« Déjà des morts en Gironde dans le champ du handicap »…

Le secteur médico-social du handicap, qui représente 25000 usagers et 7000 salariés en Gironde, a manifesté ce mercredi à Bordeaux pour dénoncer ses conditions de vie et de travail.

« Déjà des morts en Gironde dans le champ du handicap »

 

Les salaires n’ont pas été revalorisés par le Ségur de la Santé, aggravant la pénurie de main d’œuvre et la maltraitance dans des établissements incapables de prendre correctement en charge leurs résidents. Conséquence : trois d’entre eux sont décédés pendant l’été dans un foyer de Villenave d’Ornon.

Elles avaient 27, 32 et 35 ans, et sont mortes faute de soins suffisants cet été à la MAS (maison d’accueil spécialisée) Le Junca, à Villenave d’Ornon. Ce constat glaçant, c’est la direction de l’établissement elle même qui le fait ce jeudi, lors d’une conférence de presse dans ses locaux.

« Nous accueillons des personnes polyhandicapées de naissance ou suite à un accident de la vie (AVC, traumatisme crânien…). Certaines sont en état végétatif, et en grande vulnérabilité. Mais nous n’avons pas réussi à assurer pendant tout l’été la permanence des soins fondamentaux pour trois personnes, car il nous manquait la moitié des effectifs », déplore Michel Keisler, directeur général de l’Apajh Gironde (association pour adultes et jeunes handicapés) qui gère trois MAS, dont celui du Junca.

Fausses routes

L’établissement disposait alors seulement de 50% de son effectif total, soit 19 personnes au lieu de 38, et de 3,5 équivalent temps plein (ETP) d’infirmières contre sept postes nécessaires pour s’occuper de 50 résidents. Aussi, alors que les aides de vie devaient alimenter les personnes les plus vulnérables par sonde gastrique trois fois par jour, elles ont dû passer à deux fois, avec un plus gros débit.

« Les personnes nourries ainsi ont alors tendance à régurgiter, à faire des fausses routes et respirer des aliments, ce qui peut provoquer des infections respiratoires, poursuit Michel Keisler. L’hospitalisation à domicile n’a pas été suffisante. Trois personnes sont décédées, cinq autres ont pu être mises en sécurité dans un établissement hospitalier. »

« Nous avons de la technicité et du savoir-faire, mais quand il n’y a plus de personnel soignant, on ne peut pas faire de miracle », abonde Danielle Verdoodt, directrice de la MAS de ViIlenave d’Ornon. « Les évènements graves qui sont survenus dans cet établissement sont symptomatiques de ce qui se passe dans notre pays », souligne le directeur de l’APAJH.

« Déjà des morts en Gironde dans le champ du handicap »

Crise des vocations

En avril dernier, l’association avait pourtant alerté le gouvernement et les médias sur les risques du Ségur de la Santé : en revalorisant les salaires du seul secteur médical, cet accord entre le gouvernement et la profession a rendu d’autant moins attractive la branche médico-sociale, qui connaissait déjà une crise des vocations, et a marqué « un point de rupture », selon Michel Keisler.

Le secteur a donc décidé de remonter au créneau, écrivant au Premier ministre, Jean Castex, pour l’alerter sur « la situation catastrophique des établissements médico-sociaux » : les Ségur ont entraîné une « hémorragie leurs ressources et compétences », de « très nombreux salariés ayant démissionné pour travailler dans les EHPAD et les hôpitaux publics, qui offrent dorénavant de meilleures conditions de salaires ».

« L’écart de salaire est désormais de plus de 400 euros mensuel avec le milieu hospitalier pour les infirmières, indique Danielle Verdoodt. Alors qu’il nous manque 3,5 ETP, celles qui restent envisagent de partir si elles ne sont pas revalorisées. »

« Déjà des morts en Gironde dans le champ du handicap »

Du social aux burgers

Car au salaire et à ses perspectives d’évolutions médiocres – 2000 euros pour une infirmière en fin de carrière, au lieu de 3000 à l’hôpital – s’ajoutent des conditions difficiles :

« Il y a de grosses surcharges de travail, avec des amplitudes horaires de 6h30 à 23h, une présence un week-end sur deux, affirme Anaïs Lafaye, directrice du pôle hébergement de l’APEI du Libournais, une association d’insertion des handicapés. Cela met bien à mal la vie de famille. Aussi, les gens préfèrent monter leur foodtruck et vendre des burgers plutôt que de bosser dans le médico-social ! Résultat, on doit embaucher des personnes pas forcément qualifiées, et cela vire à la maltraitance. »

Manifestation devant la préfecture ce mercredi 6 octobre 2021 (SB/Rue89 Bordeaux)

 

Pour défendre sa profession et exiger un « Ségur pour tous », Anaïs Lafaye et une vingtaine de ses collègues ont défilé ce mercredi à Bordeaux. En tête d’un cortège qui, entre la préfecture et l’Agence régionale de santé (ARS), a rassemblé plusieurs centaines de personnes, des personnes en fauteuils, résidentes de plusieurs établissements du département.

« On est là pour soutenir les personnes qui travaillent auprès de nous et qui ne sont pas assez reconnues et payées, martèle Ghislaine, qui vit au MAS de Tresses. Je trouve ça aberrant. Et puis il n’y a pas assez de personnel, parfois plus qu’une personne au lieu de deux pour s’occuper de nous, cela commence à devenir galère. »

« Nos premières lignes à nous »

Les salariés témoignent en effet de la réduction drastique des activités ou des sorties, une « double peine » infligée après les restrictions sanitaires liées à la Covid. Céline, dont la fille polyhandicapée de 24 ans vit dans une MAS de Mérignac, rapporte les demandes faites aux familles de prendre au maximum leurs proches les week-ends, pour soulager leurs effectifs.

« Aujourd’hui, on veut se montrer avec nos premières lignes à nous, ces personnels qui nous permettent d’avoir une vie sociale, du répit, explique cette maman. C’est dommage qu’ils n’arrivent pas à fidéliser leurs salariés, qui sont des relais importants pour les résidents. Ainsi, ma fille va repérer des personnes, qui pourront compenser le manque d’affection familiale. Mais ces accompagnants s’épuisent, il y a beaucoup de turn-over alors que chaque personne handicapée a ses particularités. On est pas rassuré. »

Ce mercredi, les représentants girondins du secteur du handicap ont été reçus en fin de journée à l’ARS. Ils ont tenu à faire passer au grand public que la crise majeure dépasse largement les 7000 salariés et les 25000 usagers de leurs établissements : personne n’est à l’abri d’un accident de la vie dont soi-même ou un proche peut être la victime.

Source RUE 89 – BORDEAUX.

Ile-de-France : la première classe pour enfants polyhandicapés ouvre à Meaux…

Meaux a ouvert en septembre 2021 la première classe d’Ile-de-France accueillant des enfants polyhandicapés. Douze enfants bénéficient de ce dispositif. 

Meaux a ouvert la quatrième unité d'enseignement spécialisée de France. La classe a intégré l'école Luxembourg en septembre 2021.

 

Cette classe est la seule d’Ile-de-France, et seulement la quatrième dans l’hexagone. L’école primaire Luxembourg de Meaux (Seine-et-Marne) accueille, depuis la rentrée de septembre 2021, une classe d’enfants lourdement handicapés. Un projet ambitieux mis sur pied en quelque mois.

Cette unité externalisée d’enseignement polyhandicap (UEEP) accueille des enfants pris en charge par le Cesap La Loupière. Son objectif est d’améliorer la scolarisation en milieu ordinaire des enfants handicapés.

Six enfants par classe à la fois à Meaux

Dans un premier temps, deux groupes de six enfants sont accueillis sur des demi-journées. Mais l’objectif est de monter progressivement à dix-huit enfants par jour.

Quelques travaux ont été nécessaires pour aménager l’espace, et transformer une salle de classe en lieu de soins. Ces enfants ont en effet besoin de soins et de changes au cours de la journée.

Des lumières par Led ont été posées, moins agressives sur les lumières classiques, elles sont mieux supportées par les enfants.

Dans la classe, des tables ergonomiques réglables en hauteur ont été achetées. Elles s’adaptent ainsi aux élèves et à leur situation.

Un enseignant spécialisé et deux encadrants pour la classe

En plus de l’enseignant spécialisé qui a la charge de cette classe, La Loupière a mis à la disposition de cette unité, deux professionnels. Un taux d’encadrement important mais nécessaire pour apporter toute l’attention que ces enfants requièrent.

« En fin d’année, nous avons présenté le projet aux parents d’élèves élus, puis aux enfants, afin que l’accueil se fasse le mieux possible », explique Thibaut Brangier, le directeur de l’école Luxembourg.

Des projets partagés entre cette classe spécialisée et les autres élèves

« Même si le Covid nous empêche de mélanger les élèves, nous avons prévu d’intégrer les élèves de cette classe à tous nos projets : atelier d’écriture croisé, sport, mais aussi le projet musical qui se clôturera par une représentation au Colisée » souligne-t-il.

L’objectif de cette unité est de permettre aux élèves de La Loupière de vivre dans un collectif ordinaire.

« C’est nouveau pour eux, mais aussi pour leurs parents. La première semaine, une maman a pleuré en venant chercher sa fille. Elle n’aurait jamais imaginé que sa fille puisse aller à l’école un jour. »

Une responsable de La Loupière.

De même, ces enfants vont, au même titre que tous les élèves de France, participer à leur première photo de classe.

Ce dispositif a nécessité une coordination de nombreux acteurs pour réussir, à commencer par l’Agence régionale de santé qui a validé le projet et financer une grande partie des aménagements. De même, la ville de Meaux a travaillé avec les parents d’élèves et a financé également une partie des équipements, notamment le mobilier.

L’école inclusive, une priorité pour Jean-François Copé

Le nouvel enseignant affecté à cette classe, Nicolas Mauny, a également pu être reçu à plusieurs reprises afin de préparer l’accueil des élèves.

Quant au directeur de l’école, il a obtenu une formation dédiée au handicap. Les associations « Handi’zen » et « Quand un sourire suffit » ont offert à l’école une trentaine de livres thématiques afin de travailler avec les enfants autour du handicap.

« La création de cette Unité Externalisée d’Enseignement Polyhandicap répond à la volonté partagée par notre collectivité de faire de l’école inclusive une priorité, et s’inscrit pleinement dans la continuité des nombreuses actions déjà entreprises à Meaux en faveur du handicap. Nous sommes évidents très fiers d’être la 4e unité Externalisée d’Enseignement Polyhandicap de France » commente Jean-François Copé.

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Source LA MARNE.