« Les étudiants sont en train de mourir » : une jeune Niçoise interpelle Macron sur les réseaux sociaux…

Pour mettre en lumière les difficultés rencontrés par les étudiants, touchés de plein fouet par la crise économique, une étudiante niçoise a publié un appel à l’aide sur les réseaux sociaux, en interpellant Emmanuel Macron.

Romane Deshayes a lancé un appel à l’aide sur les réseaux sociaux, en interpellant Emmanuel Macron sur la question des étudiants en situation de précarité. Nice, le 5 février .

 

Des jeunes isolés, dans la précarité, déprimés… L’épidémie de Covid et la crise économie qui en découlent ont mis en difficulté de nombreux étudiants en France. Face à cette détresse, une jeune niçoise a réussi à trouver les mots justes pour la retranscrire. Il y a une semaine, Romane Deshayes, 20 ans, a publié un message sur LinkedIn, un réseau social professionnel.

Elle y raconte son quotidien difficile en pleine pandémie. « Les étudiants sont en train de mourir… À l’aide », écrit-elle, en interpellant Emmanuel Macron. Et le post fait le buzz ! Il a été partagé plus de 39.000 fois en seulement quelques jours.

De nombreux messages de soutien

La jeune femme, étudiante en développement commercial à l’école Pigier en Nice, travaille en alternance dans une petite entreprise à Villeneuve-Loubet. Mais la crise sanitaire l’a mise en difficulté financière. « J’ai un salaire de 780 euros, mais j’ai le loyer à payer, l’essence, le péage, l’électricité, internet », raconte-t-elle, regrettant de ne plus pouvoir faire des missions d’intérim en plus, qui lui permettaient auparavant de mettre un peu de beurre dans les épinards.

Capture d'écran du post de Romane sur LinkedIn

« Avec le Covid et le couvre-feu, il n’y a quasiment plus de missions d’intérim. On ne m’appelle plus, donc c’est un peu compliqué ces temps-ci », confie Romane. D’autant plus qu’elle vient d’apprendre que ces APL (aides personnalisées au logement) étaient revues à la baisse.

« Je reçois plein de messages d’étudiants et d’étudiantes qui me donnent des bons plans »

Alors pour partager sa situation, pour demander de l’aide, l’étudiante niçoise a publié le message sur les réseaux sociaux. « Cet appel à l’aide, il n’est pas que pour moi, il est aussi pour tous les autres étudiants qui sont en situation de précarité », poursuit-elle. Une bouteille à la mer partagée massivement, alors depuis quelques jours, elle reçoit de nombreuses sollicitations dans sa boîte mail.

« Il y a plein de messages d’étudiants et d’étudiantes qui me donnent des conseils, des bons plans. Je leur réponds, je leur en donne aussi. Ça fait plaisir, on se serre les coudes. C’est important de s’aider entre jeunes, on comprend ce qu’on vit et on voit qu’on n’est pas seul. Psychologiquement, ça fait du bien », sourit Romane. Pour partager tous les conseils qu’on lui envoie, la Niçoise a créé un groupe d’entraide pour les étudiants sur le réseau social.

Source FRANCE BLEU.

Confinement : un jeune homme handicapé s’immole par le feu à cause de l’isolement… Pour mémoire…

Elwood, 31 ans, est mort le 1er juin dernier.

Vivant seul dans un appartement à Trégeux dans les Côtes d’Armor, il a décidé de s’asperger de liquide inflammable et de gel hydroalcoolique, avant de s’immoler. Brûlé à 80%, il est décédé une fois transféré à l’hôpital.

Confinement : un jeune homme handicapé s'immole par le feu à cause de l'isolement

 

C’est la mère d’Elwood âgé de 31 ans, Christine, qui relaie la mort de son fils via les réseaux sociaux. « Pas une ligne, dans les journaux, ça intéresse qui un handicapé qui disparaît ? » lance-t-elle ainsi, sur son compte Facebook, dans un texte qu’elle intitule « Les oubliés du confinement« .

« Il vivait mal le confinement »

Elwood était handicapé moteur depuis sa naissance, raconte plus tard Christine à France Bleu. Depuis le confinement, il se sentait particulièrement seul. « Un jour, il a appelé les pompiers pour dire qu’il n’allait pas bien, qu’il vivait mal le confinement. Il a été conduit à l’hôpital où il a pu parler avec un psychologue, des infirmières, il avait besoin de communiquer. Il y a passé une nuit et il a décidé de revenir chez lui », explique-t-elle. Après sa mort, elle retrouve sur son bureau le numéro de Suicide Écoute.

Il avait besoin de communiquer

Car ce 31 mai, le jeune homme, vivant à 450 kilomètres de sa mère, a décidé de passer à l’acte. Sur un parking situé à moins d’un kilomètre de son appartement à Trégneux (Côtes d’Armor), il se recouvre de liquide inflammable et de gel hydroalcoolique avant de s’immoler par le feu sur son fauteuil roulant. Les secours sont prévenus par des témoins, mais ils arrivent trop tard. 80% du corps d’Elwood est déjà brûlé. Il meurt de ses blessures quelques heures plus tard, à l’hôpital de Saint-Brieuc.

« Une énorme faille de la part des professionnels »

La mère du défunt se confie aux médias la semaine suivante, espérant que la mort de son fils ne soit pas vaine : « Aujourd’hui, je témoigne pour que son geste ne passe pas inaperçu. Pendant le confinement, on nous a incité à se rapprocher des personnes seules, à prendre des nouvelles des papys, des mamies. C’est bien mais il faut continuer à le faire. Un petit sourire, un petit bonjour quand vous croisez une personne handicapée, ça ne coûte rien », défend-elle à France Bleu.

Un petit sourire, un petit bonjour quand vous croisez une personne handicapée, ça ne coûte rien

Elle avait prévu d’aller voir son fils après la levée des 100 kilomètres le week-end du 7-8 juin. « Finalement, je l’ai vu plus tôt que prévu, mais à la morgue« , a-t-elle poursuivi, émue. Elle raconte : « Je l’ai eu trois-quatre jours avant son geste au téléphone, ça a été très bref. Avant de raccrocher, il m’a dit  ‘Je t’aime‘, ça n’arrivait jamais, je me dis maintenant que c’était peut-être un signe. »

Pour Christine, le suicide de son fils révèle « une énorme faille de la part des professionnels », comme elle le déclare sur les médias sociaux. Son fils avait prévenu à plusieurs reprises les accompagnants, les psychologues ou encore sa curatrice. Ses plaintes n’ont pas été prises au sérieux. À cause de la crise sanitaire, la mère estime que les auxiliaires de vie en charge du jeune homme avaient moins de temps à lui consacrer, au moment même où il appelait à l’aide.

« Durant cette période, le côté humain n’a pas été suffisamment pris en compte, cela a été la goutte de trop pour lui », a-t-elle conclu auprès d’Ouest France.

Dommage collatéral du Covid-19 ? Oui bien sûr

« Dommage collatéral du Covid-19 ? Oui bien sûr ! », s’est-elle exclamé sur son compte Facebook. « Avant le confinement, il avait l’habitude d’aller faire ses courses au supermarché, aidé par une auxiliaire, ça lui donnait un objectif » détaille-t-elle. Mais rapidement après le début du confinement, Christine explique que son fils « ne pouvait plus supporter l’enfermement », qu’il « avait besoin de lien social. »

Elle est catégorique : « Cet isolement a eu raison de son moral« .

Source MARIE CLAIRE.

Handicap : Il ne faut pas que les améliorations techniques aboutissent à la relativisation du handicap, voire à son invisibilisation …

Il y a lieu de se réjouir de toutes les améliorations techniques utiles qui rendent la vie de tous les jours plus facile aux personnes en situation de handicap.

Handicap : Il ne faut pas que les améliorations techniques n’aboutissent pas à la relativisation du handicap, voire à son invisibilisation ...

 

Il faut toutefois prendre garde à ce que ces aides précieuses n’aboutissent pas à la relativisation du handicap, voire à son invisibilisation, escamotant par là l’attention qui lui est due.

Les apports indéniables de la techno-science

François Matheron est un philosophe français qui a eu un accident vasculaire cérébral en novembre 2005. Ce qui l’a sauvé pour continuer à penser, ce sont les outils d’aujourd’hui de la techno-science. Dans son livre, L’homme qui ne savait plus écrire, le philosophe déclare :

« Un jour, j’ai appris l’existence de machines permettant d’écrire par la voix, sans autre intermédiaire : il suffisait de parler, la machine faisait le reste. J’étais entré dans l’univers de la reconnaissance vocale ; j’ai pu, alors, réécrire sans pour autant savoir écrire. J’écris “L’homme qui ne savait pas écrire” avec mon appareil, le résultat est immédiat […] Si j’avais vécu à l’époque d’Althusser, je n’aurais pas pu écrire ce texte ni aucun autre : je bénis donc les dieux, et mes parents, de m’avoir permis d’exister aujourd’hui, c’est-à-dire dans un temps inconnu d’Althusser, et de Benjamin : celui de l’informatique, de l’ordinateur et de ses dérivés. »

Nous trouvons de multiples autres développements techno-scientifiques qui aident face aux différents handicaps : des smartphones pour malvoyants, l’adaptation du Web aux personnes déficientes, des logiciels pour compenser les troubles « dys » : dyslexiques, dysorthographiques, dyspraxiques. Des logiciels accompagnent les enfants autistes dans leur développement grâce à des applications ludo-éducatives. L’explosion de l’utilisation des systèmes d’information numériques (Internet et tous les réseaux sociaux ou d’information) a eu un impact considérable dans la vie des personnes jusque-là isolées physiquement et psychiquement et a de ce fait augmenté leurs possibilités de corps et d’esprit.

Gare au fantasme d’éradication du handicap

Ces innovations technologiques ont contribué à la relativisation même du concept de handicap. Or, le fait organique du handicap peut être bien peu de chose par rapport à l’impact d’un contexte culturel, techno-scientifique et social qui lui donne des effets invalidants ou qui permet leur compensation effective.

Cela va jusqu’au point où le progrès médical fait miroiter des guérisons qui n’étaient pas envisageables jusque-là : la cécité, la surdité, dans un certain nombre de cas ne seraient plus des identités définitives mais pourraient être « guéries » par des nanopuces, des implants cochléaires, etc. Et l’on imagine déjà que des paraplégiques se remettront à marcher à l’aide d’exosquelettes appropriés. Le corps augmenté en viendrait à faire disparaître le handicap.

Au milieu de ce flot du discours sur le progrès scientifique et technique, il nous faudrait cependant nous méfier d’un fantasme qui est celui de l’éradication définitive du handicap, fantasme issu d’une médecine de réparation et d’augmentation. Dans le transhumanisme, la souffrance, la maladie, le handicap, le vieillissement sont peu à peu décrits comme inutiles et indésirables. Il faudrait maîtriser cette obsolescence de notre espèce. Mais il n’y a ici aucune vraie réflexion sur la condition humaine, aucune compréhension de la richesse qu’a toujours apporté à une société la confrontation à la vulnérabilité humaine.

Le risque de l’invisibilisation

Le plus grave semble être ici la focalisation sur autre chose que l’attention au handicap. Les récits d’une techno-science de réparation et d’augmentation sont un miroir aux alouettes, car des types de handicaps il y en a beaucoup et ceux pour lesquels il n’y aura pas de remédiation resteront sur le bas-côté. Gavé de grands récits transhumanistes, le public aura été par là même anesthésié face aux difficultés réelles du handicap. Quand le transhumanisme appelle à un homme augmenté, la philosophie appelle donc à une compréhension augmentée de l’homme.

La personne en situation de handicap ne pâtit pas d’un problème physique ou psychique, mais surtout d’une contamination de son sentiment d’identité et d’une perte dramatique de confiance en soi. Dans l’existence nous ne sommes pas isolés psychiquement mais vivons dans l’intersubjectivité, c’est-à-dire dans l’échange permanent des regards et des idées, dans la réciprocité des consciences. C’est de cette réalité qu’il faut rigoureusement rendre compte.

Plus nos déficiences sont grandes, plus les structures spatiales et architecturales peuvent être déterminantes dans leur prévention, leur réduction ou leur aggravation. Mais dans tout cela, nous sommes encore trop souvent focalisés sur le technologique et nous oublions l’importance de l’accessibilité relationnelle.

Les déboires décrits par toute personne handicapée qui se retrouve à un colloque ou une salle de spectacle où « exceptionnellement » l’ascenseur est en panne, doivent attirer notre attention sur les dangers d’une habitude à l’invisibilisation du handicap grâce à l’accessibilité technique universelle. Car dès que la technique est mal pensée ou défaillante, le handicap réapparaît violemment au sein d’un modèle social qui pensait en être venu à bout.

La lutte pour une réduction du handicap sera donc en réalité une lutte relationnelle : par son attitude, chacun d’entre nous peut avoir une influence sur l’augmentation ou la diminution du handicap de l’autre. Pour cette raison, nous appelons à démédicaliser et détechniciser la question du handicap.


Pour aller plus loin : Bertrand Quentin, « Les invalidés. Nouvelles réflexions philosophiques sur le handicap », Edition érès, Prix Littré de l’Essai 2019.

Source THE CONVERSATION.

Sarthe : APF France Handicap reprend Earta et conserve 210 salariés…

Earta , l’entreprise dite adaptée, implantée en Sarthe et en Loire-Atlantique et placée en liquidation judiciaire en octobre 2020, a été reprise par APF France Handicap le 3 février. « Sans casse sociale ».

Tous les salariés sont conservés et les départs à la retraite à partir de 57 ans ont été validés.

 

Earta compte 235 salariés dans ses sites du Mans (Sarthe) et de La Montagne (Loire-Atlantique). Parmi eux, 210 sont reconnus en qualité de travailleur handicapé. Placée en liquidation judiciaire en octobre 2020, l’entreprise dite adaptée a été reprise par APF France Handicap le 3 février.

Une transition sans fracas

La mobilisation des salariés a été payante. L’association a, selon son communiqué, proposé un « plan de redressement ambitieux ». « APF France handicap a […] proposé un plan de reprise industriel permettant la sauvegarde de l’ensemble des salariés en situation de handicap », apprend-t-on. Soit les 210 sur 235.

Didier Rio, gérant depuis onze ans de l’entreprise, se dit « très satisfait qu’il n’y ait pas de casse sociale et que les salariés ne paient pas les pots cassés ». Didier Rio précise, par ailleurs, que des départs à la retraite à partir de 57 ans ont été validés.

Il avait repris EARTA en 2010 « quand personne n’en voulait » avec à peine 100 salariés à l’aune d’un plan social. Après des années de progression, l’entreprise dite adaptée est entrée en crise avec la perte du marché France Messagerie (ex-Presstalis).

Il y a quelque chose de grand à faire, on n’avait pas les moyens de le mettre en œuvre.

Didier Rio, ancien gérant

De son côté, la CFDT se déclare soulagée. La reprise aurait pu être douloureuse. « S’agissant de salariés en situation de handicap, la préservation de leur travail était un enjeu bien plus qu’économique », indique le syndicat.

Une réjouissance teintée d’espoir à laquelle la CFDT ajoute une nuance.  « Cette issue est satisfaisante au regard des inquiétudes que nous avions en juillet 2020. Pour autant nous n’oublierons pas la violence de la décision de France Messagerie de ne pas reprendre son contrat avec EARTA. Mettre en péril autant de travailleurs en situation de handicap reste un scandale. »

Cinq activités pour redresser l’entreprise

  • La fabrication de masques
  • Une ligne de production en tôlerie fine destinée aux Chantiers de l’Atlantique
  • Le transport des personnes à mobilité réduite (TPMR)
  • L’assemblage de vélos électriques
  • La prestation de services dans le domaine du numérique

« Je suis fier des salariés et de la stratégie industrielle menée. C’est pour cela que de grandes associations se sont battues et ont mis des centaines de milliers d’euros sur la table. Deux gros repreneurs (l’Adapei et l’APF France handicap) sont montés dans les enchères », ajoute Didier Rio.

Source FR3.

Colleret : une association qui s’attaque concrètement aux problématiques du handicap… C’est un pan de la société qu’on a un peu oublié dans cette période de crise…

Depuis quelques mois, une nouvelle association a été créée à Colleret, suite au confinement.

C’est un pan de la société qu’on a un peu oublié dans cette période de crise et pourtant qui a souffert énormément.

Colleret : une association qui s’attaque concrètement aux problématiques du handicap

 

Emilie Myslicki gère sa société de conseil pour les personnes en situation de handicap. Elle est donc une vraie spécialiste des méandres administratifs que doivent parcourir les familles dont un membre est en situation de handicap pour obtenir ce à quoi elle a droit.

Un besoin criant pendant le confinement

« Durant le confinement, j’ai eu des contacts avec beaucoup de familles qui se trouvaient en grande difficulté », commente-t-elle. « Les parents se retrouvaient avec les enfants à la maison, parce que les IME et les lieux d’accueil étaient fermés. Et ce n’est pas facile. Nous nous sommes rendus compte qu’il y avait des manques dans l’encadrement de ces personnes ».

Emilie Myslicki a eu cette idée de fonder une association suite à ce constat. « J’ai rencontré Françoise Del Piero, conseillère départementale, qui faisait le même constat. Il fallait agir. Nous avons aussi eu l’appui de la président de l’association l’Abécédaire de Faustine ».

Il n’a pas fallu longtemps pour que l’association prenne vie et passe à la phase concrète de son programme. « Nous travaillons sur le conseil et la sensibilisation ».

Un conseil aux familles

Le conseil, tout simplement, permet à des parents, à des familles de se tourner vers les membres de l’association afin de les aider à trouver le bon interlocuteur, ou encore à se rencontrer pour évoquer des solutions. « Je peux obtenir des réponses et inviter les personnes en responsabilité à prendre des mesures. Je pense notamment à des personnes qui se sont tournées vers moi parce qu’elles ne trouvaient pas de logement adapté PMR. J’ai pris des renseignements et j’ai appris que ce type de logements manque sur la région. Ca a été l’occasion de faire un rappel aux politiques locaux ».

L’autre pan de travail de l’association est celui de la prévention. « Nous avons fait des interventions dans des centres de loisirs, avec des enfants. Notre objectif est d’expliquer aux enfants ce qu’est le handicap, ce que ça représente, les contraintes que cela peut engendrer. Nous voulons effacer la peur de l’inconnu que des petits pourraient avoir en entrant en contact avec des personnes en situation de handicap ».

Sensibilisation auprès des enfants

Pour ce faire, les membres de l’association se veulent aussi bien pédagogiques que ludiques. « Nous avons notamment un grand jeu de l’oie sur ce thème. Nous faisons aussi des ateliers de mise en situation. Nous voulons développer ces formations dans la région ».

Un autre sujet important pour l’association et sa présidente Emilie Myslicki, c’est celui de l’information. « Pour novembre dernier, qui est le mois du handicap, nous avions prévu d’organiser un salon afin de réunir tous les acteurs locaux du handicap. Cela aurait permis à toutes les personnes concernées de trouver des acteurs locaux référents pour répondre à leurs questions. L’idée était d’avoir toutes les réponses sous un même toit, le temps d’un week-end, et nous avions choisi le mois de novembre, qui est celui du handicap pour organiser ça. Cela nous semblait le plus approprié possible ».

Il est vrai que pour des parents, par exemple, d’un enfant porteur de handicap, trouver la bonne structure d’accueil, adaptée aux besoins de l’enfant, remplir toutes les démarches administratives, connaître les droits auxquels il peut prétendre, peut s’avérer un vrai parcours du combattant. Un dossier MDPH est déjà un défi administratif en soi.

Un salon des acteurs du handicap en novembre

Malheureusement, le deuxième confinement a mis fin au projet. « A la place, nous avons choisi de mettre en avant des associations, des structures, durant tout le mois, un par jour. Mais nous espérons pouvoir remonter l’événement l’année prochaine, sans faute. Nous avons même reçu le soutien de la MDPH pour l’organisation ».

Dans la vie du village

Aider les personnes en situation de handicap, c’est aussi intégrer ce qu’ils font à la vie quotidienne de tous. A Colleret, l’association reçoit le soutien de la municipalité et du maire, Claude Ménissez, pour les initiatives menées. Elle a notamment pu organiser dan le village l’événement « Totems » en décembre dernier (voir ci-contre).

Dans l’avenir, l’association prévoit aussi la création d’un concours de talent, qui permettra à tous de présenter leur talent. « L’idée est d’inviter des personnes en situation de handicap à concourir aussi qu’à des personnes qui n’en sont pas, sans distinction ».

Source L’OBSERVATEUR.

 

Handicap. Sa pétition sur le calcul de l’Allocation adulte handicapé jugée recevable par le Sénat…!

Une Auvergnate demande, sur le site du Sénat, que soit revu le mode de calcul de l’Allocation adulte handicapé.

Avec plus de 100 000 signatures, la pétition a été transmise à la Conférence des présidents du Sénat.

La pétition a dépassé les 100 000 signatures.

 

C’est une première ! Une pétition, déposée sur le site Internet du Sénat, vient de dépasser les 100 000 signatures, entre le 10 septembre et ce jeudi 4 février. Déposée par Véronique Tixier, une habitante du Puy de Dôme, cette pétition réclame l’adoption d’une loi révisant le mode de calcul pour l’attribution de l’Allocation adulte handicapée (AAH).

« Une injustice »

Le montant de cette aide, versée par la Caisse d’allocations familiales aux personnes souffrant d’un handicap et dans l’impossibilité de travailler, dépend des revenus du conjoint ou de la conjointe. « Une incongruité et une injustice », dénonce Véronique Tixier. L’Auvergnate a commencé à ne plus percevoir son allocation après s’être mise en concubinage. Elle a même été contrainte de rembourser un trop perçu de 5 000 € environ.

103 000 soutiens

La quadragénaire se dit, désormais, « dépendante financièrement » de son compagnon. Une situation qu’elle vit mal. « Si le plafond des revenus du couple dépasse 19 607 €, l’AAH n’est plus versée à la personne conjointe handicapée, écrit-elle. À cet instant, cette dernière peut donc ressentir qu’elle n’existe plus socialement, qu’elle ne sert à rien. Ce qui rajoute à ses difficultés dues à son état physique ».

Grâce à ses quelque 103 000 soutiens (jeudi 4 février), la pétition de Véronique Tixier a été transmise à la Conférence des présidents du Sénat. La commission des affaires sociales vient également de nommer un rapporteur. Une proposition de loi est en préparation, sur l’évolution de l’attribution de l’Allocation adulte handicapé. Mais le parcours législatif est encore très long…

Source OUEST FRANCE.

Jeune handicapé agressé : quatre personnes déférées devant le tribunal de Belfort…! « C’est une honte, la justice se fera autrement (le père de Steven à la sortie du tribunal) »…

Quatre personnes, dont trois mineurs, ont été présentés à la justice ce jeudi au terme de leur garde à vue.

Elles sont poursuivies dans l’enquête sur l’agression filmée d’un jeune handicapé le week-end dernier près de Belfort.

Une peine de prison avec sursis a été prononcée.

Quatre personnes, dont trois mineurs, ont été présentés à la justice ce jeudi.

 

Après l’agression, filmée et diffusée sur les réseaux sociaux, de Steven, un jeune handicapé de 22 ans lors d’une soirée le week-end dernier à Dorans dans le Territoire de Belfort, trois mineurs et une jeune femme majeure ont été déférés ce jeudi après-midi devant le tribunal de Belfort, a-t-on appris de source proche du dossier.

Violences volontaires diffusées en ligne

Cinq personnes avaient été interpellées mercredi et placées en garde à vue. L’une d’elle a été relâchée : le compagnon de la femme majeure. Sa responsabilité n’était pas engagée. Les quatre autres personnes ont été déférées devant le parquet.

Elle sont poursuivies pour violence avec trois circonstances aggravantes (violence en réunion, sur personne vulnérable, avec usage ou menace d’une arme) et atteinte à la vie privée par diffusion des images sur internet. Chacun « a reconnu son implication dans les faits de violence« , précise le parquet de Belfort dans un communiqué.

Après l’agression, la victime s’était vue prescrire l’équivalent de cinq jours d’ITT.

Les mineurs conduits vers des centres éducatifs fermés loin du Territoire de Belfort

Les trois mineurs, âgés de 16 ans pour l’un et 17 ans pour les deux autres, sont arrivés menottés au tribunal, à l’issue de leur garde à vue. L’un d’eux portait un bas de survêtement, un anorak et un bonnet noir. Ils ont été présentés dans la soirée à un juge pour enfants puis mis en examen et placés sous contrôle judiciaire. 

En attendant leur procès devant le tribunal pour enfants, « ils ont interdiction d’entrer en relation avec les victimes, de paraître dans le département du Territoire de Belfort et obligation de respecter les conditions d’un placement dans un centre éducatif fermé », indique Eric Plantier, le Procureur de la République de Belfort. Objectif : protéger la victime et éviter d’éventuelles pressions.

Les trois mineurs ont quitté le tribunal et la région jeudi soir, escortés par les gendarmes.

De la prison avec sursis pour une Belfortaine de 22 ans

Une quatrième personne était également poursuivie dans ce dossier. Il s’agit d’une Belfortaine de 22 ans, qui avait côtoyé Steven pendant deux ans à l’Institut médico-éducatif (IME) de Giromagny, où le jeune homme suit actuellement une formation.

Lors d’une procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) ce jeudi devant le Procureur de la République de Belfort, elle a été condamnée à six mois de prison avec sursis. « C’est une peine qui tient compte de sa participation aux faits et de sa personnalité puisqu’elle n’a pas de casier judiciaire », a expliqué à la sortie du tribunal Maître Julien Robin, l’avocat de la jeune femme et de l’un des mineurs.

« On lui prête d’avoir dessiné avec un feutre sur la tête de cette malheureuse victime; elle n’a d’aucune manière participé aux violences commises par les autres, mais il n’y a rien qui puisse établir que nous sommes là face à un guet-apens », a-t-il estimé.

Selon nos informations, c’est cette jeune femme qui aurait invité Steven à la soirée de Dorans. Mais d’après son père, Steven « ne connaissait pas » ses agresseurs présumés.

C’est une honte, la justice se fera autrement (le père de Steven à la sortie du tribunal)

Michel, le papa de Steven, était présent au tribunal. Il a laissé éclaté sa colère après ces décisions de justice. « C’est une honte. On ne prend pas six mois avec sursis, non ! On prend minimum six mois ferme. Et ces ‘morpions’, on ne les met pas en foyer, c’est du ferme tout de suite ».

« Pour moi, c’est du Club Med… ça veut dire : je fais ce que je veux, je tape un handicapé. Ce n’est pas de la justice, la justice se fera autrement, je vous le garantis« , a réagi à chaud le papa de la victime, sur les marches du tribunal.

Une deuxième victime

Au cours de ce huis-clos sinistre, il y a bien eu une deuxième victime. « Les trois personnes mineures ont également été mises en cause dans la commission d’autres faits de violence commis sur un autre jeune majeur présent au moment des faits », confirme le parquet de Belfort ce jeudi soir.

Selon nos informations, cette deuxième personne visée ce soir-là serait le frère de la jeune femme mise en cause. Son compagnon, qui avait été placé en garde à vue, a été relâché, sa responsabilité n’étant pas engagée.

Vive émotion dans le Territoire de Belfort

Révélée en début de semaine, cette agression avait suscité l’indignation des associations locales d’aide aux personnes en situation de handicap. Mercredi, le père de la victime a pris la parole dans les médias pour dénoncer les violences sur son fils. « Les handicapés ne sont pas des souffre-douleur, il faut que ça cesse », a-t-il déclaré.

Source FRANCE BLEU.

 

Ariège : à la barre pour avoir agressé sexuellement sa belle-sœur en situation de handicap à Foix…

L’audience devant le tribunal correctionnel de Foix s’est ouverte, ce mardi après-midi, avec une affaire impliquant un homme d’une soixantaine d’années soupçonné d’avoir agressé sexuellement sa belle-sœur handicapée.

Ariège : À la barre pour avoir agressé sexuellement sa belle-sœur en situation de handicap à Foix

 

Les faits remontaient à 2016 et se sont produits à plusieurs reprises en l’espace de quelques mois. Avant de s’arrêter, en début d’année 2017.

À la barre, l’homme au casier vierge est mal à l’aise. Conscient du caractère répréhensible de son acte dès la commission de son geste, il avoue avoir agi par détresse. Séparé de sa femme, il ajoute avoir ressenti un « manque » et un certain « vide affectif ». Questionné sur le consentement de sa belle-sœur, il confirme également : « Au début, elle a refusé puis après elle n’a plus rien dit. »

Ce silence a été brisé lorsqu’elle a décidé de se confier à son auxiliaire de vie. « Dans son audition, l’auxiliaire indique qu’elle s’est effondrée et a déclaré que vous aviez profité d’elle », note Hervé Barrié, président du tribunal. Mais le prévenu l’affirme : « J’ai arrêté de moi-même et je ne recommencerai plus. » Pour l’avocat de la victime, Me Casellas-Ferry, l’état de la victime, placée sous tutelle, nécessite une expertise plus poussée. Ses auditions n’ayant pas permis de comprendre quelle était l’ampleur de son traumatisme. Un traumatisme qui ne fait pas de doute pour la représentante du parquet. « Si vous saviez que c’était mal, si vous avez entendu quand elle disait non, pourquoi avoir insisté ? Les faits sont simples, mais ce qui questionne véritablement, c’est votre personnalité », a-t-elle indiqué avant de requérir une peine de 12 mois de prison avec sursis probatoire.

Me Dedieu, avocat du prévenu, a eu la lourde tâche de revenir sur les faits tout en préservant l’intégrité de chacun. « Il est toujours difficile de poser des mots adaptés dans ce type de dossier », a-t-il d’emblée annoncé. Pourtant, l’avocat a quand même essayé d’évoquer cette personnalité qui, pour lui, n’a rien « d’inquiétante ». « Pendant des années, il a aidé sa belle-sœur handicapée. Il y a une vraie part de sincérité dans cette relation, a-t-il plaidé. Malheureusement, le reste s’explique par la misère sexuelle et un investissement fantasmé… » Enfin, l’avocat ariégeois a rappelé que l’expert psychiatrique avait conclu à une partielle altération du discernement au moment des faits. « Il faut que vous en teniez compte dans votre jugement », a-t-il demandé.

Au final, le tribunal correctionnel de Foix a suivi les réquisitions du parquet et a condamné le sexagénaire à 12 mois de prison avec sursis.

Source LA DEPÊCHE.

Surveillance en télétravail: quels sont vos droits ?…

Une entreprise est parfaitement en droit d’installer des logiciels de surveillance sur les ordinateurs du personnel… à condition de l’en avertir.

L’explosion du recours au télétravail en raison de la crise sanitaire a, logiquement, amené les entreprises à penser ou repenser leurs modes d’organisation et de management du travail. Ainsi, la question du contrôle des salarié·es (vis-à-vis du contenu de leur travail, de son suivi, de l’atteinte des objectifs, etc.) dans un contexte d’éloignement physique est devenue encore plus prégnante, du fait de l’impossibilité de vérifier «en vrai», dans les faits, le respect des horaires et/ou des consignes de travail.

En juin dernier, une étude menée aux États-Unis soulignait un intérêt sans précédent des entreprises pour les logiciels de surveillance. Entre janvier et avril 2020, les intentions d’achats pour les logiciels de surveillance à distance des employé·es avaient été multipliés par plus de 50.

Le score d’intention d’achat pour la catégorie «Surveillance à distance des employés» est passé de 1 à plus de 53 en six semaines après le début de la distanciation. | Score d’intention d’Aberdeen, 2020 cité par ISG Research

Au regard de ces éléments, peut-on considérer que nous sommes désormais dans l’ère de l’hypersurveillance, voire du flicage, des salarié·es en télétravail?

Une capture d’écran toutes les cinq minutes

Le suivi et le contrôle des salarié·es constituent des fonctions majeures de l’activité d’encadrement et de management: la planification et la coordination des activités à réaliser passent par la mise en place de règles de contrôle des tâches à opérer, de l’atteinte ou non des objectifs fixés, de la conformité de ces activités avec les instructions transmises, etc.

La période de télétravail souvent subi a accentué cette tendance au contrôle, jusqu’à donner l’impression d’un surcontrôle, notamment au détriment de la confiance au travail. L’apparition et le développement d’outils et d’équipements digitaux sans cesse plus sophistiqués posent la question de la limite de plus en plus floue entre simple contrôle hiérarchique et surveillance intrusive, voire quasi espionnage, des salarié·es.

Présentés souvent comme de simples outils internes de gestion administrative ou d’aide à l’accroissement de la productivité des salarié·es, ces programmes servent, en théorie, à rationaliser l’organisation de l’activité, notamment en rendant visibles les déséquilibres internes en termes de charge de travail et d’état d’avancement des projets en cours. Ces logiciels assurent également une fonction de sécurité et de filtrage, afin que les salarié·es ne puissent pas naviguer en ligne sur certains sites internet ou extraire des données ou informations sensibles.

Mais leurs fonctionnalités vont beaucoup plus loin: géolocalisation, enregistreur de frappe (keylogger traçant la moindre activité au clavier), temps passé en ligne sur des sites «productifs» ou «non productifs», durée de connexion sur les serveurs de l’entreprise, nombre de courriels envoyés, identité des destinataires, etc.

D’autres logiciels opèrent des captures d’écran des ordinateurs toutes les cinq ou dix minutes, ou dressent un véritable portait du «comportement digital» des salarié·es, pour donner à voir leurs éventuelles anomalies. À l’extrême, ce comportement peut même être traité à grande échelle par l’intelligence artificielle, afin d’opérer un contrôle beaucoup plus large. La plupart de ces logiciels de traçage de l’activité sont invisibles pour les salarié·es qui font l’objet d’une surveillance de plus en plus intrusive, ce qui pose logiquement la question de leur légalité.

Que dit la loi?

Tout dispositif de contrôle des salarié·es doit, pour être valable, respecter les libertés et droits fondamentaux des salarié·es, au premier rang desquels se trouve leur vie privée.

Le respect des prescriptions du règlement général sur la protection des données (RGPD), lorsque le dispositif touche à des données personnelles, est également incontournable. De plus, le Comité social et économique (CSE) doit être informé et consulté préalablement, afin d’appréhender en amont le dispositif de contrôle et ses possibles conséquences.

Ainsi, ce contrôle doit être justifié et proportionné, comme l’indique notamment l’Accord national interprofessionnel relatif au télétravail du 19 juillet 2005. De plus, le Code du travail prévoit une obligation de transparence de la part de l’employeur concernant l’usage des données personnelles: «Aucune information concernant personnellement un salarié ne peut être collectée par un dispositif qui n’a pas été porté préalablement à sa connaissance.»

Les modalités précises du contrôle doivent être établies (type de contrôle, suivi, mesure, etc.) et discutées avec les partenaires sociaux, ainsi que les sanctions prévues. Bien que les messages échangés par le biais d’une adresse ou d’un téléphone professionnels et les fichiers stockés sur les ordinateurs de l’entreprise soient la propriété de cette dernière, cela n’autorise pas les responsables de l’organisation à agir sans limites.

Parallèlement, certain·es salarié·es peuvent développer des stratégies individuelles de contournement des dispositifs de surveillance: recours aux téléphones ou ordinateurs privés à des fins professionnelles, pour sortir ainsi du champ de surveillance, comportements feints, ententes entre salarié·es pour «tromper» ces dispositifs, etc. Ces éléments nous questionnent plus en profondeur sur les défaillances mêmes du management, obligé de recourir à des techniques au mieux borderline, au pire illégales.

Un révélateur de la défaillance du management

Ces cas d’espionnage interne témoignent d’une part de la trahison du contrat moral liant supérieur·es et salarié·es, et d’autre part des insuffisances du management, dont certaines pratiques peuvent mener à rompre toute confiance envers les salarié·es.

Cette volonté de compenser l’impossibilité d’une surveillance physique et réelle par des techniques allant du mail ou de l’appel de 9h01 pour analyser le temps de réponse des salarié·es jusqu’aux logiciels de surveillance et ses abus cristallise une défaillance majeure dans les techniques de management mises en place, et l’incapacité des managers à gérer des équipes à distance.

Cette absence de confiance au travail est, de plus, contre-productive: les salarié·es peuvent développer des stratégies de contournement, mais également avoir tendance à progressivement être démotivé·es, voire à se désinvestir d’un travail dans lequel ils et elles se sentiraient sans cesse suspecté·es d’un potentiel manquement professionnel.

Les conséquences sur la santé des salarié·es ne sont ainsi pas négligeables. Par crainte de ne pas répondre aux attentes des managers et d’être accusé·es de ne pas réellement travailler, les salarié·es se rendent parfois disponibles constamment, induisant une situation de connexion subie, voire d’hyperconnexion.

Dès lors, l’organisation doit être vigilante sur le non-respect de l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, voire à la perméabilité accrue entre ces deux dernières. Ces éléments reposent ainsi la question du droit à la déconnexion et des difficultés à réellement le mettre en place, dans une optique préventive.

Dans ce contexte de crise sanitaire sans précédent, le recours accru au télétravail rebat les cartes du management, encore trop largement orienté vers le contrôle, voire l’hypercontrôle. Cela incite fortement les organisations à développer une nouvelle proposition sur la relation managers-salarié·es, en s’assurant du travail réalisé, sans tomber dans les dérives de l’hypersurveillance, avec la préservation de la frontière entre vie privée et vie professionnelle. Les organisations ont tout intérêt à progressivement passer de la culture du contrôle à la culture de la confiance, et à s’axer moins sur le processus que sur le résultat.

Source SLATE.

 

Surveillance, contrôle, traçage: les salariés n’ont jamais été aussi fliqués qu’au temps du Covid…

La crise sanitaire revitalise un mode de contrôle des salariés né dans les usines britanniques lors de la révolution industrielle, outils de surveillance à la pointe de la technologie en sus.

 

«La crise sanitaire a mis au jour la présence de ces dispositifs de surveillance toujours plus nombreux, dont elle a dans le même temps assis la légitimité et accéléré la banalisation. On me demande souvent s’il faut craindre la généralisation d’une surveillance dite de masse; et s’il s’agissait plutôt d’une massification de la surveillance?» interroge le journaliste spécialiste du numérique Olivier Tesquet dans État d’urgence technologique – Comment l’économie de la surveillance tire parti de la pandémie, qui paraît le 4 février 2021 chez Premier Parallèle et dont nous publions ici un extrait.

Pourrait-on trouver meilleur symbole de cette double peine infligée aux moins fortunés que celui de Facebook? En mai 2020, son tout-puissant patron, Mark Zuckerberg, annonce son intention de faire de Facebook «l’entreprise la plus avancée au monde en matière de télétravail». Et de pronostiquer que, dans un délai de cinq à dix ans, la moitié de ses 45.000 salariés pourraient bûcher à distance. Alors que «Zuck» se prend pour Robert Noyce, le père fondateur et «maire» historico-symbolique de la Silicon Valley, inventeur du transistor, du microprocesseur et de l’open space, il ne dit rien des légions invisibles de modérateurs, environ 35.000 personnes, employées par des sous-traitants américains, indiens ou irlandais, chargées de nettoyer quotidiennement les déchets flottant à la surface du premier réseau social de la planète.

Pour ce précariat moderne, la présence physique ou rien. À Dublin, des centaines d’entre eux ont été sommés de revenir au bureau, malgré plusieurs cas déclarés de Covid-19. Alors qu’ils souffrent déjà de syndromes de stress post-traumatique, à force d’être confrontés à des images insoutenables et des propos haineux, ils doivent maintenant composer avec la peur de tomber malades. «Si je perdais mon mari, si quelque chose m’arrivait, qui s’occuperait de mon fils de 6 ans?», se demande l’une des modératrices en fondant en larmes.

La mesure visant à instaurer le télétravail chez Facebook, réservée à sa main-d’œuvre privilégiée et assortie de réductions de salaire en fonction du choix géographique des travailleurs, laisse certes augurer un dumping social covidé pour les ingénieurs –très– bien rémunérés de la firme de Menlo Park. Quand on sait à quel point, en quinze ans, le petit monde des nouvelles technologies a rendu la baie de San Francisco invivable pour tous ceux qui n’évoluent pas dans le secteur, ne leur laissant d’autre choix que de déménager, d’aucuns pourront souligner qu’il s’agit d’un rééquilibrage karmique. Mais si les pauvres sont indiscutablement les premiers à faire les frais d’un taylorisme sanitaire qui impose une nouvelle organisation scientifique du travail, une fois ce mécanisme enclenché, il risque fort de contaminer l’ensemble du marché du travail.

Avec la pandémie, des millions de salariés, désormais rompus aux codes de la visioconférence et des tâches «distancielles», exercent désormais depuis chez eux. Illusion de liberté absolue pour certains, summum de l’aliénation pour d’autres, le télétravail «est un mode de fonctionnement qui s’oppose à l’activité politique et sociale», comme le formule la sociologue Eva Illouz. «Si la crise du sida a déjà rendu le contact sexuel dangereux, c’est ici la socialité dans son ensemble qui demande une vigilance permanente», poursuit-elle. De fait, le télétravail recompose tout à la fois nos comportements, le regard que nous portons sur les tâches que nous accomplissons, mais aussi –et surtout– nos relations hiérarchiques. D’une certaine façon, il marque la violation matérielle et symbolique du domicile.

Entre mon lit et mon bureau, la cloison étanche de l’intimité vole en éclats. Dans cette configuration, tous ceux qui peuvent télétravailler, c’est-à-dire les employés et cadres du tertiaire, sont particulièrement sujets à l’invasion de leur sanctuaire. Aux États-Unis, selon une étude du MIT, pas moins d’un tiers de la population active a basculé vers le travail à distance.

Parallèlement, les outils pour les surveiller ont connu un pic de popularité sans précédent. Au premier chef, les logiciels de time tracking qui, en analysant les mouvements de la souris et en effectuant à intervalles réguliers des captures d’écran de l’ordinateur, contrôlent l’assiduité du salarié épié. «C’est super stressant, tous les matins, on reçoit un rapport d’activité. J’arrive rarement à dépasser les 50% de temps de travail effectif», souffle Marine, analyste en renseignement d’affaires, dans Libération. Emprisonnés dans cet «hypertemps» dilaté, tel que le nomme le philosophe Pascal Chabot, «synchronisés en permanence» et chronométrés dans toutes nos tâches, nous luttons à armes inégales.

La crise sanitaire revitalise un mode de contrôle des salariés né dans les usines britanniques lors de la révolution industrielle.

Le droit à la déconnexion, pourtant garanti par la loi depuis le 1er janvier 2017, est percuté de plein fouet par des acteurs nommés Hubstaff, Time Doctor, FlexiSPY, ActivTrak ou Teramind. Le premier, leader du marché, a ainsi vu ses essais –gratuits– augmenter de 200% dès le mois de mars, avec l’annonce du confinement. Jusqu’ici réservé à des officines peu connues du grand public, ce marché porteur a même attiré l’attention de Microsoft, qui a annoncé en octobre 2020 l’intégration d’un score d’efficacité dans sa suite logicielle. Devant un scandale naissant, le géant de l’informatique a momentanément reculé, mais la démocratisation de ces mouchards laisse augurer le pire: à force d’être pervasifs, ils deviendraient omniprésents, et donc invisibles.

Pour mieux comprendre ce retour de la pointeuse, on peut s’intéresser à une étude commandée par Hubstaff. Réalisée auprès de 400 entreprises américaines, celle-ci montre que près de la moitié d’entre elles (respectivement 44 et 46%) attend du télétravail qu’il augmente les profits et la productivité. Ainsi que le rappelle Edward P. Thompson, le grand historien de la classe ouvrière britannique, «avant l’avènement de la production de masse mécanisée, l’organisation du travail était caractérisée par l’irrégularité». Tout ce que fait craindre le Covid-19. On peut alors comparer le sort des prolétaires du XVIIIe siècle et celui des télétravailleurs du XXIe; et si leurs conditions matérielles d’existence ne sont pas les mêmes, la crise sanitaire revitalise un mode de contrôle des salariés né dans les usines britanniques lors de la révolution industrielle.

Plus intrusifs encore, certains employeurs déploient des keyloggers, capables d’enregistrer tout ce qu’un individu tape sur son clavier, ce qui marque un détournement flagrant de leur fonction initiale. Aux États-Unis, on utilise le terme de mission creep pour désigner tout glissement mortifère d’une finalité vers une autre. Utilisée pour la première fois en Somalie en 1993, lorsqu’une aide humanitaire de l’ONU s’est transformée en opération militaire américaine, puis en fiasco lors de la bataille de Mogadiscio, l’expression fonctionne ici en sens inverse: d’ordinaire réservés à la lutte antiterroriste (les services de renseignement français les utilisent notamment contre des cibles islamistes), les keyloggers visent désormais un horodatage permanent de l’activité des travailleurs, au moment même où ceux-ci sont contraints de gérer leur vie personnelle et professionnelle derrière un écran.

Devant la menace, la CNIL a publié une mise au point à destination des entreprises: «Si l’employeur peut contrôler l’activité de ses salariés, il ne peut les placer sous surveillance permanente.» Ainsi, les partages permanents d’écran, les keyloggers ou l’obligation d’activer sa caméra pendant le temps de travail sont considérés comme «disproportionnés» et passibles de sanctions.

Pour autant, l’imposition à bas bruit de cette surveillance bureautique ne se limite pas au télétravail. Avec l’impératif de maintien –ou de reprise– de l’activité économique, certaines entreprises, sur le modèle de Ferrari, conditionnent la présence sur site de leurs salariés à un traçage ubiquitaire et permanent. Chez le géant du conseil PricewaterhouseCoopers (PwC), afin de garantir «la sécurité et la productivité», chaque employé qui souhaite venir sur site –et possiblement échapper à une intrusion domiciliaire quotidienne– doit obligatoirement installer Check In, une application qui permet de suivre leurs mouvements et de détecter les malades le cas échéant. PwC, qui a également développé une balise miniature, calibrée pour les lieux où le smartphone n’est pas autorisé et pour les visiteurs, a d’abord testé sa solution dans ses bureaux new-yorkais, avant d’en faire une véritable opportunité de diversification économique: une soixantaine d’autres entreprises en sont désormais équipées.

Poursuivi en justice outre-Atlantique pour avoir insuffisamment protégé ses travailleurs du Covid-19 tandis que Jeff Bezos consolidait sa place d’homme le plus riche de la planète[1], Amazon a également développé un dispositif maison pour ordonner sa main-d’œuvre dans l’espace. Distance Assistant, qui se présente sous la forme d’un écran de télévision agrémenté de capteurs télémétriques et d’une caméra intelligente, mesure ainsi la distance entre les salariés dans les entrepôts. S’ils se rapprochent trop les uns des autres, un cercle rouge apparaît sur le moniteur. D’abord testé dans quelques entrepôts, le prototype a ensuite été déployé par centaines.

Banalisées par l’épisode pandémique, ces technologies sont d’autant plus redoutables qu’elles étaient déjà expérimentées avant l’irruption du Covid-19.

Outre les applications de contact tracing, dont ces dispositifs sont cousins, certains employeurs préfèrent recourir à de véritables bracelets électroniques. Aux États-Unis toujours, Radiant était jusqu’à présent une société spécialisée dans le traçage logistique, utilisant le GPS et le Bluetooth pour localiser des lits d’hôpital ou des robots sur une chaîne de montage. Désormais, Radiant suit des personnes et vend des gourmettes espionnes à des constructeurs automobiles, qui peuvent ainsi savoir si leurs équipes respectent la distanciation sociale. Si un signal fort entre deux salariés est détecté pendant plus de quinze minutes, l’interaction est stockée sur le cloud, prête à l’usage en cas de test positif. En quelques mois, Radiant a écoulé plus de 10.000 unités. Et tous les secteurs sont égaux devant ce pistage systématisé. La NFL, la ligue de football américain, a acheté 25.000 traqueurs de la taille d’un paquet de chewing-gums à Kinexon, une start-up munichoise. Joueurs, entraîneurs et staffs techniques doivent tous le porter au poignet ou dans la poche.

Estimote, une entreprise américaine, produit des milliers d’objets connectés en Bluetooth, wearables aux couleurs pastel et au design impeccable, qui permettent aux employeurs de suivre eux-mêmes leurs troupes infectées. Quant au personnel hospitalier, il trimbale un disque plus petit qu’une pièce de un dollar autour du cou, fourni par une autre société, AiRISTA Flow, qui vend sa technologie de localisation à des institutions psychiatriques depuis une dizaine d’années, pour empêcher les patients de s’enfuir.

Banalisées par l’épisode pandémique, ces technologies sont d’autant plus redoutables qu’elles étaient déjà expérimentées avant l’irruption du Covid-19, au nom de la sociométrie, cette discipline qui entend étudier les relations interpersonnelles au sein d’un groupe et les cartographier pour réorganiser le travail. On pense ici à Humanyze, cette création du MIT que j’évoquais dans les premières lignes d’À la trace et qui, portée en sautoir, écoute les salariés de la NASA ou de Bank of America et épouse leurs mouvements pour optimiser leurs performances.

On pourrait aussi convoquer Emotiv –les marchands de surveillance en milieu professionnel affichent toujours des raisons sociales bienveillantes–, qui commercialise des écouteurs capables, paraît-il, d’enregistrer les ondes cérébrales, révélant du stress ou de la fatigue, afin de mieux organiser le travail. Dans un cas comme dans l’autre, et c’est encore plus vrai en temps de coronavirus, cette intrusion s’opère au nom du bien-être.

Source SLATE.