Le service au Dawn café est bien plus chaleureux qu’il n’y paraît : les robots qui assurent le service en salle sont télécommandés par soixante-dix personnes handicapées de tout le Japon.
Grâce à la technologie développée par une start-up, Orihime, des « pilotes » handicapés ont décroché un emploi probablement unique au monde : ils sont serveurs en télétravail. En tout, soixante-dix personnes handicapées travaillent ainsi au Dawn café, dans le quartier d’affaires de Nihombashi, à Tokyo. Elles opèrent depuis les quatre coins du Japon.
Plusieurs types de robots défilent dans cet établissement expérimental qui affiche complet les midis : les plus grands gèrent l’accueil et le service, tandis que de plus petits, posés sur les tables, assurent la présentation des plats et font la conversation.
Rompre la solitude
Les pilotes peuvent voir les clients, mais pas l’inverse. « Nous avons discuté avec une personne qui vit à Toyama, racontent madame Watanuki et son amie, Kyoko Toda, deux clientes visiblement ravies. On lui a posé des questions sur sa vie là-bas. » Ce que l’on vient chercher dans ce café, c’est « un moment de convivialité, une connexion, souligne Keiko Hamaguchi, chargée de communication d’Orihime. À Tokyo, les serveurs n’ont pas le temps de parler avec les clients. Ici, on veut permettre à tous de rompre la solitude. »
Les robots sont dirigés à l’aide d’un doigt ou de la bouche. Le café crée un espace où les personnes handicapées peuvent, virtuellement, se mouvoir librement et se socialiser. « Ils gagnent aussi leur vie comme tout le monde, souligne Keiko Hamaguchi. C’est valorisant. »
Masahiro, 20 ans, dirige le robot de l’accueil du Dawn café depuis Fukuoka, dans le sud du pays. Il travaille par sessions de deux heures, quatre fois par semaine, depuis février. « Je cherchais du travail, mais dans ma situation, c’était très compliqué, explique-t-il. Les clients ont très envie d’échanger, et moi aussi ! »
Chifuyu, 43 ans, vit, elle, au nord de Tokyo. Des soucis cardiaques la clouent chez elle. Depuis l’ouverture du café, elle y travaille tous les jours. « Je suis chez moi à longueur de journée. Grâce à cet emploi, je rencontre des gens. Cela a illuminé mon quotidien. »
Ce modèle de télétravail pourrait s’étendre et répondre à d’autres contraintes de mobilité dans le futur – problèmes de santé, parents au foyer… –, estime Kentaro Yoshifuji, directeur d’Orihime, qui souhaite « participer à construire ensemble de nouvelles communautés, même lorsque nous sommes confinés chez nous ».
Source OUEST FRANCE.