Pour un « réflexe handicap » des candidats aux régionales en PACA…

Les handicapés veulent qu’on les entendent et pas seulement en période électorale! Adopter un « réflexe handicap » c’est se poser une question simple « avant chaque décision politique avons nous anticipé les besoins des personnes en situation de handicap? ».

Oeuvres de l'artiste Marie-Caroline Brazey alias MC Solaire - publication avec l'aimable autorisation de l'artiste

 

Avec l’oeil qui pétille Patrick Touchot et son épouse Michelle concèdent bien volontiers que les politiques savent parler aux handicapés en période électorale. Malgré la compétences des régions en matière de transports, les programmes des candidats en lice pour les régionales 2021 sur le handicap sont plutôt rares. Raison de plus aux yeux de notre couple d’azuréens pour se méfier « quand il y a de beaux programmes, il n’y a généralement pas grand chose derrière » et souvent « On nous drague pour notre vote! »

« ça sert à rien de promettre la lune si on ne peut même pas promettre d’aller dans la ville d’à côté! »

« Qu’on arrête les effets de manches et qu’on applique la loi! » Patrick et son épouse Michelle animent sur les réseaux la page Accessible pour tous qui compte 85 000 abonnés cumulés sur plusieurs plateformes. Il nous explique que la situation dans les transports est très compliquée pour les handicapés. En PACA sur le réseau de TER « certains trains sont accessibles » mais les handicapés ne peuvent descendre que dans des gares importantes, « mais pas du tout dans des gares secondaires ou des petites villes. »

Les gares comme les établissements qui reçoivent du public sont soumis à la réglementation de la loi de 2005. Normalement 10 ans après cette loi, en 2015 donc,  100% de ces lieux devaient être accessibles. A l’heure actuelle le taux d’accessibilité est de 50%, « sans doute beaucoup moins! » pondère Patrick, non sans ironie.

Michèle et Patrick Touchot

L’idée d’un « réflexe handicap » devrait être en place depuis longtemps dans les transports

« Pour un couple en fauteuil, il faut prendre deux TGV différents. » ll y a en effet rarement plus d’une place consacrée aux handicapés dans les trains. Michelle et Patrick sont obligés de prendre deux trains différents pour se rendre au même endroit. Il faut parfois passer plusieurs coups de fil à des interlocuteurs différents nous dit Alexandre. Il est bénévole à l’APF. Dès qu’il s’agit de se déplacer en train, en trams ou en bus « ce sont des aventures qui rappellent des scènes dignes du film Indiana Jones« , « quand on arrive à rentrer dedans! »

« C’est discriminant par le fait que tout est rendu compliqué »

« Absolument impossible de faire une activité sans tout prévoir très longtemps à l’avance!« . Avec une malice désabusée Alexandre nous confie qu’il a presque l’impression de vivre dans un autre monde. En ville l’absence de moyens adaptés au handicap est réellement une contrainte supplémentaire pour lui. « C’est une lutte et il faut être surmotivé ou bien entouré, sinon on ne sort pas« .

« Ma prison, c’est mon handicap et aussi le peu de moyens qu’on met à ma disposition »

Tout comme Patrick et Michelle, Alexandre décrit une vision alternative de la ville « _je vois les rues différemment parce que les rues sont difficilement accessibles, et je les choisis en fonction de cela ». Pour passer « il faut se mettre en danger et évoluer au milieu de la chaussée et des voitures« .

Les handicapés doivent réserver des transports spécialisés un mois en avance et prévoir la présence d’amis au départ comme à l’arrivée. Caroline Fieux de l’APF réalise régulièrement des tests dans les transports pour voir si les choses évoluent et manifestement le « réflexe handicap » est encore un voeu pieux. D’autant plus que les handicaps sont majoritairement invisibles. Les maladies dégénératives, des infections longues durée ou encore des pertes d’autonomie font que le handicap est omniprésent autour de nous.

Caroline et Alexandre

La ville doit donc s’adapter aux différents handicaps. Il suffirait de mesures très simples et de bon sens. « Rien qu’une sonnette située plus bas permet aux personnes d’avoir accès à des logements » explique Caroline Fieux. Il faut aussi des arrêts de bus adaptés. L’APF fait d’ailleurs de la formation pour des chauffeurs de ligne d’azur qui eux mesurent à ce moment précis combien « le réflexe handicap » est absent.

La question des logements adaptés est un des chantiers de l’APAJH06.  Olga Torelli préside l’Association Pour Jeunes Adultes et Handicapés des Alpes maritimes…. Ce n’est pas la 1ère fois que la fédération APAJH est obligée d’interpeller les candidats aux régionales et aux départementales. « Tous les candidats doivent avoir un programme sur le handicap« . « On a l’impression que ce n’est pas leur priorité »

C’est un problème pour les transports mais aussi pour l’insertion professionnelle et l’habitat des handicapés. « Il y a trop de dérogations à la loi de 2005 sur l’accessibilité des handicapés. Aujourd’hui il y a un sentiment de désarroi. » Aujourd’hui on envoie des handicapés en Belgique parce qu’il n’y a pas assez de places pour eux dans les structures spécialisées.

Le « réflexe handicap » se traduit concrètement par l’adaptations des locaux, changer la dimension des portes pour laisser passer les fauteuils par exemple. Pour les handicapés non-visibles. Il faut aussi mettre des signalétiques plus faciles à comprendre. Une partie des handicapés ne parviennent pas à les lire.

Tout le monde gagne à simplifier l’accès des handicapés au monde dit « valide ».

Ecrire un menu en FALC (Français Facile à Lire et à Comprendre) est un aménagement possible nous explique Caroline Fieux chargée de développement des actions associatives à l’APF. Décrypter un menu pour certain handicaps mentaux est loin d’être évident, il en va de même pour une fiche de salaire.  Tout le monde gagne à simplifier l’accès des handicapés au monde dit « valide ». Alexandre nous explique que les affaissements sur les trottoirs profitent aux vélos. Ce qui signifie que les aménagements en faveur des handicapés profitent à toute la société, s’il y a un minimum d’anticipation et de bon sens. « C’est même la façon la plus économique d’aménager la ville » ajoute-t-il.

« On ne veut pas voir les handicapés ! »

Benoit est déficient visuel et il a retenu une chose simple pour faire une meilleure place aux handicapés il faut d’abord être à leur écoute et accepter de les voir. Selon lui, rendre visible le handicap fait bouger les choses.

« Le réflexe handicap » c’est faciliter la vie des handicapés. Il n’y a pas que les candidats aux régionales et les politiques qui doivent l’acquérir. Benoit déplore par exemple que dans un supermarchés la majorité des gens le double sans aucun égard et qu’une trop faible minorité ne lui vienne en aide.

Pour Benoit « c’est réellement un problème général », plus des handicaps différents et donc « invisibles » seront reconnus et plus l’accessibilité sera naturelle. Si les automobilistes qui se garent indûment sur une place de parking sont sensibilisés et familiers de la présence des handicapés, les comportements changeront.

Benoit prend également l’exemple d’un feux rouge tricolore sonore mis en place à Amsterdam. Il sert en premier lieu aux handicapés visuels. Cette initiative sert aussi aux sourds qui voient le système fonctionner visuellement. Cette complémentarité des installations est un « réflexe handicap » utiles pour plusieurs handicaps différents, tout comme il est précieux pour les valides. Ces idées que « le réflexe handicapé » devient réellement possible.

Source FRANCE BLEU.

 

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