Soupçons d’agressions sexuelles sur des enfants autistes en Isère : l’enquête va être rouverte…

L’enquête concernant des soupçons d’agressions sexuelles sur des enfants autistes de l’Institut Médico Éducatif (IME) de Voiron, en Isère, va bien être rouverte.

Ainsi en a décidé, ce jeudi, la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Grenoble.

Neuf familles avaient porté plainte en 2015.

La justice rouvre l'enquête sur les abus sexuels présumés subis par des enfants autistes pris en charge à l'institut médico-éducatif de Voiron, en Isère.

 

C’est une victoire pour les familles après des années de combat ! L’enquête concernant des  soupçons d’agressions sexuelles à l’Institut Médico Éducatif (IME) de Voiron, en Isère, va bien être rouverte.

La chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Grenoble a rendu sa décision ce jeudi après-midi. Neuf familles avaient porté plainte en 2015. Leurs 10 enfants autistes décrivaient avoir subi des abus sexuels fin 2014, début 2015. Les enfants désignaient trois éducateurs.

En avril dernier, la justice avait rendu un non-lieu général, en raison d’un manque de preuves. Cette décision avait été contestée en appel par les familles. Elles ont donc été entendues, pour la plus grande satisfaction de l’avocate de la fondation pour l’enfance Maitre Céline Astolfe.

« Je salue véritablement la décision. […] Il faut se battre jusqu’au bout. Ce n’est jamais vain » – Avocate de la fondation pour l’enfance

« C’est un grand pas parce qu’on est venu dire que oui, même avec une parole d’enfants autistes, ou autres handicapés, eh bien oui, il faut investiguer comme dans les conditions habituelles. Il faut les croire. Le dossier nous disait déjà qu’un enfant qui était atteint de ce genre de troubles ne pouvait pas mentir. Et pour autant, les investigations qui étaient nécessaires à la suite de leur audition n’avaient pas lieu. Elles vont désormais avoir lieu. Les expertises vont être ordonnées, des confrontations seront menées. Donc une véritable enquête ! Elle va nous conduire, je l’espère, à la manifestation de la vérité, dans l’intérêt de ces enfants qui souffrent encore des faits qu’ils ont subis. Je salue véritablement la décision. Il faut se battre jusqu’au bout. Ce n’est jamais vain. C’est qui se passe enfin dans ce dossier qui, jusqu’ici, était véritablement à l’arrêt puisqu’un non-lieu avait été rendu sans que les recherches nécessaires aient été effectuées » a-t-elle réagi sur France Bleu Isère.

Source FR3.

Autisme. Les éditions Belin font leur mea culpa après les erreurs dans leur manuel scolaire…!

Un manuel scolaire de collège édité par Belin contient un certain nombre d’erreurs manifestes concernant l’autisme. Cette maison d’édition assure que l’ouvrage va être modifié « aussi rapidement que possible ».

Parmi les manuels scolaires édités chaque année, l’un d’eux, de Sciences de la vie et de la Terre paru en 2017, contient des éléments consacrés à l’autisme qui ont indigné familles et associations. (Photo d’illustration)

 

« Nous reconnaissons nos erreurs. L’exercice va être entièrement réécrit. La version modifiée de l’exercice sera mise à la disposition des utilisateurs du manuel aussi rapidement que possible », indiquent les éditions Belin.

Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées a demandé aux éditions Belin d’agir.

Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées a demandé aux éditions Belin d’agir.

Les éditions Belin font amende honorable. Un manuel scolaire de Sciences de la vie et de la Terre (SVT) paru en 2017, avait suscité un très grand émoi auprès de proches de personnes autistes et d’associations.

Vigilance « mise en défaut »

Ce manuel contient un certain nombre de contre-vérités concernant ce handicap neurodéveloppemental. « Votre indignation […] nous a interpellés et nous avons soumis à examen critique le contenu de ces pages (deux pages), avec nos auteurs et auprès d’experts » , poursuit la maison d’édition dans son communiqué.

« Les sources des documents de l’exercice sous sa forme actuelle sont des articles scientifiques publiés en 2016 dans des revues de premier plan, tient toutefois à souligner Belin. Dans ce cas précis, notre vigilance a été mise en défaut. »

Un retour vingt ans en arrière

Un mea culpa qui ne satisfait pas pleinement la présidente de Cocci Bleue, association mayennaise qui soutient les personnes autistes et leurs proches. « Ce que contient ce manuel scolaire est un vrai retour en arrière sur la connaissance que nous avions de l’autisme il y a vingt ans, s’alarme Virginie Laforcade. Contrairement à ce qui est écrit, l’autisme n’est pas une maladie. C’est extrêmement grave de lire cela en 2021… »

Source OUEST FRANCE.

Crise sanitaire et handicap : l’information en santé enfin accessible à tous… La France en 2020 compte près de 12 millions de personnes en situation de handicap…

« Quand les enjeux du handicap avancent, c’est toute la société qui progresse. » C’est ainsi que débute le dossier de presse du Comité interministériel du handicap datant du 16 novembre dernier.

La France en 2020 compte près de 12 millions de personnes en situation de handicap.

 

Si la crise sanitaire a révélé les difficultés d’accès à l’information en santé des personnes vivant avec un handicap ou éloignées du système de soins (personnes non francophones, précaires…), elle a aussi été un catalyseur de solutions innovantes au service de tous grâce au travail collaboratif des associations et des pouvoirs publics.

Une mobilisation sans précédent au service des plus fragiles

Seulement quelques jours après que le premier confinement ait été décidé en mars, l’Alliance Internationale pour les personnes en situation de handicap (IDA) publiait dix recommandations, notamment sur la nécessité d’informer les personnes en situation de handicap et de former les personnels de santé à l’accueil de ces patients aux besoins particuliers. Pourquoi ? Parce que mieux comprendre la santé, c’est avoir moins peur, être davantage coopérant et au final être acteur de sa santé.

« Une information accessible est le prérequis à l’auto-détermination, c’est-à-dire à la capacité d’une personne à prendre des décisions qui la concernent. En cas d’opposition de la part des professionnels ou des organisations, la personne doit pouvoir faire valoir ses droits à l’auto-détermination grâce à l’accompagnement collectif par les pairs qui est un vecteur d’émancipation. » détaille Karen Buttin, personne autiste*.

Par la suite, les acteurs de la santé et du médico-social, notamment les associations, ont fait preuve d’une extraordinaire créativité et réactivité pour produire des outils de communication et des guides de recommandations. Impossible ici d’être exhaustif aux vues de la profusion des initiatives ; citons par exemple les ressources utiles recommandées par les associations nationales comme APF France Handicap ou Santé Publique France mais aussi les associations régionales comme le CREAI Ile-de-France en collaboration avec l’ARS Ile-de-France et le CReHPsy Pays-de-La-Loire.

« Le rôle de notre association, en temps de crise sanitaire, est entre autres de proposer une information fiable, accessible à tous, transparente et honnête aux personnes en situation de handicap et à leurs proches, afin qu’elles restent actrices de leur santé et en capacité de donner un consentement libre et éclairé. » explique Marie-Catherine Time, représentante Régionale APF France handicap Auvergne-Rhône-Alpes.

Mentionnons aussi les outils de notre association CoActis Santé, engagée pour l’accès à la santé pour tous, comme le poster SantéBD pour expliquer le test PCR avec des images et des mots simples et les fiches-conseils HandiConnect pour guider les professionnels de santé dans l’accueil de patients en situation de handicap, en particulier la fiche-conseils « Comment communiquer avec une personne sourde/malentendante ? ».

L’engagement de l’Etat

Les efforts soutenus de l’État, en particulier du Secrétariat d’Etat en charge des Personnes handicapées, méritent d’être soulignés : transcription des documents officiels en FALC (Facile à Lire et à Comprendre), discours systématiquement traduits en langue des signes et vélotypie, production, entre autres, d’un guide pour mieux vivre le confinement avec un enfant autiste par la Délégation Interministérielle à la stratégie nationale pour l’autisme au sein des troubles du neuro-développement et de la plateforme solidaires-handicaps.fr pour recenser les initiatives solidaires… La nécessité d’adopter des réflexes d’accessibilité dans notre société a été mise en lumière, notamment lorsque le port du masque a été rendu obligatoire, empêchant la lecture labiale chez les personnes sourdes qui la pratiquent.

Au final, il paraît légitime de penser que la pandémie de COVID-19 aura été un révélateur de la capacité d’adaptation et de la résilience des acteurs de la santé, du handicap, du médico-social et de la solidarité. Ne nous arrêtons pas là et utilisons ces outils comme des preuves de concept pour continuer à oeuvrer ensemble en faveur d’une société plus inclusive où l’information en santé est accessible à tous et où les professionnels de santé sont formés à l’accueil de patients vivant avec un handicap. Car ce qui est fait pour les plus vulnérables de notre société est utile à tous.

* Karen Buttin est membre de Personnes autistes pour une auto-détermination responsable et innovante (PAARI), du conseil d’administration d’Handi-Voice, think tank d’auto-représentants qu’elle représente à la Commission santé, bien-être et bientraitance du CNCPH et au Conseil scientifique de l’Association pour la recherche sur l’autisme et la prévention des inadaptations (ARAPI), ainsi que facilitatrice-chercheuse à CapDroits qui est une démarche scientifique et citoyenne.

Source ECONOMIE MATIN.

L’association SOS Autisme France choquée après des propos « inappropriés » dans un manuel à destination des collégiens…

Un manuel de sciences de la vie et de la Terre est sous le feu des critiques après avoir assimilé l’autisme à une maladie et présenté des explications non validées par la communauté scientifique.

S'ils sont tenus de respecter les programmes, les manuels scolaires ne sont en revanche pas soumis à un contrôle du ministère de l'Education nationale. (MAXPPP)

 

L’autisme, une « maladie » qui entraîne une « difficulté à nouer des liens avec les autres » ? Ce passage d’un manuel scolaire a choqué une famille lilloise, qui a alerté l’association SOS Autisme France à la fin janvier. Il s’agit d’un livre de sciences de la vie et de la Terre (SVT) à destination des collégiens de la cinquième à la troisième, publié en 2017 aux éditions Belin. Des sujets types du brevet y sont proposés aux élèves pour s’entraîner. Parmi eux, un sujet intitulé « A la recherche des traitements sur l’autisme », qui soulève de nombreuses interrogations auprès des personnes concernées. 

Pour Olivia Cattan, présidente de l’association, ces termes sont, en plus d’être « inappropriés », totalement « faux » : « C’est truffé d’inexactitudes. C’est la première fois que je relève une erreur aussi grosse dans un manuel de SVT. Il n’y a rien de vrai. Ce n’est pas une maladie à guérir, il n’y a pas de médicament ou de traitement à l’heure actuelle. On se demande qui a fourni de telles informations. » Elle critique également l’absence de recours à la définition proposée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) – qui qualifie l’autisme de « trouble envahissant du développement » –, « alors que c’est une véritable référence en la matière ».

Des théories qui « n’ont pas été approuvées »

Plusieurs parents d’élèves d’académies diverses ont confirmé à SOS Autisme France que leurs enfants possédaient ce manuel. Un constat qui s’explique par le fait que chaque établissement scolaire est libre du choix de ses livres scolaires. Les éditions Belin sont pourtant une maison reconnue, dont les manuels sont largement diffusés dans les établissements. La société a même fusionné en 2016 avec les Presses universitaires de France.

Les causes de l’autisme avancées par le sujet présent dans ce livre sont le manque d’ocytocine – surnommée « hormone de l’attachement » – chez les personnes autistes, mais aussi la présence de troubles intestinaux ou encore des liens génétiques.

« Ce sont des pistes de recherche, mais à aucun moment on ne peut ériger ces causes comme des vérités scientifiques. »

Olivia Cattan, présidente de SOS Autisme France

à franceinfo

« Il y a également de très nombreux troubles du spectre autistique, sous des formes diverses, et il est impossible de tirer des conclusions », ajoute-t-elle.

Dans la suite du sujet, il est rendu compte d’une expérience menée sur des souris. Certaines font état de « modifications de comportement proches de celles observées chez les individus autistes. Pour simplifier, on les appelle ‘souris autistes’. » Un postulat qui surprend l’association, car il compare le comportement de deux espèces distinctes, la souris et l’être humain. Parmi les questions posées aux élèves, l’une suggère même que l’ingestion d’une bactérie intestinale « guérit l’autisme », tandis qu’il leur est ensuite demandé de proposer un « traitement à tester sur les autistes humains pour les guérir ». Mais l’autisme n’est « pas une maladie », rappelle Olivia Cattan. « Toutes ces théories ont bien été étudiées. Mais aucune n’a été approuvée par l’ensemble de la communauté scientifique, et le terme ‘guérir’ ne peut pas s’appliquer à l’autisme. »

Les éditions Belin publient des excuses

L’association a envoyé un courrier au ministère de l’Education nationale, ainsi qu’au secrétariat d’Etat chargé des Personnes handicapées. Dans cette lettre, SOS Autisme France demande le retrait de ce sujet de la version numérique du manuel. « On essaie de faire passer l’idée que l’autisme est une différence, mais pas une maladie. Et ce genre de propos, qu’on inculque à nos enfants, sont totalement contre-productifs », se désole Olivia Cattan. Elle précise qu’une plainte sera déposée contre les éditions Belin si le contenu n’est pas rapidement modifié ou retiré.

Contacté par franceinfo, le ministère de l’Education nationale indique que « ce sujet a été conçu par les auteurs du manuel. Chaque éditeur est libre et responsable de ses choix. Mais lors des dialogues avec les éditeurs de manuels scolaires, le ministère insiste sur l’importance de respecter les programmes et les politiques éducatives. » En effet, au titre de la liberté éditoriale, les manuels scolaires ne sont pas soumis à un contrôle du ministère. Lorsqu’un problème est signalé, comme dans ce cas, l’Education nationale peut encourager l’éditeur à modifier son contenu, mais ne dispose pas de moyens de l’y contraindre.

Le secrétariat d’Etat chargé des Personnes handicapées explique de son côté avoir fait savoir à l’éditeur que « la façon dont le sujet avait été circonscrit n’était pas adaptée à la réalité ». La secrétaire d’Etat, Sophie Cluzel, a d’ailleurs réagi sur Twitter, lundi 1er février. Elle évoque une vision « impossible » et demande le respect de la « vérité de la science ».

 

En réponse, les éditions Belin ont publié un message d’excuses sur les réseaux sociaux : « Nous regrettons que les propos tenus dans notre manuel de SVT cycle 4 puissent avoir heurté. » Contactées par franceinfo, elles n’ont pas répondu à nos sollicitations.

Source FRANCE INFO.

Handicap : la proposition de loi de la députée du Cher Nadia Essayan adoptée à l’Assemblée Nationale en première lecture…

La députée MoDem du Cher a présenté son projet de loi hier par l’Assemblée nationale pour optimiser l’accès des personnes handicapées aux magasins et centres commerciaux.

Votée à l’unanimité, elle a de grandes chances d’entrer en vigueur après lecture du Sénat.

Nadia Essayan lors du vote à l'Assemblée Nationale, ce jeudi 28 janvier

 

Un petit pas pour la société, un grand pas pour la reconnaissance des personnes handicapées. La députée du Cher Nadia Essayan (MoDem) a présenté ce jeudi 28 janvier sa proposition de loi en séance publique à l’Assemblée Nationale. Elle viserait à améliorer l’accessibilité des personnes en situation de handicap aux magasins, la grande distribution et aux centres commerciaux. Adoptée à l’unanimité, avec 85 voix pour, le texte doit maintenant être présenté devant le Sénat. « Ce n’est qu’une question de délai. Nous trouverons le moyen de la faire apsser avec une niche de centriste devant le Sénat. Il y a de grandes chances que ça se fasse » se félicite-t-elle.

« Même pour nous, il faut du temps pour s’adapter à un grand magasin »

La députée du MoDem a commencé à travailler sur ce projet de loi en 2019. Cette année-là, Christelle Berger, la présidente de l’association Espoir pour mon futur, l’interpelle sur les difficultés rencontrées par sa fille, autiste non-verbale. Cette dernière ne voulait pas rentrer dans les grands magasins à cause du bruit et des lumières. Une grande surface de Vierzon (Cher) a donc accepté de tenter l’expérience de « l’heure silencieuse », qui fut « concluante. Elle a pu naviguer dans le magasin avec beaucoup plus d’aisance. Elle s’est vraiment détendue ». Un combat nait alors pour faire reconnaitre davantage le « spectre autistique » dans la vie en société.

« Ma première fierté, c’est que ma proposition de loi soit passée dans la niche de mon groupe politique. Nous députés, nous avons très peu de jour dans l’année pour faire part de ces idées. Je l’ai donc retravaillé pendant toute l’année 2020 avec les acteurs concernés ». Parmi ces acteurs, les représentants du commerce ou encore les secrétariats d’état concernés. Malgré la réticense exprimée par les grandes surfaces, la députée continue encore aujourd’hui d’affiner sa proposition de loi.

Concrètement, cette loi pourrait se traduire dans un premier temps par la formation et la sensibilisation du personnel pour accueillir les personnes atteintes d’handicap. Il pourrait aussi s’agir de réorganiser les rayons : « Même pour nous, il faut du temps pour s’adapter dans un grand magasin. Nous devons réfléchir à une signalétique ou un plan du magasin pour les personnes malvoyntes ou même celles qui ne savent pas lire. Je tiens aussi à ce que l’heure silencieuse soit au coeur du dispositif ». Un travail auquel elle réfléchira avec les acteurs directement concernés, car Nadia Essayan l’a dit, « elle n’aime pas les décisions qui tombe d’en haut ».

Vers une réelle reconnaissance du handicap ?

A travers ce texte de loi, la question de la reconnaissances des personnes handicapées se pose. Selon la députée, la Maison des Personnes Handicapées (MDPH) délivre rarement la carte mobilité inclusion aux personnes atteintes du spectre autistique. Pour rappel, cette carte peut comporter trois mentions :

  • « Invalidité » : attribuée à toute personne dont le taux d’incapacité permanent est au moins de 80%.
  • « Priorité pour personnes handicapées » : pour les personnes atteintes d’une incapacité inférieure à 80%
  • « Stationnement pour personnes handicapées » : concerne ceux dont l’handicap réduit de manière importante et durable la capacité et l’autonomie de déplacement à pied.

« Le ministère admet même qu’il n’y a aucune raison pour que le spectre autistique ne soit reconnue dans le bénéfice de cette carte ». En France, 700 000 personnes sont atteintes de trouble autistique, plus ou moins prononcé. Pour certaine, elles ne le savent même pas encore…

Source FR3.

Handicap – Autisme : la proposition de loi de la députée du Cher Nadia Essayan adoptée à l’Assemblée Nationale en première lecture…

La députée MoDem du Cher a présenté son projet de loi hier par l’Assemblée nationale pour optimiser l’accès des personnes handicapées aux magasins et centres commerciaux.

Votée à l’unanimité, elle a de grandes chances d’entrer en vigueur après lecture du Sénat.

Nadia Essayan lors du vote à l'Assemblée Nationale, ce jeudi 28 janvier

 

Un petit pas pour la société, un grand pas pour la reconnaissance des personnes handicapées. La députée du Cher Nadia Essayan (MoDem) a présenté ce jeudi 28 janvier sa proposition de loi en séance publique à l’Assemblée Nationale. Elle viserait à améliorer l’accessibilité des personnes en situation de handicap aux magasins, la grande distribution et aux centres commerciaux. Adoptée à l’unanimité, avec 85 voix pour, le texte doit maintenant être présenté devant le Sénat. « Ce n’est qu’une question de délai. Nous trouverons le moyen de la faire passer avec une niche de centriste devant le Sénat. Il y a de grandes chances que ça se fasse » se félicite-t-elle.

« Même pour nous, il faut du temps pour s’adapter à un grand magasin »

La députée du MoDem a commencé à travailler sur ce projet de loi en 2019. Cette année-là, Christelle Berger, la présidente de l’association Espoir pour mon futur, l’interpelle sur les difficultés rencontrées par sa fille, autiste non-verbale. Cette dernière ne voulait pas rentrer dans les grands magasins à cause du bruit et des lumières. Une grande surface de Vierzon (Cher) a donc accepté de tenter l’expérience de « l’heure silencieuse », qui fut « concluante. Elle a pu naviguer dans le magasin avec beaucoup plus d’aisance. Elle s’est vraiment détendue ». Un combat nait alors pour faire reconnaitre davantage le « spectre autistique » dans la vie en société.

« Ma première fierté, c’est que ma proposition de loi soit passée dans la niche de mon groupe politique. Nous députés, nous avons très peu de jour dans l’année pour faire part de ces idées. Je l’ai donc retravaillé pendant toute l’année 2020 avec les acteurs concernés ». Parmi ces acteurs, les représentants du commerce ou encore les secrétariats d’état concernés. Malgré la réticense exprimée par les grandes surfaces, la députée continue encore aujourd’hui d’affiner sa proposition de loi.

Concrètement, cette loi pourrait se traduire dans un premier temps par la formation et la sensibilisation du personnel pour accueillir les personnes atteintes d’handicap. Il pourrait aussi s’agir de réorganiser les rayons : « Même pour nous, il faut du temps pour s’adapter dans un grand magasin. Nous devons réfléchir à une signalétique ou un plan du magasin pour les personnes malvoyantes ou même celles qui ne savent pas lire. Je tiens aussi à ce que l’heure silencieuse soit au coeur du dispositif ». Un travail auquel elle réfléchira avec les acteurs directement concernés, car Nadia Essayan l’a dit, « elle n’aime pas les décisions qui tombe d’en haut ».

Vers une réelle reconnaissance du handicap ?

A travers ce texte de loi, la question de la reconnaissances des personnes handicapées se pose. Selon la députée, la Maison des Personnes Handicapées (MDPH) délivre rarement la carte mobilité inclusion aux personnes atteintes du spectre autistique. Pour rappel, cette carte peut comporter trois mentions :

  • « Invalidité » : attribuée à toute personne dont le taux d’incapacité permanent est au moins de 80%.
  • « Priorité pour personnes handicapées » : pour les personnes atteintes d’une incapacité inférieure à 80%
  • « Stationnement pour personnes handicapées » : concerne ceux dont l’handicap réduit de manière importante et durable la capacité et l’autonomie de déplacement à pied.

« Le ministère admet même qu’il n’y a aucune raison pour que le spectre autistique ne soit reconnue dans le bénéfice de cette carte ». En France, 700 000 personnes sont atteintes de trouble autistique, plus ou moins prononcé. Pour certaine, elles ne le savent même pas encore…

Source FR3.

Le taux de suicide est trois fois plus élevé chez les personnes autistes …

Une nouvelle étude a révélé que les personnes autistes présentent des facteurs de risque de suicide différents et sont trois fois plus à risque que la population générale.

Particulièrement les femmes ou en cas de comorbidités psychiatriques.

Lacunes dans les soins.

Le taux de suicide est trois fois plus élevé chez les personnes autistes . The Crow © Luna TMG

 

  • Une nouvelle étude indique que les personnes autistes ont un taux de suicide et de tentatives de suicide plus de trois fois supérieur à celui de la population générale.
  • Les femmes autistes ainsi que les personnes souffrant de conditions psychiatriques supplémentaires sont touchées de manière disproportionnée.
  • L’étude souligne les lacunes dans les soins aux personnes autistes, notamment en ce qui concerne le diagnostic et les ressources pour les adultes autistes.

L’étude a également révélé que les jeunes filles et les femmes autistes courent un risque nettement plus élevé, tout comme les personnes souffrant de conditions psychiatriques supplémentaires.

« Cette étude menée au Danemark est une avancée importante dans la compréhension du risque de suicide chez les personnes autistes », selon Donna Murray, PhD, vice-présidente des programmes cliniques et responsable du réseau de traitement de l’autisme (ATN) chez Autism Speaks.

La plupart des recherches sur le suicide se sont concentrées sur de petites populations plutôt que sur un ensemble de données nationales.

« Cela nous permet de comprendre de manière beaucoup plus réaliste à quel point ce problème est fréquent chez les personnes autistes par rapport à la population générale et, en examinant la corrélation avec différents facteurs de risque, cela nous aide à déterminer ce que nous pourrions faire pour réduire le risque de suicide« , a déclaré Murray.

La Dr Sarah Mohiuddin, psychiatre pour enfants et adolescents au Michigan Medicine C.S. Mott Children’s Hospital, spécialisée dans le traitement des enfants atteints de troubles du spectre autistique (TSA), a déclaré que la recherche met en lumière un risque méconnu et reflète ce qu’elle voit dans sa pratique.

« Pendant longtemps, on a cru que les personnes autistes ne pouvaient pas souffrir d’une maladie aussi grave« , a-t-elle déclaré. « Il est donc agréable de voir une étude reproduire et décrire de manière systématique ce que beaucoup d’entre nous qui traitons cette population voient depuis des décennies en clinique« .

Selon les Centers for Disease Control and Prevention (CDC), source fiable, environ 1 enfant sur 54 souffre de TSA.

La prévalence des TSA a augmenté régulièrement ces dernières années, bien que les experts affirment que cela est davantage dû à un meilleur suivi et à un meilleur diagnostic qu’à une augmentation réelle du nombre d’enfants autistes.

Pour cette étude, les chercheurs ont utilisé une base de données nationale pour analyser les données de plus de 6 millions de personnes âgées de 10 ans et plus vivant au Danemark entre 1995 et 2016.

Plus de 35 000 de ces personnes ont reçu un diagnostic de TSA. Les résultats ont été publiés dans le JAMA Network Open

Les personnes autistes présentent différents facteurs de risque de suicide

En plus des taux de suicide et de tentatives de suicide, les chercheurs ont examiné le risque dans différentes populations au sein de la communauté de l’autisme.

« L’importance de notre étude réside non seulement dans l’identification du lien entre le TSA et le comportement suicidaire, mais aussi dans l’identification des facteurs de risque, car cela aidera les cliniciens dans le traitement des personnes avec TSA« , a déclaré à Healthline l’auteur de l’étude, Kairi Kõlves, PhD, de l’Université Griffith de Brisbane, en Australie.

Les filles et les femmes autistes étaient touchées de manière disproportionnée, avec un risque de tentative de suicide quatre fois plus élevé que chez les hommes.

Les femmes ont également un taux de suicide nettement plus élevé que les hommes autistes. « Un risque plus élevé de tentative de suicide chez les femmes n’est pas inhabituel, cependant, l’ampleur de ce phénomène était plutôt surprenante« , a déclaré Kõlves.

L’une des raisons possibles de ce risque plus élevé pourrait être que les femmes autistes sont généralement diagnostiquées et traitées plus tard dans leur vie que les hommes.

« Il y a beaucoup de travail en cours pour comprendre pourquoi cela est le cas« , a déclaré Mohiuddin. « Il se peut que leurs symptômes se présentent différemment à un âge plus jeune. Elles sont plus sociables, ont plus de compétences en communication non verbale, ce qui peut rendre leur identification par les cliniciens confuse« .

En outre, les femmes sont plus susceptibles de souffrir d’anxiété et de troubles affectifs, comme la dépression, qui, comme l’a démontré l’étude, sont de forts facteurs de risque de suicide chez les personnes autistes.

En fait, l’étude a révélé que plus de 90 % des personnes autistes qui ont tenté de se suicider ou qui sont mortes par suicide présentaient une condition psychiatrique concomitante.

Une autre conclusion importante est que, contrairement à la population générale, le risque de suicide ne diminue pas avec l’âge chez les personnes autistes.

Selon les experts, cette constatation est logique si l’on tient compte du manque de soutien dont bénéficient les personnes autistes une fois qu’elles ont terminé leurs études et entamé leur vie adulte.

« Franchir des étapes sociales peut être plus difficile dans la population autiste« , a déclaré Mohiuddin. « Je vois beaucoup de patients qui décrivent beaucoup de détresse en voyant leurs pairs et leurs frères et sœurs avoir un partenaire sentimental ou obtenir leur premier emploi alors que cela peut être très difficile pour eux« .

Mme Mohiuddin a souligné que certaines personnes autistes sont capables de réussir dans un environnement de la maternelle à la 12ème année [bac] avec le soutien de l’école et de leurs parents.

Cependant, les choses peuvent devenir plus difficiles pour eux une fois qu’ils sont seuls et doivent commencer à se débrouiller dans des scénarios qui impliquent plus de situations sociales subtiles avec plus de règles sociales non dites.

Cela peut également entraîner des sentiments de tristesse et de perte du fait qu’ils passent à côté de ces expériences.

« Et vous pouvez voir comment cela peut être un moteur pour quelque chose comme le suicide« , a déclaré Mohiuddin.

Les chercheurs ont également constaté que les personnes autistes à haut niveau de fonctionnement sont plus exposées au risque de suicide, car elles sont plus susceptibles de recevoir moins de soutien.

Les lacunes en matière de soins qui doivent être comblées

Les experts ont déclaré que les résultats de l’étude soulignent la nécessité de combler les lacunes dans les soins aux personnes autistes, notamment en ce qui concerne le diagnostic et les ressources pour les adultes autistes.

« Les taux élevés de femmes avec TSA suggèrent qu’il est nécessaire d’améliorer les outils de diagnostic pour éviter les retards dans les traitements nécessaires« , a déclaré Kõlves. « Il est nécessaire d’améliorer les compétences sociales chez les enfants TSA, où une intervention précoce peut réduire les risques de comportement suicidaire plus tard dans la vie ».

Kõlves a déclaré qu’il est également essentiel de développer le soutien et les services pour les adultes autistes, en particulier ceux qui présentent une comorbidité psychiatrique, compte tenu du risque élevé de tentative de suicide tout au long de leur vie.

Mme Mohiuddin appelle également à davantage de formation pour les travailleurs de première ligne.

« Étant donné l’augmentation des taux de TSA dans la population en général, les médecins, les prestataires de soins de santé, les écoles et les collèges doivent avoir une formation plus formelle en matière d’évaluation et de traitement des TSA« , a-t-elle déclaré. « Pour l’instant, ce n’est pas une partie obligatoire de la formation de nombreuses personnes et il semble que cela devrait l’être« .

Soyez attentifs aux signaux d’alerte

Les parents et les proches peuvent également jouer un rôle important dans la reconnaissance des signes avant-coureurs de suicide chez les personnes autistes.

« Les signes et les symptômes de dépression et d’anxiété peuvent être différents pour les personnes autistes en raison des difficultés de communication, et en particulier pour celles qui ont un langage limité« , a déclaré Murray.

« Souvent, les parents et les proches devront chercher des indices comme le manque d’appétit, le manque d’énergie, et les changements dans les habitudes de sommeil ou les interactions sociales qui sont typiques pour eux« , a-t-elle dit.

Mme Mohiuddin a déclaré qu’il faut tenir compte des déclarations de désespoir comme « je n’arriverai jamais à rien » ou « rien ne va jamais bien pour moi« , du retrait social et du fait de ne pas faire les choses qu’ils aimaient autrefois.

« Les signes les plus urgents sont des déclarations telles que « ma vie ne vaut pas la peine d’être vécue » ou « j’aimerais être mort », et toute action préparatoire comme donner des choses qui ont un sens pour eux ou avoir l’air de leur dire au revoir« , a-t-elle déclaré.

Il est également important que les proches sachent qu’ils ne doivent pas avoir peur de poser des questions sur le suicide.

« Les gens ont ce malentendu que s’ils posent des questions à ce sujet, celles-ci vont devenir réelles ou faire en sorte que quelqu’un fasse quelque chose« , a déclaré Mme Mohiuddin. « Mais bien souvent, les gens diront qu’ils se sentent soulagés qu’un membre de leur famille ou un proche ait reconnu la profondeur de ce qu’ils ressentaient et ait pu poser des questions à ce sujet« .

Si vous vous inquiétez de la santé mentale d’un proche, demandez-lui de consulter un prestataire de soins de santé mentale ou son médecin traitant.

Si vous pensez qu’une personne est en danger immédiat d’automutilation ou de suicide, appelez les urgences locales.

Source BLOG – MEDIAPART.

Habitat inclusif et handicap : le choix de la liberté… Vidéo.

L’Association Départementale de Parents et Amis de Personnes Handicapées mentales (ADAPEI) de la Creuse porte depuis un an un projet d’habitats inclusifs.

Cela permet à des personnes handicapées, de quitter le giron familial pour vivre seules, mais jamais isolés, dans des appartements.

Autonomes mais jamais isolés.

 

Victor Tournaud, 18 ans, est élève en terminale STMG au lycée d’Aubusson. Depuis le 18 décembre dernier, il vit seul dans un appartement de 55m² du centre-ville.

Presque banal, si ce n’est que Victor est autiste, atteint du syndrome d’Asperger. C’est lui qui a voulu quitter la maison familiale, un choix qu’il ne regrette absolument pas : « Je m’en sors bien globalement, je sais me faire à manger, la vaisselle, j’assure mon ménage. Je me rend à l’école tous les jours pour suivre mes études. J’ai besoin d’aide pour des tâches complexes ou qui demandent beaucoup d’énergie, mais dans l’ensemble je me débrouille seul. »

Avec sa maman, dès qu’ils ont entendu parler de ce projet d’habitat inclusif, porté par l’ADAPEI de Creuse, ils ont postulé.

Certes, le loyer et les charges sont de près de 500€, il y a bien sûr des aides, mais la maman de Victor est elle aussi ravie, sidérée des progrès réalisés par son fils en à peine un mois : « C’est hyper positif, déjà un mieux-être pour lui, parce qu’il se sent beaucoup mieux qu’à la maison, il peut vivre à son rythme. Il est beaucoup plus apaisé, il peut se ressourcer parce qu’ici c’est le silence et il en a vraiment besoin. Et puis c’est très positif aussi au niveau de son autonomie. »

Particularité de ces habitats inclusifs : aussi bien à Aubusson qu’à Guéret, il y a au cœur des résidence un appartement supplémentaire, commun à tous.

Ainsi à Guéret, quand les jeunes mariés Leatitia et Fabrice d’un côté, et Jean-Jacques de l’autre, veulent se retrouver, ils viennent là, pour un repas, des ateliers ou des discussions, avec leur animatrice. Cela, pour lutter contre l’isolement.

« L’appart collectif permet de se retrouver, on arrive là on boit un café, on programme ce qu’on va faire sur la semaine, on change des choses si on a envie de les changer, ça permet de garder toujours du lien sociale. » Explique Charlotte Poiret, animatrice Habitat Inclusif ADAPEI Guéret.

L’ADAPEI de la Creuse espère pouvoir proposer 18 appartements de ce type, d’ici la fin de l’année 2021.

Source FR3.

 

Autisme, troubles du neuro-développement : où en est le Centre-Val de Loire ?…. IMPORTANT : Vous pouvez participer à l’enquête nationale… !…

En 2020, 12 000 personnes ont répondu à l’enquête menée sur les conditions de vie des personnes autistes, « dys », ou souffrant de troubles du neuro-développement.

Pour 2021, la deuxième édition de l’enquête est ouverte aux participations du 13 janvier au 15 février.

Les troubles du neuro-développement et l'autisme peuvent entraîner un handicap invisible. Photo d'illustration

 

Comment vivent, au quotidien, les personnes autistes ou souffrant de troubles du neuro-développement (TND) ? Plus important : comment améliorer leur quotidien ? Depuis 2019, une délégation interministérielle se penche sur ces deux questions, ainsi que beaucoup d’autres, afin de mieux saisir ces réalités très diverses, dont certaines constituent un handicap invisible.

Pour évaluer les mesures prises et décider des suivantes, une première étude menée en 2020 a été publiée au mois de juin. En Centre-Val de Loire, les chiffres publiés sont relativement proche de la moyenne sur les questions du diagnostic et de l’accompagnement des enfants. En revanche, ils sont moins scolarisés dans la région Centre-Val de Lorie qu’ailleurs : « 86% des enfants avec troubles du neuro-développement sont scolarisés, contre 88% en France« , indique l’étude. « Parmi eux, 75% le sont à temps plein, contre 81% en France. »

Quant aux personnes adultes, près de la moitié d’entre elles sont salariées (50% en région Centre-Val de Loire contre 51% au niveau national). Plusieurs collectifs et associations d’entraide, comme Réseautisme 37 en Touraine, ou « Dans ma bulle », sont également actives pour adoucir l’intégration des personnes autistes.

Une nouvelle enquête déjà ouverte pour 2021

La participation à la deuxième édition de cette étude a déjà débuté, comme l’indique la délégation interministérielle. Il s’agira, pour les personnes concernées ou les parents, de répondre à des questions non seulement sur leurs conditions de vie en 2020, mais aussi de réagir aux mesures mises en place depuis un an. « Du mercredi 13 janvier au lundi 15 février 2021, toutes les personnes autistes, Dys, TDI (trouble dissociatif de l’identité, NdR), Tdah (trouble du déficit de l’attention) et leurs familles sont invitées à répondre au questionnaire en ligne conçu avec Ipsos. »

« L’objectif de l’étude« , précise la délégation, « est de mesurer, d’une année sur l’autre, la progression de leur qualité de vie et de contribuer à faire évoluer la stratégie nationale« . Cette année, l’enquête intègrera également des questions sur le covid-19 et la façon dont les personnes concernées ont traversé la crise sanitaire.

Vous pouvez participer à l’étude nationale en suivant ce lien

Source FR3.

 

« Un handicap invisible » : ces salariés autistes racontent leur vie en entreprise…

Autisme Europe estime qu’entre 76 et 90% de personnes autistes sont sans emploi. Et pour cause, même celles et ceux qui ont un travail peinent à trouver une entreprise à l’écoute de leur atypie.

Témoignages.

« Un handicap invisible » : ces salariés autistes racontent leur vie en entreprise...

 

Seules 10% des entreprises ont une politique encourageant la neurodiversité – autisme, dyslexie, hyperactivité, dyspraxie…-, selon une étude publiée dans Harvard Business Review en 2018. Un constat qui contribue à exclure les personnes dites « neuro-atypiques » du monde du travail. Et pour celles qui arrivent tout de même à trouver un emploi, rien n’est gagné puisque les sociétés peinent encore à prendre le sujet à bras le corps pour inclure les travailleurs avec autisme.

Maddyness a pu interroger trois personnes autistes qui nous racontent leur quotidien dans un milieu professionnel souvent inadapté à leur handicap.

Jules*, développeur informatique

Jules*, développeur informatique, n’a pas souhaité renseigner le nom de l’entreprise dans laquelle il travaillait. S’il perçoit un intérêt croissant des sociétés pour comprendre l’autisme, il pointe un manque d’efforts dans l’organisation quotidienne du travail. 

« J’ai commencé à travailler avant d’avoir été diagnostiqué TSA. Dès que j’ai demandé conseil à une psychologue, tout est allé très vite. Ma première entreprise a été sensibilisée à ce handicap et, bien que maladroitement, elle a mis en place des procédures en imaginant arranger mes conditions de travail. Mais ça a été laborieux et la situation ne convenait ni à moi, ni à la société parce que leur concept de ‘service informatique à la chaîne’ ne pouvait pas me correspondre.

Je travaille depuis dans une entreprise de moins de trente salariés. Dès mon entretien d’embauche, j’ai précisé quelles procédures devraient être mises en place pour faciliter mon travail : des tâches à définir par écrit, un environnement de travail serein, calme et sans lumière directe. Ils ont accepté. Si mon supérieur a d’abord joué le jeu, il m’a très vite considéré comme un salarié normal et me reproche fréquemment mes difficultés, me considérant comme le fautif principal à ses problèmes de management.

Ma principale difficulté est la communication avec les autres collègues. L’handicap d’une canne est bien plus facile à prendre en considération que mon handicap invisible. À l’exception de mon supérieur, je m’entendais bien avec mes collègues, suffisamment pour discuter correctement durant les repas. Et j’appréciais ces moments.

Pour informer sur ce handicap en entreprise, il est intéressant que ce soit un spécialiste qui présente le TSA, une personne apte à l’expliquer. Il est important de proposer des livres expliquant bien cette situation pour une libre information. Selon moi, les billes d’un bon fonctionnement sont avant tout de communiquer par écrit, d’utiliser des outils comme Trello ou TeamViewer pour faciliter le suivi du travail, expliquer avec des visuels concrets plutôt que de laisser planer une version approximative à l’oral et solliciter la mémoire du salarié. Il est clair que c’est un effort supplémentaire à fournir par toute l’équipe, et c’est malheureusement souvent mis de côté selon les urgences et circonstances du moment.

Si je perçois un réel intérêt des entreprises à recruter des salariés autistes, j’ai souvent l’impression que leur préoccupation est purement économique, non humaine. Malheureusement, malgré une bonne envie d’intégration et une acceptation des conditions de travail aménagées par tous, je détecte lors des entretiens d’embauche avec les DRH et les cadres que la responsabilité reposera sur les chefs de projets, alors qu’ils sont souvent déjà débordés de travail.

Donc soit le manager s’adapte, soit c’est moi qui dois agir comme un salarié normal pour faciliter le travail, et c’est stressant pour tout le monde. Cette solution est valable à court terme seulement, puisqu’elle épuise celui qui doit s’adapter. En l’occurence, c’est moi qui me suis épuisé dans mes deux dernières expériences professionnelles en 4 ans. Mais je progresse dans la recherche de poste adapté à ma différence. »

Chloé, assistante vétérinaire et auto-entrepreneuse en communication graphique

Salariée le jour et auto-entrepreneuse la nuit, Chloé estime que les formations pour sensibiliser au sujet du l’autisme manquent. Selon elle, informer est la clé pour un meilleur accueil de la neuro-atypie de la part des employeurs et des salariés.

« Après des études et deux expériences pros dans la communication, j’ai décidé d’entamer une reconversion professionnelle. Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours été passionnée, je dirais même obsédée, par la médecine, les Sciences et le monde animal. Ainsi, je me suis lancée et ai décidé de passer mon diplôme d’assistante vétérinaire. En parallèle, j’ai désiré conserver le lien avec la communication graphique. C’est pour cela que, depuis avril 2015, je cumule deux activités professionnelles : une en tant que salariée comme assistante dans une clinique vétérinaire, et la seconde en tant qu’auto entrepreneur dans la communication en création graphique.

Pour être honnête, je pense que l’environnement de travail n’est pas réellement adapté sur plusieurs points concernant mon fonctionnement propre et mes particularités. Cependant, comme nous le savons, le milieu médical est un domaine où l’activité est intense, à flux tendu, incluant la gestion des urgences et des imprévus. Il est donc compliqué voire impossible d’avoir la main et le contrôle sur ces paramètres, qui ne dépendent pas de nous, et de mettre en place des solutions. Je me suis donc faite à l’idée que ce métier impliquait ces difficultés, indissociables de cette profession. Par ailleurs, chaque jour, je me dis que j’ai une chance inouïe de pratiquer un métier passion, qui répond à mes valeurs, mes aspirations personnelles. Je suis stimulée au quotidien par une soif d’apprendre, de découvrir constamment de nouvelles choses, et donc de m’épanouir dans ce qui m’anime réellement. Pour ces raisons-là, je ne changerais pour rien au monde de profession.

Concernant mon auto-entreprise en communication graphique, étant mon propre patron, j’ai la chance de pouvoir organiser mes journées comme je le souhaite. Insomniaque et plutôt efficace la nuit, je peux par exemple consacrer ce temps là à cette activité. Ces dernières semaines, j’ai pu, grâce à différents projets qui m’ont été confiés, donner une toute autre dimension à mon auto-entreprise. J’ai travaillé sur des projets qui font sens pour moi, m’orientant peu à peu dans le milieu des neuro-atypies : créations pour le Salon de l’autisme 2021, pour le Collectif Atypique et pour bien d’autres. Le sens est primordial pour moi. Sans ça, je ne fonctionne pas. Ces projets m’ont donc fait comprendre une chose : cette cause est essentielle à mes yeux, et j’aimerais pouvoir continuer de m’impliquer à mon petit niveau. Il y a tant de choses à faire.

J’ai connu dans le passé des difficultés d’insertion dans le monde professionnel, comme tout un chacun, et bien plus encore quand on ne fait pas partie d’une norme pré-établie et solidement conçue. Forcément un fossé se créé, du fait des fonctionnements différents. Une de mes expériences passées m’a particulièrement touchée et profondément marquée il y a quelques années, si bien que je n’ai pu tenir qu’une année au sein de cette entreprise. J’ai fini par la quitter en y laissant quelques plumes. Je ne souhaite plus jamais revivre cette expérience.

Les difficultés que j’ai rencontrées dans le milieu professionnel feront certainement écho aux personnes concernées. La plus grosse et problématique d’entre elles, pour moi, reste la gestion de ma fatigue et de mon énergie au fil de la journée. Cette sensation de surcharge interne est quasiment quotidienne. C’est épuisant, extrêmement douloureux et déstabilisant. Ce ressenti est insupportable. Il s’agit d’un état interne que seules les personnes touchées peuvent réellement comprendre. Lors de surcharges, nous nous retrouvons dans une position de vulnérabilité car nous ne parvenons pas à les contrôler et nous avons cette sensation de les subir. Effectivement, elles s’imposent à nous brutalement sans que nous ne puissions faire quoi que ce soit. S’ajoute également les problématiques sensorielles, qui contribuent d’ailleurs à cette fatigue. Au quotidien et dans le milieu professionnel, celles-ci sont récurrentes, d’autant plus lorsque l’hypersensibilité concerne les cinq sens !

Et bien sûr, pour finir, l’aspect social et la communication. Je trouve que les relations humaines sont d’une complexité sans nom, je ne les comprends pas, et pourtant j’essaie sans cesse de les analyser mais je me sens à des années-lumière de leur mode de fonctionnement. Mes aspirations de vie, mes préoccupations, ma façon de voir le monde sont tellement à l’opposé. Cette sensation de décalage est complexe à vivre au quotidien, et bien plus encore dans le monde de l’entreprise où nous sommes amenés à cohabiter, un peu par obligation, sur un temps assez important.

Je pense qu’il est essentiel et primordial de trouver, au sein de son entreprise, une personne qui, par sa bienveillance, son désir de compréhension, pourra devenir une sorte de guide, de repère. En somme, une réelle personne ressource sur laquelle nous pourrons nous appuyer si nous en ressentons le besoin. Dans un second temps, il serait nécessaire de mettre en place des outils informatifs, ou des formations par des professionnels de santé et/ou des associations, pour expliquer les difficultés afin que celles-ci soient entendues et comprises. Il est très complexe, pour nous, de les verbaliser, de les exprimer. Ainsi, elles ont tendance à être minimisées, voire rejetées, ou bien même passer inaperçues. Un outil sous forme de guide pourrait donc être une solution afin de les énumérer, les définir et proposer des pistes pour y remédier.

Malheureusement, je trouve que les efforts dans le milieu professionnel restent encore rares et infimes. Certes, certaines entreprises commencent à s’intéresser et à faire preuve de plus en plus de bienveillance au sujet des personnes atypiques, mais cela tient encore du domaine de l’exception et cette tendance est loin d’être une règle établie. Le chemin est encore long pour faire prendre conscience et surtout faire connaitre réellement ces neuro-atypies, notamment l’autisme. Il manque cruellement d’informations et de formations mises à disposition des employeurs. Ce serait pourtant une piste primordiale à envisager. Comment pouvons-nous leur demander de faire des efforts, si ces conditions neuro-développementales sont exclusivement fondées sur des préjugés et des mythes, ou pire, ne sont pas connues dans le milieu de l’entreprise ? Il faut informer et former. Une fois cette base consolidée, le changement pourra s’opérer petit à petit. »

Eef, testeur informatique

Chez Avencod, startup de services numériques, plus de la moitié des salariés est atteinte de troubles du spectre de l’autisme (TSA). Eef est l’un deux et nous raconte son expérience dans une entreprise où tout est fait pour créer un environnement confortable pour les personnes porteuses de ce handicap.

« Avant cette expérience professionnelle, je n’avais pas commencé à chercher un emploi. Je quittais tout juste les études supérieures à la fac parce qu’elles n’étaient pas accessibles aux étudiants handicapés et à mes particularités. J’ai eu la chance de trouver et de pouvoir intégrer Avencod à ce moment-là en tant que testeur informatique.

Grâce à l’aménagement du cadre de travail, je n’ai pas encore rencontré beaucoup de difficultés dans le milieu professionnel. Seulement parfois la gestion de la fatigue et de l’anxiété, ainsi que, parfois, des problèmes pour communiquer. Mais mon environnement professionnel est très agréable et adapté en fonction de mes spécificités. On nous a par exemple mis a disposition des casques filtrant le bruit, et on sensibilise nos clients à nos situations pour que le contact soit facilité.

Chez Avencod, un psychologue passe aussi régulièrement, ce qui permet de faire un suivi de près de notre état émotionnel ou de notre fatigue. Le contact est facile et ouvert avec nos supérieurs et notre coordinatrice, ça nous laisse vraiment la possibilité d’échanger sur nos incompréhensions quand elles existent.

Si les efforts sont faits dans cette startup, je ne sais pas si c’est le cas dans le monde professionnel en général. Je garde l’impression qu’il est encore difficile de trouver des entreprises qui sont prêtes à accueillir des personnes autistes, et ne serait-ce qu’à connaître nos particularités. Beaucoup de personnes n’évoquent donc pas leur autisme, quitte à être en souffrance dans leur milieu professionnel.

Pour ma part, je souhaite continuer à gagner en compétences et en connaissances en tant que testeur informatique pour être le plus technique possible et pouvoir être chargé de projets qui ‘nourrissent mon cerveau’ et le stimulent comme il en a besoin. »

* Le prénom à été changé car cette personne souhaite conserver l’anonymat.

Source MADYNESS.