Handicap : l’APAJH demande une deuxième maison de répit dans l’est de la Somme…

Au lendemain de la visite dans la Somme de Sophie Cluzel, secrétaire d’état chargée des personnes handicapée, France Bleu Picardie fait le point avec l’APAJH 80 sur les besoins en maisons de répit, ces lieux qui accueillent enfants et familles pour souffler.

Il n’en existe qu’une dans la Somme.

Philippe Théo, président de l'APAJH 80.

 

Vous le savez si vous êtes parent ou proche d’une personne handicapée dans la Somme : il n’existe qu’une seule maison de répit pour « souffler », à Belloy-sur-Somme. La structure est saturée de demandes, mais elle sera peut-être rejointe par d’autres : cela fait partie des promesses de l’accord de méthode signé hier entre le gouvernement et le département. On en discute avec l’invité de France Bleu Picardie, le président de l’APAJH 80 (Association pour adultes et jeunes handicapés), Philippe Théo.

France Bleu Picardie : Est-ce que vous pouvez nous rappeler ce qu’est une maison de répit ? Comment est-ce qu’elle fonctionne ?

Philippe Théo : c’est une maison qui permet d’accueillir le week-end, pendant les vacances, ces enfants qui sont suivis dans l’année dans un établissement spécialisé ou scolarisé dans une école, mais ayant des troubles du spectre autistique. Ça peut être parfois difficile pour les familles, les parents. On peut comprendre que dans le cas de ces enfants-là, qui sont totalement imprévisibles pour certains, que l’encadrement soit pesant. Si la famille veut partir en week-end, si la famille veut prendre un peu de bon temps pour elle-même, elle peut mettre son enfant dans cette maison de répit avec un encadrement suffisant. C’est du « un pour un » : un adulte pour un enfant.

Combien de places sont disponibles ?

Philippe Théo : sur ce site de Belloy-sur-Somme, actuellement, nous avons huit places en même temps. Normalement, le contrat avec l’ARS, ça serait 90 jours possibles [par enfant]. Sauf que là, on est à neuf jours par an. C’est largement insuffisant et on a des besoins qu’on a exprimés hier à Madame la Secrétaire d’État. Nous attendons les autorisations et les financements.

Qu’est-ce que vous avez demandé exactement hier à Sophie Cluzel ?

Philippe Théo : nous avons beaucoup de demandes, le secteur n’est pas totalement équipé, mais nous avons ciblé nos demandes sur une deuxième maison de répit à l’est du département, une maison qui pourrait être placée stratégiquement le long de l’autoroute. Il y a une gare TGV. On a un agrément interdépartemental, c’est-à-dire que l’on reçoit aussi des gens du Pas-de-Calais, du Nord, de la région parisienne. C’est une vraie demande. On a vécu ça aussi pendant le confinement, avec des parents qui avaient des enfants dans des petits appartements. Souffler, ça a été, pour les enfants comme pour les parents, quelque chose de très important. Cette maison a donc fonctionné pendant tout le confinement.

Quand on suggère à Sophie Cluzel de mettre de l’argent dans la construction d’une maison de répit, elle répond qu’il faut privilégier l’existant, à savoir peut-être se tourner vers ces bâtiments qui sont inoccupés parfois, pendant les vacances, par exemple les collèges. Qu’est-ce que vous en pensez? Ce sont des lieux adaptés à l’accueil d’enfants handicapés ?

Philippe Théo : dans un premier temps, non. Mais en même temps, elle n’a pas tort non plus. C’est vrai que beaucoup d’équipements publics sont inoccupés, alors il y a sûrement des choses à faire. Après, ces maisons doivent être équipées, sécurisées pour ces enfants-là, parce que ces enfants sont imprévisibles. Par exemple, il ne faut pas qu’ils se pincent les doigts dans les portes. Il faut qu’il y ait des systèmes de sécurité la nuit pour leur fermer les portes. Il faut quelqu’un la nuit. Il faut vraiment équiper tout cela pour assurer la compatibilité de ce type d’équipement avec l’autisme. Ce que je disais hier à Madame la ministre, c’est qu’il y a des locaux : à droite, à gauche, dans une école, des classes qui ferment, etc. Il y a des locaux, on peut les adapter. Après, c’est des locaux qui peuvent être partagés. C’est-à-dire que si ces locaux sont équipés, ils peuvent aussi servir à des enfants qui ne sont pas en situation de handicap.

Sophie Cluzel dit aussi préférer mettre de l’argent dans les salaires des professionnels, animateurs, moniteurs et pas dans les murs. Ça aussi, ça vous paraît cohérent ?

Philippe Théo : oui, bien sûr. Après, il faut quand même faire des adaptations de sécurité puisque c’est ce que nous demande l’ARS pour nous donner l’agrément ! Il faut se mettre autour d’une table et en discuter, puis choisir toujours ce qui coûte le moins cher pour la solidarité nationale, bien sûr.

Sur cette question de la revalorisation des métiers d’encadrement des moniteurs, des éducateurs, il y a une conférence aujourd’hui qui doit se tenir …

Philippe Théo : et il semblerait que monsieur Castex va faire des annonces fortes pour la revalorisation des métiers du médico-social. Et ça, c’est quelque chose qui est attendu, parce qu’avec le Ségur de la Santé qui ne concernait pas le médico-social, il s’est créé un décalage qui qui a fait « aspiration ». C’est-à-dire que les gens du médico-social se sont sauvés et se sauvent encore. Et donc, c’était une revalorisation a minima qui est très attendue, parce qu’il ne faudrait pas que les professionnels partants de nos établissements médico-sociaux mettent en difficulté, qu’on en arrive à des situations où on ne puisse plus accueillir tous les enfants. Et là, on mettrait en difficulté les familles parce qu’il nous faut un encadrement sécurisant.

Source FRANCE BLEU.

 

Pour marque-pages : Permaliens.