Food-truck, crèche, résidence étudiante… À Marseille, cet Ehpad qui n’en a que le nom…

À Marseille, Les Jardins d’Haïti réinvente les codes des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).

Après avoir implanté une crèche dans le bâtiment, une subvention lui permet de devenir un véritable tiers-lieu, avec résidence étudiante solidaire, jardin partagé, coworking…

Food-truck, crèche, résidence étudiante… À Marseille, cet Ehpad qui n’en a que le nom

Malgré les 93 bougies qu’il souffle aujourd’hui, Tony fait entendre à toute la résidence que ses cordes vocales n’ont pas pris une ride avec un hommage à Luis Mariano : « Mexiiiiiicooooo ! », chante-t-il en vadrouillant sur son fauteuil roulant. Avant de tomber sur un jeune accompagnant qui décide de le faire danser un peu. Pour faire un peu d’exercice, mais surtout « pour montrer tes talents aux filles ! », glisse-t-il avec un clin d’œil.

En parlant de séducteur, Guy arrive. Il pousse fièrement un déambulateur qui parait tout droit sorti d’une carrosserie de tuning : décorations criardes, sacoche de cuir, klaxon-trompette et pas moins de 3 rétroviseurs. On comprend les yeux pétillants de « sa chérie » lorsqu’elle le rejoint en quittant le comptoir d’accueil qu’elle avait décidé de tenir ce matin.

Derrière eux, Annie, ancienne concertiste, joue avec virtuosité La Maladie d’Amour au piano (voir photo de Une). La scène fait mentir Michel Sardou. La « maladie d’amour » court bien au-delà de 77 ans… Des enfants participent à la joyeuse cacophonie en jouant parmi les résidents. Ce qui n’empêche pas une jeune femme, casque vissé sur les oreilles et yeux rivés sur son ordinateur, de faire du télétravail.

Food-truck, crèche, résidence étudiante… À Marseille, cet Ehpad qui n’en a que le nom

Guy et son déambulateur de compétition. Sa « chérie » donne le départ. 

« Péter les codes »

En ajoutant à ce tableau, la déco moderne du lieu, les fresques de street artistes ou encore le babyfoot, la scène a de quoi surprendre parce que nous sommes ici au coeur… d’un Ehpad. Plus encore, après les révélations sur la gestion et le contrôle des maisons de retraite mis au jour cet hiver dans le livre du journaliste Victor Castanet, « Les Fossoyeurs ». Mais aux Jardins d’Haïti, à Marseille « c’est une maison à vivre, pas un mouroir », insiste Laurent Boucraut, à la tête de cette « association à but non lucratif ».

Le quadragénaire aux airs de surfer (qu’il est d’ailleurs), n’a qu’une idée en tête : « péter les codes ». L’établissement est même en voie de recevoir le titre très à la mode de “tiers-lieu“. Il fait partie des 25 sites français, et le seul de la région, retenus dans le cadre de l’appel à projets de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) : « Un tiers-lieu dans mon Ehpad ».

Ce dispositif « encourage des initiatives visant à ouvrir les Ehpad sur leur quartier, au travers de lieux co-construits avec les habitants, les voisins, et les acteurs de la vie sociale locale […] permettant de concilier tout à la fois : soin, sécurité et pleine citoyenneté des plus âgés », indique la CNSA.

Laurent Boucraut et son écharpe de l’OM derrière le baby-foot qui trône dans le hall d’entrée. Photo : Caroline Dutrey

Papy-sitters

L’appel à projets a été repéré par Marseille Solutions, structure d’accompagnement de projets à impact. « On a cherché un Ehpad du territoire qui souhaitait rompre avec la logique d’enfermement, raconte la co-directrice, Daphné Charveriat. C’était le cas des Jardins d’Haïti, avec leur vision intergénérationnelle et d’échanges avec la vie du quartier ».

L’établissement marseillais avait déjà un temps d’avance sur la question. Depuis la fin de la rénovation complète du bâtiment, l’année dernière, il accueille une crèche de la structure marseillaise UB4Kids. Les pensionnaires viennent l’animer quotidiennement. Et inversement, les enfants peuvent jouer dans la salle commune sous la surveillance de anciens. « Ce matin, Tony a gagné un an en fêtant son anniversaire avec les petits ! », rigole Laurent.

Au-delà de l’apport en bonne humeur, le directeur estime que « c’est une façon de redonner un rôle aux personnes âgées, au lieu de juste les occuper, ce qui est aberrant. Ils ont plein de choses à partager, et forcément, un riche vécu ». Cette crèche est pour lui « la première pierre et la pierre angulaire de notre projet dans sa volonté d’ouverture vers l’extérieur. C’est difficile de faire sortir les résidents, alors on veut faire rentrer le monde ici ! ».

C’est dans ce sens qu’une école de danse inclusive du quartier vient répéter dans la salle des fêtes de l’Ehpad, que les télétravailleurs peuvent venir « coworker » librement en profitant du wifi gratuit. Ou encore, que le réfectoire est devenu un restaurant bistronomique ouvert au public avec l’aide du chef marseillais Renaud Guez.

Tous les lundis, le réfectoire sert une “recette signature” du chef Renaud Guez et se transforme en restaurant ouvert au public. Photo : Caroline Dutrey

Concerts, foodtruck et marché bio

« Mais ce n’est que le début de l’aventure ! » poursuit Laurent. Elle va s’accélérer grâce aux 150 000 euros reçus grâce à l’appel à projets. Boosté par ce coup de pouce, il égrène les idées qu’il souhaite désormais voir se concrétiser au rythme « d’une par mois », pour ouvrir l’Ehpad au monde extérieur.

La cour centrale accueillera « un marché bio et local » ainsi que des concerts tous les mercredis l’été. Soucieux de sortir des clichés du troisième âge, pas question de programmer « des groupes d’accordéon. On ne va pas passer du Booba non plus ! Mais pourquoi pas de l’électro », précise le passionné de musique, dont le répertoire téléphonique regorge d’artistes marseillais.

Notamment des plasticiens « que nous allons accueillir pour des résidences et des expos dans les étages ». Il prévoit même de créer « le foodtruck des Jardins d’Haïti dans l’année. Avec un four à pizza. Un outil fun pour les événements, pour proposer de la restauration ». Il pourra aussi servir de buvette à côté des 20 parcelles du potager partagé de 500 m² qui va ouvrir aux habitants du quartier.

Électro ou pas, Guy est prêt pour les soirées musicales

Un résidence étudiante solidaire pour la rentrée

Laurent aime par dessus tout l’idée de mélanger les générations. « La crèche c’est le paroxysme : les plus vieux avec les plus jeunes ! ». Mais il y a des intermédiaires. Comme les élèves de l’école élémentaire Boisson, à quelques centaines de mètres. « Je sors d’un rendez-vous avec la direction. Ils viendront faire classe chez nous tous les 15 jours ».

Des étudiants vont aussi prendre leurs quartiers dans l’Ehpad. C’est un des projets phares du directeur : « la résidence étudiante sociale qui va ouvrir à la rentrée ». Un appartement neuf de 50 m² avec deux chambres pour des jeunes en situation de précarité. Ils seront nourris et logés gratuitement. « Le deal, c’est qu’ils devront passer 15 heures par semaine auprès de nos résidents ».

Trouver l’équilibre économique

Un dispositif « gagnant-gagnant », puisque « ça représente presque un temps plein pour nous ». Le modèle économique est une préoccupation assumée par les Jardins d’Haïti. Ainsi que par les deux structures qui l’accompagnent dans le développement de ces projets :  We are the starters et Marseille Solutions.

L’objectif n’est pas de gagner de l’argent mais d’éviter des surcoûtsDaphné Charveriat

Pour Daphné Charveriat, « l’objectif n’est pas de gagner de l’argent mais d’éviter des surcoûts et leurs répercussions pour les résidents ». Il s’agit donc de générer quelques revenus avec « les consommations lors des concerts, le restaurant, le food truck... ».

Rendre le secteur attractif pour les résidents comme pour le personnel

Car la co-directrice de Marseille Solutions voit plus loin. La subvention obtenue avec l’appel à projets permet de « tester, innover, pour trouver l’équilibre économique. On prévoit ensuite un volet “réplication” pour changer le secteur avec un modèle vertueux ». Et attractif, « pour les résidents et leur qualité de vie, comme pour le personnel qui s’épanouit à travailler dans ces conditions ».

« La CNSA l’a compris et nous aide à devenir un laboratoire pour le secteur » poursuit Laurent Boucraut. « Il faut que ça serve de banque de bonnes idées pour les autres établissements. Le futur des Ehpad c’est des tiers lieux ! », conclut le directeur.

Les Jardins d’Haïti, une histoire de générations

« J’ai grandi avec 90 grand-mères ! », raconte Laurent Boucraut, qui a passé une partie de sa jeunesse… en maison de retraite. Chez lui, s’occuper des personnes âgées, c’est une histoire de famille. Elle commence avec sa vraie mamie, Suzanne. « Elle est à l’origine des valeurs que l’on porte, l’envie d’aider les autres ».

En 1950, elle crée une association pour les plus fragiles, récupère un couvent, et axe ses actions en faveur des personnes âgées. « Ça ressemblait plus à un hospice, mais pour l’époque, c’était précurseur des Ehpad ».

Laurent et son père Jacques, dans la cour centrale des Jardins d’Haïti

Laurent et son père Jacques, dans la cour centrale des Jardins d’Haïti

Puis, chaque génération a marqué une évolution. « Mon grand-père a pérennisé le lieu en maison de retraite. Dans les années 1980, mon père, Jacques, a amené de la folie en termes d’ambiance et d’animations ». Il embauche alors un G.O. du Club Med. Plus tard il crée une salle de spectacles.

En 2008, il convainc son fils, Laurent, alors prof de ski, de le rejoindre, alors que son frère Stéphane est déjà dans la partie. « Il m’a fallu du temps avant de me sentir légitime ». Le déclic arrive en 2015. « Je voulais littéralement transformer la maison de retraite en “maison à vivre”. On a fait appel aux talents d’un architecte pour tout reconstruire. Avec une crèche au milieu ».

Source MADEINMARSEILLE.

 

Service civique Solidarité Seniors : « briser les préjugés entre générations »

Le service civique Solidarité Seniors a été mis en place il y a tout juste un an pour répondre à l’isolement des personne âgées. Juliette, 22 ans, témoigne de son engagement.

Le service civique Solidarité Seniors a été mis en place il y a tout juste un an pour répondre à l'isolement des personne âgées.

 

« Avec mes études, je ne trouvais pas vraiment le temps de faire du bénévolat. Pour ma double licence, il était prévu que je parte à l’étranger mais avec le Covid, tout a été annulé. Je me suis dit, c’est le moment pour moi de m’engager. » En pleine épidémie, Juliette, 22 ans, s’engage dans un service civique. Malgré quelques appréhensions, elle l’effectue auprès du 3e âge via le service civique Solidarité Seniors.

Rompre la fracture numérique

« Au début, je n’étais pas certaine de vouloir faire une mission auprès des personnes âgées. Il y a vraiment un problème intergénérationnel. Il n’y a plus de liens entre jeunes et vieux. Les liens sont distendus. Les personnes âgées ont peur des jeunes et les jeunes ne sont pas très attirés par elles. Il y a beaucoup de préjugés autour des personnes âgées, des idées reçues« , assure la jeune femme.

Son engagement prend tout son sens pendant le confinement car « beaucoup de personnes du 3e âge se sont retrouvées isolées. Nous les jeunes, avec les réseaux sociaux, on a pu garder du lien, pas eux« , témoigne Juliette.

Pendant 8 mois, à raison de 24 heures par semaine et une indemnité de 580 euros, elle et son binôme accompagnent près d’une dizaine de personnes âgées. « Ma mission était de lutter contre l’isolement social des personnes âgées ou en situation de handicap en apportant une aide à la maîtrise des outils numériques« , explique-t-elle.

Apprendre à se servir d’un téléphone mobile, faire des demandes en ligne, ou tout simplement bavarder… Juliette et son binôme (les services civiques Solidarité Seniors travaillent à 2) apportent leurs connaissances et leur savoir-faire aux aînés.

« Concrètement nous allions chez la personne au début pour discuter avec elle et puis un moment on discutait de numérique en demandant ce qu’elle savait faire, si elle avait des besoins particuliers. Certaines personnes, nous ont fait comprendre qu’elle n’était pas intéressées par le numérique mais plutôt par le fait de rencontrer des jeunes. D’autres nous ont demandé de l’aide pour faire les démarches en ligne, se servir d’un smartphone. Nous, on n’avait pas forcément de connaissances spécifiques en numérique mais comme nous sommes d’une génération née là-dedans, on a l’habitude », poursuit-elle. Ajoutant : « En fait, beaucoup demandaient des visite de convivialité« .

Lutter contre l’isolement du 3 âge

Le service civique Solidarité Seniors a été lancé il y a un an avec le soutien du ministère de la Solidarité, du secrétariat d’État à la Jeunesse et le soutien du groupe Malakoff Humanis. C’est une toute nouvelle offre du service civique porté par l’association Unis-Cité et créé en 2010 dans sa forme actuelle.

« Son objectif est de lutter contre l’isolement des seniors. Cette lutte passe à travers l’engagement des jeunes en service civique pour effectuer des visites, des activités d’accompagnement  au domicile ou dans des établissements collectifs comme les EHPAD« , explique Yolainne Olivier, Coordinatrice Île-de-France du Service Civique Solidarité Seniors.

Madeleine Guempik, elle, a 91 ans. Cette habitante des Lilas en Seine-Saint-Denis ne tarit pas d‘éloges sur Marion : « Marion est une personne adorable, mignonne. On peut blaguer, on peut dire tout ce qu’on veut avec elle, elle est toujours là, toujours présente« , s’exclame-t-elle. Cette senior dynamique a bénéficié d’un accompagnement lors de sorties et de courts voyages grâce à Marion qui a effectué son service civique Solidarité Seniors au sein de la Fondation Casip-Cojasor. « C’est une véritable aide pour les personnes du troisième âge !« , se réjouit Madeleine.

Le lien intergénérationnel

Juliette l’affirme : « J’ai toujours eu ce besoin d’aider les autres, de me sentir utile », confie-t-elleUne aspiration comblée par ses mois de service civique. « Je suis encore en contact avec des bénéficiaires car nous avons créé des liens très forts. Je les voyais presque plus que mes propres grands-parents !« , avoue-telle.

« Travailler avec les personnes m’a permis de déconstruire plein d’idées reçues que j’avais du troisième âge et à l’inverse cela a été le cas aussi pour les personnes que j’ai accompagnées et c’est bien cela le but du service civique Senior. Il faut briser les préjugés pour recréer un lien inter-générations« , témoigne-telle.

« C’est une relation gagnant-gagnant qui nourrit aussi bien le jeune que la personne aidée. Pour le jeune, ça répond à son envie d’être utile et puis il bénéficie d’une expérience, de l’histoire de vie d’une personne plus âgée« , confirme Yolainne Olivier.

Le service civique Solidarité Seniors recrute

Aujourd’hui, en Île-de-France, un an après sa mise en place, 200 jeunes effectuent  leur service civique Solidarité Seniors auprès des personnes âgées et entre 800 et 900 d’entre-elles bénéficient d’un accompagnement. En France ils sont 10 000 jeunes pour répondre à une demande toujours croissante.

« Nous sommes toujours en recherche de jeunes et notamment dans les milieux ruraux qui sont plus compliqués à pourvoir qu’en ville. Nous recherchons toujours des jeunes et nous sommes également en recherche de structures qui accueillent un service civique pour ouvrir de nouvelles missions au service civique« , Yolainne Olivier, coordinatrice

Dans le cadre de son premier anniversaire qui s’est tenu ce mercredi, le 9 mars 2022 à La Cité Fertile de Pantin (93), le Service Civique Solidarité Seniors a lancé son premier baromètre des Relations Intergénérationnelles mené par Opinion Way.

Pour 71% des seniors, la société actuelle ne favorise pas les occasions de rencontres entre les générations, un constat partagé par 61 % des jeunes.

Pour 88% des jeunes et 92% des seniors interrogés le renforcement des relations entre les générations est un moyen de lutter contre la dégradation de la santé mentale des seniors.

Vous souhaitez effectuer un service civique auprès des aînés, trouvez plus d’infos sur le site internet du service civique Solidarité Seniors

Source FR3.

Maisons partagées : des personnes touchées par la maladie d’Alzheimer en colocation à l’Haÿ-les-Roses…

C’est un type de résidence présenté comme une alternative aux Ehpad. A l’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), une colocation intergénérationnelle qui a ouvert cette année accueille huit personnes touchées par la maladie d’Alzheimer.

Elles y vivent en compagnie d’étudiants.

La maison partagée est située à l'Haÿ-les-Roses.

 

Elle aime « vivre ici tranquille« , en se sentant « chez elle« . Françoise Thémire habite dans une maison partagée à l’Haÿ-les-Roses, dans le Val-de-Marne. La résidente y vit avec d’autres colocataires, notamment Marie-Pierre : une quinquagénaire touchée par la maladie d’Alzheimer, qui a rejoint les lieux depuis le début de l’année.

« L’avantage ici, c’est que c’est une petite maison où il y a huit colocataires, explique Clément Saint-Olive, cofondateur de l’entreprise « Biens communs ». On retrouve les codes de là où l’on a habité. On connaît les gens, on connaît les moindre recoins. Donc c’est un lieu où l’on peut vivre sans être désorienté, sans perdre ses repères, comme c’est le cas en Ehpad. »

Dans un contexte de scandale dans certains Ehpad, la maison partagée est présentée comme une alternative. Ici, les instants partagés entre les résidents – comme les repas ou la télé, par exemple – sont intergénérationnels. Françoise et Marie-Pierre vivent en effet avec Omar Niño, un étudiant colombien de 39 ans.

« J’ai l’impression d’être chez moi »

« Je passe ici pour prendre le petit-déjeuner avec eux, l’après-midi pour prendre le déjeuner… Même le soir. Je cuisine aussi, à côté des auxiliaires. C’est un peu en colocation« , raconte Omar Niño.

Dans cette maison, Isabelle Vignaud veille au confort des résidents. Elle décrit une expérience bien différente de celle qu’elle avait vécue en Ehpad au début de sa carrière. « Déjà le cadre est assez extraordinaire, vante l’animatrice de la maison partagée. Et j’ai l’impression d’être chez moi. C’est peut-être ma maison secondaire. »

Pour habiter sur place, les résidents payent entre 2000 et 3500 euros par mois. Les sommes varient en fonction des aides perçues.

Source FR3.

Ehpad : pour prouver des maltraitances, la fille d’une pensionnaire avait caché une caméra dans la chambre de sa mère. Vidéo, âme sensible s’abstenir !…

La mère de Claude milite aujourd’hui pour l’instauration de la vidéosurveillance dans les chambres après avoir constaté l’enfer vécu par sa mère. 

Grâce à ces images, l’aide-soignant a pu être condamné.  

 

Ehpad : pour prouver des maltraitances, la fille d'une pensionnaire avait caché une caméra dans la chambre de sa mère. Vidéo, âme sensible s'abstenir !... PHOTO ILLUSTRATION.

 

[Attention, les images de la vidéo peuvent heurter la sensibilité] Pour voir la Vidéo, cliquez ici.

Claude avait installé sa mère dans un Ehpad. Agée de 98 ans, elle était placée dans un établissement de la région parisienne, à Arcueil (Val-de-Marne). Au bout d’un an, Claude a commencé à avoir de sérieux doutes quant au traitement que recevait sa mère. Il y a d’abord eu les bleus sur le visage, puis des hématomes sur les bras et les jambes. Lorsqu’on l’interrogeait, elle semblait incapable de répondre. A chaque visite, de nouveaux hématomes, que la famille signale systématiquement au personnel. La direction, alors contactée, dit ne pas comprendre ce qui arrive à la mère de Claude.

Cinq ans de prison, dont trois ferme

La fille décide donc de cacher une caméra, dans un cadre, qui filme le lit de sa mère. Quatre jours plus tard, les images qu’elle a enregistrées ont de quoi choquer. La personne âgée reçoit une volée d’insultes données par un homme. Une autre nuit, elle chute de son lit et se casse la jambe. Elle restera par terre pendant quatre heures sans que personne ne lui vienne en aide. Ces images ont permis de faire condamner en 2019 l’aide-soignant violent à cinq ans de prison, dont trois ans ferme. Aujourd’hui, la mère de Claude est décédée, mais sa famille milite toujours pour qu’une loi autorise l’instauration de la vidéosurveillance dans les chambres des Ehpad.

Source FRANCE INFO.

REPORTAGE. À 1 828 € par mois, cet Ehpad public ne rogne sur rien et cultive « l’humanitude »…

Peut-on vieillir heureux en maison de retraite ? Ce lundi 14 mars, sont attendus les rapports de l’Inspection générale des finances et des affaires sanitaires après la sortie du livre Les Fossoyeurs, qui dénonce un système à l’échelle d’un groupe leader mondial du secteur.

À l’Ehpad du Septier d’or, en Vendée, les soixante-six résidents bénéficient d’un confort et d’une prise en charge adaptée à leurs besoins, tout en profitant de tarifs de séjours abordables.

 

Le modèle des « Ehpad » est décrié, pourtant, la prise en charge du grand âge est un enjeu politique majeur des prochaines années. Et des établissements se battent pour un accueil digne. Comme au Septier d’Or, en Vendée.

Un nom de conte de fées. Le Septier d’or est « l’Ehpad » (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) de Treize-Septiers (Vendée). Un jardin, un bois, des ruches et bientôt des moutons entourent les bâtiments.

À côté du Septier d’Or, le Bois de l’île accueille des personnes en situation de handicap. Autour, des « petites maisons » hébergent des personnes plus autonomes. Avec un tarif à 1 828 € par mois (hors aides), l’établissement public de soixante-six résidents se classe parmi les moins chers mais ne rogne pas sur la qualité de l’accueil.

« Plus besoin de faire la popote »

À commencer par celle des assiettes. Le chef, Luc Guitton, y tient : « Du poisson frais deux jours par semaine. Des croissants ou brioche le dimanche. Et l’apéritif une fois par semaine. » Marie-Jo et Jeanne, 90 ans, approuvent. « Au moins ici, on n’a plus besoin de faire la popote ! » Le chef équilibre son budget « à l’année ».

Michael Orieux, directeur depuis 2020, fourmille d’idées, mais ne se plaint pas du manque de moyens. « Le financement des Ehpad est lié à l’ARS, le Département et les résidents. Si on se limite à ça, on est hypercontraints et ça veut dire qu’on n’a pas de possibilité d’amélioration. » Alors il innove. « On fait du portage de repas. » La lingerie de l’établissement propose « un service à domicile facturé. Ça ne va pas changer la face du monde mais ça permet de mettre du beurre dans les épinards. »

Il y a aussi une association, des tombolas organisées pour les fêtes de la maison de retraite, les partenariats avec les entreprises voisines… Des initiatives qui repoussent les limites budgétaires. « En 2021, on a emmené vingt-cinq résidents en séjour de cinq jours à la mer, avec autant d’accompagnants. C’est énormissime. »

De « l’équithérapie » qui ne dit pas son nom

Récemment, le directeur a passé un accord avec une écurie voisine qui élève des chevaux de compétition de saut d’obstacles. L’établissement parraine un poulain qui est venu rendre visite aux résidents.

« C’était incroyable, certains faisaient tout ce qu’il faut normalement éviter avec un cheval mais l’animal, dès qu’il sentait que c’était une personne fragile, il ne bougeait pas. » De « l’équithérapie » qui ne dit pas son nom et qui, surtout, ne coûte pas un centime à l’établissement. « On n’en aurait pas les moyens. »

Au Septier d’Or, le personnel n’a pas de blouse (sauf pour les soins) mais des tee-shirts, pour être dans un rapport « d’humain à humain », explique l’établissement.

Michaël Orieux appelle ça « démultiplier les forces ». Les personnels eux, sont polyvalents. « Sur ma feuille de paye, il y a marqué accueil, secrétariat, animation », explique Danie Sydaphasavanh. Ce matin-là, elle a aidé une résidente à enfiler son soutien-gorge et habillé un autre. Le pragmatisme plutôt que la fiche de poste, c’est « la philosophie » portée par la direction.

Ça dénoue les problèmes de planning. Et ça participe de « l’humanitude », le mantra de l’établissement qui encadre tous les gestes et donne lieu à des formations. Des façons de faire qui changent la vie.

L’agente d’accueil, raconte qu’un midi, appelée à la rescousse pour aider un résident Alzheimer à manger, celui-ci prononce le prénom de son épouse qu’il ne reconnaît plus forcément. « Quand elle est arrivée l’après-midi, je lui ai dit : « votre mari vous a réclamé aujourd’hui ». J’ai vu ses yeux pleins de larmes. »

Ce mardi-là, le Septier d’or dit un dernier adieu à Mme Fortin, 102 ans, la doyenne des résidents. Dans le hall, personnes âgées et personnel se tiennent au côté de la famille autour du cercueil. « Un moment important pour nous », insiste le directeur.

Jean-François embrasse Patricia Gautier, aide-soignante.

« Ici, c’est un exemple, tout est bien »

Son prédécesseur, Gérald de Biasio a fait le déplacement. Il théorise. « Que veulent les seniors ? Vivre chez eux. Les Ehpad doivent être des plateformes de services. Ensuite, il faut faire confiance aux directeurs qui doivent être évalués par une autorité de tutelle, une seule. » Tout un programme à quelques semaines de la présidentielle. « Tous les politiques doivent se poser la question de ce qu’ils voudraient devenir quand ils seront vieux. »

« Quand je ne pourrais plus marcher ou si j’ai un gros pépin de santé, je viendrai ici », répond Michel Lebœuf. Il n’est pas candidat à la présidentielle mais ancien maire de Treize-Septiers à l’origine de l’établissement. « Ici, c’est un exemple, tout est bien. »

« J’adore ce que je fais », confirme Mélanie Boismain, agente sociale polyvalente qui oublie de dire qu’elle est en train de structurer une section syndicale au sein de l’établissement. À quoi ça tient, une maison de retraite qui va bien ? « Si on n’a pas une direction humaine, on n’a rien. On le voit, celles qui n’adhèrent pas ne restent pas », estime-t-elle.

Dans l’appartement de Thérèse Mignon (à droite) en compagnie d’Agnès qui est stagiaire en animation.

Un sens aigu de la débrouillardise

Pour le directeur, l’équilibre trouvé est « fragile ». Il faut que « tout le monde porte le même projet : de l’organe délibérant qui donne les grands axes, la direction, les salariés mais aussi les familles et les résidents ». La difficulté ? « Faire adhérer tout le temps le personnel au projet pour qu’il ne retombe pas dans un fonctionnement administratif. »

À l’inverse, le Septier d’Or cultive un sens aigu de la débrouillardise. « Pendant le confinement, comme on ne savait pas à quoi s’attendre, j’étais allé voir les agriculteurs du coin pour savoir si on pouvait acheter une vache. » En cas de pénurie alimentaire. La vache est restée dans son pré mais le directeur était rassuré.

Source OUEST FRANCE.

Comment bien préparer l’entrée en Ehpad de son parent ? …

Le départ d’une personne âgée en maison de retraite s’avère souvent douloureux pour elle et pour sa famille.

Nos conseils pour aborder ce moment de vie le mieux possible. 

Comment bien préparer l'entrée en Ehpad de son parent ?

 

Engager une discussion avec la personne âgée

Questionner la personne sur la manière dont elle envisage ses vieux jours, sa dépendance, est rarement chose facile. Mais « tant qu’elle a la capacité de prendre des décisions, il faut l’associer au choix », explique Raphaël Chauveau-Deslandes, coordinateur de France Alzheimer Maine-et-Loire. Plus la personne intégrera un établissement ou une résidence autonomie tôt, plus elle s’y adaptera facilement et mieux elle organisera sa vie dans ce nouveau domicile. En revanche, un tel projet réalisé à la dernière minute risque d’être très mal vécu, voire rejeté par le parent.

Notre conseil  : il est préférable d’engager cette discussion avec tous les membres de la famille. L’objectif est de ne pas concentrer la responsabilité sur un seul aidant.

Contacter son médecin traitant

C’est la première démarche à effectuer avant de se renseigner auprès des établissements. Elle permet d’intégrer le médecin généraliste dans la réflexion familiale. Ce dernier fournira un certificat médical succinct concernant la perte d’autonomie de la personne.

Notre conseil  : laissez le médecin évaluer la pertinence d’une admission en établissement. Cela permettra de recueillir son point de vue et son soutien, ce qui préservera, a priori, la relation affective que vous entretenez avec la personne âgée.

Faire appel à un réseau de professionnels du grand âge

En plus du médecin traitant, il est essentiel de s’entourer de professionnels compétents. En cas de réactions émotionnelles légitimes de la personne âgée et de sa famille, ils sauront objectiver la situation et proposer des solutions. Les Clic (centres locaux d’information et de coordination gérontologique), forts de leur réseau de conseillers, sont là vous pour soutenir partout en France. Pour trouver le vôtre, consultez l’annuaire des points d’information locaux sur le site Pour-les-personnes-agees.gouv.fr.

Notre conseil  : ne vous focalisez pas seulement sur la dénomination « Clic » car ces derniers portent parfois d’autres noms tout en répondant aux mêmes missions : centre autonomie, point émeraude, maison des solidarités, etc. Il existe ainsi près de 600 structures en France capables d’apporter une aide personnalisée.

Demander l’aide personnalisée à l’autonomie (APA)

C’est la première formalité administrative à entreprendre. Il n’existe pas de formulaire standard national. Le document peut être retiré au conseil départemental, au CCAS (centre communal d’action sociale) ou à la mairie. Il doit ensuite être envoyé au conseil départemental. Vous devrez y mentionner l’état civil de la personne âgée et ses revenus et y joindre l’avis du médecin.

Notre conseil  : ne vous limitez pas à demander l’APA. Votre parent peut bénéficier le cas échéant d’autres aides, comme l’aide personnalisée au logement (APL), l’aide sociale à l’hébergement (ASH), ou une réduction fiscale (lire encadré p. 55).

Répertorier les établissements et analyser leur offre

En matière d’établissements pour personnes âgées dépendantes, le premier qui vient à l’esprit est l’Ehpad (établissement d’hébergement de personnes âgées dépendantes). Mais il en existe bien d’autres, qui offrent différentes prestations :

  • les résidences autonomie sont des ensembles de logements pour personnes âgées associées à des services collectifs, commerces et transports ;
  • les résidences services offrent les mêmes prestations, mais dans le secteur privé ;
  • les centres d’accueil de jour sont une bonne transition avant l’entrée en établissement. Structures autonomes ou rattachées à un Ehpad, ces centres accueillent la personne âgée dépendante pendant la journée avec une variété d’activités.

Moins connues, les solutions d’accueil familial constituent une alternative intéressante à l’hébergement en établissement. Les accueillants familiaux, agréés, font partager leur vie de famille. Ils proposent une présence stimulante et un accompagnement personnalisé.

Pour accéder à l’ensemble de l’offre d’établissements de votre département, consultez le portail officiel  : Pour-les-personnes-agees.gouv.fr.

Notre conseil : questionnez votre parent sur ses besoins et ses désirs, cela vous aidera à sélectionner les structures les plus adaptées à sa personne.

« Le rôle des enfants n’est pas de décider pour leur parent »

L’avis de Romain Gizolme, directeur de l’AD-PA, l’association des directeurs au service des personnes âgées

Si le parent ne se rend pas compte qu’il est dépendant et refuse de quitter son logement pour aller en Ehpad, il est essentiel de faire appel à des professionnels pour sortir de l’affect, du cercle familial et prendre du recul. Les enfants restent des enfants. Leur rôle n’est pas de décider pour leur parent, mais de lui apporter un maximum d’informations pour l’éclairer. En cas de difficultés avec le parent proche, les Clic peuvent servir de ressource tierce. La personne âgée dépendante a une réaction de défense légitime si elle n’a pas le choix. Discuter avec elle, expliquer la situation, montrer les différentes possibilités qui se présentent à elle, visiter ensemble l’établissement permettent de lui redonner un sentiment de maîtrise de sa vie.

Déposer une demande dans chaque établissement sélectionné

Anticiper de plusieurs mois, voire d’une année, une entrée en établissement permet de le choisir. Déposer plusieurs demandes multiplie également les chances d’obtenir une place.

Notre conseil  : ne vous contentez pas de déposer un dossier dans chaque établissement visé. Rencontrez les directions des maisons de retraite et rappelez-les régulièrement.

Visiter l’Ehpad avec la personne âgée

Une fois le dossier accepté et l’entretien avec la direction réalisé, le moment est venu de visiter les établissements sélectionnés avec votre proche. Et de commencer à vous projeter. Profitez-en pour discuter avec le personnel pour sentir l’atmosphère du lieu. Dans l’idéal, visitez au moins deux ou trois établissements afin que la personne choisisse sa future habitation et éprouve ainsi un sentiment de liberté, requis pour accepter ce type de situation.

Notre conseil : lors de ces visites, laissez votre parent s’exprimer sur ses désirs et ses besoins, afin qu’il soit mieux entendu. Il doit prendre conscience des avantages que lui procurera le départ de son domicile : personnel présent, rupture de la solitude, animations, etc. De votre côté, plus votre parent sera impliqué, moins vous serez animé par un sentiment de culpabilité lors de son entrée.

Préparer sa future chambre

Avant l’intégration de la personne dans l’établissement, il est judicieux de choisir soigneusement avec elle les meubles et les effets personnels qu’elle gardera dans sa future chambre. Quelle décoration, quels objets, quelles photos accrocher au mur… que souhaite-t-elle emporter ?

Notre conseil : lors de la visite de la chambre, vérifiez, mètre à l’appui, que les meubles puissent y trouver leur place.

« Ma mère souhaite toujours rentrer chez elle »

Le témoignage de Didier P., aidant familial, 65 ans.

Ma mère souffre de la maladie d’Alzheimer. Elle a un fort caractère et ne voulait pas quitter sa maison.« Plus tard, plus tard ! », disait-elle toujours en souriant. À Noël dernier, son infirmière m’a convoqué : je mettais ma mère en danger en la laissant chez elle. Alors, j’ai appelé son médecin qui a rédigé un courrier pour la maison de retraite. Ma femme en a cherché une et l’a trouvée. Lorsque j’ai dit à ma mère que nous avions trouvé un établissement près de chez nous, elle a piqué une crise. Le lendemain matin, on a fait ses valises ensemble. Pendant ses trois premiers jours en maison de retraite, elle s’est rebellée, elle a tout cassé. La directrice l’a transférée à l’hôpital en unité fermée, pendant trois semaines, pour observation. Ma mère est revenue ensuite à l’Ehpad, mais en unité fermée. Aujourd’hui, après six mois, elle veut toujours rentrer chez elle. Elle dit aussi qu’elle mange bien, s’est fait un ami et trouve les gens gentils. Je vais la voir plusieurs fois par semaine.

Organiser une période d’adaptation

Le déménagement de son habitation, avec tous ses souvenirs, à un autre domicile, cette fois collectif, est parfois traumatisant. D’où l’importance d’une période d’adaptation en douceur. Par exemple, vous passez voir votre parent tous les jours pendant les deux premières semaines, en lui précisant bien que c’est une transition, puis vous espacez vos visites. Les premiers temps, n’hésitez pas à sortir de l’établissement ensemble dans le jardin ou ailleurs pour vous promener et explorer les environs. Repérez les éventuelles « personnes-ressources » pour votre parent, comme une aide-soignante sympathique ou un résident avec qui il pourrait se lier. Et entretenez-vous avec l’infirmière coordinatrice et les aides-soignantes sur l’histoire, les goûts et les centres d’intérêt de la personne. Plus le personnel la comprendra, plus les activités seront adaptées.

Notre conseil : vous avez intérêt à passer le relais à l’établissement pour vous préserver ! « Certes, l’Ehpad n’est pas le lieu idéal toujours en phase avec ce qu’espèrent les familles en matière d’accompagnement, remarque Raphaël Chauveau Deslandes, de France Alzheimer Maine-et-Loire. Mais si les proches soutiennent leur parent dans cette transition, ils lui apporteront un réel mieux-être. »

Les aides publiques à solliciter

  • L’allocation personnalisée d’autonomie (APA) est déterminée en fonction du degré de dépendance de la personne (de GIR 1 à GIR 4 selon la grille nationale nommée AGGIR *) et de ses revenus. Cette aide s’applique sur le tarif « dépendance » de la facture.

Il existe deux autres allocations dont l’octroi est soumis aux revenus de la personne.

  • L’aide sociale à l’hébergement (ASH), versée par le conseil départemental directement à l’établissement en complément des frais réglés par la personne. Attention, elle est récupérable sur la succession, dans la limite de l’actif net de la succession.
  • L’aide au logement (APL), qui est déduite de la partie « hébergement » de la facture de l’établissement.

Ces trois aides peuvent se cumuler.

  • Pour les personnes imposables, une réduction fiscale est possible. Elle équivaut à 25 % des sommes versées pour l’hébergement et la dépendance pendant l’année, retenues dans la limite de 10 000 euros. Soit un maximum de 2 500 euros applicables pendant l’année de la déclaration.

* Autonomie-gérontologie-groupe iso ressources.

Source DOSSIER FAMILIAL.

Maltraitance dans les Ehpad : le plan du gouvernement pour renforcer les contrôles…

Contrôle des 7 500 Ehpad d’ici deux ans, plateforme en ligne pour signaler les situations de maltraitance, transparence des établissements renforcée…

Suite au scandale Orpea, le gouvernement a annoncé une série de mesures pour renforcer la qualité de l’accompagnement des personnes âgées dans les Ehpad. 

Maltraitance dans les Ehpad : le plan du gouvernement pour renforcer les contrôles

 

Restaurer la confiance. Six semaines après les révélations du livre-enquête « Les Fossoyeurs » du journaliste Victor Castanet sur les mauvais traitements subis par des résidents d’Ehpad du groupe privé Orpea, le gouvernement a décidé de renforcer les contrôles et la transparence dans les Ehpad. En déplacement dans une maison de retraite publique de Fontenay-sous-Bois dans le Val-de-Marne, le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, et la ministre déléguée chargée de l’Autonomie, Brigitte Bourguignon, ont présenté, mardi 8 mars, une quinzaine de mesures destinées à « améliorer la qualité d’accompagnement et ­favoriser la bientraitance dans ces établissements». En voici les principales.

Contrôle des 7 500 Ehpad d’ici 2 ans

« Un vaste plan de contrôle des Ehpad sera déployé à partir d’aujourd’hui, pour que chacun des 7 500 Ehpad que compte notre pays soit inspecté d’ici deux ans », a déclaré Olivier Véran. Actuellement, seulement 10 % des établissements sont contrôlés en moyenne chaque année. Ces enquêtes, menées par les Agences régionales de santé (ARS), en lien avec les conseils départementaux, cibleront en priorité les Ehpad ayant fait l’objet de signalements récents. Pour y parvenir, les moyens humains des ARS dédiés aux contrôles seront renforcés, avec l’embauche de 150 équivalents temps plein (ETP) pérennes.

Une plateforme en ligne pour signaler les maltraitances

Le dispositif de signalements des maltraitances par les familles, les résidents et les professionnels sera également renforcé. D’ici 2023, une plateforme pour les signaler sera mise en ligne et la visibilité et les moyens d’action du 3977, le numéro dédié à lutter contre les maltraitances envers les personnes âgées et les adultes en situation de handicap, seront renforcés. Une campagne de communication nationale permettra de mieux le faire connaître et une enveloppe d’un million d’euros supplémentaire lui sera octroyée. Les personnels des Ehpad seront, par ailleurs, mieux formés à la bientraitance, ainsi qu’au repérage et au signalement des situations de maltraitance.

10 nouveaux indicateurs pour informer les familles

Afin de renforcer la transparence envers les résidents et les familles, les établissements devront dorénavant publier chaque année sur le site de référencement des Ehpad, Pour-les-personnes-agees.gouv.fr, dix nouveaux indicateurs : le taux d’encadrement, le taux de rotation des personnels, le taux d’absentéisme, le profil des chambres (double/simple), le budget quotidien pour les repas par personne, la présence d’une infirmière de nuit et d’un médecin coordonnateur, les partenariats avec un réseau de santé (gériatrique, de soins palliatifs, etc.), la date de la dernière évaluation de la qualité de l’établissement, le plateau technique (présence d’une salle de stimulation sensorielle, balnéothérapie, etc.) et le nombre de places habilitées à l’aide sociale à l’hébergement (ASH). Les Ehpad devront aussi réaliser et publier chaque année une enquête de satisfaction.

En parallèle, un nouveau référentiel national d’évaluation favorisant la bientraitance, bâti par la Haute autorité de santé (HAS), servira de base aux évaluations externes à partir de septembre prochain. Le but est d’« engager tous les établissements dans une démarche de qualité ».

Mieux réguler les pratiques tarifaires

En parallèle, les obligations des établissements en matière de transparence de leurs contrats, contrôlées par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), seront renforcées pour éviter les pratiques tarifaires abusives.

Faciliter la médiation pour résoudre les conflits

Le gouvernement compte aussi faciliter le recours à la médiation afin de mieux prévenir les conflits entre familles, résidents et établissements.

Si ces mesures concernent l’ensemble des établissements (publics, privés non lucratifs ou commerciaux), une attention particulière sera portée à la comptabilité des Ehpad des groupes privés commerciaux. Afin de mieux prévenir les abus, les règles comptables et budgétaires que ces établissements doivent respectées seront renforcées.

Reste à savoir quand seront mises en place ces mesures. Pour certaines, il faudra attendre le prochain quinquennat puisqu’elles nécessitent de passer par une loi. D’autres devraient entrer en vigueur d’ici deux mois, d’après Capital.

Source DOSSIER FAMILIAL.

 »Cash Investigation » sur les Ehpad : le groupe Korian répond à la polémique…

Le n°1 des Ehpad privés commerciaux a tenu ce mercredi à répondre à la polémique déclenchée par la diffusion, mardi soir, d’une enquête glaçante de  »Cash investigation ».

''Cash Investigation'' sur les Ehpad : le groupe Korian répond à la polémique...

 

A la suite de la diffusion de l’émission  »Cash Investigation » consacrée au scandale des Ehpad, mardi soir sur France 2, le groupe Korian, n°1 des Ehpad privés commerciaux, qui exploite dans 7 pays d’Europe un réseau de plus de 1 000 établissements de santé et médico-sociaux pour les personnes âgées et fragiles, a tenu ce mercredi à répondre à la polémique en apportant plusieurs précisions.

Alors que le reportage annonçait dévoiler, après l’affaire Orpéa, comment le système de ces établissements était basé sur une « obsession de la rentabilité », Korian affirme dans un communiqué qu’il contenait des « allégations trompeuses ou inexactes, principalement fondées sur les dires de deux anciens salariés, dont l’un reste anonyme et l’autre, ancien directeur d’établissement jusqu’en juin 2016, est aujourd’hui en contentieux avec l’entreprise. Ce dernier, venu d’Orpéa, était d’ailleurs déjà cité par le journaliste Victor Castanet dans le chapitre de son livre Les Fossoyeurs » concernant Korian, « chapitre auquel nous avions apporté des réponses détaillées ».

L’affaire des croûtons ? «  Il s’agit d’un ajustement des menus »

En outre, l’organisme estime que « les faits et documents dont ces deux personnes font état dans l’émission se réfèrent tous sans exception, à une période ancienne, antérieure à 2016 ou à 2017, pour les plus récents, soit il y a plus de cinq ans. Ils ne correspondent en rien aux méthodes ou à l’organisation actuelle du groupe Korian, profondément remaniée depuis 2016 ».

Assurant que les dotations publiques sont « intégralement allouées aux dépenses de soin et de dépendance », sans qu’aucune marge ne soit réalisée, la société dément formellement procéder à quelque rationnement que ce soit, notamment sur l’alimentation et les achats externes : « Les faits allégués dans Cash Investigation, à savoir la suppression, en février 2016, pour des seules raisons d’économie, de croûtons dans une recette de soupe à l’oignon servie lors de la fête des grands-mères, ne correspondent absolument pas à la politique de l’entreprise. (…) Il s’agit d’un ajustement des menus sur trois semaines, avec des modifications apportées sur 23 recettes. (…) La présentation faite par Cash Investigation du document apparaît donc totalement tronquée » ajoute le texte.

Un poste « qui ne requiert pas de diplôme particulier »

Quant à la journaliste qui s’est fait recruter sans diplôme dans une maison de retraite du groupe, c’était « en qualité d’auxiliaire de vie pendant une durée de trois jours », un poste « qui ne requiert pas de diplôme particulier », selon Korian, qui condamne par ailleurs le recours au procédé de la caméra cachée pour tourner une séquence, en septembre 2020.

En revanche, concernant la politique de remplacement du personnel, l’entreprise avoue que « le remplacement à 100% n’est pas toujours possible, surtout en cas d’absences non programmées » mais que les établissements en tiennent compte « lorsqu’ils établissent leur budget prévisionnel ».

Elle souligne enfin qu’elle a investi depuis 2017 plus de 500 millions d’euros pour moderniser et développer le réseau de maisons de retraite français, et prévoit d’investir 600 millions d’euros supplémentaires sur les quatre prochaines années.

Source LE DAUPHINE.

Ces onze mamies cherchent un logement pour vieillir ensemble et éviter la maison de retraite…

Depuis 2016, une dizaine de femmes âgées de 67 à 84 ans planchent sur un projet d’habitat participatif à Montauban (Tarn-et-Garonne).

Amies dans la vie, elles ont créé l’association La Maison d’Isis afin de trouver l’endroit idéal où passer leurs vieux jours.

Elles veulent éviter la maison de retraite et rester autonomes le plus longtemps possible.

L'association La Maison d'Isis veut créer un habitat participatif à Montauban (Tarn-et-Garonne) pour une dizaine de retraitées.

 

« Hors de question de vieillir seule dans une maison de retraite ! ». Ginette Pondarrasse, 75 ans, ne peut pas être plus claire. Présidente de l’association La Maison d’Isis, elle réfléchit depuis 2016 à un projet d’habitat participatif pour elle et ses dix amies. « Au départ, nous sommes juste un groupe d’amies qui ne veulent pas vieillir dans leur coin », nous explique-t-elle. Âgées de 67 à 84 ans, elles ont ensuite décidé de fonder une association pour réaliser leur souhait à Montauban (Tarn-et-Garonne).

« Nous voulons créer un endroit où notre petit groupe pourrait encore se côtoyer tout en étant dans des logements adaptés à notre état de santé », ajoute cette retraitée de l’administration financière. Les autres potentielles colocataires sont d’anciennes professeures, d’ex-femmes de ménages ou vendeuses. Aujourd’hui, elles partagent régulièrement des activités. « Nous organisons des cours de gym, des sorties, on fait de la lecture à haute voix et on se réunit souvent pour parler de l’association. » Elles ont également mis en place un système de covoiturage et d’entraide pour effectuer leurs courses.

Un premier projet abandonné

En finalisant ce projet d’habitat, les membres de l’association veulent conserver leur lien d’amitié et trouver une alternative à l’isolement. « Nous avons vu nos parents vieillir isolés chez eux ou seuls en maison de retraite. Et pour nous, c’est inconcevable. » Le groupe recherche des appartements proches les uns des autres, adaptés à la perte d’autonomie et situés proche du centre-ville de Montauban. « Il nous faudrait également une salle à proximité pour se retrouver et développer nos activités », précise Ginette Pondarrasse.

Peu après la création de leur association, les amies avaient déjà travaillé sur un premier projet avec un architecte et un bailleur social. « Il s’agissait d’une résidence comprenant plusieurs appartements avec un jardin suspendu au milieu. On avait aussi imaginé une salle commune pour nos réunions et une chambre pour recevoir nos familles ». Mais le projet n’a finalement pas abouti « à cause de problèmes internes et faute de financement ».

« Être ensemble, c’est notre force »

Après six ans de recherche, les retraitées croient encore en leur rêve. Pour réussir à le concrétiser, les futures locataires ont demandé de l’aide à la mairie de Montauban et au département du Tarn-Et-Garonne. L’association est également en pourparlers avec un bailleur social. « Les discussions sont en cours mais rien de concret ne nous a été proposé, regrette Ginette Pondarrasse. Notre plus gros souci, c’est que nous avons des revenus très hétérogènes. Certaines peuvent prétendre à un logement social, d’autres non. »

La septuagénaire assure cependant que la situation est urgente. « Cela fait des années que l’on rêve de ce projet et nous en sommes toujours au même point. À chaque fois, nous repartons à zéro alors que nous, nous prenons de l’âge. » Mais la présidente de l’association en est sûre, le groupe doit rester soudé. « D’autant plus que notre famille est loin et ne peut pas intervenir en cas d’urgence », glisse la mère de deux filles.

Elles ne veulent pas être « infantilisées en Ehpad »

Les retraitées souhaitent garder une autonomie le plus longtemps possible pour ne pas « avoir l’impression d’être infantilisé comme c’est le cas pour beaucoup de résidents en Ehpad ». Les récentes révélations de maltraitances dans ces établissements n’ont fait que les encourager à concrétiser leur projet. « Cela fait froid dans le dos de lire tous ces témoignages. Notre association organise régulièrement des conférences avec des professionnels sur le thème du bien vieillir et la santé des personnes âgées », explique la présidente de l’association La Maison d’Isis.

Résidant toutes à Montauban, les dix amies souhaitent rester dans cette ville car elles sont toutes engagées dans diverses associations. Ginette Pondarrasse devrait se rendre prochainement en Belgique et en Allemagne pour visiter des habitats participatifs, a repéré France 3 Occitanie. Elle espère y trouver la clé de son « projet de vie ».

Source OUEST FRANCE.

Maltraitances en Ehpad : cacophonie dans le suivi des alertes et des contrôles…

Le gouvernement ne donne pas de chiffres sur les signalements de mauvais traitements dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes.

Il s’est pourtant doté dès 2004 d’outils pour faire remonter ces informations. 

Dans la salle commune d’un Ehpad de Kaysersberg (Haut-Rhin), en avril 2020.

 

Sur les 7 500 établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) que compte la France, combien sont contrôlés chaque année ? « Je suis incapable de vous le dire comme ça », a reconnu Brigitte Bourguignon, la ministre déléguée chargée de l’autonomie, mardi 1er février sur France Inter.

Les révélations du livre Les Fossoyeurs (Fayard, 400 p., 22,90 euros), du journaliste indépendant Victor Castanet, sur les dérives au sein d’établissements de ce type du groupe Orpea, posent une question d’échelle. A quel point la maltraitance est-elle répandue ? Combien de potentielles victimes compte-t-on parmi les 700 000 personnes âgées en perte d’autonomie qui vivent en Ehpad ? Et de quels moyens les autorités sanitaires se dotent-elles pour les protéger ?

Sollicité par Le Monde, le gouvernement a refusé de communiquer tout élément chiffré pour répondre à ces questions. Impossible de savoir, donc, combien de cas de maltraitances en Ehpad remontent chaque année aux autorités sanitaires, ni combien de contrôles sont réalisés par celles-ci.

Officiellement, c’est la qualité des chiffres qui serait en cause. « Les données pour lesquelles vous nous sollicitez ne sont pas, à ce stade, suffisamment consolidées », plaide-t-on au cabinet de Brigitte Bourguignon. Mais notre enquête montre que l’Etat a multiplié les initiatives depuis vingt ans pour, précisément, être en mesure de livrer de telles statistiques. L’absence de telles données dans le débat public s’explique-t-elle par un manque de transparence ou par des carences dans le suivi des maltraitances en établissements ?

Les débuts de l’« ambitieux » projet Prisme ont été laborieux

L’Etat s’est doté dès 2004 d’outils pour recenser les signalements de maltraitances dans les établissements sociaux et médico-sociaux, Ehpad compris, et analyser les suites qui y sont données. Une base de données spécifique a été créée à ces fins, nommée Prisme (pour « prévention des risques, inspections, signalements des maltraitances en établissement »). Dès sa création, Prisme a été présenté comme un outil utile au ministère de la santé « à des fins de statistiques et de pilotage », tant sur les contrôles des établissements que sur les signalements de violences et maltraitances.

Ce projet est « ambitieux », mais ses débuts ont été laborieux, constate un rapport de l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) en 2006. Prisme est alors « peu et difficilement utilisé » par les directions départementales des affaires sanitaires et sociales, ancêtres des agences régionales de santé (ARS). Son utilisation varie fortement d’un département à l’autre : certains ne l’utilisent pas, d’autres n’y renseignent que des cas avérés de maltraitance lourde ou, à l’inverse, y notent la moindre réclamation. Difficile de tirer des conclusions nationales de ces données faute de pratiques uniformes dans leur saisie, estime l’IGAS.

Quatre circulaires ministérielles successives (en 2008, 2010, 2011 et 2014) ont ensuite poussé les ARS à remplir correctement la base de données. « Toute situation de maltraitance signalée dans le secteur médico-social et toute inspection réalisée (…) doivent être saisies », clarifie la dernière, publiée dix ans après la création de Prisme.

Depuis le 30 décembre 2015, les établissements ont l’obligation légale de signaler « tout dysfonctionnement grave dans leur gestion », ce qui inclut les situations de maltraitance. En outre, le logiciel Prisme a été remplacé par un nouveau portail de signalement, le SI-VSS, censé faciliter la tâche des ARS.

Des bilans statistiques ont pourtant été annoncés

Malgré tous ces efforts cumulés depuis 2004, l’Etat ne dispose donc toujours pas de chiffres fiables, affirme le cabinet de Brigitte Bourguignon. L’entourage de la ministre déléguée a refusé de répondre à nos questions précises sur les raisons de ce blocage, le sujet faisant « partie des enjeux abordés dans les annonces du gouvernement, qui interviendront d’ici à la fin février ». Mais il précise que l’Etat a « lancé en 2019 une étude de faisabilité pour mettre en place une nouvelle interface de signalement » à destination des établissements. Ce travail « se poursuit actuellement »… Les remontées d’incidents sont actuellement signalées par les Ehpad dans un simple fichier de traitement de texte. Consolider des informations au niveau national relève de la gageure.

« Je ne peux pas me prononcer sur ce sujet », a également éludé l’ancienne ministre des affaires sociales et de la santé (de 2012 à 2017) Marisol Touraine lorsque nous l’avons interrogée sur le sujet. La socialiste se souvient bien de la circulaire de 2014 clarifiant notamment l’utilisation du logiciel Prisme, qu’elle a signée. Mais « mon sujet de préoccupation à l’époque était qualitatif et pas quantitatif, développe-t-elle. J’avais déjà eu connaissance de situations difficiles dans des Ehpad en tant que présidente de conseil départemental [d’Indre-et-Loire, de 2011 à 2012]. Ce texte pose un cadre pour faciliter les remontées d’informations par les ARS, car la culture de transmission était inégale d’une structure à l’autre. »

Reste que la circulaire en question pose bien l’utilisation du logiciel Prisme comme « un enjeu de statistiques nationales », notamment pour réaliser un « bilan statistique national annuel ». Sollicité par Le Monde pour savoir si de tels bilans statistiques ont bien été réalisés par la suite, le ministère de la santé n’a pas donné suite.

La circulaire du ministère de la santé de 2014, à l’époque où Marisol Touraine était ministre, mentionne bien l’intérêt statistique des données du logiciel Prisme.

Le Défenseur des droits déplore également l’absence de données nationales sur le sujet dans un rapport de 2021. Pour les auteurs de ce rapport, un tel outil permettrait « d’évaluer, d’objectiver et de comparer les différentes situations de maltraitance ».

« La question, c’est de savoir sur quoi débouchent nos rapports »

Les différents groupes d’Ehpad interrogés, quant à eux, assurent qu’ils font remonter les problèmes dont ils ont connaissance. Certains freins ont pu être levés récemment. La direction de Korian, poids lourd du secteur en France, indique par exemple que « les alertes peuvent être réalisées de manière anonyme » dans ses établissements, depuis 2021. Le groupe Colisée insiste quant à lui sur sa « charte d’incitation à la déclaration des événements indésirables graves » et Orpea s’est doté d’une charte comparable.

En revanche, tous jugent les procédures de signalement trop complexes et plaident en faveur d’un système unique, et simplifié, pour les recenser. La transparence sur les données aurait également le mérite d’éclairer le travail des ARS. Parmi les éléments recensés par la base de données Prisme, puis par celle qui lui a succédé, on trouve en effet le suivi des contrôles réalisés en Ehpad, qu’ils soient consécutifs à des signalements ou inopinés. Dans les points qui doivent en principe y figurer, on trouve les suites données aux inspections. Or, pour Victor Castanet, le journaliste auteur du livre Les Fossoyeurs, les rapports des ARS n’ont que peu de conséquences sur la marche des groupes comme Orpea.

Ce constat est partagé par Marianne Pladys, consultante chez Scop Copas, responsable d’évaluations externes d’établissements – chaque établissement évalué l’est tous les sept ans. « Lors de nos évaluations, nous faisons remonter d’éventuels facteurs de risques aux ARS et à la direction des établissements. Il peut y avoir des faisceaux d’indicateurs qui alertent sur des situations à risque. C’est faux de dire qu’il n’y a pas de visite des Ehpad, la question serait plutôt de savoir sur quoi débouchent nos rapports. »

La directrice de l’ARS Ile-de-France, Amélie Verdier, a reconnu, mercredi 9 février à l’Assemblée nationale, que les sanctions sont plutôt rares, sans être inexistantes, citant notamment les huit injonctions et deux mises sous administration provisoire prononcées par ses services depuis 2018, sur les quelque 700 Ehpad de la région.

Source LE MONDE.