pour l’heure, les soignants peuvent juste limiter l’altération des capacités des personnes âgées. Une maladie qui provoque des troubles du comportement, des troubles cognitifs, du language, qui peut amener à ne plus reconnaître les visages, à ne plus savoir comment utiliser les objets du quotidien et même à devenir agressif avec les aidants. Une maladie souvent niée par ceux qui en sont atteints.

À l’EHPAD de Saint-Malo, Manon Boisseaux, ergothérapeute, a également mis en place des séances individuelles avec un autre outil intelligent, une sorte de console de jeu devant laquelle elle installe un résident enthousiaste.

Assis dans son fauteuil, il va devoir se lever ou se pencher à droite ou à gauche, en fonction des images ou des mots qui s’affichent à l’écran. D’autres jeux sont aussi proposés, avec toujours la même visée thérapeutique.

« Le but, c’est de maintenir les capacités physiques car elles ont un lien avec le déclin côté cognitif. Il s’agit avec ces exercices de faire le lien avec les gestes du quotidien comme se coiffer, s’habiller, se laver seul ou se déplacer de façon autonome. »

Manon Boisseaux, ergothérapeute

L’EHPAD Korian Solidor ne dispose pas d’unité protégée avec une prise en charge spécifique pour les résidents atteints d’Alzheimer. L’équipe soignante mise sur la vie en communauté pour éviter tout repli. Pour cette journée mondiale, placée cette année sous le thème de l’Art, un atelier peinture avec une exposition en interne va être proposée aux résidents.

Source FR3.

ENQUÊTE RADIO FRANCE – Après Orpea, le gestionnaire d’Ehpad Bridge mis en cause…

Le groupe Bridge, gérant d’Ehpad, se voit à son tour reprocher des dysfonctionnements : certains résidents délaissés, établissements en surcapacité…

Ses méthodes ne sont pas sans rappeler celles qui sont reprochées à Orpea.

Enquête au cœur des Ehpad Bridge : des résidents livrés à eux-mêmes, des aides-soignants en sous-effectifs et des familles qui souffrent.

 

Une enquête de Géraldine Hallot, cellule investigation de Radio France. 

Tous les jours, à la même heure, Jean-Jacques rend visite à sa femme qui a été admise l’an dernier à la maison de retraite « Les Fontaines », à Horbourg-Wihr près de Colmar. Cet Ehpad de 84 places est spécialisé dans l’accueil de résidents souffrant de la maladie d’Alzheimer. Il jouissait jusqu’à peu d’une excellente réputation.

Mais en décembre dernier, l’établissement a été racheté par le groupe Bridge. Depuis, d’après plusieurs familles, la prise en charge des résidents se serait fortement dégradée. « Je me suis rendu compte que ma femme n’avait pas été changée pendant quatre jours », nous indique Jean-Jacques lors de l’une de ses visites quotidiennes à laquelle nous avons assisté. « J’ai remarqué aussi, devant l’état de ses cheveux, qu’elle n’avait pas été douchée pendant plus d’une semaine », poursuit-il. « Avant d’arriver à l’Ehpad, on se pose la question : qu’est-ce qu’on va trouver ? »

La chambre de son épouse Colette est propre et lumineuse. Mais nous remarquons une grosse bosse sur son front. “À priori, elle a dû chuter, explique Jean-Jacques, mais personne ne s’en est rendu compte. » Colette garde aussi sa tête penchée vers l’avant, alors qu’il y a encore quelques jours, elle la maintenait droite, toujours selon son mari. Lorsqu’il a interrogé la direction de l’Ehpad, on lui a répondu, nous raconte-t-il, que « personne n’avait constaté de chute », et que « cela devait être un torticolis ». Jean-Jacques se dit « sceptique » devant cette réponse.

Il se dit aussi « convaincu » que le rachat de l’Ehpad et les « méthodes de management de Bridge » ont « fait fuir les salariés » et que cela a « dégradé la prise en charge des résidents ». Aujourd’hui, d’après nos constatations, l’établissement fonctionne avec trois aides-soignantes par étage, là où auparavant, d’après des documents que nous avons consultés, il y avait cinq aides-soignantes au deuxième étage pour 42 résidents très dépendants et quatre au premier étage pour 42 résidents un peu plus autonomes.

Des résidents levés « un jour sur deux »

Comment en est-on arrivé là ? En janvier 2022, selon des échanges de mails dont la Cellule investigation de Radio France a eu connaissance, le groupe Bridge a demandé à la directrice de l’Ehpad de l’époque de supprimer huit postes équivalent temps plein. Après avoir refusé ces suppressions de postes, la directrice a été licenciée pour insubordination lors d’un simple entretien par visioconférence.

Le groupe Bridge a aussi annoncé, dès son arrivée, la suppression des primes de remplacement, d’assiduité et de participation qui représentent entre 100 et 150 euros net sur le salaire d’une aide-soignante.

Depuis, entre les départs – volontaires ou contraints – et les arrêts maladie, l’établissement est en sous-effectif, nous raconte une aide-soignante. « Après le rachat, c’est vrai, ça s’est dégradé », nous explique-t-elle lors d’une rencontre le soir, après son travail. « En moyenne nous sommes trois par étage, pour 42 résidents. Certains jours nous ne sommes que deux par étage », déplore-t-elle.

Ce manque de personnels a des conséquences directes sur la prise en charge des résidents, selon elle. « Les douches sont aléatoires. On n’a pas le temps. On a les yeux rivés sur le chrono. »

À l’Ehpad Les Fontaines, près de Colmar, depuis le rachat par le groupe Bridge, les aides-soignantes sont en sous-effectif.

Certains jours, les résidents ne sortent même pas de leur lit. « On essaie de faire au mieux, d’alterner, de les lever un jour sur deux. » Les pensionnaires, précise-t-elle, sont très dépendants et atteints de la maladie d’Alzheimer. Ils peuvent difficilement se lever seul. Un témoignage que réfute la direction du groupe Bridge. Celle-ci nous affirme dans un mail : « Tous les résidents qui le peuvent, sont naturellement habillés chaque jour par nos équipes, désireuses de préserver la dignité et le lien social des personnes dont nous avons la charge. »

Une autre salariée des Fontaines affirme qu’« à cause du manque de sollicitations, on constate davantage de chutes et de pertes de poids. Il y a eu toute une période où beaucoup de résidents ne voulaient plus manger ». Selon la jeune femme, « il y a eu aussi un allégement du protocole Covid. Avant, les soignants se faisaient tester une fois par semaine. Mais en février, les tests antigéniques hebdomadaires ont cessé. Depuis, des résidents sont tombés malade, chose qu’on n’avait plus vu chez nous depuis la première vague ».

L’agence régionale de santé alerté

Deux résidents sont morts du Covid fin février début mars 2022. Coralie (prénom d’emprunt, NDLR) était à leurs côtés. Ecœurée par le peu de moyens dont elle disposait pour soulager leurs souffrances, elle a démissionné. « C’étaient des personnes qui étaient alitées et avaient du mal à respirer en restant couchées.

On devait les redresser », raconte-t-elle, encore émue. « Mais les coussins de positionnement pour les maintenir, il n’y en avait plus. Des devis ont été demandés pour que ces personnes puissent mourir… correctement. » Faute de les avoir à temps, elle a dû « récupérer le coussin d’une personne qui venait de décéder pour le réattribuer à quelqu’un qui était en train de mourir ». Coralie a quitté l’Ehpad des Fontaines d’Horbourg-Wihr après cet épisode.

Des familles et des salariés ont témoigné auprès du Conseil de vie sociale de l’établissement. Cette instance élue est un intermédiaire entre les résidents et la direction du groupe. Son président André Schmidt, inquiet face à l’afflux de témoignages circonstanciés, a alerté l’Agence régionale de santé (ARS) Grand Est. Jointe par la Cellule investigation de Radio France, l’ARS nous a répondu avoir conscience du « climat social dégradé » et des « difficultés de ressources humaines » dans cet Ehpad.

« Une visite de l’établissement a d’ores et déjà été organisée le 17 mars 2022 », poursuit l’ARS dans son mail, avant de conclure « nous restons attentifs à l’évolution de la situation au sein de l’Ehpad les Fontaines ».

“Seul dans un couloir, les mains pleines d’excréments”

L’Ehpad d’Horbourg-Wihr n’est pas le seul à avoir été racheté par Bridge. Le groupe, fondé en 2017 par Charles Memoune, un ancien consultant d’Ernst & Young, a une stratégie : racheter des maisons de retraites médicalisées (Ehpad) de taille intermédiaire en zone rurale ou péri-urbaine. En cinq ans, Bridge a acquis 34 établissements, soit un peu plus de 2.000 lits. Parmi eux, toujours en Alsace, il y a celui de Lutterbach près de Mulhouse. Là-bas aussi des familles se sont émues du traitement réservé aux résidents. Ainsi cette femme raconte dans un mail au Conseil de vie sociale de l’Ehpad de Lutterbach (voir ci-dessous) que début mars, elle a retrouvé son mari « seul dans le couloir les mains pleines d’excréments ». Elle a dû faire sa toilette elle-même.

Mail adressé au Conseil de vie social d l’Ehpad de Lutterbach par l’épouse d’un résident en mars 2022.
Mail adressé au Conseil de vie social d l’Ehpad de Lutterbach par l’épouse d’un résident en mars 2022. © Radio France – Cellule investigation de Radio France

Christiane, elle, constate que sa mère est souvent alitée, et pas habillée quand elle lui rend visite. « Maman est en pyjama car le personnel n’a pas le temps de l’habiller », nous raconte cette femme dynamique. « Samedi dernier, il était 15h30. J’avais prévenu que je venais accompagnée de mon père. Mais là encore, ma mère était en pyjama. Papa a fait semblant de ne pas voir. Quand je l’ai ramené chez lui, il a fait une crise de larmes, et il a dit ‘mais c’est ma femme, qu’est-ce qu’ils en font ?’ C’est très dur. » Christiane aussi estime qu’il y a « un avant/après » le rachat par Bridge. « Depuis les effectifs de soignants ont fondu. »

D’autres familles nous ont livré des témoignages similaires. « J’ai perdu confiance dans la méthode de gestion de Bridge », dit Bernard, dont l’épouse de 86 ans est arrivée à l’Ehpad de Lutterbach en 2019. « Du coup, je rends visite à ma femme tous les jours pour observer comment ça se passe. Les aides-soignantes sont en nombre insuffisant », estime-t-il. « Les repas sont souvent froids, je l’ai signalé à la direction. » Bernard rappelle qu’il paie « 2.700 euros par mois » pour « de telles prestations ». « Toute ma retraite y passe », conclut-il.

Le maire de Lutterbach lui-même a pris la plume en mars 2022 pour sermonner la direction du groupe Bridge. Dans un courrier dont nous avons eu connaissance (voir ci-dessous), Rémy Neumann (EELV) écrit : « la gestion financière semble être une priorité dans votre groupe avant celle de la gestion humaine des résidents et du personnel. » La mairie de Lutterbach était en discussion avec le groupe Bridge pour la construction d’une résidence seniors dans la zone d’aménagement concerté (ZAC) Rives de la Doller. Mais le projet a été abandonné.

« Nous avons décidé de rechercher un autre opérateur plus en phase avec les valeurs humaines que nous défendons », conclut le maire dans son courrier. Sollicitée, la direction du groupe Bridge nous a répondu que si dysfonctionnements il y avait eu, ils étaient antérieurs à la reprise des établissements par le groupe : « Nous avons acheté 3 établissements de l’est de le France fin décembre 2021 (…), la qualité de l’accueil et des soins apportés était en deçà de notre niveau d’exigence, et des dysfonctionnements majeurs ont été détectés. Nous avons été, en conséquence, contraints de prendre les mesures qui s’imposaient pour rétablir une situation satisfaisante », affirme le groupe.

Lettre du maire de Lutterbach à la direction du groupe Bridge, mettant le groupe en garde contre ses mauvaises pratiques.
Lettre du maire de Lutterbach à la direction du groupe Bridge, mettant le groupe en garde contre ses mauvaises pratiques. © Radio France – Géraldine Hallot, Cellule investigation de Radio France

Un Ehpad interdit d’accueillir de nouveaux résidents

Hors Alsace, d’autres Ehpad du groupe Bridge sont également dans le viseur des ARS. Selon nos informations, les agences régionales de santé d’Ile-de-France, de Normandie et du Centre-Val de Loire ont, elles-aussi, reçu des signalements de familles et de salariés du groupe. La résidence « Les Cèdres » à Savigny-sur-Orge (Essonne) a fait l’objet d’une inspection inopinée le 24 février 2022, dont le résultat n’est pas encore connu. Quant à l’ARS de Normandie, elle avait placé l’Ehpad « Les Opalines » aux Moutiers-en-Cinglais (Calvados) sous administration provisoire début mars en raison de « dysfonctionnements graves ». Cette tutelle a été levée par le tribunal administratif de Caen qui statuait en référé.

Le juge a estimé qu’il n’y avait pas de « risques immédiats ». Mais en attendant la décision du juge sur le fond, le tribunal a maintenu l’interdiction d’accueillir de nouveaux résidents pendant six mois en raison « d’une insuffisance chronique de moyens en personnels (…) qui ne permet pas d’assurer une prise en charge satisfaisante des résidents lors des toilettes, des repas et des couchers ».

Ailleurs en France, une ancienne responsable d’un Ehpad du groupe Bridge, dénonce elle-aussi une « mauvaise prise en charge des résidents ». Elle qui a quitté le groupe en automne dernier, raconte que dans son établissement, « une chambre n’avait plus de chauffage depuis deux ans », « des seringues pour piquer les résidents étaient périmées ».

Après les décès de plusieurs pensionnaires, raconte-t-elle encore, elle n’a pas pu envoyer de bouquets de fleurs aux familles car sa supérieure trouvait cela trop cher. Elle explique s’être donc contentée de « trois cartes », qu’elle juge « ridicules ». Et puis elle décrit cette « pratique étonnante » : « Lors de la visite de préadmission, on montre aux familles un kit de présentation dans la future chambre du résident : un dessus de lit, un joli cadre, un vase avec des fleurs et un fauteuil très confortable… qui sont immédiatement enlevés une fois le contrat signé. »

Interrogée sur ces affirmations, la direction du groupe Bridge nous a répondu que « ni les audits internes du réseau, ni le récent contrôle inopiné de l’ARS n’ont révélé de non-conformité autour de la gestion des seringues. Si un audit devait mettre en lumière une quelconque non-conformité, nous prendrions les mesures qui s’imposent avec la plus grande célérité. » Le groupe ajoute : « sur le service hôtelier (…), nous encourageons la personnalisation des espaces avec du mobilier et des habitudes de vie qui leur sont propres. »

D’après un document interne à Bridge que nous nous sommes procuré (voir ci-dessous), le groupe pratique aussi la surcapacité. C’est-à-dire qu’il accueille dans ses Ehpad plus de résidents que les ARS ne l’autorisent. D’après nos calculs, cela concerne 19 établissements sur 34.

Document interne du groupe Bridge démontrant que le groupe accueille plus de résidents que les ARS ne l‘autorisent.
Document interne du groupe Bridge démontrant que le groupe accueille plus de résidents que les ARS ne l‘autorisent. © Radio France – Géraldine Hallot, Cellule investigation de Radio France

Accusé lui aussi de « surbooker » ses Ehpad, Orpea avait été épinglé pour la même raison dans le rapport de l’Igas (Inspection générale des affaires sociales) et de l’IGF (Inspection générale des Finances) publié début avril. La direction du groupe Bridge nous a précisé au sujet de ce document, « Nous n’avons jamais dépassé sur l’année l’occupation autorisée pour les places financées. Lorsqu’il arrive que des établissements disposent de chambres surnuméraires, elles sont soit dédiées aux familles, soit à l’accueil de personnes âgées autonomes qui souhaiteraient bénéficier de la sécurité d’un habitat collectif et des services associés (restauration, hôtellerie, animations). »

Source FRANCE BLEU.