Confinement : un jeune homme handicapé s’immole par le feu à cause de l’isolement… Pour mémoire…

Elwood, 31 ans, est mort le 1er juin dernier.

Vivant seul dans un appartement à Trégeux dans les Côtes d’Armor, il a décidé de s’asperger de liquide inflammable et de gel hydroalcoolique, avant de s’immoler. Brûlé à 80%, il est décédé une fois transféré à l’hôpital.

Confinement : un jeune homme handicapé s'immole par le feu à cause de l'isolement

 

C’est la mère d’Elwood âgé de 31 ans, Christine, qui relaie la mort de son fils via les réseaux sociaux. « Pas une ligne, dans les journaux, ça intéresse qui un handicapé qui disparaît ? » lance-t-elle ainsi, sur son compte Facebook, dans un texte qu’elle intitule « Les oubliés du confinement« .

« Il vivait mal le confinement »

Elwood était handicapé moteur depuis sa naissance, raconte plus tard Christine à France Bleu. Depuis le confinement, il se sentait particulièrement seul. « Un jour, il a appelé les pompiers pour dire qu’il n’allait pas bien, qu’il vivait mal le confinement. Il a été conduit à l’hôpital où il a pu parler avec un psychologue, des infirmières, il avait besoin de communiquer. Il y a passé une nuit et il a décidé de revenir chez lui », explique-t-elle. Après sa mort, elle retrouve sur son bureau le numéro de Suicide Écoute.

Il avait besoin de communiquer

Car ce 31 mai, le jeune homme, vivant à 450 kilomètres de sa mère, a décidé de passer à l’acte. Sur un parking situé à moins d’un kilomètre de son appartement à Trégneux (Côtes d’Armor), il se recouvre de liquide inflammable et de gel hydroalcoolique avant de s’immoler par le feu sur son fauteuil roulant. Les secours sont prévenus par des témoins, mais ils arrivent trop tard. 80% du corps d’Elwood est déjà brûlé. Il meurt de ses blessures quelques heures plus tard, à l’hôpital de Saint-Brieuc.

« Une énorme faille de la part des professionnels »

La mère du défunt se confie aux médias la semaine suivante, espérant que la mort de son fils ne soit pas vaine : « Aujourd’hui, je témoigne pour que son geste ne passe pas inaperçu. Pendant le confinement, on nous a incité à se rapprocher des personnes seules, à prendre des nouvelles des papys, des mamies. C’est bien mais il faut continuer à le faire. Un petit sourire, un petit bonjour quand vous croisez une personne handicapée, ça ne coûte rien », défend-elle à France Bleu.

Un petit sourire, un petit bonjour quand vous croisez une personne handicapée, ça ne coûte rien

Elle avait prévu d’aller voir son fils après la levée des 100 kilomètres le week-end du 7-8 juin. « Finalement, je l’ai vu plus tôt que prévu, mais à la morgue« , a-t-elle poursuivi, émue. Elle raconte : « Je l’ai eu trois-quatre jours avant son geste au téléphone, ça a été très bref. Avant de raccrocher, il m’a dit  ‘Je t’aime‘, ça n’arrivait jamais, je me dis maintenant que c’était peut-être un signe. »

Pour Christine, le suicide de son fils révèle « une énorme faille de la part des professionnels », comme elle le déclare sur les médias sociaux. Son fils avait prévenu à plusieurs reprises les accompagnants, les psychologues ou encore sa curatrice. Ses plaintes n’ont pas été prises au sérieux. À cause de la crise sanitaire, la mère estime que les auxiliaires de vie en charge du jeune homme avaient moins de temps à lui consacrer, au moment même où il appelait à l’aide.

« Durant cette période, le côté humain n’a pas été suffisamment pris en compte, cela a été la goutte de trop pour lui », a-t-elle conclu auprès d’Ouest France.

Dommage collatéral du Covid-19 ? Oui bien sûr

« Dommage collatéral du Covid-19 ? Oui bien sûr ! », s’est-elle exclamé sur son compte Facebook. « Avant le confinement, il avait l’habitude d’aller faire ses courses au supermarché, aidé par une auxiliaire, ça lui donnait un objectif » détaille-t-elle. Mais rapidement après le début du confinement, Christine explique que son fils « ne pouvait plus supporter l’enfermement », qu’il « avait besoin de lien social. »

Elle est catégorique : « Cet isolement a eu raison de son moral« .

Source MARIE CLAIRE.

Pour marque-pages : Permaliens.