Coronavirus : Les parents d’enfants handicapés inquiets et épuisés…

Depuis au moins deux mois, les enfants handicapés ne peuvent pas avoir de suivi rééducatif par des professionnels, une inquiétude et une charge de plus pour leurs parents.

Philippine, qui souffre d'une paralysie cérébrale, réussit à faire son parcours moteur seule. Pendant le confinement, c'est sa mère, Christèle, qui s'occupe de toutes les séances de rééducation à la maison.

  • Cette période de confinement s’avère particulièrement complexe pour les familles avec des enfants touchés par le handicap.
  • Car les parents doivent, quand ils le peuvent, se substituer aux divers professionnels de santé qui entourent habituellement leurs enfants.
  • Sans rééducation, motrice comme cérébrale, ces enfants risquent d’accumuler des déformations et de régresser. Voilà pourquoi il faut réfléchir à un accompagnement au cas par cas, assurent associations et soignants.

Rester chez soi pour sauver sa vie et celle des autres. Mais à quel prix ? Beaucoup de parents d’enfants handicapés s’alarment de voir les conséquences dramatiques sur leurs enfants si cette crise du coronavirus et ce confinement durent encore… Lesquels riment avec une absence de prise en charge.

Car à mesure que les semaines sans rééducation se multiplient, les retards, déformations, régressions même de leurs enfants risquent de s’empiler. Voilà pourquoi certains parents et soignants veulent alerter : si le confinement se poursuit, les enfants handicapés et leurs familles risquent de payer un lourd tribut.

Enfants en souffrance

On savait le quotidien des aidants extrêmement complexe avant la crise. Mais la fermeture des écoles, des centres médico-sociaux, l’impossibilité pour les professionnels de santé qui gravitent autour de ces enfants de poursuivre leur travail ont lourdement affecté la vie de ces familles. Difficile de généraliser puisque chaque enfant a ses propres difficultés. Certains vont avoir surtout besoin de rééducation motrice, d’autres de stimulations visuelles, intellectuelles, d’énormément de soins, ou de tout cela en même temps. Mais l’enquête Echo menée le 6 avril sur 1.500 familles d’enfants handicapés moteurs révèle que la préoccupation prioritaire de ces familles, à 71 %, ce n’est pas l’école, mais la rééducation de leur progéniture.

« D’habitude, ces enfants ont un suivi rééducatif coordonné par des médecins, faits par des ergothérapeutes, des psychothérapeutes, des kinés, précise Sylvain Brochard, professeur de médecine physique et de réadaptation pédiatrique et président de la Société francophone d’études et de recherche sur les handicaps (Sferhe). On rend ces enfants davantage capables de parler, de marcher, d’écrire en fonction de leur trouble moteur. Le confinement représente une coupure complète de la continuité des soins. »

Philippine, 5 ans et demi, souffre d’une hémiplégie droite, un handicap moteur, et d’une amputation du champ visuel droit depuis la naissance après une paralysie cérébrale. Chaque semaine, en temps normal, elle voit sa kiné, son orthophoniste, un intervenant psycho éducatif et son ergothérapeute. Depuis la mi-mars, c’est Christèle, sa mère, qui doit s’occuper de toutes ces stimulations.

« J’avais très peur que ma fille perde en force musculaire et en motricité », explique Christèle, mère de Philippine.

Car pour ces enfants, deux mois sans rééducation peut s’avérer catastrophique. « J’avais très peur que ma fille perde en force musculaire et en motricité, explique Christèle. Pour les enfants qui ont eu une paralysie cérébrale, c’est fondamental de bouger pour lutter contre les déformations osseuses qui nécessiteraient des opérations chirurgicales. » Une inquiétude partagée par nombre de parents qui tentent de faire danser, sauter, marcher leurs enfants.

Parents en détresse

Il faut aussi gérer les autres enfants, les tâches ménagères… « Les premiers dix jours, c’était un cauchemar, avoue Christèle. Et encore, on est peu représentatif. Je me suis énormément investie dans la rééducation de Philippine, on a donc les compétences, l’espace, le matériel nécessaires. Dans le cadre du confinement, on est capable de se substituer temporairement aux professionnels. Cela n’enlève en rien la charge mentale ! »

Beaucoup de parents qui travaillent, qui ne savent pas comment les professionnels de santé accompagnent leurs enfants, qui ont peur de mal faire et de faire mal, se sentent totalement perdus. Et seuls. Sonia souffre déjà d’une scoliose et d’une immense fatigue. Elle élève seule Liam, 10 ans, polyhandicapé. Qui d’habitude passe quatre jours par semaine dans un Institut d’Education Motrice (IEM), sans compter une aide à domicile qui vient l’aider à faire sa toilette, manger, sortir chaque jour… Alors Sonia, depuis la mi-mars, compense de son mieux. Et multiplie les casquettes : maman, infirmière, aidante, cuisinière, rééducatrice, aide à domicile…

« J’essaie de faire un petit programme pour qu’il ne perde pas ce qu’on travaille depuis dix ans. Je n’ai le temps de rien, je n’ai pas le papa pour prendre le relais. J’aimerais bien qu’on prenne un peu plus soin des aidants. On est aussi des soignants ! » Sonia craint de ne pas tenir à ce rythme sur la longueur… « Les aidants risquent d’arriver à une rupture de santé mentale », alerte Sylvain Brochard. « On puise dans nos ressources pour s’occuper de nos enfants, abonde Christèle. Le confinement a rajouté une charge sur des aidants déjà épuisés. »

Quelle aide ?

Comment soulager ces parents ? Certaines associations de parents et des fondations ont rapidement proposé des groupes de parole et des tutoriels pour leur apprendre à faire bouger leurs enfants avec délicatesse (Fondation paralysie cérébrale, Handiactif France, Association Léa…)

Les ergothérapeutes peuvent proposer des séances à distance, les kinés également, depuis samedi dernier. Même une seule séance par semaine, « c’est très aidant, assure Sylvain Brochard. Retrouver une écoute, une guidance, apprendre à faire quelques gestes, réinstaurer un rythme, c’est déjà un grand pas. Cela évite aussi aux parents d’être les « méchants » dans tous les domaines ».

Mais cela ne résout pas tout. « Dans certains cas, ces thérapeutes ont des enfants, ils ne sont donc pas disponibles, rappelle Christèle. Ensuite, l’écran, c’est très compliqué en termes de concentration pour l’enfant, ça oblige le parent à être là, à s’investir, à gérer la frustration, le manque de motivation. On a arrêté les séances d’ergothérapie en visio car cela excitait Philippine. » Quant à faire venir de visu les soignants, sans protections nécessaires, c’est très risqué. « SOS médecin est venu il y a une semaine, sans masque et sans gant », regrette Christèle.

Ce qui inquiète encore davantage ces parents, c’est la prolongation de cette parenthèse. Voilà pourquoi beaucoup d’entre eux ont sursauté lors du discours d’Emmanuel Macron lundi 13 avril… Annonçant que le  déconfinement attendrait pour les plus vulnérables. « On voit bien le tropisme légitime à regarder les personnes âgées, reconnaît Sylvain Brochard. Mais le sort des enfants handicapés doit être un vrai souci collectif. » En effet, des conséquences irréparables pourraient amputer davantage l’avenir de ces futurs citoyens. « A partir du 11 mai, il faut une reprise des soins avec une évaluation du risque au cas par cas, insiste le médecin. On voit un effet indirect du confinement sur les enfants qui ont un handicap moteur, en particulier pour les cas les plus sévères. »

Source 20 MINUTES.

Foyer pour personnes handicapées : comment résidents et travailleurs sociaux vivent-ils le confinement ?…

Avec l’épidémie du Covid-19, de nombreux établissements et services d’aide par le travail (ESAT) dédiés aux personnes handicapées, tout comme les accueils de jour, ont fermé.

Les foyers d’hébergement, e ux, sont restés ouverts. À l’intérieur, le quotidien a bien changé depuis le 17 mars.

C'est l'heure du petit-déjeuner à la résidence Keriguy de Douarnenez, l'un des foyers gérés par l'association Kan Ar Mor / © PHOTOPQR/OUEST FRANCE/MAXPPP

Écouter, observer, capter un regard, une posture inhabituelle, limiter les montées d’angoisse, soulager les crises de paranoïa… Au quotidien, les professionnels médico-sociaux accompagnent les adultes souffrant de handicap mental ou psychique. La crise sanitaire met à mal un quotidien déjà difficile en temps normal. Dans les foyers, résidents comme professionnels, tout le monde s’adapte. Il faut maintenant tenir sur la durée.

Patrick et Romain ont choisi de rester au foyer

L’association « Kan Ar Mor », qui signifie le chant de la mer en breton, accompagne toute l’année 1000 personnes dans ses établissements finistériens. Parmi elles, 450 résident dans des foyers d’hébergement. Au début de l’épidémie, plus de cent sont rentrées chez elles. Installés dans l’une des structures de Quimper, Patrick* et Romain ont choisi de rester.

Hasard du calendrier, la veille du confinement, ils venaient tout juste de déménager dans des nouveaux studios individuels. Ils n’ont pas eu le temps de trouver leur marques, ce qui rend d’autant moins facile leur situation. Des repères, inévitablement, ils en ont perdu quelques-uns avec le confinement.

Leur quotidien a été bousculé. Sécurité sanitaire oblige, plus aucun repas n’est pris en commun. Les repas leur sont livrés par l’ESAT de Douarnenez, l’un des rares de l’association, avec ceux spécialisés en blanchisserie, qui n’ait pas fermé. Les autres ont été suspendus pour limiter les risques de contagion. Patrick et Romain entretenaient les espaces verts de plusieurs entreprises quimpéroises. Leur activité a stoppé net.

« On a l’impression que tout s’est arrêté, qu’on est dans un film »

En temps normal, le travail participe à leur équilibre. Patrick et Romain s’accrochent, jour après jour. Mais privés de leur activité professionnelle, leur quotidien a moins de sens. « On a l’impression que tout s’est arrêté, qu’on est dans un film » raconte Patrick. Protagonistes d’une histoire qu’ils n’ont pas choisie. Le scénario touche beaucoup de travailleurs. Mais lorsqu’on est sujet à des troubles psychotiques ou de comportement, le seuil de frustration est inférieur à la normale.

Au début, Patrick croyait que le virus s’attrapait dans l’air. Il en rêvait la nuit. Aujourd’hui, ça va mieux. Malgré sa vie chamboulée, le premier mois de confinement s’est bien passé. Sans travail, les résidents s’occupent comme ils peuvent. Patrick est artiste. Ce qu’il aime, c’est la sculpture ; activité qu’il a pourtant dû délaisser. « Ce n’est pas l’envie qui manque, mais le matériel. » Il n’a plus de fournitures pour ses créations. Sous curatelle, Patrick ne peut pas faire des achats en ligne. Il a hâte que les magasins rouvrent. D’un naturel plutôt contemplatif, il apprécie toutefois de se balader, sans but. Ce qui n’est pas le cas de son voisin, Romain.

« Je n’aime pas rester enfermé »

Moins bavard, le jeune résident de 31 ans confie qu’il ne vit pas très bien cette période. « Je n’aime pas rester enfermé. » Habitué à l’entretien de grands espaces, il n’a aujourd’hui que son petit carré de jardin à bichonner. Une bonne partie de son temps, il le passe devant la télévision.

Romain sort peu. Habituellement, il va en ville pour faire des achats. Mais sortir sans but, juste pour sortir, n’est guère motivant pour lui. Remis difficilement d’une blessure, il n’a pas pu reprendre le sport. Heureusement, à son  écoute, les personnels éducatifs sont là chaque jour. Romain se sent « plus rassuré » par leur présence.

« C’est un peu comme une famille »

Pour Patrick, qui souffre de ne pas voir ses proches, leur présence est une bouffée d’air. « Je trouve ça courageux que les éducateurs continuent à venir nous voir. Ils ont du mérite. C’est comme des proches qu’on voit tous les jours. C’est un peu comme une famille. De savoir qu’ils sont là pour nous, ça nous touche. Ils font des choses pour nous qu’ils ne font pas d’habitude. Chapeau ! » témoigne-t-il. Malgré la distance qu’impose l’entretien par téléphone, on sent l’émotion de Patrick.

« Les efforts sont faits dans les deux sens. Ils nous protègent aussi en respectant les consignes » ajoute, touché, Rémi, l’un des éducateurs spécialisés du foyer. La plupart des résidents font beaucoup d’efforts, même si tous n’ont pas la distance sociale. « Il faut leur rappeler qu’on ne peut pas être à 5 cm les uns des autres ! »

L’accompagnement social est précisément un métier de contact et de rencontre, alors que le confinement impose tout l’inverse : mettre de la distance ! Le travail d’éducateur a bien changé ces dernières semaines. Occupée à distribuer les repas, nettoyer, jardiner, faire des courses, l’équipe a eu inévitablement moins de temps à consacrer à l’éducatif. La philosophie ici c’est plutôt d’accompagner et non pas de faire à la place. Avec le confinement, « on est sur une forme de retour en arrière » déplore Rémi. Même le travail d’équipe a été perturbé.

« Ça va laisser des traces probablement. Pour les résidents, il ne faudrait pas que cela dure trop longtemps. »

Mais passés l’urgence sanitaire des premières semaines et le stress lié à cette situation inconnue, l’état d’esprit est maintenant différent. Les travailleurs sociaux regardent vers l’avenir. « Il était temps qu’on retourne vers eux. On voit bien que la prestation de service, ce n’est pas suffisant. Il faut avoir une veille, être en soutien. On ne peut pas être que dans le sanitaire » explique Rémi. Une situation qui laissera probablement des traces. « Mais on s’adaptera. On ré-ajuste, on tricote des petites solutions, c’est le sens de notre métier : trouver des solutions aux problèmes » assure-t-il, confiant.

Aucun cas de Covid-19 au sein de l’association

À Pleyben, dans un autre foyer de l’association, une trentaine de résidents cohabite. Dans cet établissement, le fonctionnement est quasiment resté « normal », à effectif équivalent. Le fait qu’il n’y ait plus d’activité extérieure, les équipes sont beaucoup plus présentes, ce qui aide les résidents à supporter les contraintes. Pascal Letertre y travaille comme aide médico-psychologique. « On a tenu un bon mois mais un mois de plus, pour les résidents, ça va être de plus en plus compliqué. Même si les structures sont petites, les conflits sont inévitables. »

Anaïs aime sortir au bourg et dans les grands magasins. Elle commence à trouver le temps long mais trouve du réconfort dans les activités individuelles. Avec Pascal, elle suit un atelier de couture. Son masque est prêt pour la sortie de crise. Avec les encadrants du foyer, elle aime aussi dessiner, jouer et discuter. « On doit leur apporter des solutions. Cela passe par de l’écoute, un maximum d’écoute » déclare Pascal.

En atelier couture, Anaïs, résidente, coud un masque pour l'après-confinement. / © Kan Ar Mor

Certains résidents partent une fois par trimestre en séjours de rupture. Ces parenthèses, « des respirations nécessaires » ont toutes été annulées. Résultat, « certains commencent à tourner en rond. »

Malgré les contacts réguliers, le plus dur pour beaucoup est de ne pas voir leurs familles physiquement. Dans ce foyer, seuls cinq résidents sont rentrés chez eux. « Tout le monde n’a pas réalisé au départ que ce serait si long. Sinon beaucoup seraient rentrés. » Pour autant, la situation est loin d’être plus facile au domicile familial. Pour les enfants comme pour leurs parents.

Pascal Letertre, par ailleurs délégué syndical à Sud-Santé, estime primordial de « conserver le lien institution – résidents – familles ». Même s’il ne croit pas à un déconfinement dès le 11 mai, il faut déjà penser à l’après. Notamment pour celles et ceux qui ont auront passé deux mois chez eux. Le suivi des traitements aura-t-il été optimal ? Comment vont-ils vivre leur retour en structure ?

Au niveau sanitaire, alors que la fédération de l’action sociale déplorait le 6 avril dernier le manque de moyens de protection dans le secteur, ce n’est pas le cas à Kan Ar Mor. Le représentant syndical salue la réactivité de sa direction. « On a tout le matériel de protection nécessaire, masques et blouses. » Aujourd’hui, l’association ne compte aucun cas de Covid-19.

(*prénom d’emprunt)

Source FR3.

Des aides pour maintenir l’emploi des travailleurs handicapés pendant le confinement… Détail…

Pendant et après la crise sanitaire, les travailleurs en situation de handicap risquent d’être les premiers licenciés.

L’Agefiph, association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées, débloque 23 millions d’euros pour favoriser le maintien de leur emploi. 

Des aides pour maintenir l'emploi des travailleurs handicapés pendant le confinement. Image d'illustration/ © Philippe Lavieille/ Le Parisien / Maxppp

Arnaud Lévêque est le délégué régional de l’Agefiph en Centre-Val de Loire. Il est très inquiet pour l’emploi des personnes en situation de handicap dans les entreprises privées.

« La plupart des personnes en situation de handicap travaillent dans des petites et moyennes entreprises. On craint que beaucoup de ces entreprises ne repartent pas après la crise. Quand on sait que le taux de chômage des travailleurs en situation de handicap était de 18% avant la crise. Ils ont deux fois plus de risques de rester demandeurs d’emploi.  » 

Les travailleurs en situation de handicap ont deux fois plus de risques de rester demandeurs d’emploi ou d’être licenciés pendant et après la crise sanitaire.

23 millions d’euros d’aide mobilisés

Face à la crise sanitaire et économique, l’Agefiph a décidé d’adapter son offre de financement pour soutenir les entreprises qui emploient des travailleurs en situation de handicap ainsi que les salariés pour favoriser le maintien de leur emploi.

Au niveau national, l’Agefiph mobilise 23 millions d’euros à travers 10 mesures exceptionnelles.

Qu’est-ce que l’Agefiph ?

L’Agefiph est l’Association de Gestion du Fonds pour l’Insertion Professionnelle des Personnes Handicapées. À ce titre, elle gère le fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (FIPH).

Ce fonds est alimenté par les contributions versées par les entreprises de 20 salariés et plus n’atteignant pas le taux d’emploi légal de 6 % des travailleurs handicapés. Il permet de financer des aides, des prestations et des services mis en œuvre au quotidien sur le terrain, que ce soit pour accompagner les personnes handicapées ou les employeurs.

En région Centre-Val de Loire, 3285 entreprises sont assujetties à l’OETH ( Obligation d’emploi des travailleurs handicapés) . Elles ont versé en 2019 un peu plus de 9 millions d’euros.

Quelques exemples des mesures exceptionnelles pour faire face à la crise sanitaire

  • Un aide de 1000 euros pour favoriser le télétravail : « Si une entreprise privée est contrainte de prendre des mesures de télétravail, la personne en situation de handicap n’a peut-être pas l’équipement nécessaire chez elle. On va accorder une aide qui va jusqu’à 1000 euros pour que la personne poursuive son activité « , explique Arnaud Lévêque, le délégué régional de l’Agefiph en Centre Val-de-Loire
  • Un forfait de 200 euros par jour pour l’hébergement, les repas et les transports : « Certaines personnes travaillent dans des entreprises essentielles à la nation. C’est le cas notamment des salariés en grande distribution ou des agents de nettoyage. L’Agefiph leur propose 200 euros par jour pour financer leurs déplacements en voiture faute de transports en commun, leurs repas et leur hébergement s’ils doivent dormir à l’hôtel près de leur lieu de travail. « 
  • Un aide de 1500 euros pour les créateurs d’entreprise : « Beaucoup de travailleurs en situation de handicap ont créé leur entreprise, faute d’avoir trouvé un emploi adapté. Nous leur octroyons une aide de 1500 euros pour passer ce cap difficile s’ils ont créé leur activité dans les trois dernières années. »
  • 10 heures d’accompagnement pour la sortie de crise : « La sortie de crise sera difficile pour les créateurs d’entreprise. Nous leur offrons 10 heures d’accompagnement pour les aider à relancer ou à réorienter leur activité.«  
  • Une aide de 500 euros pour s’équiper en matériel informatique afin de poursuivre une formation : « Parmi les missions de l’Agefiph, la formation des personnes en situation de handicap est primordiale. Ceux qui avaient commencé une formation avant la pandémie pourront la poursuivre à distance. S’ils n’ont pas le matériel informatique nécessaire, nous débloquons une aide de 500 euros. » 
  • Le report du prélèvement de l’obligation d’emploi des personnes en situation de handicap. Normalement l’obligation d’emploi est prélevée au mois de mars. Il s’agit de ce que paient les entreprises privées de plus de 20 salariés qui emploient moins de 6% de travailleurs en situation de handicap. Le prélévement a été reporté au mois de juin. Cela représente 100 millions d’euros au niveau national chaque année avec 120 000 entreprises contribuantes.

Comment bénéficier de ces aides ? 

Pour bénéficier des aides, les entrepreneurs et les salariés peuvent contacter l’Agefiph par mail :

www.agefiph.fr
ou
centre@agefiph.asso.fr

Une cellule d’écoute psychologique pour les travailleurs en situation de handicap :

Depuis ce lundi 20 avril 2020, l’Agefiph a ouvert une cellule d’écoute psychologique pour les travailleurs en situation de handicap. «  Le confinement est un facteur de stress pour nos publics. Avec cette cellule d’écoute, ils peuvent parler à un psychologue clinicien spécialisé et solliciter une aide « , explique Arnaud Lévêque de l’Agefiph Centre Val-de-Loire.

Le numéro pour la cellule d’écoute de l’Agefiph est :
0800 11 10 09  du lundi au dimanche de 9 h à 18h.

Source FR3.

Coronavirus. Pour les visites dans les Ehpad, il faudra patienter quelques jours…

La plupart des établissements pour personnes âgées vont devoir s’organiser pour accueillir les proches des résidents. Ces visites seront très encadrées. 

Coronavirus. Pour les visites dans les Ehpad, il faudra patienter quelques jours

On ne rouvre pas les Ehpad à toutes les familles. Il ne faut pas que les gens se précipitent, insiste Florence Airnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa, premier syndicat national des maisons de retraite privées. Depuis l’annonce du ministre de la Santé, dimanche, de rendre possible les visites des familles dans les établissements pour personnes âgées ou pour personnes souffrant de handicap dès ce lundi, plusieurs responsables ont été assaillis d’appels.

Si quelques établissements permettent déjà ces visites, pour beaucoup d’entre eux (il en existe environ 10 000 en France : Ehpad, résidences autonomie, unités de soins…), organiser le retour des familles va demander plusieurs jours. Il faut demander un peu de patience aux familles. Mais il faut que ces visites soient effectives à la fin de cette semaine, souhaite Pascal Champvert, président de l’AD-PA (Association des directeurs pour personnes âgées).

Pour une minorité d’entre eux (environ 3 %), les plus touchés par le coronavirus, la direction de l’établissement doit être seule décisionnaire et doit pouvoir retarder cette ouverture si elle le juge nécessaire, prévient toutefois Florence Airnaiz-Maumé.

Les fédérations professionnelles étaient dans l’attente, hier soir, d’un protocole d’État fixant les règles à respecter pour recevoir les familles. Le plus simple est que les familles se manifestent par mail plutôt que par un appel , indique le Synerpa. Certaines situations devraient être prioritaires. Celle d’un couple physiquement séparé (l’un vivant à domicile, l’autre dans un Ehpad) par exemple.

« Besoin de renforts »

Une fois la demande acceptée, la visite qui aura lieu à une date et un horaire fixés à l’avance, devrait durer de trente minutes à une heure. Deux personnes majeures seront admises à venir. Elles devront probablement se soumettre à une prise de température, puis les familles devront être équipées : avec des surblouses, des masques… Elles seront accompagnées par un membre du personnel, préconise encore le Synerpa.

Entre le résident et ses proches, une distance de deux à trois mètres devra être respectée. Aucune embrassade ni aucun toucher ne seront possibles. Simplement des paroles, des regards qui devraient, espère-t-on dans les établissements, redonner un peu de vigueur aux résidents atteints de syndromes dépressifs ou de dénutrition. La rencontre devra avoir lieu dans une salle spécifique, voire à l’extérieur lorsque c’est possible. Après chaque visite, les fauteuils devront être désinfectés. Chaque établissement adaptera les protocoles, précise Pascal Champvert de l’AD-PA.

Avec de telles contraintes sanitaires, Florence Arnaiz-Maumé du Synerpa estime que chaque Ehpad ne pourra organiser plus de quatre à cinq visites par jour. Le personnel étant déjà très sollicité, nous demandons des renforts. Notamment que l’État autorise les bénévoles à revenir dans les établissements. Et un plan massif de recrutements de psychologues. Car sur cette longue durée, il va bien falloir soutenir les résidents, les personnels et les familles, insiste Pascal Champvert.

Source OUEST FRANCE.

TÉMOIGNAGE : « L’impression d’être dans une bulle » pour Françoise, confinée avec son mari atteint d’Alzheimer…

Le confinement imposé partout en France, en raison de l’épidémie de coronavirus, a augmenté les difficultés chez certains aidants familiaux.

Témoignage de Françoise, habitante des Hauts-de-Seine, confinée depuis plus d’un mois avec son mari atteint de la maladie d’Alzheimer.

"L'impression d'être dans une bulle" pour Françoise, confinée avec son mari atteint d'Alzheimer. Photo d'illustration

Ils sont plus de huit millions en France : les aidants familiaux qui prennent régulièrement soin d’un proche malade à la maison. Certains sont soutenus par des associations, des soignants mais à cause du coronavirus, ces aidants se retrouvent confinés 24h/24h avec ce père, cette mère, cet enfant ou conjoint malade. Beaucoup se sentent démunis et inquiets.

Huis clos avec son mari

C’est le cas de Françoise Ayral, qui vit à la Garenne-Colombes dans les Hauts-de-Seine avec son mari, Jean-Marc. Ce dernier souffre de la maladie d’Alzheimer. Avant le confinement, il passait ses journées dans un accueil de jour, géré par une association. Mais l’accueil depuis un mois, l’accueil est fermé et depuis Françoise vit avec son conjoint, toute la journée, sans aucune visite d’ami ou de famille. « Je me sens très seule », nous confie-t-elle. « La vie sociale me manque car je reste enfermée avec un malade qui ne parle pas beaucoup, à l’écouter répéter des dizaines de fois dans la journée ce qu’il m’a déjà dit », sans se souvenir.

« Ça m’isole complètement »

Même si Jean-Marc est assez indépendant pour rester tout seul à la maison, Françoise n’en reste pas moins stressée quand elle doit sortir pour faire des courses dehors. Elle se presse pour rentrer le plus vite possible. « Si jamais il n’a plus la télé allumée, ou qu’une chaîne change, ça se passe mal, il peut y avoir une crise ». Et à la télé, impossible de choisir un bon film ou une bonne série pour Françoise car son mari, ancien médecin de profession, regarde en bouche les chaînes d’infos qui parlent du coronavirus. De quoi rendre la situation encore plus pesante et anxiogène pour elle.

Le risque d’aggraver la maladie

Mais surtout, Françoise se sent « démunie » face au risque de régression que ce confinement pourrait avoir sur son conjoint. « À l’accueil du jour, il avait beaucoup d’ateliers, d’interactions avec les membres de l’association. À la maison, mis à part la télévision, il n’y a plus aucune interaction sociale ». Moins de stimulation pour les malades d’Alzheimer, c’est le risque de faire avancer la maladie « vers des paliers où ils perdent encore un peu plus d’indépendance ». 

Source FRANCE BLEU.

“Je suis “confiné” depuis 19 ans dans mon fauteuil” : Témoignages de personnes en situation de handicap près de Toulouse… Vidéos.

Ils se prénomment Claire, Timothé et Christophe. Ces trois habitants de Haute-Garonne sont des personnes en situation de handicap.

Ils nous racontent comment ils vivent cette période de confinement.

Une période où se mélangent difficultés, incertitudes, entraide et nouvelles expériences.

“Je suis “confiné” depuis 19 ans dans mon fauteuil” : Témoignages de personnes en situation de handicap près de Toulouse. Image d'illustration / © AFP

Claire Richard, 38 ans, handicapée moteur, Toulouse (Haute-Garonne)

Pour Claire Richard, le début du confinement a été dur à vivre « Maintenant cela va bien », assure la Toulousaine de 38 ans. « Je me rends compte que je suis très bien équipée au niveau de mon ordinateur et bien logée. C’était difficile car tout le monde disait tout et son contraire et c’était dur de trouver les bonnes informations. »

Elle a ainsi contacté la plateforme de l’Etat dédiée au coronavirus sans qu’elle puisse être véritablement aidée. Conséquence : sans renseignements fiables, sa kinésithérapeute n’est pas intervenue durant plus d’un mois : « Si la kiné ne vient pas, je me raidis », décrit Claire Richard. « Je peux donc faire moins de chose et j’ai plus de douleurs ».

L’Etat a mis aussi longtemps à équiper les aides à domicile. Une situation loin d’être rassurante pour cette handicapée moteur. « J’avais l’impression que tout ce que j’avais mis en place pour mon bien comme le kiné, les aides à domicile, c’était comme du secondaire. Alors que, si les auxiliaires ne viennent pas, je ne peux pas m’habiller. Je ne peux manger que des conserves où il n’y a pas de viande. Heureusement que mes auxiliaires de vie ont pu finalement venir tous les jours ou tous les deux jours. » Des amis handicapés de Claire Richard n’ont pas eu cette « chance ».

La situation était devenue tellement compliquée qu’il lui a été demandé de rentrer chez ses parents. Inimaginable pour elle : « J’ai 38 ans. Rentrer chez eux, cela voulait dire passer deux trois mois chez mes parents qui ont 70 ans. C’était aussi les mettre en danger (à cause du coronavirus). Puis, j’habite à 300 kilomètres. Enfin, si je rentrais chez mes parents, je me mettais en arrêt maladie. » Une perspective qui pouvait mettre en difficulté l’association Univers Montagne Esprit Nature (association permettant la découverte de la montagne entre personnes valides et handicapées) pour qui Claire Richard travaille en tant qu’assistante administrative.

Ces longues semaines enfermées pèsent beaucoup à Claire Richard qui a l’habitude de beaucoup bouger. « Je me lève habituellement dès 6 heures du matin et je passe ma journée dehors. Ma vie est planifiée ». Alors pour le déconfinement, elle ne souhaite pas se projeter : « Je ne veux pas avoir beaucoup d’espoir parce que d’après moi, ils ne savent pas comment faire. Je n’y crois pas. Je n’y crois plus. J’aimerais retourner voir mes amis, ma famille. Les rencontres humaines me manquent. Mais ce qui est bien avec la situation actuelle, c’est qu’internet m’a permis de garder le lien, d’assister à des conférences et des entretiens en direct. Cela m’a fait me sentir véritablement à égalité avec les autres. »

Visionnez le témoignage complet en vidéo de Claire Richard :

Timothé Griseri, 19 ans, handicapé moteur, Fonsorbes (Haute-Garonne)

Timothé assure avoir « la chance d’être en famille » chez lui à Fonsorbes (Haute-Garonne) mais le jeune handicapé moteur de 19 ans reconnaît que le confinement « commence à être compliqué « . Avant le 17 mars, il avait le droit, trois fois par semaine, a des séances de kiné. Avec le confinement, le cabinet a fermé et Timothé et ses proches n’ont trouvé personne d’autre pour venir s’occuper de lui. Cette situation, Timothé affirme ne pas si mal la vivre. « Je suis confiné, si l’on peut dire, depuis 19 ans dans mon fauteuil« . Ce qui l’inquiète le plus c’est de savoir s’il pourra reprendre son activité au sein de la structure qui l’accueillait pour son service civique, et qui doit normalement se terminer au mois de mai.

Car Timothé n’a pas de cours en ligne. Il n’est plus inscrit dans aucun établissement.
Ce service civique, où il réalise des montages vidéos afin de sensibiliser sur la question du handicap dans les écoles, est une façon pour lui de se prouver qu’il  « peut y arriver mais aussi aux personnes qui étaient avec moi dans l’institution et qui me disaient que malheureusement : « tu finiras ta vie dans un foyer. »  »

Le confinement est venu stopper cet élan mais le jeune homme ne « perd pas ni espoir ni le moral. » Timothé Griser fait preuve d’un optimisme à toute épreuve.

Pour s’occuper, il est très actif sur les réseaux sociaux. Le jeune Fonsorbais gère son blog et sa page Facebook pour véhiculer une autre représentation de la question du handicap. « La différence fait encore peur. Je veux essayer de faire changer le regard sur les personnes en situation de handicap. Certains croient qu’avec un handicap, on ne peut rien faire. Ils pensent aussi que c’est contagieux. Ils se trompent : à travers ce Blog, je souhaite montrer qu’un désavantage peut être transformé en force et que l’on peut faire plein de choses malgré un handicap. »

En cette période de confinement, cela lui a permis de « garder le lien avec l’extérieur« . « Ce confinement, c’est une vraie thérapie pour moi. Le lien réel me manque énormément mais nous avons quand même la chance d’avoir internet et les réseaux sociaux. »

Visionnez le témoignage complet en vidéo de Timothé Griseri :

Christophe Kapfer, 48 ans, atteint d’une sclérose en plaques, Cugnaux (Haute-Garonne)

Ce confinement, Christophe Kapfer le vit, chez lui à Cugnaux (Haute-Garonne), presque comme un avantage. « Le quotidien s’est mis au ralenti et tout se fait un peu à mon niveau », explique ce développeur informatique de 48 ans atteint d’une sclérose en plaques. « C’est comme si je vivais le confinement en général. Les difficultés que je rencontre, l’ensemble des personnes le rencontre actuellement. » Les contraintes pour sortir de chez soi, les difficultés pour faire ses achats, les relations sociales à distance. La nécessité pour tous de devoir s’adapter.

Beaucoup d’entre eux ont ainsi découvert les drives pour réaliser leurs courses. Son kiné, obligé de fermer en raison du coronavirus, s’est lui-même rendu compte qu’il pouvait venir faire des séances à domicile.

De l’intérêt et de la solidarité sont également apparus : « Les gens viennent vers moi pour me proposer leur aide », raconte Christophe Kapfer. « Je reconnais que cela m’arrange beaucoup. Ce n’est pas le cas habituellement. » L’une de ses voisines lui fait ainsi une partie de ses courses. D’autres, spontanément, lui ont proposé leur aide au moindre besoin.

Côté télétravail, Christophe Kapfer était déjà paré. Il travaillait déjà trois jours par semaine chez lui. La fin du déconfinement apparaît à l’horizon mais Christophe Kapfer sait que, en tant que personne à risque, ses possibilités de sortir vont être repoussées. Le Toulousain a une certitude. Confinement ou non, il continuera à rester en relation avec ces nouveaux contacts nés de la crise du coronavirus.

Visionnez le témoignage complet en vidéo de Christophe Kapfer :

Pyrénées Atlantiques – Comment aider les personnes en situation de Handicap pendant la crise sanitaire ?…

Depuis un mois, de nombreuses personnes restent à la maison sur recommandation du gouvernement.

Les personnes en situation de handicap elles aussi sont confinées mais la situation peut être délicate pour ces personnes.

L’association France Handicap nous présente quelques initiatives pour les aider.

Les personnes en situation de handicap ont plus que jamais besoin de nous

Les personnes en situation de Handicap font aussi face à cette crise sanitaire depuis le début du mois de Mars. L’association France Handicap anciennement l’APF (association des paralysés de France), intervient auprès des personnes en situation de handicap ne pouvant se déplacer ou ayant des difficultés pour les aider dans cette période délicate. Des services sont mis à leur disposition, comme un service de retrait des courses et de médicaments, mais aussi un service ou chacun peut échanger avec des bénévoles de l’association pendant la période de confinement.

Le gouvernement a lancé la plateforme en ligne solidaires-handicaps.fr  à la fin du mois de mars 2020 pour aider les personnes handicapées.La plateforme permet :

  • aux personnes en situation de handicap, à leurs aidants et aux professionnels, de trouver des solutions à proximité de chez eux (par exemple : faire des courses ou aller chercher des médicaments à la pharmacie) ;
  • aux structures et organismes de proposer leurs services (par exemple : fournir aux aidants un soutien à distance pour les aider à gérer la période de confinement avec leur proche en situation de handicap) ;
  • aux volontaires de proposer une aide bénévole (par exemple : un psychologue peut apporter son aide à distance) ;
  • La plateforme possède également une base de ressources avec de la documentation, des tutoriels, des numéros utiles, ainsi qu’une carte interactive pour chercher les actions près de chez vous.

Si vous souhaitez contacter l’association France handicap n’hésitez pas à appeler

  • 05 59 59 02 14 si vous êtes au pays basque
  • 05 80 36 66 pour les béarnais
  • 05 58 74 67 92 pour les landais
  • 05 62 93 86 07 pour les Bigourdans

Source FRANCE BLEU.

Nancy. La prison épinglée par la justice pour le traitement d’un détenu en fauteuil roulant…

Un détenu âgé de 49 ans, souffrant d’une maladie génétique dégénérative, a vu sa demande de remise en liberté refusée.

Condamné à 16 ans de prison pour braquage et incarcéré à Nancy (Meurthe-et-Moselle), il a obtenu le droit d’être transféré en unité médicale car son état de santé nécessite l’aide d’un auxiliaire de vie.

Nancy. La prison épinglée par la justice pour le traitement d’un détenu en fauteuil roulant

Tandis qu’il purge une peine de 16 ans à la prison de Nancy pour le braquage d’une bijoutière, un détenu de 49 ans a demandé sa remise en liberté. Il souffre d’une maladie génétique neuromusculaire dégénérative qui l’aurait paralysé et ne peut être déplacé qu’en fauteuil roulant.

Le tribunal administratif de Nancy a rejeté cette semaine sa demande mais il a accepté le transfert de ce détenu vers une unité médicale afin qu’il puisse bénéficier de l’aide d’un auxiliaire de vie, rapporte L’Est Républicain.

Une « carence » de l’établissement pénitentiaire

Jusqu’à la fin du mois de mars, c’était son codétenu qui l’aidait à se coucher, à faire sa toilette ou encore à manger. Mais depuis la libération de ce dernier, le détenu malade doit se débrouiller seul. Face à cette situation ainsi qu’au risque d’infection au Covid-19, son avocat a saisi le tribunal administratif en urgence.

Le tribunal administratif a estimé que la demande de remise en liberté était de la compétence d’un juge d’application des peines. Il a toutefois épinglé la prison de Nancy dans son délibéré. « Le centre pénitentiaire a commis une carence portant une atteinte grave et manifestement illégale au droit […] de ne pas recevoir des traitements inhumains ou dégradants », a estimé le tribunal. Le détenu pourrait, comme l’a suggéré le juge, être placé à l’Unité hospitalière sécurisée interrégionale (UHSI) à l’hôpital Brabois de Nancy.

Source OUEST FRANCE.

Coronavirus : “on se transforme en kiné, orthophoniste, ou autre quand on est parent d’enfant handicapé”…

Emmanuel Macron l’a annoncé, la sortie du confinement est reportée au 11 mai. Quatre longues semaines de plus notamment pour les parents d’enfants ou d’adultes handicapés.

Plus de structures pour accueillir les personnes, plus non plus de soignants à domicile, une situation très difficile à vivre.

Chloé en confinement chez ses parents ne dispose plus du suivi habituel des auxiliaires de vie et autre kiné / © Sonia Cardoner

Les témoignages sur les réseaux sociaux se multiplient. Certains parents désespèrent. En effet depuis le début du confinement, toutes les structures de jour accueillant enfants et adultes handicapés sont closes. Les aidants se retrouvent enfermés avec leurs enfants sans possibilité non plus de faire le suivi des soins médicaux type kiné ou orthophoniste. Isabelle poste ainsi son désarroi sur le page du collectif handi actif France :« Moi, j’ai l’impression d’avoir régressé au stade zéro. A peine un appel de la kiné pour dire que si Jeanne est bien installée dans son siège coque, et verticalisée une fois par jour, on est au top… Ça me pose questions. Heureusement il y a les libéraux (osteo et psychomot) qui sont présentés virtuellement. Mais, moi, je méga-sature… Je comprends pourquoi il est essentiel qu’autant de pros interviennent auprès de ma fille. Tout réunir en une seule personne est trop lourd. Désolée, je crois que j’ai une baisse de régime ».

Tenir malgré tout

Sonia Cardoner, habitante de Plobsheim dans le Bas-Rhin et maman de Chloé 20 ans, en fauteuil roulant, atteinte d’une infirmité motrice et cérébrale, corrobore. « Avant le confinement, une auxiliaire de vie venait quatre jours par semaine pour s’occuper de Chloé qui est à la maison depuis l’an dernier. Ma fille bénéficiait aussi d’un accueil dans un Institut d’éducation motrice (IME) trois jours par mois et recevait la visite d’un kiné trois fois par semaine, un service indispensable sinon ses muscles lui font mal et depuis un mois plus rien! »

Heureusement, Sonia, très impliquée dans le milieu du handicap, est responsable du centre de ressources enfance-jeunesse et handicap pour l’association Jeunesse en plein air (JPA67). « Grâce à cela j’ai eu vent de l’existence d’une plateforme « tous mobilisés » que j’ai contactée et qui m’a permis d’obtenir une AVS deux fois dans la semaine, elle a d’ailleurs commencé ce matin. Le problème c’est vraiment aussi le manque de communication sur les dispositifs existant », déplore-t-elle. Et de conclure dans un souffle « à l’extérieur ça va, mais à l’intérieur, je suis bouffée, je ne peux pas me permettre de m’écrouler ».

Une audioconférence pour faire remonter les initiatives locales

Consciente de ces problématiques et notamment du risque pour certains de se retrouver complètement isolés, Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapés, a participé mardi 14 avril à une audioconférence avec tous les professionnels départementaux du Bas-Rhin concernés par la question : le conseil départemental, l’Agence régionale de la santé (ARS), la maison départementale des personnes handicapées (MDPH), l’Adapei et les associations. « L’objectif de cette réunion est de capitaliser sur les améliorations possibles, détecter les personnes en rupture, nous sommes vraiment en mode réponse appropriée pour tous et faire remonter les initiatives locales », explique-t-elle avant de surtout écouter les remontées des acteurs de terrain.

Vers une simplification des démarches administratives ?

Des choses ont déjà été faites : une plateforme nationale d’aides pour orienter les personnes a été créée, les droits et prestations sont prolongés automatiquement de six mois sans aucune démarche à effectuer. Frédéric Bierry, le président du Bas-Rhin de préciser aussi la mise en place d’une ligne téléphonique via la MDPH pour apporter des réponses, une ligne qui précise-t-il reçoit environ une centaine d’appels par jour et qui permet de traiter les situations d’urgence. « On se rend compte que beaucoup sont stressés par les démarches administratives, ne peut-on pas comme pour les prestations, prolonger de six mois la validité des justificatifs de domicile et des certificats médicaux, et simplifier aussi l’indemnisation transport? », interroge-t-il ainsi Sophie Cluzel, qui promet de faire remonter les demandes.

Sentiment d’abandon et fragilité psychologique

Arnaud Marchand, le tout nouveau président d’Adapei Alsace, confirme la fragilité psychologique des personnes : handicapés, aidants et soignants. « Nous avons mis en place des cellules de soutien pour nos résidents mais aussi pour nos salariés », indique-t-il. « Nous avons environ 2.000 personnes en externat que nous essayons de suivre, nous appelons en moyenne deux fois par semaine chaque personne et en cas de besoin nous faisons des visites à domicile, plus de 200 depuis le début du confinement. Mais il faut savoir que beaucoup ne veulent pas de visites par crainte de la contagion et c’est normal ».

Pour tenter justement de faire face à la multiplication de ces détresses psychologiques, les plateformes d’accompagnement et de répit sont plus que jamais en première ligne. « Les familles ressentent un sentiment intense d’isolement et d’abandon notamment avec l’arrêt des soins quotidiens, l’absence aussi de matériel de protection pour eux, les aidants », analyse Maxime Lallemant, psychologue pour la plateforme les Madeleines de Strasbourg. « Nous réfléchissons à rouvrir l’accueil de jour sous condition et accueillir deux à quatre personnes par jour pour que les familles puissent souffler. Nous allons aussi passer chez les personnes dont nous sommes sans nouvelle depuis le début du confinement ».

Un suivi scolaire difficile

Quant au suivi scolaire, l’inquiétude est là encore générale. L’inspection académique, présente également à cette audioconférence, assure faire de son mieux pour que la continuité ait lieu, avec du soutien scolaire, des coups de téléphone aux familles deux fois par semaine. Il y a le stress aussi lié à la rentrée. « Nous réfléchissons pour automatiser aussi la reconduction des auxiliaires de vie (AVS), celle des places dans les Unités localisées pour l’inclusion scolaire (Ulis) ou en enseignement externalisé pour enlever cette angoisse de l’inconnu aux familles », précise Sophie Cluzel. « C’est vrai qu’on se sent abandonnés, témoigne encore Sonia Cardoner, la maman de Chloé. Il faut tenir jusqu’au 11 mai et imaginez si Chloé fait partie des profils qui doivent rester confinés au-delà?! Je préfère ne pas y penser ». 7

Source FR3.

Coronavirus : a-t-on oublié les foyers de handicapés ?…

Parmi tous ceux qui ont besoin d’équipements de protection, il y a les personnels des foyers d’accueil pour handicapés qui ont le sentiment d’avoir été mis de coté.

C’est le cas du foyer médicalisé de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), où 4 résidents sont décédés du Covid-19.

Les personnels des les foyers d’accueil des handicapés, eux-aussi en première ligne, ont le sentiment d'avoir été oubliés

La course aux équipements de protection est depuis longtemps l’un des enjeux de cette crise et elle ne concerne pas les seuls personnels soignants des hôpitaux ou des Ehpad. Parmi ceux qui en ont également un grand besoin, il y a les personnels des foyers d’accueil de personnes handicapées, eux aussi en première ligne. Des personnels qui ont le sentiment d’avoir été mis de côté : un sentiment d’abandon difficile à accepter.

« On s’est pas senti soutenus »

Le foyer médicalisé Villebois-Mareuil de Gennevilliers compte 32 résidents handicapés mentaux. Le premier cas de Covid-19 a été diagnostiqué le 20 mars. Dans les jours qui ont suivi, quatre pensionnaires lourdement handicapés sont décédés, beaucoup ont été contaminés. « On savait que nous n’avions pas de réserves de tenues recommandées pour se protéger du virus », explique Charline Mahieux, infirmière dans cet établissement.

« Ça a été vécu par une partie des équipes comme une panique, une panique contrôlée, mais nous savions que nous serions confrontés au coronavirus. Il y avait un très gros risque. »

Une grande partie des salariés de ce foyer a été malade. Charline Mahieux elle-même a été arrêtée une dizaine de jours, sans être remplacée. 

Les personnes handicapées, que cette période de confinement fragilise beaucoup, ont du mal à respecter les gestes barrières. Elles doivent être accompagnées au plus près. Mais dans cette période, les foyers médico-sociaux pour handicapés n’ont jamais été prioritaires, déplore Charline Mahieux. « Nos réserves d’équipements étaient bloqués par l’État pour les hôpitaux qui étaient prioritaires, et on avait pour seule réponse que les protections arriveraient quand elles arriveraient. On est en colère parce que nous ne nous sommes pas senti soutenus et protégés. On a commencé à avoir des masques grâce à la ville de Gennevilliers mais aussi par les parents qui ont fait jouer leurs contacts et qui ont pu nous fournir ce qu’ils pouvaient. » 

Un sentiment d’abandon largement partagé par le secteur du handicap

L’association des parents d’enfants inadaptés de la Boucle de la Seine gère plusieurs foyers dans les Hauts de Seine, dont celui de Gennevilliers. « C’est un sentiment d’être oublié et d’être laissé de côté », s’agace la présidente de l’APEI qui s’occupe de 800 handicapés et de 450 salariés dans le département. Catherine Harpey a alerté à plusieurs reprises les autorités, dont le ministre de la Santé.« Il y a de grandes déclarations qui sont faites : la personne handicapée, c’est un citoyen à part entière, elle a les mêmes droits que les autres. Mais le jour où survient une crise, il y a des priorités et on a l’impression que les personnes handicapées passent au deuxième plan. »

L’établissement vient de recevoir des stocks de masques chirurgicaux, mais pas d’autres équipements type blouses, charlottes ou lunettes. « Nous avons fait une demande précoce pour obtenir ce genre d’équipements complets mais la réponse est : ‘il n’y en a pas beaucoup et ce n’est pas pour vous’. Il faut donc se débrouiller par ses propres moyens », déplore Catherine Harpey, « mais on s’organise pour tenir le coup, il y a beaucoup de solidarité. » Et ce ne sera pas de trop pour affronter le prolongement du confinement.

Source FRANCE INTER.