Grâce à une application sur tablette, des élèves atteints de troubles de la cognition peuvent lire des textes avec des outils adaptés à leurs situations.
Un collège du 10ème arrondissement qui utilise cette technologie nous a ouvert ses portes.
Découverte.
« J’avais toujours peur de buter sur un mot et que l’on se moque de moi« , confie Kadra, élève en 5ème au collège Françoise Séligmann dans le 10ème arrondissement de Paris. Atteinte de dyslexie depuis le plus jeune âge, la jeune fille a longtemps bataillé pour trouver des systèmes de lectures adéquates à son handicap. « Je confonds les sons et certains mots donc lire a toujours été difficile pour moi. Je n’aimais pas cela car les efforts que me demandait le fait de me concentrer sur un livre étaient trop intenses. »
Lire, un défi quotidien
Comme Kadra, pour les élèves dyslexiques, dysgraphiques ou dysorthographiques, la lecture peut être un défi au quotidien. Cette année, sa professeure de Français travaille Sondo, une application sur tablette qui permet aux élèves atteints de troubles cognitifs de bénéficier d’outils de lecture adaptés à leurs handicaps. « Lorsque les élèves lisent un texte, ils peuvent choisir les options qui leur conviennent pour lire de la meilleure façon possible« , explique Nathalie Le Menn, professeure de français. Pour Kadra, le recours à Sondo est une aubaine. « Lire avec Sondo me permet de moins me fatiguer qu’auparavant. Je peux augmenter la taille des caractères ou utiliser la fonction « lecture audio » lorsque que je veux poursuivre un livre sans me fatiguer les yeux« , note-t-elle.
Elle utilise Sondo en classe et à la maison pour tout type de lecture et sa professeure se réjouit de voir que l’élève prend de plus en plus confiance lors des lectures en classe. « Ce sont des handicaps pour lesquels le facteur confiance est important car il leur permet de dépasser leurs limites et depuis trois mois, Kadra progresse vite et est de plus en plus fluide à la lecture »
Une application qui permet un travail en autonomie
« Pour des élèves comme Kadra, les options qui permettent le découpage des mots en syllabes ou encore les explications lexicales pour des mots complexes leur permettent de travailler en autonomie en adaptant le texte à leurs besoins« , ajoute Nathalie Le Menn, qui utilise régulièrement la tablette en classe.
Elle note également que ce dispositif participe à atténuer le phénomène de différenciation entre les élèves. « Les enfants et les adolescents issus de ce que l’on appelle la galaxie des dys ont tendance à se sentir dévaloriser lorsque l’on différencie les apprentissages pour eux. Ils vivent cela comme une sorte d’infantilisation. Ici, chacun adapte ses options de lecture en fonction de ses besoins« .
Ainsi Nathalie Le Menn utilise également Sondo dans une autre de ses classes de 6éme pour organiser des lectures individuelles autonomes. « Lors du premier confinement, je cherchais des moyens pour que les élèves continuent à s’exercer à la lecture chez eux« , raconte-t-elle. Depuis le retour des élèves en présentiel, elle a conservé des séances entières avec le dispositif qui « permet à chacun de lire à son rythme et selon ses besoins« .
Elle émet tout-de-même des réserves en ce que l’application représente « davantage de temps d’écrans pour une génération qui y est déjà très exposée« .
Du côté des élèves, les avis sont partagés. Certains, même sans difficultés cognitives, y voient une aide à la lecture, tandis que d’autres trouvent cela « trop compliqué à suivre« , comme Léana, 11 ans. « Cela m’embrouille parfois car il y a trop d’options » poursuit la jeune fille.
L’idée à la base du projet : rendre la lecture accessible à tous
L’application Sondo a été créée en 2015 et émane d’un constat : « nous avons développé ce concept avec l’idée que les élèves souffrant de handicaps cognitifs, comme la dyslexie, la dyspraxie ou la dysorthographie ne développaient pas les mêmes chemins d’apprentissage que les autres enfants en termes de lecture« , explique Marion Berthaut, créatrice de l’entreprise Mobydis qui a développé l’application.
Avec Sondo, Mobyds souhaite aider les élèves qui en ont besoin. « Le numérique nous a permis de travailler avec des outils audio et visuels pour adapter à chaque enfant selon ses besoins et son niveau de lecture. « Le passage par un outil numérique tel que la tablette est également le résultat d’une réflexion des créateurs. « En passant par la tablette, on permet à l’élève de retrouver un outil qu’il connait dans un contexte plus ludique donc il n’est pas perdu au moment de la prise en main. »
Si les technologies Sondo, pour les élèves du secondaire et Sondido pour les primaires sont d’abord réservé aux élèves diagnostiqués avec des troubles de l’apprentissage, Marion Berthaut se réjouit de constater qu’aujourd’hui ces dispositifs servent aussi à enrichir les apprentissages de tous les élèves sans distinction d’aptitudes. « Ils veulent tous essayer et cela montre que le handicap constitue une richesse qui permet, par le biais des outils que l’on développe pour y palier, d’enrichir l’expérience d’apprentissage pour tous « .
A ce jour, 110 établissements scolaires franciliens utilisent des dispositifs Mobydis.
Source FR3.