Macron et le handicap, un programme partiellement tenu. Point complet…

Si le thème de l’inclusion du handicap a été porté avec force pendant cinq ans, de nombreux sujets sur lesquels le président s’était engagé restent en souffrance. 

Macron et le handicap, un programme partiellement tenu. Point complet...(photo d’illustration)

 

Le candidat Emmanuel Macron avait fait de la lutte contre les inégalités subies par les personnes en situation de handicap une de ses priorités en 2017, avec une ambitieuse liste de promesses. Cinq ans après, il est possible de dresser un bilan de l’action de l’exécutif pour une meilleure intégration des quelque 12 millions de personnes concernées.

Si ce thème a été porté avec force pendant cinq ans, plusieurs sujets sur lesquels le président s’était engagé restent en souffrance, tandis que d’autres, imprévus, ont émergé sans toujours satisfaire le monde du handicap. Ecole, emploi, logement, aidants… : le point sur les grands dossiers du quinquennat.

Ce qui était promis et a été (en partie) tenu

  • Renforcer le droit au travail

Emmanuel Macron, candidat, s’était engagé à « favoriser l’insertion professionnelle des personnes handicapées » s’il était élu. Au bout de cinq ans, cette promesse n’est que partiellement tenue.

L’effort de l’Etat en faveur de l’emploi des personnes handicapées durant le quinquennat s’est confirmé en passant à près de 1,8 milliard d’euros en 2020, contre 1,7 milliard d’euros en 2017. Les mesures d’aide à l’embauche (4 000 euros pour chaque handicapé employé) et de soutien à l’apprentissage des travailleurs handicapés ont été particulièrement saluées par les acteurs du secteur.

Toutefois, le taux d’emploi et le taux de chômage des travailleurs handicapés n’ont pas significativement évolué en cinq ans : « Les baisses du chômage doivent être analysées avec prudence car elles résultent notamment d’un fort recul de personnes sans emploi en recherche active d’emploi, lié aux restrictions de déplacement suite à la crise Covid », analyse l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées), l’organisme chargé de collecter et de redistribuer les pénalités infligées aux entreprises qui ne respectent pas le quota de recrutement de 6 % de personnes handicapées dans leurs effectifs.

En revanche, le taux de chômage de longue durée (plus d’un an) s’est clairement aggravé. « Les derniers chiffres montrent que lorsque les personnes en situation de handicap sont au chômage, elles y restent durablement, sans perspective de retour sur le marché du travail. La crise Covid a aggravé le phénomène, avec une progression vertigineuse de la durée moyenne d’inscription », décrit APF France handicap.

Les personnes handicapées davantage touchées par le chômage de longue durée


Quant à l’emploi accompagné, dispositif phare de l’exécutif, où un conseiller fait le lien entre l’employeur et l’employé, il ne bénéficie qu’à 6 000 personnes : « Il faut le temps que les accompagnateurs soient formés », justifie la secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel.

  • Améliorer l’intégration scolaire

Quelque 70 000 enfants, souvent les plus lourdement handicapés, sont dans des établissements spécialisés médico-sociaux. Parallèlement, 400 000 enfants en situation de handicap sont scolarisés dans l’école ordinaire (un nombre en hausse de 19 % depuis 2017) avec 125 000 accompagnants (en hausse de 35 %).

Interrogée sur le nombre d’enfants qui ne trouveraient pas de solution, Sophie Cluzel rétorque : « Les associations parlent de 20 000 enfants, mais il s’agirait plutôt de 300 à 400 enfants. Certains sont sur liste d’attente pour un établissement mais ils ont un accompagnement à la maison. »

Bel effort, mais peut mieux faire, jugent les spécialistes : « A chaque rentrée, la scolarisation demeure un leurre pour un certain nombre d’élèves, qui restent encore sans moyens de compensation, sans école ou avec un nombre limité d’heures d’enseignement », regrette Arnaud de Broca, président de Collectif Handicaps. En cause, le manque de formation et la précarité des accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH).

Ces accompagnants, en contrat précaire, recrutés à temps partiel, peuvent accompagner plusieurs élèves handicapés par jour dans différents lieux. Ils perçoivent un salaire de 700 euros net par mois en moyenne. Ils n’ont que soixante heures de formation initiale quand leurs collègues italiens, par exemple, bénéficient de deux ans et demi d’apprentissage.

  • Faciliter les démarches administratives

Qu’il s’agisse de la vie quotidienne, de la scolarité ou de l’insertion professionnelle, la prise en charge administrative est assurée par les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH). Ces structures locales déterminent le taux d’incapacité des personnes et instruisent chaque année, pour 1,7 million de bénéficiaires, quelque 4,5 millions de demandes d’aides, qu’elles soient financières, matérielles ou humaines.

Emmanuel Macron, qui s’était engagé à faciliter les démarches administratives des personnes handicapées, s’est davantage concentré sur la rapidité de traitement des dossiers (très différente d’un département à l’autre) que sur le « référent facilement accessible » mentionné dans son programme – un numéro vert a toutefois été mis en place.

Ainsi, la durée moyenne de traitement d’un dossier était de 4,4 mois au troisième trimestre 2021 contre 4,6 mois en 2019. La durée moyenne de traitement d’un dossier est encore supérieure à six mois dans quatorze départements, alors qu’elle est inférieure à quatre mois dans quarante-sept départements, souligne le secrétariat d’Etat chargé des personnes handicapées.

D’autres mesures visaient à faciliter les démarches : l’allongement de la durée maximale d’attribution de cinq à dix ans de certains droits (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé, allocation compensatrice…) et l’octroi des droits à vie pour les personnes dont le handicap est irréversible, comme la trisomie ou une amputation.

  • Donner de l’aide aux aidants

« Nous favoriserons les périodes de répit pour les aidants », promettait Emmanuel Macron. Une promesse une nouvelle fois partiellement tenue : la prise en compte de la situation des personnes aidantes (qui sont environ 8 millions) dans le calcul de l’âge de départ à la retraite a été repoussée avec la réforme de l’ensemble du système de retraite qui devait la contenir.

Le « chèque bilan santé-social » qui devait leur être proposé n’a pas non plus vu le jour. Une plate-forme d’accompagnement s’appuyant sur des équipes de professionnels (Assist’aidant) a bien été créée, mais elle n’opère pour le moment qu’à Paris et en Indre-et-Loire.

En revanche, les aidants en activité peuvent désormais bénéficier d’une indemnisation du congé pris pour aider un proche : l’allocation journalière de proche aidant (AJPA) ou de présence parentale (AJPP), pour les parents d’enfants handicapés, qui a été revalorisée à 58,59 euros par jour depuis le 1er janvier. Toutefois, sa durée est limitée à soixante-six jours. « Cette indemnisation empêchera-t-elle le recours aux arrêts maladie ? Cela reste à voir… », note APF France handicap. A l’image des autres associations, elle salue en revanche la défiscalisation du dédommagement que peut verser l’aidé à l’aidant.

  • Améliorer la protection des majeurs sous tutelle

La France compte entre 800 000 et un million de personnes majeures protégées par une mesure de tutelle, de curatelle ou de sauvegarde de justice. Environ la moitié d’entre elles s’appuient sur leur famille – les autres dépendent de professionnels qui suivent jusqu’à soixante personnes chacun.

« Nous améliorerons la protection juridique des majeurs sous tutelle afin de répondre aux recommandations récentes du Défenseur des droits. Nous développerons les moyens des services des tutelles afin de permettre un encadrement individualisé de qualité de ces personnes », affirmait Emmanuel Macron en 2017. Cinq ans plus tard, cette promesse n’a été que partiellement tenue : la loi de programmation et de réforme pour la justice de 2019 a permis aux tuteurs de toucher à des comptes bancaires ou de procéder à des opérations médicales importantes sans autorisation du juge. Les majeurs protégés ont retrouvé le droit de vote et peuvent également se marier, se pacser ou divorcer à condition d’informer la personne chargée de leur protection et que celle-ci ne s’y oppose pas.

Pas d’amélioration toutefois pour les professionnels chargés des majeurs protégés : les tuteurs et curateurs professionnels réclament ainsi une hausse de près de 20 % des fonds publics qui leur sont alloués pour rendre le métier plus attractif et augmenter leurs effectifs. « Il faut repenser leur métier », répond la secrétaire d’Etat, qui préconise plus d’autonomie et moins de protection.

Ce qui était promis et a été oublié

  • Améliorer l’accessibilité du logement

Des centaines de milliers de personnes en situation de handicap ont des problèmes d’accessibilité au logement, faute d’aménagements de larges portes, couloirs, salles de bains et toilettes où doit pouvoir manœuvrer un fauteuil roulant…

En 2018, la loi ELAN (évolution du logement, de l’aménagement et du numérique) a douché leurs attentes en ramenant de 100 % à 20 % la part des logements neufs devant être obligatoirement accessibles aux personnes handicapées – trop de normes découragerait la construction de ce type de biens.

Les défenseurs de cette mesure soulignaient en outre que les 100 % évoqués cachaient une importante exception, puisque les logements dans des bâtiments inférieurs à quatre étages sans ascenseur étaient dispensés de normes pour handicapés, sauf au rez-de-chaussée. Le décret rendant obligatoire l’installation d’un ascenseur dès que le bâtiment atteint trois étages va donc mécaniquement étendre à beaucoup plus d’immeubles l’application des normes handicapés. Mais, pour les acteurs du monde du handicap, cette mesure ne compensera pas, tant s’en faut, le quota des 20 %.

  • Favoriser l’accessibilité

Selon la déléguée ministérielle à l’accessibilité, 350 000 établissements recevant du public (ERP) seraient accessibles et 700 000 en sont au début des démarches (les délais de mise en conformité ont été reportés à 2024 au moins). Un effort a été réalisé pour les bâtiments publics comme les écoles ou les mairies, mais les commerces, les restaurants et les transports présentent encore un retard conséquent : malgré de nombreuses initiatives, le métro reste très peu accessible, les arrêts de bus sont rarement aménagés, et moins d’un tiers des gares ferroviaires nationales sont adaptées.

« Les textes relatifs à l’accessibilité des locaux de travail ne sont toujours pas publiés. Par ailleurs, la majorité des établissements recevant du public ne sont toujours pas accessibles, et les contrôles et les sanctions en cas de non-respect des obligations ne sont que peu ou pas mis en œuvre », regrette Fabienne Jégu, conseillère auprès de la Défenseure des droits.

Quant à l’accessibilité de l’information politique et citoyenne (obligatoire pour tous les services publics depuis 2012), elle reste largement incomplète : en octobre 2021, 20 % des 250 démarches administratives en ligne les plus utilisées par les Français prenaient en compte l’accessibilité, en ayant préalablement diminué les exigences pour la définir.

Ce qui n’était pas prévu

  • Refuser la déconjugalisation des AAH

Prestation sociale permettant d’assurer un revenu minimum, l’allocation aux adultes handicapés (AAH) est versée en tenant compte des revenus du conjoint. Emmanuel Macron avait promis, durant la campagne de l’élection présidentielle, de la porter à 900 euros – promesse tenue, avec deux revalorisations exceptionnelles durant le quinquennat. Toutefois ces deux revalorisations se sont accompagnées de modifications de la formule de calcul du plafond de ressources de l’AAH limitant, voire annulant parfois, l’impact des augmentations pour les allocataires vivant en couple, soit environ 9 % des bénéficiaires de l’allocation.

Ces mesures ont d’autant plus de mal à passer auprès du monde handicapé que ce dernier réclame de longue date la déconjugalisation de l’allocation et l’autonomisation du conjoint handicapé au sein de son foyer. « Le gouvernement peut rappeler que les partis de l’opposition n’ont pas adopté [la déconjugalisation] lorsqu’ils étaient au pouvoir. Mais jamais un gouvernement n’avait eu auparavant la possibilité de la faire adopter avec le soutien de l’ensemble des partis politiques », déplore Arnaud de Broca, du Collectif Handicaps.

A la place, l’exécutif a mis en place un nouvel abattement forfaitaire de 5 000 euros appliqué sur les revenus du conjoint non bénéficiaire de l’AAH, majoré de 1 100 euros par enfant.

Prestation sociale permettant d’assurer un revenu minimum, l’allocation aux adultes handicapés (AAH) est versée en tenant compte des revenus du conjoint. Emmanuel Macron avait promis, durant la campagne de l’élection présidentielle, de la porter à 900 euros – promesse tenue, avec deux revalorisations exceptionnelles durant le quinquennat. Toutefois ces deux revalorisations se sont accompagnées de modifications de la formule de calcul du plafond de ressources de l’AAH limitant, voire annulant parfois, l’impact des augmentations pour les allocataires vivant en couple, soit environ 9 % des bénéficiaires de l’allocation.

Ces mesures ont d’autant plus de mal à passer auprès du monde handicapé que ce dernier réclame de longue date la déconjugalisation de l’allocation et l’autonomisation du conjoint handicapé au sein de son foyer. « Le gouvernement peut rappeler que les partis de l’opposition n’ont pas adopté [la déconjugalisation] lorsqu’ils étaient au pouvoir. Mais jamais un gouvernement n’avait eu auparavant la possibilité de la faire adopter avec le soutien de l’ensemble des partis politiques », déplore Arnaud de Broca, du Collectif Handicaps.

A la place, l’exécutif a mis en place un nouvel abattement forfaitaire de 5 000 euros appliqué sur les revenus du conjoint non bénéficiaire de l’AAH, majoré de 1 100 euros par enfant.

  • Stopper l’exil belge

Le problème du manque de places d’accueil en France et du choix fait pour plusieurs milliers de handicapés (7 000 adultes et 1 500 enfants environ) de s’exiler en Belgique n’est pas nouveau. Mais l’exécutif actuel a fait le choix radical d’un moratoire. Concrètement, Paris et Bruxelles se sont mis d’accord pour qu’il n’y ait plus de nouvelles places créées pour les Français, et ces derniers ne seront pas aidés financièrement s’ils décident de partir. Ceux qui sont déjà installés en Belgique continueront toutefois de bénéficier d’une prise en charge.

« Deux mille cinq cents solutions nouvelles sont installées ou programmées en France pour prévenir les départs non souhaités des personnes en situation de handicap en Belgique », a annoncé le secrétariat d’Etat au handicap le 2 février : 1 600 en Ile-de-France, 630 dans les Hauts-de-France et 270 dans le Grand Est.

Cette décision n’a pas complètement satisfait les associations, dont l’Unapei (fédération d’associations de défense des intérêts des personnes handicapées mentales et de leurs familles), qui se dit très attachée au « libre choix de la personne », notamment pour celles qui résident à proximité de la frontière. Sa vice-présidente, Coryne Husse, rappelle par ailleurs que si ces trois régions sont principalement concernées par les départs, « le manque de solutions est un phénomène global sur tout le territoire ».

Source LE MONDE.

Reims : sourd et chef cuisinier, Grégoire raconte son parcours exceptionnel et sa fierté…

Malentendant, Grégoire Ferrier est avant tout chef cuisinier, mais il a dû se battre pour diriger la brigade d’un restaurant.

Il nous explique son histoire, les embûches qu’il a surmontées, sa pugnacité : une bonne claque aux préjugés.

Le chef Grégoire Ferrier dans la cuisine du restaurant Le Champ du Coq

 

« Merci de ne pas écrire que je suis sourd et muet ». Quand nous prenons contact avec Grégoire, il nous prévient qu’il veut bien parler de son métier, mais sous condition.  Grégoire Ferrier se qualifie de malentendant. Il ne peut comprendre une conversation qu’en lisant sur les lèvres et il n’entend que les bruits très forts. Bref, son handicap est invisible mais omniprésent.

Malentendant de naissance, Grégoire s’est battu contre les préjugés pour vivre de sa passion : la cuisine. Aujourd’hui, ses plats font le succès du restaurant Le Champ du coq , premier établissement à lui proposer la toque de chef.

À l’école déjà, il lutte contre une certaine forme de discrimination et se forge un mental. Sa passion pour la cuisine lui est venue à l’adolescence lorsqu’il observe sa mère et sa grand-mère aux fourneaux. Il se met alors à participer à des challenges de cuisine dont deux où il sort lauréat, puis enchaîne les stages et formations jusqu’à son entrée en BEP dans une école parisienne.  « La formation n’a pas été facile la première année […].  O n me disait que j’allais échouer aux examens. Je leur ai répondu que j’avais toutes les capacités. »

Une rencontre

Prétendre au poste de chef cuisinier n’est pas une mince affaire, un rêve qui peut s’avérer d’autant plus compliqué à concrétiser pour une personne en situation de handicap. « J’ai eu beaucoup de refus de la part de restaurateurs qui ne voulaient pas embaucher un malentendant, ça m’a beaucoup frustré. J’ai eu du mal, ce n’est pas facile, on est confronté à énormément de difficultés, raconte Grégoire sur le plateau de l’émission Vous êtes formidables. Je proposais même des essais d’un mois, mais j’étais assez vite évincé, comme si mon niveau n’était pas similaire à celui d’un autre. Je ne voulais pas travailler dans un self mais dans un vrai restaurant. Je me suis battu pour ça. »

Bien qu’il enchaîne les expériences de cuisinier dans plusieurs restaurants, le parcours pour devenir chef semble interminable. Pourtant, au mois de septembre 2021, un ami lui fait rencontrer la restauratrice Nathalie Lallouette alors à la recherche d’un chef cuisinier pour son établissement  Le Champ du coq à  Witry-lès-Reims (Marne). « Grégoire est venu se présenter et ça a été le coup de foudre de suite. Il est entré dans la cuisine et en a pris possession en un quart d’heure. Quelques jours après il faisait son premier service de 120 couverts. » Une intégration  presque naturelle après un court entretien et sans même un essai.

Une petite révolution pour lui et ceux qui ont osé lui faire confiance. Cependant, le cas de Grégoire reste une exception dans le secteur de la restauration. Du  « jamais vu en plus de trente ans de carrière » pour Nathalie Lallouette, un pari que ses confrères restaurateurs n’auraient guère risqué nous affirme-t-elle .

Sixième sens

Il n’entend presque rien mais ressent tout et prouve à ceux qui doutent encore qu’être chef ne dépend pas de sa capacité à entendre. « J’ai mes mains pour travailler, je peux faire des choses. C’est la première fois pour moi. On me l’a proposé, j’ai essayé et on a réussi. Ça m’a vraiment touché, j’étais très ému » , raconte le chef Grégoire Ferrier.

Une prouesse qui donne une claque aux préjugés. Sa responsable nous l’assure, il ne sera pas la dernière personne en situation de handicap à être embauchée. « Je pense que quand on a un souci comme ça, on développe d’autres choses encore plus fortes. […] Je n’ai jamais vu un chef avec une telle concentration et sincèrement, il arrive à se faire comprendre de tous, je n’ai même pas l’impression qu’il a un handicap. »

Je n’ai jamais vu un chef avec une telle concentration et sincèrement, il arrive à se faire comprendre de tous, je n’ai même pas l’impression qu’il a un handicap.

Nathalie Lallouette

Cette absence quasi totale d’audition lui confèrerait presque un sixième sens. « Il a des yeux dans le dos, on ne peut pas faire une bêtise sans qu’il nous voie, plaisante Nathalie pour souligner la grande concentration dont il fait part. Il surveille tout, il n’y a pas un plat qui sort de la cuisine sans qu’il ait le regard dessus, et il donne des conseils à tout le monde. »

Des plats remarquables

« J’ai un petit carnet avec des idées de recettes […] j’en parle avec ma femme et mes collègues, et mon imagination fait le reste du travail. » Des sources d’inspirations diverses qui mènent quelquefois à des associations insolites. Avant de proposer un gâteau au chocolat et à la courgette à la carte du restaurant, le chef a testé l’idée avec ses proches, « ma fille à beaucoup aimée, donc je me suis dit que ça doit marcher ».

Des légumes aux fruits, le chef Ferrier ne travaille que des produits frais de saison . « On a déjà accueilli des clients qui n’aimaient pas les endives, manger les endives braisées de Grégoire » nous raconte Nathalie , la gérante. Un talent sur lequel l’établissement a tenu à rester discret au départ. Ce sont d’après Nathalie les savoureux plats de l’équipe qui o nt attiré l a clientèle aux portes de la cuisine. « Les clients, contents de manger de bonnes choses, nous ont demandés s’ils pouvaient aller féliciter le chef, et c’est là qu’on les a prévenus. Maintenant, ils sont tous au courant. »

De la toque de cuisinier à celle du chef, il faut ajouter à la technique la coordination d’une brigade de douze personnes, une tâche compliquée pour une personne malentendante comme Grégoire.

« Au début, je ne les connaissais pas mais j’arrivais à communiquer avec eux. Si mes collègues ne connaissent pas une recette, je leur explique et leur montre, et ensuite ils le font de manière autonome. […] Le souci que nous avons actuellement, c’est le port du masque car j’ai besoin de lire sur les lèvres de mes collègues pour les comprendre. Il faut baisser le masque en gardant une distanciation sociale, il faut faire du mime, de l’écrit. Mais on s’y est habitué très vite. »

Une brigade qui obéit au doigt et à l’œil

Une méthode visuelle qui, en dépit des gestes barrières, permet à Grégoire de réduire la portée de son handicap. Son secret pour motiver et conseiller son équipe ? « Tout est dans la préparation. Il faut être bien organisé pour être prêt. Tout le monde sait ce qu’il a à faire, il ne faut pas qu’à la dernière minute il y ait des imprévus. » Concentré sur l’organisation de sa brigade, il met tout en œuvre que chacun puisse donner le meilleur.

Grégoire Ferrier et Franck Buchmann communiquent en cuisine

Ce n’est pas Franck Buchmann, cuisinier depuis plus de trente ans, qui nous en dira le contraire. « Avec le nombre d’années dans le métier, on arrive à se comprendre sans vraiment avoir besoin de s’écrire. On s’organise, on sait où on va et ce que l’on fait. »

Outre la disposition de la cuisine et d’un réfrigérateur, l’arrivée de Grégoire Ferrier a bouleversé toute l’équipe du restaurant. « On a soif d’apprendre cette langue maintenant, mais aussi la clientèle de l’établissement. Beaucoup de clients vont le féliciter, tous arrivent à se faire comprendre. »

Entre collègues justement, l’ambiance semble être sympathique en cuisine. « C’est un bonheur de travailler avec lui tous les jours, c’est quelqu’un qui amène une belle joie de vivre avec beaucoup d’humour », témoigne Jean-Marc, le barman.

Avec le bouche-à-oreille, des dizaines de messages lui ont déjà été adressés pour le féliciter, lui et son équipe, mais aussi plus personnellement pour le remercier de « donner de l’espoir aux enfants ». Le chef fait figure d’exemple à suivre et prouve qu’être malentendant n’empêche pas d’aller au bout de ses rêves.

« Il faut laisser sa chance à tout le monde. La preuve. Là le handicap, il n’y en a pas, témoigne William, un client du restaurant. Ça se voit qu’il a envie de faire plaisir aux gens, il a des idées qui sortent vraiment de l’ordinaire, ça se retrouve à travers ses plats très colorés et bien assaisonnés qui ne sont pas habituels dans des restaurants »,  raconte à son sujet Maëlle, la compagne d’un serveur. « Hormis qu’il soit très bon cuisinier, c’est une belle personne comme il n’y en a plus beaucoup. Ça nous donne une joie incroyable », conclut Nathalie.

À 37 ans, Grégoire a su attendre son heure avec obstination. Après seize ans de carrière, il décroche enfin son premier poste de chef, une fierté et un rêve d’enfance réalisé. « Ça me touche beaucoup qu’ils aient confiance en moi. Je remercie Nathalie de m’avoir embauché, de m’avoir permis de réaliser mon rêve d’être chef, et en tant que personne malentendante, de montrer que je peux être chef. »

Source FR3.

Handicap et emploi: comment savoir si une entreprise est adaptée?…

Une personne en situation de handicap doit avoir accès au marché du travail. Mais pour être bien dans son emploi, mieux vaut choisir une entreprise adaptée à ses besoins spécifiques.

Handicap et emploi

 

Pour travailler, une personne en situation de handicap a plusieurs options: occuper un poste dans une entreprise ordinaire adaptée à ses besoins ou être employée dans une entreprise spécifique. Dans les deux, il s’agit de trouver le poste qui vous convient. Découvrez nos conseils pour savoir si une entreprise peut vous accueillir avec vos spécificités. 

Travailler dans une entreprise adaptée (EA)

Une entreprise adaptée est une société ordinaire qui a la spécificité d’accueillir au moins 55% de salariés en situation de handicap. Son but est d’accompagner le projet professionnel du travailleur pour l’aider à valoriser ses compétences et à maintenir son emploi au sein de l’entreprise ou auprès d’un autre employeur. Ces sociétés offrent les mêmes types de contrats que les autres (CDD, CDI, contrats de professionnalisation et autres contrats d’apprentissage) et proposent de véritables missions professionnelles, mais elles sont plus tournées vers l’accompagnement.

Elles bénéficient d’aides financières de l’État pour y parvenir et compenser les conséquences éventuelles du handicap.

Pour postuler à un emploi dans ce type d’entreprise, vous devez être titulaire d’une Reconnaissance de la Qualité de Travailleur handicapé (RQTH). Pour vous aider dans votre recherche pour ce type de structure, vous pouvez faire appel à Pôle emploi, aux missions locales, à la Maison départementale des Personnes handicapées (MDPH) la plus proche de votre domicile, ou contacter directement la société si vous répondez aux critères définis par l’annonce.

Occuper un poste dans une entreprise ordinaire

Vous pouvez aussi chercher un emploi dans une entreprise ordinaire. Pour trouver la structure qui saura s’adapter à vos besoins, vous devrez mener des recherches minutieuses. Sélectionnez en priorité les offres d’emploi qui mentionnent l’ouverture au handicap.

Vous pouvez aussi rechercher sur les sites Internet des sociétés ou dans les médias si l’entreprise qui vous intéresse a une mission handicap ou a mis en place des projets ou des actions dans un but d’inclusion. Certaines sociétés sont également partenaires d’associations qui œuvrent en faveur du handicap. Ces informations signalent les entreprises adaptées ou adaptables aux personnes en situation de handicap.

Mais rien ne vous empêche de candidater à des postes dans des sociétés qui ne précisent rien de particulier, cela ne signifie pas qu’elles ne pourront pas vous accueillir dans de bonnes conditions. Sachez d’ailleurs que toute entreprise de plus de vingt salariés a l’obligation d’employer au minimum 6% de personnes en situation de handicap. Si vous remplissez les critères de l’offre d’emploi en termes de qualifications, votre condition particulière ne sera pas forcément un frein à l’embauche, au contraire.

(Par la rédaction de l’agence hREF)

Source CHALLENGES.

« Handicap à vendre », le livre-enquête du journaliste mayennais Thibault Petit sur le monde des ESAT. Un autre scandale ?…

Dans « Handicap à vendre » aux éditions Les Arènes, le journaliste mayennais Thibault Petit dévoile les coulisses du monde des ESAT, les établissements d’aide par le travail.

Il a enquêté partout en France pendant six ans.

"Handicap à vendre", le livre-enquête du journaliste mayennais Thibault Petit sur le monde des ESAT. Illustration

« Plus de 120 000 Français travaillent sans dépendre du code du travail.

Ils gagnent une moitié de SMIC. » Pourquoi ?

Qui s’en soucie ?

Quels contrôles ?

UN NOUVEAU SCANDALE ?? La Rédaction HANDICAP INFO.

Des impératifs de productivité, des cadences à respecter, des gens sous payés et qui sont en dehors du code du travail… Thibault Petit a pénétré dans le monde méconnu des ESAT, ces centres d’aide par le travail. Des établissements qui font travailler des personnes handicapées. Et ce qu’il met au jour dans son livre « Handicap à vendre » est édifiant : « J’ai découvert d’abord des travailleurs handicapés qui étaient en grande souffrance car on leur demande de travailler beaucoup alors qu’ils sont considérés comme non adaptés au monde du travail et c’est pour cela qu’ils ont été dirigés vers ces établissements. Il y a aussi leur statut, celui d’usager, pas de syndicat, pas de prud’homme, pas de salaire minimum. »

Les ESAT sont devenus des entreprises

Thibault Petit a pénétré à visage découvert dans les établissements : « Moi je me suis d’abord intéressé aux personnes handicapées parce qu’on ne les entend jamais, il y a beaucoup de gens qui parlent pour eux, les associations, les porte-paroles, mais eux on ne les entend pas. Je suis allé dans ces ESAT avec un regard assez naïf, je leur disais ‘montrez-moi ce que vous faites c’est super !’ Ils ont été d’une grande franchise avec moi, leur discours c’était de dire regardez c’est magnifique, _on travaille comme une entreprise classique_, c’est cette contradiction qui m’a intéressée entre d’un côté des gestionnaires et des associations qui disent ‘on fonctionne comme une entreprise ordinaire’ et de l’autre un statut d’usager qui est hors code du travail. »

« Handicap à vendre », le livre-enquête de Thibault Petit, est paru aux éditions Les Arènes.

Handicap : un restaurant inclusif le Bistro Papillons ouvre ses portes à Marcq-en-Barœul : « la mixité ça tire vers le haut »….

Tenu par l’association des Papillons Blancs, le restaurant inclusif a ouvert ce lundi 31 janvier. A la manoeuvre, six cuisiniers et serveurs avec un handicap intellectuel.

Une première réussie.

Alexandre passe des salades de chèvre chaud à Kamel qui file en salle

 

Sur les 28 places que compte le restaurant, pour la première, il y avait 14 réservations. Bien préparée, l’équipe de Jérôme, chef cuisinier, avait la semaine précédente, en phase de test, fait le plein de convives : « Des personnes de l’association des Papillons Blancs qui étaient venues manger un menu complet. Là il n’y aura pas forcément d’entrée ou de dessert… Ca devrait le faire », explique Jérôme.

L'équipe de la cuisine : Sarah, Alexandre et Jérôme, le chef cuisinier.

Stress ? « Non, ce n’est pas le cas et même si c’était le cas, je ne le montrerai pas. Mes co-équipiers sont des éponges à émotions. Après, il peut y avoir quelques petits ratés, ou un peu plus d’attente ; le client doit en être conscient ». 

Ancien du restaurant étoilé l’Huitrière à Lille, Jérôme estime que son travail d’encadrement en cuisine avec Sarah et Alexandre n’est « pas facile » mais « gratifiant » : « on offre à des personnes la possibilité d’exister dans la société… Et, contrairement à ce que dit Eric Zemmour, l’inclusion, il n’y a que ça de vrai. La diversité fait évoluer, les gens dits ‘normaux’ les tirent vers le haut ».

« L’inclusion, il n’y a que ça de vrai. La diversité fait évoluer »

Jérôme, chef cuisinier

Et si Jérôme ne veut pas communiquer de stress, il ne ménage pas non plus son équipe, à qui il demande d’acquérir des réflexes professionnels, le but étant pour chacun d’être complètement intégré ensuite dans l’équipe d’un restaurant.

Alors que Sarah et Alexandre s’activent en cuisine pour notamment préparer les frites, Kamel, 33 ans, termine de dresser les tables. Il est à peu près 10h30. Le contact facile, Kamel semble partagé entre crainte et espoir. Il a déjà travaillé au restaurant inclusif Le garage, de la Compagnie de l’Oiseau-Mouche, à Roubaix. S’il espère toujours travailler dans un restaurant non inclusif, il s’est déjà heurté à de nombreux refus.

L'équipe des serveurs du Bistro Papillons : Alice et Benjamin au premier plan. Kamel en arrière plan.

Avec Jérôme, il semble penser que la raison est une question d’image. « Le handicap invisible fait peur », explique Jérôme.

Les premiers clients arrivent, il y a là Jean-Michel et Nathalie qui passaient dans le coin en voiture et ont entendu parlé à la radio de l’ouverture de ce restaurant. « C’est une très bonne initiative, c’est excellent pour l’insertion de ces jeunes », explique Jean-Michel.

Jean-Michel et Nathalie au Bistro Papillons

Il y a aussi Capucine et Noémie qui commandent deux saumons grillés avec frites pour l’une et patates douces pour l’autre. Petit stress : « Comment s’écrit « avec », demande le serveur. Capucine donne la réponse et ajoute : « en marquant ‘+’, ça va plus vite ». Sourires. La commande est passée. Qu’à cela ne tienne, les tablettes tactiles pour passer commande vont bientôt arriver !

« Le bilan de cette première a été hyper positif. Nous avons servi 18 personnes qui ont apprécié service, présentation et dégustation. Aujourd’hui, on remet ça avec 17 réservations ! » conclut Bertrand, l’un des deux accompagnants avec Jérôme.

En pratique : 

93 rue du Fort à Marcq-en-Barœul, à l’intérieur de la Ligue de tennis des Hauts-de-France (grand parking gratuit). Ouvert du lundi au vendredi de 8 h 30 à 16 h 15. Il est conseillé de réserver au 06 78 62 98 35. Prix : entrée, plat et dessert à 18,90 € (entrée-plat ou plat-dessert à 14,90 €). Trois plats au choix à la carte, le menu change chaque semaine.

Source FR3.

Spay, au sud du Mans : la belle histoire de Louis, atteint de trisomie, et qui a trouvé une place de serveur dans un restaurant. Voir la Vidéo…

Il s’appelle Louis, a 24 ans et est atteint de trisomie 21.

Il vient d’être embauché pour un apprentissage dans un restaurant à Spay.

Une belle histoire entre un restaurateur et le jeune homme.

Louis, atteint de trisomie 21, est apprenti serveur au restaurant Le Prélandon, à Spay, en Sarthe, France 3

 

Il en rêvait déjà tout petit, son voeu est exaucé.
A 24 ans, Louis atteint de trisomie 21 entame sa première semaine comme apprenti serveur au Prélandon, à Spay, tout proche du Mans.

Sa place, Louis l’a mérité. Après des mois recherches sans succès, sa soeur, désespérée, publie une annonce sur les réseaux sociaux. Elle sera partagée par plus de 5 800 personnes !

Touché, Sebastien Semonin décide de lui donner sa chance.

« Il a fait un stage d’un mois, et en trois semaines, il a avait déjà fait de nets progrès, et ça se ressentait visiblement aussi à la maison, c’est pour ça qu’on a décidé de le prendre », explique Sebastien Semonin, restaurateur  et patron du « Prélandon ».

Un soulagement pour les parents.

« Louis, le premier jour, quand il est revenu, il a dit, j’ai des copains et des copines, se réjouit Pascal Robert, le papa de Louis, après, c’est une façon pour lui de dire que le lien s’est fait avec les personnes ».

Louis, atteint de trisomie 21, est apprenti serveur au restaurant Le Prélandon, à Spay, en Sarthe

Petit à petit : Louis prend ses marques.

« Il est assez à l’aise avec tout le monde mais avec les clients c’est pareil, ils commencent à le connaitre en plus, raconte Emmanuelle Guerrier, l’une des serveuses du restaurant.

Le rythme de travail a été adapté à ses besoins : 3 jours par semaine de 10h à14h. Et toujours accompagné.

« Des fois, quand ça va un peu plus vite, où nous on l’habitude d’aller vite, il faut lui dire un peu ce qu’il faut faire, explique Mélanie Marquis, serveuse, et puis des fois de lui-même, il va voir qu’il faut remettre du pain ou des choses comme ça ».

A termes, l’équipe en est persuadée, Louis sera très vite autonome. Un serveur passionné, pleinement intégré dans le milieu de la restauration.

Source FR3.

Nancy : après le buzz de sa vidéo pour dénoncer ses difficultés à trouver un emploi, un jeune sourd décroche son premier CDI…

Yasin Celik, ancien pensionnaire de l’Institut des jeunes sourds à Nancy, qui avait fait le buzz sur Internet avec une vidéo qui racontait la galère d’un jeune sourd pour trouver un emploi en pleine pandémie, vient de décrocher un CDI après avoir reçu une trentaine de propositions.

Yasin Celik a décroché un CDI

 

Dans une vidéo postée le 17 janvier 2022 sur les réseaux sociaux, Yasin Celik laisse éclater toute sa joie après avoir décroché un contrat en CDI en décembre 2021. Il faut dire que ce jeune homme singulier n’avait pas ménagé sa peine. Il a fait de son handicap une force.

« Je n’ai eu que des refus avec des motifs discriminants comme la peur d’employer un sourd en cas d’incendie et d’autres raisons plus incroyables encore »

Yasin Celik

La surdité ne l’empêche pas de poursuivre ses rêves, bien au contraire. Après avoir obtenu son diplôme, il avait réussi à décrocher un contrat en CDD en 2020 dans sa branche quand l’épidémie de Covid-19 est venue tout remettre en question. L’entreprise dans laquelle il travaillait, comme beaucoup, a mis fin à tous les contrats CDD et a fermé ses portes pendant un mois au premier confinement.

Yasin s’est alors retrouvé sans emploi, confronté à la difficulté de se faire recruter en période de pandémie avec un handicap supplémentaire, celui de sa surdité. Mais, il a fallu aussi faire face à l’absurdité de la situation : impossible de lire sur les lèvres en raison des masques, impossible d’être convié à un entretien d’embauche en visioconférence, impossible d’accéder à une entreprise, car il fallait passer par un interphone, etc.

Il en a fait une vidéo grinçante et drôle postée sur les réseaux sociaux. Nous l’avions interviewé en mars 2021 et il nous avait dit vouloir dénoncer cette discrimination qui s’ajoutait à d’autres. Yasin n’a pas baissé les bras. Il s’est battu avec son énergie et les outils de son époque. Il nous a confié : « je n’ai rien lâché. Je n’ai eu que des refus avec des motifs discriminants comme la peur d’employer un sourd en cas d’incendie et d’autres raisons plus incroyables encore. »

« Yasin a été embauché pour ses compétences de technicien en courants faibles. Quand j’ai lu son CV, son parcours, j’ai compris qu’il avait travaillé plus dur que n’importe qui d’autre »

Olivier Poyard, responsable des travaux chez EIMI

« Après le buzz fait par la vidéo, j’ai reçu une trentaine de propositions de partout en France, et même du Luxembourg et de Suisse. Mais j’ai choisi l’entreprise EIMI à Etupes dans le Doubs, où j’avais travaillé avec un contrat CDD. J’ai signé un CDI en décembre. J’ai réalisé un de mes rêves : avoir un travail comme n’importe qui. Je suis heureux. Ma famille est fière de moi, de mon parcours ».

Yasin est  reconnaissant à l’entreprise qui l’a recruté. Du côté de l’entreprise, embaucher Yasin n’a rien d’une faveur comme nous l’explique Olivier Poyard, responsable des travaux : « Yasin a été embauché pour ses compétences de technicien en courants faibles. Quand j’ai lu son CV, son parcours, j’ai compris qu’il avait travaillé plus dur que n’importe qui d’autre. Je savais que la motivation était là. Malgré les difficultés, il arrive toujours avec le sourire. Il a une joie de vivre communicative. »

Yasin Celik signe son contrat avec EIMI en décembre 2021

« Nous utilisons une application « transcription instantanée » qui permet de communiquer avec lui »

Olivier Poyard, reponsable des travaux chez EIME

EIMI est un groupe familial indépendant spécialisé dans les services d’efficacité énergétique et environnementale, dont le siège est à Etupes (Doubs). L’entreprise a été fondée en 1979 par Bartolino Nardis, père de Sandro Nardis, actuel Président. Elle compte aujourd’hui une trentaine de sites en France, dont un en Lorraine, mais aussi en Suisse et plus de 800 collaborateurs. La société n’a pas hésité à mettre en place des outils pour faciliter les échanges avec Yasin. « Nous utilisons une application « transcription instantanée »  qui permet de communiquer avec lui. Si nous sommes en réunion à l’extérieur, nous enlevons les masques pour qu’il puisse suivre en lisant sur les lèvres. Pour les grandes réunions, nous faisons appel à une interprète en langue des signes en visioconférence. »

« Transcription instantanée » est un « service d’accessibilité Android », une application capable de détecter des sons, des bruits ou des voix. Et dans ce dernier cas, elle les transforme en texte.  Mais, ce n’est pas tout, un groupe de six salariés volontaires a entamé une formation en langue des signes. « Ces personnes travaillent en contact direct avec Yasin. On a fait ce choix, car c’est une démarche qui a du sens. Elle permet une autre approche du handicap »Yasin est dans une bonne dynamique. Il poursuit ses rêves » conclu Olivier Poyard. Et  il ne croit pas si bien dire.

« Rien n’est impossible »

Yasin Celik

Yasin a d’autres rêves. Depuis de nombreuses années, il parvient à rencontrer ses idoles, des stars du football. Il réussit même à les convaincre de participer à des vidéos avec lui. Il se rêve aussi comédien et crée ses propres sketches qu’il publie sur les réseaux.

Il tire une leçon de cette aventure : « j’ai décroché un travail, car rien n’est impossible. Je vais continuer à faire mes vidéos avec de grands joueurs de foot même si pour le moment, c’est compliqué à cause de l’épidémie. Mes prochains défis : devenir comédien et participer à des programmes d’aventure à la télévision ».

Yasin s’est fait une liste de rêves à réaliser. Il n’exclut pas de revenir à Nancy, pourquoi pas comme prof de sport à l’Institut des jeunes sourds ou pour enseigner l’électricité. Lorsqu’il vient dans la cité ducale, c’est pour rendre visite à son frère et à ses amis et pour aller voir un match de l’ASNL.

Source FR3.

Dans un café de Tokyo, des robots pilotés par des personnes handicapées assurent le service…

Le service au Dawn café est bien plus chaleureux qu’il n’y paraît : les robots qui assurent le service en salle sont télécommandés par soixante-dix personnes handicapées de tout le Japon.

Au Dawn café, à Tokyo, ce sont des robots, téléguidés par des personnes handicapées, qui assurent le service à table.

 

Grâce à la technologie développée par une start-up, Orihime, des « pilotes » ​handicapés ont décroché un emploi probablement unique au monde : ils sont serveurs en télétravail. En tout, soixante-dix personnes handicapées travaillent ainsi au Dawn café, dans le quartier d’affaires de Nihombashi, à Tokyo. Elles opèrent depuis les quatre coins du Japon.

Plusieurs types de robots défilent dans cet établissement expérimental qui affiche complet les midis : les plus grands gèrent l’accueil et le service, tandis que de plus petits, posés sur les tables, assurent la présentation des plats et font la conversation.

Rompre la solitude

Les pilotes peuvent voir les clients, mais pas l’inverse. « Nous avons discuté avec une personne qui vit à Toyama​, racontent madame Watanuki et son amie, Kyoko Toda, deux clientes visiblement ravies. ​On lui a posé des questions sur sa vie là-bas. » ​Ce que l’on vient chercher dans ce café, c’est « un moment de convivialité, une connexion​, souligne Keiko Hamaguchi, chargée de communication d’Orihime. ​À Tokyo, les serveurs n’ont pas le temps de parler avec les clients. Ici, on veut permettre à tous de rompre la solitude. »

Des robots posés sur les tables présentent la carte et leurs pilotes font la conversation.

Les robots sont dirigés à l’aide d’un doigt ou de la bouche. Le café crée un espace où les personnes handicapées peuvent, virtuellement, se mouvoir librement et se socialiser. « Ils gagnent aussi leur vie comme tout le monde​, souligne Keiko Hamaguchi. ​C’est valorisant. »

Masahiro, 20 ans, dirige le robot de l’accueil du Dawn café depuis Fukuoka, dans le sud du pays. Il travaille par sessions de deux heures, quatre fois par semaine, depuis février. « Je cherchais du travail, mais dans ma situation, c’était très compliqué, explique-t-il. ​Les clients ont très envie d’échanger, et moi aussi ! »

Derrière le robot de l’accueil, Mahiro, 20 ans, travaille depuis Fukuoka, dans le sud du Japon.

​Chifuyu, 43 ans, vit, elle, au nord de Tokyo. Des soucis cardiaques la clouent chez elle. Depuis l’ouverture du café, elle y travaille tous les jours. « Je suis chez moi à longueur de journée. Grâce à cet emploi, je rencontre des gens. Cela a illuminé mon quotidien. »

Ce modèle de télétravail pourrait s’étendre et répondre à d’autres contraintes de mobilité dans le futur – problèmes de santé, parents au foyer… –, estime Kentaro Yoshifuji, directeur d’Orihime, qui souhaite « participer à construire ensemble de nouvelles communautés, même lorsque nous sommes confinés chez nous ».

Source OUEST FRANCE.

Handicap : en Seine-Maritime, le foyer du Pré de la Bataille multiplie les initiatives inédites…

Cartes de vœux 100% locales et coworking unique en France, l’inclusion est une réalité dans cet établissement ou service d’aide (Esat) près de Rouen.

Michel comme ses camarades a dû apprendre à se servir du pistocolle. / #PRESSE30

 

Un Établissement ou services d’aide par le travail (Esat) n’est pas un lieu clos et austère où sont enfermées des personnes en situation de handicap. Voilà le leitmotiv quotidien de l’Esat du Pré de la Bataille. Dans les quinze établissements répartis en Seine-Maritime, les 900 travailleurs handicapés multiplient les missions dans le câblage électrique, le conditionnement, les espaces vers, la blanchisserie, la confiserie, la couture ou encore depuis quelques semaines, la rénovation de mobilier et d’objets recyclés. À Saint-Étienne-du-Rouvray (proche de Rouen), ils se sont lancés aussi deux nouveaux challenges : la confection de cartes de vœux 100 % locales en sous-traitance et l’ouverture d’un coworking unique en France.

Comme chaque année, la ville de Saint-Étienne-du-Rouvray va souhaiter ses vœux à travers une carte originale, imaginée par le service communication et illustrée par l’artiste rouennais Arnaud Nebbache. La municipalité a confié l’impression à l’entreprise locale Iropa avec pour consigne de voir si l’Esat pouvait réaliser le montage manuel des 17000 unités dans le laps de temps nécessaires : « la contrainte était le délai de deux semaines et demie. Au premier abord, ce n’était pas évident pour les ouvriers, car il fallait utiliser un pistocolle. On a fait des essais et on s’est engagé. Au fur et à mesure, ils ont pris la cadence du collage, du pliage et du conditionnement des documents. Nous avons respecté les délais avec une quinzaine de personnes », indique Jessica Serres la monitrice principale d’atelier.

Mission accomplie

Une opération qui semble anodine pour l’association, mais non ! « C’était important que nous répondions présents pour cette opération 100 % locale. C’est valorisant pour nos employés dont 40 % habitent dans la commune. Certains ont déjà reçu chez eux le fruit de leur travail. Cela avait donc du sens, car ils voient le cheminement, les notions de cadence. Ici, le coût n’était pas le plus important. C’est avant tout une belle opération d’inclusion, de mise en avant du handicap qui entre dans tous les foyers pour les fêtes » complète Isabelle Briet la responsable du site.

Et ce n’est pas une première, cette volonté de se démarquer en faveur du handicap. Après un grand retard dû à la crise sanitaire, l’Esat du Pré de la Bataille a ouvert Inwork, un coworking inclusif unique en France avec de grandes salles de réunion, cinq bureaux privatisables, un Mail avec des postes de travail et des cabines d’isolement. Labellisé Tiers-lieu, « comme nous allons chez nos clients, l’idée est de les faire venir au sein de l’Esat. C’est gratuit s’ils signent notre charte et s’ils s’engagent à une interaction avec nous, à donner un peu de leur temps. Cela crée des liens. C’est l’esprit pour notre petite communauté » détaille Isabelle Briet. Bien entendu, le site n’est pas fermé aux autres. Là, sur réservation sur le site, il faut payer les espaces et les consommations.

Source LE PARISIEN.

Handicap : Maif signe un nouvel accord d’entreprise…

La mutuelle niortaise souhaite traduire son statut de société à mission dans un engagement renouvelé en faveur des travailleurs handicapés.

Handicap : Maif signe un nouvel accord d’entreprise

 

Maif annonce la signature d’un nouvel accord d’entreprise en faveur de l’insertion et du maintien dans l’emploi des travailleurs handicapés, le 5ème depuis la création d’une « Mission Handicap » en 2004.  Cet accord, qui couvre le période 2022-2024, se décline en 4 axes majeurs, dont le premier est l’embauche de personnes handicapées, la mutuelle s’engageant à recruter au minimum 40 travailleurs handicapés sur le période concernée, dont 15 en CDI.

Autre axe : le maintien dans l’emploi et la dynamisation des parcours professionnels. Sur recommandation du médecin du travail, le travailleur handicapé pourra bénéficier d’un temps partiel tout en cotisant à taux plein pour sa retraite, dès 5 ans d’ancienneté.
Des autorisations d’absence liée au handicap, à raison de 5 jours rémunérés, pourront aussi être accordés.

Des dispositions pour les aidants

Les relations avec les secteurs protégés et adaptés seront également renforcées, Maif s’engageant à poursuivre les contrats de prestations de sous-traitance avec des entreprises du secteur adapté. Enfin, la mutuelle prévoit des actions de sensibilisation et de formation pour l’ensemble des salariés sur le handicap.

Maif indique aussi proposer des mesures en faveur des salariés aidant un conjoint ou enfant en situation de handicap. Concrètement, une autorisation d’absence est possible pour accompagner son proche pour des rendez-vous liés au handicap, jusqu’à 4 jours par an. Ces salariés aidants pourront aussi bénéficier d’un dispositif de cessation anticipée d’activité entre 57 et 62 ans, à partir de 15 ans d’ancienneté.

Source ARGUS DE L’ASSURANCE.