Y a-t-il « 100.000 élèves en situation de handicap scolarisés en plus » sur le quinquennat ?…

D’après Emmanuel Macron, l’école compte 100.000 nouveaux élèves avec un handicap depuis 2017.

C’est un peu moins, d’après les chiffres de la rentrée 2021.De plus, ce bilan n’inclut pas seulement des enfants qui n’étaient pas scolarisés avant.

Y a-t-il "100.000 élèves en situation de handicap scolarisés en plus" sur le quinquennat ?..

En campagne au Havre jeudi 14 avril, Emmanuel Macron s’est réjoui que davantage d’enfants avec un handicap soient admis à l’école depuis son élection, en 2017. « On a 100.000 élèves en situation de handicap qui sont scolarisés en plus » sur le quinquennat, a souligné Emmanuel Macron face à un professeur. Mais qu’en est-il ?

D’après les chiffres de l’Éducation nationale, 321.500 élèves présentant un handicap étaient alors « scolarisés en milieu ordinaire » à la rentrée scolaire 2017. Par milieu ordinaire, il faut entendre au sein d’une classe normale ou dans une classe Ulis, c’est-à-dire une unité localisée d’inclusion scolaire. À la rentrée 2021, le ministère de l’Éducation nationale annonçait que 400.000 enfants en situation de handicap étaient alors scolarisés. Si cette scolarisation est en « augmentation de 19% en 5 ans », note le ministère, elle concerne 78.500 enfants depuis le début du quinquennat. Et non 100.000, comme présenté par Emmanuel Macron.

Pour avancer ce chiffre, il parait peu probable que le président sortant ait anticipé la rentrée scolaire 2022. En effet, le ministère de l’Éducation nationale nous indique qu’aucune prévision des effectifs n’est faite avant la rentrée de septembre. De plus, ce bilan laisse entendre que ces « 100.000 élèves » qui présentent un handicap n’étaient pas scolarisés jusqu’alors. Or, comme le relève le site à destination des familles « Ecole et Handicap », cette progression ne renvoie pas à une hausse effective du nombre d’élèves scolarisés mais à une évolution de la reconnaissance du handicap.

La prise en compte de ces enfants à l’école a été rendue possible par la loi de 2005, qui a défini juridiquement le handicap. Depuis, des élèves qui n’étaient pas considérés en situation de handicap sont reconnus comme tels. « De nouveaux troubles sont mieux connus et mieux reconnus aujourd’hui comme des handicaps, tels que les troubles des apprentissages et du langage, les troubles de l’attention ou les troubles du comportement », observe « École et Handicap ».

C’est ce que nous confirme l’Éducation nationale, citant par exemple les cas de dyslexie : « Ce sont des élèves dont on reconnait mieux le handicap. De manière générale, nous prenons mieux en compte certaines difficultés considérées comme du handicap, ce qui a augmenté le nombre d’enfants pris en charge ou intégrés dans des classes lambdas. En parallèle, nous avons aussi augmenté le nombre d’enfants autistes en maternelle ». Cela traduit indéniablement des efforts institutionnels vers l’intégration des enfants handicapés en milieu scolaire. Or, cette progression de leur scolarisation ne résulte pas, comme le laisse entendre Emmanuel Macron, d’une augmentation du nombre d’élèves mais d’une meilleure prise en compte du handicap, sous toutes ses formes.

Source TF1.

 

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