La réforme de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) bientôt relancée grâce à une pétition…

HANDICAP Le mode de calcul actuel de la prestation est jugé infantilisant et dangereux par certains.

La réforme de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) bientôt relancée grâce à une pétition

 

  • Une pétition pour revoir le mode de calcul de l’AAH approche les 100.000 signatures sur le site du Sénat.
  • Les signataires demandent que les revenus du conjoint de la personne handicapée ne soient plus pris en compte.
  • Le Sénat vient de nommer un rapporteur, mais il faudra encore convaincre la majorité présidentielle à l’Assemblée.

« L’allocation adulte handicapés (AAH), c’est notre moyen de survie et cela nous permet une certaine indépendance. Mais ça s’arrête si on a le malheur de tomber amoureuse ». En deux phrases, Audrey a résumé le paradoxe de l’AAH. Cette jeune femme de 20 ans, reconnue handicapée à plus de 50 %, a réussi à toucher cette prestation après des mois de démarches.

Elle perçoit actuellement 902 euros mensuels (le maximum), qui servent entre autres à payer des soins liés à son handicap mais qui ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale. Audrey est en couple et aimerait bien vivre avec son petit ami au lieu de devoir rester chez ses parents. Et c’est là que le problème arrive : « si j’habite avec lui, je ne pourrai plus percevoir l’AAH, explique-t-elle, car l’allocation est calculée à partir des revenus du couple ».

Son conjoint étant en CDI et gagnant plus de 2.200 euros mensuels, leurs revenus dépasseraient en effet le plafond autorisé. « Je ne peux donc pas vivre avec lui sans mentir à la CAF, ce que je refuse. Et si je dis la vérité, je serais entièrement dépendante de mon conjoint, explique Audrey. C’est un risque, car si vous êtes malheureuse, ou pire, victime de violence au sein de votre couple, vous ne pouvez plus partir car vous n’aurez plus de revenus pendant des mois ».

Une pétition qui relance le débat

C’est pour mettre fin à cette situation vécue par beaucoup de personnes handicapées que plusieurs propositions de lois et amendements ont été déposés depuis 2017. A chaque fois, il s’agissait de « désolidariser » l’AAH, autrement dit de faire en sorte que les revenus du conjoint n’entrent plus en compte dans le calcul. Une première étape avait été franchie en février 2020, lorsque l’Assemblée nationale avait adopté en première lecture – et contre l’avis du gouvernement, on y reviendra – la proposition de loi allant dans ce sens portée par la députée Jeanine Dubié (Liberté et Territoires).

Depuis ? Plus rien, ou presque. Le texte est parti au Sénat, mais « aucun groupe parlementaire ne voulait l’inscrire au calendrier », déplore la députée. C’est donc pour peser sur les élus du palais du Luxembourg qu’une pétition officielle a vu le jour en septembre 2020 sur le site du Sénat. Pour pouvoir être automatiquement examinée par la conférence des présidents du Sénat, le texte devait compter 100.000 signatures. Ce 27 janvier 2021, la pétition en rassemblait 91.000.

Le gouvernement, dernier obstacle ?

La mobilisation a fait bouger les lignes, et le seuil des 100.000 signatures n’aura même pas besoin d’être atteint. La semaine dernière, le Sénat a en effet décidé de nommer un rapporteur pour porter le texte, qui devrait être examiné en mars. « Cela va dans le bon sens, se félicite Jeanine Dubié. J’espère que l’individualisation de l’AAH pourra être définitivement adoptée avant la fin de la mandature, en 2022 ».

Pour les partisans de la réforme, il reste un obstacle de taille, et non des moindres : convaincre le gouvernement. Comme nous l’évoquions plus haut, l’exécutif s’était opposé à la proposition lors de son examen en première lecture à l’Assemblée nationale. Depuis, il n’a pas changé de position. Le gouvernement considère en effet que des dispositions spécifiques suffisent déjà à assurer un niveau de vie décent aux personnes handicapées. Il cite notamment la prestation de compensation du handicap (PCH) (qui concerne 280.000 personnes, contre 1,13 million pour l’AAH), et l’abattement fiscal pour chaque titulaire de la carte d’invalidité (0,5 part supplémentaire dans le calcul de l’impôt sur le revenu).

Des aménagements possibles

« Il existe également des situations où la prise en compte des revenus du conjoint peut s’avérer favorable à l’allocataire, expliquait en novembre 2020 la secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel. C’est le cas, par exemple, si celui-ci travaille, mais non son conjoint. On a souvent tendance à oublier de telles situations, mais 44.000 ménages seraient perdants en cas de « déconjugalisation » de l’AAH ».

« Si l’étude d’impact confirme qu’il y aurait des perdants, nous amenderions le texte pour éviter ces effets de bord », lui répliquait la semaine dernière Catherine Deroche (LR), présidente de la commission des affaires sociales du Sénat, interrogée par le site Faire face. Une fois le texte voté et amendé par le Sénat, la proposition de loi retournera à l’Assemblée, où LREM est majoritaire. Les partisans de la réforme, comme Jeanine Dubié, espèrent alors que le large consensus – de LR à la France Insoumise – sur la réforme de l’AAH fera réfléchir les députés marcheurs.

Source 20 MINUTES.

La police fiche des handis… GRAVE !

Trois décrets publiés début décembre autorisent le fichage de personnes handicapées au nom de la sûreté de l’État et de la sécurité publique.

La présidente de la principale union de défense des personnes malades ou handicapées psychiques et de leurs aidants s’insurge.

La police fiche des handis. Marie-Jeanne Richard

Trois décrets permettant le fichage policier de personnes handicapées ont été publiés au Journal Officiel du lendemain de la journée mondiale des personnes handicapées. Elaborés pour modifier les informations à inclure, le premier concerne le fichage au titre des enquêtes administratives liées à la sécurité publique (221.000 fiches actuellement), le second pour la prévention des atteintes à la sécurité publique et la sûreté de l’État (60.000 fiches), le troisième pour la gestion de l’information et prévention des atteintes à la sécurité publique (67.000 fiches). Dans ces fichiers de police et de gendarmerie figureront l’identité complète des personnes, mais également leurs opinions politiques, convictions philosophiques ou religieuses, appartenance syndicale, mais aussi les « données relatives aux troubles psychologiques ou psychiatriques », « régime de protection », « comportement auto-agressif », « addictions », entre autres nombreuses catégories. Si des organisations ont immédiatement saisi le Conseil d’État d’un recours suspensif, elles ont été déboutées le 4 janvier mais le magistrat statuant en référé a toutefois rappelé que « seules les activités susceptibles de porter atteinte à la sécurité publique ou à la sûreté de l’État pourront donner lieu à l’enregistrement de données sur des activités publiques ou au sein de groupements ou de personnes morales ou des activités sur les réseaux sociaux » et que le code de la sécurité intérieure prévoit « qu’il est interdit de sélectionner dans le traitement une catégorie particulière de personnes à partir des seules données sensibles ».

Fiche de police de Jean Cocteau

Les services de police et de renseignement intérieur n’ont donc théoriquement pas le droit de ficher des gens à partir de l’une de leurs caractéristiques, et il ne devrait pas être possible d’en extraire les communistes, homosexuels, juifs, francs-maçons, etc. comme on l’a connu lors d’une sombre période de notre histoire… Théoriquement, ce fichage ne devrait pas autoriser à ficher les opposants au Gouvernement, ou les musulmans, ou les personnes handicapées psychiques, mais seulement autoriser à mentionner ces caractéristiques d’individus estimés par des policiers comme potentiellement dangereux pour la sécurité publique et la sûreté de l’État. Mais que viennent donc faire là les personnes handicapées psychiques ? Présidente de l’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam), Marie-Jeanne Richard réagit.

Question : Le Gouvernement a élaboré et publié trois décrets qui autorisent à inclure les personnes vivant avec des troubles mentaux ou psychologiques dans trois fichiers relatifs à la sûreté de l’État et la sécurité publique. Qu’en pense l’Unafam ?

Marie-Jeanne Richard : D’abord, une très grand indignation. Nous sommes furieux devant cet amalgame qui est récurrent, entre dangerosité, troubles psychiatriques ou psychiques, et atteinte à la sécurité de l’État. Nous avons écrit le 16 décembre au Premier ministre et aux ministre de l’Intérieur et de la Santé, et une seconde lettre collective d’organisations du monde de la psychiatrie, d’associations de patients et de familles vient de leur être adressée. Il est inadmissible de tout le temps faire ce lien, et c’est vraiment ajouter de la stigmatisation. Ce qui est aussi grave, et passé assez inaperçu, ce sont les facteurs de fragilité concernés, dont le comportement auto-agressif c’est-à-dire les personnes qui ont fait des tentatives de suicide et ne menacent pas les autres, ce ne sont pas des comportements hétéro-agressifs. Dans ces facteurs de fragilité sont inclues les addictions et les mesures de protection des personnes sous tutelle ou curatelle. C’est autant de mots qui nous ont mis dans une très grande colère. Si l’on comprend les difficultés de la situation actuelle en matière de sécurité, cela ne permet pas d’identifier et de pointer du doigt des personnes qui sont d’abord en souffrance.

Question : Il n’y a donc pas eu de concertation ni d’information préalable ?

Marie-Jeanne Richard : Pas du tout, aucune concertation. Nous ne savons pas si le ministère de la Santé et des solidarités a été consulté, et nous avons remarqué que les décrets ne sont pas cosignés par ce ministre. On peut penser que ces textes ont été élaborés uniquement par le ministère de l’Intérieur.

Question : Il y a un précédent, avec un fichier spécifique…

Marie-Jeanne Richard : Absolument, avec ce que nous appelons le décret Hopsyweb [lire l’actualité du 16 mai 2019]. il concernait les personnes en soins psychiatriques sans consentement, on nous avait répondu « ce n’est pas grave ». Il s’agissait d’un fichier recensant ces personnes jusqu’à trois années après la sortie des soins sans consentement. Puis après un deuxième décret de mai 2019 permettait de faire le lien avec le fichier des personnes fichées S en rapport avec le terrorisme. Chaque fois, on augmente la stigmatisation : Hopsyweb limitait le nombre de personnes pouvant consulter le fichier, le 2e décret faisait le lien avec le fichier des personnes surveillées pour radicalisation ou lien avec le terrorisme, aujourd’hui on atteint un 3e niveau assez flou où on ne sait pas quelles personnes seront inscrites dans les fichiers : les « troubles psychologiques ou psychiatriques », c’est extrêmement vaste.

Question : L’un des fichiers sera consultable par de simples agents de police…

Marie-Jeanne Richard : Exactement. Le fichier des enquêtes administratives liées à la sécurité publique est utilisé pour le recrutement préalable dans certains emplois de la fonction publique, ce qui veut dire que de nombreuses personnes peuvent y avoir accès. C’est vraiment une violation du secret médical et du droit des personnes.

Question : On estime que plus du tiers des emprisonnés vivent avec des troubles psychiques qui ne sont pas soignés, ce serait une volonté d’ajouter à la privation de liberté une punition en enfermant les prisonniers dans leurs troubles ?

Marie-Jeanne Richard : Ça n’est jamais écrit comme cela, vous vous en doutez bien. En ne prenant pas en charge correctement les troubles psychiques en termes de santé, on conduit ces personnes à la rue et à la prison. Et là, on n’a plus à s’en occuper. C’est une manière pour l’État de se dédouaner de son obligation d’assurer les soins aux concitoyens.

Question : D’un côté, vous constatez les décrets stigmatisants du ministre de l’Intérieur, et de l’autre vous entendez les discours des ministres de la Santé et des personnes handicapées sur l’inclusion des personnes vivant avec des troubles psychiques. Cela vous laisse quelle impression ?

Marie-Jeanne Richard : Celle d’un État qui ne discute pas. D’un côté, le ministère de le Santé et le secrétariat d’État aux personnes handicapées qui parlent d’inclusion, mais on sent bien au travers de tout cela que ce n’est pas l’inclusion pour tout le monde. C’est un point sur lequel nous continuerons à nous mobiliser avec les associations de patients. Il est inadmissible de parler aujourd’hui de société inclusive en oubliant de manière quasi délibérée les personnes qui ont un handicap psychique. Fin décembre est paru le décret sur l’aide à la parentalité, et une fois de plus les personnes en situation de handicap psychique n’y sont pas inclues. Il y a des discours sur une société inclusive, mais nous constatons qu’elle n’est pas pour tout le monde. Les personnes ayant une maladie psychique ont besoin d’être soignées et accompagnées, pas d’être fichées.

Propos recueillis par Laurent Lejard, janvier 2021.

Source YANOUS.

Le calcul de l’allocation aux adultes handicapés organise une dépendance intenable dans le couple… Vidéo…

Une pétition déposée au Sénat relance la mobilisation pour que le versement de l’AAH soit désolidarisé des revenus du ou de la partenaire.

 

Aujourd’hui, en France, quasiment 1,2 million de personnes touchent l’AAH, l’allocation aux adultes handicapés. Cette allocation de solidarité est destinée à assurer aux personnes en situation de handicap un revenu minimum. Elle est attribuée sous réserve de respecter des critères d’incapacité, d’âge, de résidence et de ressources. Son objectif majeur est de palier l’absence ou la faiblesse de revenus d’activité d’une personne en situation de handicap. En effet, non seulement certaines de ces personnes ne sont tout simplement pas en mesure de travailler, mais nombreuses sont celles qui sont victimes de discrimination à l’embauche. Ainsi, 18% des personnes en situation de handicap sont au chômage, soit environ deux fois plus que la moyenne nationale.

Mais, l’AAH est ce que l’on appelle une allocation différentielle: c’est-à-dire que son montant peut varier selon les ressources du foyer. Et, c’est là que le bât blesse.

En effet, comme l’explique Kevin Polisano dans une courte vidéo mise en ligne en 2017, si une personne handicapée touchant l’AAH (dont le montant est aujourd’hui de 900 euros mensuels) se met en couple avec une personne valide dont le salaire dépasse 1.625,40 euros par mois (soit 19.505 euros par an), l’AAH lui est supprimée. C’est-à-dire que la personne handicapée se retrouve sans aucun revenu personnel.

Une accentuation de la dépendance

Pour les associations qui dénoncent cette disposition, ce conditionnement du versement de l’AAH crée des situations intenables autant financièrement que socialement et psychologiquement. Pour Odile Maurin, présidente de l’association Handi-Social, les conséquences sont triples: «La conséquence pour la personne handicapée, c’est qu’elle se retrouve en situation de dépendance financière vis-à-vis du conjoint ce qui peut entraîner des relations conflictuelles et de la violence et un sentiment d’infériorité. Il y aussi une conséquence sur la personne valide: elle accepte volontairement de se mettre en situation de pauvreté parce qu’elle a choisi de vivre avec quelqu’un en situation de handicap. Il y a enfin une conséquence sur le couple: on met les deux conjoints dans une situation de pauvreté.»

Le premier point est essentiel et témoigne d’une vision validiste du handicap, comme l’explique Cécile Morin porte-parole du Collectif lutte et handicaps pour l’égalité et l’émancipation: «Les politiques mises en œuvre par ce gouvernement organisent une dépendance des personnes handicapées. Cette mesure conduit à reproduire dans l’ordre des relations familiales la dépendance, la domination et le risque d’infantilisation dont les personnes handicapées font déjà l’objet de manière systémique. Ça accrédite l’idée que les personnes handicapées ne seraient pas des sujets de droit, adultes, autonomes, capables de choisir avec qui elles ont envie de vivre. Cela renforce l’idée que les personnes handicapées seraient des objets de charité et de protection soumises à une domination au sein de foyer.»

Même son de cloche du côté de Clémentine du collectif Les Dévalideuses: «On intériorise l’idée que les personnes handicapées sont des fardeaux au sein d’une société validiste, qu’elles sont dépendantes, qu’elles n’ont pas le droit d’avoir leur revenu propre, que leur autonomie ne vaut pas le coup.»

«Certaines personnes handicapées ne s’installent pas avec leur partenaire parce que l’autre ne pourra pas faire vivre le foyer seul.»

Clémentine du collectif Les Dévalideuses

Stéphane, qui souffre d’un syndrome d’Ehlers-Danlos et touche l’AAH depuis dix ans témoigne: «Avec ce fonctionnement l’État nous fait comprendre que nous sommes un poids dont quelqu’un doit se charger, et que si quelqu’un vit avec nous, c’est à lui d’assumer. Quand on est handicapé, on subit une pression à la performance. On n’arrête pas d’être remis en question, tout le temps. Qui veut de ça dans un couple?»

Le jeune homme dénonce le prix de l’amour subi par les personnes handis: «Vous imaginez si une loi vous dictait qui vous avez un peu le droit d’aimer, mais pas trop, et qui vous n’avez pas du tout le droit d’aimer? C’est ce qu’il se passe avec l’AAH. Le mariage ne nous est pas rendu illégal, mais il est quand même passible de sanctions.» Clémentine ajoute: «Les personnes handicapées peuvent se se dire: “Je ne vais pas m’installer avec la personne dont je suis amoureuse parce que la CAF va me retirer mon AAH”. Certaines ne s’installent pas avec leur compagnon ou leur compagne parce que l’autre ne pourra pas faire vivre le foyer tout seul.» Cécile Morin complète: «Cela nous renvoie au fait qu’au regard de la société, la vie affective et psychologique des personnes handicapées ne compte pas.»

Les femmes exposées à la violence

Cette vision validiste est aussi une vision patriarcale du couple, comme l’exprime Stéphane: «Notre société considère le couple comme un genre d’individu unique composé de sous-individus pas vraiment distincts. Et si on prétend être sortis de cette vision rétrograde depuis les années 1960, ça reste l’approche fondamentale de l’État.»

En effet, la personne en situation de handicap devient totalement dépendante financièrement. «Cela crée un rapport de domination, explique Clémentine. Si le conjoint valide gagne plus que le salaire moyen des Français, la personne handicapée dépend totalement de lui et devra demander pour la moindre dépense. Dans un couple valide/handicapé, il peut déjà y avoir des biais de pouvoir par rapport à la dépendance physique. On ajoute une dépendance financière qui peut être source de tensions au sein du couple, et de violences.»

« 34% des femmes handicapées ont subi des violences physiques ou sexuelles de la part de leur partenaire, contre 19% des valides. »

Étude de la Dress

La dépendance financière accroît le risque de violences physiques et psychologiques chez les femmes en situation de handicap, qui constituent déjà la population la plus concernée par les violences au sein du couple. En 2014, l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne estimait en 2014 que 34% des femmes handicapées avaient subi des violences physiques ou sexuelles de la part de leur partenaire, contre 19% des valides. Une étude rendue publique le 22 juillet 2020 par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Dress) confirme ces chiffres dramatiques. «Soumission et violences peuvent s’installer du fait de cette dépendance», explique Clémentine.

Et, en cas de violences subies, il est extrêmement compliqué de quitter son compagnon. «C’est évidemment très difficile de quitter son conjoint dans ces conditions, d’autant plus s’il est aidant familial», note Cécile Morin. Quitter l’autre signifie vivre plusieurs mois sans aucun revenu: «La CAF va mettre plusieurs mois à recalculer puis payer l’AAH» déplore Odile Maurin.

Obstination de l’administration

Aujourd’hui, le cabinet de Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées –qui n’a pas répondu à nos sollicitations par mail, campe sur son leitmotiv: «La solidarité nationale complète la solidarité familiale, elle ne doit pas s’y substituer. Que la personne soit en situation de handicap ne constitue pas un motif qui permettrait de déroger à ce principe au cœur de notre organisation sociale.» Selon Odile Maurin, «sa conception de la solidarité nationale est une conception du XIXe siècle, une conception où la femme est toujours dépendante de l’homme». Clémentine ajoute: «Cette vision arriérée est accompagnée d’une volonté de dénaturaliser l’AAH en en faisant quelque chose conditionné à la recherche d’emploi sous prétexte de promouvoir l’indépendance des personnes handicapées.» Sauf que rien n’est fait pour aménager le travail pour ces personnes.

Depuis le 10 septembre 2020 et jusqu’au10 mars 2021 circule une pétition déposée au Sénat pour la désolidarisation des revenus du conjoint pour le paiement de l’allocation aux asultes handicapés.

Source SLATE.

Handicap : L’écriture inclusive est-elle vraiment inclusive ?…

Un vœu présenté ce mercredi en Conseil de Paris par l’opposition demande « que la Mairie renonce totalement à l’usage de l’écriture inclusive », mettant en avant les difficultés de lecture pour les personnes en situation de handicap.

 

Handicap : L’écriture inclusive est-elle vraiment inclusive ?

 

  • Ce mercredi, l’opposition présentera un vœu au Conseil de Paris pour demander que l’écriture inclusive soit bannie de la Mairie.
  • Selon les opposants à l’écriture inclusive, « cette pratique est discriminante pour les personnes souffrant de handicap », particulièrement les personnes déficientes visuelles ayant besoin de logiciels pour la décrypter.
  • Toutes les associations et collectifs de personnes en situation de handicap ne sont cependant pas réfractaires à l’écriture inclusive qui, par ailleurs, ne se limite pas au point médian.

Elle a fait couler beaucoup d’encre depuis trois ans, et ça ne s’arrête pas. Les opposantes et opposants à l’écriture inclusive sont bien décidés à stopper son usage à la Mairie de Paris, arguant du fait que « cette pratique est discriminante pour les personnes souffrant de handicap », particulièrement celles qui sont déficientes visuelles et ont besoin de logiciels pour la décrypter.

Le groupe Changer Paris s’apprête à déposer, ce mercredi, un vœu en Conseil de Paris. Objectif : que la Mairie « renonce totalement à l’usage de l’écriture inclusive, afin de respecter les principes fondamentaux d’accessibilité et d’égalité des droits. »

Dans leur argumentaire, les élus et élues Les Républicains et Indépendants mettent en avant le fait que l’Association pour la prise en compte du handicap dans les politiques publiques et privées (APHPP) a cet été interpellé l’Association des maires de France ainsi que la nouvelle Défenseure des droits. Ils rappellent aussi les propos de la secrétaire d’Etat au Handicap, Sophie Cluzel, qui a dénoncé une « régression pour l’accessibilité universelle contraire à tous les efforts en Falc [Facile à lire et à comprendre]. » Enfin, ils estiment que les personnes en situation de handicap s’opposent à l’écriture inclusive.

Des handiféministes dénoncent une « récupération du handicap »

La vérité est un peu plus complexe que cela. Il est vrai que certaines associations, comme la Fédération des aveugles de France, se sont élevées contre l’écriture inclusive. « Pour nous, personnes aveugles, cette soi-disant langue inclusive est proprement indéchiffrable par nos lecteurs d’écrans », énonçait un communiqué en 2017. Selon ce texte, avec l’écriture inclusive, le texte devient « illisible, incompréhensible, en particulier par ceux qui éprouvent quelques difficultés avec cette même langue, les dyslexiques par exemple. »

Cependant, ce communiqué est critiqué par des associations et collectifs de personnes en situation de handicap et féministes. Il « fait fi de toute une littérature scientifique sur la question », contre-attaque par exemple le réseau d’études handiféministes, un collectif de chercheurs et chercheuses à la pointe sur le sujet qui entend « dénoncer la récupération du handicap pour justifier des positions anti écriture inclusive » : « Il existe assurément des handi-e-x-s [voir notre encadré 20 secondes de contexte] qui défendent l’écriture inclusive. »

L’écriture inclusive ne se réduit pas au point médian

Pour le réseau d’études handiféministes, le problème n’est pas tant l’écriture inclusive que les logiciels de synthèse : « De fait, lire un point médian avec un lecteur d’écran est, à l’heure actuelle, quelque chose de désagréable, voire d’incompréhensible. Mais si les programmateurices [voir notre encadré 20 secondes de contexte] travaillaient à modifier cela, il n’y aurait plus de problème », estime le collectif, qui préfère « condamner le sexisme qui préside à la programmation des logiciels, plutôt que l’antisexisme qui motive l’usage de l’écriture inclusive ». Autre argument : il est actuellement possible d’intervenir dans le terminal des logiciels « pour modifier la verbalisation du point médian », explique le collectif. Option alternative : utiliser des traits d’union, « parfaitement lisibles par des lecteurs d’écran ».

Par ailleurs, l’écriture inclusive ne se réduit pas au point médian, contrairement à ce que suggère le vœu du groupe LR. « Les quatre “piliers” du langage égalitaire sont vieux de plusieurs siècles et conformes au fonctionnement de la langue française : 1. Nommer les femmes au féminin ; 2. Nommer les femmes aussi quand on parle de populations mixtes ; 3. user des accords traditionnels en cas de pluralité de noms à accorder avec un adjectif ou un participe (accord de proximité, accord au choix) et non pas la règle qui veut que “le masculin l’emporte sur le féminin” ; 3. Bannir le mot homme de toutes les expressions où l’on veut désigner l’espèce humaine », témoigne Eliane Viennot, spécialiste d’écriture égalitaire et historienne des relations de pouvoir entre les sexes.

Contactée par 20 Minutes, Nelly Garnier, porte-parole du groupe Changer Paris, ne se dit pas opposée à doubler les mots, comme dans l’expression « Françaises, Français », mais seulement à une utilisation abondante du point médian, « type cher·e·s lecteur·rices·s », dit-elle. Sauf que cette utilisation n’est pas même recommandée par le Haut Conseil à l’Égalité femmes-hommes (HCE), qui inspire la communication de la Mairie de Paris. « On simplifie et on fait confiance à l’usage. Cela ne rend pas plus difficile l’usage de la langue et l’impact sur la visibilité des femmes est extraordinaire », confirme à 20 Minutes Brigitte Grésy, la présidente du HCE.

Défaut de normalisation des pratiques

Pour Benjamin Moron Puech, enseignant – chercheur en droit très actif sur ces questions, le problème ne vient pas tant de l’écriture égalitaire en elle-même, mais du fait qu’on ne se donne pas les moyens de la généraliser, alors que toutes les études prouvent qu’elle a un impact significatif sur les représentations sexistes. « Je vous invite, en particulier pour les textes destinés à être publiés au Journal officiel de la République française, à ne pas faire usage de l’écriture dite inclusive », avait recommandé le Premier ministre, en novembre 2017, contredisant les règles du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, pourtant placé sous son égide. « Le problème provient d’un défaut de normalisation des pratiques d’écriture d’inclusive, le gouvernement jouant la discorde entre d’un côté les normes du HCE, les normes de l’Académie française et ses propres normes issues de la circulaire de 2017. C’est cette contradiction des normes au niveau étatique, ainsi que le défaut d’enseignement qui est avant tout responsable des difficultés rencontrées par les personnes en situation de handicap », plaide-t-il.

Ces arguments ne convainquent pas Vincent Michel, président de la Fédération des aveugles et amblyopes de France : « Cette écriture avec “les étudiant” bidule “e” bidule “s” c’est pénible à lire et c’est pénible pour le rédiger. Et pourtant je suis un grand partisan de l’égalité des sexes et de l’égalité tout court. Quand je m’adresse à une assemblée je dis « madame, monsieur » et même je dis « mademoiselle » car je trouve ça tellement beau. »

Pas de quoi faire changer d’avis l’adjointe à la Maire de Paris en charge de l’Egalité femmes-hommes Hélène Bidard, qui va appeler à rejeter le vœu tel qu’il est écrit, avec son collègue Jacques Galvani, en charge du handicap : « Ce n’est pas le fait de visibiliser les femmes qui est compliqué, c’est le Français. Et ce n’est pas une langue morte. La langue évolue avec l’égalité qui progresse. »

Source 20 MINUTES.

Prudence – Les parents qui veulent faire l’école à la maison devront obtenir l’autorisation des autorités académiques…

Face à la grogne des parents dont 62.000 enfants (dont 5.000 pour des motifs religieux) sont concernés le gouvernement a assoupli sa position.

 

Concernant l’école à la maison qui concerne 62.000 enfants dont 5.000 le seraient pour des motifs religieux islamistes), le gouvernement s’exprime par la voix du Premier ministre dans Le Monde :  » le principe est l’école obligatoire, un principe assorti d’exceptions. Nous ne remettons pas en cause cette logique. Mais il y a des dérives : certains utilisent ces exceptions pour éduquer les enfants dans un cadre et avec des finalités contraires aux lois et aux valeurs de la République. C’est cela qu’il faut éviter et sanctionner. »

Jean Castex précise qu’il faudra désormais une autorisation : « Nous allons donc passer dans un régime d’autorisation. (…) vous devrez obtenir l’autorisation des autorités académiques, dans le cadre de critères définis pour cela : l’état de santé ou le handicap de l’enfant, la pratique sportive ou artistique intensive, l’itinérance ou l’éloignement géographique d’un établissement scolaire »,

Il y aura de plus un « motif balai » : « une situation particulière propre à l’enfant, sous réserve que les personnes qui en sont responsables justifient de leur capacité à assurer l’instruction en famille et le fassent dans l’intérêt supérieur de l’enfant. »

Source ATLANTICO.

 

ENTRETIEN. Handicap : « L’équité n’est pas négociable »….

Pour Sophie Cluzel, la secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, l’égalité des droits et l’équité territoriale sont des priorités. Même si la crise sanitaire complique tout.

Sophie Cluzel. Secrétaire d’État auprès du Premier ministre chargée des personnes handicapées.

Le Comité interministériel du handicap se tient ce lundi 16 novembre à Matignon, alors que débute la Semaine européenne de l’emploi des personnes handicapées.

Un baromètre des Maisons départementales du handicap (MDPH) a été mis en ligne mi-octobre. Pourquoi le temps de traitement des dossiers varie-t-il du simple au triple ?

L’équité de réponse sur tout le territoire est un de mes sujets phares, et c’est une politique copartagée avec les départements. À la création des MDPH, en 2005, ce n’est pas le choix d’un système d’information unique qui a été fait, l’autonomie des politiques informatiques des Départements étant à l’époque privilégiée. Quinze ans ont été perdus. Quand je suis arrivée en 2017, j’ai voulu accélérer l’harmonisation. Le travail réalisé en concertation avec l’Assemblée des Départements de France a permis d’aboutir à une pleine transparence, avec notamment la publication de ce baromètre permettant d’évaluer les progressions de chaque MDPH, avec toujours l’appui de l’État.

L’objectif d’une équité en 2022 est-elle tenable ?

Malgré la crise sanitaire actuelle, l’équité territoriale n’est pas négociable. L’objectif est de descendre un délai maximum de trois mois partout sur le territoire pour l’attribution de l’AAH (Allocation adulte handicapé) et quatre mois pour les autres attributions

Le Comité interministériel du handicap doit-il valider de nouveaux droits ?

Il est très important que les personnes handicapées puissent être considérées comme des citoyens à part entière. Jusqu’à présent, on pouvait avoir de l’aide pour un enfant handicapé, mais pas en tant que parent handicapé. Nous allons accompagner la parentalité, avec un élargissement de la prestation compensatoire du handicap. Un exemple : Je ne peux pas porter mon bébé et lui faire prendre son bain. À partir du 1er janvier, il sera possible de bénéficier d’une assistance humaine mais aussi d’aides techniques parfois coûteuses, comme des tables à langer basculantes.

Un rapport sur les aides techniques vous a été remis fin octobre, que va-t-il changer ?

Depuis plus de vingt ans, la liste d’aides techniques n’avait pas évolué ! Nous prenons très bien en charge des équipements complètement obsolètes et pas forcément très utiles. Les fauteuils roulants manuels sont bien remboursés, alors qu’il y a des restes à charge très importants sur les fauteuils roulants électriques !

Je veux revoir en profondeur cette liste et sécuriser les remboursements d’aides techniques véritablement utiles pour les besoins des personnes en situation de handicap. Et en même temps il s’agit de pouvoir développer l’axe de l’économie circulaire, c’est-à-dire pouvoir réparer, reconditionner certaines aides techniques. Les citoyens sont très en attente sur ce sujet.

En quoi consiste l’habitat inclusif que vous comptez développer ?

Il faut une individualisation de l’accompagnement pour permettre la vie en société, le vivre ensemble. J’ai une fille trisomique qui a 25 ans. Elle est en train de créer avec six autres personnes un habitat collectif partagé. Ces jeunes peuvent tout à fait vivre chez eux, en colocation mais avec une gouvernance d’animation ou parfois d’encadrement.

Nous allons tester sur dix-huit mois, avec les Départements, l’octroi d’une aide individuelle à la vie partagée pour ouvrir ces solutions d’habitat. C’est une révolution dans la façon de considérer la capacité de la personne à pouvoir choisir, à pouvoir agir.

La crise a été l’occasion du déploiement du numéro d’urgence 0800 360 360. Quel bilan en tirez-vous ?

À la sortie du confinement, il était capital de trouver des solutions d’accès aux soins, car il y avait eu durant la première vague de Covid-19 des interruptions dans l’accompagnement ; mais aussi pour gérer les besoins de répit des aidants car, à l’époque, de nombreux établissements avaient été fermés. Et il y a toujours une importante demande d’information. Dès l’annonce du deuxième confinement, en deux jours, les appels sont passés de 50 à 500 par jour.

La situation est différente car le deuxième confinement n’implique aucune fermeture de structures. Mais il reste toujours des problématiques d’accompagnement et d’accès aux soins. Ce numéro va se déployer sur tout le territoire (il l’est déjà sur soixante-quinze départements) d’ici à la fin de l’année. Au-delà d’un numéro, c’est une méthode de travail. L’engagement est de trouver des solutions de proximité en faisant mieux travailler ensemble tous les acteurs.

Dans quelle mesure, la crise sanitaire et économique met-elle en danger l’emploi des personnes handicapées ?

Nous lançons ce lundi 16 novembre après-midi la semaine européenne de l’emploi des personnes handicapées. Le risque est qu’elles soient les premières victimes de la crise économique. Dans le plan de relance, 100 millions sont fléchés : l’aide de 4 000 € à l’embauche d’un salarié handicapé sans limite d’âge, les 8 000 € de bonification pour un contrat d’apprentissage, l’emploi accompagné avec 15 millions spécifiquement dédiés…

En ces temps de crise, les entreprises peuvent faire appel à un accompagnement s’il y a des difficultés avec un salarié en situation de handicap. Mais il est extrêmement important de faire tomber les préjugés. Handicap ne signifie pas vulnérabilité.

Source OUEST FRANCE.

Covid-19 : « Il ne faut pas que les personnes handicapées soient les premières victimes de cette crise économique », estime la secrétaire d’Etat Sophie Cluzel…

Sophie Cluzel a annoncé le maintien de la 4e édition du DuoDay qui permet la formation de duos entre des personnes en situation de handicap et des professionnels volontaires.

Toutefois cette année, cette journée se tiendra principalement à distance. 

Covid-19 : "Il ne faut pas que les personnes handicapées soient les premières victimes de cette crise économique", estime la secrétaire d'Etat Sophie Cluzel

Sophie Cluzel, secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargée des personnes handicapées, a affirmé samedi 7 novembre sur franceinfo qu’il ne fallait pas que les personnes en situation de handicap « soient les premières victimes de cette crise économique », qui découle de la crise sanitaire liée au Covid-19. Pour les maintenir dans l’emploi, Sophie Cluzel a annoncé le maintien de la 4e édition du DuoDay le 19 novembre qui se tiendra, confinement oblige, en grande partie à distance. L’opération DuoDay permettra la formation de duos entre des personnes en situation de handicap et des professionnels volontaires dans de nombreuses entreprises, collectivités ou associations.

Sophie Cluzel : Tous les établissements et services médico-sociaux pour personnes en situation de handicap sont ouverts, enfants, adultes, internat, externat, les services d’accompagnement, à la grande différence du premier confinement. C’est un très grand soulagement. Les transports continuent vers les établissements. Les sorties aussi pendant le week-end continuent avec toutes les précautions. S’il y a un cas de Covid-19 dans la famille ou dans l’établissement, nous sommes extrêmement prudents. Donc protocole sanitaire renforcé, mais pour autant, l’accompagnement continue. Tous les libéraux aussi continuent d’accompagner, les orthophonistes, les psychomotriciens, les rééducateurs.

Comment sont encadrées les visites des familles ?

C’est dans le dialogue avec les familles. Elles sont programmées, mais il était très important de maintenir le lien. Le président de la République l’avait vraiment signifié. Il nous faut maintenir ce lien et éviter l’isolement des personnes. C’est très important. C’est pour cela que dès le début, il y a une dérogation pour pouvoir avoir des sorties avec les personnes et leurs accompagnants. Je profite aussi de dire qu’il n’y a plus besoin d’attestation de sortie pour les personnes aveugles. Tout de suite, nous avons réactivé justement cette dérogation parce qu’il leur était impossible de pouvoir les télécharger.

En Haute-Savoie, une association qui gère des structures d’accueil de personnes handicapées mentales a lancé un appel à volontaires pour venir compenser les absences de personnels touchés par le Covid-19. Comment pallier ces absences ?

Comme partout. C’est un vrai problème. Il y a certains professionnels malades, donc il faut pouvoir se mobiliser. Nous essayons de mutualiser justement les ressources. Il y a la possibilité d’accéder au service civique puisque nous avons lancé plus de 100 000 jeunes en service civique qui peuvent venir en appui, par exemple, pour accompagner les sorties, pour être auprès des familles et des aidants. Nous faisons feu de tout bois en coopération complète pour pouvoir justement pallier ces difficultés.

La crise est aussi économique. Que va faire le gouvernement pour l’emploi des personnes handicapées ?

C’est un vrai sujet. C’est pour ça que tout de suite j’ai voulu que la « mesure jeune », c’est-à-dire les 4 000 euros de subvention pour l’emploi des jeunes, soit pour les personnes handicapées quel que soit l’âge et 8 000 euros aussi pour les contrats d’apprentissage. Nous maintenons le DuoDay le 19 novembre, parce qu’il faut maintenir justement l’accès à l’emploi et le maintien dans l’emploi. Ce DuoDay sera massivement distanciel. Nous avons voulu le maintenir parce qu’il ne faut pas que les personnes handicapées soient les premières victimes de cette crise économique. Nous mettons tout en œuvre pour accompagner les entreprises et les personnes handicapées pour le maintien dans l’emploi en privilégiant encore une fois le télétravail.

Source FRANCE INFO.

Les accompagnants d’enfants atteints de handicap dénoncent leurs conditions de travail…

Les AESH, accompagnants d’enfants en situation de handicap, se sont rassemblés samedi 17 octobre, dans l’après-midi à Dijon.

Une cinquantaine de personnes étaient rassemblées place de la Libération à Dijon.

Un rassemblement en signe de protestation contre la précarisation grandissante de leur profession, et pour réclamer plus de reconnaissance.

Une cinquantaine de personnes se sont rassemblées samedi 17 octobre, place de la Libération, à Dijon. Des accompagnants d’enfants en situation de handicap (AESH) se sont réunis pour dénoncer leurs conditions de travail, et réclamer plus de reconnaissance. Ils étaient accompagnés de représentants syndicaux, de professeurs et de parents d’élèves.

Une précarisation grandissante

Tout commence avec une circulaire éditée au mois de juin 2019 par le ministère de l’Education Nationale, dans le but d’une reconnaissance et valorisation du travail des AESH. Une bonne nouvelle, au premier abord, mais qui a dégénéré au fil des mois. La circulaire promettait une reconnaissance sur le temps de travail des AESH, notamment lors des tâches connexes « qui sont autres que l’accompagnement physique de l’élève, à l’école« , selon Françoise Lyon, professeure des écoles et co-secrétaire de la Fédération FSU.

« Le souci c’est que cette reconnaissance n’a pas vraiment eu lieu, ici. Nous avons des AESH qui travaillent en moyenne une heure de plus hebdomadaire et par enfant, pour un même salaire » explique Françoise Lion. Les accompagnants sont contraints de cumuler plusieurs emplois pour boucler les fins de mois difficiles. 

C’est le cas Guy Vial. Il a 60 ans, et s’occupe de quatre enfants. Pas le choix, quand un seul ne suffit pas pour boucler les fins de mois. « C’est vraiment difficile, parce qu’il faut adapter les emplois du temps des quatre enfants, et ça donne des puzzles impossibles ! » confie-t-il. Guy Vial est AESH depuis 8 ans maintenant, et a rejoint cette profession par conviction. « On court toute la journée entre tous les établissements… Et avec quatre enfants, on a moins de temps à leur consacrer individuellement, et impossible de leur accorder le temps qu’ils méritent » conclut-il.

Un travail de fond impossible

Les AESH accompagnent physiquement à l’école les enfants atteints de handicap, mais ils font également du travail individuel avec eux. C’est-à-dire qu’ils revoient les leçons, refont les exercices ensemble pour favoriser l’assimilation des cours. Mais plus on a d’enfants, moins on a de temps à leur consacrer en tête à tête. 

Une inquiétude que les parents d’enfants atteints de handicap partagent. Marc Thiellet est père d’un garçon de 13 ans, atteint d’une maladie génétique rare, une maladie dont il est aussi atteint. En en tant que personne concernée, il s’inquiète des conditions de travail des AESH. « Nos enfants ne sont pas des sous-élèves. Ils ont le droit à l’éducation au même titre que n’importe qui, et si on veut réussir l’intégration de nos enfants, il faut du personnel formé, compétent et surtout considéré ! » s’insurge-t-il.

Pour lui, cette considération passe aussi par une rémunération à hauteur de leur travail. Un travail qu’ils font avec les enfants, mais aussi avec les parents. « Tous les parents n’ont pas les mêmes capacités pour épauler leurs enfants. Pour ceux qui ont ces capacités, c’est déjà difficile… Mais pour les parents qui ne les ont pas, ils ont forcément besoin d’aide, et si les AESH ne peuvent pas aller au bout des choses, on ne s’en sortira pas » conclut-il.

Au printemps dernier, les représentants syndicaux ont pu rencontrer Fadila Khattabi, députée de la 3e circonscription de la Côte d’Or. « Elle nous a reçus, et écoutés » explique Françoise Lyon. Fadila Khattabi a rédigé une question à l’attention du Parlement, pour le moment restée sans réponse.

Source FRANCE BLEU.

Lyon : rencontre avec Cybèle, assistante sexuelle pour handicapés…

Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, s’est déclarée favorable à l’accompagnement de la vie sexuelle des personnes en situation de handicap.

Cybèle est assistante sexuelle à Lyon.

Rencontre.

Willy fait appel aux services de Cybèle depuis plusieurs années. Une relation qui marie confiance, sensualité et sexualité.

Dans son appartement  du 7e arrondissement de Lyon, Willy accueille régulièrement Cybèle. Willy est handicapé moteur, Cybèle est escort girl, cette relation est devenue indispensable à Willy. « Ça m’a redonné confiance en moi et ça m’a permis d’être bien dans ma peau« , nous explique-t-il, alors qu’il se bat contre une dépression.

« Et je me suis dit, quand ça va recommencer, quand je vais être mal dans ma peau, quand je vais avoir des frustrations qui vont revenir je vais pouvoir faire appel à une accompagnatrice sexuelle. » Les proches de Willy ont remarqué une amélioration dans son comportement depuis cette relation « Si je suis frustré, je suis mal avec les autres. J’ai pensé plusieurs fois au suicide à cause de ce manque-là. »

L’accompagnement de vie sexuelle

À Lyon, Cybèle accompagne plusieurs personnes handicapées dans leur intimité. Son activité est assimilée à de la prostitution et depuis une loi d’avril 2016, ses clients sont passibles du délit de proxénétisme. Elle milite donc pour une reconnaissance du métier d’assistante sexuelle. Elle nous parle de son activité où elle doit apprivoiser des corps en souffrance.

« Je peux proposer des actes ou des adaptations, on peut essayer et se rendre compte que ça ne convient pas. Donc, il y a beaucoup d’essais et d’erreurs dans l’accompagnement et ce n’est pas forcément thérapeutique. Effectivement, je ne suis pas thérapeute, je ne suis pas là pour apporter du soin, si la personne y trouve quelque chose de thérapeutique, c’est très possible aussi. Si elle n’y trouve que du plaisir, c’est déjà bien » nous explique-t-elle.

La secrétaire d’Etat favorable

La secrétaire d’État Sophie Cluzel s’est déclarée dimanche « favorable à l’accompagnement de la vie sexuelle » des personnes handicapées par « des assistants« , un « sujet tabou » sur lequel elle a saisi pour avis le Comité consultatif national d’éthique (CCNE).

« Moi, je suis très favorable à ce qu’on puisse accompagner (la) vie intime, affective et sexuelle » des personnes handicapées, a indiqué Mme Cluzel lors du « Grand Rendez-vous » Europe 1/CNews/Les Echos. « Tout l’enjeu de la façon dont je mène ma politique, c’est de remettre les personnes handicapées en pleine citoyenneté, dans le respect et la dignité », y compris « le droit à une vie intime, affective et sexuelle« , a-t-elle souligné.

Ce sujet est « tabou dans notre société, c’est pour ça que j’ai saisi le Professeur (Jean-François) Delfraissy, président du CCNE« , a expliqué la secrétaire d’Etat chargée des Personnes handicapées. Mme Cluzel a adressé samedi au Pr Delfraissy un courrier, où elle juge « aujourd’hui indispensable de rouvrir la réflexion éthique en abordant le sujet de l’assistance sexuelle avec une vision renouvelée« , selon des extraits parus dans Le Journal du Dimanche.

Il ne s’agit pas « d’ouvrir un réseau de prostitution, cette question est totalement ridicule, à côté de la plaque. Ces assistants de vie sexuelle existent déjà en Belgique, aux Pays-Bas, en Suisse. Allons voir comment ont été formées ces personnes« , a dit Mme Cluzel sur Europe 1 et CNews.
« En 2012« , le CCNE avait « déjà été saisi » sur ce sujet et avait « émis un avis en disant On ne veut pas se prononcer pour l’instant, c’est trop compliqué« , mais depuis « la société a mûri« , a estimé la secrétaire d’Etat.

Les personnes handicapées « nous le redisent haut et fort (…). Elles nous ont dit – Nous souhaitons pouvoir être accompagnées dans notre vie intime et sexuelle-« , a poursuivi Mme Cluzel. « Je ne préconise rien puisque je saisis le Pr Delfraissy », a-t-elle ajouté. « Il va y avoir des débats citoyens« , ce qui « va nous permettre de prendre en compte les désirs et les attentes des personnes, des associations qui les accompagnent« , « c’est un vrai sujet de société« , a-t-elle considéré.

« Quoi qu’il se passe, cela nous fera faire un bond en avant colossal dans la bientraitance des personnes, dans le recueil de leurs désirs, de leurs attentes, dans la façon de les regarder différemment, non plus comme des objets de soins, mais bien comme des sujets de droits« , a relevé Mme Cluzel.

Reportage primé au CIRCOM Regional 2020

Jeudi 8 octobre 2020, l’Association Européenne des Télévisions Régionales a annoncé que ce reportage réalisé avec Cybèle par Sylvie Adam et Benjamin Métral, avait été primé dans la catégorie des reportages d’actualité lors du CIRCOM Régional 2020.
Le jury a notamment remarqué le caractère « surprenant de ce reportage traitant d’un sujet provocant, traité de manière délicate et soignée« .

Source FR3.

Aidants. Coronavirus en Loire-Atlantique : Le département lâche 6 millions d’euros pour des primes exceptionnelles…

AIDANTS Le conseil départemental a décidé de se substituer à l’Etat en versant une prime aux secteurs de l’aide à domicile, du handicap et de la protection de l’enfance.

Coronavirus en Loire-Atlantique : Le département lâche 6 millions d’euros pour des primes exceptionnelles

Ils vont bien toucher une prime exceptionnelle après leur implication pendant la crise du coronavirus. Le conseil départemental de Loire-Atlantique va en effet assurer le versement d’une dotation exceptionnelle d’environ 6,5 millions d’euros aux secteurs de l’aide à domicile, de la protection de l’enfance, du handicap et des personnes âgées, a-t-il confirmé vendredi. Au total, pas moins de 9.600 professionnels de Loire-Atlantique vont percevoir une prime de 1.000 euros, au prorata de leur temps de travail pendant le confinement, selon les critères établis par l’Etat.

Cette prime, annoncée par Emmanuel Macron, devait initialement être versée par l’Etat mais celui-ci s’était ensuite rétracté pour la majorité des établissements. La collectivité départementale a donc décidé d’assumer elle-même cette promesse. Au final, sur les 6,5 millions d’euros qu’elle dépense, environ 900.000 euros seront compensés par l’Etat, assure-t-elle.

« Les professionnels bénéficiaires ont été en première ligne, ont pris des risques. On ne pouvait pas les laisser de côté », justifie Philippe Grosvalet, président PS du conseil départemental, qui fait remarquer que tous les départements n’ont pas souhaité se substituer à l’Etat de la même façon. Le versement de la prime, mis en œuvre avant décembre, sera géré par les employeurs.

Le budget départemental en « alerte rouge »

Cette dépense intervient dans un contexte financier délicat pour le département de Loire-Atlantique, déjà pénalisé par une baisse significative des « droits de mutation » (une partie des frais de notaires versés lors de l’achat d’un bien) en raison de la morosité du marché immobilier.

Surtout, les demandes d’allocation RSA ont augmenté de 10 % depuis février en raison de la suppression de nombreux emplois. Soit une facture supplémentaire prévisionnelle d’environ 30 millions d’euros à la charge de la collectivité. « C’est bien plus que ce qu’on imaginait. Nous n’avons plus de levier pour augmenter nos recettes. On est en alerte rouge », s’inquiète Philippe Grosvalet.

L’incertitude est telle que le conseil départemental a décidé de repousser exceptionnellement à 2021 le vote de son budget.

Source 20 MINUTES.