Mon handicap invisible m’oblige à devoir justifier de ma maladie….

« J’aimerais tant refaire la queue en caisse pendant des heures, courir, jardiner, rester debout dans les transports en commun… » regrette Mokhtaria.

Comprendre une maladie invisible pour ne plus porter de regard, de critique sur le droit à la priorité.

 

HANDICAP — Quésaco la spondylarthrite? Nom inexistant dans mon imaginaire et vocable, je découvre à mes 33 ans cette maladie invisible et handicapante au quotidien. De quoi s’agit-il? La spondylarthrite appelée dans le jargon médical SPA est une maladie auto-immune et rhumatismale, touchant principalement les articulations sacro-iliaques et s’accompagnant d’inflammations.

Elle se déclenche chez l’adulte jeune (20/30 ans) et touche davantage les hommes que les femmes. Cette définition peut paraître générale, abstraite, voire incompréhensible.

Pour expliciter mes propos, je souhaite parler de ma SPA; car il existe différentes manifestations, différentes douleurs, différents traitements. La SPA est propre à chaque personne.

Vous avez envie de raconter votre histoire? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffpost.fr et consulter tous les témoignages que nous avons publiés. Pour savoir comment proposer votre témoignage, suivez ce guide!

La maladie déclarée jeune

Ma SPA est apparue à mes 32 ans, se caractérisant par des douleurs au bas du dos et aux hanches, une raideur aux doigts. Premier signe apparent, une arthrose des hanches dite coxarthrose. À mon jeune âge, ce n’est pas possible me dis-je. Pourtant, c’est bel et bien le cas, car l’arthrose peut se déclarer à tout âge. Par la suite, les semaines s’écoulent avec ces douleurs fluctuantes. Je suis orientée vers la rhumatologie. Oui, la rhumatologie à 32 ans, moi qui pensais que cette spécialité médicale était réservée davantage à nos aînés. Je continue de gérer ces maux; qui s’estomperont au fil du temps. Or, ce n’est pas le cas.

Mon corps a de plus en plus mal, est de plus en plus fatigué. Un matin, je n’arrive plus à me lever. Je consulte, en urgence, une rhumatologue. Je suis, dans la foulée, hospitalisée dans un service de rhumatologie ne posant pas de diagnostic médical. Je consulte d’autres rhumatologues, l’une me prescrivant un traitement pour la fibromyalgie, l’autre effectuant six injections au bas de mon dos. Mon médecin traitant (que je ne remercierai jamais assez pour son professionnalisme, son écoute et sa bienveillance) m’oriente vers la spécialité médecine interne.

Enfin de la lumière au bout du tunnel. Je suis consultée, entendue et comprise par un professeur émérite. Mon mal invisible se caractérise par un déverrouillage matinal du corps, des inflammations et des douleurs au bas du dos, aux hanches, une fatigue et une sensation de lourdeurs aux jambes. Après des examens médicaux, le diagnostic tombe: je suis atteinte d’une spondylarthrite. Une quoi? Une sp… dont je n’arrive pas à prononcer le nom, au début. OK, j’ai cette m… avec tout ce que cela implique.

Maintenant, je dois ou plutôt je vais essayer de vivre, survivre ou revivre avec cette maladie au nom complexe. J’ai une chance de bénéficier de soins de qualité, avec des professionnels de santé tip-top. Mes traitements visent à atténuer les douleurs et ralentir la progression de la maladie.

Aujourd’hui, j’ai 37 ans. Je tente de gérer au mieux ma SPA. Elle et moi cohabitons depuis 5 ans, avec des moments où elle l’emporte sur mon corps et mon esprit et d’autres moments, où je la terrasse. Le verbe peut paraître excessif. Pourtant, c’est bel et bien le cas, car la SPA se vit au quotidien.

Une maladie invisible qui se combat au quotidien

Chaque jour est une douleur invisible, dont l’intensité varie et le moral est mis à épreuve. Je bénéficie d’une reconnaissance MDPH et de la carte mobilité inclusion. Cette carte a pour but de faciliter mes déplacements. Je peux solliciter une place dans les transports en commun ou dans une salle d’attente, éviter la file d’attente dans les établissements recevant du public.

Pourtant, cette carte priorité semble incomprise pour de nombreuses personnes. Je l’utilise principalement en magasin, où est signalée caisse priorité. Drame, qu’ai-je fait en sollicitant cette priorité? Les gens vous scrutent, se permettent des commentaires, réfutent cette priorité. J’ai entendu, de nombreuses fois, ces phrases: ”À son âge, on n’est pas malade”,” La MDPH donne la carte à n’importe qui”, “Celle-là fait semblant pour ne pas faire la queue”.

J’ai, longtemps, été mal à l’aise avec l’utilisation de cette carte. J’ai dû, à plusieurs reprises, justifier cette priorité. Ceci s’explique par les propos inappropriés, désobligeants de certaines personnes que j’ai reçus. Ma maladie, mon handicap leur apparaissent invisibles. Les individus ont une perception du handicap se caractérisant par un élément visible de type fauteuil roulant ou canne. Or, il existe des handicaps non apparents, avec de lourds retentissements.

«J’ai entendu, de nombreuses fois, ces phrases: ‘À son âge, on n’est pas malade’, ‘La MDPH donne la carte à n’importe qui’, ‘Celle-là fait semblant pour ne pas faire la queue’.»

– Mokhtaria M.

À tous ces gens portant un jugement, je souhaite leur dire « Cessez !!!! Je vous remets cette priorité avec toutes les douleurs et les pleurs que cela comporte ». Cette carte ne sert qu’à m’aider dans mon handicap.

J’aimerais tant refaire la queue en caisse et pendant des heures, courir ne serait-ce qu’un kilomètre, jardiner un quart d’heure, rester debout dans les transports en commun, réaliser mes tâches ménagères sans aide quelconque, sauter à la corde à sauter avec mon enfant, porter des courses sans aucune douleur déclenchée…

Cela voudrait dire tout simplement que ma santé est bonne.

Source Huffingtonpost.

Épargne handicap: qui est concerné, et quelles sont les modalités d’obtention ? Les avantages particuliers ?…

L’épargne handicap est un contrat destiné aux personnes handicapées uniquement et leur permet de bénéficier de conditions avantageuses.

Découvrez les modalités de ce contrat…

Epargne-handicap-comment-faire ?

 

L’épargne handicap est un dispositif uniquement destiné aux personnes en situation de handicap. Ce contrat peut être souscrit par la personne elle-même ou assistée par son accompagnant légal si cela est nécessaire. Cependant, toutes les personnes handicapées ne peuvent pas prétendre à ce type de contrat. En effet, il faut être dans l’incapacité de travailler dans des conditions normales. Ceci implique d’avoir des revenus bas par rapport à une personne qui n’est pas en situation de handicap. L’épargne est un droit essentiel cher aux Français qui ont massivement utilisé les comptes d’épargne depuis le début de la pandémie. Des solutions d’épargne plus audacieuse et plus rémunératrice sont d’ailleurs de plus en plus sollicitées. Un dispositif pour les personnes en situation de handicap était donc très attendu et nécessaire. Peu connue, l’épargne handicap gagnerait pourtant à l’être davantage.

Comment souscrire à l’épargne handicap?

L’épargne handicap va de pair avec un contrat d’assurance-vie. L’épargne handicap s’active uniquement si le bénéficiaire du contrat souscrit pour une durée minimale de six mois. Pour pouvoir bénéficier de ce type de prestation, la personne handicapée doit fournir des justificatifs tels que la carte d’invalidité, l’AAH ou autre… Grâce à cela, la personne en situation de handicap a des garanties spécifiques qui ne sont habituellement pas comprises dans un contrat d’assurance-vie classique.

Du point de vue de la loi, le handicap est avéré lorsqu’il empêche d’accéder à une activité professionnelle de façon totalement valide. L’invalidité est d’au moins 80% pour être reconnue par la Commission des Droits et de l’Autonomie des Personnes Handicapées (CDAPH). Le souscripteur doit également être âgé d’au moins 16 ans. Il est intéressant de noter que même si l’épargne handicap n’est pas souscrite au moment de la création du contrat d’assurance-vie, le contractant peut à tout moment la mettre en place dès lors qu’il était éligible au moment où il a souscrit.

Quels sont les avantages d’ajouter l’option épargne handicap à un contrat d’assurance-vie?

Ils sont tout d’abord de nature fiscale. En effet, les fonds placés en épargne handicap bénéficient d’une réduction d’impôt pouvant couvrir jusqu’à 25% des sommes investies dans la limite de 1.525 euros. Les personnes en situation de handicap qui sont parents voient le montant être majoré de 300 euros par enfant à charge. Autre avantage notoire, par rapport à une assurance-vie classique, il n’y a pas de prélèvements sociaux sur les intérêts.

Si les Français sont de plus en plus nombreux à chercher des astuces pour réussir à épargner, ce n’est pas un hasard. L’épargne est un moyen simple et sûr de faire fructifier son argent. Avec l’épargne handicap, vous avez une grande liberté dans le choix de placement. Plusieurs options vous seront proposées, sicav, actions, placement immobilier… à vous de définir le ratio bénéfice/risque qui vous correspond le mieux et ainsi faire fructifier vos revenus.

Sources VALEURS ACTUELLES.

Une recherche d’emploi plus longue et compliquée pour les jeunes en situation de handicap…

Si les jeunes en situation de handicap partagent les mêmes aspirations que l’ensemble des jeunes, ils restent confrontés à des discriminations et des freins à l’embauche importants. 

Le travail est considéré comme une condition de réussite de la vie personnelle pour 84% des jeunes en situation de handicap.

 

Quelques semaines avant le lancement de la 25e édition de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, l’ Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées (AGEFIPH) a mené une enquête avec l’Ifop sur les conditions d’accès à l’emploi des jeunes en situation de handicap et les représentations du handicap au travail chez les jeunes.

Une jeunesse impliquée dans le monde du travail

L’accès à l’emploi représente un élément déterminant pour l’inclusion des jeunes en situation de handicap dans la société. Le travail apparaît en effet comme une condition de réussite de la vie personnelle pour 84% des répondants. Toute une série de facteurs sont pris en compte dans le choix des offres ou des entreprises comme la localisation géographique (68%) ou bien la question de l’équilibre vie personnelle / vie professionnelle (65%).

Éric Blanchet, président de LADAPT, association engagée pour la citoyenneté des personnes handicapées, relève des avancées notables en faveur de l’insertion professionnelle et salue le rôle central joué par les associations pour permettre un accompagnement vers l’emploi. « Il faut permettre à la jeunesse d’avoir le choix dans la vie et de trouver une place dans la société. Le parcours vers l’emploi commence à se structurer. Notre responsabilité c’est de soutenir et d’accompagner ces jeunes », explique-t-il.

Néanmoins, ces derniers sont prêts à faire des concessions, notamment financières, pour décrocher un emploi. La question de la rémunération représente un élément déterminant pour seulement 36% des répondants, soit sept points de moins que pour les autres.

Un difficile accès à l’emploi

L’accès à l’emploi se révèle particulièrement long pour les jeunes en situation de handicap. L’enquête montre que leur dernière recherche a duré en moyenne près de 7,6 mois, soit presque deux fois plus longtemps que l’ensemble des jeunes. Plus de la moitié des répondants déclare que la recherche d’emploi a été compliquée.

Parmi les problématiques, celle du nombre d’offres correspondant au profil du candidat dans sa région ou bien dans son secteur, mais aussi le manque d’information sur les entreprises qui recrutent dans leur secteur.

Les jeunes dissimulent leur handicap

Parler du handicap dans la sphère professionnelle est-il un sujet tabou ? 57% des répondants ont tendance à évoquer les besoins spécifiques liés à leur handicap aux recruteurs et seulement un tiers des jeunes consentent à indiquer leur situation dans le CV. De plus, 71% des jeunes handicapés craignent de rencontrer des difficultés d’intégration lors de leur arrivée dans l’entreprise.

« Il est important que les jeunes osent parler de leur handicap et de leurs besoins, c’est un enjeu majeur. Il faut qu’on améliore l’accompagnement dans l’entreprise », avance Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées.

Adéquation entre le poste occupé et le profil

Si la recherche d’emploi est définitivement plus compliquée, 84% des jeunes handicapés affirment que leur poste actuel est en adéquation avec leur niveau de qualification (6 points de plus que la jeunesse en général) mais aussi leur projet professionnel.

« Ces résultats sont très encourageants. Quand les jeunes poussent la porte de l’entreprise, ils se sentent bien. Mais il faut encore travailler sur la mobilité et leur dire que c’est possible », poursuit Sophie Cluzel.

Un accompagnement vers le premier emploi

Tremplin Handicap accompagne des lycéens et étudiants tout au long de leur parcours d’études jusqu’à leur premier emploi. Christian Grapin, directeur de l’association, fait également le constat que l’insertion professionnelle n’est pas une mince affaire. « Pendant les études, ils rencontrent énormément de difficultés à trouver un stage ou une alternance. Cette première confrontation avec le monde professionnel ne les encourage pas à persévérer. »

L’association bénéficie d’un réseau de plus de 150 entreprises partenaires. Mais il arrive que les jeunes postulent dans d’autres entreprises et ne parlent pas systématiquement des aménagements dont ils ont besoin. « Ils ne veulent pas être plus fragilisés qu’ils ne le sont déjà et vont tout faire pour ne pas être stigmatisé. Tant que la société ne montrera pas qu’elle est en capacité d’écouter, la personne handicapée se taira. »

Source L’ETUDIANT.

Comment et quand révéler son handicap ?…

Un travailleur en situation de handicap peut choisir de le signaler à l’entreprise (ou pas). Mais à qui, comment et à quel moment ?

Comment et quand révéler son handicap ?

 

12 millions de Français sont touchés par un handicap, et pour 80% d’entre eux, il est invisible. Devant la loi, rien n’oblige un salarié à révéler sa situation à son employeur. Mais s’il décide de garder le silence, il ne pourra pas demander d’aides, comme par exemple l’aménagement de son poste de travail. Il risque également à terme de fragiliser ses relations avec ses collègues, qui ne comprendront pas pourquoi il lui est difficile par exemple de faire certaines tâches. Et c’est surtout risquer d’aggraver sa propre situation de handicap, en prenant trop sur soi.

De plus, si l’employeur le découvre, « il peut être déçu ou surpris de ne pas l’avoir su avant, ainsi que changer rapidement de comportement », prévient Alexandra Grevin, avocate spécialisée dans le droit du handicap. « La relation de confiance peut être perdue », abonde Patricia de Kermoysan, directrice du cabinet de conseil et recrutement Défi RH, spécialisé dans l’emploi des travailleurs handicapés.

Souvent, ce sont des préjugés qu’il faut déconstruire. Les salariés en situation de handicap ont peur de perdre leur emploi, que leurs compétences professionnelles ne soient pas reconnues, que dans la tête de l’employeur « handicap » rime avec »absentéisme »… « Il faut souvent rassurer les employeurs qui méconnaissent le handicap. Par exemple, “bipolaire” ne signifie pas toujours que la personne va être instable, c’est du cas par cas », explique Sabine Lucot, chargée de projet insertion professionnelle à La Fondation des Amis de l’Atelier.

Faire connaître sa situation avant l’embauche

Alors, quand le révéler ? Tout dépend de l’entreprise. Si elle communique autour du handicap, ou qu’elle a signé une convention avec l’Agefiph, une association de gestion de fonds pour l’insertion de personnes en situation de handicap, alors il ne faut pas hésiter à le mettre directement sur son CV.

« Si c’est écrit sur le CV, l’entreprise peut se dire : “c’est top, ça va nous permettre de remplir notre quota pour diminuer notre contribution à l’Agefiph”. Soit à l’inverse il va y avoir une discrimination. Cela dépend de la démarche et de la sensibilité de l’employeur », ajoute Alexandra Grevin. En effet, les entreprises qui emploient au moins vingt salariés depuis trois ans doivent respecter un quota de 6% de travailleurs en situation de handicap. Dans le cas contraire, elles versent une contribution.

En cas de doutes sur les motivations de l’entreprise, il est préférable de révéler sa situation lors de l’entretien. « Mais pas dès le début, précise Patricia de Kermoysan. Il faut avant tout que la personne montre qu’elle est compétente pour le poste auquel elle postule et ensuite, à la fin, elle peut l’aborder. Parfois le parcours du candidat est indissociable de son handicap, il peut l’évoquer à ce moment-là. » Pour elle, le pire moment est de le faire juste après avoir signé son contrat.

Rester pédagogue

Au cours de l’entretien, il vaut mieux rester pédagogue. « Si la personne a bien identifié ses besoins, elle peut communiquer seule en disant simplement : ‘j’ai une reconnaissance de travailleur en situation de handicap et des besoins spécifiques qui m’obligent à avoir une organisation très bien orchestrée’. L’important est de bien connaître son handicap et de montrer à son employeur toutes les ressources qu’on a développé pour y faire face », conseille Sabine Lucot.

S’il est préférable de révéler son handicap et d’être transparent, le salarié n’est pas obligé d’informer toute l’entreprise. Le médecin du travail, tenu au secret, peut solliciter l’employeur pour des aménagements de poste, une politique RH plus favorable au bien-être, sans dévoiler le nom du salarié en question. « Souvent les employeurs utilisent les ressources des personnes en situation de handicap pour les autres collègues », termine Sabine Lucot. Télétravail, postes plus ergonomiques, pauses… des aménagements qui bénéficient à toute l’entreprise.

Chiffre :  9,6 millions de personnes sont en situation de handicap au sens large. Or, seulement 2,7 millions de personnes sont reconnues administrativement.

Source LES ECHOS.

Plus de la moitié des jeunes hésitent à révéler leur handicap à un recruteur…

Selon une étude de l’Agefiph menée avec l’Ifop, les 18-30 ans en situation de handicap font face à davantage de difficultés pour décrocher leur premier emploi et sont prêts à faire des concessions sur leur rémunération.

Environ 80 % des handicaps déclarés sont invisibles.

 

Même s’ils le souhaitent, les jeunes en situation de handicap ne se sentent pas suffisamment en confiance. Plus de six sur dix n’indiquent pas leur situation sur leur CV et plus de quatre sur dix refusent d’évoquer leurs besoins spécifiques liés à leur handicap une fois devant les recruteurs.

C’est en tout cas ce que révèle la nouvelle enquête de l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph) avec l’Ifop*, réalisée quelques semaines avant le coup d’envoi de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, placée cette année sous le signe de la jeunesse.

« Beaucoup ont intégré la crainte que le handicap soit un frein lors d’un premier contact. Ces jeunes savent que cela peut être un sujet de discrimination », analyse Véronique Bustreel, directrice de l’innovation à l’Agefiph. L’étude interroge les 18-30 ans et révèle que la moitié d’entre eux s’est déjà sentie discriminée dans la sphère professionnelle.

Faire des concessions

Ils sont 58 % à considérer leur recherche d’emploi comme « compliquée » (contre 31 % pour les jeunes valides) et mettent en moyenne 7,6 mois à décrocher un job, soit presque deux fois plus que les autres (4,2 mois). Ils avancent aussi d’autres critères déterminants, comme la localisation géographique, l’engagement éthique de l’entreprise et l’équilibre entre leur vie privée et professionnelle.

A l’inverse, ils concèdent revoir à la baisse leurs exigences salariales. La rémunération est un critère déterminant pour seulement 42 % des jeunes en situation de handicap, soit douze points de moins que pour les autres. « Ils ont des attentes plus importantes sur leur poste et sont donc prêts à faire des concessions sur le salaire », ajoute François Legrand, chef de groupe au département Opinion et entreprise de l’Ifop.

Des actifs plus satisfaits

Reste que « faire une belle carrière » fait partie des principaux leviers d’une vie dite « réussite » pour cette catégorie, huit points de plus que pour les jeunes valides. Les jeunes actifs en poste sont d’ailleurs souvent plus satisfaits de leur emploi. Et ainsi davantage engagés envers leur entreprise.

L’étude souligne aussi que les jeunes salariés en situation de handicap souffrent de stéréotypes y compris provenant de leur génération. Les 18-30 ans valides pensent en majorité que le handicap est visible (mobilité ou mental) alors que 80 % des handicaps déclarés sont invisibles.

Sortir des stéréotypes

A la question « quelles sont les difficultés que rencontrent les personnes handicapées ? », les personnes valident pointent d’abord les discriminations et les moqueries, quand les jeunes en situation de handicap citent en premier « le manque de reconnaissance », un écart de dix-huit points avec l’autre population.

« Il faut sortir des clichés, déstigmatiser, pour mieux prendre en considération le handicap, positiver le sujet et ne plus évoquer la maladie uniquement comme un frein pour l’employeur, plaide Véronique Bustreel. Il faut notamment mieux aménager le temps de travail pour permettre à la diversité de s’exprimer. »

Près d’un million de personnes handicapées travaillent en France selon l’Agefiph. A noter que toute entreprise d’au moins 20 salariés doit employer des personnes en situation de handicap dans une proportion de 6 % de l’effectif total. S’il ne respecte pas cette obligation, il doit verser une contribution annuelle.

* Et avec le FIPHFP, LADAPT, l’UNML, le CNCPH, les associations Droit au savoir et 100 % Handinamique.

Source LES ECHOS.

« Je ne demande pas la charité, je demande l’égalité » : Dominique Farrugia dénonce l’inertie des pouvoirs publics en matière de handicap…

Tous les jours, une personnalité s’invite dans le monde d’Élodie Suigo.

Aujourd’hui, l’acteur, réalisateur et producteur Dominique Farrugia pour son livre autobiographique « Elle ne m’a jamais quitté ».

« Elle », c’est la sclérose en plaques avec laquelle il vit depuis ses 28 ans. 

Le réalisateur, producteur et hommé de télévision Dominique Farrugia le 22 novembre 2019 à Orléans (Loiret) (ERIC_MALOT / MAXPPP)

 

Dominique Farrugia, humoriste (Les Nuls avec Chantal Lauby, Bruno Carette et Alain Chabat), est aussi réalisateur, acteur, producteur de cinéma, dirigeant et producteur de la chaîne Comédie. Aujourd’hui, il devient auteur avec la sortie de son ouvrage autobiographique Elle ne m’a jamais quitté aux éditions Robert Laffont. Un récit poignant dans lequel « elle » n’est pas une femme, mais une maladie, la sclérose en plaques.

franceinfo : Elle ne m’a jamais quitté est une façon de parler du handicap et de sa perception dans la société, mais aussi un coup de gueule contre les gouvernements.

Dominique Farrugia : Il faut considérer une personne touchée par le handicap comme une personne normale. J’avais envie de parler dans ce livre, d’une part de ma maladie, la sclérose en plaques, premier cas d’invalidité chez les moins de 35 ans après les accidents de la route, mais aussi du handicap en général, visible ou invisible. En France, on oublie, c’est-à-dire qu’on aime faire la charité. Moi, je ne demande pas la charité, je demande l’égalité.

Vous auriez pu, voire dû, si vous aviez suivi l’envie de votre père, être musicien classique. Ça n’a pas été le cas, mais où est née votre envie de faire du spectacle ? Dans le bar-restaurant de vos parents, Le Verbier ? 

Je pense surtout que j’ai eu une enfance heureuse, mais on vivait à quatre dans 35 mètres carrés au-dessus du restaurant. J’ai eu envie de m’extraire de là où j’étais. Mes parents, qui étaient des gens extrêmement modestes, m’ont fait un cadeau immense. Il y avait une librairie près de chez nous et j’y avais un compte ouvert, je pouvais acheter autant de journaux et de livres que je voulais et je les en remercie, car ils m’ont permis d’accéder à une certaine culture.

Vos premiers pas, vous les faites à la radio et puis il y a Canal+.

C’est le premier jour du reste de ma vie. J’arrive en juillet 1984. Je découvre la cuisine de la télévision, c’est-à-dire ce mur d’écrans qui s’allume. Ces caméras qui se mettent en place. Et tout d’un coup, je me dis c’est peut-être là que je veux aller.

C’est une autre époque aussi. Vous êtes réquisitionné en permanence dans les couloirs pour faire des choses incroyables. Vous vous retrouvez dans une sorte de court-métrage avec Michel Jonasz. Vous vous retrouvez aussi à faire les chœurs sur C’est la ouate de Caroline Loeb. Vous apprenez un vrai métier, celui du spectacle.

Oui. J’apprends le métier du spectacle, mais en même temps, les années 80 étaient des années assez bénies, tout était encore possible.

« Je suis un mec qui a seulement le BEPC, mais j’ai pu apprendre sur le tas des tonnes de choses. »

Dominique Farrugia

à franceinfo

C’est la ouate (1986), c’est Philippe Chany qui en est le compositeur et un soir, dans un bar, on est en train de faire la fête tous les deux, il me dit : « Demain, tu viens à telle heure, on va faire les chœurs, on sera 30« . J’arrive, personne ne s’est levé et je suis un des seuls à être là. Et puis voilà, j’ai fait les chœurs. C’était extrêmement spontané, on ne se prenait pas la tête.

Il y a cette rencontre avec un garçon qui s’occupe de la météo, Alain Chabat. Coup de foudre ?

Oui, on se rencontre. Il a un magnétoscope tri-standard, c’est-à-dire que vous pouvez voir des cassettes américaines. Je l’ai trouvé super fort et je regardais des films chez lui, on s’est amusé. De fil en aiguille, un jour, il leur manquait un auteur et ils m’ont proposé de venir écrire avec eux. Ça a duré dix ans.

Ça s’appelait Les Nuls et ça s’arrête au moment de la mort de Bruno Carette. On sent que c’est toujours aussi lourd dans cet ouvrage.

Oui, parce que je ne savais pas qu’on pouvait mourir à 33 ans.

Dans votre livre, vous allez jusqu’au bout du bout puisqu’on apprend que vous avez pris de la cocaïne. C’était important pour vous d’être juste par rapport au miroir en face de vous ?

Mon père m’a expliqué : « Essaie de ne pas te couper en te rasant« , je porte la barbe, et ça voulait dire : « Regarde-toi dans la glace« . Moi, je veux essayer de me regarder dans la glace. Avec la cocaïne, j’ai fait une connerie, mais une vraie connerie ! Jusqu’au moment où j’ai dû arrêter et j’ai arrêté.

Pendant tout ce parcours, vous sentez que votre santé se dégrade. Vous avez des moments où il y a quand même des alertes et c’est grâce aux autres que vous allez enfin prendre la décision d’aller consulter.

Je ne savais pas ce que c’était et c’est le papa d’un de mes amis chers, Henri Delorme, qui m’a dit un jour : « Je t’ai vu marcher, ça ne va pas, tu devrais voir un neurologue« . Et là, je me suis dit, s’il le dit, c’est que ça doit valoir le coup. J’ai vu un neurologue, puis un autre. Et puis, au bout d’un an, on m’a diagnostiqué une sclérose en plaques.

« Le déni fait beaucoup partie de cette maladie qu’est la sclérose en plaques. On n’a pas envie d’être malade, donc on n’a pas envie d’entendre qu’on est malade. »

Dominique Farrugia

à franceinfo

D’ailleurs, quand on vous annonce que vous avez la sclérose en plaques, vous avez 28 ans et vous n’avez pas vraiment de réaction.

J’estime avoir eu de la chance de ne pas m’être laissé aller, d’avoir continué, d’avoir eu ce mantra qu’on m’a donné : « Tu traites ta maladie de deux façons. Ou comme une amie, tu te plains et tu restes au lit. Ou comme une ennemie, tu te lèves, tu marches et tu vas travailler« . J’ai gardé ça au fond de moi et je me suis battu jusqu’à aujourd’hui. Quelqu’un me demandait : « Qu’est-ce que tu fais le matin en te levant ? » J’essaie de voir comment je marche.

Vous continuez à avancer et après Les Nuls, il y a cette envie de réaliser, de vous tourner vers le cinéma. Que représente-t-il pour vous ?

Le cinéma, c’est ma vie ! Personne ne voulait produire mon film donc j’ai monté ma boîte de production et j’ai eu la chance de rencontrer des gens qui ne m’ont jamais vu comme un malade, mais comme un type normal.

Quelle est la suite ? Qu’est-ce qui vous donne envie ?

On m’a proposé, à 58 ans, de prendre la tête d’EndemolShine Fiction, devenue Shine Fiction aujourd’hui et c’est une nouvelle aventure. Je coproduis aussi une série à partir de la semaine prochaine, je me lance dans la série. Je trouvais qu’à 58 ans, avoir un nouveau challenge c’était formidable. Ça me plaît.

Source FRANCE INFO.

La surdité, handicap invisible : « On ne se rend pas compte à quel point cela peut être un calvaire »…

Nées malentendantes, Inès et Léa, originaires de Saint-Pierre-Église (Manche), nous racontent leurs difficultés quotidiennes.

Un calvaire parfois quand on a 16 et 19 ans…

Malendendantes de naissance, Léa et Inès, ici avec leur mère Isabelle, ont dû se rendre à Caen pour recevoir une éducation spécialisée au lycée.

 

Inès et Léa Morin-Colas, respectivement âgées de 16 et 19 ans, sont atteintes d’une surdité bilatérale progressive, maladie génétique. Cela signifie que leur audition, déjà d’une capacité de 60 % appareillée ,et 40 % sans appareil, risque de continuer à diminuer durant leur vie, voire de disparaître complètement.

Victimes de ce « handicap invisible », ces jeunes femmes de la Manche ont choisi de témoigner :

« Les gens ne se rendent pas compte à quel point cela peut être un calvaire. »

Inès et Léa

Les masques, « une catastrophe »

Léa a été appareillée dès l’âge de 3 ans.

« La première chose que ma fille m’a dite quand elle l’a mis, c’est : « Maman, les oiseaux chantent ! »

Isabelle Maman d’Inès et Léa

Cet appareil auditif coûte une fortune pour le petit budget familial : 4 000 €, remboursé 600 € par la mutuelle avant 20 ans, puis 200 €. Mais sans cet objet, impossible d’entendre l’environnement, les voitures, et même les conversations.

Il leur a fallu apprendre à lire sur les lèvres comme complément. Alors avec les masques, « c’est une catastrophe ».

Le matin, les deux sœurs ne peuvent pas entendre leur réveil. « Je le mets sous mon oreiller, il me réveille en vibrant et en faisant de la lumière », indique Léa. À leur domicile de Saint-Pierre-Église, les alarmes incendies sont toutes lumineuses et en réseau, sinon elles n’entendraient rien en cas d’urgence.

Harcelées au collège

Ce handicap a entraîné des complications durant leur scolarité, et notamment dans leur relation aux autres élèves. Léa confie avoir été harcelée au collège.

« Certains profitaient de ma surdité pour m’insulter, m’appelaient « la sourde » ou me disaient que je faisais semblant. Mais c’est surtout le regard des autres qui est compliqué. »

Léa

Pour ne rien arranger, « parfois les professeurs oubliaient la surdité ».

C’est seulement arrivées au lycée que la situation a pu s’améliorer. Mais il leur a fallu partir près de Caen, dans un lycée proposant une unité Ulis pour sourds ou malentendants. « Il n’y a pas ça dans la Manche. » Là, elles reçoivent le soutien d’un AVS (auxiliaires de vie scolaire), qui leur permet de suivre un parcours classique en apportant un soutien spécifique à leur handicap.

« On ne demande pas le bout du monde »

En plus de ce support, s’ajoutent quelques petits dispositifs « qui nous aident grandement ». Que ce soit l’installation de boucles magnétiques au théâtre, ou un dispositif Bluetooth relié à leurs appareils leur permettant d’écouter de la musique ou d’appeler leurs copines avec leurs téléphones. Ces mêmes copines qui font l’effort d’apprendre la langue des signes.

Car Inès et Léa ne bénéficient pas d’autres aides sociales mais, surtout, n’ont pas de carte d’invalidité.

« On ne demande pas le bout du monde ! Pas d’argent ! Juste une carte qui leur permettrait d’être identifiées facilement comme souffrant d’un handicap. »

Isabelle
Mais malgré toutes les commissions passées à la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) depuis des années, rien. Cette carte leur permettrait pourtant « de justifier à tout moment qu’elles ont un handicap. Aujourd’hui, il peut se passer n’importe quoi d’urgent, elles ne peuvent pas le justifier ! »

Source LA PRESSE DE LA MANCHE.

« Même avec un handicap on peut s’en sortir », témoigne un chef d’entreprise de Lunéville…

Victime d’une hémorragie méningée lorsqu’il était encore bébé, Romain Galasso a connu les difficultés de grandir avec un handicap.

Aujourd’hui chef d’entreprise à Lunéville, il veut montrer aux plus jeunes qu’il est possible de s’en sortir, à force de courage et de volonté.

oulousain d’origine, Romain Galasso est désormais à la tête de sa propre entreprise de communication visuelle, rue de la République à Lunéville. Photo ER /Adeline ASPER

Toulousain d’origine, Romain Galasso est désormais à la tête de sa propre entreprise de communication visuelle, rue de la République à Lunéville. Photo ER /Adeline ASPER

 

S’il avait écouté ce qu’on disait de lui lorsqu’il était petit, Romain Galasso ne serait pas allé bien loin. Victime d’une hémorragie méningée lorsqu’il était encore bébé, il a bien failli « y passer. Oui, j’ai failli mourir. J’ai été plongé dans le coma pendant plusieurs jours et j’ai été hémiplégique et paralysé sur tout le côté gauche jusqu’à mes 3 ans ».

Les soins de rééducation, les séances d’orthophonie et de kinésithérapie, il les connaît par cœur. « J’avais la cage thoracique rétractée et j’ai dû apprendre à bien respirer. J’ai été suivi jusqu’à mes 18 ans dans un centre spécialisé et comme le petit Lucas dont vous parliez dans le journal il y a quelques mois, j’ai aussi subi les moqueries des autres ».

Il crée son entreprise de communication visuelle

Pourtant, son handicap, Romain Galasso en a fait une force. « J’ai fait des stages dans des entreprises où le handicap n’était pas forcément pris en compte et j’ai vécu pas mal d’expériences compliquées dans le monde du travail, parce qu’au niveau de la motricité fine, je ne peux pas travailler aussi vite et aussi bien quelqu’un de valide. »

Après plusieurs expériences dans le Sud de la France, Romain Galasso est arrivé à Lunéville, pour rejoindre sa compagne. Depuis, il a créé une entreprise de communication visuelle « parce que c’est ce que je voulais faire. De l’art, de la culture, être mon propre patron aussi, travailler à mon rythme comme je l’entends. Et puis, être avec des gens qui m’acceptent comme je suis ».

« Je me suis beaucoup battu. Et j’ai trouvé des combines pour combler mes manques. » Romain Galasso

S’il a aujourd’hui 33 ans, cela ne fait pourtant que 5 ans que le néo-Lunévillois accepte son handicap. « Enfant, je ne pouvais pas escalader un mur et à 12 ans, j’avais encore les roulettes sur mon vélo. En sport, le dernier qu’on choisissait, c’était moi et à l’école j’étais en échec en physique et en mathématiques. »

Le théâtre l’a alors aidé à améliorer son élocution. Il passera un BEP comptabilité, un bac pro commerce international à Dublin et un BTS infographiste à Toulouse.

« Je suis aujourd’hui plus productif »

« Je me suis beaucoup battu. Et j’ai trouvé des combines pour combler mes manques. Alors oui, j’ai dû me battre mais je suis aujourd’hui plus productif et je veux montrer aux autres que même avec un handicap, on peut toujours s’en sortir. Il faut juste croire en ce qu’on veut et en ce qu’on fait. Peu importe ce que peuvent dire les gens. À partir du moment où tu as la volonté, tu peux renverser des montagnes. »

Et Romain Galasso de conclure : « Le pire des handicaps, c’est le handicap invisible. C’est tellement compliqué d’expliquer quelque chose qui ne se voit pas. Mais je le redis, il ne faut rien lâcher. Jamais rien. »

Source EST REPUBLICAIN.

Handicap invisible – Yann Saillour, policier de la BAC blessé en 2015 : « Une carrière, ça peut vite se terminer au cimetière »…

Deux semaines après le meurtre du brigadier Masson à Avignon, des milliers de policiers ont manifesté pour réclamer plus de sévérité contre « les agresseurs de forces de l’ordre ». Yann Saillour, policier lui aussi blessé sur le terrain, espère un durcissement des lois en cas de récidive.

Entretien.

Yann Saillour sensibilise les fonctionnaires de police aux dangers sur la voie publique au travers de son histoire

 

Cette mobilisation, lancée à l’appel des principaux syndicats de policier, a été déclenchée par la mort, coup sur coup, de deux agents ces dernières semaines. La première victime, Stéphanie Montfermé, a été poignardée dans les Yvelines le 23 avril. La seconde, c’est Eric Masson, tué à Avignon le 5 mai dernier, de deux balles tirées à bout portant.

Le dernier grand rassemblement pour réclamer un durcissement des lois qui punissent les « tueurs de flics », c’était en octobre 2015. Des milliers de policiers avaient alors manifesté sous les fenêtres du ministère de la Justice alors que l’un de leurs collègues, Yann Saillour, était plongé dans le coma. Il y restera plus de trois semaines. Six ans après, le brigadier devenu officier attend beaucoup de la mobilisation pour que les députés durcissent les textes de loi actuels contre les multirécidivistes et plus largement contre tous ceux qui n’ont plus peur de l’uniforme de la police ou de la gendarmerie.

Policier de la brigade anticriminalité de Saint-Denis (93), Yann Saillour a eu le malheur, en 2015, de se retrouver face à un braqueur multirécidiviste qui avait pris la fuite alors qu’il était en permission. Le tireur avait fait feu à trois reprises. La première balle s’était introduite dans le canon du propre revolver du policier. Une balle lui avait traversé la mâchoire, l’autre s’était logée dans sa tête. Les gestes de premier secours de ses collègues, et l’intervention des chirurgiens, lui avaient sauvé la vie. Le braqueur avait été abattu par les collègues de Yann Saillour, qui avaient répliqué aux tirs.

Yann Saillour s’en est donc sorti, mais à quel prix… Les mots pour décrire son enfer sortent désormais de sa bouche meurtrie avec fluidité. Mais cette facilité n’est qu’apparente. « C’est un handicap invisible« , confie Yann Saillour : le moindre stress déclenche des céphalées et des troubles cognitifs, à cause notamment de « cette maudite balle » logée dans un recoin de son cerveau. Un combat de tous les jours près de six ans après les faits, qu’il a confié à France Inter.

FRANCE INTER : Il y a deux ans lors d’une interview (accordée à nos confrères du Parisien), vous luttiez encore pour retrouver l’intégralité de vos facultés. En vous entendant parler normalement, on a l’impression que ça va beaucoup mieux…

YANN SAILLOUR : « Ce n’est pas tout à fait ça. En fin de compte, je souffre d’un handicap qualifié ‘d’invisible’. Tout va bien, mais quand on commence à creuser, il y a pas mal de déchets. J’ai beaucoup récupéré, il faut le reconnaître, mais j’ai encore beaucoup de troubles cognitifs : plus de trois informations simultanées et je me perds… Non, non, rien n’est comme avant. J’ai régulièrement des oublis et des migraines. En fonction du niveau d’anxiété, lié au stress de la vie courante, des soucis, tout de suite il y a des céphalées qui surgissent. »

Combien de temps il vous a fallu pour pousser à nouveau la porte d’un commissariat ?

« Il y a eu huit mois d’abord aux Invalides, et plus d’un an dans un hôpital de jour dans la banlieue de Caen. Deux ans au total de rééducation. J’ai repris le service en septembre 2017. »

Vous avez réussi à reprendre le travail, mais plus au sein d’une brigade anticriminalité.

« Non, ça c’est terminé, je ne peux plus mettre un pied dehors, sur la voie publique en fait. C’est impossible. Un truc tout bête : le fait de traverser la rue, pour moi c’est déjà compliqué. Alors me retrouver sur la voie publique, être armé et courir après des voyous… Ça c’est du passé. »

Ce qui s’est passé à Avignon récemment a dû vous secouer à nouveau…

« Ça fait remonter effectivement de mauvais souvenirs. Je sais qu’Eric avait mon âge, 36 ans, au moment des faits, donc je m’identifie pas mal à ce collègue décédé. Ça fait ressortir des choses, une grande tristesse, la douleur de la famille, je pense à ses deux filles. À l’époque j’avais déjà ma fille, la mienne avait six ans. Et je sais que les siennes grandiront sans leur papa.

Nous, c’est simple. Nous étions 13 fonctionnaires de police face à deux hommes qui venaient de faire un vol à main armée. On est 13 policiers, tous l’arme au poing. On va pour interpeller deux individus suspects qui se trouvent dans leur véhicule et l’un des deux sort et fait feu à trois reprises. Là, dans tous les cas, en tirant, il savait qu’il allait y avoir une riposte en face et qu’il allait être abattu. »

Et vous faites depuis de la formation pour les jeunes policiers en école à travers le pays… Vous avez créé un kit de prévention des risques en intervention.

« Oui, c’est une mallette pédagogique. Elle est incluse dans la formation des jeunes gardiens de la paix. Je sensibilise les fonctionnaires de police aux dangers sur la voie publique au travers de mon histoire et de mon parcours post-traumatique. Le but, c’est de provoquer un électrochoc en leur disant qu’on part à trois dans un véhicule et on revient à trois… De surtout garder le contrôle de leur intervention, de ne pas perdre pied. J’évoque aussi le stress en intervention. Je fais ça avec un collègue formateur sur la sécurité en intervention, justement. Il intervient sur la protection balistique, l’armement etc., tout ce qui n’est pas de mon domaine. »

Qu’est-ce que vous auriez envie de dire à vos jeunes collègues ?

« Qu’ils prennent soin d’eux. Une carrière, c’est long et ça peut vite s’arrêter. Ça peut vite se terminer au cimetière. »

La dernière fois que des milliers de policiers se sont rassemblés comme ce mercredi devant l’Assemblée Nationale, c’était après ce qui vous est arrivé.

« Oui, j’étais plongé dans le coma. C’était le 14 octobre 2015. J’ai été surpris a posteriori par l’ampleur du rassemblement mais j’ai compris ensuite que c’était par rapport à mon agresseur, à son profil violent, au fait qu’il se soit échappé lors de sa permission d’un jour, non surveillée et non accompagnée, pour un rendez-vous d’insertion en mairie (Wilston Blam avait pu en bénéficier parce qu’il avait  purgé plus d’un tiers de sa peine, ndlr) ».

Six ans plus tard, nouveau rassemblement contre le traitement judiciaire actuel des multirécidivistes, nouvelle colère.

« Oui, je sais que je n’étais pas le premier. Là, la preuve en est qu’on voit des collègues tomber à nouveau. Aujourd’hui, on le voit bien, un contrôle va vite déraper. Les contrôles, le nombre de refus d’obtempérer, maintenant on n’hésite pas à écraser un policier ou un gendarme. L’uniforme ne fait plus peur. Me concernant, si l’individu qui m’avait tiré dessus était resté en prison, eh bien ça ne serait jamais arrivé. Je ne serais pas handicapé maintenant. »

Vous vous êtes battu ces dernières années pour une indemnisation équivalente aux autres citoyens. Vous en êtes où ?

« Oui, je suis défendu par un cabinet d’avocats qui s’occupe essentiellement de préjudices corporels au vu de mon handicap. En fait, six ans après les faits,  je n’ai toujours pas été indemnisé par le fond de garantie, au prétexte jusque-là que je bénéficiais de la protection fonctionnelle. Le problème, c’est que la protection fonctionnelle pour les policiers est au final deux à trois fois inférieure à ce que permet la commission d’indemnisation des victimes d’infraction. On avait dû monter à Paris (en 2018) avec des délégués syndicaux et mon père, qui est un ancien officier de police, pour dénoncer ce traitement. Mais ça y est avec la loi de janvier 2019, les policiers peuvent enfin en bénéficier comme tout citoyen. Normalement ça devrait se débloquer pour moi vers le mois d’octobre cette année. »

Source FRANCE INTER.

Epilepsie : crises, échec scolaire, Dépakine… Laurène se livre sur son «handicap invisible»…

A l’occasion de la journée mondiale, Laurène Abramovsky nous raconte son quotidien de jeune femme épileptique et reviens sur son parcours, marqué par ce « handicap invisible ».

A 28 ans, elle a réussi le tour de force de décrocher un CDI d’agent d’accueil dans un cabinet d’avocat, et est correspondante locale de l’association Épilepsie France.

Epilepsie : crises, échec scolaire, Dépakine...  Laurène se livre sur son \

 

Pourquoi docteur – Comment votre épilepsie s’est-elle déclarée ?

Laurène Abramovsky – Ma pathologie s’est déclenchée quand j’avais un an. Suite à une méningite, je suis restée plusieurs heures dans le coma, avec un pronostic vital engagé (les médecins étaient très pessimistes). Finalement, je m’en suis sortie, mais j’ai gardé une séquelle épileptique.

La maladie a-t-elle eu des conséquences sur votre parcours de vie ?

Oui, beaucoup. J’ai eu de grandes difficultés scolaires, car j’avais des problèmes de mémoire et de concentration.

Une fois sur le marché de l’emploi, j’ai enchaîné les CDD, car les employeurs ne connaissent pas l’épilepsie. Dès qu’il y a une crise, ils sont très surpris et très anxieux.  Aujourd’hui, je suis agent d’accueil dans un cabinet d’avocat, en CDI.

Quel est aujourd’hui l’impact de l’épilepsie sur votre quotidien ?

Au niveau de la sphère professionnelle, mon épilepsie inquiète ma supérieure hiérarchique, qui est hypersensible. Je me demande même parfois si elle n’est pas plus inquiète que moi. Par ailleurs, je ne peux pas conduire. Dans les transports, j’ai toujours une petite carte artisanale pour informer les voyageurs de ma situation, au cas où j’ai une crise. Quand je sors d’un épisode, je n’ai pas toujours les mots.

Concernant ma vie de couple, mon conjoint avait déjà des amis en situation de handicap quand on s’est rencontré, donc il n’y a pas de soucis. Et comme cela fait longtemps que je souffre d’épilepsie, j’ai appris à vivre avec.

Quels sont les symptômes de votre maladie ?

Une crise d’épilepsie est une décharge au niveau du cerveau, provoquée par l’électricité qui circule dans le corps. Le livre intitulé « Un orage dans ma tête » résume bien ce que je ressens.

J’ai aussi des problèmes de concentration. Je fais beaucoup d’exercices pour entraîner ma mémoire au quotidien, je prends de la vitamine D et je fais  attention à dormir suffisamment toutes les nuits. Un mauvais sommeil augmente le risque de crises, de palpitations très désagréables au niveau du cœur et de spasmes.

Je précise qu’il y a énormément de types d’épilepsie. La durée, l’intensité et le nombre de crises par mois varient en fonction des personnes. Idem pour le niveau de dépendance.

Quel(s) traitement(s) suivez-vous actuellement ?

J’ai rendez-vous tous les mois pour augmenter la fréquence et la tension de mon VNS (petit dispositif médical placé sous l’aisselle gauche, relié au nerf vague et au cerveau), pour lequelle je me suis faite opérée en novembre dernier. Je prends par ailleurs un cachet de Lamictal et une dose de Vimpat matin et soir.

Avant cela, j’ai essayé beaucoup d’autres médicaments, sans succès (je suis notamment passée par la fameuse Dépakine*). Ils étaient soit inefficaces, soit générateurs d’effets secondaire trop lourds à supporter. C’est d’ailleurs cela qui m’a décidé à me faire opérer. Aux grands maux, les grands remèdes.

A quoi sert le NVS (acronyme de « vagus nerve stimulation »), que vous venez d’évoquer ?

Quand le NVS sent venir la crise, il équilibre la tension et la stoppe. Grâce à ce dispositif, je fêterai mercredi prochain mon premier mois sans crise depuis de nombreuses années. Je m’accorde encore quelques semaines avant de crier victoire, mais je pense être sur le chemin la stabilisation.

Y a-t-il selon vous des choses à améliorer concernant l’épilepsie en France ?

Il faudrait que l’épilepsie soit mieux connue de grand public – on parle d’ailleurs de « handicap invisible ». Lorsque je fais des crises, il y a très peu de passants qui les reconnaissent et savent comment réagir.

A ce propos, comment faut-il réagir face à une crise d’épilepsie ?

La première chose à faire, c’est d’éviter la chute, en accompagnant la personne par terre, puis en la plaçant en PLS. Il faut aussi éloigner tous les objets dangereux du patient (coupants, brulants, etc…).

Une crise d’épilepsie peut se manifester via des absences, des secousses, des cris… Mais c’est toujours au cas par cas.

Sentez-vous venir les crises ?

Oui. Avant mon opération, j’en avais à peu près trois ou quatre par mois. Toujours pendant la journée, jamais de nuit.

L’épilepsie impacte-t-elle vos éventuels projets d’enfants ?

Nous voulons des enfants avec mon conjoint, donc je ne ferme pas la porte à une future grossesse, même si elle devra être surveillée de très près par mon gynécologue et mon neurologue. On a tous été échaudés par le sandale sanitaire de la Dépakine.

*médicament accusé de provoquer des malformations chez les enfants exposés pendant la grossesse. 

Source POURQUOI DOCTEUR.