Le chef de l’État attendu sur le handicap. Chat échaudé craint l’eau froide…!

Entre les deux tours, le président-candidat a promis la déconjugalisation de l’allocation adultes handicapés.

Les associations restent sur leurs gardes.

Le chef de l’État attendu sur le handicap

 

Chat échaudé craint l’eau froide. C’est avec circonspection que les associations de personnes handicapées ont accueilli le retournement de veste de dernière minute du candidat Macron sur la déconjugalisation de l’allocation adultes handicapés (AAH). « À dix jours du deuxième tour, le Collectif Handicaps veut y voir une ouverture, même s’il reste, d’une part, prudent sur le contenu de l’annonce et, d’autre part, lucide sur le timing dans lequel elle est faite », avait indiqué son président, Arnaud de Broca, au lendemain des promesses présidentielles.

Le 20 avril, lors du débat d’entre-deux-tours, Emmanuel Macron s’était dit « favorable à ce qu’on puisse corriger cet effet de bord (…) qui est que lorsqu’une personne avec l’allocation adultes handicapés se marie avec quelqu’un qui a beaucoup plus d’argent, elle la perd » . Le 15 avril, sur Franceinfo, il avait déjà indiqué qu’ « on doit bouger sur ce point », alors qu’il était le seul candidat à ne pas avoir prévu la mesure dans son programme. Son gouvernement s’était jusque-là opposé à ce que le versement de l’AAH, qui peut atteindre 900 euros, cesse d’être conditionné aux revenus du conjoint.

« S’assurer que les déclarations seront suivies d’effets »

« Les propositions de dernière minutes ne nous feront pas oublier le mépris qu’on s’est pris en pleine face ces cinq dernières années », a réagi le collectif handiféministe les Dévalideuses. Les déclarations du candidat Macron n’effaceront pas la manière dont la majorité parlementaire s’est opposée, à deux reprises, lors de débats houleux, à l’ensemble des autres groupes parlementaires qui soutenaient la déconjugalisation de l’AAH. La secrétaire d’État aux personnes handicapées, Sophie Cluzel, avait alors argué que cette mesure était injuste car elle bénéficiait à tous, sans conditions de revenus. « Nous assumons le fait de donner plus à ceux qui en ont vraiment besoin », avait-elle justifié.

« Nous serons présents pour nous assurer que la promesse électorale sera suivie d’effets très rapidement », a prévenu Jean-Louis Garcia, président de l’Association pour adultes et jeunes handicapés (Apajh). Au-delà de l’AAH, les associations, qui regrettent la place modeste prise par le handicap dans la campagne, comptent porter leurs revendications, comme l’aboutissement de la loi autonomie ou la mise en application de l’accessibilité. À la clé, l’amélioration de la vie de 12 millions de personnes et de leurs familles.

Source L’HUMANITE.

« Enfin chez soi » : à Guéret, une résidence « inclusive » pour les personnes en situation de handicap…

Une résidence de cinq logements va être ouverte par l’Apajh à Guéret. Dans cet immeuble, les personnes en situation de handicap auront chacune leur appartement, tout en étant accompagnées au quotidien. 

Romain et Virginie se préparent à vivre seuls en appartement.

 

On sera plus tranquilles qu’au foyer ! » Romain et Virginie visitent les appartements de la résidence inclusive de l’Association pour adultes et jeunes handicapés (Apajh), et s’y imaginent déjà. Dans quelques semaines, les deux amoureux, tous deux en situation de handicap, vont emménager dans un des cinq logements de cet immeuble. Chez eux pour la première fois, mais pas tout à fait seuls. Ils auront la possibilité d’être accompagnés au quotidien par Mathis Portail, l’animateur socio-culturel recruté pour l’occasion.

Une présence rassurante

« Je serai présent six jours par semaine en moyenne, en fin d’après-midi et le soir », explique le jeune homme. Son rôle : « faire de la veille, s’assurer que tout le monde est bien chez soi, assurer une présence et aider dans la vie quotidienne ». Mais pas question de faire à la place des résidents, l’objectif est de les accompagner vers l’autonomie. « S’ils ne savent pas changer une ampoule, je leur montre, mais je ne le fais pas à chaque fois ! »

Une présence qui rassure Romain. « Mathis pourra nous aider si on a un souci, pour la cuisine ou d’autres choses ». L’animateur proposera aussi des ateliers, des animations dans l’espace commun de l’immeuble, un ancien appartement transformé en cuisine et salon. « Chacun aura la possibilité d’y participer, ou pas. L’objectif étant quand même d’avoir un minimum de vie en commun ». 

Les candidatures toujours ouvertes

« La résidence est pensée comme un sas entre l’hébergement collectif, et l’appartement totalement individuel », ajoute Magalie Garcia, directrice adjointe des foyers d’hébergement de l’Apajh. « Quand on ferme la porte on est chez soi, en même temps le semi-collectif permet d’éviter la solitude, et de s’entraider. » Certains resteront ici quelques mois, le temps de s’adapter à leur nouveau quotidien. D’autres peut-être toute la vie. « Il n’y a pas de règle, tout dépend du projet », ajoute Magali Garcia.

Les futurs habitants sont sélectionnés selon le profil et le projet de vie. Six à huit personnes au total peuvent vivre ici. Pour l’instant, l’APAJH a reçu une dizaine de candidatures, et les dossiers peuvent être déposés auprès de l’association en continu.

Source FRANCE BLEU.

Handicap – « La scolarisation pour tous reste au cœur de nos combats »…

Selon le bilan du CIH, les choses s’améliorent en matière de scolarisation des enfants.

Que se passe-t-il sur le terrain ?

« La scolarisation pour tous reste au cœur de nos combats ». Jean-Louis Garcia_APAJH

 

Concernant la scolarisation des enfants en situation de handicap, le bilan fait état d’une grande hétérogénéité dans les territoires, et les solutions déployées au niveau départemental témoignent d’une inégale prise en compte des besoins. Si des avancées essentiellement quantitatives sont constatées, les études pointent des chiffres surtout encourageants en école maternelle et en élémentaire, en lien avec le 4e plan Autisme.

La situation reste cependant plus mitigée dans l’enseignement secondaire, et la question de l’inclusion devient très problématique quand on parle des études supérieures.

Ces données reflètent également des réalités très différentes concernant les modalités d’accueil et d’accompagnement, car elles intègrent, par exemple, des scolarisations à temps partiel, se limitant parfois à quelques heures par semaine, et conditionnées à la présence d’un AESH.

Nous ne pouvons nous en satisfaire… C’est pourquoi l’accès à la scolarisation pour tous, avec l’objectif affirmé d’une École pleinement inclusive, reste au cœur de nos combats et de nos revendications, en soutenant des actions concertées, à la fois plurielles, agiles, innovantes à destination des enfants, des familles et des professionnels de l’Éducation nationale. C’est tout le sens de notre accord-cadre avec le ministère de l’Éducation nationale.

Que permet cet accord-cadre ?

L’Apajh est née de la détermination forte de la part de militants bénévoles et de professionnels engagés d’initier des solutions en matière de scolarisation pour les enfants en situation de handicap. Cette préoccupation est restée centrale dans les valeurs et actions qui nous guident encore aujourd’hui.

Et c’est dans cette volonté réaffirmée qu’une convention-cadre de coopération a été signée avec le ministère de l’Éducation nationale et le ministère des Affaires sociales en juin 2013, puis enrichie en janvier 2020.
Cette convention est un pilier pour mettre en œuvre une coopération renforcée entre les acteurs qui interviennent auprès des enfants et adolescents en situation de handicap ; condition nécessaire pour lever les résistances, fluidifier les parcours, en garantir la cohérence et la continuité.

Enfin, l’Apajh s’engage comme partenaire privilégié dans la formation, autre levier central pour fédérer les acteurs et pérenniser les projets initiés en matière de scolarisation inclusive.
À cette fin, les militants bénévoles et les professionnels participent, entre autres, à des actions de sensibilisation dans les classes. Sur sollicitation, ils sont amenés à prendre part également aux plans de formation, en particulier celui des AESH dans le cadre des 60 heures dispensées à tous les personnels nouvellement recrutés.

Ces AESH sont en grève sur certains territoires pour obtenir un meilleur statut et salaire. Qu’en pensez-vous ?

La conduite de projets de scolarisation ambitieux pour l’ensemble de élèves en situation de handicap nécessite une coopération renforcée de tous les acteurs, articulant les actions des professionnels de l’Éducation nationale et du secteur médicosocial. Et nous avons bien conscience que les AESH occupent dans ces projets un rôle essentiel, au plus près des enfants accompagnés et de leur famille. Si leur statut a connu récemment une amélioration, il demeure, à notre sens, insuffisamment reconnu, et de fait peu attractif, avec une formation initiale et continue encore insuffisante pour étayer ces professionnels.

Par ailleurs, leur action au sein des pôles inclusifs d’accompagnement localisés (PIAL) est souvent complexe à mener, en raison de l’organisation interne, du fractionnement des accompagnements, du manque continuel d’articulation, des carences en moyens humains et des rémunérations indignes.
Aussi, l’Apajh s’associe aux AESH dans leur volonté d’une réelle reconnaissance, passant par une évolution de carrière valorisée et une formation renforcée, dans le respect de ces professionnels engagés au quotidien dans l’accompagnement des enfants en situation de handicap.

Quel plaidoyer portez-vous pour les prochaines élections ?

À chaque élection, qu’il s’agisse de scrutins locaux ou nationaux, l’Apajh interpelle les candidats républicains. Il est dans notre ADN, depuis 1962, de travailler auprès des pouvoirs publics, à la fois en tant que force de proposition et de vigie, pour les droits des personnes en situation de handicap.

Pour l’élection présidentielle de 2022, nous avons bâti un Pacte qui invite les candidats à s’engager pour le Réflexe Handicap : derrière cette formule, c’est véritablement un changement de pratique de la décision publique et politique que nous demandons. Dans chaque projet de loi, dans chaque décision, il devient nécessaire d’anticiper et prendre en compte les besoins et attentes des personnes en situation de handicap. Être pleinement citoyen, c’est l’être dans tous les domaines de la vie : la personne qui sera portée aux plus hautes responsabilités du pays doit être vecteur de cette vision d’une société réellement inclusive, laïque et solidaire.

En 13 actes, nous abordons concrètement comment s’emparer de ce Réflexe : la laïcité, une pleine citoyenneté dans le droit, le pouvoir de choisir et d’agir des personnes en situation de handicap, en favorisant l’autodétermination de chacun, des parcours sans rupture de l’École à l’entrée dans la vie professionnelle, l’accès à des soins de qualité et une coordination des acteurs du secteur de la santé, un secteur médicosocial reconnu et des professionnels revalorisés…

Le handicap n’est pas ou trop peu abordé dans la campagne présidentielle actuelle, alors que nous sommes à moins de deux mois du premier tour : il est grand temps que les 12 millions de personnes en situation de handicap ainsi que leurs proches, les professionnels et globalement l’ensemble des citoyens soient aujourd’hui entendus.

Source LA GAZETTE DES COMMUNES.

Handicap : l’APAJH demande une deuxième maison de répit dans l’est de la Somme…

Au lendemain de la visite dans la Somme de Sophie Cluzel, secrétaire d’état chargée des personnes handicapée, France Bleu Picardie fait le point avec l’APAJH 80 sur les besoins en maisons de répit, ces lieux qui accueillent enfants et familles pour souffler.

Il n’en existe qu’une dans la Somme.

Philippe Théo, président de l'APAJH 80.

 

Vous le savez si vous êtes parent ou proche d’une personne handicapée dans la Somme : il n’existe qu’une seule maison de répit pour « souffler », à Belloy-sur-Somme. La structure est saturée de demandes, mais elle sera peut-être rejointe par d’autres : cela fait partie des promesses de l’accord de méthode signé hier entre le gouvernement et le département. On en discute avec l’invité de France Bleu Picardie, le président de l’APAJH 80 (Association pour adultes et jeunes handicapés), Philippe Théo.

France Bleu Picardie : Est-ce que vous pouvez nous rappeler ce qu’est une maison de répit ? Comment est-ce qu’elle fonctionne ?

Philippe Théo : c’est une maison qui permet d’accueillir le week-end, pendant les vacances, ces enfants qui sont suivis dans l’année dans un établissement spécialisé ou scolarisé dans une école, mais ayant des troubles du spectre autistique. Ça peut être parfois difficile pour les familles, les parents. On peut comprendre que dans le cas de ces enfants-là, qui sont totalement imprévisibles pour certains, que l’encadrement soit pesant. Si la famille veut partir en week-end, si la famille veut prendre un peu de bon temps pour elle-même, elle peut mettre son enfant dans cette maison de répit avec un encadrement suffisant. C’est du « un pour un » : un adulte pour un enfant.

Combien de places sont disponibles ?

Philippe Théo : sur ce site de Belloy-sur-Somme, actuellement, nous avons huit places en même temps. Normalement, le contrat avec l’ARS, ça serait 90 jours possibles [par enfant]. Sauf que là, on est à neuf jours par an. C’est largement insuffisant et on a des besoins qu’on a exprimés hier à Madame la Secrétaire d’État. Nous attendons les autorisations et les financements.

Qu’est-ce que vous avez demandé exactement hier à Sophie Cluzel ?

Philippe Théo : nous avons beaucoup de demandes, le secteur n’est pas totalement équipé, mais nous avons ciblé nos demandes sur une deuxième maison de répit à l’est du département, une maison qui pourrait être placée stratégiquement le long de l’autoroute. Il y a une gare TGV. On a un agrément interdépartemental, c’est-à-dire que l’on reçoit aussi des gens du Pas-de-Calais, du Nord, de la région parisienne. C’est une vraie demande. On a vécu ça aussi pendant le confinement, avec des parents qui avaient des enfants dans des petits appartements. Souffler, ça a été, pour les enfants comme pour les parents, quelque chose de très important. Cette maison a donc fonctionné pendant tout le confinement.

Quand on suggère à Sophie Cluzel de mettre de l’argent dans la construction d’une maison de répit, elle répond qu’il faut privilégier l’existant, à savoir peut-être se tourner vers ces bâtiments qui sont inoccupés parfois, pendant les vacances, par exemple les collèges. Qu’est-ce que vous en pensez? Ce sont des lieux adaptés à l’accueil d’enfants handicapés ?

Philippe Théo : dans un premier temps, non. Mais en même temps, elle n’a pas tort non plus. C’est vrai que beaucoup d’équipements publics sont inoccupés, alors il y a sûrement des choses à faire. Après, ces maisons doivent être équipées, sécurisées pour ces enfants-là, parce que ces enfants sont imprévisibles. Par exemple, il ne faut pas qu’ils se pincent les doigts dans les portes. Il faut qu’il y ait des systèmes de sécurité la nuit pour leur fermer les portes. Il faut quelqu’un la nuit. Il faut vraiment équiper tout cela pour assurer la compatibilité de ce type d’équipement avec l’autisme. Ce que je disais hier à Madame la ministre, c’est qu’il y a des locaux : à droite, à gauche, dans une école, des classes qui ferment, etc. Il y a des locaux, on peut les adapter. Après, c’est des locaux qui peuvent être partagés. C’est-à-dire que si ces locaux sont équipés, ils peuvent aussi servir à des enfants qui ne sont pas en situation de handicap.

Sophie Cluzel dit aussi préférer mettre de l’argent dans les salaires des professionnels, animateurs, moniteurs et pas dans les murs. Ça aussi, ça vous paraît cohérent ?

Philippe Théo : oui, bien sûr. Après, il faut quand même faire des adaptations de sécurité puisque c’est ce que nous demande l’ARS pour nous donner l’agrément ! Il faut se mettre autour d’une table et en discuter, puis choisir toujours ce qui coûte le moins cher pour la solidarité nationale, bien sûr.

Sur cette question de la revalorisation des métiers d’encadrement des moniteurs, des éducateurs, il y a une conférence aujourd’hui qui doit se tenir …

Philippe Théo : et il semblerait que monsieur Castex va faire des annonces fortes pour la revalorisation des métiers du médico-social. Et ça, c’est quelque chose qui est attendu, parce qu’avec le Ségur de la Santé qui ne concernait pas le médico-social, il s’est créé un décalage qui qui a fait « aspiration ». C’est-à-dire que les gens du médico-social se sont sauvés et se sauvent encore. Et donc, c’était une revalorisation a minima qui est très attendue, parce qu’il ne faudrait pas que les professionnels partants de nos établissements médico-sociaux mettent en difficulté, qu’on en arrive à des situations où on ne puisse plus accueillir tous les enfants. Et là, on mettrait en difficulté les familles parce qu’il nous faut un encadrement sécurisant.

Source FRANCE BLEU.

 

Procès des détournements de fonds à l’Apajh 37 : « Je veux qu’ils remboursent jusqu’au dernier centime »…

Alors que s’ouvre le procès de Cathy Münsch-Masset et de son mari, dans une affaire de détournements de fonds publics au détriment de l’Apajh 37, les parents d’enfants handicapés accueillis par l’association prennent la parole.

Ils veulent que justice soit rendue.

Le siège de l'Apajh 37, dans le quartier des Deux-Lions, à Tours.

 

Deux mois et demi après la révélation de l’affaire, Guillaume Masset et sa femme Cathy Münsch-Masset comparaissent ce mardi 8 février devant le tribunal correctionnel de Tours, pour l’histoire de détournements de fonds publics au préjudice de l’Apajh 37, l’association pour adultes et jeunes handicapés.

Le mari, ex-directeur de la structure, est accusé d’avoir détourné plus de 350.000 euros, entre mai 2018 et novembre 2020. Des faits qu’il a reconnu en garde à vue, fin novembre. Sa femme, ancienne première adjointe à la mairie tourangelle et conseille régionale PS, est quant à elle soupçonnée d’avoir bénéficié de cet argent qui s’est retrouvé pour partie sur le compte-joint du couple.

« Si eux ne prennent pas soin de nos enfants, lorsqu’on ne sera plus là, qui prendra soin d’eux ? »

Ce procès, Nathalie* y sera très attentive. Son fils de 10 ans, qui souffre d’un trouble envahissant du développement non spécifié (une forme d’autisme), est accueilli dans l’un des établissements gérés par l’Apajh 37. « Pour être dans des structures comme ça, avec des personnes vulnérables, il faut avoir de l’empathie et avoir envie de faire plaisir à ce public-là », estime la maman, qui éclate en sanglots, à bout de nerfs, après quelques minutes d’interview. « Si eux ne prennent pas soin de nos enfants, lorsqu’on ne sera plus là, qui prendra soin d’eux ? »

« On se rend compte, qu’en fait, ces associations-là ont de l’argent, poursuit-elle. Or, pour la moindre sortie, c’est la croix et la bannière, on a l’impression de demander la lune et on nous dit qu’il n’y a pas de fonds. Après, on entend qu’il y a des directeurs qui prennent de l’argent dans les caisses comme ça, facilement, c’est incroyable. Avec ces 350.000 euros, la Région aurait pu faire des structures de répit pour que les parents soufflent, car nous sommes épuisés. Il aurait pu y avoir des choses proposées avec la fratrie parce que les frères et sœurs en souffrent aussi du handicap de l’aîné de la famille. Ça aurait pu les sortir un peu de ce quotidien. » 

« On prend les personnes handicapées pour des imbéciles »

Comme Nathalie, Franck attend « que la justice fasse son travail ». Ce père de famille habite dans le Nord-Ouest de l’Indre-et-Loire. Deux de ses trois enfants sont en fauteuil roulant, atteints de l’ataxie de Friedreich, une maladie neuromusculaire dégénérative. « Notre maison, nous l’avons achetée quand nous avons appris que notre fille allait devoir être en fauteuil roulant. Deux ans plus tard, le diagnostic est tombé pour notre fils. Et là, on nous demande de faire des travaux, de tout mettre aux normes PMR, notamment la salle de bains, sans s’occuper de savoir si on a les fonds nécessaires. On le fait pour nos enfants. Et quand je vois des pourritures comme ça, car moi j’appelle ça des pourritures, qui se permettent de voler les gens, les associations, ça me désole. On prend les personnes handicapées pour des imbéciles. J’espère qu’ils seront vraiment punis par la justice et qu’ils vont rembourser jusqu’au dernier centime les 350.000 euros. »

Dans cette histoire, Guillaume Masset est poursuivi pour « faux », « usage de faux » et « abus de confiance ». Il encourt jusqu’à sept ans de prison, sa femme, cinq ans. Elle devra répondre de « recel d’abus de confiance aggravé ». Jusqu’à preuve du contraire, ils sont toujours considérés comme présumés innocents.

*Prénom modifié à sa demande

Source FRANCE BLEU.

Handicap – Tours : La première adjointe (conseillère régionale de la majorité PS-EELV-PCF en Centre-Val-de-Loire) et son mari poursuivis pour détournement de fonds… L’Apajh 37 escroquée de 350.000 euros !…

L’homme soupçonné, qui a succédé à son épouse à la tête de l’Apajh 37 en janvier 2017, a reconnu les faits.

Tours : La première adjointe et son mari poursuivis pour détournement de fonds

 

La fraude avoisinerait 350.000 euros. La première adjointe à la ville de Tours, Cathy Münsch-Masset (PS), est poursuivie pour recel d’ abus de confiance aggravé dans un dossier de détournement de fonds impliquant son mari, a-t-on appris ce jeudi de sources proches du dossier. L’élue est soupçonnée d’avoir bénéficié de fonds détournés par son mari, dans le cadre de sa fonction de directeur de l’Association pour adultes et jeunes handicapés d’Indre-et-Loire (Apajh 37).

Le dirigeant de l’association venant en aide aux handicapés est accusé d’avoir détourné de nombreux chèques entre 2018 et 2020. Il établissait des fausses factures avant de faire transiter les fonds sur le compte du couple.

Pas de complicité mise en lumière

Si le directeur, qui a succédé à son épouse à la tête de l’Apajh 37 en janvier 2017, a reconnu les faits, il a toutefois affirmé avoir agi seul. Le fonctionnaire des finances publiques en disponibilité aurait indiqué n’avoir jamais informé son épouse, par ailleurs conseillère régionale de la majorité PS-EELV-PCF en Centre-Val-de-Loire. Il est poursuivi pour faux, usage de faux et abus de confiance au préjudice d’une association faisant appel au don.

L’enquête, menée par la Direction territoriale de la police judiciaire d’Orléans, n’a pas mis en évidence une quelconque complicité de son épouse dans le processus de détournement. Cathy Münsch-Masset, adjointe aux Solidarités, à l’égalité, à la cohésion sociale, à la santé publique et aux handicaps, a d’ailleurs aussi contesté les faits de recel. Le couple était endetté, a-t-on appris de même source.

Une alerte de Tracfin

Confirmant ces informations, le procureur de la République de Tours, Grégoire Dulin, a indiqué qu’à l’issue de leurs gardes à vue, les époux ont été présentés au parquet en vue d’une convocation en justice et un placement sous contrôle judiciaire. La maison du couple a fait l’objet d’une saisie en vue d’une éventuelle confiscation à l’issue du procès, prévu le 8 février 2022 au tribunal correctionnel de Tours. Le magistrat a rappelé le principe de présomption d’innocence.

Selon une autre source proche du dossier, le couple a fait l’objet d’un signalement par Tracfin au printemps 2021. Ce service de renseignement chargé de la lutte contre la fraude fiscale et le blanchiment avait été alerté par la banque des époux.

Source 20 MINUTES.

 

« Déjà des morts en Gironde dans le champ du handicap »…

Le secteur médico-social du handicap, qui représente 25000 usagers et 7000 salariés en Gironde, a manifesté ce mercredi à Bordeaux pour dénoncer ses conditions de vie et de travail.

« Déjà des morts en Gironde dans le champ du handicap »

 

Les salaires n’ont pas été revalorisés par le Ségur de la Santé, aggravant la pénurie de main d’œuvre et la maltraitance dans des établissements incapables de prendre correctement en charge leurs résidents. Conséquence : trois d’entre eux sont décédés pendant l’été dans un foyer de Villenave d’Ornon.

Elles avaient 27, 32 et 35 ans, et sont mortes faute de soins suffisants cet été à la MAS (maison d’accueil spécialisée) Le Junca, à Villenave d’Ornon. Ce constat glaçant, c’est la direction de l’établissement elle même qui le fait ce jeudi, lors d’une conférence de presse dans ses locaux.

« Nous accueillons des personnes polyhandicapées de naissance ou suite à un accident de la vie (AVC, traumatisme crânien…). Certaines sont en état végétatif, et en grande vulnérabilité. Mais nous n’avons pas réussi à assurer pendant tout l’été la permanence des soins fondamentaux pour trois personnes, car il nous manquait la moitié des effectifs », déplore Michel Keisler, directeur général de l’Apajh Gironde (association pour adultes et jeunes handicapés) qui gère trois MAS, dont celui du Junca.

Fausses routes

L’établissement disposait alors seulement de 50% de son effectif total, soit 19 personnes au lieu de 38, et de 3,5 équivalent temps plein (ETP) d’infirmières contre sept postes nécessaires pour s’occuper de 50 résidents. Aussi, alors que les aides de vie devaient alimenter les personnes les plus vulnérables par sonde gastrique trois fois par jour, elles ont dû passer à deux fois, avec un plus gros débit.

« Les personnes nourries ainsi ont alors tendance à régurgiter, à faire des fausses routes et respirer des aliments, ce qui peut provoquer des infections respiratoires, poursuit Michel Keisler. L’hospitalisation à domicile n’a pas été suffisante. Trois personnes sont décédées, cinq autres ont pu être mises en sécurité dans un établissement hospitalier. »

« Nous avons de la technicité et du savoir-faire, mais quand il n’y a plus de personnel soignant, on ne peut pas faire de miracle », abonde Danielle Verdoodt, directrice de la MAS de ViIlenave d’Ornon. « Les évènements graves qui sont survenus dans cet établissement sont symptomatiques de ce qui se passe dans notre pays », souligne le directeur de l’APAJH.

« Déjà des morts en Gironde dans le champ du handicap »

Crise des vocations

En avril dernier, l’association avait pourtant alerté le gouvernement et les médias sur les risques du Ségur de la Santé : en revalorisant les salaires du seul secteur médical, cet accord entre le gouvernement et la profession a rendu d’autant moins attractive la branche médico-sociale, qui connaissait déjà une crise des vocations, et a marqué « un point de rupture », selon Michel Keisler.

Le secteur a donc décidé de remonter au créneau, écrivant au Premier ministre, Jean Castex, pour l’alerter sur « la situation catastrophique des établissements médico-sociaux » : les Ségur ont entraîné une « hémorragie leurs ressources et compétences », de « très nombreux salariés ayant démissionné pour travailler dans les EHPAD et les hôpitaux publics, qui offrent dorénavant de meilleures conditions de salaires ».

« L’écart de salaire est désormais de plus de 400 euros mensuel avec le milieu hospitalier pour les infirmières, indique Danielle Verdoodt. Alors qu’il nous manque 3,5 ETP, celles qui restent envisagent de partir si elles ne sont pas revalorisées. »

« Déjà des morts en Gironde dans le champ du handicap »

Du social aux burgers

Car au salaire et à ses perspectives d’évolutions médiocres – 2000 euros pour une infirmière en fin de carrière, au lieu de 3000 à l’hôpital – s’ajoutent des conditions difficiles :

« Il y a de grosses surcharges de travail, avec des amplitudes horaires de 6h30 à 23h, une présence un week-end sur deux, affirme Anaïs Lafaye, directrice du pôle hébergement de l’APEI du Libournais, une association d’insertion des handicapés. Cela met bien à mal la vie de famille. Aussi, les gens préfèrent monter leur foodtruck et vendre des burgers plutôt que de bosser dans le médico-social ! Résultat, on doit embaucher des personnes pas forcément qualifiées, et cela vire à la maltraitance. »

Manifestation devant la préfecture ce mercredi 6 octobre 2021 (SB/Rue89 Bordeaux)

 

Pour défendre sa profession et exiger un « Ségur pour tous », Anaïs Lafaye et une vingtaine de ses collègues ont défilé ce mercredi à Bordeaux. En tête d’un cortège qui, entre la préfecture et l’Agence régionale de santé (ARS), a rassemblé plusieurs centaines de personnes, des personnes en fauteuils, résidentes de plusieurs établissements du département.

« On est là pour soutenir les personnes qui travaillent auprès de nous et qui ne sont pas assez reconnues et payées, martèle Ghislaine, qui vit au MAS de Tresses. Je trouve ça aberrant. Et puis il n’y a pas assez de personnel, parfois plus qu’une personne au lieu de deux pour s’occuper de nous, cela commence à devenir galère. »

« Nos premières lignes à nous »

Les salariés témoignent en effet de la réduction drastique des activités ou des sorties, une « double peine » infligée après les restrictions sanitaires liées à la Covid. Céline, dont la fille polyhandicapée de 24 ans vit dans une MAS de Mérignac, rapporte les demandes faites aux familles de prendre au maximum leurs proches les week-ends, pour soulager leurs effectifs.

« Aujourd’hui, on veut se montrer avec nos premières lignes à nous, ces personnels qui nous permettent d’avoir une vie sociale, du répit, explique cette maman. C’est dommage qu’ils n’arrivent pas à fidéliser leurs salariés, qui sont des relais importants pour les résidents. Ainsi, ma fille va repérer des personnes, qui pourront compenser le manque d’affection familiale. Mais ces accompagnants s’épuisent, il y a beaucoup de turn-over alors que chaque personne handicapée a ses particularités. On est pas rassuré. »

Ce mercredi, les représentants girondins du secteur du handicap ont été reçus en fin de journée à l’ARS. Ils ont tenu à faire passer au grand public que la crise majeure dépasse largement les 7000 salariés et les 25000 usagers de leurs établissements : personne n’est à l’abri d’un accident de la vie dont soi-même ou un proche peut être la victime.

Source RUE 89 – BORDEAUX.

Déceptions après le comité interministériel du handicap…

Les associations sont loin d’avoir été convaincues par le comité interministériel du handicap, qui s’est tenu à Matignon le 5 juillet 2021.

Un appel à manifester en septembre a même été lancé.

Déceptions après le comité interministériel du handicap

 

En réaction à « l’obstination [du gouvernement] dans son refus de la déconjugalisation de l’AAH », APF France handicap appelle à une manifestation le 16 septembre. La déception des associations vis-à-vis des annonces du 5comité interministériel du handicap, qui s’est tenu le 5 juillet, se traduira dans la rue, à quelques mois des élections présidentielles.

« Plus que quelques mois pour une politique du handicap enfin à la hauteur des enjeux », interpelle APF France handicap dans un communiqué de presse. L’association déplore « fortement l’absence de dispositions ambitieuses pour l’effectivité des droits fondamentaux » et estime que « les mesures déjà mises en œuvre et celles à venir sont loin d’être suffisantes au regard des situations dramatiques vécues par les personnes en situation de handicap et leurs familles ».

Ainsi de la PCH dont trop de personnes sont exclues « du fait de critères d’éligibilité trop restrictifs et encore inadaptés », de la PCH « parentalité » « encore loin d’être opérationnelle et adaptée aux besoins des parents en situation de handicap » et des mesures pour l’emploi « à concrétiser ». APF France handicap reconnaît la prise en compte de la vie affective et sexuelle et demande d’autoriser la création de services d’accompagnement à la vie sexuelle en France. Idem pour l’habitat inclusif et la montée en puissance de l’aide à la vie partagée, une « bonne nouvelle », pour laquelle « la coconstruction avec les personnes comme avec les associations est indispensable ».

« Rendez-vous manqué »

L’Apajh regrette un « rendez-vous manqué » et égrène les sujets de mécontentement : pas d’amélioration du statut et de la formation des AESH, pas de déploiement à grande échelle des Pial intégrant les équipes mobiles d’appui à la scolarisation, pas de revalorisation de tous les professionnels du secteur social et médicosocial ni de réponses concrètes pour mieux accompagner les jeunes en situation de handicap confiés à l’aide sociale à l’enfance…

Surtout, l’Apajh se dit « consternée quant aux choix faits notamment sur la PCH dont de trop nombreuses personnes en situation de handicap mental ou psychique sont exclues, ou le déni de démocratie lorsque le gouvernement a fait le choix de l’obstruction avec un vote bloqué, interdisant le débat, ne permettant pas la déconjugalisation de l’allocation adulte handicapé, et de ce fait l’autonomie des personnes en situation de handicap ».

La transformation des Esat saluée

Cependant, les associations sont unanimes quant au plan de transformation des Esat. L’Apajh estime que ce sont des « mesures qui vont parfaitement dans le bon sens, d’autant plus qu’elles proviennent d’une réelle concertation menée avec les acteurs engagés ». Paralysie cérébrale France se félicite des « avancées positives qui concourent à la sécurisation et aux dynamiques des parcours professionnels des personnes en situation de handicap ». Tout en regrettant que le gouvernement n’ait « pas retenu sa proposition de plateforme de parcours rassemblant tous les acteurs favorisant/accompagnant l’emploi sur chaque bassin de vie ».

Alors que le comité des droits de l’ONU examinera en août la politique du handicap de la France et à quelques mois de la présidence française de l’Union européenne, les associations restent « attentives ». Rappelons qu’une réclamation collective pour violation des droits fondamentaux des personnes handicapées, portée par plusieurs d’entre elles (APF France handicap, Clapeaha, Fnath, Unafam, Unapei), sera examinée cet automne par le Conseil de l’Europe.

Source LA GAZETTE DES COMMUNES.

 

Handicap : la problématique soulevée de la vie intime des jeunes adultes…

Un constat est fait que les parents, les accompagnateurs et les professionnels de l’éducation spécialisée rencontrent des difficultés pour parler de la sexualité avec un enfant ou un adulte en situation de handicap.

Cette question renvoie à des représentations générales et à la propre sexualité des intervenants. 

Handicap : la problématique soulevée de la vie intime des jeunes adultes... VIE AFFECTIVE - SEXUELLE - RENCONTRES

 

Un constat est fait que les parents, les accompagnateurs et les professionnels de l’éducation spécialisée rencontrent des difficultés pour parler de la sexualité avec un jeune ou un adulte en situation de handicap. Cette question renvoie à des représentations générales et à la propre sexualité des intervenants.

L’Association pour adultes et jeunes handicapés (APAJH) fait avancer la réflexion et l’action pour assurer à chacun un égal accès aux droits, et notamment à celui d’avoir une vie intime et affective. Dans cette optique, elle a invité, mercredi 7 juillet, à la salle de l’Alagnier, des parents, familles et aidants non professionnels pour aborder la question avec Sheila Warembourg, diplômée en sexologie et santé publique.

De l’échange avec une dizaine de personnes, il est ressorti que des représentations pouvaient être à déconstruire, que le désir de la personne est réellement à identifier. Il ne se résume pas forcément au rapport sexuel. La personne est, parfois, plutôt dans une demande de sensualité, de toucher sans forcément envisager la pénétration. Sheila Warembourg a cité plusieurs exemples et a montré des poupées sexuées qui peuvent être des objets favorisant le dialogue et la prise de conscience du respect du désir de l’autre.

La question des assistants sexuels n’a pas manqué d’être posée. Cette pratique, interdite en France, existe dans des pays voisins mais l’intervenante a précisé que « les volontaires doivent suivre une formation longue et faire l’objet d’un suivi ».

La création de réseaux sociaux spécifiques a également été tentée mais n’a pas, pour l’instant, fait ses preuves, du fait de l’absence de moyens d’évaluation des échanges. Jean-René Marchalot, le président de l’association, a précisé que si des personnes souhaitaient poursuivre la réflexion, l’APAJH mettrait des moyens en place pour satisfaire les demandes.

Renseignements au 04.74.52.16.81.

Source LE PROGRES.

Pour un « réflexe handicap » des candidats aux régionales en PACA…

Les handicapés veulent qu’on les entendent et pas seulement en période électorale! Adopter un « réflexe handicap » c’est se poser une question simple « avant chaque décision politique avons nous anticipé les besoins des personnes en situation de handicap? ».

Oeuvres de l'artiste Marie-Caroline Brazey alias MC Solaire - publication avec l'aimable autorisation de l'artiste

 

Avec l’oeil qui pétille Patrick Touchot et son épouse Michelle concèdent bien volontiers que les politiques savent parler aux handicapés en période électorale. Malgré la compétences des régions en matière de transports, les programmes des candidats en lice pour les régionales 2021 sur le handicap sont plutôt rares. Raison de plus aux yeux de notre couple d’azuréens pour se méfier « quand il y a de beaux programmes, il n’y a généralement pas grand chose derrière » et souvent « On nous drague pour notre vote! »

« ça sert à rien de promettre la lune si on ne peut même pas promettre d’aller dans la ville d’à côté! »

« Qu’on arrête les effets de manches et qu’on applique la loi! » Patrick et son épouse Michelle animent sur les réseaux la page Accessible pour tous qui compte 85 000 abonnés cumulés sur plusieurs plateformes. Il nous explique que la situation dans les transports est très compliquée pour les handicapés. En PACA sur le réseau de TER « certains trains sont accessibles » mais les handicapés ne peuvent descendre que dans des gares importantes, « mais pas du tout dans des gares secondaires ou des petites villes. »

Les gares comme les établissements qui reçoivent du public sont soumis à la réglementation de la loi de 2005. Normalement 10 ans après cette loi, en 2015 donc,  100% de ces lieux devaient être accessibles. A l’heure actuelle le taux d’accessibilité est de 50%, « sans doute beaucoup moins! » pondère Patrick, non sans ironie.

Michèle et Patrick Touchot

L’idée d’un « réflexe handicap » devrait être en place depuis longtemps dans les transports

« Pour un couple en fauteuil, il faut prendre deux TGV différents. » ll y a en effet rarement plus d’une place consacrée aux handicapés dans les trains. Michelle et Patrick sont obligés de prendre deux trains différents pour se rendre au même endroit. Il faut parfois passer plusieurs coups de fil à des interlocuteurs différents nous dit Alexandre. Il est bénévole à l’APF. Dès qu’il s’agit de se déplacer en train, en trams ou en bus « ce sont des aventures qui rappellent des scènes dignes du film Indiana Jones« , « quand on arrive à rentrer dedans! »

« C’est discriminant par le fait que tout est rendu compliqué »

« Absolument impossible de faire une activité sans tout prévoir très longtemps à l’avance!« . Avec une malice désabusée Alexandre nous confie qu’il a presque l’impression de vivre dans un autre monde. En ville l’absence de moyens adaptés au handicap est réellement une contrainte supplémentaire pour lui. « C’est une lutte et il faut être surmotivé ou bien entouré, sinon on ne sort pas« .

« Ma prison, c’est mon handicap et aussi le peu de moyens qu’on met à ma disposition »

Tout comme Patrick et Michelle, Alexandre décrit une vision alternative de la ville « _je vois les rues différemment parce que les rues sont difficilement accessibles, et je les choisis en fonction de cela ». Pour passer « il faut se mettre en danger et évoluer au milieu de la chaussée et des voitures« .

Les handicapés doivent réserver des transports spécialisés un mois en avance et prévoir la présence d’amis au départ comme à l’arrivée. Caroline Fieux de l’APF réalise régulièrement des tests dans les transports pour voir si les choses évoluent et manifestement le « réflexe handicap » est encore un voeu pieux. D’autant plus que les handicaps sont majoritairement invisibles. Les maladies dégénératives, des infections longues durée ou encore des pertes d’autonomie font que le handicap est omniprésent autour de nous.

Caroline et Alexandre

La ville doit donc s’adapter aux différents handicaps. Il suffirait de mesures très simples et de bon sens. « Rien qu’une sonnette située plus bas permet aux personnes d’avoir accès à des logements » explique Caroline Fieux. Il faut aussi des arrêts de bus adaptés. L’APF fait d’ailleurs de la formation pour des chauffeurs de ligne d’azur qui eux mesurent à ce moment précis combien « le réflexe handicap » est absent.

La question des logements adaptés est un des chantiers de l’APAJH06.  Olga Torelli préside l’Association Pour Jeunes Adultes et Handicapés des Alpes maritimes…. Ce n’est pas la 1ère fois que la fédération APAJH est obligée d’interpeller les candidats aux régionales et aux départementales. « Tous les candidats doivent avoir un programme sur le handicap« . « On a l’impression que ce n’est pas leur priorité »

C’est un problème pour les transports mais aussi pour l’insertion professionnelle et l’habitat des handicapés. « Il y a trop de dérogations à la loi de 2005 sur l’accessibilité des handicapés. Aujourd’hui il y a un sentiment de désarroi. » Aujourd’hui on envoie des handicapés en Belgique parce qu’il n’y a pas assez de places pour eux dans les structures spécialisées.

Le « réflexe handicap » se traduit concrètement par l’adaptations des locaux, changer la dimension des portes pour laisser passer les fauteuils par exemple. Pour les handicapés non-visibles. Il faut aussi mettre des signalétiques plus faciles à comprendre. Une partie des handicapés ne parviennent pas à les lire.

Tout le monde gagne à simplifier l’accès des handicapés au monde dit « valide ».

Ecrire un menu en FALC (Français Facile à Lire et à Comprendre) est un aménagement possible nous explique Caroline Fieux chargée de développement des actions associatives à l’APF. Décrypter un menu pour certain handicaps mentaux est loin d’être évident, il en va de même pour une fiche de salaire.  Tout le monde gagne à simplifier l’accès des handicapés au monde dit « valide ». Alexandre nous explique que les affaissements sur les trottoirs profitent aux vélos. Ce qui signifie que les aménagements en faveur des handicapés profitent à toute la société, s’il y a un minimum d’anticipation et de bon sens. « C’est même la façon la plus économique d’aménager la ville » ajoute-t-il.

« On ne veut pas voir les handicapés ! »

Benoit est déficient visuel et il a retenu une chose simple pour faire une meilleure place aux handicapés il faut d’abord être à leur écoute et accepter de les voir. Selon lui, rendre visible le handicap fait bouger les choses.

« Le réflexe handicap » c’est faciliter la vie des handicapés. Il n’y a pas que les candidats aux régionales et les politiques qui doivent l’acquérir. Benoit déplore par exemple que dans un supermarchés la majorité des gens le double sans aucun égard et qu’une trop faible minorité ne lui vienne en aide.

Pour Benoit « c’est réellement un problème général », plus des handicaps différents et donc « invisibles » seront reconnus et plus l’accessibilité sera naturelle. Si les automobilistes qui se garent indûment sur une place de parking sont sensibilisés et familiers de la présence des handicapés, les comportements changeront.

Benoit prend également l’exemple d’un feux rouge tricolore sonore mis en place à Amsterdam. Il sert en premier lieu aux handicapés visuels. Cette initiative sert aussi aux sourds qui voient le système fonctionner visuellement. Cette complémentarité des installations est un « réflexe handicap » utiles pour plusieurs handicaps différents, tout comme il est précieux pour les valides. Ces idées que « le réflexe handicapé » devient réellement possible.

Source FRANCE BLEU.