Saint-Lô. Emploi et handicap : convaincre les entreprises…

L’Adapt Manche a invité des entrepreneurs, au conseil départemental, mercredi 17 novembre 2021. Pour les sensibiliser à l’emploi des personnes handicapées.

Afin d’oser passer du stage à l’embauche.

Sabrina Lecluse, adjointe de direction IEM, Elise Moure, adjointe de direction à l’Adapt, Isabelle Lebreton, conseillère en insertion professionnelle, certaines des chevilles ouvrières de la journée auprès d’employeurs, du stage à l’emploi des personnes handicapées.

Sabrina Lecluse, adjointe de direction IEM, Elise Moure, adjointe de direction à l’Adapt, Isabelle Lebreton, conseillère en insertion professionnelle, certaines des chevilles ouvrières de la journée auprès d’employeurs, du stage à l’emploi des personnes handicapées.

« Dans le cadre de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, L’adapt Manche (Association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées) et l’IEM (Institut d’éducation motrice) de Saint-Lô ont proposé une session auprès d’employeurs. Afin de les sensibiliser, les informer et les conseiller à passer du stage à l’embauche », expliquent Sabrine Lecluse, adjointe de direction à l’IEM de Saint-Lô, et Isabelle Lebreton, conseillère en insertion professionnelle.

« Employeurs, vous n’êtes pas tout seuls »

« Nous avons convié à l’hôtel du Département des industriels, la grande distribution, des services pour expliquer comment s’y prendre pour faire de jeunes adultes handicapés stagiaires de véritables salariés. » Beaucoup d’entreprises ignorent trop souvent les différents dispositifs qui existent pour accompagner la personne handicapée en stage mais aussi une fois embauchée.

« Il existe des aides financières bien sûr mais aussi des personnes qualifiées et habilitées à épauler la personne handicapée tout comme son employeur. » Cette rencontre a été voulue « pour démontrer aux futurs employeurs qu’ils ne sont pas tout seuls », assure Isabelle Lecluse.

Des CV numériques en vidéo

« Il faut savoir se donner du temps pour permettre à la personne handicapée et future salariée de s’intégrer, de s’adapter, de trouver ses marques dans l’entreprise : les personnels dans nos services sont là pour faciliter l’ensemble de la démarche. »

Un employeur de bonne volonté ne devrait pas hésiter « parce qu’il ne se sent pas capable de faire face au handicap. Nous, ce que l’on souhaite, c’est que la personne handicapée stagiaire voie son stage déboucher sur un véritable emploi. » Certains handicapés se sont mis aussi aux CV numériques, façon, face caméra, de faire connaître leur parcours et leurs ambitions sans entraves et sans gêne.

« Un profil sur You Tube ou Vimeo, c’est une façon aussi de désamorcer un a priori que l’employeur peut avoir en lisant un CV sur papier. Avec un CV numérique, il est quasiment face à la personne handicapée », explique Elise Moure, adjointe de direction à l’Adapt.

Un taux de chômage plus important

Elle poursuit : « Aujourd’hui, on explique tous les dispositifs existants pour faciliter et garantir une embauche. On veut faire tomber les craintes des employeurs qui auraient peur de ne pas savoir comment s’y prendre. » Avec des témoignages concrets de stagiaires et travailleurs handicapés.

Comme celui de Benjamin, 35 ans, souffrant d’une déficience intellectuelle qui a connu un parcours du combattant stagiaire, avant de trouver sa place sur le marché du travail. « Aujourd’hui, il est aide cuisinier au collège Lavalley, est parvenu à sécuriser son emploi, a gagné en autonomie et a une vie sociale. » Il est nécessaire que d’autres employeurs se mobilisent afin de permettre que ce qui a été possible pour Benjamin le soit pour d’autres jeunes handicapés en recherche d’emploi. Car le taux de chômage des personnes atteintes d’un handicap est deux fois plus important que celui des autres travailleurs en France.

Source OUEST FRANCE.

Jeune mayennais en situation de handicap, Dimitri raconte son parcours face à l’emploi…

A l’occasion de la 25e édition de la semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, rencontre avec Dimitri, un jeune en situation de handicap qui va signer un CDI.

Dimitri Besnard travaille dans un élevage caprin.

 

La 25e édition de la SEEPH (Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées), qui se déroule du lundi 15 au dimanche 21 novembre 2021, est dédiée à la jeunesse en situation de handicap face à l’emploi. Dimitri Besnard est un jeune Mayennais qui, accompagné par Ladapt de Pontmain, a décroché un CDI.

Chez un éleveur caprin

Dimitri Besnard, originaire de Lignières-Orgères, a 29 ans. Le jeune homme souffre d’un handicap qui se manifeste par des tremblements peut-être liés à des troubles neurologiques. Ce handicap n’a pas entaché sa motivation, son souhait ayant toujours été d’évoluer dans un monde professionnel classique.

« J’ai fait ma 6e et ma 5e au collège. Après j’ai été 6 ans à Hérouville-Saint-Clair, à l’IEM (institut d’éducation motrice), et je suis arrivé à l’Esat de Pontmain en menuiserie le 1er novembre 2010. »

Des problèmes de dos vont un peu freiner son élan.

« Mais je n’ai pas lâché ! »

Ladapt, qui avait été contactée par un éleveur caprin de Pontmain ayant des besoins sur son exploitation, lui propose un stage en mars 2016. Dimitri Besnard ne le sait pas encore mais cet éleveur, Vincent Bourdon, deviendra son employeur. Un CDI devrait être signé au plus tard le 1er mai 2022.

Il forme les remplaçants

Le bilan de son 1er stage a été « très positif ». « Après, on a lancé une mise à disposition », explique Dimitri Besnard qui assurait alors « la préparation de la salle de traite, la traite, le nettoyage », de 7h à 9h.  Le reste de la journée, il retournait en menuiserie. L’arrivée du jeune homme sur l’exploitation n’a demandé aucun aménagement spécifique à l’employeur :

« On a juste évalué de manière commune avec l’exploitant le niveau de fatigabilité de M. Besnard et donc un temps de travail qui lui permette de poursuivre cette activité professionnelle. On a aussi mis en place des outils sur support informatique pour qu’il soit beaucoup plus autonome sur son poste et notamment sur tout ce qui va être transmission » d’informations.

Nicolas Reconneille Chargé de soutien et chargé d’insertion professionnelle à Ladapt

Ladapt a ouvert une section hors les murs le 1er janvier 2020. Depuis cette date, Dimitri intervient uniquement sur l’exploitation et peut, si besoin, la gérer seul, « sauf la partie administrative ».  Il forme même les personnes qui viennent en remplacement.

« C’est vraiment le bras droit de l’exploitant. »

Nicolas Reconneille

Afin de pouvoir conduire les télescopiques et le tracteur, Dimitri va aussi partir en formation pour passer son permis Caces. Nicolas Reconneille admet que certaines entreprises ont encore de nombreux freins.

« Mais de mon point de vue, les aides financières sont l’un des premiers leviers, ainsi que l’accompagnement médico-social en entreprise. Le fait d’avoir une personne qui peut intervenir dans l’entreprise a un côté rassurant et sécurisant pour les équipes de travail et les managers. »

Nicolas Reconneille

Il rappelle que Ladapt accompagne des personnes « dans un projet réaliste et réalisable du côté de l’employé et aussi de l’employeur. Il y a toujours des solutions dès lors qu’il y a des bonnes volontés des deux côtés ».

Pour Dimitri, le CDI, « c’était un rêve inatteignable à l’époque. C’est un aboutissement en soi ».

Des événements organisés

Tout au long de cette semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, des évènements sont organisés sur l’ensemble du département de La Mayenne, afin de mettre en lumière des actions en faveur de l’emploi des personnes en situation de handicap, mais aussi pour sensibiliser différents publics à la thématique du handicap en milieu professionnel.

Ce rendez-vous 2021 mobilise tous les acteurs locaux de l’insertion des personnes en situation de handicap.

Le site de Ladapt de Pontmain (association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées) ouvrira ses portes. Cap Emploi 53 et la mission locale 53 proposeront quatre ateliers de confiance en soi et de valorisation des compétences avec un bilan final (sur inscriptions au 02 43 56 66 63). Un Handicafé sera organisé par Id’ées Interim pour favoriser les rencontres employeurs et demandeurs d’emploi en situation de handicap (inscription au 02 43 12 25 35), ainsi qu’un petit-déjeuner Entreprises à Ladapt de Pontmain avec le témoignage d’un entrepreneur local sur son expérience avec l’Esat.

Des ateliers rencontres avec les référents handicap auront aussi lieu sur le site de l’Urma 53 afin d’échanger sur l’accueil des apprenants en situation de handicap, sans oublier les actions en faveur de l’apprentissage de l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées) et du FIPHFP (fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique).

Source ACTU / LE COURRIER DE LA MAYENNE.

Une recherche d’emploi plus longue et compliquée pour les jeunes en situation de handicap…

Si les jeunes en situation de handicap partagent les mêmes aspirations que l’ensemble des jeunes, ils restent confrontés à des discriminations et des freins à l’embauche importants. 

Le travail est considéré comme une condition de réussite de la vie personnelle pour 84% des jeunes en situation de handicap.

 

Quelques semaines avant le lancement de la 25e édition de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, l’ Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées (AGEFIPH) a mené une enquête avec l’Ifop sur les conditions d’accès à l’emploi des jeunes en situation de handicap et les représentations du handicap au travail chez les jeunes.

Une jeunesse impliquée dans le monde du travail

L’accès à l’emploi représente un élément déterminant pour l’inclusion des jeunes en situation de handicap dans la société. Le travail apparaît en effet comme une condition de réussite de la vie personnelle pour 84% des répondants. Toute une série de facteurs sont pris en compte dans le choix des offres ou des entreprises comme la localisation géographique (68%) ou bien la question de l’équilibre vie personnelle / vie professionnelle (65%).

Éric Blanchet, président de LADAPT, association engagée pour la citoyenneté des personnes handicapées, relève des avancées notables en faveur de l’insertion professionnelle et salue le rôle central joué par les associations pour permettre un accompagnement vers l’emploi. « Il faut permettre à la jeunesse d’avoir le choix dans la vie et de trouver une place dans la société. Le parcours vers l’emploi commence à se structurer. Notre responsabilité c’est de soutenir et d’accompagner ces jeunes », explique-t-il.

Néanmoins, ces derniers sont prêts à faire des concessions, notamment financières, pour décrocher un emploi. La question de la rémunération représente un élément déterminant pour seulement 36% des répondants, soit sept points de moins que pour les autres.

Un difficile accès à l’emploi

L’accès à l’emploi se révèle particulièrement long pour les jeunes en situation de handicap. L’enquête montre que leur dernière recherche a duré en moyenne près de 7,6 mois, soit presque deux fois plus longtemps que l’ensemble des jeunes. Plus de la moitié des répondants déclare que la recherche d’emploi a été compliquée.

Parmi les problématiques, celle du nombre d’offres correspondant au profil du candidat dans sa région ou bien dans son secteur, mais aussi le manque d’information sur les entreprises qui recrutent dans leur secteur.

Les jeunes dissimulent leur handicap

Parler du handicap dans la sphère professionnelle est-il un sujet tabou ? 57% des répondants ont tendance à évoquer les besoins spécifiques liés à leur handicap aux recruteurs et seulement un tiers des jeunes consentent à indiquer leur situation dans le CV. De plus, 71% des jeunes handicapés craignent de rencontrer des difficultés d’intégration lors de leur arrivée dans l’entreprise.

« Il est important que les jeunes osent parler de leur handicap et de leurs besoins, c’est un enjeu majeur. Il faut qu’on améliore l’accompagnement dans l’entreprise », avance Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées.

Adéquation entre le poste occupé et le profil

Si la recherche d’emploi est définitivement plus compliquée, 84% des jeunes handicapés affirment que leur poste actuel est en adéquation avec leur niveau de qualification (6 points de plus que la jeunesse en général) mais aussi leur projet professionnel.

« Ces résultats sont très encourageants. Quand les jeunes poussent la porte de l’entreprise, ils se sentent bien. Mais il faut encore travailler sur la mobilité et leur dire que c’est possible », poursuit Sophie Cluzel.

Un accompagnement vers le premier emploi

Tremplin Handicap accompagne des lycéens et étudiants tout au long de leur parcours d’études jusqu’à leur premier emploi. Christian Grapin, directeur de l’association, fait également le constat que l’insertion professionnelle n’est pas une mince affaire. « Pendant les études, ils rencontrent énormément de difficultés à trouver un stage ou une alternance. Cette première confrontation avec le monde professionnel ne les encourage pas à persévérer. »

L’association bénéficie d’un réseau de plus de 150 entreprises partenaires. Mais il arrive que les jeunes postulent dans d’autres entreprises et ne parlent pas systématiquement des aménagements dont ils ont besoin. « Ils ne veulent pas être plus fragilisés qu’ils ne le sont déjà et vont tout faire pour ne pas être stigmatisé. Tant que la société ne montrera pas qu’elle est en capacité d’écouter, la personne handicapée se taira. »

Source L’ETUDIANT.