Dans un secteur secoué par plusieurs révélations, et des soupçons de maltraitance, il fait figure d’établissement modèle. L’EHPAD municipal de Guingamp vit au rythme de ses résidents.
Du petit matin au coucher du soleil, les habitants choisissent leurs horaires, décident de leurs activités et de leurs menus.
C’est une maison de retraite atypique. Pas un Ehpad aux cadences infernales. Non, une maison où les retraité(e)s prennent le temps de vivre.
Au réveil, quand certain(e)s commencent la journée par un atelier percussions, d’autres préfèrent prolonger leur grasse matinée.
Dans cet EHPAD municipal, les levers à 6h du matin ou les toilettes à la chaîne en quelques minutes ont été bannis. Une liberté savourée par toutes et tous.
Je pense que la vie est belle. Je suis la reine ici
Elisa, résidente centenaire
Ici, il n’y a pas d’horaires imposés. Caroline Dagorgne, aide-soignante, s’occupe des résidents quand ils sont prêts. Tant qu’ils dorment, leur sommeil fait loi.
« On peut les lever à 14h, 15h, 16h… On attend qu’ils soient bien réveillés pour s’occuper d’eux. Pour nous, c’est le rythme des résidents en priorité ».
Vivre au rythme de chacun, la philosophie de cette maison de retraite
Pour que les 72 pensionnaires se sentent bien, le lieu a été pensé comme un village. On trouve un café où les joueuses de belottes prennent leurs quartiers. Mais aussi un restaurant, une épicerie. Où chacun(e) peut circuler librement.
Il y a même un facteur maison. Marcel, 87 ans, est volontaire pour livrer le courrier à tous les étages. Il toque aux portes et fait la conversation.
« Ca rend service, ça nous permet d’avoir des contacts avec tout le monde, on essaye de faire marcher les neurones aussi » souffle-t-il.
Une atmosphère familiale aux bienfaits visibles
Au 3ème étage où vivent les résidents les plus dépendants, l’heure est aux tâches quotidiennes : plier du linge, couper les légumes. Ici chacun a son rôle à jouer.
Evidemment, mes collègues pourraient plier les draps plus rapidement. Mais il y a un lien fort qui va se tisser entre l’habitant et le soignant et ça leur permet de se dire : je sers à quelque chose
Corinne Antoine Guillaume directrice de la Résidence Kersalic
Au restaurant du rez-de-chaussée, les résident(e)s peuvent s’inviter, convier leur famille, les soignants qui les accompagnent au quotidien.
Au menu, beaucoup de produits locaux cuisinés maison. Rien n’est imposé. Il y a une carte, les convives choisissent. « Ils ont même doit à l’apéro et à un verre de vin » précise Ronan Hellec, aide-soignant maître d’hôtel.
Au restaurant, menu à la carte pour tout le monde
Cette atmosphère familiale apporte beaucoup aux résidents comme aux soignants.
On a diminué de moitié les anxiolytiques, les neuroleptiques, les antidépresseurs
Corinne Antoine Guillaume directrice de la Résidence Kersalic
Moins d’absentéisme, moins de turn-over. Le maire de Guingamp précise qu’il n’y a aucune difficulté à recruter, « ce qui est aujourd’hui une particularité« .
A Kersalic où il fait bon vieillir, la liste d’attente ne cesse de s’allonger. 150 personnes sont déjà inscrites pour profiter jusqu’au bout de sa douceur de vivre et de sa liberté.
Source FR3.