Coronavirus : a-t-on oublié les foyers de handicapés ?…

Parmi tous ceux qui ont besoin d’équipements de protection, il y a les personnels des foyers d’accueil pour handicapés qui ont le sentiment d’avoir été mis de coté.

C’est le cas du foyer médicalisé de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), où 4 résidents sont décédés du Covid-19.

Les personnels des les foyers d’accueil des handicapés, eux-aussi en première ligne, ont le sentiment d'avoir été oubliés

La course aux équipements de protection est depuis longtemps l’un des enjeux de cette crise et elle ne concerne pas les seuls personnels soignants des hôpitaux ou des Ehpad. Parmi ceux qui en ont également un grand besoin, il y a les personnels des foyers d’accueil de personnes handicapées, eux aussi en première ligne. Des personnels qui ont le sentiment d’avoir été mis de côté : un sentiment d’abandon difficile à accepter.

« On s’est pas senti soutenus »

Le foyer médicalisé Villebois-Mareuil de Gennevilliers compte 32 résidents handicapés mentaux. Le premier cas de Covid-19 a été diagnostiqué le 20 mars. Dans les jours qui ont suivi, quatre pensionnaires lourdement handicapés sont décédés, beaucoup ont été contaminés. « On savait que nous n’avions pas de réserves de tenues recommandées pour se protéger du virus », explique Charline Mahieux, infirmière dans cet établissement.

« Ça a été vécu par une partie des équipes comme une panique, une panique contrôlée, mais nous savions que nous serions confrontés au coronavirus. Il y avait un très gros risque. »

Une grande partie des salariés de ce foyer a été malade. Charline Mahieux elle-même a été arrêtée une dizaine de jours, sans être remplacée. 

Les personnes handicapées, que cette période de confinement fragilise beaucoup, ont du mal à respecter les gestes barrières. Elles doivent être accompagnées au plus près. Mais dans cette période, les foyers médico-sociaux pour handicapés n’ont jamais été prioritaires, déplore Charline Mahieux. « Nos réserves d’équipements étaient bloqués par l’État pour les hôpitaux qui étaient prioritaires, et on avait pour seule réponse que les protections arriveraient quand elles arriveraient. On est en colère parce que nous ne nous sommes pas senti soutenus et protégés. On a commencé à avoir des masques grâce à la ville de Gennevilliers mais aussi par les parents qui ont fait jouer leurs contacts et qui ont pu nous fournir ce qu’ils pouvaient. » 

Un sentiment d’abandon largement partagé par le secteur du handicap

L’association des parents d’enfants inadaptés de la Boucle de la Seine gère plusieurs foyers dans les Hauts de Seine, dont celui de Gennevilliers. « C’est un sentiment d’être oublié et d’être laissé de côté », s’agace la présidente de l’APEI qui s’occupe de 800 handicapés et de 450 salariés dans le département. Catherine Harpey a alerté à plusieurs reprises les autorités, dont le ministre de la Santé.« Il y a de grandes déclarations qui sont faites : la personne handicapée, c’est un citoyen à part entière, elle a les mêmes droits que les autres. Mais le jour où survient une crise, il y a des priorités et on a l’impression que les personnes handicapées passent au deuxième plan. »

L’établissement vient de recevoir des stocks de masques chirurgicaux, mais pas d’autres équipements type blouses, charlottes ou lunettes. « Nous avons fait une demande précoce pour obtenir ce genre d’équipements complets mais la réponse est : ‘il n’y en a pas beaucoup et ce n’est pas pour vous’. Il faut donc se débrouiller par ses propres moyens », déplore Catherine Harpey, « mais on s’organise pour tenir le coup, il y a beaucoup de solidarité. » Et ce ne sera pas de trop pour affronter le prolongement du confinement.

Source FRANCE INTER.

 

 

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