Selon le bilan du CIH, les choses s’améliorent en matière de scolarisation des enfants.
Que se passe-t-il sur le terrain ?
Concernant la scolarisation des enfants en situation de handicap, le bilan fait état d’une grande hétérogénéité dans les territoires, et les solutions déployées au niveau départemental témoignent d’une inégale prise en compte des besoins. Si des avancées essentiellement quantitatives sont constatées, les études pointent des chiffres surtout encourageants en école maternelle et en élémentaire, en lien avec le 4e plan Autisme.
La situation reste cependant plus mitigée dans l’enseignement secondaire, et la question de l’inclusion devient très problématique quand on parle des études supérieures.
Ces données reflètent également des réalités très différentes concernant les modalités d’accueil et d’accompagnement, car elles intègrent, par exemple, des scolarisations à temps partiel, se limitant parfois à quelques heures par semaine, et conditionnées à la présence d’un AESH.
Nous ne pouvons nous en satisfaire… C’est pourquoi l’accès à la scolarisation pour tous, avec l’objectif affirmé d’une École pleinement inclusive, reste au cœur de nos combats et de nos revendications, en soutenant des actions concertées, à la fois plurielles, agiles, innovantes à destination des enfants, des familles et des professionnels de l’Éducation nationale. C’est tout le sens de notre accord-cadre avec le ministère de l’Éducation nationale.
Que permet cet accord-cadre ?
L’Apajh est née de la détermination forte de la part de militants bénévoles et de professionnels engagés d’initier des solutions en matière de scolarisation pour les enfants en situation de handicap. Cette préoccupation est restée centrale dans les valeurs et actions qui nous guident encore aujourd’hui.
Et c’est dans cette volonté réaffirmée qu’une convention-cadre de coopération a été signée avec le ministère de l’Éducation nationale et le ministère des Affaires sociales en juin 2013, puis enrichie en janvier 2020.
Cette convention est un pilier pour mettre en œuvre une coopération renforcée entre les acteurs qui interviennent auprès des enfants et adolescents en situation de handicap ; condition nécessaire pour lever les résistances, fluidifier les parcours, en garantir la cohérence et la continuité.
Enfin, l’Apajh s’engage comme partenaire privilégié dans la formation, autre levier central pour fédérer les acteurs et pérenniser les projets initiés en matière de scolarisation inclusive.
À cette fin, les militants bénévoles et les professionnels participent, entre autres, à des actions de sensibilisation dans les classes. Sur sollicitation, ils sont amenés à prendre part également aux plans de formation, en particulier celui des AESH dans le cadre des 60 heures dispensées à tous les personnels nouvellement recrutés.
Ces AESH sont en grève sur certains territoires pour obtenir un meilleur statut et salaire. Qu’en pensez-vous ?
La conduite de projets de scolarisation ambitieux pour l’ensemble de élèves en situation de handicap nécessite une coopération renforcée de tous les acteurs, articulant les actions des professionnels de l’Éducation nationale et du secteur médicosocial. Et nous avons bien conscience que les AESH occupent dans ces projets un rôle essentiel, au plus près des enfants accompagnés et de leur famille. Si leur statut a connu récemment une amélioration, il demeure, à notre sens, insuffisamment reconnu, et de fait peu attractif, avec une formation initiale et continue encore insuffisante pour étayer ces professionnels.
Par ailleurs, leur action au sein des pôles inclusifs d’accompagnement localisés (PIAL) est souvent complexe à mener, en raison de l’organisation interne, du fractionnement des accompagnements, du manque continuel d’articulation, des carences en moyens humains et des rémunérations indignes.
Aussi, l’Apajh s’associe aux AESH dans leur volonté d’une réelle reconnaissance, passant par une évolution de carrière valorisée et une formation renforcée, dans le respect de ces professionnels engagés au quotidien dans l’accompagnement des enfants en situation de handicap.
Quel plaidoyer portez-vous pour les prochaines élections ?
À chaque élection, qu’il s’agisse de scrutins locaux ou nationaux, l’Apajh interpelle les candidats républicains. Il est dans notre ADN, depuis 1962, de travailler auprès des pouvoirs publics, à la fois en tant que force de proposition et de vigie, pour les droits des personnes en situation de handicap.
Pour l’élection présidentielle de 2022, nous avons bâti un Pacte qui invite les candidats à s’engager pour le Réflexe Handicap : derrière cette formule, c’est véritablement un changement de pratique de la décision publique et politique que nous demandons. Dans chaque projet de loi, dans chaque décision, il devient nécessaire d’anticiper et prendre en compte les besoins et attentes des personnes en situation de handicap. Être pleinement citoyen, c’est l’être dans tous les domaines de la vie : la personne qui sera portée aux plus hautes responsabilités du pays doit être vecteur de cette vision d’une société réellement inclusive, laïque et solidaire.
En 13 actes, nous abordons concrètement comment s’emparer de ce Réflexe : la laïcité, une pleine citoyenneté dans le droit, le pouvoir de choisir et d’agir des personnes en situation de handicap, en favorisant l’autodétermination de chacun, des parcours sans rupture de l’École à l’entrée dans la vie professionnelle, l’accès à des soins de qualité et une coordination des acteurs du secteur de la santé, un secteur médicosocial reconnu et des professionnels revalorisés…
Le handicap n’est pas ou trop peu abordé dans la campagne présidentielle actuelle, alors que nous sommes à moins de deux mois du premier tour : il est grand temps que les 12 millions de personnes en situation de handicap ainsi que leurs proches, les professionnels et globalement l’ensemble des citoyens soient aujourd’hui entendus.
Source LA GAZETTE DES COMMUNES.