Tribunal de Meaux : Comment juger un jeune homme autiste, agresseur sexuel ?…

« J’aborde avec beaucoup d’humilité la complexité de cette affaire. »

Ces mots, prononcés par le procureur Éric de Valroger, illustrent la difficulté qu’a eue le tribunal de Meaux (Seine-et-Marne) pour juger Dimitri*, un autiste.

Il a agressé sexuellement des adolescentes et violenté son père.

Tribunal de Meaux : Comment juger un jeune homme autiste, agresseur sexuel ?...

 

C’est un homme à l’allure et au comportement de grand garçon. « Son âge mental est celui d’un enfant de 8 ans, bien qu’il en ait 22 », dit le psychiatre qui l’a expertisé. S’il s’exprime et raisonne comme un collégien, Dimitri a cependant la libido d’un adulte. Ses pulsions sexuelles, qu’il lui est devenu impossible de réfréner, l’ont conduit à agresser deux lycéennes dans le bus à Bailly-Romainvilliers le 28 novembre 2021, puis à Bussy-Saint-Georges le 10 janvier.

La première a subi des attouchements intimes. Quant à la seconde,  âgée de 14 ans, il s’est allongé sur elle pour la caresser.  Et lorsqu’il a été arrêté, son père a révélé que le 28 de ce même mois, Dimitri l’a frappé. Il comparaît donc pour trois chefs de prévention, les délits contre deux mineures et la violence sur ascendant.

Sa jambe droite, montée sur ressort, témoigne de sa grande nervosité. Il a passé cinq semaines en prison, craint d’y retourner. Mercredi 20 avril, son avocat Emmanuel Giordana a obtenu sa remise en liberté, que la chambre de l’instruction avait auparavant refusée. Les parents de Dimitri avaient promis à la présidente Teyssandier-Igna qu’ils veilleraient sur lui, que leur fils ne sortirait que dans le jardin jusqu’à son procès, fixé au 27 avril 2022. Ils ont tenu parole, et voici le jeune prévenu à la barre.

« Il est très traumatisé, replié sur lui-même »

Pull à col roulé noir, pantalon camel, Dimitri se tient droit, mains dans le dos, tel l’élève au tableau. Derrière lui, Léa* se serre contre sa maman. Elle est l’une des victimes d’agression sexuelle, qui l’a tant marquée qu’elle est prise en charge par un psychologue. Elle a 14 ans, et la seule raison de sa présence est « le désir de comprendre ».

Dimitri n’est pas capable d’expliquer ; il ne sait pas ce qui lui a pris. Alors ses parents approchent du micro et racontent le calvaire depuis que leur fils a été diagnostiqué autiste à l’âge de 3 ans. Le rejet par ses camarades, et plus tard par ses sœurs – la cadette de 12 ans « a constamment peur de lui, l’aînée refuse de lui parler ». Les multiples séances d’orthophonie, de psychothérapie, l’école de mécanique « où on a essayé de le brûler », puis l’établissement à Fontainebleau « où il était épuisé. Nous aurions été des parents maltraitants si nous l’y avions laissé ».

« Je l’ai gardé à la maison, je lui ai appris les tâches ménagères », confie sa mère. « Je cherche une institution, en vain. Il lui faut un endroit à lui, où il apprendra les codes sociaux et où il ne sera plus insulté. Car il a été trop insulté », souffle la femme élégante, fatiguée. Le père, qui ne souhaite pas revenir sur les coups reçus, parle du présent : « La Dépakine 500 matin et soir contre les troubles nerveux, une injection à diffusion lente tous les 56 jours pour limiter sa libido.

Depuis son incarcération, il est très traumatisé, replié sur lui-même. » Son épouse complète : « Dimitri a besoin de soins. Avant 2020, il n’avait jamais eu d’écart de conduite. Mais il a mal supporté les confinements. Ces deux dernières années ont été dures et compliquées. Je présente mes excuses aux jeunes filles pour les faits graves qu’elles ont subis. »

« Entendre les parents nous a permis de comprendre »

Léa a écouté attentivement le récit de cette famille et sa mère, à la barre, se fait l’écho de leurs sentiments partagés : « Ce qu’il a fait est inadmissible. Mais nous avons les réponses à nos questions. Entendre les parents nous a permis de comprendre que le jeune homme qui a agressé ma fille souffre d’un grave handicap. »

Désormais, elle hésite à se constituer partie civile : « Peut-être pourrait-il nous aider à payer le psychologue ? » La juge Teyssandier-Igna enregistre la modeste somme sollicitée : 520 euros. Prix des sept consultations pour aider Léa à se relever. Pas plus de dommages et intérêts demandés aux parents de Dimitri, des victimes. « Elles sont des deux côtés de la barre », conviendra le procureur Éric de Valroger.

Il introduit son réquisitoire en effectuant un détour par l’École nationale de la magistrature : « En ce moment, à l’ENM, sont corrigées les copies du dernier sujet soumis aux élèves magistrats : l’altération du discernement. Sujet difficile. » L’expert a mentionné une « pathologie aliénante » et « une altération du discernement sans abolition». « Il est donc responsable », dit le parquetier, avant d’exposer ses réserves.

Dimitri, assis, maîtrise cette fois difficilement sa jambe gauche. Il jette des regards fuyants vers Léa. A-t-il conscience du mal qu’il a fait ? Sans doute pas. Il a l’attitude d’un enfant surpris d’avoir mal agi. La jeune fille fixe le représentant de l’accusation au ton délicat, comme la présidente avant lui. Tout est feutré, en cette salle d’audience.

« Nous abordons ici le problème de l’autisme, poursuit M. de Valroger, y compris de la sexualité dans le monde du handicap. Les faits ne sont pas contestés, pas même les violences sur ascendant, néanmoins nous sommes confrontés à un coupable d’un genre particulier. » Il veut « l’empêcher de récidiver, mais comment ? L’univers carcéral n’est pas la solution pour un autiste ». Il requiert un suivi médico-judiciaire d’une durée de 10 ans et, en cas de non-respect, douze mois de prison ferme « en espérant ne pas en arriver là ».

« Ici, nous ne sommes pas loin de la justice réparatrice »

Me Emmanuel Giordana, en défense de Dimitri, remercie le tribunal pour « le temps consacré au dossier, indispensable pour la jeune fille et pour les parents. Ils ont souffert lorsque leur fils a été emprisonné, ils savaient la mesure inadaptée. Quand votre juridiction les a entendus le 20 avril, que le procureur a dit “la place d’un autiste n’est pas en prison” et que vous l’avez libéré, ils ont repris espoir. Ici, nous ne sommes pas loin de la justice réparatrice dont on parle souvent bien qu’elle en soit aux balbutiements ».

L’avocat du Barreau de Meaux a une attention pour chacun. Léa, sa mère, « très dignes » ; les parents « qui n’ont pas trahi votre confiance » et « les victimes potentielles à protéger d’une réitération des faits ». « Je plaide la responsabilité pénale, toutefois je vous conjure de privilégier une solution médicale et familiale. Ils vont organiser l’avenir de leur fils dans un cadre le plus protecteur possible pour la société et pour lui. » Me Giordana s’est également exprimé calmement, avec courtoisie, sans emphase.

La présidente et les juges assesseurs délibèrent 40 minutes. Ils considèrent finalement Dimitri « coupable mais pénalement irresponsable ». Le jeune homme est libre. Reçue dans sa constitution de partie civile, Léa percevra le remboursement de ses soins.

Les jambes de Dimitri ont cessé de trembler. Il rejoint ses parents et sa vie « compliquée ». La présidente salue individuellement le garçon, sa mère, son père, Léa et sa maman. Elle marque un long silence avant d’appeler le prévenu suivant.

*Prénoms modifiés

Source ACTU – JURIDIQUE.

DIJON – Un après-midi sportif autour du handicap…

« L’événement Entr’Raid permet de découvrir la pratique du sport adapté au travers de jeux sportifs et ludiques. »

Un après-midi sportif autour du handicap

 

C’est ce qu’affirment Marie Bauer, Chloé Claquin et Manon Durand, étudiantes en Staps à l’université de Bourgogne et organisatrices de la manifestation qui s’est déroulée vendredi 6 mai au lac Kir à Dijon.

Durant toute la journée, les trois étudiantes et 86 bénévoles ont accueilli une cinquantaine de personnes en situation de handicap afin de leur proposer des jeux sportifs adaptés. Entre biathlon, vélo électrique, tir à l’arc, kayak ou encore équitation, les participants ont pu, pour la plupart, découvrir un sport qui leur était jusqu’alors inconnu.

Pour les organisatrices, ce rendez-vous permet également de sensibiliser le grand public sur la question du handicap mental.

Source BIEN PUBLIC.

Au Havre, le Club nautique invite les nageurs en situation de handicap dans ses bassins le mercredi 11 mai…

Le club nautique havrais organsie une journée de découverte de la natation handisport.

Deux nageurs de haut niveau seront présents mercredi 11 mai 2022 pour promouvoir leur discipline.

David Smétanine est l’un des deux champions présents à cette opération découverte

 

Le Comité handisport 76 s’est associé au CNH (Club nautique havrais) pour promouvoir la natation handisport. Affilié à la Fédération française handisport, le club organise une journée de découverte mercredi 11 mai 2022 à partir de 9 h 30 devant le club situé au 31 boulevard Clemenceau. « Nous avons prévu des animations et les personnes intéressées pourront tester l’eau de cette piscine puisque deux lignes leur seront réservées », indique Alain Vitard, co-responsable de la section handisport au CNH et vice-président du comité départemental handisport 76.

Deux champions présents

« Nous avons aussi choisi de braquer les projecteurs sur deux champions paralympiques avec la présence exceptionnelle de David Smétanine, du Nautic club Alp 38, au palmarès impressionnant, avec deux titres paralympiques, trois titres de champion du monde et trois titres de champion d’Europe et qui sera membre de la commission des athlètes de Paris en 2024, détaille Alain Vitard. Quant au havrais Thierry Le Gloanic, qui s’entraîne au CNH, il a été, en autre, capitaine de l’équipe de France de natation handisport de 1989 à 1992, et peut se vanter d’un palmarès tout aussi brillant. Il comprend un titre de champion paralympique à Barcelone, et détient cinq titres de champion du monde et deux titres de champion d’Europe. »

Club nautique havrais, 31 boulevard Clemenceau.

Tél. 02 35 43 47 65.

Source PARIS NORMANDIE.

Handicap : de nouveaux droits pour les travailleurs des Esat…

En mars dernier, Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, présentait les dernières avancées dans la concrétisation du plan de transformation des Esat.

L’objectif : fluidifier le parcours professionnel des personnes en situation de handicap.

Décryptage.

Handicap : de nouveaux droits pour les travailleurs des ESAT

 

Connaissez-vous les Esat ?

Les établissements et services d’aide par le travail (Esat) sont des établissements médico-sociaux qui accompagnent les personnes en situation de handicap, physique ou psychique, notamment grâce au travail.

Un décret, en cours de publication, vient préciser les nouvelles mesures pour fluidifier le parcours professionnel des travailleurs d’Esat. Ce plan de transformation est la concrétisation du rapport sur les Esat de l’IGAS de 2020 et d’une grande concertation à laquelle avait pris part une centaine de parties prenantes, professionnels du secteur, organisations syndicales, dont la CFTC, et personnes en situation de handicap. L’objectif du plan : impulser une nouvelle dynamique en confortant la mission des Esat d’accompagnement des personnes dans une trajectoire professionnelle.

Pour la CFTC, ce plan de modernisation des Esat est porteur de plusieurs avancées :

  • il répond enfin à la demande des personnes en situation de handicap de bénéficier de davantage de droits et d’une plus grande capacité à décider ;
  • il réaffirme le soutien au modèle des Esat, acteurs médico-sociaux essentiels, dont le rôle est ainsi reconnu et conforté.

Parmi les mesures les plus transformatrices :

  1. La création de nouveaux droits alignés sur le droit du travail

Peu de personnes le savent, mais les personnes en situation de handicap travaillant pour un Esat ne sont pas considérées comme des « salarié(e)s » mais des « usagers ». Elles ne bénéficient donc pas d’un contrat de travail mais d’un contrat de soutien et d’aide par le travail. La concertation, qui a précédé cette réforme, a révélé que jusqu’à présent, les usagers des Esat n’avaient pas le droit à récupération ou paiement majoré des dimanches et jours fériés travaillés ! Idem pour les congés exceptionnels pour évènements familiaux, congés parentaux, enfant malade, etc. : des droits bien en dessous du minimum prévu dans le droit du travail et rarement actualisés.

  1. L’amélioration du droit d’expression et de participation à la gouvernance

Il existe déjà, dans les Esat, une instance qui vise à associer les usagers au fonctionnement des établissements sociaux et médico-sociaux : le conseil de la vie sociale (CVS) [défini par la loi du 2 mars 2002 et l’article L311-6 du code de l’action sociale et des familles, il est composé de représentants des résidents (i. e. les usagers), des familles et du personnel de l’établissement]. Le conseil de la vie sociale donne son avis et fait des propositions sur toutes les questions liées au fonctionnement de l’établissement : qualité des prestations, amélioration du cadre de vie et du quotidien des usagers… Mais bien qu’utile, le CVS ne bénéficie pas de véritable droit d’expression au sens du code du travail.

Dorénavant, les usagers des Esat pourront élire un délégué représentant les travailleurs sur des situations individuelles, avec formation obligatoire et 5 heures de délégation par mois. Le plan de transformation prévoit également la création d’une instance mixte (personnes accompagnées/personnel de l’établissement), qui sera compétente sur les sujets de qualité de vie au travail (QVT), d’hygiène et de sécurité et d’évaluation des risques professionnels.

En tant qu’organisation syndicale, la CFTC ne peut qu’être favorable à l’amélioration du droit d’expression des personnes accompagnées dans les Esat et de leur participation à la gouvernance de leur établissement.

  1. Renforcement de l’accompagnement et fluidification des parcours professionnels

S’agissant du renforcement de l’accompagnement et de la fluidification des parcours professionnels, le plan de transformation prévoit :

  • d’une part, de faciliter le passage des personnes travaillant en Esat vers l’exercice d’une activité professionnelle dans le milieu ordinaire, en leur permettant d’évoluer de l’Esat vers l’entreprise adaptée ou l’entreprise ordinaire « classique », sans qu’il ne soit besoin de repasser par la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) ;
  • d’autre part, de cumuler un temps partiel en Esat, en entreprise adaptée et en entreprise ordinaire « classique » et, si les conditions sont remplies, d’intégrer le « parcours renforcé en emploi », qui constitue l’une des modalités de sortie.

La CFTC, qui a activement contribué à la concertation sur les Esat, se réjouit de cette nouvelle dynamique, qui favorise et simplifie l’accès à l’emploi des personnes en situation de handicap. L’organisation a en effet été consultée sur le projet de décret lui-même dans le cadre du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH), où elle siège, mais également au niveau de la Commission nationale de la négociation collective, de l’emploi et de la formation professionnelle (CNNCEFP), où elle siège également.

Bon à savoir

Le travailleur a droit à des allers-retours entre l’Esat, l’entreprise adaptée ou ordinaire, tout en continuant à bénéficier de l’accompagnement par l’Esat. Puis, quand il est prêt, c’est la prestation « emploi accompagné » qui prend le relais.

La CFTC considère donc que les « Établissements et services d’accompagnement par le travail » [nouveau nom donné aux Esat, afin d’affirmer leur mission d’accompagnement du projet professionnel des personnes] sont un dispositif clef pour développer la participation de chacun à la création de richesses via le travail. Le travail, valeur fondamentale pour la CFTC, est un univers d’épanouissement mais aussi parfois de conflits, de stress, de discriminations… C’est pourquoi l’État doit garantir à chaque personne en situation de handicap la possibilité de s’engager dans un parcours professionnel. Il s’agit, comme le préconise la devise de la CFTC, de faire du travail un droit pour tous.

Le plan de transformation des Esat en chiffre

  • – 1 500 Esat en France
  • – 120 000 personnes en situation de handicap accompagnées
  • – 15 millions d’euros mobilisés pour moderniser l’équipement des Esat et permettre l’évolution de leurs activités

Conditions d’accueil pour le travail en Esat

La personne handicapée qui souhaite intégrer un Esat doit remplir les conditions suivantes :

  • – être âgé de 16 ans ou plus ;
  • – être inapte à un poste au sein d’une entreprise ordinaire ou adaptée ;
  • – être inapte à l’exercice d’une activité professionnelle indépendante : cette inaptitude est constatée après évaluation de la capacité de travail de la personne handicapée, qui doit être inférieure à 1/3 de la capacité de travail d’une personne valide.

Source : Code de l’action sociale et des familles

Comment intégrer un Esat

Pour être admis dans un Esat :

  • – vous devez vous adresser à la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) de votre lieu de résidence ;
  • – votre demande sera transmise à la Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH). Cette commission étudiera votre dossier et décidera de votre orientation vers le milieu protégé ;
  • – si vous êtes orienté vers un Esat, vous serez automatiquement reconnu comme travailleur handicapé.

Bon à savoir

Avant d’intégrer un Esat, il peut être opportun de le visiter afin de découvrir ses activités et mesurer si celles-ci correspondent bien à vos attentes.

Avant d’être admis définitivement, vous effectuerez une période d’essai de 6 mois pendant laquelle vous bénéficierez d’une rémunération garantie[1].

Source : Mon parcours handicap.fr

[1] Pour une activité à temps plein, le montant de cette rémunération est compris entre 55 % et 110 % du Smic, soit entre 5,50 € et 10,94 € de l’heure. Notons qu’en raison de l’inflation, le Smic a bénéficié d’une revalorisation de 2,65 % le 1er mai 2022.

Source CFTC.

Handicap et emploi en Europe : encore trop peu de données existent…

À l’occasion de la journée de l’Europe lundi 9 mai, l’association qui gère le fond d’insertion pour les personnes handicapées (Agefiph) dresse le bilan sur l’insertion des personnes en situation de handicap dans le monde du travail.

Handicap et emploi en Europe : encore trop peu de données existent

 

En Europe, 51% des personnes en situation de handicap ont un emploi contre 75% des personnes sans handicap, selon la Commission européenne. Cependant si ce chiffre donne une indication globale, « il n’est pas totalement fiable », déclare Véronique Bustreel, la directrice innovation, évaluation et stratégie de l’Agefiph dans un entretien avec EURACTIV.

« La grande difficulté lorsqu’on parle d’emploi et de handicap en Europe, c’est d’accéder à de la donnée. Celle-ci est la seule qu’on ait, il n’y a pas d’antériorité. C’est l’une des premières données internationales, européennes et françaises », précise Mme Bustreel, qui a participé à la rédaction de la publication de l’Agefiph ‘Europe : l’emploi des personnes en situation de handicap’. 

Et pour cause : « Selon les pays en Europe, lorsqu’on parle de personnes en situation de handicap on ne parle pas forcément des mêmes personnes. Ce ne sont pas les mêmes règles ou les mêmes normes », ajoute-t-elle.

En France la loi de 2005, qui énonce le principe du droit à compensation du handicap, est jugée trop médicale et pas assez conforme à la Convention relative aux droits des personnes handicapées, selon l’ONU.

« Les Pays-bas ont une vision plus large du handicap, comme ce que l’on qualifierait de handicap social en France », indique comme exemple Mme Brusteel.

Le système des quotas

Deux tiers des pays européens ont adopté le système de quotas, ce qui représente un « bon niveau », selon Stefan Tromel Spécialiste du handicap à l’Organisation internationale du travail (OIT). Ce système oblige tout employeur d’au moins 20 salariés à appliquer un taux d’embauche de 6% de personnes en situation de handicap.

Le problème se pose lorsqu’une personne est embauchée uniquement pour remplir les quotas. « Or, il faut penser à leur développement professionnel, à leurs compétences. », plaide M. Tromel au cours d’une entrevue avec EURACTIV.

Avant d’ajouter : « Un changement de mentalité est nécessaire. C’est la clé pour faire la différence. La bonne nouvelle c’est que beaucoup d’entreprises ont commencé à comprendre ça. »

Quotas ou non, le défi reste grand pour les petites et moyennes entreprises qui ne bénéficient pas des mêmes moyens que les grandes. « Il faut leur apporter l’assistance technique et financière », alerte M. Tromel.

Les pays du nord et l’Italie plus inclusifs

Malgré l’absence de données fiables, des études montrent que certains pays tirent leur épingle du jeu, à l’image des pays nordiques. La Suède, la Finlande et la Norvège, mais aussi l’Italie ont des taux d’accès à l’emploi relativement élevés ce qui s’explique notamment par « une culture ancrée de non-discrimination pour tous », selon Mme Bustreel.

A contrario, d’autres pays ont une culture « très paternaliste » et « protectrice » comme les pays de l’est, ce qui permet moins l’inclusion des personnes en situation de handicap dans le monde du travail.

Cependant « Il n’y a pas de bons ou de mauvais élèves, car on ne parle pas des mêmes situations de handicap, dans le même bain culturel ou économique. Il faut rester prudent », tient à rappeler Véronique Bustreel.

En revanche, avoir des statistiques précises sur les différents pays de l’UE permettrait de définir des stratégies efficaces en « s’accordant sur ce qui fonctionne mieux » et en « donnant des inflexions » si besoin est.

Il faudrait pour cela une définition commune aux 27 de la notion de travailleur en situation de handicap.

Stratégie européenne du handicap

Au niveau européen, il existe tout de même un projet commun : la stratégie européenne du handicap. Présentée en mars 2021 par la Commission, la stratégie relative aux droits de personnes handicapées 2021-2030 vise à garantir un accès aux droits fondamentaux aux personnes en situation de handicap ainsi qu’à développer l’accessibilité sur le continent.

« C’est une stratégie ambitieuse et intéressante, car elle vient porter des sujets essentiels pour les personnes en situation de handicap comme l’accessibilité, l’une des clés pour favoriser l’accès à l’emploi et développer une mobilité européenne », souligne Véronique Bustreel.

Mais la stratégie de la Commission présente une limite de taille : elle n’a pas de valeur législative, elle est seulement incitative. « C’est une façon d’amener un cap. Maintenant, les États membres et les institutions doivent se saisir de ce sujet et montrer leur volonté de promouvoir ensemble les droits des personnes en situation de handicap. », ajoute Mme Busteel.

La directrice innovation de l’Agefiph précise cependant qu’agir uniquement par la contrainte n’est pas forcément efficace et qu’il vaut mieux combiner les deux méthodes.

La pandémie de Covid a vu se développer le télétravail, ouvrant un nouveau champ de réflexion. « Attention à l’exclusion du monde du travail pour tous », prévient Mme Bustreel. S’il y a là une opportunité, il faut penser le télétravail et le négocier au niveau européen pour éviter les écueils du « trop ou pas assez ».

Même son de cloche pour M. Tromel : « C’est une option, mais pas une solution ». 

Si les États membres et l’Europe semblent vouloir créer un marché du travail plus ouvert aux personnes en situation de handicap, il reste encore de nombreux procès à faire.

« Un marché du travail inclusif – offrant des chances à tous et un travail de qualité – est notre objectif. Une action coordonnée au niveau tant national qu’européen sera indispensable pour atteindre ces objectifs », avait déclaré la commissaire à l’égalité Helena Dalli en mars dernier lors d’une conférence de la présidence française de l’UE. Affaire à suivre.

Source EURACTIV.

 

Une opticienne mobile va sillonner la Haute-Saône dans un camping-car…

La Mutualité française a mis en service, ce vendredi, un camping-car tout équipé piloté par une opticienne diplômée.

Celle-ci se rendra dans les bourgs du département afin de s’occuper de la santé visuelle et auditive des habitants.

Une opticienne mobile va sillonner la Haute-Saône dans un camping-car

 

C’est une première nationale assurent ceux qui sont à l’initiative de cette idée originale mais ô combien nécessaire. En Haute-Saône, la Mutualité française vient de signer un partenariat avec l’Association des maires ruraux (AMRF70) afin de mettre en place un service mobile d’optique et d’audition.

Concrètement, une opticienne diplômée ira au-devant des populations des petits bourgs à bord d’un camping-car bien particulier. En effet, à l’intérieur de celui-ci, les appareils de contrôle de la vue et de l’audition ainsi que les paires de lunettes ont remplacé les lits et autres équipements classiques. « Tout est agencé comme dans un magasin. La clientèle peut s’y rendre et y bénéficiera des mêmes services », assure Fabien Grandjean, directeur de la Mutualité française de Haute-Saône.

 Le camion mobile « optique et audition » apportera les mêmes services qu’en magasin.   Photo ER /Cecilia CHERRIER

Comme dans un magasin

Ce « camion mobile » ira donc à la rencontre des usagers au sein des Maisons France Service mais aussi des Ehpad, des résidences autonomies, des établissements d’accueil pour personnes handicapées voire au domicile des personnes qui ne peuvent se déplacer. Il s’arrêtera dans les communes, à raison d’une demi-journée, et accueillera sur rendez-vous. Le premier arrêt a eu lieu, ce vendredi 6 mai, à Lavoncourt, tout simplement parce que c’est le siège de l’AMRF 70. « L’agenda est déjà bien rempli », se félicite d’ailleurs l’opticienne.

Après avoir exercé pendant 20 ans au sein de magasins dans le Pays de Montbéliard et à Lure, Rachel Lorain se réjouit d’aller à la rencontre des usagers au travers de la Haute-Saône. « Je veux me sentir encore plus utile », dit celle qui a accepté de relever ce challenge, nullement effrayée par la conduite du camping-car. « Je me chargerais des évaluations visuelles et auditives. Je proposerais des petites réparations de lunettes ou d’appareils auditifs ainsi qu’un large choix de montures », détaille-t-elle. « Mais je ne délivre aucune ordonnance », ajoute-t-elle.

130 000 € de budget

Ce projet inédit était dans les cartons depuis 2019. Le budget annuel, intégralement financé par la Mutualité française, s’élève à 130 000 €, y compris le salaire de l’opticienne. « La Haute-Saône est pilote en la matière. Mais on espère que le projet s’étendra », confie Fabien Grandjean.

Le préfet de Haute-Saône, convié à l’inauguration du dispositif, est conquis. « On a là un modèle intéressant dans un département étendu comme la Haute-Saône. Il faut aller vers l’habitant ou l’usager pour lui amener les services dont il a besoin. » Un bel exemple de partenariat privé/public au service du territoire.

Source EST REPUBLICAIN.

Scandale des Ehpad : Orpea a «péché par manque de rigueur», estime son PDG, qui annonce une opération «portes ouvertes»…

Le groupe est sous le feu des critiques depuis la publication fin janvier du livre enquête du journaliste indépendant Victor Castanet Les Fossoyeurs.

Le PDG d'Orpea, Philippe Charrier.

 

Le PDG d’Orpea, Philippe Charrier, affirme dans un entretien au JDD que le groupe, qui présente ses résultats vendredi et organise à partir de la mi-mai une opération portes ouvertes pour tenter de rassurer sur ses pratiques, a «péché par manque de rigueur».

«Le moment est venu de bâtir le nouvel Orpea, dans la transparence», assure le PDG. «C’est pourquoi nous lançons les états généraux d’Orpea, l’idée étant d’ouvrir, entre le 13 mai et le 11 juin, les portes de nos Ehpad aux familles des résidents, aux élus, au monde associatif, aux journalistes et à tous les citoyens intéressés par la question du grand âge», précise-t-il.

Les premières conclusions des deux audits externes diligentés par le groupe pointent des failles dans la prise en charge des patients. «Les signalements d’événements indésirables graves liés aux soins, en particulier, étaient trop lents; il y a pu avoir des omissions», reconnait Philippe Charrier. Les audits montrent aussi l’existence de remises de fin d’année de la part de fournisseurs de produits financés par des fonds publics. «Orpea a péché par manque de rigueur. Aujourd’hui, on sait, donc on corrige», assure Philippe Charrier.

Payer les heures supplémentaires

Pour lutter contre les sous-effectifs, le groupe, qui présentera vendredi ses résultats annuels, va «désormais payer les heures supplémentaires, étudier la possibilité d’offrir de meilleures mutuelles à ses collaborateurs, faciliter leurs évolutions de carrière et changements de statut», poursuit-il. Le groupe privé a récemment déposé plainte contre X pour abus de biens sociaux.

Cette plainte contre personnes non dénommées porte sur des faits et des opérations passés – sans aucun lien avec les conditions d’accueil et de soins des résidents – susceptibles de poser question au regard de l’intérêt social d’Orpea et découverts à la suite d’investigations internes, avait expliqué le groupe début mai.

Le groupe est sous le feu des critiques depuis la publication fin janvier du livre enquête du journaliste indépendant Victor Castanet Les Fossoyeurs. Un rapport commandé par le gouvernement a pointé début avril de graves dysfonctionnements. Et le groupe fait depuis fin avril l’objet d’une enquête judiciaire, ouverte à Nanterre, sur des soupçons de maltraitance institutionnelle ou d’infractions financières.

Source LE FIGARO.

 

Le cancer de la prostate pourrait être lié à des bactéries et cela ouvre la voie à de nouveaux traitements…

Chaque année, environ 12 000 hommes meurent du cancer de la prostate au Royaume-Uni (50 000 nouveaux cas par an en France, pour 8 000 décès, ndlr).

Une récente étude publiée dans la revue European Urology Oncology avance que l’origine de cette maladie pourrait être liée à des bactéries.

Le cancer de la prostate pourrait être lié à des bactéries et cela ouvre la voie à de nouveaux traitements

 

Chaque année, environ 12 000 hommes meurent du cancer de la prostate au Royaume-Uni (50 000 nouveaux cas par an en France, pour 8 000 décès, ndlr). Mais ils sont beaucoup plus nombreux à mourir avec un cancer de la prostate qu’à mourir à cause de ce cancer. Il est donc important de savoir si la maladie va progresser rapidement ou non pour savoir qui traiter.

Notre dernière étude, publiée dans European Urology Oncology, permet de mieux comprendre quels sont les cancers qui vont progresser rapidement et de manière agressive et ceux qui ne le feront pas. Une partie de l’explication à ces différences d’évolution se trouve dans cinq types de bactéries.

C’est une surprise… sans l’être. Depuis quelques années, il a en effet été prouvé que les microorganismes pathogènes (bactéries et virus) peuvent entraîner des cancers. Nous savons, par exemple, que Helicobacter pylori est associé au cancer de l’estomac et que le papillomavirus humain (HPV) peut causer le cancer du col de l’utérus. Il existe également de plus en plus de preuves que la bactérie Fusobacterium nucleatum est associée au cancer colorectal.

Cinq bactéries identifiées

Ici, à la Norwich Medical School, avec nos collègues du Norfolk and Norwich University Hospital, du Quadram Institute et d’autres, nous avons identifié cinq types (genres) de bactéries liés au cancer agressif de la prostate. Il s’agit de Anaerococcus, Peptoniphilus, Porphyromonas, Fenollaria et Fusobacterium. Nous les appelons « ensemble de biomarqueurs de bactéries anaérobies », ou ABBS (anaérobie signifiant qu’elles peuvent se développer en l’absence d’oxygène).

Les genres de bactéries sont eux-mêmes subdivisés en « espèces », comme nous-mêmes sommes du genre Homo et de l’espèce sapiens. Et ici nous avons trouvé quatre espèces bactériennes entièrement nouvelles, dont trois appartiennent aux genres associés au cancer agressif de la prostate (deux de ces nouvelles espèces ont été nommées d’après nos bailleurs de fonds : Porphyromonas bobii, d’après le Bob Champion Cancer Trust et Varibaculum prostatecancerukia, le Prostate Cancer UK).

Pour découvrir si elles avaient un impact particulier, nous avons examiné des échantillons d’urine et de tissu prélevé au niveau de la prostate chez plus de 600 hommes atteints ou non d’un cancer de la prostate. Et nous avons constaté que lorsque l’une de ces cinq bactéries anaérobies était détectée dans les échantillons des patients, elle était associée à une progression plus rapide du cancer vers une forme agressive.

En effet, les hommes qui présentaient une ou plusieurs de ces bactéries étaient presque trois fois plus susceptibles de voir leur cancer de stade précoce évoluer vers une maladie avancée, par rapport à ceux qui ne présentaient aucun de ces microorganismes dans leur urine ou leur prostate.

Nous avons également découvert les mécanismes possibles du lien entre ces bactéries et le cancer, notamment les effets potentiels sur le métabolisme des cellules humaines hôtes.

Vers de meilleurs tests de dépistage

Les tests actuels de dépistage, comme la mesure du taux sanguin de PSA (antigène prostatique spécifique), ne permettent pas de savoir quels cancers seront les plus évolutifs. (Photo : Saiful52 / Shutterstock)

Les tests actuels de dépistage du cancer de la prostate, tels que le test par dosage du PSA (antigène prostatique spécifique) et la biopsie, ne sont pas toujours en mesure de prédire quels cancers seront dangereux.

Nous espérons qu’une nouvelle approche, qui rechercherait les bactéries de notre groupe ABBS, serait mieux à même de détecter et de dépister un cancer de la prostate potentiellement agressif. Ce nouveau type de test pourrait être similaire à ceux développés pour détecter Helicobacter pylori associé au cancer de l’estomac ou le HPV lié au cancer du col de l’utérus.

Nous y travaillons actuellement. Nous prévoyons de développer des tests fiables et rapides pour détecter les cinq bactéries caractéristiques que nous avons identifiées. Ils pourraient également contribuer à développer de nouvelles options de traitement pour les éliminer des voies urinaires, de la vessie et de la prostate.

Mais cette découverte passionnante n’en est bien sûr qu’à ses débuts. Il reste d’importantes questions à résoudre, telles que : la bactérie est-elle à l’origine du cancer de la prostate ? Si oui, comment ? En outre, pouvons-nous utiliser des options de traitement pour éradiquer la bactérie afin de prévenir le développement d’une maladie agressive ? Nous espérons bientôt avoir des réponses à ces questions.

*Cet article a été écrit par Rachel HURST, chercheuse, Colin COOPER professeur en cancérologie génétique, Jeremy CLARK, chercheur associé. Tous travaillent à l’université d’East Anglia.

Source OUEST FRANCE.

Peut-on être HPI (Hauts Potentiels Intellectuels) et heureux ?

HPI, pour Hauts potentiels intellectuels, ou surdoués ou bien encore zèbres : il existe plusieurs termes pour évoquer ces personnalités atypiques, à l’imagination débordante et souvent en décalage avec les autres.

Le cerveau des HPI fonctionne de façon différente

 

Beaucoup d’idées fausses circulent à propos des personnes à haut potentiel : ils seraient soit promis à un brillant avenir soit au contraire condamnés à un parcours semé d’embûches, du fait de leurs caractéristiques. La réalité est plus nuancée, les chemins multiples et variés selon que l’on a grandi dans un milieu plus ou moins sécurisant.

Murielle Giordan reçoit Hélène Vecchiali, psychanalyste, qui vient de publier Un zèbre sur le divan (aux éditions Albin Michel). Elle nous rappelle les traits qui définissent le mieux la personnalité d’un HPI, mais aussi les étapes de la vie qui façonnent de façon singulière les parcours de chacun.

Être identifié HPI et après ?

Si la série HPI, qui a rassemblé plus de 10 millions de téléspectateurs sur TF1, a montré l’intérêt sinon la fascination exercée par ces personnalités hors norme, son héroïne a davantage à voir avec l’autisme Asperger qu’avec le haut potentiel.

Hélène Vecchiali, psychanalyste, coach en entreprise et elle-même haut potentiel, en fait un portrait bien différent : enfants ou adultes, les HPI se caractérisent essentiellement par une hypersensibilité, une façon de ressentir très intense, un système de pensée en arborescence, en permanence en train de faire des liens, des associations.

Mais une fois que son enfant ou soi-même a été identifié HPI (et non pas « diagnostiqué » comme le disent certains professionnels, parce que ce n’est pas une maladie), que faire ?

La psychanalyste insiste sur le fait qu’il s’agit véritablement d’un cadeau, d’un don. Certes, des difficultés peuvent exister en raison du décalage ressenti avec les autres, mais il faut surtout être à l’écoute de son enfant ou de son adolescent, et si les difficultés sont trop grandes, ne pas hésiter à se faire aider par des psychologues spécialisés en haut potentiel. Il est très important que les professionnels qui vous accompagnent ou accompagnent votre enfant soient hauts potentiels également, pour pouvoir apporter une aide efficace.

« Toute mon enfance, ça a été compliquée, mes émotions étaient décuplées par rapport à mes camarades, mes parents étaient démunis et ne comprenaient pas mon mal-être. Un jour, ma mère a pris un rendez-vous avec un psychologue, qui m’a dit que j’avais quelque chose en plus et qu’il fallait que j’apprenne à m’en servir. »  Estelle

A partir du moment où les choses sont nommées, où l’on s’entoure des bonnes personnes, il est plus facile d’accueillir son haut potentiel, et de le vivre tant dans sa vie professionnelle que personnelle comme une chance, un don à cultiver.

Source FRANCE BLEU.

 

Nantes. Alzheimer : quand soignants et menuisiers créent une table d’activités pour les patients…

Santé. Pour aider des patients ayant la maladie d’Alzheimer, souvent ex-bricoleurs, soignants et services techniques ont une solution à la maison Pirmil de Saint-Jacques (CHU).

La table d’activités est née d’une réflexion commune entre les soignants et les services techniques de la maison Pirmil au sein de Saint-Jacques (CHU de Nantes).

 

Poignée de porte, cadenas avec une clé, télécommande, robinet, cône à tourner,… Tout est rassemblé sur une table d’activités disponible pour les patients des soins de suite gériatriques de la maison Pirmil au sein de l’hôpital Saint-Jacques (CHU). Une nouveauté qui plaît aux malades souffrant de troubles cognitifs.

Cette idée a été donnée lors d’une formation, ​explique Catherine Boulinguiez, cadre santé au sein de la maison Pirmil (pôle gériatrique clinique).Nous avions eu le cas d’un patient qui était un ancien bricoleur et aimait beaucoup démonter dans sa chambre.

Ni une, ni deux, avec Thomas, aide-soignant, qui a aussi été formé, cette dernière contacte les services techniques de Saint-Jacques.

« Cela fait appel à la gestuelle. Le patient doit réfléchir à la façon de faire les choses »

Le projet est lancé entre les soignants et les menuisiers. Aurélien Padioleau, des services techniques, l’a alors créée, en lien avec Benoît Derredinguer, le responsable, et les soignants de la maison Pirmil.
Le résultat comble toute l’équipe.Cela fait appel à la gestuelle. Le patient doit réfléchir à la façon de faire les choses. Il fait alors travailler sa mémoire exécutive. Cela rappelle des souvenirs, ​indique Catherine Boulinguiez. Cette table d’activités permet d’instaurer un dialogue entre la famille et le patient, ce qui n’est pas toujours simple.

Cette réalisation crée aussi du lien entre les services. C’est réalisé avec de la récupération et tout est sécurisé. Nous avons l’habitude avec les services de psychiatrie. Nous avons des demandes d’autres services​, note Benoît Derredinguer. Cette table d’activités pourrait évoluer. Dans notre service hospitalier, c’est une activité occupationnelle pour les patients qui fait travailler leurs fonctions cognitives​, selon Fabienne Pesle, médecin.

« On sécurise tout »

Ce style de table d’activités, qui est parfois à vendre sur le net dans des modalités différentes, intéresse d’autres établissements de santé ou d’Ehpad. Ces professionnels du CHU ont eu plusieurs demandes de renseignements. Une jeune femme nous a écrit en disant que son père était un grand bricoleur et que ce genre d’activités l’aurait bien aidé », note Catherine Boulinguiez​.

Source OUEST FRANCE.