Macron et le handicap, un programme partiellement tenu. Point complet…

Si le thème de l’inclusion du handicap a été porté avec force pendant cinq ans, de nombreux sujets sur lesquels le président s’était engagé restent en souffrance. 

Macron et le handicap, un programme partiellement tenu. Point complet...(photo d’illustration)

 

Le candidat Emmanuel Macron avait fait de la lutte contre les inégalités subies par les personnes en situation de handicap une de ses priorités en 2017, avec une ambitieuse liste de promesses. Cinq ans après, il est possible de dresser un bilan de l’action de l’exécutif pour une meilleure intégration des quelque 12 millions de personnes concernées.

Si ce thème a été porté avec force pendant cinq ans, plusieurs sujets sur lesquels le président s’était engagé restent en souffrance, tandis que d’autres, imprévus, ont émergé sans toujours satisfaire le monde du handicap. Ecole, emploi, logement, aidants… : le point sur les grands dossiers du quinquennat.

Ce qui était promis et a été (en partie) tenu

  • Renforcer le droit au travail

Emmanuel Macron, candidat, s’était engagé à « favoriser l’insertion professionnelle des personnes handicapées » s’il était élu. Au bout de cinq ans, cette promesse n’est que partiellement tenue.

L’effort de l’Etat en faveur de l’emploi des personnes handicapées durant le quinquennat s’est confirmé en passant à près de 1,8 milliard d’euros en 2020, contre 1,7 milliard d’euros en 2017. Les mesures d’aide à l’embauche (4 000 euros pour chaque handicapé employé) et de soutien à l’apprentissage des travailleurs handicapés ont été particulièrement saluées par les acteurs du secteur.

Toutefois, le taux d’emploi et le taux de chômage des travailleurs handicapés n’ont pas significativement évolué en cinq ans : « Les baisses du chômage doivent être analysées avec prudence car elles résultent notamment d’un fort recul de personnes sans emploi en recherche active d’emploi, lié aux restrictions de déplacement suite à la crise Covid », analyse l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées), l’organisme chargé de collecter et de redistribuer les pénalités infligées aux entreprises qui ne respectent pas le quota de recrutement de 6 % de personnes handicapées dans leurs effectifs.

En revanche, le taux de chômage de longue durée (plus d’un an) s’est clairement aggravé. « Les derniers chiffres montrent que lorsque les personnes en situation de handicap sont au chômage, elles y restent durablement, sans perspective de retour sur le marché du travail. La crise Covid a aggravé le phénomène, avec une progression vertigineuse de la durée moyenne d’inscription », décrit APF France handicap.

Les personnes handicapées davantage touchées par le chômage de longue durée


Quant à l’emploi accompagné, dispositif phare de l’exécutif, où un conseiller fait le lien entre l’employeur et l’employé, il ne bénéficie qu’à 6 000 personnes : « Il faut le temps que les accompagnateurs soient formés », justifie la secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel.

  • Améliorer l’intégration scolaire

Quelque 70 000 enfants, souvent les plus lourdement handicapés, sont dans des établissements spécialisés médico-sociaux. Parallèlement, 400 000 enfants en situation de handicap sont scolarisés dans l’école ordinaire (un nombre en hausse de 19 % depuis 2017) avec 125 000 accompagnants (en hausse de 35 %).

Interrogée sur le nombre d’enfants qui ne trouveraient pas de solution, Sophie Cluzel rétorque : « Les associations parlent de 20 000 enfants, mais il s’agirait plutôt de 300 à 400 enfants. Certains sont sur liste d’attente pour un établissement mais ils ont un accompagnement à la maison. »

Bel effort, mais peut mieux faire, jugent les spécialistes : « A chaque rentrée, la scolarisation demeure un leurre pour un certain nombre d’élèves, qui restent encore sans moyens de compensation, sans école ou avec un nombre limité d’heures d’enseignement », regrette Arnaud de Broca, président de Collectif Handicaps. En cause, le manque de formation et la précarité des accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH).

Ces accompagnants, en contrat précaire, recrutés à temps partiel, peuvent accompagner plusieurs élèves handicapés par jour dans différents lieux. Ils perçoivent un salaire de 700 euros net par mois en moyenne. Ils n’ont que soixante heures de formation initiale quand leurs collègues italiens, par exemple, bénéficient de deux ans et demi d’apprentissage.

  • Faciliter les démarches administratives

Qu’il s’agisse de la vie quotidienne, de la scolarité ou de l’insertion professionnelle, la prise en charge administrative est assurée par les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH). Ces structures locales déterminent le taux d’incapacité des personnes et instruisent chaque année, pour 1,7 million de bénéficiaires, quelque 4,5 millions de demandes d’aides, qu’elles soient financières, matérielles ou humaines.

Emmanuel Macron, qui s’était engagé à faciliter les démarches administratives des personnes handicapées, s’est davantage concentré sur la rapidité de traitement des dossiers (très différente d’un département à l’autre) que sur le « référent facilement accessible » mentionné dans son programme – un numéro vert a toutefois été mis en place.

Ainsi, la durée moyenne de traitement d’un dossier était de 4,4 mois au troisième trimestre 2021 contre 4,6 mois en 2019. La durée moyenne de traitement d’un dossier est encore supérieure à six mois dans quatorze départements, alors qu’elle est inférieure à quatre mois dans quarante-sept départements, souligne le secrétariat d’Etat chargé des personnes handicapées.

D’autres mesures visaient à faciliter les démarches : l’allongement de la durée maximale d’attribution de cinq à dix ans de certains droits (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé, allocation compensatrice…) et l’octroi des droits à vie pour les personnes dont le handicap est irréversible, comme la trisomie ou une amputation.

  • Donner de l’aide aux aidants

« Nous favoriserons les périodes de répit pour les aidants », promettait Emmanuel Macron. Une promesse une nouvelle fois partiellement tenue : la prise en compte de la situation des personnes aidantes (qui sont environ 8 millions) dans le calcul de l’âge de départ à la retraite a été repoussée avec la réforme de l’ensemble du système de retraite qui devait la contenir.

Le « chèque bilan santé-social » qui devait leur être proposé n’a pas non plus vu le jour. Une plate-forme d’accompagnement s’appuyant sur des équipes de professionnels (Assist’aidant) a bien été créée, mais elle n’opère pour le moment qu’à Paris et en Indre-et-Loire.

En revanche, les aidants en activité peuvent désormais bénéficier d’une indemnisation du congé pris pour aider un proche : l’allocation journalière de proche aidant (AJPA) ou de présence parentale (AJPP), pour les parents d’enfants handicapés, qui a été revalorisée à 58,59 euros par jour depuis le 1er janvier. Toutefois, sa durée est limitée à soixante-six jours. « Cette indemnisation empêchera-t-elle le recours aux arrêts maladie ? Cela reste à voir… », note APF France handicap. A l’image des autres associations, elle salue en revanche la défiscalisation du dédommagement que peut verser l’aidé à l’aidant.

  • Améliorer la protection des majeurs sous tutelle

La France compte entre 800 000 et un million de personnes majeures protégées par une mesure de tutelle, de curatelle ou de sauvegarde de justice. Environ la moitié d’entre elles s’appuient sur leur famille – les autres dépendent de professionnels qui suivent jusqu’à soixante personnes chacun.

« Nous améliorerons la protection juridique des majeurs sous tutelle afin de répondre aux recommandations récentes du Défenseur des droits. Nous développerons les moyens des services des tutelles afin de permettre un encadrement individualisé de qualité de ces personnes », affirmait Emmanuel Macron en 2017. Cinq ans plus tard, cette promesse n’a été que partiellement tenue : la loi de programmation et de réforme pour la justice de 2019 a permis aux tuteurs de toucher à des comptes bancaires ou de procéder à des opérations médicales importantes sans autorisation du juge. Les majeurs protégés ont retrouvé le droit de vote et peuvent également se marier, se pacser ou divorcer à condition d’informer la personne chargée de leur protection et que celle-ci ne s’y oppose pas.

Pas d’amélioration toutefois pour les professionnels chargés des majeurs protégés : les tuteurs et curateurs professionnels réclament ainsi une hausse de près de 20 % des fonds publics qui leur sont alloués pour rendre le métier plus attractif et augmenter leurs effectifs. « Il faut repenser leur métier », répond la secrétaire d’Etat, qui préconise plus d’autonomie et moins de protection.

Ce qui était promis et a été oublié

  • Améliorer l’accessibilité du logement

Des centaines de milliers de personnes en situation de handicap ont des problèmes d’accessibilité au logement, faute d’aménagements de larges portes, couloirs, salles de bains et toilettes où doit pouvoir manœuvrer un fauteuil roulant…

En 2018, la loi ELAN (évolution du logement, de l’aménagement et du numérique) a douché leurs attentes en ramenant de 100 % à 20 % la part des logements neufs devant être obligatoirement accessibles aux personnes handicapées – trop de normes découragerait la construction de ce type de biens.

Les défenseurs de cette mesure soulignaient en outre que les 100 % évoqués cachaient une importante exception, puisque les logements dans des bâtiments inférieurs à quatre étages sans ascenseur étaient dispensés de normes pour handicapés, sauf au rez-de-chaussée. Le décret rendant obligatoire l’installation d’un ascenseur dès que le bâtiment atteint trois étages va donc mécaniquement étendre à beaucoup plus d’immeubles l’application des normes handicapés. Mais, pour les acteurs du monde du handicap, cette mesure ne compensera pas, tant s’en faut, le quota des 20 %.

  • Favoriser l’accessibilité

Selon la déléguée ministérielle à l’accessibilité, 350 000 établissements recevant du public (ERP) seraient accessibles et 700 000 en sont au début des démarches (les délais de mise en conformité ont été reportés à 2024 au moins). Un effort a été réalisé pour les bâtiments publics comme les écoles ou les mairies, mais les commerces, les restaurants et les transports présentent encore un retard conséquent : malgré de nombreuses initiatives, le métro reste très peu accessible, les arrêts de bus sont rarement aménagés, et moins d’un tiers des gares ferroviaires nationales sont adaptées.

« Les textes relatifs à l’accessibilité des locaux de travail ne sont toujours pas publiés. Par ailleurs, la majorité des établissements recevant du public ne sont toujours pas accessibles, et les contrôles et les sanctions en cas de non-respect des obligations ne sont que peu ou pas mis en œuvre », regrette Fabienne Jégu, conseillère auprès de la Défenseure des droits.

Quant à l’accessibilité de l’information politique et citoyenne (obligatoire pour tous les services publics depuis 2012), elle reste largement incomplète : en octobre 2021, 20 % des 250 démarches administratives en ligne les plus utilisées par les Français prenaient en compte l’accessibilité, en ayant préalablement diminué les exigences pour la définir.

Ce qui n’était pas prévu

  • Refuser la déconjugalisation des AAH

Prestation sociale permettant d’assurer un revenu minimum, l’allocation aux adultes handicapés (AAH) est versée en tenant compte des revenus du conjoint. Emmanuel Macron avait promis, durant la campagne de l’élection présidentielle, de la porter à 900 euros – promesse tenue, avec deux revalorisations exceptionnelles durant le quinquennat. Toutefois ces deux revalorisations se sont accompagnées de modifications de la formule de calcul du plafond de ressources de l’AAH limitant, voire annulant parfois, l’impact des augmentations pour les allocataires vivant en couple, soit environ 9 % des bénéficiaires de l’allocation.

Ces mesures ont d’autant plus de mal à passer auprès du monde handicapé que ce dernier réclame de longue date la déconjugalisation de l’allocation et l’autonomisation du conjoint handicapé au sein de son foyer. « Le gouvernement peut rappeler que les partis de l’opposition n’ont pas adopté [la déconjugalisation] lorsqu’ils étaient au pouvoir. Mais jamais un gouvernement n’avait eu auparavant la possibilité de la faire adopter avec le soutien de l’ensemble des partis politiques », déplore Arnaud de Broca, du Collectif Handicaps.

A la place, l’exécutif a mis en place un nouvel abattement forfaitaire de 5 000 euros appliqué sur les revenus du conjoint non bénéficiaire de l’AAH, majoré de 1 100 euros par enfant.

Prestation sociale permettant d’assurer un revenu minimum, l’allocation aux adultes handicapés (AAH) est versée en tenant compte des revenus du conjoint. Emmanuel Macron avait promis, durant la campagne de l’élection présidentielle, de la porter à 900 euros – promesse tenue, avec deux revalorisations exceptionnelles durant le quinquennat. Toutefois ces deux revalorisations se sont accompagnées de modifications de la formule de calcul du plafond de ressources de l’AAH limitant, voire annulant parfois, l’impact des augmentations pour les allocataires vivant en couple, soit environ 9 % des bénéficiaires de l’allocation.

Ces mesures ont d’autant plus de mal à passer auprès du monde handicapé que ce dernier réclame de longue date la déconjugalisation de l’allocation et l’autonomisation du conjoint handicapé au sein de son foyer. « Le gouvernement peut rappeler que les partis de l’opposition n’ont pas adopté [la déconjugalisation] lorsqu’ils étaient au pouvoir. Mais jamais un gouvernement n’avait eu auparavant la possibilité de la faire adopter avec le soutien de l’ensemble des partis politiques », déplore Arnaud de Broca, du Collectif Handicaps.

A la place, l’exécutif a mis en place un nouvel abattement forfaitaire de 5 000 euros appliqué sur les revenus du conjoint non bénéficiaire de l’AAH, majoré de 1 100 euros par enfant.

  • Stopper l’exil belge

Le problème du manque de places d’accueil en France et du choix fait pour plusieurs milliers de handicapés (7 000 adultes et 1 500 enfants environ) de s’exiler en Belgique n’est pas nouveau. Mais l’exécutif actuel a fait le choix radical d’un moratoire. Concrètement, Paris et Bruxelles se sont mis d’accord pour qu’il n’y ait plus de nouvelles places créées pour les Français, et ces derniers ne seront pas aidés financièrement s’ils décident de partir. Ceux qui sont déjà installés en Belgique continueront toutefois de bénéficier d’une prise en charge.

« Deux mille cinq cents solutions nouvelles sont installées ou programmées en France pour prévenir les départs non souhaités des personnes en situation de handicap en Belgique », a annoncé le secrétariat d’Etat au handicap le 2 février : 1 600 en Ile-de-France, 630 dans les Hauts-de-France et 270 dans le Grand Est.

Cette décision n’a pas complètement satisfait les associations, dont l’Unapei (fédération d’associations de défense des intérêts des personnes handicapées mentales et de leurs familles), qui se dit très attachée au « libre choix de la personne », notamment pour celles qui résident à proximité de la frontière. Sa vice-présidente, Coryne Husse, rappelle par ailleurs que si ces trois régions sont principalement concernées par les départs, « le manque de solutions est un phénomène global sur tout le territoire ».

Source LE MONDE.

Paris: La mairie du 19e et l’ARS saisies au sujet de l’insalubrité d’un institut médico-éducatif…

Ce mardi, un parent référent de l’IME Cerep-Phymentin a déposé des recours auprès la mairie du 19e arrondissement et de l’agence régionale de santé pour dénoncer l’insalubrité de l’établissement.

Paris: La mairie du 19e et l’ARS saisies au sujet de l'insalubrité d’un institut médico-éducatif...

 

  • Depuis 2018, l’Institut médico-éducatif Cerep-Phymentin subit des inondations et des fuites d’eau récurrentes. Situé dans le 19e arrondissement, l’établissement accueille 35 jeunes en situation de handicap.
  • Les interventions du bailleur, la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP), ne semblent pas résoudre le problème. De nombreux travaux ont été faits mais les fuites reprennent constamment.
  • Pour faire bouger les choses, un parent d’élève a déposé des recours auprès de la mairie du 19e arrondissement et de l’agence régionale de santé, ce mardi.

« C’est l’équivalent d’une baignoire d’eau qui tombe chaque jour du plafond », lance une psychologue de l’Institut médico-éducatif (IME) en désignant une fuite. Depuis 2018, l’IME Cerep-Phymentin, situé rue Adolphe-Mille, dans le 19e arrondissement de Paris, subit des infiltrations et inondations répétitives. Pour faire bouger les choses, Anne Devillers, parent d’élève, a déposé des recours ce mardi auprès de la mairie d’arrondissement, de l’agence régionale de santé (ARS) et de la Maison départementale des personnes handicapées. Contraint à la fermeture à plusieurs reprises, l’établissement compte encore trois fuites actives. Il accueille 35 jeunes en situation de handicap, âgés de 12 à 20 ans.

La cheffede service de l’IME, Chrystele Bouix-Esnard, a déjà déposé plusieurs recours auprès de la mairie et de l’ARS. Désemparée face à l’absence de solutions, elle a sollicité l’aide d’Anne Devillers. « Souvent les parents d’élèves ont plus de poids dans ce genre de situation », explique cette dernière. Elle a d’abord ouvert une pétition en faveur de la « protection des jeunes en situation de handicap » de l’IME, qui a recueilli 444 signatures. Désormais, elle demande l’aide des institutions.

Les jeunes affectés par la situation

« Cette situation est anxiogène pour le public qu’on accueille », explique la cheffe de service. L’IME s’occupe de jeunes présentant une déficience intellectuelle, atteints de troubles neurologiques, génétiques ou psychiques. « Ils ont besoin d’un rituel, de repères. Ces ruptures de la prise en charge ont vraiment un effet sur eux », explique Armelle Cadoret, médecin directeur de l’IME. Ils sont aidés par les soignants pour travailler sur leurs angoisses et leur relation à l’autre. « Quand ils ne peuvent pas venir à l’IME, certains se sentent abandonnés, ajoute-t-elle. C’est compliqué si l’environnement qui est censé les aider contribue à renforcer leurs angoisses. »

Dans les couloirs, murs et plafonds sont abîmés par les fuites d'eau récurrentes.

Souvent, les fuites d’eau se traduisent par un goutte-à-goutte constant, notamment dans la salle polyvalente de l’établissement. « C’est la salle où ils font des exercices de relaxation, cela les déconcentre considérablement », explique le docteur. Des conditions particulièrement déstabilisantes. « Pour des patients souffrant de graves troubles psychologiques, par exemple, le bruit de la goutte d’eau va le perturber parce qu’il va penser qu’il est lui-même la goutte d’eau, qu’il est en train de se liquéfier », explique Armelle Cadoret. « Un jour, il y en a même une qui a pris peur et s’est enfuie en courant parce qu’elle a cru que c’était un monstre », plaisante une adolescente de l’IME au sujet des bruits de canalisation.

Un nouveau rapport d’expert attendu

« On est à deux doigts de déclarer une insalubrité », confie la chef de service de l’établissement. En trois ans, elle a échangé une centaine de mails à ce sujet avec la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP) et la MAIF, son assureur. Plusieurs experts mandatés par la RIVP sont intervenus et l’établissement a été refait presque entièrement. « Pourtant les fuites finissent toujours par revenir, dénonce-t-elle. Les réparations ne sont pas pérennes. » L’adjointe au maire du 19e chargée de la réduction des risques, Séverine Guy, est venue constater ces fuites en décembre 2020. « Elle pense que c’est un problème structurel du bâtiment », rapporte Chrystèle Bouix Esnard.

De son côté, Stéphanie Vergnes, responsable de l’agence de la RIVP dans le 19e arrondissement, pense que les fuites ont diverses origines. « Je ne suis pas experte donc j’ai fait appel à une société spécialisée pour établir un bilan de la situation. » Ce mardi après-midi, un expert s’est donc rendu à l’IME. Il devrait délivrer un rapport sous 15 jours. « On entend tout à fait la colère et la lassitude de la Cerep qui subit incontestablement des sinistres, des fuites et des infiltrations depuis trois ans, affirme Stéphanie Vergnes. On espère pouvoir commencer des travaux dès qu’on aura les conclusions de l’expert. »

« La goutte d’eau qui fait déborder le vase »

Le contexte sanitaire n’arrange rien. Contraints de respecter les restrictions sanitaires, les soignants ne peuvent pas regrouper les jeunes dans un même atelier. Quand une salle est inondée, et qu’un atelier est annulé, les jeunes sont donc renvoyés chez eux. « Mais ils n’ont aucune autonomie, explique Anne Devillers. Il faut rester avec eux à la maison ou payer une nounou à chaque fois. Ce sont une quarantaine de jeunes, et autant de familles, qui sont en difficulté. »

Cette situation s’ajoute à la frustration grandissante du manque de reconnaissance de leur profession. Sur les 19 soignants de l’équipe, seulement deux ont accès à la prime du Ségur. Pour une raison inhabituelle, l’IME est de nouveau fermé ce mardi. « La moitié des éducateurs, dont moi-même, se sont déclarés grévistes pour protester », explique Chrystèle Bouix Esnard. La cheffe de service et le médecin directeur s’accordent pour dire que ces fuites, « vraiment, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. »

Source 20 MINUTES.

Finistère. Elle lance un SOS pour trouver un logement adapté à sa mère en situation de handicap…

Nina a 20 ans et vit avec sa maman qui est en situation de handicap depuis mai 2021, à Landivisiau (Finistère).

Nina, 20 ans, dans sa maison de Landivisiau, inadaptée pour le handicap de sa maman, Laëtitia.

 

Leur logement n’est plus du tout conforme à leur situation et la jeune femme a lancé une bouteille à la mer pour trouver quelque chose d’adapté, ne voyant pas leur situation évoluer. Sa demande a été partagée des milliers de fois sur les réseaux sociaux.

« Je lance un SOS… », introduit Nina, dans son post Instagram. La jeune fille de 20 ans a vu l’état de sa maman, Laëtitia, se dégrader brutalement, à Landivisiau (Finistère). « En mai 2021, elle a perdu la vue progressivement. Jusqu’ici, elle vivait normalement », raconte la jeune femme.

Hospitalisée, sa mère apprend que ses nerfs optiques sont touchés de manière irréversible. « J’ai senti des fourmillements aux pieds, puis c’est remonté, souligne Laëtitia. Il y a quatre mois encore, je pouvais encore bouger. Mais là, c’est fini. » Aucun diagnostic ne correspond à ses douleurs. « En sortant de l’hôpital, personne ne s’est inquiété de notre situation », balbutie sa fille, Nina.

Coincée au premier étage

Diplômée dans l’accompagnement éducatif et social, elle met sa vie entre parenthèses, pour s’occuper de sa maman. Problème : leur maison ne convient plus. Laëtitia est coincée dans son lit médicalisé au premier étage, là où se trouve la salle de bains. Le rez-de-chaussée « est trop petit ». Et impossible de trouver un kiné localement. « Aucun ne veut se déplacer à domicile… »

La mairie de Landivisiau les a aidées dans leurs démarches, et la Maison départementale des personnes handicapées a reconnu la situation de handicap. Un dossier a été déposé à Finistère Habitat. Selon le bailleur social, une proposition leur a été faite à Landivisiau, ce que la famille dément. « Nous sommes attentifs à ces situations. On n’a pas beaucoup de rotations dans le parc immobilier en ce moment, mais nous allons les recontacter prochainement », souligne Finistère Habitat.

« On a juste besoin d’un endroit où un fauteuil peut passer pour être autonome », complète Laëtitia. « J’espère que les réseaux sociaux feront bouger les choses », ajoute sa fille. Sa bouteille à la mer virtuelle a été partagée plus de 21 000 fois.

Source OUEST FRANCE.

Aménager un logement adapté au handicap: comment obtenir un crédit d’impôt ?…

Afin d’adapter un logement aux personnes souffrant d’un handicap, d’importants travaux sont nécessaires.

Il est possible d’alléger la facture en bénéficiant d’un crédit d’impôt spécifique.

Aménager un logement adapté au handicap: comment obtenir un crédit d'impôt ?...

 

Il existe plusieurs formes de crédits d’impôt actuellement en vigueur. Les plus connus sont assurément le crédit d’impôt transition énergétique destiné notamment à réduire le nombre de passoires thermiques en France, mais aussi le crédit d’impôt services à la personne. Un dispositif moins connu concerne l’aménagement des logements pour les personnes handicapées. Il s’agit du crédit d’impôt aide à la personne, un dispositif qui a été prolongé par le biais de la loi de finances 2021, et ce jusqu’au 31 décembre 2023. Un point important doit être souligné, le fait que le crédit d’impôt ne constitue pas une réduction d’impôts.

Dans le cadre d’une réduction, si vous n’êtes pas imposable, il est impossible d’en bénéficier, et si le montant de la réduction est supérieur à l’impôt dû, elle est de fait limitée. En revanche, le crédit d’impôt donne lieu à un remboursement complet, que vous soyez ou non imposable. En ce qui concerne le crédit d’impôt aide à la personne, il peut atteindre 5.000 euros pour une personne seule et 10.000 euros pour un couple dont l’imposition est commune (plus 400 euros par enfant à charge, ou 200 euros en cas de garde alternée).

Qu’est-ce que le crédit d’impôt aide à la personne?

Le crédit d’impôt aide à la personne existe depuis le 1er janvier 2005. Il concerne tout d’abord les travaux réalisés au sein d’une résidence principale, destinés à permettre l’accessibilité du logement à des personnes handicapées ou âgées. Sont également prises en compte un grand nombre de dépenses liées à l’équipement du logement afin de l’adapter à des personnes en situation de handicap ou de perte d’autonomie. À noter que ce crédit d’impôt peut être accordé aussi bien au propriétaire du logement qu’à un locataire ou un occupant à titre gratuit.

Néanmoins, pour en bénéficier, il est indispensable que les travaux soient réalisés pour une personne titulaire d’une carte de pension d’invalidité (au minimum 40%) ou pour une personne souffrant d’une perte d’autonomie la classant dans les catégories allant de 1 à 4 de la grille nationale Aggir (Autonomie gérontologique et groupe iso ressources). Une dernière catégorie de personnes peut également bénéficier de ce dispositif fiscal, à savoir les titulaires d’une carte mobilité inclusion ou priorité pour personne handicapée.

Quels travaux éligibles au crédit d’impôt aide à la personne?

Il est important de souligner que le crédit d’impôt aide à la personne peut être accordé aussi bien pour des travaux réalisés dans un logement en construction, du neuf ou de l’ancien. Avant de déposer une demande de crédit d’impôt aide à la personne, il est important de savoir quelle est la nature des travaux qui y sont éligibles. Il existe tout d’abord les travaux dits d’accessibilité. Cette catégorie comprend notamment des rampes d’accès fixes, des lavabos ou éviers réglables en hauteur, des sièges de toilette surélevés, la pose d’appareils élévateurs (qu’ils soient à déplacement incliné ou vertical), l’installation de poignées de porte spécifiques ou de barres de maintien et/ou d’appui…

Des travaux d’adaptation du logement sont également envisageables. Dans ce cadre, il est notamment possible de citer l’installation de volets électriques, de portes coulissantes de garde-corps, de portes et fenêtres adaptées aux personnes handicapées, mais aussi d’un receveur de douche extraplat ou de dispositifs facilitant l’accès aux systèmes de commande des installations de chauffage, de gaz, d’eau et d’électricité… Cette liste n’étant pas exhaustive, pour en savoir plus vous pouvez vous référer à l’arrêté du 30-12-2017 paru au Journal officiel.

Modalités pratiques du crédit d’impôt aide à la personne

Comme indiqué ci-dessus, le montant du crédit d’impôt peut atteindre 5.000 euros pour une personne seule et 10.000 euros pour un couple imposable conjointement. Un montant non négligeable et à prendre en compte si vous envisagez un projet immobilier et voulez calculer votre budget au plus juste. À noter que ce crédit d’impôt (prolongé jusqu’à fin décembre 2023) s’étend sur une période pluriannuelle de cinq années consécutives et qu’il peut donc s’appliquer de manière rétroactive sur cette période. Le montant des dépenses doit être indiqué dans votre déclaration de revenus (case 7WJ de la déclaration n° 2042 Rici).

À noter enfin un point essentiel, à savoir que pour avoir droit à ce crédit d’impôt aide à la personne, les matériaux utilisés doivent être achetés et posés par une entreprise. Vous ne pouvez donc pas acheter de matériel, effectuer des travaux vous-même et prétendre à ce crédit. L’entreprise sollicitée doit vous remettre une facture détaillée comprenant l’adresse où ont été réalisés les travaux, leur nature, le prix des équipements et la date de paiement.

(Par la rédaction de l’agence HREF)

Source CHALLENGES.

Paraplégique après un accident de vélo, Max galère pour trouver un appartement adapté à Lyon…

Depuis sa chute à vélo en mai dernier, Max Méroth est paraplégique.

Après avoir obtenu une licence de géographie à Lyon, Max aimerait retourner vivre dans cette ville qu’il connaît bien.  « Je veux retrouver un peu ma vie d’avant. J’ai mes amis et mes repères dans cette ville. Retourner à Lyon c’est aussi un moyen d’être un peu moins perdu ».

 

À sa sortie du centre de rééducation prévue en février, le jeune Savoyard de 21 ans aimerait retourner vivre à Lyon où il faisait ses études. Mais trouver un appartement adapté est un vrai défi.

Une route déformée par les racines des arbres. Cycliste expérimenté, Max Méroth chute 25 mètres après la première racine lors d’une sortie avec son club de vélo en mai dernier à Uzès (Gard). Après un mois d’hospitalisation, le jeune Savoyard de 21 ans est diagnostiqué paraplégique.

Depuis, il se bat en centre de rééducation pour réapprendre l’autonomie. À sa sortie en février Max aimerait retourner vivre à Lyon, où il faisait ses études. Mais il ne parvient pas à trouver un logement adapté.

Un sportif sans limite

8000 kilomètres annuels de vélo au compteur. Dans la famille Méroth, le cyclisme est une passion entre père et fils. « Encore ce matin il m’a envoyé un message pour me montrer une photo Instagram d’un vélo couché pour paraplégique » témoigne son père François qui a démissionné de son poste pour être à ses côtés.

Pour Max, rouler à nouveau est devenu un objectif : « maintenant que je ne peux plus bouger par moi-même, j’ai envie de bouger par tous les autres moyens y compris le vélo. J’aimerais beaucoup rouler en Haute-Savoie comme avant. Ce n’est pas gagné mais c’est un projet ».

Vélo, escalade, photographie animalière en montagne … Pour ses proches Max était un battant avant même l’accident. « Il était capable de rester trois jours non-stop dans la neige sans tente juste en grignotant pour photographier des animaux. Aujourd’hui, il a encore cette volonté de ne rien lâcher. Moi je le trouve courageux, même s’il n’aime pas qu’on le dise » insiste son père.

Une parenthèse avant le grand départ

Étape par étape, il réapprend les gestes du quotidien. Séances de kiné, travail avec l’ergothérapeute, activités sportives ou soirées entre amis au centre de rééducation à Montpellier, Max a un programme bien chargé.

Après l’accident sa famille a créé une cagnotte pour permettre à ses amis de se déplacer de Lyon ou de la Haute-Savoie au centre de rééducation. « Pendant les vacances d’été, il avait un agenda de ministre. Il avait des visites presque tous les jours » se souvient François.

« On se marre bien avec les autres jeunes du centre. Des fois, on rigole même de nos accidents et de la situation dans laquelle on se retrouve maintenant » détaille Max. Cette parenthèse avant le grand départ prendra fin en février.

Un appartement équipé pour retourner à Lyon

Après avoir obtenu une licence de géographie à Lyon, Max aimerait retourner vivre dans cette ville qu’il connaît bien.  « Je veux retrouver un peu ma vie d’avant. J’ai mes amis et mes repères dans cette ville. Retourner à Lyon c’est aussi un moyen d’être un peu moins perdu ».

Mais trouver un appartement en ville équipé et adapté aux déplacements en fauteuil relève du défi pour ses proches. Pour que Max puisse être entièrement autonome, il faudrait un T1, sans marche, une douche qui ne soit pas surélevée, au rez-de-chaussée ou avec ascenseur.

En attendant, le jeune Savoyard continue de progresser dans chacun de ses mouvements et espère rouler au plus vite avec ses amis du club de vélo. « On ne se rend pas compte quand tout va bien. Maintenant que je suis en fauteuil, je me dis qu’il faut profiter de tous les instants ».

Source FR3.

Istres : en situation de handicap, elle va dormir dans sa voiture devant la mairie…

Dorine Cramagnac veut se faire entendre. Pour protester contre son logement social dont les murs sont fissurés, elle s’installe devant la mairie d’Istres.

La municipalité et le gestionnaire expliquent qu’il n’y a pas de danger immédiat.

Dorine Cramagnac souhaite quitter son logement social.

 

Ce lundi 27 décembre, Dorine Cramagnac, une quadragénaire en situation de handicap, s’est installée dans sa voiture devant la mairie d’Istres. « Malgré mon handicap, je vais y dormir, jusqu’à ce que ça bouge. » 

La raison de sa colère : les fissures qui parcourent les murs et le plafond de son logement social, situé allée de la Barque. « J’ai passé Noël toute seule et je passerai aussi le nouvel an seule. Il est hors de question que je mette en danger des invités. »

« La résidence n’a que trois ans : les fissures sont rapidement apparues, se rappelle Dorine Cramagnac. On nous a dit que c’était la peinture, mais ça a continué d’empirer. » 

Des fissures, également visibles sur la façade extérieure, dans la partie du bâtiment où elle vit. Ce qui inquiète la locataire.

 » Derrière ma tête de lit, il y a une fissure dans laquelle je peux planter un couteau. » De l’autre côté de ce mur, sa voisine et sa famille ont été relogées par le gestionnaire de l’immeuble.

Un expert pour janvier

CDC habitat, explique avoir fait cette proposition. Même si l’étude de l’expert envoyé sur place « a conclu qu’il ne se trouve aucun péril pour les locataires », précise le gestionnaire.

« S’il n’y a pas de danger, comment se fait-il qu’ils aient relogé ma voisine, s’étonne la quadragénaire. C’est bien la preuve qu’il y a un vrai risque. » Elle aimerait avoir accès à cette expertise.

Le gestionnaire annonce que l’expert reviendra en janvier, cette fois-ci pour étudier l’appartement de Dorine Cramagnac.

Relogement

De son côté, le cabinet du maire explique avoir à deux reprises proposé un relogement.

Une affirmation que Dorine Cramagnac réfute. Elle soutient que la mairie ne lui a fait aucune proposition de la sorte.

« Ça devait être mon appartement pour toujours, celui où j’allais faire ma vie, explique la quadragénaire. Maintenant, je veux juste quitter Istres. Je ne demande pas de dédommagement, juste qu’on finance mon déménagement. »

La mairie indique avoir aussi envoyé son expert insalubrité. Il n’y aurait aucun danger immédiat.

Un rendez-vous avec la locataire est prévu le 6 janvier, annonce le cabinet du maire.

Source FR3.

 

Deux maisons inclusives pour autistes dans l’Hérault, pour une meilleure ouverture sur le monde…

Autisme Inclusion, une société coopérative d’intérêt collectif, a mis en place un projet de logement et d’accompagnement de jeunes atteints d’autisme.

Deux maisons inclusives ont vu le jour dans l’Hérault depuis 2019. Une à Saint-Gély-du-Fesc et une à Montarnaud récemment.

Fabienne Such et des locataires de la MIA, Béatrice, Marin et Lionel

 

Comment mieux intégrer les personnes qui souffrent de handicap dans la société ? À Saint-Gély-du-Fesc et Montarnaud, des parents ont ouvert deux maisons inclusives pour autistes, des MIA. La première a ouvert il y a deux ans et la deuxième cet été.  es jeunes adultes autistes vivent en colocation à quatre ou cinq, encadrés par des éducateurs et des aides à domicile qui leur apprennent à prendre leur autonomie et cherchent avec eux les activités qui les motivent.  Le tout fonctionne sous le statut de société coopérative d’intérêt collectif avec des aides de l’Agence régionale de santé.

« Ce ne sont pas des monstres. »

Fabienne Such, la présidente de l’association Autistes sans Frontières 34 – Coloc’autisme, elle-même maman d’un adulte autiste de 28 ans, dirige les deux MIA : « Il y quatre ans, il était dans un établissement spécialisé pour adultes autistes et ça se passait pas bien du tout. Il n’y était pas heureux, il n’était pas correctement accompagné au niveau médical et surtout, il était tout le temps enfermé à l’intérieur de cet établissement. Donc, avec d’autres parents, on s’est dit qu’on allait essayer de monter un projet. Dans cette maison pour autistes, ils sont chez eux, mais ils ne sont plus chez papa et maman tous les soirs. C’est quand même un grand pas. Ça met du temps. Il faut que la complicité se crée, qu’on comprenne bien ce qu’ils veulent nous dire. Et puis qu’une distance se crée un peu avec les parents. Et c’est l’attente des parents pour que leurs jeunes volent de leurs propres ailes. Et puis aussi pour montrer aux gens des environs que ce ne sont pas des monstres. Ils n’ont pas besoin d’être cachés avec un grand mur autour. Notre propos, c’est vraiment de sortir ces personnes des établissements spécialisés »

Lionel Papin a 34 ans, il est autiste Asperger et est arrivé dans cette maison pour autistes à Montarnaud au mois d’août. Il partage sa vie avec quatre autres jeunes autistes. « Le courant est passé de suite. Le but c’est qu’on soit inclus dans le village et du coup, on va voir les commerçants, le boulanger, on va même boire une boisson au bar. C’est sympa, je sens que j’ai bien progressé. »

L’objectif est vraiment de les conduire vers davantage d’autonomie : « Ils sont chez eux, ils ne sont plus chez leurs parents, donc on accompagne vers de l’autonomie personnelle plus intensive que quand on est chez papa-maman, c’est à dire je me lave, je m’habille, je prépare à manger et je vais faire les courses toujours en binôme avec des éducateurs. Leur espace privé, c’est leur chambre et le reste, c’est un espace collectif partagé où tout le monde doit se respecter et construire un projet de vie ensemble pour que pour être au mieux, de créer une certaine complicité entre eux. Donc là, il y en a qui sont à la bibliothèque. On travaille sur de la recherche d’activités bénévoles sont inclus dans des activités artistiques, sportives. »  

Ces jeunes adultes ont la possibilité de rester indéfiniment dans la MIA mais ils peuvent choisir aussi de chercher un autre logement où ils seront plus ou moins accompagnés, en fonction de leur besoin.

Le succès de ce projet de maison inclusive pour autistes avait déjà permis à Autisme Inclusion d’ouvrir un second habitat à Montarnaud. Mais il y a encore de la demande. Les membres du projet cherchent désormais à ouvrir une troisième voire une quatrième maison inclusive pour les jeunes atteints d’autisme d’Asperger.

Source FRANCE BLEU.

 

Vendée : malgré son handicap, la sexagénaire est contrainte de vivre dans un mobile-home cet hiver…

Impossibilité d’accéder à un logement privé, logements sociaux trop rares : elle doit affronter le froid dans un mobile home qu’il lui faudra de toute façon quitter au printemps.

Mireille est contrainte de passer l'hiver dans un mobile-home.

 

En ce petit matin de la fin du mois de novembre, le thermomètre affiche 6 degrés dans la pièce de vie de Mireille. « Rien n’est isolé ici, et comme l’éthanol est cher, je ne chauffe plus la nuit », explique la sexagénaire.

Et pour cause : Mireille (prénom d’emprunt) vit dans un mobile-home, sur la commune de Talmont-Saint-Hilaire. Et son histoire illustre toute la difficulté à trouver un logement social en Vendée.

Divorcée, Mireille est originaire de Mayenne. Elle est arrivée en Vendée en 2017 pour se rapprocher de sa fille. Elle s’installe alors dans un pavillon de deux chambres dont elle devient locataire. « Un loyer de 650 euros par mois. C’était compliqué. J’étais toujours à découvert. Heureusement que je touchais l’APL et j’ai toujours eu de bonnes relations avec ma banque. »

En mobile-home malgré son handicap

Hélas, la maison est vendue le 31 mars dernier. Mireille est donc contrainte de quitter son logement. 

Entretemps, elle dépose une demande de logement social sur Talmont-Saint-Hilaire ou aux Sables-d’Olonne. Des démarches qui demeurent infructueuses. Elle admet avoir refusé deux propositions pour un logement de 20 m2 « qui ne correspondait pas à ma fiche demandeur. » Et pour cause : Mireille est atteinte d’un handicap consécutif à de graves problèmes de santé : embolie pulmonaire, deux comas, quatre interventions chirurgicales abdominales. Au-delà de la fragilité générale de sa santé, l’un de ses genoux a perdu toute sensibilité. Le deuxième est très fragile.

Il n’a pas été possible de donner suite à une troisième proposition, Mireille n’étant pas en mesure de répondre à temps à des demandes de compléments d’information.

La voici donc contrainte de se rabattre sur un mobile-home. Une solution qu’elle espérait temporaire, mais qui se prolonge alors que l’hiver s’installe. 

Aux 385 euros par mois plus les charges, il faut désormais ajouter le coût de cinq bidons d’éthanol par mois pour le chauffage. Des bidons qui peuvent coûter jusqu’à 39 euros. La retraite de l’ancienne assistante maternelle s’élève à 795 euros.

Le froid et l’humidité

Une solution coûteuse et insuffisante, le mobile-home n’étant évidemment pas conçu pour une vie à l’année. Surtout pas pour la période hivernale. Le froid et l’humidité abiment les affaires de la locataire. Surtout, ils nuisent à sa santé. « Elle doit impérativement être relogée en raison de son état de santé », écrit son médecin qui évoque « des pathologies multiples avec des troubles articulaires multiples. » La locataire désespère de trouver une solution :

 » Je ne me reconnais plus. Je ne tiens pas à retourner à l’hôpital. »

Le chauffage d'appoint peine à apporter une température acceptable dans la pièce de vie.

Une urgence qui a été prise en compte par le service logements de la ville des Sables-d’Olonne, selon un courrier adressé début novembre. Après examen du dossier de Mireille, cette dernière est « positionnée en rang 2 et rang 3 en tenant compte des dossiers similaires. »

Les places en logement social sont rares et Mireille est désormais disposée à accepter toute proposition. D’autant que les logements privés accessibles à la location sont également rares, mais aussi inaccessibles :  « On exige une caution qui correspond à trois mois de loyer. »  Une somme impossible à avancer.

Outre les difficultés qui sont les siennes aujourd’hui, il y a urgence pour Mireille. Le mobile-home dans lequel elle vit va être vendu et elle devra quitter les lieux, quoi qu’il en soit, le 31 mars 2022.

Source ACTU.FR

Handicap et habitat. A Rennes, Imène et Ercan privés d’un logement faute d’assurance pour leur prêt…

Imène et Ercan, tous les deux en situation de handicap ont souhaité s’investir dans un projet d’habitat participatif à Rennes et acheter un logement pour y vivre avec leur fils.

Alors qu’un appartement les attend, les assurances refusent d’assurer leur prêt. 

Ercan et Imène devant le logement dans lequel ils veulent habiter mais pour l'instant la banque ne leur accorde pas le prêt car Imène ne trouve pas d'assurance pour la couvrir

 

« C’est un projet humain, avec des valeurs d’entraide, de vivre ensemble, d’écologie, de mixité ». Voilà comment Ercan résume l’habitat participatif de la Bara-K à Rennes, qu’il veut intégrer avec sa compagne Imène et leur fils de 5 ans. Sauf que pour l’instant, l’appartement qu’ils devaient occuper est vide, alors que tous les autres habitants ont pu s’installer comme prévu fin juin.

Imène et Ercan ne peuvent y accéder sans avoir un prêt immobilier, inaccessible aujourd’hui car ils n’arrivent pas à trouver une assurance.

« C’est un dossier compliqué, on ne rentre pas dans les cases »

Imène

Imène et Ercan se déplacent en fauteuil roulant. En 2017, lors du lancement du projet, ils font appel à un courtier en banque. Ce dernier estime qu’ils sont en capacité de supporter un prêt, avec l’AHH (allocation adulte handicapée) dont ils bénéficient tous les mois. Pour donner un peu plus de poids à leur demande, il conseille tout de même au couple de se constituer un apport. « C’est ce que nous avons fait. En quatre ans, nous avons mis 16 000 euros de côté », explique Imène.

En octobre 2020, la banque d’Imène accepte le dossier et donne un pré-accord. Mais là tout se complique, il faut forcément une assurance. Ercan se voit assuré sans difficulté, sans surcoût. Imène, elle, voit se fermer toutes les portes à cause de sa maladie neuro-musculaire. « Parfois on me dit non direct, juste en lisant un mot dans mon questionnaire médical. On ne me pose pas plus de questions. Je n’ai jamais été vue par un expert. Je sais que d’autres personnes ayant la même maladie que moi ont déjà pu accéder à un prêt. Je ne comprends pas ». L’assurance pourrait être totalement imputée à Ercan mais la banque refuse.

« Il faut soit être riche, soit être en bonne santé »

Ercan

Pour l’instant, la situation d’Ercan et Imène est bloquée. Les habitants de la Bara-K se mobilisent pourtant autour d’eux. Certains ont même voulu se porter caution. Aiguillon, le bailleur social et partie prenante du projet propose aussi de s’engager, bien au-delà de son rôle.

« Toutes les démarches auprès des banques et assurances sont pesantes mais nous mettons encore toute notre énergie pour concrétiser ce projet. Si nous nous accrochons toujours, c’est grâce au soutien indéfectible des habitant de la Bara-K et d’Aiguillon. Ce n’est pas le combat de David contre Goliath car nous ne sommes pas seuls »

Imène et Ercan

« On savait que ce serait difficile, depuis le début, banque et assurances se renvoient la balle », résume Thomas Duke directeur général d’Aiguillon – La Coop. Il se dit pourtant prêt à se mettre en limite avec la loi et en a fait un combat. « Nous on est un bailleur social, on ne peut pas prêter d’argent mais pour leur permettre d’aller au bout de leur projet, nous sommes prêts à bloquer la somme qui correspond à leur bien et à la mettre de côté comme une garantie ». Selon lui, une garantie existe déjà « en cas de pépin » dans le cas d’un achat auprès d’un bailleur social. Cette dernière prévoit le rachat, le relogement, la revente pendant 10 ans, même en cas de décès. Mais rien à faire. « Pour les banques, ce n’est pas entendable ».

Il rappelle qu’Imène et Ercan se sont investis dès le début de la Bara-K, que c’est un projet de vie. « Rennes Métropole leur a accordé une dérogation, parce qu’ils n’avaient pas d’accord de prêt au départ ».

Il poursuit : « Le logement dans lequel ils vivent actuellement n’est pas adapté. L’appartement à la Bara-K a été construit pour eux, il est fait pour eux ». Il souligne également que sur les dix ménages de l’habitat participatif, certains présentent des ressources plus faibles que celles d’Imène et Ercan.

Des discussions sont en cours, dit-il, avec une compagnie d’assurance qui pourrait accepter la proposition d’Aiguillon. « Nous on ne veut pas faire machine arrière ». 

Sollicitée et après plusieurs échanges, la banque du couple répond mercredi soir que « c’est un dossier complexe » mais indique « une volonté d’aider ces gens ». « Le dossier est en cours d’instruction. Un travail est en cours pour trouver une solution et aboutir à une réponse positive », précise-t-on. Et d’insister sur son éthique qui est « d’accompagner les projets de vie ».

Handicap et accès à la propriété

Les personnes handicapées peuvent rencontrer d’importante difficultés, voire être carrément exclues des circuits de prêt classiques, tout spécialement lorsqu’elles présentent une pathologie ou un handicap constituant un risque de santé aggravé. L’octroi d’un crédit sur une longue durée va de pair avec la souscription d’une assurance emprunteur, que les personnes malades peinent à trouver, ou qui deviennent hors de prix du fait des majorations sur la prime.

Depuis 2007 pourtant, la Convention AERAS doit faciliter l’accès à l’assurance et à l’emprunt des personnes ayant ou ayant eu un problème de santé. Dans les faits, les obstacles se font si nombreux que certains acheteurs finissent par renoncer à l’accès à la propriété.

« AERAS est censée nous protéger mais les assurances font ce qu’elles veulent et ont le dernier mot. »

Témoignage de Emmanuel sur Slate

Dans un article paru sur le site de Slate, les témoignages recueillis évoquent la lourdeur des démarches et la violation du secret médical, les délais pour obtenir gain de cause, pour finalement devoir payer plus cher pour une couverture qui exclut l’handicap.

Source FR3.

Handicap : Les Sismo, l’agence qui veut réparer la société par le design…

Le Design with Care, qui s’approprie les problématiques liées au handicap, est porté par l’agence parisienne Les Sismo.

Handicap : Les Sismo, l'agence qui veut réparer la société par le design

 

Savez-vous que certains designers enfilent des gants spéciaux pour savoir comment se comportent des mains percluses d’arthrose ? Des lunettes pour simuler des problèmes de vision ? « Le but n’est pas de créer des objets ou du mobilier qui soit destiné spécifiquement aux personnes atteintes d’un handicap, mais de trouver une solution universelle », précise Antoine Fenoglio, cofondateur des Sismo.

Fondée en 1997 avec Frédéric Lecourt, cette agence de designers déjà très concernée par l’usage, l’utile et l’éthique, s’est peu à peu approprié les problématiques liées au handicap. « La rencontre avec la philosophe Cynthia Fleury a été déterminante, raconte le cofondateur. Elle nous a permis d’avoir une approche médicale du design et d’aller vers le prendre soin, le care. » Depuis 2019, la philosophe et le designer animent des conférences sur le Design with care.

Le design peut-il réparer ?

« On avance. La nécessité de prendre en compte ces vulnérabilités, notamment dans les entreprises, se ressent de plus en plus », indique Antoine Fenoglio. Les Sismo conseillent les marques, les entreprises. Leurs clients : des ministères, des assurances, de grandes enseignes de distribution ou d’automobile, et même Twitter. « L’engagement en faveur de l’inclusion fait de plus en plus partie des enjeux actuels. Les thématiques du soin, de l’attention et de l’écoute sont davantage pris en compte. »

Le design peut-il réparer ? Telle est la question que soulèvent les porteurs du design with care. « Le design doit agir en faveur de l’autonomie, qui est la priorité des personnes en situation de handicap. On travaille à ce que les designers ne voient pas ces handicaps comme des freins mais comme des opportunités de création. Il y a tout un champ à explorer et on verra de nouvelles choses dans les mois et années à venir », promet Antoine Fenoglio.

Il est beau le lavabo accessible

Selon le handicap, configurer son logement pour gagner en autonomie n’est pas une mince affaire et peut requérir l’aide d’un architecte spécialisé en accessibilité : « On travaille sur l’habitat et sur le corps, deux choses intimes », explique Franck Poncin, ergothérapeute et architecte d’intérieur. Alors, pour commencer, il y va en douceur, par ce qu’il appelle « les aides techniques » : enlever les tapis, surélever un lit de 15 cm, jouer sur les éclairages, rendre les interrupteurs accessibles, changer les poignées de porte, les robinets… « Il faut que tout soit accessible, facile à trouver », souligne-t-il.

Source 20 MINUTES.

 

Les marques d’entrée de gamme, Leroy Merlin, Castorama ou Ikea, se sont depuis peu lancées sur ce créneau. « Ils ont embauché des designers pour travailler sur les PMR. On peut trouver des poignées de portes de cuisine adaptées, des chaises de douche esthétiques… Il n’y a pas de raisons que les personnes handicapées ne puissent pas choisir leur lavabo ! »