Entre les deux tours, le président-candidat a promis la déconjugalisation de l’allocation adultes handicapés.
Les associations restent sur leurs gardes.
Chat échaudé craint l’eau froide. C’est avec circonspection que les associations de personnes handicapées ont accueilli le retournement de veste de dernière minute du candidat Macron sur la déconjugalisation de l’allocation adultes handicapés (AAH). « À dix jours du deuxième tour, le Collectif Handicaps veut y voir une ouverture, même s’il reste, d’une part, prudent sur le contenu de l’annonce et, d’autre part, lucide sur le timing dans lequel elle est faite », avait indiqué son président, Arnaud de Broca, au lendemain des promesses présidentielles.
Le 20 avril, lors du débat d’entre-deux-tours, Emmanuel Macron s’était dit « favorable à ce qu’on puisse corriger cet effet de bord (…) qui est que lorsqu’une personne avec l’allocation adultes handicapés se marie avec quelqu’un qui a beaucoup plus d’argent, elle la perd » . Le 15 avril, sur Franceinfo, il avait déjà indiqué qu’ « on doit bouger sur ce point », alors qu’il était le seul candidat à ne pas avoir prévu la mesure dans son programme. Son gouvernement s’était jusque-là opposé à ce que le versement de l’AAH, qui peut atteindre 900 euros, cesse d’être conditionné aux revenus du conjoint.
« S’assurer que les déclarations seront suivies d’effets »
« Les propositions de dernière minutes ne nous feront pas oublier le mépris qu’on s’est pris en pleine face ces cinq dernières années », a réagi le collectif handiféministe les Dévalideuses. Les déclarations du candidat Macron n’effaceront pas la manière dont la majorité parlementaire s’est opposée, à deux reprises, lors de débats houleux, à l’ensemble des autres groupes parlementaires qui soutenaient la déconjugalisation de l’AAH. La secrétaire d’État aux personnes handicapées, Sophie Cluzel, avait alors argué que cette mesure était injuste car elle bénéficiait à tous, sans conditions de revenus. « Nous assumons le fait de donner plus à ceux qui en ont vraiment besoin », avait-elle justifié.
« Nous serons présents pour nous assurer que la promesse électorale sera suivie d’effets très rapidement », a prévenu Jean-Louis Garcia, président de l’Association pour adultes et jeunes handicapés (Apajh). Au-delà de l’AAH, les associations, qui regrettent la place modeste prise par le handicap dans la campagne, comptent porter leurs revendications, comme l’aboutissement de la loi autonomie ou la mise en application de l’accessibilité. À la clé, l’amélioration de la vie de 12 millions de personnes et de leurs familles.
Source L’HUMANITE.