Deux-Sèvres : handicapé, il divorce pour conserver son allocation….

Pour garder le droit à son Allocation Adulte Handicapé, Pascal a fait le difficile choix de se séparer de son épouse et de vivre sous un autre toit.

Il témoigne aujourd’hui alors qu’une réforme est en discussion au Sénat.

Au coeur du débat, la place des personnes handicapées en France.

Quelle place pour les personnes en situation de handicap en France ? Une question qui se pose régulièrement comme ici à Paris en mai 2019.

 

« Je ne triche pas mais je contourne la loi, en fait. Pour moi, il était inconcevable de vivre aux crochets de mon épouse. » Pascal n’a rien à se reprocher. Loin de là. Mais c’est bien la règlementation française qui l’a officiellement obligé à divorcer. « Officiellement », car dans les faits, il ne s’est jamais séparé de sa femme. C’est pour cette raison qu’il témoignait sous couvert d’anonymat la semaine dernière dans les colonnes de nos confrères de La Nouvelle République. « Je suis dans les clous, mais pour vivre heureux, vivons cachés », nous confie-t-il au téléphone.

Pascal vit en fauteuil depuis qu’il est enfant, à cause d’une méchante maladie. Marié en 1986, il sera bientôt l’heureux papa de jumeaux, puis d’un troisième enfant. Mais quand « les petits sont partis du nid »,  le calcul des ressources familiales a drastiquement changé et Pascal ne pouvait plus toucher l’AAH, l’allocation adulte handicapé. Dans les textes, vous ne pouvez plus y prétendre si votre conjoint touche plus de 1630 euros par mois. Le sentiment d’injustice est tellement fort qu’il prend alors une décision radicale : il divorce, « officiellement », et il s’installe dans un nouveau logement. C’est une question de principe.

« On se bat contre un texte mais aussi contre des idées un peu archaïques »

« L’AAH est à 902 euros par mois, on ne va pas devenir richissime grâce à ça, mais c’est au moins une partie du loyer de payée, du budget nourriture et de tout le reste. Si j’ai envie d’aller boire un café quelque part, je n’ai pas envie de devoir demander dix euros à ma femme. Ça me parait évident », explique-t-il.

Alors quand Sophie Cluzel invoque devant le Sénat le 18 février dernier l’article 220 du code civil sur la solidarité entre époux, Pascal a tendance à s’agacer. « La solidarité nationale ne saurait être pensée en dehors de toute forme de solidarité », soutient la secrétaire d’État aux Personnes Handicapées, « parce que le foyer est la cellule protectrice de notre société, la solidarité nationale doit s’articuler avec les solidarités familiales parce que c’est le fondement-même de notre système que d’assurer la juste redistribution de l’effort de solidarité vers ceux qui en ont le plus besoin, il est légitime de tenir compte de l’ensemble des ressources du foyer des bénéficiaires ».

« On se bat contre un texte mais aussi contre des idées un peu archaïques sur l’attribution de cette allocation. Madame Cluzel dit que, puisque c’est versé par la CAF, que c’est une allocation familiale, le conjoint doit être solidaire. Mais à ce moment-là, on peut dire aussi aux femmes de retourner dans leurs foyers et leurs hommes vont leur emmener à manger. C’est d’une autre époque. »

Pascal

Et le Deux-Sévrien, qui « ne se plaint pas », pense surtout à toutes les personnes clouées dans un fauteuil qui n’ont pas la chance d’avoir sa stabilité familiale. « Ça engendre aussi éventuellement une dépendance psychologique et morale et il y a des personnes handicapées qui en souffrent avec, parfois, des risques de maltraitance », explique-t-il, « même si le plafond était à 10.000 euros, ça arrangerait certes beaucoup de gens et moi le premier, mais il y aurait quand même cette notion de dépendance financière ».

« Pour l’instant, le gouvernement n’y est pas favorable. »

Il aura fallu la mobilisation de tout le milieu associatif et des militants engagés sur la question du handicap, pour que le Sénat réactive ce dossier épineux que la classe politique n’a jamais voulu traiter sérieusement. En septembre 2020, une pétition lancée sur la plateforme de l’assemblée (pétitions.sénat.fr) recueille plus de 107.000 signatures. L’objet de cette pétition était justement  « la désolidarisation des revenus du conjoint pour le paiement de l’AAH ».

En janvier 2021, c’est le sénateur des Deux-Sèvres, Philippe Mouiller qui est désigné rapporteur de cette proposition de loi. Il connait bien ce dossier du handicap. Il se trouve que les parlementaires planchent depuis quelques temps sur l’éventualité d’un revenu universel d’activité et, surtout, sur la création d’une cinquième branche de la sécurité sociale sur les risques liés à la dépendance et la perte d’autonomie. Il y a donc une fenêtre pour remettre la question de l’AAH sur le tapis.

Sur le fond, selon le sénateur, il s’agit de redéfinir la nature de cette allocation. S’agit-il d’un minima social comme le RSA ou d’une compensation financière ? « La difficulté depuis le début pour les personnes handicapées, c’est que ça n’a jamais été tranché », explique Philippe Mouiller, « je pense qu’il y a une logique qui tourne vers la compensation. Notre boulot, ça va être de donner une orientation politique sur la nature de cette aide, car pour l’instant le gouvernement n’y est pas favorable. La question, c’est est-ce que la France peut continuer à conserver des situations intenables comme celle qui est exprimée et ensuite, puisqu’on se lance clairement dans une politique de gestion de l’autonomie avec une nouvelle branche de la sécurité sociale, est-ce que ce n’est pas l’occasion de s’en préoccuper ». Peut-être sauf que, comme toujours, la question est aussi budgétaire.

« En réalité, l’AAH aujourd’hui, c’est onze milliards d’euros, mais on estime cette mesure entre 500 et 750 millions d’euros supplémentaires. Ce qui n’est pas négligeable. Mais si le Sénat prend position, ça donne un signe extrêmement fort et ça va être compliqué pour le gouvernement de l’ignorer, surtout qu’on arrive dans des périodes importantes d’échéances électorales. La pétition a donné lieu à une accélération de l’instruction de ce dossier, à mon avis, il faut qu’il y ait la même mobilisation au niveau de l’Assemblée Nationale. »

Philippe Mouiller, sénateur (LR) des Deux-Sèvres

« C’est dommage qu’on ne puisse pas avoir un débat de société là-dessus. »

Malgré tout, Philippe Mouiller n’écarte pas les difficultés de mise en application d’un tel texte. Selon lui, cette question de « déconjugalisation » pourrait bénéficier à beaucoup (126.000 personnes selon ses chiffres) mais nuire à d’autres selon les situations familiales (44.000 toujours selon ses données). À dire vrai, en février dernier, la présidente de la commission au Sénat, Catherine Deroche constatait qu' »aucune étude d’impact approfondie n’a été réalisée faute de données disponibles. Nous avons été assez surpris de cette difficulté des différents organismes à produire des données dans les délais compatibles avec l’examen du texte ».

Car le péché originel, selon Laurent Lejard, rédacteur en chef du site Yanous.com spécialisé sur les questions du handicap, est bien ce déni de la société française vis à vis de ses concitoyens en fauteuil ou avec une canne blanche. « Ce que demande de longue date les associations nationales, APF, France Handicap ou l’ADAPEI, c’est de considérer l’allocation adulte handicapé comme un revenu d’existence qu’on peut qualifier de compensation du handicap », explique le journaliste, « les autres minimas sociaux renvoient à une situation subie et normalement transitoire. Le handicap, lui, il est acquis ».

« Mais en France, on n’a pas ce débat philosophique sur ce que signifie de vivre avec un handicap significatif dans ce pays et de vivre en couple avec ce handicap. La question telle qu’elle est posée, elle n’est pas philosophique ou politique, elle est politicienne et somme toute assez mesquine. C’est dommage qu’on ne puisse pas avoir justement un débat de société là-dessus pour que le statut et la place des personnes handicapées soient pleinement reconnus. Plus on parle de société inclusive, plus j’ai le sentiment qu’on est dans une société d’exclusion. »

Laurent Lejard, rédacteur en chef de yanous.com

« Moi ce que je souhaite, c’est de me remarier. On serait quand même plus tranquille si on vivait sous le même toit et si on avait une vie normale » conclue Pascal. On a forcément un peu de mal à comprendre pourquoi au XXIe siècle un citoyen français se pose encore une telle question.

Source FR3.

Seine-Saint-Denis : 10 mois de prison ferme pour un éducateur qui a frappé un jeune autiste…

La condamnation prononcée par le tribunal de Bobigny correspond aux réquisitions du parquet, indique France Bleu Paris.

Le tribunal judiciaire de Bobigny (Seine-Saint-Denis). (HAJERA MOHAMMAD /RADIOFRANCE)

 

Un ancien éducateur de la maison d’accueil spécialisée des Pavillons-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) a été condamné, vendredi 26 février, à dix mois de prison ferme, rapporte France Bleu Paris. En juin 2019, il avait frappé un jeune autiste lors d’une sortie, la scène avait été filmée et partagée sur les réseaux sociaux.

La peine de prison correspond aux réquisitions du parquet. En revanche, l’ex-éducateur a été condamné à cinq ans d’interdiction d’exercer sa profession, là où le parquet demandait une interdiction définitive. L’employée qui avait filmé la scène, une aide-psychologique, a été condamnée à six mois de prison avec sursis. En revanche, elle n’a aucune interdiction d’exercer contrairement à ce qui avait été requis lors de l’audience, vendredi 19 février, procès auquel aucun des deux mis en cause ne s’est présenté. La victime, âgée de 29 ans à l’époque des faits recevra également 5 000 euros de dommages et intérêts au titre du préjudice moral subi.

Partagée sur les réseaux sociaux et dans les médias, les images montraient cet éducateur menacer et frapper à coups de bâton la victime, lors d’une sortie au stade. La secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel, avait parlé sur franceinfo de faits « accablants« . La gestion du foyer avait été retirée à l’association qui en avait la charge.

Source FR3.

Des anti-infectieux pour guérir l’autisme : un médecin de l’Ain sous le coup d’une radiation…

L’Ordre régional des médecins l’a sanctionné pour « fautes déontologiques ». Un médecin de l’Ain est sous le coup d’une radiation pour un protocole de soin de l’autisme non-validé scientifiquement.

Le Dr Philippe Raymond a fait appel de cette décision.

Un médecin de l'Ain pourrait être radié pour avoir promu et prescrit des anti-infectieux en vue de guérir des enfants autistes. Le Le Dr Philippe Raymond a fait appel de cette sanction infligée par l'Ordre des médecins.

 

Un médecin de l’Ain, membre d’un collectif qui affirme pouvoir guérir l’autisme à l’aide de médicaments anti-infectieux a été radié par l’Ordre régional des médecins pour « fautes déontologiques« . La sanction infligée au Dr Philippe Raymond date du 8 décembre 2020, mais n’a été rendue publique que le 23 février 2021. Le médecin ayant interjeté appel, sa radiation « n’est ni définitive, ni exécutoire« .

Protocole de soin de l’autisme non-validé

Le praticien est un membre fondateur de Chronimed, collectif de médecins créé notamment par le controversé Pr Luc Montagnier, pour « recherche(r) les causes infectieuses cachées dans les pathologies chroniques« . Ce collectif défend notamment un protocole de soin de l’autisme et de la maladie de Lyme par des médicaments antibiotiques, antifongiques et antiparasitaires, dont l’efficacité n’a pas été validée scientifiquement.

Avril 2019, le Conseil national de l’ordre des médecins sonne l’alerte, estimant que « la prise en charge par ce médecin de patients autistes, qui ne correspond pas aux données acquises de la science, est contraire à ses obligations déontologiques« . L’instance disciplinaire saisie va dans le même sens : « le Dr Raymond a méconnu les dispositions (…) du code de la santé publique » qui stipulent notamment que les soins délivrés par un médecin doivent être « fondés sur les données acquises de la science » et que, dans son expression publique, « il doit ne faire état que de données confirmées, faire preuve de prudence et avoir le souci des répercussions de ses propos auprès du public« .

Une victoire pour SOS Autisme France

Cette radiation, même si la sanction ne peut être exécutée compte-tenu de l’appel formulé par le médecin, a été qualifiée de « première victoire » par Olivia Cattan. La présidente de SOS Autisme France avait alerté l’Agence nationale de sécurité du médicament sur ces pratiques consistant à promouvoir et prescrire « des anti infectieux en vue de guérir des enfants autistes« . L’ANSM avait à son tour saisi la Justice pour signaler le cas de plusieurs médecins.

Réaction d’une toute autre teneur : « C’est avec stupéfaction et désolation, que nous avons appris ce jour la sanction de radiation, infligée au Dr Philippe Raymond« , a réagi dans un communiqué l’association France Lyme, défendant un médecin « dévoué et engagé« . L’association rappelle que le praticien n’est « sous le coup d’aucune plainte à charge de patients« , et qu’il avait fait partie du groupe de travail sur la maladie de Lyme au sein de la Haute Autorité de Santé en 2018.

Source FR3.

Côtes-d’Armor. Ils réclament des accompagnants pour les élèves en situation de handicap…

Une cinquantaine de personnes s’est réunie ce mardi 23 février 2021, devant la préfecture de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), pour demander le recrutement immédiat d’accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH).

64 élèves scolarisés dans le département seraient en attente d’un AESH.

Le préfet a ensuite reçu une délégation de syndicalistes, associations, représentants de parents d’élèves et des AESH.

Rassemblement pour le recrutement immédiat des AESH devant la préfecture des Côtes-d’Armor, à Saint-Brieuc.

 

Ils sont accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH), professeurs, représentants syndicaux et parents d’élèves (1) et se sont retrouvés, ce mardi 23 février 2021, à 15 heures, devant la préfecture des Côtes-d’Armor à Saint-Brieuc.

 64 élèves scolarisés dans le département attendraient la nomination d’un AESH. C’est une situation inacceptable. Les droits des enfants doivent être respectés. Sans cette aide humaine, l’enfant est mis en difficulté, il prend du retard et risque le décrochage scolaire , ​explique Stéphane Rabiniaux, enseignant au lycée et secrétaire départemental du syndicat CGT Educ’action.

Des recrutements et une meilleure reconnaissance

Un peu plus loin, il y a Juliette Duchesne, AESH de 51 ans. « Je suis aussi ici pour que notre métier soit mieux reconnu et que nos conditions de salaire soient meilleures ​, indique l’accompagnatrice.

Virginie Sauvage est venue défendre devant la préfecture de Saint-Brieuc les droits de son fils et des autres enfants privés d’AESH.

« Privé d’AESH depuis septembre, faute de budget »

Pancarte au cou, Virginie Sauvage est venue défendre les droits de son fils. Il est écrit : Clément, 6 ans, sans AESH. L’inclusion est un droit, pas une valeur. La valeur monétaire, le budget, sont des mots qui résonnent ici dans de nombreuses bouches.  Mon fils devrait avoir une AESH depuis septembre. Depuis la rentrée, il est privé d’AESH et donc de ses droits. L’inspection académique nous explique qu’ils ne peuvent pas embaucher car ils n’auraient pas le budget. Il faut qu’ils débloquent le budget sans quoi nous devrons saisir le tribunal administratif »,souligne cette maman de 39 ans. ​

Le préfet et le secrétaire général de l’inspection académique de Saint-Brieuc ont ensuite reçu une délégation, pendant une heure. Après l’échange, un des représentants syndicaux indiquait  qu’aucune mesure concrète n’aurait été prise et que les contraintes budgétaires seraient une des explications principales au manque d’AESH ».

(1) Unions départementales CFDT, CGT, FO, FSU, Solidaires, UNSA-Éducation 22, des associations ALMA 22, APEDYS 22, Autisme 22, FCPE 22, des parents d’élèves et des AESH.

Source OUEST FRANCE.

Maladies ophtalmiques : une vidéo EDIFIANTE nous plonge dans le quotidien d’un enfant aveugle…

Une vidéo édifiante relayée par Novartis à l’occasion de la Journée Mondiale des Maladies Rares le 28 février, nous plonge dans le quotidien d’un enfant victime d’une maladie ophtalmique rare : la dystrophie rétinienne héréditaire (DRH).

Maladies ophtalmiques : une vidéo nous plonge dans le quotidien d'un enfant aveugle

 

À l’occasion de la Journée Mondiale des Maladies Rares le 28 février, Novartis relaye une vidéo édifiante qui permet de mieux appréhender le quotidien d’un enfant victime de maladie ophtalmique rare, telles que les dystrophies rétiniennes héréditaires (DRH).

Intitulée « Celui qui ne voyait pas les étoiles », ce film d’animation a pour but de présenter les symptômes caractéristiques de ces maladies et de sensibiliser le public. Aujourd’hui en France, ces DRH concernent plus de 30 000 personnes en France. Dans les cas les plus graves, elles mènent à la cécité.

Une réduction de la vision périphérique doit alerter

« Les dystrophies rétiniennes héréditaires (DRH) représentent un groupe de maladies rares affectant la rétine. Ces pathologies sont dues à l’altération (mutation) de gènes (plus de 250 à ce jour) impliqués dans le fonctionnement et la régulation des cellules de la rétine. Elles entraînent par conséquent une perte progressive et graduelle de la vision pouvant évoluer vers la cécité », présente Novartis.

Ce phénomène entraîne différents symptômes, dont notamment l’héméralopie. Il s’agit de difficultés visuelles lorsque l’intensité de la lumière diminue.

Une réduction de la vision périphérique doit aussi alerter. Les patients voient leur champ visuel réduit. Il leur devient difficile de distinguer les choses en haut, en bas ou sur les côtés, donnant une impression de « vision en tunnel ».

La dyschromatopsie est aussi un symptôme. Il s’agit de troubles de la vision des couleurs, en particulier le bleu et le jaune.

Son apparition est déterminée par les gènes hérités des parents

Ce type de maladie est d’origine génétique. Son apparition est déterminée par les gènes hérités des parents et est due à la présence de modifications génétiques qui induisent le développement de la dystrophie. À ce jour, des mutations dans plus de 250 gènes ont été identifiées.

Les dystrophies rétiniennes peuvent être diagnostiquées par un examen du fond de l’œil. Pour d’autres cas, des examens complémentaires seront nécessaires, qu’il s’agisse d’examens d’imagerie tels que l’autofluorescence ou la tomographie par cohérence optique, ou d’examens fonctionnels tels que l’électrorétinogramme ou l’électrooculogramme.

Source MEDISITE.

La ministre de l’insertion annonce la création de 258 emplois pour les personnes « en fragilité » dans la Vienne…

La ministre chargée de l’insertion, Brigitte Klinkert, était dans la Vienne ce jeudi.

Elle a visité des entreprises du département engagées dans l’insertion et a annoncé la création de 40.000 emplois en France – dont 258 dans la Vienne, pour les personnes fragiles ou en situation de handicap.

La ministre de l'insertion annonce la création de 258 emplois pour les personnes "en fragilité" dans la Vienne...

 

Brigitte Klinkert ne quitte décidément plus le Poitou ! Quelques semaines après être allée dans les Deux-Sèvres, la ministre déléguée auprès de la ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, chargée de l’Insertion, était dans la Vienne ce jeudi 25 février. Visite durant laquelle elle a annoncé la création de nouveaux emplois pour les personnes « en situation de fragilité » ou en situation de handicap.

Brigitte Klinkert a annoncé qu’elle allait renforcer le plan France Relance pour l’inclusion. « Ce sont 40.000 emplois qui vont être créés dans les prochaines semaines. Ce sont des emplois pour des personnes en fragilité mais également pour des personnes qui sont porteuses d’un handicap. Dans le département de la Vienne ce sont 258 emplois qui vont être créés dans des entreprises adaptées et un nombre encore plus important d’emplois dans des structures de l’insertion », détaille la ministre.

Durant cette visite, la ministre est également allée à la rencontre des salariés de l’entreprise adaptée « Deastance Services » à Chasseneuil-du-Poitou puis ceux de l’entreprise STS Handi Intérim à Fontaine le Comte.

Elle a aussi pu prendre un moment pour échanger avec les élus et les acteurs locaux du département chargés de l’insertion.

Source FRANCE BLEU.

La nouvelle éco : avec la crise, Axsol relocalise la fabrication de rampes d’accès pour handicapés…

Relocaliser l’activité pour continuer : c’est ce qu’a fait la PME Axsol basée à Trappes quand un de ses fournisseurs a mis la clé sous la porte avec le début de la crise sanitaire.

L’entreprise a ainsi lancé sa première ligne de production de rampes d’accès en fibre de verre pour les handicapés.

La PME Axsol a relocalisé tout un pan de son activité pour fabriquer des rampes d'accès en fibres de verre au début de la crise sanitaire

 

Relocaliser une nouvelle activité en pleine crise sanitaire : le pari était risqué mais nécessaire pour Axsol, PME basée à Trappes spécialisée dans l’importation et la distribution de rampes d’accès pour les personnes handicapées. « Ce n’était absolument pas prévu dans nos plans de développement, lance le PDG Jean-Paul Mignard, mais un de nos fournisseurs principaux m’a annoncé fin mars 2020 qu’il mettait la clé sous la porte ! »

Ce fournisseur basé au Royaume-Uni est le seul à produire des rampes d’accès pour handicapés en fibres de verre, plus résistantes et personnalisables : un produit qui représente 20% des achats et des ventes d’Axsol. La PME décide alors de reprendre à son compte cette production dans ses locaux de Trappes.

Lancement d’une chaîne de production

« L’industrie n’est pas du tout notre métier initialement, reconnait Jean-Paul Mignard. Mais nous étions tenus par des contrats et des marchés publics à honorer. » La PME doit ainsi fournir 500 rampes d’accès handicapé pour équiper le tramway de Bruxelles : elle n’a pu en livrer qu’une cinquantaine avant la liquidation de son fournisseur britannique, relocaliser la production en Île-de-France pour poursuivre était « nécessaire ».

« On a donc repris l’activité et _créé un atelier d’assemblage, finition et expédition dans nos locaux à Trappes_« , précise le PDG d’Axsol. Depuis le mois de septembre, c’est depuis l’Île-de-France que les rampes d’accès handicapés sont ainsi fabriquées et envoyées. Une personne supplémentaire a été recrutée dans la PME de 15 salariés, et « on envisage d’avoir trois à six personnes en plus d’ici trois ans. »

Du Made in France compétitif

Relocaliser la production depuis le Royaume-Uni a été un challenge au vu des restrictions liées au coronavirus. _ »_La reprise de matériel, des moules et des outillages nous a coûté 150.000 euros, explique Jean-Paul Mignard. Le plus contraignant était de produire à nouveau ces matériels sans avoir de transfert de technologies puisqu’on ne pouvait pas se déplacer entre le Royaume-Uni et la France. »

Le coût de production est supérieur d’environ 12% en France, selon les premières estimations de l’entreprise, « ce qui s’explique en partie par le différentiel du coût de main d’oeuvre, plus qualifiée en France avec plus de charges sociales. » Pas de quoi faire fuir les clients pour l’heure, assure le PDG d’Axsol : « ils ont très bien accepté et compris cette démarche, voire _affichent de façon extrêmement claire le Made in France_. »

Source FRANCE BLEU.

Handicap : 50 % des établissements recevant du public accessibles dans le Val-d’Oise…

Avec 50 % de ses établissements recevant du public déclarés « accessibles », le département se classe légèrement en dessous de la moyenne francilienne de 53 %.

Il compte 236 360 personnes en situation de handicap.

 L’association Mobilité réduite a réalisé un travail minutieux pour réaliser cette étude sur l’accessibilité administrative des ERP.

 

Selon une étude de l’ association Mobilité réduite, datée de février 2021, l’Ile-de-France se classe 3e sur 13 régions de France, quant à l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite (PMR) des établissements recevant du public (ERP) et des installations ouvertes au public (IOP), avec un indicateur de 53 %. C’est mieux que le reste de la France, à 41 %.

Le Val-d’Oise quant à lui, obtient tout juste la moyenne, avec 50 %. L’Essonne, la Seine-Saint-Denis et les Yvelines sont classés derrière lui. Paris, la Seine-et-Marne, les Hauts-de-Seine et le Val-de-Marne sont quant à eux mieux lotis.

Handicap : 50 % des établissements recevant du public accessibles dans le Val-d’Oise

Dans cette étude, tous les établissements ayant déposé une déclaration d’accessibilité ou inscrits dans la démarche d’un Agenda d’accessibilité programmée (Ad’AP), ont été pris en compte. En effet, voyant que le pari de l’accessibilité ne pourrait pas être tenu, la France s’est accordée, en 2014, des reports de trois, six ou neuf ans pour devenir « accessible ».

L’étude révèle donc le taux d’accessibilité que l’on va retrouver théoriquement en 2024. Mais attention, comme le souligne Jean-Michel Royère, le président de l’association, « il s’agit d’un indicateur de l’accessibilité administrative. Il peut y avoir un peu plus d’ERP accessibles en réalité car il faut que les documents aient été transmis et publiés par les préfectures. »

510 000 personnes à mobilité réduite dans le Val-d’Oise

Dans le Val-d’Oise, sur 14933 ERP étudiés, 7 453 sont inscrits dans la démarche Ad’AP. Il s’agit aussi bien de bâtiments publics, que de commerces, de cabinets médicaux, etc., comptabilisés selon une cinquantaine d’activités prédéfinies par l’association. Ce sont généralement les petits établissements de catégorie 5 qui répondent le moins aux obligations.

Pour expliquer ces résultats mitigés, Jean-Michel Royère dénonce « un manque d’harmonisation entre les communes », « un manque de préoccupation des élus » et « de la méconnaissance et du je-m’en-foutisme des experts ». « Ceux qui vérifient l’accessibilité, ce sont des associations comme nous. On peut obtenir des fermetures administratives et des amendes si la loi n’est pas respectée », prévient-il.

En Ile-de-France, sur 12 millions d’habitants, l’association dénombre 4,9 millions de personnes à mobilité réduite dont 2,3 millions de personnes en situation de handicap. Le Val d’Oise, avec près de 1,25 million d’habitants, comporte environ 510 000 personnes à mobilité réduite dont 236 360 personnes en situation de handicap.

Source LE PARISIEN.

Elles racontent le handicap invisible : « J’ai l’impression de devoir me justifier en permanence »…

Leur corps paraît en bonne santé, elles sont pourtant pétries de douleurs.

Porteuses d’un « handicap invisible » des millions de personnes mènent au quotidien un double combat : faire face à la maladie, mais aussi être reconnues par la société.

handicap invisible

 

Lorsque l’on parle de handicap, on pense immédiatement (et naïvement) aux seules personnes en fauteuil roulant. Mais saviez-vous que 80% des handicaps sont en réalité « invisibles » ? À l’échelle de la France, cela représente 9 millions de personnes, selon l’association APF France Handicap.

Le handicap invisible est une appellation regroupant plusieurs maladies. Il peut s’agir de maladies invalidantes, chroniques ou non, comme le diabète, l’endométriose ou le cancer, mais cela peut aussi concerner certaines maladies auto-immunes, comme la sclérose en plaques, ou encore des troubles comme le syndrome d’Asperger, l’hyperactivité, la dyslexie ou la dyspraxie, les suites d’un accident vasculaire cérébral ou d’une rupture d’anévrisme, la bipolarité, etc. Une liste bien évidemment non exhaustive tant elle serait trop longue à détailler.

Le handicap invisible recouvre donc des réalités très diverses, ayant pour seul point commun de ne pas être détectables à l’œil nu. Une particularité qui fait du quotidien des malades un véritable défi.

Contraintes, douleurs et charge mentale imperceptibles

Même s’il ne se voit pas, le handicap n’en demeure pas moins invalidant. Les malades souffrent de diverses affections et doivent composer avec les conséquences de la maladie dans un quotidien qui n’est pas toujours adapté à leurs maux.

C’est le cas de Sophie, 47 ans, atteinte d’une otospongiose bilatérale, une maladie extrêmement rare qui touche l’oreille interne. Sophie n’entend pas très bien et souffre d’acouphènes, de jour comme de nuit. Son audition a chuté au fil du temps, mis plus particulièrement après ses deux grossesses. « Je dois perpétuellement préciser à mes interlocuteurs que je suis malentendante. J’ai du mal à m’adapter dans les milieux bruyants, car je ne parviens pas à isoler les bruits, il m’est difficile d’échanger avec plusieurs personnes en même temps », nous explique-t-elle.

À 28 ans, Astrid* est atteinte de spondylarthrite ankylosante et de rhumatisme psoriasique, deux pathologies lourdes. Sa première affection est une maladie rhumatismale qui atteint surtout la colonne vertébrale et le bas du dos. Elle se traduit par des douleurs et une perte de souplesse des articulations.

Il s’agit d’une maladie chronique et évolutive, qui conduit à une raideur progressive des articulations. À terme, les vertèbres peuvent même se souder, provoquant alors une rigidité prononcée de la colonne vertébrale. Le rhumatisme psoriasique se traduit quant à lui, par une inflammation des articulations à l’origine de douleurs et de raideurs, associées à de la fatigue.

Seuls des traitements de confort (à base d’antidouleurs puissants), des traitements de fond pour freiner les inflammations et les atteintes des tissus articulaires (anti-inflammatoires et immunosuppresseurs), ainsi que des séances de kinésithérapie, ont pu lui être prescrits afin de limiter ses douleurs. « Ce sont des traitements lourds et fatigants. Malgré l’arrêt des anti-inflammatoires aujourd’hui, la fatigue est toujours là et les douleurs vont et viennent au gré de mes activités », détaille Astrid.

Les douleurs ne sont pas faciles à gérer au quotidien et rendent les moindres tâches compliquées pour la jeune femme : passer l’aspirateur, rester debout plus d’une heure… relèvent selon les jours de l’exploit. « Je ne peux jamais prévoir quand j’aurai mal, déplore-t-elle. Les durées des crises peuvent être plus ou moins longues, pouvant aller jusqu’à m’empêcher de marcher correctement. J’ai aussi beaucoup de maux de tête à cause de douleurs cervicales, du psoriasis, et je cumule beaucoup de fatigue. » Ses temps d’activités sont limités et précèdent toujours un temps de repos, nécessaire à sa récupération.

« On m’a indiqué que c’était une maladie dont je ne guérirai pas et pour laquelle il n’y avait pas de traitement. »

De son côté, Julia*, 34 ans, est atteinte de diabète depuis 20 ans. Une maladie contraignante et invalidante rythmée par les variations de son taux de sucre dans le sang. Elle doit en permanence surveiller ce dernier et s’injecter de l’insuline pour compenser le travail que n’effectue plus son pancréas. De l’extérieur, on ne soupçonne absolument pas sa maladie et le traitement qu’elle impose.

Pendant plusieurs années, elle est contrainte de s’isoler aux toilettes ou dans une pièce vide pour prendre son traitement. « Je ne me voyais pas en parler ouvertement et ‘imposer’ en quelque sorte ma maladie en faisant mes piqûres devant des gens par exemple. » Les progrès de la médecine aidant, elle peut désormais se soigner en toute discrétion. « Aujourd’hui, je peux assister à une réunion ou me balader dans l’open space tout en contrôlant ma glycémie ou en m’injectant de l’insuline sans que personne autour de moi ne soupçonne rien ». Des évolutions qui ont évidemment amélioré le quotidien de Julia et sa gestion de la maladie, mais qui l’invisibilise finalement davantage.

À cause des variations parfois incontrôlables de son taux de sucre, le diabète entraîne chez elle beaucoup de fatigue et de déconcentration. « Lorsque je fais des hypoglycémies la nuit, je suis toujours un peu dans les vapes le lendemain, car mon cerveau a manqué de sucre parfois pendant plusieurs heures. Quand j’en fais au travail, il me faut aussi un petit temps de récupération. Ce n’est pas toujours simple à gérer et il est difficile d’être proactive dans ces conditions », regrette-t-elle. « Il y a aussi toujours ce stress de faire une hypoglycémie au mauvais moment. C’est une vraie charge mentale. »

Faire face aux préjugés et discriminations

Aujourd’hui plus que jamais, les mots « intégration » et « égalité des chances » résonnent comme des gageures dans une société qui se revendique équitable et tolérante. Si l’on sait que la réalité est loin d’être à la hauteur, d’autant plus lorsque les différences sont visibles, qu’en est-il lorsqu’il s’agit d’un handicap invisible ?

« Beaucoup de malades se disent victimes de préjugés ou de discriminations en raison de l’invisibilité de leur handicap », remarque Patrice Tripoteau, Directeur général adjoint de l’APF France Handicap. « L’image que la société renvoie de l’individu est celle d’une personne sans problème, ni maladie, et dont les difficultés de fonctionnement seraient corrigibles par la simple volonté. »

Comme Sophie n’entend pas forcément lorsque l’on s’adresse à elle, certaines personnes deviennent agressives envers elle dans les magasins. « Si je ne me pousse pas assez rapidement, comme mon handicap n’est pas total et qu’il ne se voit pas, les gens ne comprennent pas et lorsque je précise que je suis malentendante, beaucoup pense que je me moque d’eux. J’ai l’impression de devoir me justifier en permanence. Certaines personnes ne veulent pas comprendre, s’agacent lorsque je demande de répéter une phrase ou me font des remarques désobligeantes, comme : ‘Tu n’as rien prévu pour améliorer les choses’, ‘Tu vas te faire ré-opérer ?’ ou encore ‘Ton appareil fonctionne mal aujourd’hui ?' ». Des phrases qui, à la longue, blessent Sophie profondément.

« J’ai parfois souvent eu la sensation que certaines personnes pensaient que je mentais ou que j’exagérais. »

Astrid a fait de nombreuses fois l’objet de discriminations. Dans le cadre de l’achat de sa maison par exemple, elle et son conjoint ont dû déposer environ 12 dossiers auprès d’assureurs, avec l’aide d’un courtier, impuissant face aux refus qui s’enchainaient. « C’était l’enfer et j’étais très en colère. À chaque dossier que je faisais, je devais fournir un questionnaire de santé (tous différents pour chaque assureur) rempli par mon médecin ou ma rhumatologue, mais aussi fournir tous les comptes rendus d’examens et les traitements en cours ou à venir. J’y ai passé deux mois. Finalement, j’ai trouvé une assurance moi-même, en fouillant sur Internet et sur les réseaux sociaux auprès de groupes de patients pour trouver une assurance qui accepte mon dossier. Cette dernière avait publié un communiqué de presse datant de 2015 dans lequel elle indiquait offrir des modalités d’assurance assouplies pour les patients atteints de rhumatismes inflammatoires. Avec le courtier, nous avons saisi ce dernier espoir et mon dossier est enfin passé. »

La jeune femme a elle aussi l’impression de devoir sans cesse justifier être réellement malade. « J’ai le sentiment de devoir donner des explications quant à mon état pour que l’on me croit. J’ai parfois souvent eu la sensation que certaines personnes pensaient que je mentais ou que j’exagérais. Je pense que cela vient du fait que c’est une maladie aussi peu connue, ce qui peut provoquer de la méfiance par rapport aux explications que je donne. Je fais en sorte de simplifier, mais pas trop non plus pour ne pas réduire cette maladie à un simple mal de dos ! »

La carte d’invalidité ou de coupe-file lui a été refusée il y a cinq ans. Une situation que comprend Astrid mais qui lui rend le simple fait de prendre les transports difficile. « Selon la Maison Départementale des Personnes Handicapées – MDPH, je ne suis ‘pas assez handicapée’ pour en bénéficier. Ce qui n’est pas tout à fait faux : je n’ai pas de canne, je ne suis pas en fauteuil roulant… Mais parfois, lorsque je suis en crise inflammatoire dans les transports en commun, j’aimerais pouvoir m’asseoir et au besoin brandir ma carte pour faire cesser les regards offusqués de vieilles dames qui veulent ma place lorsque j’arrive à en avoir une. Souvent, je me lève et propose ma place, puis je serre les dents jusqu’à ma station de sortie. »

Pour Julia, il a toujours été hors de question d’évoquer d’emblée son handicap à de futurs employeurs. « Je n’ai jamais parlé de mon diabète lors de mes entretiens d’embauche ou pendant les premiers mois de mes contrats. Je sais que les problèmes de santé peuvent rendre les employeurs frileux. J’avais déjà entendu trop d’histoires allant dans ce sens. Ils se disent que l’on risque d’être plus souvent absents ou moins performants. Je ne voulais pas prendre le risque de passer à côté d’un travail à cause de cela. »

À l’inverse de Sophie et Astrid, Julia n’a jamais fait de demande de Reconnaissance en Qualité de Travailleur Handicapé, estimant ne pas en avoir réellement besoin pour le moment. « Je redoute surtout les démarches, qui peuvent être longues et compliquées. » Néanmoins, elle a demandé à ce qu’un frigo soit installé au sein de l’open space où se trouve son bureau, afin qu’elle puisse y stocker une piqûre d’urgence à lui faire en cas de malaise hypoglycémique très sévère. « C’est vital pour moi mais pour l’instant, je l’attends toujours, regrette-t-elle. »

Libérer la parole et accepter son handicap

Le fait de souffrir d’un handicap invisible pose un double enjeu : à la fois dans la reconnaissance en tant que malade par autrui mais également par soi-même. Nombreux sont les malades qui ne se sentent pas réellement légitimes ou concernés lorsque l’on évoque le mot « handicap ».

« Je ne me sens pas vraiment handicapée, nous dit par exemple Sophie. C’est difficile à expliquer mais je n’ai pas envie d’être dans une ‘case’. J’ai toujours eu une vie ‘normale’, des amis, une famille, une vie professionnelle… J’ai du mal à me considérer comme handicapée, même si c’est le cas », reconnaît-elle.

Évoquer son handicap peut s’avérer être libérateur. Quand Julia souffre des effets secondaires de la maladie, elle n’hésite plus à en parler. « Les gens sont alors plus compréhensifs et n’associent pas mon attitude à quelque chose de négatif. Ils ne risquent pas de penser : ‘C’est quoi son problème à celle-ci aujourd’hui ? Elle a dû se lever du pied gauche !' ».

Je préfère que les gens voient la personne que je suis avant mon handicap.

Officialiser avec ses pairs, porteurs d’atteintes similaires, peut également apporter une certaine protection contre les jugements négatifs et stigmatisants. « Pouvoir s’abriter derrière la chaleur du groupe, plutôt que d’être isolé dans sa propre intériorité, permet de se sortir de l’épineux dilemme de la dissimulation ou non de son handicap », écrivait Alain Blanc, sociologue et professeur à l’Université Pierre-Mendès-France de Grenoble, dans le numéro de Faire Face de juillet-août 2020.

Julia évoque quelquefois sa maladie sur les réseaux sociaux : « Je peux faire une story ou un post sur le sujet, mais je ne me vois pas en faire un compte dédié, comme le font certains malades. Par contre, je trouve leur démarche super et je suis de près quelques diab-influenceurs. Ils donnent des conseils avisés, permettent aux malades de rester informés sur les nouveaux traitements et de se sentir moins seuls. »

Astrid a parlé de sa maladie avec ses proches dès que le diagnostic a été posé. « J’ai dans un premier temps fait face à leur incompréhension ou leurs mots dubitatifs du type ‘Oui mais ça va ? Tu ne vas pas en mourir’, m’a par exemple dit mon père lorsque je lui ai expliqué de quoi je souffrais. À force d’explications et voyant mon état s’aggraver (ou ne pas s’améliorer) ils ont fini par comprendre. » Néanmoins, la jeune femme doit très souvent leur faire des piqûres de rappel, « car comme cela ne se voit pas, ils semblent parfois oublier que je suis malade et que ça ne changera pas. Il faut dire aussi que j’ai une soeur aînée handicapée lourdement depuis sa naissance, donc à côté, moi, je ne m’en sors pas trop mal… », nous explique-t-elle.

Avec ses amis, elle a tendance à éviter le sujet. « C’est difficile d’expliquer pourquoi je ne vais pas les voir, ou pourquoi je ne me rends pas disponible pour les recevoir car je suis simplement fatiguée. » De même, elle n’évoque la maladie avec ses collègues que lorsque cela devient vraiment nécessaire, « pour ne pas qu’ils pensent que je me drogue quand j’arrive le matin très fatiguée, notamment lorsque j’ai pris des anti-douleurs. »

Autant de regards et de questions qu’Astrid préfère, sauf nécessité, s’épargner : « J’apprécie le fait de ne pas ressentir de regards de pitié ou de regards insistants et curieux de la part de personnes qui ne me connaissent pas. J’ai déjà ressenti ce regard sur le handicap de ma grande sœur et c’est assez déroutant. Je préfère que les gens voient la personne que je suis avant mon handicap, même s’il est évident qu’il fait partie de moi et qu’il forge la personne que je suis aujourd’hui ».

De l’aide du côté des associations

Face à la double peine de la gestion quotidienne de la maladie et se sa reconnaissance comme telle par autrui, les personnes en situation de handicap peuvent compter sur des associations. Soutien de proximité, information, groupes de parole, formation… Nombreuses sont celles à multiplier les initiatives et dispositifs pour accompagner les malades au quotidien, à défaut d’une prise en charge optimale de leurs besoins et contraintes par une société qui, aujourd’hui encore, accuse un retard sur ces questions.

C’est notamment le cas d’APF France Handicap, qui revendique la pleine reconnaissance de tous les handicaps invisibles. « L’association s’investit également auprès des Centres d’action médico-sociale précoce (CAMPS), chargés du dépistage et du diagnostic des déficits et des troubles, mais également de la prévention ou de la réduction de l’aggravation des handicaps, qu’ils soient visibles ou non, chez les enfants de 0 à 6 ans », détaille Patrice Tripoteau.

En mars 2021, l’association se portera partie civile dans un procès pour discrimination contre le Lycée Molière, dans le 16ème arrondissement de Paris. En 2016, son proviseur, Myriam Honnorat, avait en effet refusé de continuer à accueillir dans son établissement Amélie Marc, atteinte de la maladie de Lyme.

La jeune fille, alors âgée de 19 ans, y suivait des études de lettres classiques dans le cadre de sa deuxième année de classe préparatoire. Bien qu’elle éprouvait des difficultés à se déplacer et donc à rejoindre sa salle de cours au deuxième étage, le lycée disposait de pièces libres au rez-de-chaussée, où les cours auraient pu être dispensés. « AFP France Handicap souhaite ainsi rappeler à l’ensemble des responsables d’établissements scolaires leurs obligations en matière de scolarisation dans les conditions définies par la loi handicap de février 2005 », nous indique son Directeur adjoint.

Tout le monde a tendance à penser que ce qui ne se voit pas n’existe pas. C’est donc pour faire « exploser les préjugés » que l’Alliance maladies rares a produit un film dans lequel le jeune Max porte ses vêtements à l’envers, suscitant un regard désapprobateur des autres parents d’élèves. En fait, Max protège sa peau rendue extrêmement fragile par une épidermolyse bulleuse, maladie qui provoque des plaies au moindre frottement.

Dans le même esprit, l’Union nationale des syndromes d’Ehlers Danlos (UNSED) a récemment diffusé un petit clip sur le thème « Je roule beaucoup mais je marche encore ». Son but ? Montrer l’intérêt d’un fauteuil électrique en cas d’entorses et de luxations à répétition. « On nous juge sans rien connaître de notre maladie », déplore Valérie Gisclard, présidente de l’UNSED, dans le magazine Faire Face.

Comme l’écrivait Antoine de Saint-Exupéry, « on ne voit bien qu’avec le coeur. L’essentiel est invisible pour les yeux. »

* Les prénoms ont été modifiés.

Source MARIE CLAIRE.

Le mouvement pour la neurodiversité, un progrès pour les personnes autistes?…

Avec ce concept militant, qui considère qu’il existe une diversité des cerveaux humains et des fonctionnements neurologiques, l’autisme est vu comme une simple différence, pas une pathologie.

 

Corpulence, traits du visage, carnation: nos différences sont infinies, et il en va de même pour notre cerveau. Il existe autant de fonctionnements cognitifs que d’individus sur Terre. La notion de neurodiversité englobe ce constat et va au-delà: «Les différences neurologiques [doivent être] reconnues et respectées comme toute autre variation humaine.»

Neurodiversité? Forgée en 1998 par le journaliste Harvey Blume et la militante Judy Singer en appui des revendications portées par les personnes concernées depuis les années 1960, cette notion bouleverse la notion même de handicap. Loin d’être une pathologie qu’il faudrait absolument guérir, il ne serait au contraire qu’un décalage face au manque d’adaptation d’une société exclusivement conçue par et pour des personnes valides.

Ainsi, une personne autiste est-elle atteinte d’un trouble qu’il faudrait soigner voire éradiquer, si elle a accès à des lieux où son hypersensibilité sensorielle est prise en compte, avec une moindre luminosité par exemple? Ses gestes perçus comme brusques et répétitifs (battre des mains, secouer les membres, se frotter la tête, etc.) pourraient être aussi bien tolérés que les gestes réflexes que nous faisons tous, comme croiser et décroiser les jambes en position assise.

Car certaines pratiques varient d’une société à l’autre; comme parler en regardant l’autre en face, qui n’est pas un comportement naturel partout. «Regarder dans les yeux est mal vu au Japon. Même chose pour la capacité à tenir ses couverts à table: lorsque l’on a des troubles praxiques importants, on est vu comme quelqu’un de peu autonome et défavorisé dans des cultures où il faut manger avec des couverts ou sans se salir, mais pas dans des cultures où l’on mange avec les doigts», explique Thibault Corneloup, porte-parole du Collectif pour la liberté d’expression des autistes (CLE Autistes).

Et si la perception de l’autisme comme pathologie n’était finalement qu’une affaire de conventions sociales?

L’autisme, une simple différence?

«L’autisme en tant que tel ne vous fait pas souffrir. Ce qui vous fait souffrir, c’est l’exclusion, c’est le rejet», témoigne l’auteur Josef Schovanec.

Les partisans de la neurodiversité affirment que leurs difficultés en tant que personnes autistes disparaîtront avec «les nombreuses barrières physiques, culturelles et sociales d’une société qui ignore nos besoins sensoriels, notre style cognitif ou de communication. Nous voulons par exemple plus de recherches sur les méthodes de communication alternatives permettant d’exprimer plus de besoins ou d’avis quand le langage oral ne peut être utilisé», revendique Thibault Corneloup.

Les défenseurs du concept de neurodiversité seraient très souvent des personnes atteintes du syndrome d’Asperger.

L’autisme ne serait donc pas un trouble ni une pathologie, mais une simple différence. Un premier constat se dégage ainsi, d’après M’Hammed Sajidi, président et fondateur de Vaincre l’autisme, association active depuis vingt ans qui a déjà remporté plusieurs batailles juridiques déterminantes: selon lui, les défenseurs du concept de neurodiversité seraient très souvent des personnes atteintes du syndrome d’Asperger, qui ne souffrent pas de difficultés lourdes aux niveaux intellectuel et cognitif.

Des troubles pluriels

Il faut dire que la notion d’«autisme» recouvre une multitude de réalités. L’autisme est un «trouble précoce du développement du système nerveux central», selon la définition de la Haute Autorité de santé.

Reconnu comme un handicap en France depuis 1996, l’autisme se caractérise par des difficultés à lire et comprendre les émotions d’autrui, une incompréhension de l’implicite et donc une difficulté à nouer des relations sociales, des centres d’intérêt restreints, des gestes stéréotypés et répétitifs et une sensibilité sensorielle surdéveloppée.

«Certaines personnes autistes ont exprimé le souhait de voir l’autisme soigné. Cela suscite l’indignation des partisans de la neurodiversité.»

Jonathan Mitchell

Le trouble du spectre autistique (TSA), comme il est convenu de l’appeler en référence au DSM-5 (dernière édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), concerne environ 1% de la population selon l’Inserm. «Les études les plus récentes parlent aujourd’hui d’1 naissance sur 50», précise le Livre blanc scientifique et international de l’association Vaincre l’autisme, publié en 2018.

L’autisme, c’est aussi parfois une incapacité à parler, une surcharge d’émotions et d’angoisses face à l’incommunicabilité qui peut entraîner des comportements violents, destructeurs ou des automutilations. Mère d’un enfant gravement atteint, l’autrice américaine Amy S.F. Lutz a ainsi recueilli sur son blog des témoignages de parents qui évoquent des agressions physiques d’enseignantes, d’élèves et de personnes inconnues, mais aussi des troubles alimentaires, des insomnies chroniques, etc.

Plus de la moitié des enfants autistes ont des comportements violents envers les autres et/ou eux-mêmes, révèle ainsi une étude publiée en 2013 dans la revue Research in Autism Spectrum Disorders. Et 31% des enfants diagnostiqués avec un TSA présentent une déficience intellectuelle associée.

Un concept militant ou scientifique?

Concerné lui-même par ce trouble, l’Américain Jonathan Mitchell ne se reconnaît pourtant pas dans le discours des militants en faveur du concept de neurodiversité. «Certaines personnes autistes dont moi-même ont exprimé le souhait de voir l’autisme soigné. Cela suscite l’indignation des partisans de la neurodiversité. Ils assimilent un remède à l’autisme à l’eugénisme et au génocide. […] Beaucoup de personnes autistes ne savent ni parler ni utiliser un ordinateur. Ils ne peuvent pas s’opposer à la “neurodiversité” parce qu’ils ne peuvent pas exprimer leur position. Ils sont trop handicapés, pourrait-on dire.»

Selon M’Hammed Sajidi, le discours d’associations comme le CLE Autistes n’est que l’avis d’un groupe de personnes sur un sujet qui, en effet, ne concerne qu’elles: leur santé. La notion de neurodiversité, à la fois descriptive et normative, n’a aucun fondement scientifique, rappelle-t-il. C’est un concept militant qui ne doit pas prévaloir sur des données factuelles.

Dans les faits, l’autisme est une maladie dont on ne connaît pas les causes. En tant que maladie, l’autisme entraîne un handicap, c’est-à-dire une vulnérabilité dans l’accès aux droits. La mission première de l’association est de garantir l’accès aux droits fondamentaux, notamment une adaptation du système scolaire. En cela, elle rejoint les revendications liées à la neurodiversité. M’Hammed Sajidi dénonce ainsi les incapacités du système de santé lui-même, qui montre un manque criant de connaissances de la maladie et de ressources pour accompagner ces personnes.

Cela étant, et c’est le propos de Vaincre l’autisme grâce à qui des méthodes abusives comme le packing et l’usage de neuroleptiques a été interdit en France, dénoncer une situation d’exclusion ne signifie pas nier que l’autisme est une «aberration neurologique» qui entraîne de graves difficultés et que la majorité des personnes autistes souffrent d’un handicap cognitif. Puisse le progrès dans l’accès aux droits ne pas se faire aux dépens de la recherche médicale vers une moindre souffrance.

Source SLATE