Sa fille est diagnostiquée autiste, elle crée une école pour accueillir les enfants atteints de troubles de l’apprentissage…

Félicie Petit est directrice de « Mon école extraordinaire », à Annecy-le-Vieux.

Une école « parenthèse », qu’elle a créée il y a 7 ans.

Sa fille est diagnostiquée autiste, elle crée une école pour accueillir les enfants atteints de troubles de l'apprentissage

 

Elle répond au besoin des parents qui, comme elle, doivent gérer le quotidien d’un enfant qui rencontre des difficultés dans son apprentissage. Elle raconte son expérience positive sur le plateau de « Vous êtes formidables » sur France 3

C’est une école pas comme les autres. Félicie Petit est directrice de « Meeo », qui signifie « Mon école extraordinaire ». Son but est d’accompagner des élèves, souffrant de troubles du neuro-développement, et ayant du mal à suivre une scolarité classique. Elle leur offre une sorte de parenthèse dans leur cursus scolaire, dans l’idée de leur permettre de retrouver, le plus rapidement possible, une école plus classique.

Félicie a créé cette école à Annecy-le-Vieux, il y a 7 ans. C’est là qu’elle est née. Mais c’est plutôt à Thônes, en Haute-Savoie, qu’elle situe le véritable début de sa vie. « Pour moi, c’est le lieu de la renaissance, même si j’y habite depuis très peu de temps. C’est la petite ville « cocon », idéale pour élever mes quatre jeunes ados », explique cette maman.

Elle définit elle-même son parcours « d’assez chaotique », avec un brin d’humour. « J’ai eu du mal à me trouver. Dans certains pays, on dirait plutôt que c’est un parcours assez riche », ajoute-t-elle. « Les principales étapes en ont été la philosophie, l’histoire de l’art, du commerce et de la décoration d’intérieur, et me voici aujourd’hui directrice d’école. Avant la création de cette école, j’étais vraiment en recherche de sens. Aujourd’hui, je mets à profit tout ce que j’ai pu apprendre».

C’était mon premier enfant. Et je voyais bien que la connexion mère-enfant ne se faisait pas de manière ordinaire.

C’est Brune, sa fille, qui lui a inspiré la création de Meeo. Brune est autiste. Elle a été diagnostiquée « Asperger » à l’âge de 6 ans et demi. Félicie se souvient parfaitement des symptômes. « Ma fille avait la possibilité de parler, de s’exprimer, mais n’utilisait pas le langage pour communiquer. Elle présentait des intérêts restreints et des stéréotypies, c’est-à-dire des gestes ou des paroles répétitives. »

Mais elle n’a pas attendu de voir ces symptômes pour comprendre que quelque chose n’était pas normal. « En fait, je l’ai compris dès sa naissance. C’était mon premier enfant. Et je voyais bien que la connexion mère-enfant ne se faisait pas de manière ordinaire. » Elle regrette, toutefois, que la médecine, même si elle a accompli des progrès, ne soit pas plus efficace en terme de dépistage. « Un diagnostic à presque 7 ans, c’est beaucoup trop tardif. On sait aujourd’hui qu’en termes d’autisme, une prise en charge précoce est extrêmement efficace. »

Comme pour beaucoup de parents confrontés à ce problème, le parcours pour réaliser ce diagnostic a été complexe. « Et surtout très douloureux. On passe par des phases psychiatriques, où la mère est largement remise en cause dans ses fonctions parentales. C’est malheureusement encore très ancré dans le système de pensée française. »  Avec le recul, Félicie estime que la France a trente ans de retard dans ce domaine. « Plus tard, j’allais me rendre compte de tout ça. Mes recherches m’ont porté vers le Québec ou la Belgique, où on agit depuis 20 à 30 ans. »

Quinze mois après, sa petite sœur vient au monde et, vraiment, le fossé se creuse

Une des étapes marquantes a été l’entrée de son enfant à l’école, à l’âge de 3 ans. « Ce fut le choc des cultures. Je me rendais compte que mon enfant ne grandissait pas de manière ordinaire. Quinze mois après, sa petite sœur vient au monde et, vraiment, le fossé se creuse. Déjà, à la crèche, on m’a un peu alerté. Brune restait à l’écart, était mal à l’aise dans le bruit et l’agitation. »

Des signes forts qui ont poussé ses parents à aller consulter des spécialistes. Très vite, Brune a montré des signes de souffrance à l’école. « Elle ne pouvait pas y aller à plein-temps. Elle n’avait pas acquis la propreté, devait beaucoup dormir à cause de l’épuisement lié au temps passé avec d’autres enfants », commente sa maman.

Il se produit alors une chute et là, l’enfant n’est plus du tout capable d’aller à l’école

Pour Félicie, l’autisme a besoin d’une prise en charge singulière. « Il faut des professionnels formés. Tant au niveau sensoriel, que celui de l’accompagnement au quotidien dans l’autonomie… tout cela ne s’invente pas. Ce sont des enfants qui nécessitent un rythme particulier, avec des outils spécifiques. » Pas forcément possible dans une école traditionnelle. « En tout cas, pas pour tous les enfants », précise-t-elle.

Les cas diffèrent souvent en fonction des individus. « Il y a parfois des enfants autistes qui décompensent. Ils ont tenu bon dans le système ordinaire, et, tout à coup, n’en peuvent plus affectivement, socialement, et au niveau sensoriel, ou de leur énergie. Il se produit alors une chute et là, l’enfant n’est plus du tout capable d’aller à l’école », précise Félicie.

"Cette école sert aussi à cela, au-delà de l’accueil des enfants. Montrer aux parents qu’ils ne sont pas tout seuls, qu’ils sont formidables", explique la directrice

Mis à l’écart, ces enfants peuvent être dévalorisés. A l’école Meeo, les enfants qui sont accueillis sont parfois autistes, ou présentent des troubles des apprentissages, comme la dyslexie, le dysorthographie, l’hyperactivité, les HPI. « Dans le milieu scolaire traditionnel, ils finissent par craquer. Le résultat n’est pas à la hauteur de leurs efforts. Et, à un moment, ils n’en peuvent plus. »

Un enfant n’est pas qu’un élève. C’est avant tout… un enfant.

Une phase de rupture se met en place. « L’estime de soi est en chute libre et c’est un cercle vicieux. Toute la vie de l’enfant est impactée par cette difficulté scolaire. » Félicie Petit estime que des changements sociétaux importants sont nécessaires pour ces enfants. « Un enfant n’est pas qu’un élève. C’est avant tout… un enfant. Il doit retrouver sa place d’enfant », rappelle-t-elle.

Ce sont des éponges émotionnelles qui ont besoin d’un amour incommensurable

Face à ces situations, les parents sont démunis. « Ils n’ont pas de réponses à leur questions sur le plan médical. Ils constatent que leur enfant est en souffrance au niveau scolaire » Et le problème va au-delà de l’école. « On rencontre de grosses difficultés à trouver des organismes pour les accueillir pour faire du sport et d’autres activités. Ce qui s’explique par les difficultés à entrer en contact avec les autres. Ces parents ont besoin d’être aidés. »

Félicie Petit n’a pas hésité. Elle a pris la décision de créer une école adaptée à la situation de sa fille, pour une raison formidable : « Ce sont des enfants qui vous subliment en tant que parent. Ils nécessitent un amour inconditionnel, puisqu’ils ne répondent pas aux sollicitations que l’on fait à d’autres enfants. Ce sont des éponges émotionnelles qui ont besoin d’un amour incommensurable. »

Cela a été un cataclysme dans ma vie

Elle évoque le cas de Brune, sa fille. « Elle est passée par toutes les étapes. D’abord dans une école classique où les personnels ne savaient pas comment s’y prendre pour l’accompagner. Puis on a fait l’école à la maison, n’ayant pas le choix. Et un matin, elle se lève, voit ses frères et sœurs partir à « leur » école, et me dit : j’aimerais tellement redevenir une petite fille. Cela a été un cataclysme dans ma vie. » Paradoxalement, c’est aussi l’événement qui l’a poussée à se lancer.

Elle fonde une école « parenthèse »

Elle raconte avoir mené « tambour battant » son combat pour monter une « autre » école. « On ne réfléchit pas une seconde aux barrières qui peuvent exister. Et heureusement. Plus on avance, plus on gagne en énergie, plus on rencontre des gens formidables

De surcroît, l’expérience lui a permis de trouver de la solidarité. « Cela brise cette intense solitude. Cette école sert aussi à cela, au-delà de l’accueil des enfants. Montrer aux parents qu’ils ne sont pas tout seuls, qu’ils sont formidables. Que leurs enfants sont extraordinaires, avec des flammes de vie à l’intérieur et une envie de vivre intensément. »

"On a des enfants avec autisme qui ont des difficultés dans la relation, qui sont largement nourris par d’autres enfants à haut potentiel, qui ont une empathie débordante et besoin de l’utiliser à bon escient"

Meeo a été créée en 2015, et a pu ouvrir ses portes en 2016, après 9 neufs mois de gestation intensive. « La mairie d’Annecy-le-Vieux a été extrêmement réceptive à ce projet. Le nerf de la guerre, c’était de trouver un local et des fonds», se souvient la directrice.

Elle a eu aussi la surprise de constater une mobilisation spontanée. « Les familles et les professionnels sont arrivés tout seul. Dès qu’ils ont su que le projet se créait, ces professionnels hors normes nous ont rejoint.» 16 familles ont participé au lancement de l’école.

Ces élèves redeviennent uniquement les enfants de leurs parents. Ces derniers n’ont plus à courir partout.

Dans cet établissement, les enfants, âgés de 6 à 16 ans, sont accueillis avec des difficultés différentes. Ils concernés par des troubles de l’apprentissage, l’autisme, de la coordination, de précocité intellectuelle. Mais Meeo ne remplace pas l’école classique. « C’est un modèle totalement innovant qui utilise différents outils, et qui marche main dans la main avec l’Education nationale, pour ces enfants qui sont en rupture dans leur parcours scolaire. » L’institution est d’ores et déjà reconnue par l’Agence régionale de santé, qui apporte une aide pour financer les séjours.

Quelques 50 élèves y sont répartis en deux groupes, soit les équivalents du primaire et du collège. « La prise en charge est pluridisciplinaire, avec des enseignants, des éducateurs et des professionnels de santé, expert en ergothérapie, psychologie, pédiatrie, etc…» précise Félicie.

« L’idée est de répondre au besoin global de ces enfants. La démarche, calquée sur mon expérience personnelle avec ma fille, c’est que ces élèves redeviennent uniquement « les enfants de leurs parents ». Ces derniers n’ont plus à courir partout. Ma fille allait 6 heures par semaine à l’école. Le reste du temps, je me retrouvais coordinateur de sa vie pour qu’elle ne manque de rien… »

Rester dans la « haute-couture »

Dans « mon école extraordinaire », les règles ne sont pas figées. Les enfants restent le temps nécessaire. « C’est vraiment eux qui nous donnent les signaux. Les enfants sont naturellement formatés pour vivre avec les autres. Dans la vie, personne n’est demandeur pour se retrouver à côté du système. »

Pour son retour à l’école traditionnelle, tout est coordonné avec les parents et les équipes. Puis l’enfant fait l’objet d’un suivi, s’il en exprime le besoin. « Mais c’est un peu comme avec les ados… Souvent, ils ne souhaitent pas regarder en arrière. Et c’est bon signe. Cela veut dire qu’on a bien fait notre boulot. »

Sept ans après l’ouverture, la demande est forte, et il faudrait, en réalité, pouvoir accueillir le double de la capacité actuelle. Mais Félicie n’y tient pas forcément. « Notre souhait est vraiment de rester dans la haute-couture » résume-t-elle. A ce jour, le bilan semble positif.

« C’est vraiment un système gagnant-gagnant. On a des enfants avec autisme qui ont des difficultés dans la relation, qui sont largement nourris par d’autres enfants à haut potentiel, qui ont une empathie débordante et besoin de l’utiliser à bon escient. C’est un microcosme qui montre que l’inclusion est possible. Vivre ensemble, c’est possible. »

Source FR3.

Autisme. Un handicap qui a des conséquences sur toute une famille…

À La Ferté-Gaucher, Stéphanie, mère de trois enfants, a vu sa vie être bouleversée par le handicap de sa dernière et unique fille, Lucie, trois ans, atteinte d’autisme.

Stéphanie veut sensibiliser sur l'autisme, dont est atteint sa fille.

 

Lucie, trois ans, a été diagnostiquée autiste fin novembre 2021. Même si elle s’en doutait depuis ses 18 mois, cette annonce a été vécue « comme un tsunami » par sa mère Stéphanie Meesemaecker. Pourtant, des signes avant-coureurs étaient déjà remarquables dès ces premiers mois : « Elle avait des intérêts restreints et des routines, ne jouait à aucun jeu, ni avec les autres enfants. Elle avait des gros troubles sensoriels : bouchait ses oreilles, roulait des yeux et n’aime pas être touchée… », raconte Stéphanie.

Une incompréhension et un jugement permanent

Alors que la plupart des enfants de son âge sont entrés en première classe de maternelle en septembre, Lucie reste auprès de sa mère, tous les jours. Secrétaire, Stéphanie a donc été contrainte de quitter son travail. Son mari essaie aussi de l’épauler en télétravaillant souvent depuis leur domicile.

Malgré la compréhension de simples consignes par leur fille, les parents de Lucie sont, de leur côté, inquiets par leur propre ignorance de ses troubles et regards. Encore aujourd’hui, elle ne communique qu’avec son corps. « Les regards des autres sur le handicap invisible de leur sœur sont aussi difficiles à vivre pour mes deux fils. » Ses frères ont déjà du mal à la comprendre : elle ne leur parle pas.

Lucie a donc commencé la méthode Makaton, une approche multimodale qui superpose plusieurs canaux de communication (parole, signes empruntés à la Langue des Signes Française, pictogrammes et langage écrit).

Une inclusion difficile

La jeune fille est aussi suivie trois fois par semaine par une éducatrice, une psychomotricienne et une psychologue du centre d’action médico-social précoce (CAMSP). Ce centre la suivra jusqu’à ses six ans. Une réunion de préparation à l’inclusion dans une école publique aura lieu mi-avril et cette psychologue sera présente. La future maîtresse et le médecin de l’éducation nationale aussi.

Ce 14 janvier, Éric Zemmour estimait qu’« il faut des établissements spécialisés pour la scolarisation des enfants handicapés, sauf pour les gens légèrement handicapés, évidemment. » La mère de Lucie estime que le candidat à la présidentielle n’a pas tort. En effet, celui-ci a décrit des « cas, réels, plus nombreux qu’on ne le dit, où c’est une souffrance pour ces enfants, et a ajouté, je ne veux pas que l’obsession de l’inclusion nous prive et nous conduise à négliger la nécessité d’établissements spécialisés. » Totalement concernée par ces propos, Stéphanie dénonce, comme le candidat, le « manque réel d’associations et de structures. »

Manque de structures

Malgré deux adolescents de 16 et 12 ans, et leur fille de trois ans, le pouvoir d’achat n’est pas un problème pour la famille fertoise, qui bénéficie de l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH)

Si l’autisme est reconnu, notamment par sa journée mondiale de sensibilisation, qui a lieu ce 2 avril, Stéphanie estime qu’on en parle trop peu alors « qu’un enfant sur cent en est touché dès la naissance », rappelle-t-elle. La mère de famille souhaite changer le regard des gens sur ce handicap invisible, notamment par des groupes de paroles et de sensibilisation. Actuellement, seul Facebook lui permet de partager sa vie et celle de sa fille.

Elle décrit aussi le calvaire administratif et un manque d’organismes : « Il y en a beaucoup et les délais sont très longs pour avoir une place dans un institut médico-éducatif (IME) et dans un service d’éducation spécialisée et de soins à domicile (SESSAD). Il faut attendre des années. » Cela inquiète la Fertoise même si, pour l’instant, sa fille reste prise en charge par le CAMSP jusqu’à ses six ans.

Habitante de La Ferté-Gaucher, elle aimerait qu’il y ait plus de pôles autisme d’unités d’enseignement en maternelle (UEMA). Si sa fille n’a pas les capacités pour être acceptée dans une école classique, Stéphanie devra parcourir une heure de route jusqu’à Serris, où se trouve l’UEMA le plus proche.

Source ACTU.FR

Loire-Atlantique. Handicap : ce long combat pour que leur fils soit davantage accompagné…

A Gorges, ces parents déplorent l’accompagnement insuffisant accordé à leur fils handicapé.

Ils ont attaqué la Maison départementale des personnes handicapées.

Les praticiens que le petit garçon cotoie prescrivent des heures d'accompagnement supplémentaires, ce que refuse la maison départementale des personnes handicapées.

 

Peu effectuent un recours juridique. Souvent, ces parents d’enfant porteur de handicap, décontenancés, gardent leur colère pour eux. Cette famille de Gorges n’a pas voulu en rester là.

Fin mars, elle contestait donc, au palais de justice, le refus par la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH)  d’octroyer trois heures d’accompagnement hebdomadaire supplémentaire à son auxiliaire de vie scolaire (appelé désormais AESH pour accompagnants des élèves en situation de handicap).

Un dossier qui nous prend du temps. Bien plus que trois heures. C’est bien simple, l’administration est plus handicapante que la maladie de notre fils.

s’agace la maman de ce garçon de 6 ans scolarisé à l’école publique de Gorges.

Atteint du syndrome Weidmann-Steiner, maladie orpheline, depuis sa naissance, cet élève de CP enregistre un retard de croissance, du développement moteur et mental.

3 heures de soutien en plus

« En classe et dans la cour, il a besoin d’aide et d’une surveillance particulière », confirme sa maman. Depuis son entrée à l’école, une auxiliaire de vie scolaire intervient à raison de six heures hebdomadaires. « Déjà, il avait fallu attendre la fin du premier trimestre de la petite section, après avoir tapé du poing sur la table auprès de la députée, pour qu’une personne soit nommée, se souvient celle qui est auxiliaire puéricultrice. Aujourd’hui, ce temps octroyé de 6 heures, étalé sur 4 jours de classe, n’est plus suffisant. Autant en maternelle, les enfants sont dans la sociabilisation ; autant en primaire, ils sont dans les apprentissages. Cela demande davantage de soutien notamment pour tout ce qui est motricité fine, concentration et explication des consignes ».

C’est pourquoi, en janvier 2021, anticipant la rentrée de CP, les parents remplissent un dossier Geva-Sco (Guide d’évaluation des besoins de compensation en matière de scolarisation) pour avoir les heures d’accompagnement scolaire supplémentaires.

« C’était une demande des enseignants mais aussi de tous les praticiens qui suivent mon fils », indique la maman.

En juin, le refus de la Maison départementale des personnes handicapées tombe. La double justification évoquée ne convainc pas du tout les parents. « Le premier motif est purement administratif : au-dessus de 6 heures d’accompagnement, il faut passer à une aide individualisée qui est, selon eux, compliquée à mettre en place, alors qu’en échangeant avec son auxiliaire, elle serait tout à fait d’accord. Le second est d’ordre médical : la MDPH remet en cause l’avis des spécialistes, estime que mon fils n’est pas assez « handicapé », et qu’elle a d’autres besoins. On comprend mais on pense aussi que ces heures à cet âge-là peuvent permettre d’en avoir moins besoin plus tard. C’est ce que nous disent les experts ».

« Si on ne fait rien, les enfants trinquent »

Pour ces parents, « c’est surtout une affaire d’argent » à leurs yeux. « Ils ne veulent pas financer, un point c’est tout », soupirent-ils. Mais la professionnelle de la petite enfance n’est pas du genre à baisser les bras. Elle a donc décidé de prendre une avocate et de contester l’action en justice. « Le juge nous a écoutés. Il a eu une oreille attentive. Mais, on m’a conseillé de ne pas me réjouir trop vite », relate la maman plutôt rassurée, à la sortie de l’audience. La décision a été mise en délibéré au 15 avril. « Si on ne fait rien, ce sont les enfants qui trinquent ».

Elle a beaucoup mis en avant les annonces gouvernementales sur le handicap, « peu suivies des faits ». « La réalité de la télé, ce n’est pas la réalité du terrain, » assène-t-elle. S’il était surtout fait mention de ne plus « avoir d’enfant porteur de handicap sans solution de scolarisation », le gouvernement a également acté l’embauche de 11 500 accompagnants. « Ce qui devrait pouvoir donner des heures en plus dans les écoles », insiste la mère de famille.

Pour l’instant, son fils ne va pas à l’école le jeudi. Cette journée est consacrée aux visites médicales (ergothérapeute, orthophoniste, psychomotricien…) que la maman, bénéficiant d’une allocation journalière de présence parentale,  enchaîne. « Qui fait quand même perdre 40 % de ton salaire, auxquels s’ajoutent les 400 euros mensuels de ces rendez-vous non pris en charge par la sécurité sociale ». L’idée est qu’il retourne en classe quatre jours « comme les copains » sourit-il.

« L’autre jour, il y est allé. Mais comme il n’a pas d’accompagnement, il n’a pas pu faire les maths comme les autres, mais a fait du dessin. Il s’est senti dénigré. Ça a été dur pour lui », lâche sa maman qui espère que l’administration reviendra sur sa position pour le CE1. « Pour le CP, c’est déjà trop tard ».

Dans le cas contraire, difficile de faire appel : la seule juridiction qui traite ces dossiers est à Amiens. Le processus pourrait prendre 3-4 ans, son fils serait alors en âge d’aller en 6e. Le temps juridique n’est pas le temps scolaire.

Source ACTU.FR

Y a-t-il « 100.000 élèves en situation de handicap scolarisés en plus » sur le quinquennat ?…

D’après Emmanuel Macron, l’école compte 100.000 nouveaux élèves avec un handicap depuis 2017.

C’est un peu moins, d’après les chiffres de la rentrée 2021.De plus, ce bilan n’inclut pas seulement des enfants qui n’étaient pas scolarisés avant.

Y a-t-il "100.000 élèves en situation de handicap scolarisés en plus" sur le quinquennat ?..

En campagne au Havre jeudi 14 avril, Emmanuel Macron s’est réjoui que davantage d’enfants avec un handicap soient admis à l’école depuis son élection, en 2017. « On a 100.000 élèves en situation de handicap qui sont scolarisés en plus » sur le quinquennat, a souligné Emmanuel Macron face à un professeur. Mais qu’en est-il ?

D’après les chiffres de l’Éducation nationale, 321.500 élèves présentant un handicap étaient alors « scolarisés en milieu ordinaire » à la rentrée scolaire 2017. Par milieu ordinaire, il faut entendre au sein d’une classe normale ou dans une classe Ulis, c’est-à-dire une unité localisée d’inclusion scolaire. À la rentrée 2021, le ministère de l’Éducation nationale annonçait que 400.000 enfants en situation de handicap étaient alors scolarisés. Si cette scolarisation est en « augmentation de 19% en 5 ans », note le ministère, elle concerne 78.500 enfants depuis le début du quinquennat. Et non 100.000, comme présenté par Emmanuel Macron.

Pour avancer ce chiffre, il parait peu probable que le président sortant ait anticipé la rentrée scolaire 2022. En effet, le ministère de l’Éducation nationale nous indique qu’aucune prévision des effectifs n’est faite avant la rentrée de septembre. De plus, ce bilan laisse entendre que ces « 100.000 élèves » qui présentent un handicap n’étaient pas scolarisés jusqu’alors. Or, comme le relève le site à destination des familles « Ecole et Handicap », cette progression ne renvoie pas à une hausse effective du nombre d’élèves scolarisés mais à une évolution de la reconnaissance du handicap.

La prise en compte de ces enfants à l’école a été rendue possible par la loi de 2005, qui a défini juridiquement le handicap. Depuis, des élèves qui n’étaient pas considérés en situation de handicap sont reconnus comme tels. « De nouveaux troubles sont mieux connus et mieux reconnus aujourd’hui comme des handicaps, tels que les troubles des apprentissages et du langage, les troubles de l’attention ou les troubles du comportement », observe « École et Handicap ».

C’est ce que nous confirme l’Éducation nationale, citant par exemple les cas de dyslexie : « Ce sont des élèves dont on reconnait mieux le handicap. De manière générale, nous prenons mieux en compte certaines difficultés considérées comme du handicap, ce qui a augmenté le nombre d’enfants pris en charge ou intégrés dans des classes lambdas. En parallèle, nous avons aussi augmenté le nombre d’enfants autistes en maternelle ». Cela traduit indéniablement des efforts institutionnels vers l’intégration des enfants handicapés en milieu scolaire. Or, cette progression de leur scolarisation ne résulte pas, comme le laisse entendre Emmanuel Macron, d’une augmentation du nombre d’élèves mais d’une meilleure prise en compte du handicap, sous toutes ses formes.

Source TF1.

 

Handicap à l’école : Emmanuel Macron veut permettre aux accompagnants de travailler 35 heures par semaine…

Le président candidat Emmanuel Macron était l’invité de Wendy Bouchard ce jeudi dans l’émission « Ma France ».

Depuis Le Havre, il a réaffirmé sa volonté de faire passer les Accompagnants d’élèves en situation de handicap aux 35 heures, pour leur permettre de gagner davantage.

Emmanuel Macron dans une école de la Somme, en juin 2021.

 

Invité de Wendy Bouchard dans l’émission « Ma France » ce jeudi, Emmanuel Macron a confirmé sa volonté de permettre aux AESH, les Accompagnants d’élèves en situation de handicap, de travailler 35 heures par semaine. Les personnes qui exercent cette fonction travaillent généralement 24h par semaine, et sont donc payées en-dessous du SMIC. 

Emmanuel Macron a été interpellé sur la rémunération des AESH par Nathalie, auditrice de France Bleu Nord qui travaille dans le Pas-de-Calais. « On parle beaucoup de l’augmentation du salaire des enseignants, mais nous avons l’impression d’être oubliés dans l’Education nationale », a déploré Nathalie, qui travaille 24 heures par semaine et gagne environ 800 euros par mois. 

Le président sortant a commencé par défendre son bilan : « Qu’est ce qu’on a fait durant les cinq années qui viennent de s’écouler ? On a embauché davantage d’accompagnants des enfants en situation de handicap. Beaucoup n’étaient pas en CDI, c’étaient des contractuels ou des contrats courts. Donc on a essayé au maximum de donner un statut, un cadre, une stabilité là-dessus, à des CDD très peu payés ou très mal payés », a-t-il argumenté. « Durant ces cinq ans, on a créé plus de postes, on a stabilisé les postes et on a permis de donner un statut et d’enlever de la précarité. Ce qui fait qu’en cinq ans, on a permis à 100.000 enfants de plus d’aller à l’école. C’est-à-dire qu’on est passé d’un peu plus de 300.000 enfants qui étaient en situation de handicap et qui allaient à l’école au début du quinquennat, à aujourd’hui 400.000 », a précisé le Président. « Ce qui n’est pas encore assez », a-t-il reconnu.

« Accompagner du temps périscolaire » pour arriver aux 35 heures

« Il y a aujourd’hui certains de nos compatriotes qui font ce travail et se découragent parce que les temps plein sont rares et peu d’AESH touchent le Smic », a admis le chef de l’État avant d’égrener ses propositions : « Ce qu’il y a dans mon programme pour les cinq ans qui viennent – c’est un vrai investissement, car ça coûte énormément d’argent public – c’est de permettre à nos accompagnants d’enfants en situation de handicap, de pouvoir travailler 35 heures. Ça veut dire de pouvoir accompagner du temps périscolaire, de reconnaître l’accompagnement du temps en cantine et du temps après l’école pour pouvoir faire les devoirs, afin de leur permettre de travailler 35 heures, et donc de passer d’un Smic à temps partiel à un Smic à temps plein », a-t-il détaillé, pour être « dignement rémunérés ».

Pour Emmanuel Macron, cette proposition est plus viable que d’accompagner plusieurs enfants pour arriver à 35 heures, un fonctionnement pas toujours possible ni pertinent : « Certains accompagnants ont un temps complet parce qu’ils accompagnent plusieurs enfants. Mais ce n’est pas toujours évident, parce qu’il y a des enfants qui demandent un investissement complet », a-t-il détaillé. « C’est compliqué quand on a une vingtaine d’heures, de trouver un complément de 15 heures avec un deuxième enfant », a-t-il rappelé.

Source FRANCE BLEU.

Sedan : le don d’une main en résine, sortie d’une imprimante 3D, donne le sourire à Lou-Ange…

En France, ils sont plus de 450 à appartenir à l’association  » e-Nable ».

L’Ardennais Patrick Brancos est de ceux-là.

La générosité de ce « maker » change aujourd’hui la vie d’une enfant de bientôt dix ans.

Lou-Ange peut désormais s'appuyer sur sa main.

 

Lou-Ange aura dix ans le 27 mars 2022. A quelques jours de son anniversaire, Patrick Brancos, « un Ardennais pur et dur« , comme il aime se présenter, lui a fait un superbe cadeau : une main en résine sortie de son imprimante 3D. Lou-Ange est née avec une malformation à la main droite. Elle n’avait qu’un pouce.

Sa maman, Farida Saidi, a consulté au CHU de Reims. « On nous a expliqué que pour qu’elle puisse attraper des choses avec sa main, il fallait l’opérer, lui prélever un orteil pour en faire une pince. J’ai refusé. Je ne voulais pas qu’elle ait un handicap au pied. Plus tard à Nancy, Lou-Ange a aussi refusé l’intervention« .

C’est en surfant sur internet que le frère aîné de Lou-Ange, Wilfried a découvert l’existence des « makers« , et c’est lui qui a contacté Patrick Brancos, pour sa petite sœur.

La main de résine fabriquée par Patrick Brancos.

Le plaisir de rendre service

A Brieulles-sur-Bar, où il réside, Patrick Brancos est un bricoleur généreux. Son « hobby« , c’est de réaliser des mains. Celle qu’il a offerte à Lou-Ange est la troisième qu’il a fabriquée avec son imprimante 3D. Avant cela, il avait équipé un homme de 72 ans victime d’un accident de travail, 25 ans auparavant, et un petit garçon de Namur.

« J’aime rendre service, et ça fait plaisir de les voir heureux, de leur permettre d’avoir une vie presque comme les autres« , dit-il. Comme lui, dans le département des Ardennes, deux « makers » appartiennent à l’association « e-Nable » qui compte 15.000 bénévoles dans le monde.

« Je vais pouvoir faire mes lacets, attraper des verres, faire plus de choses. C’est un beau cadeau. »

Lou-Ange.

Patrick Brancos aimerait faire connaître d’avantage ce mouvement venu des Etats-Unis. Il l’a découvert sur internet, a réalisé une main test, avant d’être accepté comme un membre de cette communauté qui intervient gratuitement auprès de personnes ayant besoin d’un équipement.

Parick Brancos a offert une main à Lou-Ange.

Près de 50 euros la main

Quand  Patrick Brancos doit réaliser une main, il commence par mettre la main à la dimension voulue, grâce à un logiciel. Un fichier mis à disposition sur le site d’ »e-Nable » permet ensuite, de couler des couches successives de filament en bobine, ou de résine, d’un dixième de millimètre, avant que la pièce ne parte à l‘impression.

« Il faut une trentaine d’heures pour terminer la main avec ses accessoires, la mousse, les scratchs, les élastiques. Il y en a pour une cinquantaine d’euros, mais ça ne coûte rien aux personnes à qui on offre la main. Le « maker » intervient avec ses propres fonds. Pour fabriquer celle de Lou-Ange, j’ai utilisé de la résine, un litre environ. L’aspect est plus lisse. L’imprimante a fait le plus gros du travail« , raconte modestement Patrick Brancos qui a ensuite passé 4 à 5 heures pour le montage.

« J’aime rendre service, et ça fait plaisir de les voir heureux, de leur permettre d’avoir une vie presque comme les autres. »

Patrick Brancos, « maker ».

« En bougeant le poignet, on tire sur les câbles reliés aux doigts et ça les fait tourner, comme des tendons. On ne peut pas dire que ces mains artificielles  sont des prothèses médicales, mais avec les doigts qui bougent, elles ont préhensibles« .

Lou-Ange peut saisir un verre.

Heureuse à l’école

Avant de lui remettre sa petite main, à Sedan, où elle habite, Patrick Brancos avait procédé à un essai. « Elle était trop grande au début », explique sa maman. Mais le jour J, trois semaines avant l’anniversaire  de Lou-Ange, le généreux bricoleur est arrivé avec un joli paquet contenant la main de résine. Elle a pu l’enfiler comme un gant. Après quelques réglages, cette main sortie d’une imprimante 3D est devenue une alliée pour la vie quotidienne. « Elle est partie à l’école, heureuse. Elle a pu jouer, a essayé d’écrire. Cela lui change la vie« , dit Farida Saidi.

« Elle est bien, elle me plaît« , dit Lou-Ange. « J’en avais envie. Je vais pouvoir faire mes lacets, attraper des verres, faire plus de choses. C’est un beau cadeau« . Mais sa maman confie : « Son rêve, c’est d’avoir de vrais doigts« .

Source FR3.

 

Handicap – « La scolarisation pour tous reste au cœur de nos combats »…

Selon le bilan du CIH, les choses s’améliorent en matière de scolarisation des enfants.

Que se passe-t-il sur le terrain ?

« La scolarisation pour tous reste au cœur de nos combats ». Jean-Louis Garcia_APAJH

 

Concernant la scolarisation des enfants en situation de handicap, le bilan fait état d’une grande hétérogénéité dans les territoires, et les solutions déployées au niveau départemental témoignent d’une inégale prise en compte des besoins. Si des avancées essentiellement quantitatives sont constatées, les études pointent des chiffres surtout encourageants en école maternelle et en élémentaire, en lien avec le 4e plan Autisme.

La situation reste cependant plus mitigée dans l’enseignement secondaire, et la question de l’inclusion devient très problématique quand on parle des études supérieures.

Ces données reflètent également des réalités très différentes concernant les modalités d’accueil et d’accompagnement, car elles intègrent, par exemple, des scolarisations à temps partiel, se limitant parfois à quelques heures par semaine, et conditionnées à la présence d’un AESH.

Nous ne pouvons nous en satisfaire… C’est pourquoi l’accès à la scolarisation pour tous, avec l’objectif affirmé d’une École pleinement inclusive, reste au cœur de nos combats et de nos revendications, en soutenant des actions concertées, à la fois plurielles, agiles, innovantes à destination des enfants, des familles et des professionnels de l’Éducation nationale. C’est tout le sens de notre accord-cadre avec le ministère de l’Éducation nationale.

Que permet cet accord-cadre ?

L’Apajh est née de la détermination forte de la part de militants bénévoles et de professionnels engagés d’initier des solutions en matière de scolarisation pour les enfants en situation de handicap. Cette préoccupation est restée centrale dans les valeurs et actions qui nous guident encore aujourd’hui.

Et c’est dans cette volonté réaffirmée qu’une convention-cadre de coopération a été signée avec le ministère de l’Éducation nationale et le ministère des Affaires sociales en juin 2013, puis enrichie en janvier 2020.
Cette convention est un pilier pour mettre en œuvre une coopération renforcée entre les acteurs qui interviennent auprès des enfants et adolescents en situation de handicap ; condition nécessaire pour lever les résistances, fluidifier les parcours, en garantir la cohérence et la continuité.

Enfin, l’Apajh s’engage comme partenaire privilégié dans la formation, autre levier central pour fédérer les acteurs et pérenniser les projets initiés en matière de scolarisation inclusive.
À cette fin, les militants bénévoles et les professionnels participent, entre autres, à des actions de sensibilisation dans les classes. Sur sollicitation, ils sont amenés à prendre part également aux plans de formation, en particulier celui des AESH dans le cadre des 60 heures dispensées à tous les personnels nouvellement recrutés.

Ces AESH sont en grève sur certains territoires pour obtenir un meilleur statut et salaire. Qu’en pensez-vous ?

La conduite de projets de scolarisation ambitieux pour l’ensemble de élèves en situation de handicap nécessite une coopération renforcée de tous les acteurs, articulant les actions des professionnels de l’Éducation nationale et du secteur médicosocial. Et nous avons bien conscience que les AESH occupent dans ces projets un rôle essentiel, au plus près des enfants accompagnés et de leur famille. Si leur statut a connu récemment une amélioration, il demeure, à notre sens, insuffisamment reconnu, et de fait peu attractif, avec une formation initiale et continue encore insuffisante pour étayer ces professionnels.

Par ailleurs, leur action au sein des pôles inclusifs d’accompagnement localisés (PIAL) est souvent complexe à mener, en raison de l’organisation interne, du fractionnement des accompagnements, du manque continuel d’articulation, des carences en moyens humains et des rémunérations indignes.
Aussi, l’Apajh s’associe aux AESH dans leur volonté d’une réelle reconnaissance, passant par une évolution de carrière valorisée et une formation renforcée, dans le respect de ces professionnels engagés au quotidien dans l’accompagnement des enfants en situation de handicap.

Quel plaidoyer portez-vous pour les prochaines élections ?

À chaque élection, qu’il s’agisse de scrutins locaux ou nationaux, l’Apajh interpelle les candidats républicains. Il est dans notre ADN, depuis 1962, de travailler auprès des pouvoirs publics, à la fois en tant que force de proposition et de vigie, pour les droits des personnes en situation de handicap.

Pour l’élection présidentielle de 2022, nous avons bâti un Pacte qui invite les candidats à s’engager pour le Réflexe Handicap : derrière cette formule, c’est véritablement un changement de pratique de la décision publique et politique que nous demandons. Dans chaque projet de loi, dans chaque décision, il devient nécessaire d’anticiper et prendre en compte les besoins et attentes des personnes en situation de handicap. Être pleinement citoyen, c’est l’être dans tous les domaines de la vie : la personne qui sera portée aux plus hautes responsabilités du pays doit être vecteur de cette vision d’une société réellement inclusive, laïque et solidaire.

En 13 actes, nous abordons concrètement comment s’emparer de ce Réflexe : la laïcité, une pleine citoyenneté dans le droit, le pouvoir de choisir et d’agir des personnes en situation de handicap, en favorisant l’autodétermination de chacun, des parcours sans rupture de l’École à l’entrée dans la vie professionnelle, l’accès à des soins de qualité et une coordination des acteurs du secteur de la santé, un secteur médicosocial reconnu et des professionnels revalorisés…

Le handicap n’est pas ou trop peu abordé dans la campagne présidentielle actuelle, alors que nous sommes à moins de deux mois du premier tour : il est grand temps que les 12 millions de personnes en situation de handicap ainsi que leurs proches, les professionnels et globalement l’ensemble des citoyens soient aujourd’hui entendus.

Source LA GAZETTE DES COMMUNES.

Macron et le handicap, un programme partiellement tenu. Point complet…

Si le thème de l’inclusion du handicap a été porté avec force pendant cinq ans, de nombreux sujets sur lesquels le président s’était engagé restent en souffrance. 

Macron et le handicap, un programme partiellement tenu. Point complet...(photo d’illustration)

 

Le candidat Emmanuel Macron avait fait de la lutte contre les inégalités subies par les personnes en situation de handicap une de ses priorités en 2017, avec une ambitieuse liste de promesses. Cinq ans après, il est possible de dresser un bilan de l’action de l’exécutif pour une meilleure intégration des quelque 12 millions de personnes concernées.

Si ce thème a été porté avec force pendant cinq ans, plusieurs sujets sur lesquels le président s’était engagé restent en souffrance, tandis que d’autres, imprévus, ont émergé sans toujours satisfaire le monde du handicap. Ecole, emploi, logement, aidants… : le point sur les grands dossiers du quinquennat.

Ce qui était promis et a été (en partie) tenu

  • Renforcer le droit au travail

Emmanuel Macron, candidat, s’était engagé à « favoriser l’insertion professionnelle des personnes handicapées » s’il était élu. Au bout de cinq ans, cette promesse n’est que partiellement tenue.

L’effort de l’Etat en faveur de l’emploi des personnes handicapées durant le quinquennat s’est confirmé en passant à près de 1,8 milliard d’euros en 2020, contre 1,7 milliard d’euros en 2017. Les mesures d’aide à l’embauche (4 000 euros pour chaque handicapé employé) et de soutien à l’apprentissage des travailleurs handicapés ont été particulièrement saluées par les acteurs du secteur.

Toutefois, le taux d’emploi et le taux de chômage des travailleurs handicapés n’ont pas significativement évolué en cinq ans : « Les baisses du chômage doivent être analysées avec prudence car elles résultent notamment d’un fort recul de personnes sans emploi en recherche active d’emploi, lié aux restrictions de déplacement suite à la crise Covid », analyse l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées), l’organisme chargé de collecter et de redistribuer les pénalités infligées aux entreprises qui ne respectent pas le quota de recrutement de 6 % de personnes handicapées dans leurs effectifs.

En revanche, le taux de chômage de longue durée (plus d’un an) s’est clairement aggravé. « Les derniers chiffres montrent que lorsque les personnes en situation de handicap sont au chômage, elles y restent durablement, sans perspective de retour sur le marché du travail. La crise Covid a aggravé le phénomène, avec une progression vertigineuse de la durée moyenne d’inscription », décrit APF France handicap.

Les personnes handicapées davantage touchées par le chômage de longue durée


Quant à l’emploi accompagné, dispositif phare de l’exécutif, où un conseiller fait le lien entre l’employeur et l’employé, il ne bénéficie qu’à 6 000 personnes : « Il faut le temps que les accompagnateurs soient formés », justifie la secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel.

  • Améliorer l’intégration scolaire

Quelque 70 000 enfants, souvent les plus lourdement handicapés, sont dans des établissements spécialisés médico-sociaux. Parallèlement, 400 000 enfants en situation de handicap sont scolarisés dans l’école ordinaire (un nombre en hausse de 19 % depuis 2017) avec 125 000 accompagnants (en hausse de 35 %).

Interrogée sur le nombre d’enfants qui ne trouveraient pas de solution, Sophie Cluzel rétorque : « Les associations parlent de 20 000 enfants, mais il s’agirait plutôt de 300 à 400 enfants. Certains sont sur liste d’attente pour un établissement mais ils ont un accompagnement à la maison. »

Bel effort, mais peut mieux faire, jugent les spécialistes : « A chaque rentrée, la scolarisation demeure un leurre pour un certain nombre d’élèves, qui restent encore sans moyens de compensation, sans école ou avec un nombre limité d’heures d’enseignement », regrette Arnaud de Broca, président de Collectif Handicaps. En cause, le manque de formation et la précarité des accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH).

Ces accompagnants, en contrat précaire, recrutés à temps partiel, peuvent accompagner plusieurs élèves handicapés par jour dans différents lieux. Ils perçoivent un salaire de 700 euros net par mois en moyenne. Ils n’ont que soixante heures de formation initiale quand leurs collègues italiens, par exemple, bénéficient de deux ans et demi d’apprentissage.

  • Faciliter les démarches administratives

Qu’il s’agisse de la vie quotidienne, de la scolarité ou de l’insertion professionnelle, la prise en charge administrative est assurée par les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH). Ces structures locales déterminent le taux d’incapacité des personnes et instruisent chaque année, pour 1,7 million de bénéficiaires, quelque 4,5 millions de demandes d’aides, qu’elles soient financières, matérielles ou humaines.

Emmanuel Macron, qui s’était engagé à faciliter les démarches administratives des personnes handicapées, s’est davantage concentré sur la rapidité de traitement des dossiers (très différente d’un département à l’autre) que sur le « référent facilement accessible » mentionné dans son programme – un numéro vert a toutefois été mis en place.

Ainsi, la durée moyenne de traitement d’un dossier était de 4,4 mois au troisième trimestre 2021 contre 4,6 mois en 2019. La durée moyenne de traitement d’un dossier est encore supérieure à six mois dans quatorze départements, alors qu’elle est inférieure à quatre mois dans quarante-sept départements, souligne le secrétariat d’Etat chargé des personnes handicapées.

D’autres mesures visaient à faciliter les démarches : l’allongement de la durée maximale d’attribution de cinq à dix ans de certains droits (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé, allocation compensatrice…) et l’octroi des droits à vie pour les personnes dont le handicap est irréversible, comme la trisomie ou une amputation.

  • Donner de l’aide aux aidants

« Nous favoriserons les périodes de répit pour les aidants », promettait Emmanuel Macron. Une promesse une nouvelle fois partiellement tenue : la prise en compte de la situation des personnes aidantes (qui sont environ 8 millions) dans le calcul de l’âge de départ à la retraite a été repoussée avec la réforme de l’ensemble du système de retraite qui devait la contenir.

Le « chèque bilan santé-social » qui devait leur être proposé n’a pas non plus vu le jour. Une plate-forme d’accompagnement s’appuyant sur des équipes de professionnels (Assist’aidant) a bien été créée, mais elle n’opère pour le moment qu’à Paris et en Indre-et-Loire.

En revanche, les aidants en activité peuvent désormais bénéficier d’une indemnisation du congé pris pour aider un proche : l’allocation journalière de proche aidant (AJPA) ou de présence parentale (AJPP), pour les parents d’enfants handicapés, qui a été revalorisée à 58,59 euros par jour depuis le 1er janvier. Toutefois, sa durée est limitée à soixante-six jours. « Cette indemnisation empêchera-t-elle le recours aux arrêts maladie ? Cela reste à voir… », note APF France handicap. A l’image des autres associations, elle salue en revanche la défiscalisation du dédommagement que peut verser l’aidé à l’aidant.

  • Améliorer la protection des majeurs sous tutelle

La France compte entre 800 000 et un million de personnes majeures protégées par une mesure de tutelle, de curatelle ou de sauvegarde de justice. Environ la moitié d’entre elles s’appuient sur leur famille – les autres dépendent de professionnels qui suivent jusqu’à soixante personnes chacun.

« Nous améliorerons la protection juridique des majeurs sous tutelle afin de répondre aux recommandations récentes du Défenseur des droits. Nous développerons les moyens des services des tutelles afin de permettre un encadrement individualisé de qualité de ces personnes », affirmait Emmanuel Macron en 2017. Cinq ans plus tard, cette promesse n’a été que partiellement tenue : la loi de programmation et de réforme pour la justice de 2019 a permis aux tuteurs de toucher à des comptes bancaires ou de procéder à des opérations médicales importantes sans autorisation du juge. Les majeurs protégés ont retrouvé le droit de vote et peuvent également se marier, se pacser ou divorcer à condition d’informer la personne chargée de leur protection et que celle-ci ne s’y oppose pas.

Pas d’amélioration toutefois pour les professionnels chargés des majeurs protégés : les tuteurs et curateurs professionnels réclament ainsi une hausse de près de 20 % des fonds publics qui leur sont alloués pour rendre le métier plus attractif et augmenter leurs effectifs. « Il faut repenser leur métier », répond la secrétaire d’Etat, qui préconise plus d’autonomie et moins de protection.

Ce qui était promis et a été oublié

  • Améliorer l’accessibilité du logement

Des centaines de milliers de personnes en situation de handicap ont des problèmes d’accessibilité au logement, faute d’aménagements de larges portes, couloirs, salles de bains et toilettes où doit pouvoir manœuvrer un fauteuil roulant…

En 2018, la loi ELAN (évolution du logement, de l’aménagement et du numérique) a douché leurs attentes en ramenant de 100 % à 20 % la part des logements neufs devant être obligatoirement accessibles aux personnes handicapées – trop de normes découragerait la construction de ce type de biens.

Les défenseurs de cette mesure soulignaient en outre que les 100 % évoqués cachaient une importante exception, puisque les logements dans des bâtiments inférieurs à quatre étages sans ascenseur étaient dispensés de normes pour handicapés, sauf au rez-de-chaussée. Le décret rendant obligatoire l’installation d’un ascenseur dès que le bâtiment atteint trois étages va donc mécaniquement étendre à beaucoup plus d’immeubles l’application des normes handicapés. Mais, pour les acteurs du monde du handicap, cette mesure ne compensera pas, tant s’en faut, le quota des 20 %.

  • Favoriser l’accessibilité

Selon la déléguée ministérielle à l’accessibilité, 350 000 établissements recevant du public (ERP) seraient accessibles et 700 000 en sont au début des démarches (les délais de mise en conformité ont été reportés à 2024 au moins). Un effort a été réalisé pour les bâtiments publics comme les écoles ou les mairies, mais les commerces, les restaurants et les transports présentent encore un retard conséquent : malgré de nombreuses initiatives, le métro reste très peu accessible, les arrêts de bus sont rarement aménagés, et moins d’un tiers des gares ferroviaires nationales sont adaptées.

« Les textes relatifs à l’accessibilité des locaux de travail ne sont toujours pas publiés. Par ailleurs, la majorité des établissements recevant du public ne sont toujours pas accessibles, et les contrôles et les sanctions en cas de non-respect des obligations ne sont que peu ou pas mis en œuvre », regrette Fabienne Jégu, conseillère auprès de la Défenseure des droits.

Quant à l’accessibilité de l’information politique et citoyenne (obligatoire pour tous les services publics depuis 2012), elle reste largement incomplète : en octobre 2021, 20 % des 250 démarches administratives en ligne les plus utilisées par les Français prenaient en compte l’accessibilité, en ayant préalablement diminué les exigences pour la définir.

Ce qui n’était pas prévu

  • Refuser la déconjugalisation des AAH

Prestation sociale permettant d’assurer un revenu minimum, l’allocation aux adultes handicapés (AAH) est versée en tenant compte des revenus du conjoint. Emmanuel Macron avait promis, durant la campagne de l’élection présidentielle, de la porter à 900 euros – promesse tenue, avec deux revalorisations exceptionnelles durant le quinquennat. Toutefois ces deux revalorisations se sont accompagnées de modifications de la formule de calcul du plafond de ressources de l’AAH limitant, voire annulant parfois, l’impact des augmentations pour les allocataires vivant en couple, soit environ 9 % des bénéficiaires de l’allocation.

Ces mesures ont d’autant plus de mal à passer auprès du monde handicapé que ce dernier réclame de longue date la déconjugalisation de l’allocation et l’autonomisation du conjoint handicapé au sein de son foyer. « Le gouvernement peut rappeler que les partis de l’opposition n’ont pas adopté [la déconjugalisation] lorsqu’ils étaient au pouvoir. Mais jamais un gouvernement n’avait eu auparavant la possibilité de la faire adopter avec le soutien de l’ensemble des partis politiques », déplore Arnaud de Broca, du Collectif Handicaps.

A la place, l’exécutif a mis en place un nouvel abattement forfaitaire de 5 000 euros appliqué sur les revenus du conjoint non bénéficiaire de l’AAH, majoré de 1 100 euros par enfant.

Prestation sociale permettant d’assurer un revenu minimum, l’allocation aux adultes handicapés (AAH) est versée en tenant compte des revenus du conjoint. Emmanuel Macron avait promis, durant la campagne de l’élection présidentielle, de la porter à 900 euros – promesse tenue, avec deux revalorisations exceptionnelles durant le quinquennat. Toutefois ces deux revalorisations se sont accompagnées de modifications de la formule de calcul du plafond de ressources de l’AAH limitant, voire annulant parfois, l’impact des augmentations pour les allocataires vivant en couple, soit environ 9 % des bénéficiaires de l’allocation.

Ces mesures ont d’autant plus de mal à passer auprès du monde handicapé que ce dernier réclame de longue date la déconjugalisation de l’allocation et l’autonomisation du conjoint handicapé au sein de son foyer. « Le gouvernement peut rappeler que les partis de l’opposition n’ont pas adopté [la déconjugalisation] lorsqu’ils étaient au pouvoir. Mais jamais un gouvernement n’avait eu auparavant la possibilité de la faire adopter avec le soutien de l’ensemble des partis politiques », déplore Arnaud de Broca, du Collectif Handicaps.

A la place, l’exécutif a mis en place un nouvel abattement forfaitaire de 5 000 euros appliqué sur les revenus du conjoint non bénéficiaire de l’AAH, majoré de 1 100 euros par enfant.

  • Stopper l’exil belge

Le problème du manque de places d’accueil en France et du choix fait pour plusieurs milliers de handicapés (7 000 adultes et 1 500 enfants environ) de s’exiler en Belgique n’est pas nouveau. Mais l’exécutif actuel a fait le choix radical d’un moratoire. Concrètement, Paris et Bruxelles se sont mis d’accord pour qu’il n’y ait plus de nouvelles places créées pour les Français, et ces derniers ne seront pas aidés financièrement s’ils décident de partir. Ceux qui sont déjà installés en Belgique continueront toutefois de bénéficier d’une prise en charge.

« Deux mille cinq cents solutions nouvelles sont installées ou programmées en France pour prévenir les départs non souhaités des personnes en situation de handicap en Belgique », a annoncé le secrétariat d’Etat au handicap le 2 février : 1 600 en Ile-de-France, 630 dans les Hauts-de-France et 270 dans le Grand Est.

Cette décision n’a pas complètement satisfait les associations, dont l’Unapei (fédération d’associations de défense des intérêts des personnes handicapées mentales et de leurs familles), qui se dit très attachée au « libre choix de la personne », notamment pour celles qui résident à proximité de la frontière. Sa vice-présidente, Coryne Husse, rappelle par ailleurs que si ces trois régions sont principalement concernées par les départs, « le manque de solutions est un phénomène global sur tout le territoire ».

Source LE MONDE.

Incontournable en milieu scolaire, l’interface Pronote est « une barrière de plus » pour les non-voyants…

C’est le plus répandu des outils numériques utilisés dans les collèges et les lycées : Pronote comptabilise 17 millions d’utilisateurs.

Problème : l’interface n’est pas conçue pour être accessible aux déficients visuels.

Une association envisage un recours devant la justice. 

L'interface Pronote joue désormais un rôle de carnet de correspondance numérique, permettant d'accéder aux notes des élèves et aux informations relatives à leur scolarité

L’interface Pronote joue désormais un rôle de carnet de correspondance numérique, permettant d’accéder aux notes des élèves et aux informations relatives à leur scolarité 

Les confinements l’ont ancrée dans le quotidien des professeurs, des élèves et de leurs parents. L’interface Pronote joue désormais un rôle de carnet de correspondance numérique, permettant d’accéder aux notes des enfants et aux informations relatives à leur scolarité. Sauf que l’outil n’est pas conçu pour être accessible aux déficients visuels. Ce qui pénalise une partie de la population en situation de handicap.

« La difficulté que je rencontre avec Pronote, c’est son manque d’accessibilité avec les lecteurs d’écran« , explique Yannick, mal-voyant, et père de deux lycéens. « Nous utilisons des logiciels qui nous permettent d’avoir toutes les informations qui sont écrites, vocalisées ou renvoyées vers une plage braille. Lorsque l’on est sur une plateforme, sur un téléphone ou sur un site web, l’idée est de récupérer des informations écrites.« Avec Pronote, même la première étape n’est pas possible sans aide : pour se connecter, il faut scanner un QR code et donc viser l’image.

« Dépendance »

Autre exemple donné par Yannick : « Si on veut contacter un professeur, il y a un tableau dans lequel on peut cliquer sur un nom. Là, c’est pareil, on ne peut pas cliquer sur le nom ou bien on n’est pas sûr du bon professeur auquel écrire. Cela nous met dans un état de dépendance vis-à-vis de nos enfants parce que, souvent, on passe par eux pour avoir des informations. » 

« Cela nous empêche de jouer notre rôle de parents. « 

Ses enfants n’ont pas de problème de vue, ils sont scolarisés dans un lycée qui utilise Pronote, comme la majorité des établissements. Mais ce papa avoue perdre le fil, surtout depuis le début de la crise sanitaire. Il ne peut plus suivre en autonomie la scolarité de ses enfants. « J’ai tendance à leur demander, donc s’ils ont envie de me donner les informations, ils me les donnent mais on peut très bien imaginer qu’ils n’aient pas envie de le faire, pour une mauvaise note par exemple. On est sur une relation de confiance avec eux mais on pourrait très bien se retrouver avec des enfants qui n’ont pas envie de dire des choses qui les concernent ou alors qui minimisent des informations jugées peu importantes. »

« Aujourd’hui les professeurs n’utilisent plus que ce type d’interface »

Gaétan et Anthony, les deux garçons de Yannick, sont en classes de seconde et de terminale cette année. Mais leur père est confronté au problème depuis leur entrée au collège. Selon les mises à jour du site, certaines fonctionnalités sont parfois accessibles, mais d’autres ne le sont plus. La généralisation de Pronote dans le quotidien des élèves et des enseignants depuis deux ans lui complique encore la tâche.

« Aujourd’hui les professeurs n’utilisent plus que ce type d’interface« , constate Yannick. « Quand vous leur demandez leur adresse mail pour pouvoir échanger, ils vous disent, non, il faut communiquer par Pronote. Cela nous met une barrière de plus, pour échanger sur le suivi de la scolarité de nos enfants. À l’heure où l’on dit qu’il faut que les parents s’investissent dans le suivi de leurs enfants, moi j’ai le sentiment que je ne peux pas le faire, à cause du manque d’accessibilité d’un outil qui est quand même utilisé par l’État et pour lequel on pourrait attendre quand même un minimum de prise en compte de tous les publics, d’autant qu’il y a des lois sur l’accessibilité numérique. »

Vers un recours en justice ?

Les sites de service public ont en effet l’obligation d’être lisibles par tous, ce qui n’est pas le cas de Pronote, qui est un site privé. Hervé Rihal, de l’association Accompagner, promouvoir, intégrer les déficients visuels (ApiDV) est lui même non-voyant et ancien professeur de droit public à l’université d’Angers. Il a saisi à deux reprises la secrétaire d’État aux personnes handicapées Sophie Cluzel, et envisage maintenant un recours devant le tribunal administratif de Paris.

« Un site internet, pour qu’il soit accessible pour nous, déficients visuels et surtout non-voyants, c’est un peu comme un escalier pour un handicapé moteur« , explique-t-il. « S’il y a un obstacle qui vous empêche d’y aller, vous ne pouvez pas y aller. C’est ce qui nous arrive avec Pronote. Les professeurs déficients visuels ne peuvent pas consulter Pronote et, surtout, ne peuvent pas rentrer de données, ce qui est un considérable préjudice pour eux et pour leurs élèves. C’est la même chose pour les parents déficients visuels qui ne peuvent pas contrôler les notes de leurs enfants et aussi pour les élèves qui ne peuvent pas vérifier les notes qu’ils ont obtenues. »

Source FRANCE INTER.

Handicap : à 16 ans, Ryann invente un clavier pour les élèves DYS et le vend partout en France. Vidéo…

Le jeune Breton Ryann Dubois a inventé un clavier pour les élèves DYS, souffrant de troubles de l’apprentissage.

Plébiscité, son kit est en vente chez Boulanger. 

Avec son invention pour clavier d’ordinateur, Ryann Dubois (Côtes-d’Armor) apporte un sacré soutien aux élèves DYS qui souffrent de troubles de l’apprentissage. Son kit est commercialisé dans toute la France (©La Presse d’Armor)

Avec son invention pour clavier d’ordinateur, Ryann Dubois (Côtes-d’Armor) apporte un sacré soutien aux élèves DYS qui souffrent de troubles de l’apprentissage. Son kit est commercialisé dans toute la France (©La Presse d’Armor)

Créé dans sa chambre durant les confinements, l’invention du jeune Breton Ryann Dubois est aujourd’hui commercialisée dans toute la France, dans les rayons de l’enseigne d’électroménager et multimédia Boulanger.

Âgé de 16 ans, le lycéen vivant à Binic-Etables-sur-Mer (Côtes-d’Armor) a conçu un kit pour clavier d’ordinateur, adapté aux enfants qualifiés de « DYS ».  C’est-à-dire, ceux qui doivent faire face à des troubles d’apprentissage comme la dyslexie, la dysorthographie, la dyspraxie, etc., et pour qui écrire est une souffrance.

Ils ne peuvent le faire à la même vitesse que leurs camarades et se servent d’un ordinateur portable pour prendre des notes en cours.

Inventé dans sa chambre d’adolescent

Concerné depuis son CM2 par l’un de ces troubles, et à force de consultations chez des spécialistes, Ryann Dubois a appris la dactylo avec un code couleur.

Une technique souvent recommandée par les ergothérapeutes, qui consiste à mettre des couleurs sur les touches d’un clavier d’ordinateur, mais qui n’avait pas de solution dans le commerce.

D’où l’idée de Ryann de proposer un nouvel outil adapté aux ordinateurs avec cette technique.

« Avec les plaques de lettres que j’ai créées, on apprend plus vite à écrire sur un ordinateur sans presque regarder les touches. Avec les couleurs, l’œil, le cerveau et les doigts ne font plus qu’un. Les couleurs permettent à l’œil d’apprendre à localiser plus vite la lettre que l’on cherche. »

Ryann Dubois

De simples étiquettes autocollantes à découper et à coller sur le clavier, Ryann Dubois a imaginé en effet un équipement plus maniable et durable : un kit qu’il a baptisé le clavier Keydys. Ryann voulait le mettre largement à disposition de tous les DYS, enfants comme adultes.

L’adolescent est aujourd’hui à la tête d’une petite entreprise, R2Dtooldys, qui fait sacrément parler d’elle…

Engouement sur les réseaux et un message du président de la République

Depuis la mise au grand jour de son innovation au printemps 2021, journaux, émissions de télévision, radios ont relayé abondamment la création de son clavier Keydys, qui permet de mieux saisir et plus vite les cours sur ordinateur.

Sur les réseaux aussi, l’engouement a aussi été fulgurant. De 400 abonnés, sa page Facebook en compte aujourd’hui plus de 7 000, avec de nombreux messages postés de félicitations et d’encouragements.

Les amis de sa communauté sont partout en France et dans le monde : au Mexique, Suisse, Qatar, Roumanie, Espagne, Italie, Canada, etc.

Même le président de la République Emmanuel Macron lui a formulé ses félicitations.

En rayon chez Boulanger

Pour faire évoluer cette aventure, « il a fallu la détermination et le soutien de mes parents Solène et Olivier. Avec eux, nous sommes allés chercher des soutiens », souligne Ryann Dubois.

La première à réagir a été Nadège Delmotte, de la Fondation Boulanger. Des échanges de mails et quelques réunions en visio plus tard, elle a interrogé Ryann Dubois sur ses intentions quant à son innovation : vendre le brevet ou la développer lui-même.

« J’avais toujours à l’esprit que Keydys devait rester accessible à tous. La fondation a contacté le PDG Boulanger France, et celui-ci m’a ouvert les portes du soutien. Au final, l’enseigne m’a mis gratuitement à disposition tout le matériel informatique que je souhaitais et une vingtaine d’experts dans tous les domaines, juridique, fiscal, de création d’entreprise… »

Ryann Dubois

L’enseigne nationale l’a même mis en relation avec un imprimeur spécialisé dans le nord de la France : « C’en était donc fini pour nous les séances d’impression jusque tard dans la nuit ! »

Pour les élèves de l’académie

Depuis l’été 2021, les lignes ont bougé.

« Notre avocat nous a fait signer la création de notre entreprise en juillet, le jour de mes 16 ans. Depuis, l’académie de Nancy Metz m’a commandé un Keydys par ordinateur qu’ils prêtent aux élèves DYS. »

Ryann Dubois

De la même façon, le recteur de l’académie de Rennes est venu le voir au lycée le 27 novembre 2021 : « Il m’a assuré vouloir faire de même pour tous les élèves DYS de l’académie de Rennes. »

Les produits sont disponibles dans tous les magasins Boulanger (24 euros), proposés par des personnels formés. On peut aussi toujours les commander sur le site internet de l’entreprise de Ryann.

Sur le site de Ryann on retrouve des tutos et 12 modèles différents pour claviers Azerty, Qwerty, Qwertz, pour MAC, pour Androïd. Facebook et Instagram. Mail : R2Dtooldys@gmail.com.
Source ACTU.FR