Sarthe – Meurtre d’un jeune autiste à Vivoin : le beau-père condamné à 30 ans de réclusion criminelle…

En juin 2018, un jeune autiste de 22 ans était retrouvé mort à Vivoin dans le Nord Sarthe.

Il avait été roué de coups par son beau père.

Cet homme de 56 ans, jugé devant la cour d’assises de la Sarthe, est condamné à 30 ans de réclusion criminelle.

L'entrée de la cour d'assises de la Sarthe, le 24 mars 2021 (illustration)

 

Un Sarthois de 56 ans a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle pour le meurtre du fils de sa compagne en juin 2018 à Vivoin dans le Nord Sarthe. Il était jugé devant la cour d’assises de la Sarthe. La victime, un jeune autiste de 22 ans, avait été roué de coups suite à une dispute familiale. L’homme l’avait ensuite laissé inconscient. Ce n’est que le lendemain matin que le corps sans vie avait été découvert.

Le mutisme de l’accusé

Au troisième jour d’audience, le procès s’est poursuivi ce matin par les plaidoiries. Le mutisme de l’accusé a été le fil conducteur des avocats des parties civiles. « Monsieur n’a pas voulu parler parce qu’il ne parle qu’avec ses poings alors moi je vais mettre les poings sur les i » commence Maître Godard, avocat des grands-parents de la victime. Il pointe l’alcoolisme, l’impulsivité et la violence du prévenu, rappelant « les raclées assénées régulièrement et gratuitement » jusqu’à la dernière mortelle. « 50 ecchymoses »  provoquées par cet homme qualifié par l’avocat de « tyran domestique dans toute son horreur« .

« On lui a dit « arrête, arrête !«  » enchaine Maître Brenner-Jousseaume, avocate de la mère du jeune autiste. « Mais personne ne pouvait arrêter la folie meurtrière« . Elle rappelle d’ailleurs ses menaces explicites : « Je vais te tuer, je vais te crever« . Alors Maître Godard interroge : « qu’à fait la victime pour mériter ça ? » L’avocate de la sœur de la victime répond : « Il n’a rien fait » et ironise « et monsieur évoque un manque de respect« .

Dans son box, l’accusé, bras croisé, regard fixe, est impassible. Il sera resté silencieux durant quasiment tout le procès, « or nos clients avaient besoin de comprendre » explique Maître Godard. Une autre avocate des parties civiles insiste : « Monsieur se réfugie derrière son amnésie. Mais lorsqu’on le confronte à ses actes, comment réagit-il ? Un pardon ? Non ! Monsieur masque les faits, dupe les secours, dupe les gendarmes et invoque ici son droit au silence. »

30 ans de réclusion requis par l’avocate générale

Cette amnésie, l’avocate générale n’y croit pas et elle estime que l’intention de tuer ne fait aucun doute. « Il y a eu un acharnement, un déchaînement de violences » dit-elle avant de lister partiellement les coups : « Fracture dentaire, blessure à l’œil gauche, oreille droite, bras gauche, le dos des mains, l’abdomen, le thorax et le coup fatal à la tête ayant entrainé une hémorragie crânienne et l’arrêt successifs de plusieurs organes« .

Pour l’avocate générale, l’homme « ne pouvait pas ignorer les conséquences mortelles sur une personne qui plus est vulnérable. Ce jeune homme souffrant de trouble autistique ne pouvait pas se défendre et n’a d’ailleurs pas cherché à se protéger de la pluie de coups« . Selon elle, l’homme qui compte déjà 24 condamnations et qui a passé 12 ans en prison, est « une personne violente qui le sera toujours« . Et puisqu’il présente un niveau de « dangerosité élevé » et qu’il faut « protéger la société« , elle demande à la cour de prononcer une peine de 30 ans de réclusion criminelle. Réquisitions que la cour a donc suivies. L’homme a désormais 10 jours pour interjeter appel.

Source FRANCE BLEU.

 

 

La vie après la mort : des «gènes zombies» peuvent modifier les cellules cérébrales pendant de nombreuses heures…

Les gènes de certaines cellules cérébrales continuent de s’exprimer après la mort clinique.

Une découverte qui doit être prise en compte dans les recherches sur l’autisme, la schizophrénie ou Alzheimer menées sur les tissus cérébraux post-mortem.

La vie après la mort : des «gènes zombies» peuvent modifier les cellules cérébrales pendant de nombreuses heures

 

Et si toute vie ne s’arrêtait pas lorsque le coeur cesse de battre ? C’est ce que l’on peut déduire des travaux menés par des chercheurs de l’université de l’Illinois à Chicago et publiés dans la revue Scientific Reports. Cette recherche montre que l’expression des gènes de cellules du tissu cérébral non seulement ne cesse pas après la mort mais devient même encore plus active !

Ces « gènes zombies », comme les appellent les chercheurs sont spécifiques à des cellules inflammatoires appelées cellules gliales pour lesquelles ils ont observé qu’elles se développaient en produisant de longs appendices en formes de bras « pendant de nombreuses heures après la mort ». Ces cellules sont localisées dans le tissu cérébral.

Des cellules inflammatoires qui nettoient les effets des lésions cérébrales

« La plupart des études supposent que tout s’arrête dans le cerveau lorsque le coeur cesse de battre, mais ce n’est pas le cas », remarque le Dr Jeffrey Loeb, auteur principal de ces travaux. Ce qui, d’ailleurs, lui semble finalement assez logique : « Le fait que les cellules gliales s’agrandissent après la mort j’est pas trop surprenant étant donné qu’il s’agi de cellules inflammatoires dont le rôle consiste à faire le nettoyage après des lésions cérébrales liées à la privation d’oxygène ou à un AVC ». Autrement dit, leurs gènes survivraient au décès clinique pour leur permettre de continuer de s’acquitter des tâches pour lesquelles elles sont programmées.

Comment Jeffrey Loeb et son équipe sont-ils parvenus à cette étonnante découverte ? Ils ont prélevé des tissus cérébraux sur des patients décédés dans le cadre de recherches sur de nouveaux traitements pour l’épilepsie. Et c’est en analysant ces tissus qu’ils ont constaté des comportements très différents de plusieurs groupes de gènes. Les gènes qui fournissent les fonctions cellulaires de base sont restés stables et un autre groupe de gènes, tous ceux connus pour être présents dans les neurones et impliqués dans l’activité cérébrale -la pensée et la mémoire- se sont rapidement dégradés dans les heures ayant suivi la mort. C’est un troisième groupe, celui des « gènes zombies » qui a attiré leur attention lorsqu’ils se sont aperçus que leur activité augmentait en atteignant un niveau maximum environ 12 heures après la mort.

Mieux comprendre les analyses de tissu cérébral post-mortem

Au-delà de révéler qu’une part de la vie cellulaire peut se poursuivre après le décès, cette constatation a un intérêt pour la recherche concernant des troubles neurologiques comme l’autisme ou la maladie d’Alzheimer : celle-ci s’appuie en effet parfois sur l’analyse du tissu cérébral post-mortem. Et les travaux de Jeffrey Loeb et de son équipe, en montrant que ce tissu peut continuer d’évoluer après la mort sous l’effet des « gènes zombies », indiquent que ces changements doivent être pris en compte. Et qu’il est préférable pour de telles recherches de travailler sur des tissus cérébraux post-mortem « frais » ouy de ne travailler que sur les cellules dont l’expression génétique est stabilisée.

Source POURQUOI DOCTEUR.

À Villejuif, les autistes s’épanouissent en musique…

Il reste des places pour les cours d’éveil musical et de hip-hop organisés à la Maison de la Santé et du Handicap par une association de profs spécialisés, APTE.

 Villejuif. Erwan (à dr.), autiste, s’applique durant son cours de guitare avec Jean-Paul de l’association APTE à la Maison de la Santé et du Handicap de Villejuif.

 

Erwan tend à nouveau sa guitare à son professeur. « Faut accorder », murmure-t-il. C’est la 3e fois d’affilée qu’il fait accorder sa guitare par Jean-Paul. Car cet après-midi-là, pour ce grand gaillard atteint d’autisme, il est important d’accorder sa guitare. Peu importe le nombre de fois, peu importe que les cordes sonnent déjà juste, c’est important à ses yeux. Jean-Paul, son enseignant, le comprend et le respecte. Il a l’habitude. Il est même formé pour cela.

Un tarif de 15 euros par mois

Il fait partie des profs de l’association APTE (Autisme, Piano, Thérapie Éducative) qui assure des cours d’éveil musical, de hip-hop et de guitare au sein de la Maison de la Santé et du Handicap de Villejuif pour les adultes et enfants dès 4 ans souffrant de troubles autistiques.

Les ateliers musicaux destinés aux autistes ne courent pas les rues en région parisienne. Encore moins à un prix aussi accessible, 15 euros par mois. Mais le plus intéressant est qu’il reste des places disponibles pour l’éveil musical (jeudi matin) et le hip-hop (mardi après-midi). « Si la famille a des difficultés financières, la mairie est là pour l’aider », précise Mariama Bellin, élue en charge du Handicap à Villejuif. La Ville tient à favoriser l’inclusion de ce public si particulier : elle vient d’ouvrir une classe autisme en maternelle au groupe scolaire Simone-Veil, accueille plusieurs structures médico-sociales sur son territoire, verse une subvention à l’association APTE et met ses locaux à sa disposition…

Des ateliers rares en Ile-de-France

« Les autistes ne sont pas des handicapés, ce sont des personnes, des citoyens. Ils ont le droit comme tout le monde d’accéder à la pratique instrumentale, qui leur fait tellement de bien », confie Françoise Dorocq, directrice et fondatrice de l’association APTE, qui a formé 90 enseignants à cette pédagogie particulière.

« Mais le fonctionnement d’un enfant autiste n’a rien à voir avec un enfant ordinaire, poursuit-elle. Il ne se situe pas bien dans l’espace et dans le temps. Il ne sait pas qu’il a des mains et des pieds, par exemple. Donc si on lui dit Touche cet instrument, il faut d’abord aller chercher sa main. La guitare est intéressante car c’est un instrument de vibration, en corps à corps. Le piano, lui, retentit sur le plexus solaire. Avec une pratique musicale, du chant ou de la danse, ils sont dans le sensoriel, ce qui est accessible à 85 % des autistes. »

Ce jour-là, Frederico, 42 ans, du foyer d’accueil médicalisé Tamaris de Villejuif, vient pour sa leçon hebdomadaire de guitare. Jean-Paul, son prof, corrige la position de ses mains, l’encourage, l’accompagne : « mets le doigt sur la première corde. Allez, le sol, c’est difficile, mets le 2e doigt ici ». L’air de « Joyeux anniversaire » retentit dans la pièce. Frederico est fier. « J’arrive à lire les notes sur la tablature », sourit-il.

Ils s’expriment à travers les notes

Gratter sa guitare, entendre les notes et se concentrer sur la partition lui procurent du bien-être. « Cela me fait passer le temps, ça m’occupe », explique-t-il sobrement.

Vincent, l’éducateur d’Erwan au FAM Tamaris, va plus loin : « au niveau cognitif, cela travaille les gestes coordonnés, cela les aide à exprimer des choses qu’ils ne peuvent pas dire via la parole. Cela les aide à évacuer une forme de stress. Ils se calent sur un son, sur une rythmique. Pour certains, un son égale une couleur. Ils en font une interprétation différente de la nôtre. Une chose est sûre : la musique est un langage universel ».

La Maison de la Santé et du Handicap, ouverte en 2018, est particulièrement adaptée à ce public : le lieu est calme, les pièces sont à la fois vastes et à taille humaine, la lumière n’est pas agressive. Bref, de quoi mettre les autistes dans les meilleures conditions pour s’épanouir.

Source LE PARISIEN.

Les chats, des alliés de choix pour les autistes..

Selon une étude préliminaire, ces animaux pourraient aider les enfants souffrant d’un trouble du spectre autistique à notamment gagner en empathie.

 

Du temps où elle était infirmière scolaire, Gretchen Carlisle voyait souvent des élèves souffrant de troubles et de handicaps mentaux, à qui l’on avait prescrit de lourds traitements médicamenteux et qui faisaient des crises tout au long de la journée. Dans certains établissements, pour récompenser les enfants de leur bon comportement, des éducateurs spécialisés venaient avec des chiens, des cochons d’Inde ou des poissons. Gretchen Carlisle allait remarquer combien les animaux semblaient calmer les élèves handicapés.

Désormais chercheuse dans le laboratoire d’études sur les interactions entre humains et animaux de l’école vétérinaire de l’université du Missouri, Gretchen Carlisle vient, avec ses collègues, de mener la première étude en essai randomisé contrôlé sur les bénéfices qu’un animal de compagnie peut avoir sur des enfants autistes. Et pas n’importe quels animaux: les chats.

L’étude est exploratoire et ne porte que sur un petit nombre (11) de patients âgés de 6 à 14 ans, mais elle est assez bien faite pour indiquer un impact très positif. En l’espèce, un chat calme améliore les capacités sociales de l’enfant, en particulier son empathie, et diminue les symptômes de ses angoisses de la séparation, souvent terriblement invalidants chez les enfants dont les troubles sont situés dans la moitié supérieure du spectre autistique.

Une «présence apaisante»

Avant d’arriver à cette conclusion, Gretchen Carlisle et ses collègues ont divisé des familles d’enfants avec autisme en deux groupes. Celles assignées au hasard dans le premier, le groupe traitement, ont dû adopter un chat et être suivies pendant dix-huit semaines. Les familles du second, le groupe témoin, ont été suivies pendant dix-huit semaines sans intervention, avant de devoir adopter un chat et d’être suivies pendant encore dix-huit semaines supplémentaires. En amont, tous les chats adoptés avaient été sélectionnés pour leur tempérament calme.

Pourquoi les chats? Parce que, comme l’explique Gretchen Carlisle, «leur principal avantage est qu’ils peuvent être acceptés sans condition. Il arrive que certains enfants autistes aient des problèmes sensoriels ou soient sensibles aux bruits forts. De par sa présence apaisante, un chat a donc tout de l’animal de compagnie approprié et réconfortant pour certaines familles.»

Gretchen Carlisle espère que son étude sera suivie par d’autres, à la puissance statistique plus élevée, et que ses résultats préliminaires seront confirmés pour que l’adoption d’un chat soit intégrée dans les interventions proposées aux familles d’enfants avec autisme.

Source SLATE.

 

Autisme – Témoignage : avec mon handicap, travailler n’est pas une Option !…

Autiste et malade chronique, travailler m’épuise. Mais faute d’une allocation décente, je vais devoir chercher un nouvel emploi.

Autisme - Témoignage : avec mon handicap, travailler n'est pas une Option !...

 

Je suis une personne autiste et malade chronique de 23 ans. L’injonction à l’emploi que subissent les personnes handicapées m’a amené·e à me réorienter.

À la fin de ma troisième année de licence, j’ai dû changer de voie une première fois. Quitter la psycho pour tenter ma chance dans une licence professionnelle spécialisée dans l’accompagnement des personnes autistes. Bingo : profs compréhensif·ve·s, contenu des cours que je connaissais déjà sur le bout des doigts et un stage très intéressant. À la fin de cette année, j’ai décroché mon diplôme et un CDD d’un an.

Je faisais officiellement partie de l’équipe des « bon·ne·s handicapé·e·s », celleux qui bossent et sont utiles à la société. Mieux même, celleux qui ont réussi à faire de leur handicap une « force ».

L’autisme, ça ne se soigne pas

Le tableau tout rose s’est petit à petit dégradé : épuisement dû à mon temps de transport, les joies de Paris, soucis avec des collègues validistes, début d’endométriose causant des douleurs énormes, changement de direction à deux reprises ! Tout cela a déclenché beaucoup de crises : des replis sur moi-même où j’étais incapable de parler et de comprendre ce qu’on me disait, ou des moments d’explosion avec beaucoup de cris.

Et qui dit crise dit médecine du travail, qui a posé son verdict : « incapacité temporaire tant que l’autisme n’est pas soigné ». Souci ? L’autisme ne se soigne pas et si je devais attendre qu’il disparaisse pour reprendre mon poste, alors j’y serais encore à ma mort. Mais le Covid a pris le relais, j’ai été confiné·e, puis en télétravail et mon contrat s’est terminé.

J’étais alors convaincu·e que ce n’était qu’une petite erreur, que j’étais tombé·e dans une mauvaise structure, et je me suis donc attelé·e joyeusement à ma recherche d’emploi. Je vous épargne les galères… Mais je me suis retrouvé·e en décembre dernier dans une drôle de panade : aucun retour des employeur·euse·s et un diagnostic de spondylarthrite ankylosante qui, à terme, m’empêchera de travailler dans un domaine demandant de rester beaucoup debout. Or, dans le métier d’éducateur·trice spécialisé·e, debout, on l’est souvent. Sans compter lorsqu’on doit se pencher, porter les enfants, parfois même faire du sport avec elleux.

Le choix entre une aide financière bancale et des emplois pas accessibles

J’étais donc dans une impasse. Je ne trouvais rien niveau emploi et, même si j’avais trouvé quelque chose, cela n’aurait pas collé avec mon état de santé physique et mental. Parce que oui, même si j’adorais mon emploi, il était clairement trop épuisant pour une personne autiste. Je ne savais pas que faire. Si je demandais l’allocation adultes handicapé·e·s (AAH), alors je devrais vivre avec 900 euros par mois…

Mais uniquement jusqu’à ce que mon compagnon trouve un emploi, car une fois cela fait on me l’aurait supprimée – d’ailleurs, si vous voulez en apprendre plus sur cette aberration, je vous conseille ce site : objectifautonomie.fr. Je pouvais également poursuivre ma recherche d’emploi, ce que je fais toujours d’ailleurs ! Mais tout en sachant que ça ne déboucherait pas sur un emploi accessible pour mes handicaps.

Comme beaucoup de personnes handis, je me suis retrouvé·e coincé·e, et je le suis toujours ! Entre une aide très basse et dépendante des revenus de mon conjoint ou des métiers pour lesquels je suis qualifié·e mais qui ne me sont pas accessibles. En gros, la peste ou le choléra ?

On nous fait comprendre que l’AAH, c’est pour les feignant·e·s

J’envisage donc la réorientation. Ce n’est pas facile. Parce que dans notre société, le modèle idéal c’est bac-études-boulot-retraite, et pas bac-études-boulot-chômage-merde-je ne sais pas quoi faire-réorientation-boulot-retraite. Encore pire quand on est handicapé·e. On nous fait bien comprendre que l’AAH c’est pour les feignant·e·s, mais on ne nous propose aucune solution concrète. Et donc, bien souvent, on choisit l’AAH et on serre les dents en espérant que 900 euros, ça passe, que notre conjoint·e ne se mettra pas à gagner trop, qu’on n’aura pas besoin de le ou la quitter. Bref, on est suspendu·e·s à cette aide et on s’y accroche parce que c’est la seule solution.

Et encore. Je dis qu’on choisit l’AAH, mais c’est l’AAH qui nous choisit bien souvent. On ne va pas voir la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) en disant « oui bonjour l’AAH s’il vous plaît » et pouf on repart avec. Non, ça demande du temps, un dossier en béton, et… de la chance. Pour deux dossiers similaires, certain·e·s l’auront, d’autres pas.

Mais bon, il ne faut pas croire non plus que rendre le monde du travail totalement accessible permettrait à toutes les personnes handicapées de trouver un travail : certain·e·s d’entre nous ne pourrons jamais travailler, et c’est pour cette raison d’ailleurs que c’est important de se battre pour un monde du travail accessible ET pour une AAH décente et ne dépendant pas des revenus du ou de la conjoint·e ! On devrait pouvoir choisir ce qui est le mieux pour nous, pour nos santés physiques et psychologiques, et non ce qui sera le moins pire.

Bref.

J’ai choisi de me réorienter… en espérant que ça passe

Devant cette roulette russe, les personnes handicapées doivent bien trouver des solutions : demander l’AAH en priant pour que ça passe, tienne dans le temps et soit vivable ; trouver un·e employeur·euse et taffer même si on ne le peut pas vraiment ; ouvrir sa propre entreprise même si c’est casse-gueule et épuisant ; se mettre à temps partiel et prier pour avoir assez de sous ; ou comme ce que j’ai choisi : se réorienter, en espérant que ça passe.

Pour meubler ma recherche d’emploi, j’ai recommencé à lire et à écrire, et donc à suivre sur les réseaux des gens qui lisent, écrivent et même parfois qui bossent dans le milieu du livre. Tout cela m’a rappelé à quel point j’aimais ce milieu et à quel point ce serait chouette d’y travailler. Mais bon, reprendre les études, vraiment ?

J’ai fait quelques recherches pour me persuader que c’était un plan foireux et, surprise ! Une licence pro d’un an, ouverte pour les gens en réorientation pro et dans ma ville ! Miracle aussi, les concours pour bosser en bibliothèque sont adaptés pour les personnes en situation de handicap !

En tant qu’autiste, j’ai besoin d’infos

Un rêve qui devient réalité et une histoire qui se termine bien ? Pas vraiment. La dure réalité, c’est que je n’ai aucune information sur les démarches. Que faire, quand, comment ? Pôle emploi, la fac, même la mission locale sont aux abonnés absents et je me retrouve donc à regarder mon petit projet en me disant que bon, quand même, il a de la gueule ce projet, mais je ne sais pas quoi faire avec.

Le plus gros souci, c’est de chercher les informations. En tant que personne autiste, j’ai besoin qu’on soit clair·e avec moi sur ce que je dois faire et comment. Or là, je n’ai rien, pas le moindre début de piste. Est-ce que je dois commencer par Pôle emploi ? À moins que je ne doive d’abord contacter la licence ? Ou bien directement les bibliothèques pour obtenir un stage ? Je me suis rabattu·e sur Pôle emploi un peu au pif en espérant que ce soit le bon choix et, en attendant, eh bien… j’attends justement.

La réalité, c’est que c’est le début d’une nouvelle galère. Parce que je suis handicapé·e et que j’ai besoin d’un emploi accessible mais que rien n’a été pensé pour. Et que si je baisse les bras et que je dis : « non là ras-le-bol, personne ne m’aide, je ne sais pas quoi faire, je demande l’AAH ! », on me jugera comme feignant·e, comme un·e mauvaix·se handicapé·e qui profite des aides.

On ne peut pas bien vivre en étant une personne handicapée qui ne travaille pas

Si je me réoriente, c’est parce qu’aujourd’hui en France, on ne peut pas bien vivre en étant une personne handi qui ne travaille pas. Si je me réoriente, c’est parce que rien n’a été prévu pour les gens handicapé·e·s et qu’on doit faire notre propre chemin si on ne veut pas crever.

Entendons-nous bien : si l’AAH était une somme décente permettant de vivre bien, si elle ne dépendait pas des revenus du ou de la conjoint·e, si je n’étais pas dans l’incertitude d’être peut-être pas assez handicapé·e pour l’avoir, et bien, je ne chercherais pas de réorientation. Parce qu’aujourd’hui, même faire les courses m’épuise et me fait mal, alors travailler 35 heures par semaine, vous imaginez. Mais je cherche parce que je n’ai pas le choix… et j’espère pouvoir travailler en bibliothèque parce que, même si cela ne sera pas parfait, ce sera pour le moment la solution la moins pire.

Aujourd’hui, je me réoriente parce qu’on ne me laisse pas le choix.

Kelig, 23 ans, en recherche d’emploi, Rennes

Konbini news a choisi de respecter le souhait de Kelig et de poster ce texte tel qu’il a été écrit, c’est-à-dire en écriture inclusive.

Ce témoignage provient des ateliers d’écriture menés par la ZEP (la zone d’expression prioritaire), un média d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans, qui témoignent de leur quotidien comme de toute l’actualité qui les concerne.

Par La Zep, publié le 19/03/2021

Source KOMBINI NEWS.

Laval : maman d’enfant autiste cherche structure d’accueil… désespérément !…

C’est l’histoire d’une maman à bout de nerf.

Depuis des mois, elle attend la reconnaissance de l’autisme lourd de son petit garçon, pour pouvoir l’inscrire, à la rentrée, dans une structure adaptée.

Maintenant qu’elle l’a, il n’y a pas de place pour lui.

Juste une liste d’attente.

Lilouan et sa maman

 

Elise Borde est Lavalloise. Son petit garçon de 5 ans est lourdement handicapé. Il souffre d’autisme. Un autisme lourd qui l’empêche d’être scolarisé.  » Il ne communique que par pictogrammes, par images« , explique la maman. Jusqu’à présent, le petit garçon est accueilli dans une UEM, une classe spéciale, dans une école ordinaire, Le Petit Prince, à Laval. Mais, à la rentrée, il sera trop grand et il devra quitter l’école. Sauf que, à ce jour, il n’y a aucune place pour le recevoir dans les structures adaptées à son handicap. La maman risque de devoir quitter son emploi pour s’occuper de son fils.

Des mois à attendre une certification

Pour avoir une chance d’être admis à la SATED de Laval, la structure adaptée aux enfants autistes, il faut recevoir une certification de la CDAPH, la commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées. Et ça, il a fallu des mois pour qu’Elise finisse par l’obtenir, sésame indispensable, pour une prise en charge. A tel point, qu’elle a créé une page facebook pour alerter les élus.

L’attente, encore!

A présent que le petit Lilouan a obtenu la certification de son handicap, il doit encore attendre. Il se retrouve sur une liste d’attente. Pour l’instant, pas de place à la SATED. C’est l’ARS, l’Agence Régionale de Santé, qui a pouvoir de créer les structures et les places. Dans le département, sur 3 000 enfants en situation de handicap, 4 sont dans la même situation de Lilouan.

Ouverture de plusieurs classes à la rentrée

A la rentrée prochaine, l’ARS,  devrait ouvrir deux unités d’enseignement maternelle et élémentaire, pour les enfants autistes, afin de maintenir la politique d’école inclusive portée par l’Agence Régionale de Santé. En septembre 2020, une plateforme d’orientation et de coordination a été ouverte, capable de proposer aux familles, dès les premiers signes d’alerte, l’accès à des interventions précoces, pour les enfants de 0 à 6 ans, sans attendre le diagnostic.

Un million d’euros a été versé, pour un pôle de compétences et de prestations externalisées ( PCPE) pour contribuer à la gestion des listes d’attente.

Source FRANCE BLEU.

Laval : l’épuisement des parents de Lilouan pour faire reconnaître l’autisme lourd de leur enfant….

C’est une bouteille à la mer que lance Élise Borde, inquiète du peu d’empressement montré par la Maison Départementale des Personnes Handicapées de la Mayenne pour « notifier » que son enfant de 5 ans et demi est autiste profond.

Un document qui lui donnerait accès à une structure adaptée.

Lolouan, enfant autiste, en Mayenne, ses parents se heurtent aux difficultés administratives

 

« Nous avons sollicité la MDPH de la Mayenne pour une notification, un document « certifiant » que mon enfant est autiste profond ». La MDPH s’engage à donner une réponse aux familles avant quatre mois, et pour l’instant, l’institution sensée soutenir les personnes handicapées et leurs aidants, ne se manifeste pas. Pire, elle reste sourde à tous les appels.

Pourtant cette notification ne l’engage en quoi que ce soit. Juste un document qui permettrait d’inscrire le petit Lilouan dans une structure adaptée. Et encore, seulement sur la liste d’attente. Sans garantie de pouvoir intégrer une structure adaptée à la rentrée de septembre.

« Lilouan est actuellement scolarisé en unité d’enseignement maternel à Laval (unité scolaire spécialisée au sein d’une école standard). Sa scolarité au sein de cette unité s’arrête au mois de juin car nous avions un accord pour 3 ans avant l’orientation vers une structure médico-sociale. Nous avons déposé un dossier à la Maison De l’Autonomie pour le renouvellement de ses droits en tant que personne handicapée en France, le 15 novembre. Depuis le dossier reste en attente de traitement malgré nos appels nos relances… nous avons de notre côté entrepris des démarches pour l’inscription dans deux structures pour la suite ».

La maman est inquiète, les jours passent : « Il y aurait une quarantaine d’enfants déjà en attente. Le département indique vouloir privilégier les processus d’inclusion, mais cette solution est inadaptée pour Lilouan. Il y a urgence à créer des places dans des établissements spécialisés pour ces enfants ».

Élise Borde ne sait plus comment agir pour préparer la prochaine rentrée de son enfant. « Quand j’appelle la MDA, que je demande un responsable, on me répond que ce n’est pas possible ».

Une bouteille à la mer

Alors elle a créé une page Facebook, pour sensibiliser à cette situation. « Une page lancée comme une bouteille à la mer ». Et une prise en compte a commencé à s’opérer. Élisabeth Doineau, sénatrice de la Mayenne, est intervenue. Elle est aussi conseillère départementale et déléguée à l’accès aux soins. Et donc en responsabilité de la MDPH.

« J’ai ainsi obtenu un rendez-vous, c’est mieux qu’une réponse au téléphone, pour autant ça ne répond pas exactement à ma demande ».

Pour Élise il y a urgence, la prise en charge de Lilouan s’arrêtera en juin prochain. « Dans quatre mois notre fils n’aura plus aucun accompagnement lié à son lourd handicap, nous sommes au bord de l’épuisement face à ce handicap, et tous les à côtés qu’il comporte ». Et disposer de ce document serait l’amorce d’un soulagement.

Sollicitée  par notre rédaction, la MDPH a indiqué qu’elle nous répondrait sous 24 à 48 heures.

Source FR3.

Autisme, dyslexie, retards… à Versailles, des agents formés pour les déceler dès la crèche… Première en France…

Dans le cadre d’un partenariat inédit entre la mairie et l’hôpital, tous les personnels de la petite enfance reçoivent une formation pour mieux déceler les signaux pouvant s’apparenter à un trouble du neuro-développement chez les enfants de 0 à 3 ans.

 Illustration. Environ 1300 enfants sont accueillis chaque année dans les crèches de Versailles.

 

C’est une première en France. La ville de Versailles et le centre hospitalier André-Mignot travaillent main dans la main depuis début février avec un objectif commun : déceler le plus tôt possible les troubles du neuro-développement chez l’enfant. Financée en majorité par la Caisse des affaires familiales des Yvelines, l’opération consiste à former les quelque 200 membres du personnel municipal intervenant dans les crèches.

« Le cerveau des enfants est très malléable entre 0 et 3 ans donc plus tôt on intervient, mieux on les accompagne dans leur évolution », indique Annick Bouquet, adjointe au maire (DVD) de Versailles chargée de la petite enfance.

Qu’il s’agissent des troubles du spectre autistique, du développement intellectuel, de la communication, de la coordination motrice, des apprentissages (tels que la dyslexie, la dyscalculie, la dysorthographie) ou encore du déficit d’attention, ces dysfonctionnements peuvent être perceptibles très tôt. Bien qu’en général, les diagnostics ne se précisent clairement que vers l’âge de 6 ans.

Observer les réactions de l’enfant

Si les professionnels de la petite enfance sont sensibilisés à ces questions dans le cadre de leur formation classique, ils n’ont pas forcément les clés pour savoir exactement quoi observer et quand s’inquiéter. « On leur donne le calendrier habituel du développement d’un enfant pour qu’ils s’en servent de référence », explique le Dr Marie-Joëlle Orêve, responsable du centre de diagnostic des troubles du spectre autistique à l’hôpital de Versailles.

Pendant les cinq heures de formation que les éducateurs, reçoivent, ils sont surtout sensibilisés à entretenir une certaine vigilance. « On leur conseille d’observer comment l’enfant réagit quand on l’appelle par son prénom, est ce qu’il répond aux sourires, s’il est capable d’exprimer une demande, s’il participe aux activités ou est capable de pointer un objet », détaille la médecin.

D’autres facteurs de risque leur sont exposés comme la présence d’un produit toxique dans le corps de la mère pendant la grossesse, l’âge du père, ou les antécédents génétiques qui peuvent influer sur le neuro-développement.

Mieux accompagner les parents

Les directrices des crèches de Versailles sont également formées à la communication avec les parents. « Il faut pouvoir accompagner les familles tout en restant dans le respect des compétences de chacun, rappelle Annick Bouquet. Le but est d’avoir une meilleure vision de l’évolution des comportements de l’enfant, pour les aider au mieux à avancer vers un diagnostic. »

En échangeant de manière constructive sur les observations faites à la crèche et à la maison, les parents peuvent se poser les bonnes questions au bon moment, notamment s’il devient nécessaire de consulter un spécialiste.

Source LE PARISIEN.

Corrèze : Sophie Cluzel a été séduite par le dispositif d’inclusion des enfants autistes à l’école…

Sophie Cluzel était en Corrèze. La secrétaire d’état chargée des Personnes handicapé est venue voir l’action du département en matière d’inclusion des personnes autistes, et en particulier pour les enfants.

Elle a ainsi pu se rendre compte à Brive de l’intérêt des classes d’autorégulation.

Sophie Cluzel a pu s'entretenir avec les intervenants de la classe d'autorégulation, ainsi qu'avec les enfants qui y sont accueillis

 

C’est un parent d’élève qui le dit : « c’est génial ». Et la ministre n’a pu qu’acquiescer. Sophie Cluzel, secrétaire État aux Personnes handicapées, dans son tour de France de l’inclusion des autistes, faisait halte en Corrèze ce jeudi pour voir de près ce que le département fait en matière d’accueil des enfants autistes dans les écoles.

Département pilote en la matière la Corrèze a ouvert en 2015 un classe dite d’autorégulation à l’école de Saint-Germain-les-Vergnes. Suivie il y a deux ans par l’école Michel-Peyramaure de Brive où la ministre s’est rendue. Une troisième classe ouvrira l’an prochain à Ussel. Le dispositif comprend également le collège d’Arsonval à Brive.

Des procédures mises en œuvre avec les enseignants

Les classes d’autorégulation permettent aux enfants, scolarisés en milieu ordinaire, de trouver en plus un accompagnement personnalisé. « L’idée est qu’ils arrivent à s’auto-réguler par eux-mêmes avec des stratégies d’accompagnement et des procédures que l’on met en lien avec les enseignants de la classe «  explique Caroline Tronque, responsable du dispositif à la Fondation Jacques-Chirac, partenaire de l’Éducation Nationale dans cette opération. Et d’ajouter : « les élèves qui sont accueillis ici ont un regard différent maintenant sur leur handicap ».

Ils ont déménagé exprès pour scolariser leur enfant à Brive

C’est la solution » souligne Sophie Cluzel qui n’a pas caché son admiration pour ce dispositif. Pourquoi c’est bien ? C’est parce que c’est l’ensemble de l’école, l’ensemble du collège qui est mobilisé avec des formations pour l’ensemble des enseignants. Et ça ne repose plus sur un seul enseignant, une seule AESH. c’est toute une équipe ». Un dispositif à essaimer au maximum conclut la ministre.

Ce que les parents souhaitent ardemment. Charles et sa femme en premier lieu. Faute de moyen d’accueil dans le Puy-de-Dôme où ils résidaient ils ont fait le choix de venir s’installer à Brive pour y scolariser leur petit Sami, « ça a été une chance incroyable pour nous parce que notre enfant a pu aller à l’école comme tous les autres et il a pu devenir et être traité comme un enfant ordinaire ».

Source FRANCE BLEU.

Autisme: la part génétique se confirme…

Si l’errance du diagnostic reste le lot de nombreuses familles, les recherches se multiplient pour percer les causes de l’autisme.

Et la piste génétique n’est pas en reste: près d’un cas de trouble autistique sur cinq trouverait son origine dans les gènes des jeunes patients.

LMD_autisme_génétique

 

Nous sommes très loin d’avoir soulevé tous les mystères de notre génome. Mais dans de nombreux domaines médicaux, la recherche avance. C’est le cas notamment pour les troubles psychiques tels que l’autisme. Depuis quelques années, des études tendent à améliorer la compréhension du rôle de la génétique dans leur apparition. «Actuellement, avec les connaissances et les technologies de séquençage dont on dispose, on peut identifier une origine génétique chez 10 à 20% des patients avec autisme», explique le Pr Thomas Bourgeron, professeur à l’Université de Paris et directeur de l’Unité «Génétique humaine et fonctions cognitives» à l’Institut Pasteur (Paris), venu présenter ses travaux à Genève lors d’une conférence grand public en marge du colloque NCCR SYNAPSY. «Mais ce chiffre sera peut-être amené à croître dans les années qui viennent, avec la découverte de nouveaux gènes impliqués», poursuit l’expert.

Le rôle des gènes dans l’apparition de l’autisme est depuis longtemps admis, et la recherche avance vite. Les scientifiques ont suspecté la génétique de jouer un rôle majeur dans l’apparition des troubles du spectre autistique en constatant que les jumeaux monozygotes (avec le même patrimoine génétique) ont un taux de concordance du diagnostic très élevé. Depuis, de nombreuses études ont été menées pour améliorer la compréhension du rôle de la génétique et identifier les plus de 1’000 gènes impliqués dans l’autisme.

Des architectures génétiques uniques

Chacun d’entre nous possède environ 22’000 gènes, constitués chacun d’une série de bases du code génétique. On sait que les mutations (changements d’une ou de plusieurs bases) d’un gène peuvent altérer, voire empêcher, la fonction du gène auquel elles appartiennent. Autrement dit, de petites altérations peuvent avoir de grandes répercussions. «Les gènes impliqués dans l’autisme jouent, pour la plupart, un grand rôle dans le fonctionnement du cerveau, dès le stade embryonnaire ou à différents moments du développement, rappelle le Pr Bourgeron. Une variation génétique peut impacter les protéines impliquées dans le fonctionnement des synapses, ces points de contact nécessaires au développement des réseaux de neurones.»

Selon le gène sur lequel s’opèrent la ou les mutations, les répercussions seront différentes, et plus ou moins importantes. Certaines auront un impact fort, d’autres moins.«On a identifié depuis longtemps des syndromes génétiques spécifiques associés à des symptômes d’autisme, comme le gène appelé “Shank3“, responsable du syndrome de Phelan-McDermid», explique Thomas Bourgeron. Ce type d’autisme est dit «monogénique», c’est-à-dire qu’il est causé par une mutation sur un seul gène. L’altération de ce gène peut être responsable de la très grande majorité, voire de tous les symptômes observés chez la personne (retard de développement psychomoteur, absence ou retard d’acquisition du langage, déficience intellectuelle…).

«Certaines de ces mutations génétiques ne sont pas retrouvées chez les parents, mais apparaissent chez l’enfant, précise le généticien. Ce sont souvent des erreurs de réplication de l’ADN des parents lors de la production des gamètes».

D’autres formes d’autisme résultent en revanche de l’accumulation de variations génétiques dans la population générale. Elles touchent de nombreux gènes, mais n’ont pas d’effet majeur chez la plupart des individus. Ce n’est que le hasard de leur addition à partir des deux parents qui entraîne, chez un enfant, l’apparition de symptômes. On parle alors de formes «polygéniques». Et logiquement, plus le génome comporte de telles variations génétiques, plus la probabilité d’avoir un diagnostic d’autisme est important. La complexité est d’identifier ces mutations multiples, impliquées dans le trouble autistique à différents degrés et menant à une grande hétérogénéité des symptômes du spectre autistique.

La génétique au service de la prise en charge

Pour les patients, la recherche génétique a mené à des applications très concrètes en termes de compréhension de la maladie. «Une fois le diagnostic posé, on oriente systématiquement les familles vers un généticien, explique la Pre Marie Schaer, médecin responsable du Centre de consultation spécialisé en autisme (CCSA) de Genève. Cela permet, d’une part aux parents d’identifier la cause de l’autisme de leur enfant, et d’autre part, de conduire à une prise en charge plus spécifique, selon les atteintes engendrées par telle ou telle mutation». Connaître l’origine génétique de l’autisme chez un enfant peut aussi permettre à ses parents d’obtenir un conseil génétique en cas de désir de nouvelle grossesse.

Au-delà d’une prise en charge plus adaptée, les progrès génétiques ont permis de développer la recherche médicamenteuse. «Des travaux sont menés autour de molécules ciblées susceptibles de traiter un type d’altération en particulier», détaille Marie Schaer. Identifier l’origine de l’autisme pour améliorer la compréhension de ce trouble et personnaliser le traitement, voilà le grand défi de la recherche génétique.

Facteurs de l’autisme: ce que l’on sait…

Au-delà du terrain génétique qui expliquerait une partie des troubles autistiques, d’autres facteurs sont suspectés, notamment environnementaux. La pollution ou encore les perturbateurs endocriniens font l’objet de nombreuses études mais rien de concluant n’a été démontré à ce jour. «Cela ne veut pas dire que l’on ne trouvera jamais rien», tempère la Pre Marie Schaer, médecin responsable du Centre de consultation spécialisé en autisme (CCSA) de Genève. Mais on ne peut pas affirmer de causalité pour l’instant».

Pour ce qui est du lien entre vaccins et autisme, les scientifiques sont en revanche formels: aucun lien de cause à effet n’a été démontré. «Cette idée ancrée est liée à une ancienne publication, aujourd’hui totalement réfutée, tient à préciser Marie Schaer. Depuis, de nombreuses études menées sur de vastes panels ont démontré qu’il n’y avait en aucun lien entre les vaccins –notamment celui contre la rougeole – et l’incidence de l’autisme, pas même chez des enfants à risques pour des raisons génétiques.»

Source PLANETE SANTE.