Ariège : à la barre pour avoir agressé sexuellement sa belle-sœur en situation de handicap à Foix…

L’audience devant le tribunal correctionnel de Foix s’est ouverte, ce mardi après-midi, avec une affaire impliquant un homme d’une soixantaine d’années soupçonné d’avoir agressé sexuellement sa belle-sœur handicapée.

Ariège : À la barre pour avoir agressé sexuellement sa belle-sœur en situation de handicap à Foix

 

Les faits remontaient à 2016 et se sont produits à plusieurs reprises en l’espace de quelques mois. Avant de s’arrêter, en début d’année 2017.

À la barre, l’homme au casier vierge est mal à l’aise. Conscient du caractère répréhensible de son acte dès la commission de son geste, il avoue avoir agi par détresse. Séparé de sa femme, il ajoute avoir ressenti un « manque » et un certain « vide affectif ». Questionné sur le consentement de sa belle-sœur, il confirme également : « Au début, elle a refusé puis après elle n’a plus rien dit. »

Ce silence a été brisé lorsqu’elle a décidé de se confier à son auxiliaire de vie. « Dans son audition, l’auxiliaire indique qu’elle s’est effondrée et a déclaré que vous aviez profité d’elle », note Hervé Barrié, président du tribunal. Mais le prévenu l’affirme : « J’ai arrêté de moi-même et je ne recommencerai plus. » Pour l’avocat de la victime, Me Casellas-Ferry, l’état de la victime, placée sous tutelle, nécessite une expertise plus poussée. Ses auditions n’ayant pas permis de comprendre quelle était l’ampleur de son traumatisme. Un traumatisme qui ne fait pas de doute pour la représentante du parquet. « Si vous saviez que c’était mal, si vous avez entendu quand elle disait non, pourquoi avoir insisté ? Les faits sont simples, mais ce qui questionne véritablement, c’est votre personnalité », a-t-elle indiqué avant de requérir une peine de 12 mois de prison avec sursis probatoire.

Me Dedieu, avocat du prévenu, a eu la lourde tâche de revenir sur les faits tout en préservant l’intégrité de chacun. « Il est toujours difficile de poser des mots adaptés dans ce type de dossier », a-t-il d’emblée annoncé. Pourtant, l’avocat a quand même essayé d’évoquer cette personnalité qui, pour lui, n’a rien « d’inquiétante ». « Pendant des années, il a aidé sa belle-sœur handicapée. Il y a une vraie part de sincérité dans cette relation, a-t-il plaidé. Malheureusement, le reste s’explique par la misère sexuelle et un investissement fantasmé… » Enfin, l’avocat ariégeois a rappelé que l’expert psychiatrique avait conclu à une partielle altération du discernement au moment des faits. « Il faut que vous en teniez compte dans votre jugement », a-t-il demandé.

Au final, le tribunal correctionnel de Foix a suivi les réquisitions du parquet et a condamné le sexagénaire à 12 mois de prison avec sursis.

Source LA DEPÊCHE.

L’association SOS Autisme France choquée après des propos « inappropriés » dans un manuel à destination des collégiens…

Un manuel de sciences de la vie et de la Terre est sous le feu des critiques après avoir assimilé l’autisme à une maladie et présenté des explications non validées par la communauté scientifique.

S'ils sont tenus de respecter les programmes, les manuels scolaires ne sont en revanche pas soumis à un contrôle du ministère de l'Education nationale. (MAXPPP)

 

L’autisme, une « maladie » qui entraîne une « difficulté à nouer des liens avec les autres » ? Ce passage d’un manuel scolaire a choqué une famille lilloise, qui a alerté l’association SOS Autisme France à la fin janvier. Il s’agit d’un livre de sciences de la vie et de la Terre (SVT) à destination des collégiens de la cinquième à la troisième, publié en 2017 aux éditions Belin. Des sujets types du brevet y sont proposés aux élèves pour s’entraîner. Parmi eux, un sujet intitulé « A la recherche des traitements sur l’autisme », qui soulève de nombreuses interrogations auprès des personnes concernées. 

Pour Olivia Cattan, présidente de l’association, ces termes sont, en plus d’être « inappropriés », totalement « faux » : « C’est truffé d’inexactitudes. C’est la première fois que je relève une erreur aussi grosse dans un manuel de SVT. Il n’y a rien de vrai. Ce n’est pas une maladie à guérir, il n’y a pas de médicament ou de traitement à l’heure actuelle. On se demande qui a fourni de telles informations. » Elle critique également l’absence de recours à la définition proposée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) – qui qualifie l’autisme de « trouble envahissant du développement » –, « alors que c’est une véritable référence en la matière ».

Des théories qui « n’ont pas été approuvées »

Plusieurs parents d’élèves d’académies diverses ont confirmé à SOS Autisme France que leurs enfants possédaient ce manuel. Un constat qui s’explique par le fait que chaque établissement scolaire est libre du choix de ses livres scolaires. Les éditions Belin sont pourtant une maison reconnue, dont les manuels sont largement diffusés dans les établissements. La société a même fusionné en 2016 avec les Presses universitaires de France.

Les causes de l’autisme avancées par le sujet présent dans ce livre sont le manque d’ocytocine – surnommée « hormone de l’attachement » – chez les personnes autistes, mais aussi la présence de troubles intestinaux ou encore des liens génétiques.

« Ce sont des pistes de recherche, mais à aucun moment on ne peut ériger ces causes comme des vérités scientifiques. »

Olivia Cattan, présidente de SOS Autisme France

à franceinfo

« Il y a également de très nombreux troubles du spectre autistique, sous des formes diverses, et il est impossible de tirer des conclusions », ajoute-t-elle.

Dans la suite du sujet, il est rendu compte d’une expérience menée sur des souris. Certaines font état de « modifications de comportement proches de celles observées chez les individus autistes. Pour simplifier, on les appelle ‘souris autistes’. » Un postulat qui surprend l’association, car il compare le comportement de deux espèces distinctes, la souris et l’être humain. Parmi les questions posées aux élèves, l’une suggère même que l’ingestion d’une bactérie intestinale « guérit l’autisme », tandis qu’il leur est ensuite demandé de proposer un « traitement à tester sur les autistes humains pour les guérir ». Mais l’autisme n’est « pas une maladie », rappelle Olivia Cattan. « Toutes ces théories ont bien été étudiées. Mais aucune n’a été approuvée par l’ensemble de la communauté scientifique, et le terme ‘guérir’ ne peut pas s’appliquer à l’autisme. »

Les éditions Belin publient des excuses

L’association a envoyé un courrier au ministère de l’Education nationale, ainsi qu’au secrétariat d’Etat chargé des Personnes handicapées. Dans cette lettre, SOS Autisme France demande le retrait de ce sujet de la version numérique du manuel. « On essaie de faire passer l’idée que l’autisme est une différence, mais pas une maladie. Et ce genre de propos, qu’on inculque à nos enfants, sont totalement contre-productifs », se désole Olivia Cattan. Elle précise qu’une plainte sera déposée contre les éditions Belin si le contenu n’est pas rapidement modifié ou retiré.

Contacté par franceinfo, le ministère de l’Education nationale indique que « ce sujet a été conçu par les auteurs du manuel. Chaque éditeur est libre et responsable de ses choix. Mais lors des dialogues avec les éditeurs de manuels scolaires, le ministère insiste sur l’importance de respecter les programmes et les politiques éducatives. » En effet, au titre de la liberté éditoriale, les manuels scolaires ne sont pas soumis à un contrôle du ministère. Lorsqu’un problème est signalé, comme dans ce cas, l’Education nationale peut encourager l’éditeur à modifier son contenu, mais ne dispose pas de moyens de l’y contraindre.

Le secrétariat d’Etat chargé des Personnes handicapées explique de son côté avoir fait savoir à l’éditeur que « la façon dont le sujet avait été circonscrit n’était pas adaptée à la réalité ». La secrétaire d’Etat, Sophie Cluzel, a d’ailleurs réagi sur Twitter, lundi 1er février. Elle évoque une vision « impossible » et demande le respect de la « vérité de la science ».

 

En réponse, les éditions Belin ont publié un message d’excuses sur les réseaux sociaux : « Nous regrettons que les propos tenus dans notre manuel de SVT cycle 4 puissent avoir heurté. » Contactées par franceinfo, elles n’ont pas répondu à nos sollicitations.

Source FRANCE INFO.

Handicap : la proposition de loi de la députée du Cher Nadia Essayan adoptée à l’Assemblée Nationale en première lecture…

La députée MoDem du Cher a présenté son projet de loi hier par l’Assemblée nationale pour optimiser l’accès des personnes handicapées aux magasins et centres commerciaux.

Votée à l’unanimité, elle a de grandes chances d’entrer en vigueur après lecture du Sénat.

Nadia Essayan lors du vote à l'Assemblée Nationale, ce jeudi 28 janvier

 

Un petit pas pour la société, un grand pas pour la reconnaissance des personnes handicapées. La députée du Cher Nadia Essayan (MoDem) a présenté ce jeudi 28 janvier sa proposition de loi en séance publique à l’Assemblée Nationale. Elle viserait à améliorer l’accessibilité des personnes en situation de handicap aux magasins, la grande distribution et aux centres commerciaux. Adoptée à l’unanimité, avec 85 voix pour, le texte doit maintenant être présenté devant le Sénat. « Ce n’est qu’une question de délai. Nous trouverons le moyen de la faire apsser avec une niche de centriste devant le Sénat. Il y a de grandes chances que ça se fasse » se félicite-t-elle.

« Même pour nous, il faut du temps pour s’adapter à un grand magasin »

La députée du MoDem a commencé à travailler sur ce projet de loi en 2019. Cette année-là, Christelle Berger, la présidente de l’association Espoir pour mon futur, l’interpelle sur les difficultés rencontrées par sa fille, autiste non-verbale. Cette dernière ne voulait pas rentrer dans les grands magasins à cause du bruit et des lumières. Une grande surface de Vierzon (Cher) a donc accepté de tenter l’expérience de « l’heure silencieuse », qui fut « concluante. Elle a pu naviguer dans le magasin avec beaucoup plus d’aisance. Elle s’est vraiment détendue ». Un combat nait alors pour faire reconnaitre davantage le « spectre autistique » dans la vie en société.

« Ma première fierté, c’est que ma proposition de loi soit passée dans la niche de mon groupe politique. Nous députés, nous avons très peu de jour dans l’année pour faire part de ces idées. Je l’ai donc retravaillé pendant toute l’année 2020 avec les acteurs concernés ». Parmi ces acteurs, les représentants du commerce ou encore les secrétariats d’état concernés. Malgré la réticense exprimée par les grandes surfaces, la députée continue encore aujourd’hui d’affiner sa proposition de loi.

Concrètement, cette loi pourrait se traduire dans un premier temps par la formation et la sensibilisation du personnel pour accueillir les personnes atteintes d’handicap. Il pourrait aussi s’agir de réorganiser les rayons : « Même pour nous, il faut du temps pour s’adapter dans un grand magasin. Nous devons réfléchir à une signalétique ou un plan du magasin pour les personnes malvoyntes ou même celles qui ne savent pas lire. Je tiens aussi à ce que l’heure silencieuse soit au coeur du dispositif ». Un travail auquel elle réfléchira avec les acteurs directement concernés, car Nadia Essayan l’a dit, « elle n’aime pas les décisions qui tombe d’en haut ».

Vers une réelle reconnaissance du handicap ?

A travers ce texte de loi, la question de la reconnaissances des personnes handicapées se pose. Selon la députée, la Maison des Personnes Handicapées (MDPH) délivre rarement la carte mobilité inclusion aux personnes atteintes du spectre autistique. Pour rappel, cette carte peut comporter trois mentions :

  • « Invalidité » : attribuée à toute personne dont le taux d’incapacité permanent est au moins de 80%.
  • « Priorité pour personnes handicapées » : pour les personnes atteintes d’une incapacité inférieure à 80%
  • « Stationnement pour personnes handicapées » : concerne ceux dont l’handicap réduit de manière importante et durable la capacité et l’autonomie de déplacement à pied.

« Le ministère admet même qu’il n’y a aucune raison pour que le spectre autistique ne soit reconnue dans le bénéfice de cette carte ». En France, 700 000 personnes sont atteintes de trouble autistique, plus ou moins prononcé. Pour certaine, elles ne le savent même pas encore…

Source FR3.

Grandir sans bruit, l’enfance des frères et soeurs d’enfants en situation de handicap…

C’est un sujet que l’on n’aborde peu. Ou pas.

Comment grandir aux côtés d’un frère ou d’une sœur en situation de handicap ?

Comment trouver sa place dans une fratrie déséquilibrée par la maladie ?

Des sœurs concernées nous livrent le récit de leur enfance particulière.

Grandir sans bruit, l'enfance des frères et soeurs d'enfants en situation de handicap

 

“Je ne veux plus me taire, je ne veux plus me cacher. Je veux crier, vociférer, moi que tout le monde considère comme une femme douce, calme et discrète”. Voici comment débute le livre-témoignage d’Anne-Laure Chanel, Soeur sans bruit (Ed. du Rouergue), dans lequel elle revient sur son enfance avec deux-petits frères, et notamment Paulin, polyhandicapé depuis une hémorragie cérébrale survenue à la naissance. Avec des émotions débordantes, elle évoque sans faux-semblants ses souvenirs au sein de cette fratrie, « différente ».

S’il n’est pas toujours évident de trouver sa place parmi ses frères et sœurs, comment cela se passe quand l’un.e d’entre eux ou elles demandent une attention particulière ? Comment rester enfant quand on est plongé dans la réalité abrupte de la maladie grave ou du handicap sérieux face à son semblable ? Et quel adulte devient-on ?

Un quotidien bien différent de celui des copains

“Ils sont des centaines de milliers de jeunes en France, des millions en Europe, à souffrir dans l’ombre d’un frère ou d’une soeur frappé d’une maladie grave ou d’un handicap sérieux”, écrit Muriel Scibilia*, en introduction de son dernier ouvrage Sortir de l’ombre, les frères et sœurs d’enfants gravement malades (Ed. Slatkine). Pourquoi ce livre ? Pour donner la parole à celles et ceux qu’elle appelle “les victimes collatérales” de la maladie ou du handicap porté par l’un.e des enfants de la fratrie, et mettre des mots sur leurs souffrances invisibles.

« On ne partait pas en vacances, et on ne faisait rien de particulier les week-ends. On ne pouvait pas, Laura rentrait à la maison. »

Quand Madeline** est née, sa sœur Laura** avait 6 ans. Laura est polyhandicapée depuis sa naissance : elle ne parle pas, ne marche pas et a besoin depuis toujours de soins très particuliers. “J’ai des souvenirs de la toute petite enfance avec elle. A l’époque, on dormait dans la même chambre. Et puis vers l’âge de 10 ans, elle est partie dans un centre spécialisé la semaine, mais elle rentrait tous les week-ends à la maison”, se remémore-t-elle. La jeune femme aujourd’hui trentenaire se souvient surtout de son enfance “pas comme les autres”. “On ne partait pas en vacances, et on ne faisait rien de particulier les week-ends. On ne pouvait pas, Laura rentrait à la maison. Du coup, je n’avais pas grand chose à raconter le lundi en retournant à l’école”, raconte celle qui se souvient, face à l’ennui, s’être très tôt réfugiée dans la lecture.

Des souvenirs qui font écho à ceux d’Anne-Laure Chanel qui se souvient d’étés entiers passés à la maison et du décalage qui se créait avec ses camarades d’école. “Je me souviens qu’une institutrice nous avait demandé de raconter ce que l’on avait fait pendant les vacances et que je m’étais sentie différente”, explique-t-elle. Une différence qui s’est insinuée dans son quotidien d’enfant : pas de cinéma ou de théâtre, pas ou peu de réveillon de Noël… “Tous mes souvenirs ne sont pas très clairs mais je me rappelle que le soir, après les dîners, ma mère rangeait la cuisine et mon père faisait faire des exercices de kinésithérapie à Paulin. Je me suis longtemps demandé ce que les autres familles faisaient de tout ce temps en soirée”, sourit-elle.

Des enfants discrets, « sans problèmes »

Ce quotidien singulier, bouleversé par les soins et impératifs liés à la maladie, a un impact sur la construction émotionnelle des frères et soeurs bien portants. “Généralement, ces personnes ont des grandes difficultés à connaître leurs propres besoins et encore plus à les revendiquer”, explique Muriel Scibilia. Elle raconte que pour la très grande majorité des personnes qu’elle a rencontrées dans le cadre de l’écriture de son ouvrage, elle a pu observer une rupture avec leurs émotions. “Ces jeunes se blindent, apprennent à mettre un masque sur ce qu’ils ressentent, presque par habitude. Ils apprennent très tôt à ne pas faire de vague”, analyse-t-elle.

Une idée que Madeline a intégré au plus jeune âge. “Vers trois ou quatre ans, mes parents m’ont fait consulter une psychologue car je présentais des troubles du comportement : le week-end, quand Laura rentrait du centre où elle passait la semaine, je m’isolais dans ma chambre et je jouais toute seule, sans faire de bruit. J’avais compris que ma soeur avait besoin de plus d’attention de leur part, et je me mettais naturellement en retrait”, se remémore-t-elle. “Je pense que ça m’a beaucoup construite : j’étais en avance par rapport aux enfants de mon âge, plus autonome aussi. Dès le CP, je faisais mes devoirs seule, sans l’aide de mes parents. Lorsque nous invitions des amis et leurs enfants, je préférais me mêler aux conversations des grands plutôt que de jouer. A l’école, à la maison, j’étais une fillette « facile », aidante, « qui ne posait pas de problème » : en bref, une enfant modèle. Je me mettais beaucoup la pression je crois ; il fallait que je réussisse pour deux.”

“Ils et elles acquièrent une maturité rapidement et ne se laissent pas plomber par les petits tracas du quotidien », confirme Muriel Scibilia au sujet de ces petits qui grandissent dans une fratrie concernée par le handicap. Après tout, « ces enfants sont placés de manière précoce face à l’instabilité du monde, ce qui peut d’ailleurs être très fragilisant”, décrypte-t-elle.

Des émotions décuplées souvent refoulées 

Elle en profite pour rapeler les enjeux fondamentaux de la vie en fratrie. “C’est la relation la plus longue d’une vie et elle est imposée. On ne choisit évidemment pas ses frères et sœurs. Pour la grande majorité des enfants, c’est une sorte de laboratoire au sein duquel s’expérimentent les sentiments et les émotions, comme la complicité, la tendresse, mais aussi la jalousie et la violence. Quand le handicap ou la maladie grave s’invite dans ce schéma, les sentiments peuvent être exacerbés, mais il n’est pas toujours possible de les exprimer”, explique-t-elle. Avant d’ajouter, “par exemple, c’est normal d’en vouloir à son frère ou à sa sœur, mais peut-on vraiment le dire quand lui ou elle se bat au quotidien contre une maladie grave ?”

« À une époque, j’ai détesté ma soeur. Et je me détestais de la détester. Je lui en voulais de m’empêcher d’avoir une vie normale. »

La réponse est « Non » pour Madeline. « Les rares fois où j’ai osé exprimer mon agacement ou ma colère face à cette soeur qui nous empêchait de vivre « normalement », je me suis sévèrement faite recadrer par mes parents. J’étais « égoïste ». Et pourtant, dans les faits, ma grande sœur prenait beaucoup de place. C’est une parole taboue mais, maintenant que j’ai grandi et que je me suis apaisée à ce sujet, je peux l’admettre : à une époque, j’ai détesté ma soeur. Et je me détestais de la détester. Je lui en voulais de m’empêcher d’avoir une vie normale, de m’avoir fait grandir trop vite. Puis j’ai détesté mes parents. Pourquoi avoir décidé d’imposer cette vie, ce « malheur » à un autre enfant ?”, lâche Madeline.

En rejet total de cette situation, presque dans le déni, Madeline en vient à cacher cette sœur au monde extérieur. « A l’adolescence, en dehors de la maison, je voulais avoir une vie « normale ». Pendant quelques années, j’ai donc totalement tu son existence. Et plus je l’occultais du tableau familial, plus il était difficile de revenir en arrière : j’avais peur que le regard des autres sur moi change. Qu’on me trouve effectivement « égoïste » ou pire, que je fasse pitié”, ajoute-t-elle.

Longtemps, Anne-Laure Chanel a elle aussi refoulé ses émotions, faute de trouver une oreille qui pourrait la comprendre. “Je n’ai jamais vraiment pu parler de mon expérience, jusqu’au jour où j’ai rencontré quelqu’un qui avait un frère handicapé et pour la première fois, je me suis trouvée des points communs. On a parlé et je me suis sentie en phase ! Enfin, je pouvais partager le poids, la honte, le ras-le-bol et la culpabilité de ressentir tout cela. J’aime mon frère, mais parfois c’est difficile à vivre et c’est encore plus compliqué de le dire”, explique-t-elle.

Une charge mentale ad vitam

Si le handicap d’un frère ou d’une sœur n’est pas toujours ressenti comme une souffrance, il affecte invariablement l’équilibre du noyau familial, jusqu’à parfois marquer un tournant traumatique. À 22 ans, Marie-Émilie est l’aînée de Svetlana, 17 ans et Alan, 15 ans. Sa petite sœur est atteinte du Syndrome de Williams et Beuren, une maladie génétique rare. “Je venais tout juste d’avoir six ans lorsque le diagnostic à été posé. Je n’ai que très peu de souvenir de cette période, tout ce que je sais, je le tiens de mes parents, car je suis atteinte d’amnésie traumatique”, raconte la jeune femme. À l’époque, la famille vit à Saint-Pierre-et-Miquelon et doit se rendre au Canada pour que leur petite fille soit prise en charge, et Marie-Émilie est aussi du voyage.

« Je suis atteinte d’amnésie traumatique et de stress post-traumatique, en partie dû à l’opération de ma petite sœur. »

Durant toute son enfance, Marie-Emilie va s’impliquer dans la prise en charge de sa petite sœur. “J’étais consciente que quelque chose n’allait pas, mais j’étais surtout heureuse d’être grande sœur. J’étais très proche d’elle et très à l’écoute, je n’aimais pas qu’elle pleure et voulais toujours la prendre dans mes bras”, raconte-t-elle. Elle se souvient des allers-retours avec le Canada d’abord, des séjours à l’hôpital, de leur retour en France. Si la maladie de sa sœur n’a jamais été un tabou, elle admet que son enfance en a été affectée. “J’ai grandi trop vite et ai pris conscience des dangers de la vie, de la mort par exemple, très tôt. » Et d’analyser avec un certain recul : « Je suis quelqu’un d’assez timide et introvertie. Je ne voulais jamais me faire remarquer ou déranger mes parents avec mes soucis. Je suis également perfectionniste, j’essaye d’être la plus parfaite possible pour ne pas créer de problème”, énumère-t-elle. Des traits de caractères qui rappellent ceux évoqués précédemment par Muriel Scibilia et Madeline.

“Je suis atteinte d’amnésie traumatique et de stress post-traumatique, en partie dûs à l’opération de ma petite sœur. J’ai aussi subi une anorexie pendant 5-6 ans, je ne peux pas dire si cela a un lien avec le handicap de ma petite soeur, peut-être en partie, mais il y a évidemment d’autres facteurs”, confie-t-elle. Heureusement, le tableau n’est pas tout noir et cette différence lui a aussi et surtout apporté de l’ouverture d’esprit, une grande écoute et une relativité à toutes épreuves.

Des qualités qu’entrevoie aussi Madeline, désormais adulte : « J’ai de la facilité à analyser les situations, les émotions des autres, sans forcément qu’ils et elles aient besoin de parler. Je pense que cela est dû au fait qu’il a fallu, très tôt, observer, décrypter le langage non verbal de ma soeur. C’était la condition pour pouvoir échanger avec elle ».

Lorsqu’on lui demande si ses relations avec sa soeur sont aujourd’hui apaisées, Madeline répond par l’affirmative. « Je la vois avec plaisir lorsque je retourne passer quelques jours dans le sud. On s’arrange toujours pour passer un moment en famille, tous ensemble, même si entre temps mes parents ont divorcé. Nous restons unis autour d’elle. La seule chose qui m’angoisse désormais, c’est la possibilité que mon père et ma mère disparaissent avant Laura. Dans ce cas, ce serait à ma petite soeur et à moi de nous occuper d’elle. Bien sûr, nous endosserions la responsabilité, mais quelle charge mentale ! »

Des familles livrées à elles-mêmes 

Que l’enfant vive bien ou mal la situation, grandir avec un frère ou une sœur n’est définitivement pas sans incidence pour le reste de la fratrie. Un constat qui n’a évidemment pas vocation à culpabiliser les parents, qui sont eux-mêmes, dans une situation compliquée, souvent démunis face à la situation. “Même si je les ai blâmés durant un temps, je sais que mes parents ont fait du mieux qu’ils pouvaient. Ils n’ont pas reçu d’accompagnement spécifique sur la question. C’était d’ailleurs leur premier enfant. Ils étaient jeunes et totalement largués”, tempère Madeline.

« La société ne reconnaît pas suffisamment la légitimité de ce chagrin, et en minimise l’impact et la profondeur. »

“Il y a certains hôpitaux qui ont des structures d’accueil pour les fratries, des groupes de paroles où les frères et sœurs peuvent s’exprimer. Parfois, ce sont simplement les médecins qui se tournent vers les autres enfants, mais la plupart du temps, ils n’ont pas les moyens de les prendre en charge. Et de toute façon, cela reste insuffisant !”, explique Muriel Scibilia. Elle insiste aussi sur le fait de pouvoir accompagner les parents, qui pour la plupart, ne voient pas que les membres de la fratrie qui ne sont pas directement touchés par le handicap, ne vont pas bien. C’est ce qu’elle nomme les blessures narcissiques. “Mon père m’a dit un jour que ma naissance l’avait sauvé. C’était émouvant et en même temps, très lourd à porter”, se remémore Madeline.

Une situation d’autant plus compliquée quand l’enfant ou l’adolescent en situation de handicap lourd ne peut pas être pris en charge à l’extérieur. En France, il existe différents établissements pour accueillir et accompagner ces jeunes, qui deviennent fatalement des adultes. Mais les places sont rares, les listes d’attente longues. « Laura est entrée en centre à 10 ans, puis à sa majorité, elle a pu entrer dans un établissement pour jeunes adultes handicapés. Mais quand elle a à nouveau atteint l’âge maximum pour continuer à y résider, mes parents se sont heurtés au manque de structures pour personnes en situation de handicap lourd adultes. Comme il était hors de question pour eux de l’envoyer à des centaines de kilomètres, ils ont même, un temps, envisagé son retour à la maison. Ma mère aurait dû arrêter de travailler. Elle a finalement pu être prise en charge près de chez nous, dans une structure adaptée à ses besoins, montée grâce à une association de parents eux-mêmes confrontés à la même problématique dans les années 80. », témoigne Madeline.

Interrogé dans l’ouvrage de Muriel Scibilia, le psychologue Jacques Lecomte parle de résilience et de victimes. La société ne reconnaît pas suffisamment la légitimité du chagrin propre à ces familles, et minimise son impact et sa profondeur. “Ce serait essentiel de reconnaître ce statut de victimes. Ces enfants ont besoin que la société et leurs parents les reconnaissent ainsi, pour qu’eux-mêmes puissent se considérer victimes et enfin assumer cette souffrance, et se projeter enfin sur l’avenir.

* Muriel Scibilia a été professeur de lettres, journaliste et responsable d’un service de communication au sein d’une agence des Nations Unies. Aujourd’hui autrice, elle se consacre désormais à la collecte et la rédaction d’histoires de vie. Son premier ouvrage ‘Côté nuit, côté soleil’ (Ed. Slatkine) donnait la parole à des jeunes malades du cancer. ‘Sortir de l’ombre, les frères et sœurs d’enfants gravement malades’ traite une nouvelle fois de la question des enfants et de la maladie, du point de vue cette fois des frères et soeurs. Les droits d’auteur de cet ouvrage sont intégralement reversés à l’association Enfance et Cancer. 

** Le prénom a été modifié

Source MARIE – CLAIRE.

 

Jeune déficient intellectuel tondu et frappé : ils diffusent les vidéos de l’agression …

BELFORT – Dans la nuit de samedi à dimanche, plusieurs jeunes ont humilié l’une de leurs connaissances, déficient intellectuel, et diffusé les images insoutenables sur internet.

Une enquête a été ouverte ce lundi matin et confiée à la brigade de recherches de Belfort.

Jeune déficient intellectuel tondu et frappé : ils diffusent les vidéos de l'agression

 

Les images sont insoutenables. Dylan (*) est assis, impuissant, le regard dans le vague. Autour de lui, plusieurs personnes, debout, viennent à tour de rôle le frapper au visage. Dylan, pour toute défense, lance quelques « arrête ! » du bout des lèvres, sans que le déluge de coups ne prenne fin. Autour de lui, on éclate de rire face au visage rouge écarlate, tuméfié, de la victime.

Ils l’auraient brûlé, puis fait boire leur urine

Le pire est toutefois à venir. Dans une autre vidéo, alors qu’il semble assoupi sur un canapé, Dylan reçoit de nouveaux coups avant qu’un de ses agresseurs, muni d’un rasoir et à visage découvert, vienne lui tondre une partie des cheveux. « Comme ça, tu auras une coupe propre », ironise une autre personne présente dans la pièce.

Les agresseurs originaires du Territoire de Belfort

Ces scènes, diffusées en direct sur les réseaux sociaux et supprimées depuis, se sont déroulées dans la nuit de samedi à dimanche dans le Territoire de Belfort. Enregistrées par un internaute, elles continuent toutefois de tourner sur le web, dévoilant le calvaire vécu par ce jeune homme, déficient intellectuel, dans l’appartement d’un de ses « amis ».

Alerté, le député LR du Territoire de Belfort, Ian Boucard, a signalé ces faits aux autorités, qui se sont immédiatement emparées du dossier. D’après nos informations, Dylan aurait subi d’autres sévices. Ses agresseurs l’auraient brûlé avec un mégot de cigarette, mais également, comble de l’horreur, fait boire leur propre urine. Mineurs pour certains, ils seraient originaires de communes de la couronne belfortaine : Dorans, Novillars, Bavilliers, Offemont et Petit-Croix.

Le procureur ordonne une enquête

Immédiatement, Éric Plantier, procureur de la République à Belfort, a ordonné l’ouverture d’une enquête pour « violence commise en réunion sans incapacité », « diffusion de l’enregistrement d’images relatives à la commission d’une atteinte volontaire à l’intégrité de la personne » et « atteinte à l’intimité de la vie privée par enregistrement de l’image d’une personne ». Cette enquête a été confiée à la brigade de recherches de Belfort.

Son père : « Il ne va pas bien, nous non plus »

Toujours d’après nos informations, Dylan suit actuellement une formation professionnelle du côté de l’IME de Giromagny, dans le but d’intégrer ensuite un ESAT (Établissement et Service d’Aide par le Travail). Contacté par nos soins, son père était en train de déposer une plainte, en compagnie de Dylan, ce lundi matin. Il devait ensuite emmener son fils chez un psychiatre. « Il ne va pas bien », nous confiait-il. « Et nous non plus ».

(*) Le prénom a été modifié.

Source EST REPUBLICAIN.

Pays de Lorient. Une filière économique autour du handicap…

En avril prochain, Kerpape (Plœmeur) devrait accueillir une première version du « CoWork’HIT », un centre d’innovation dédié au handicap.

Il est intégré au Handicap innovation territoire, projet retenu par l’État au titre des investissements d’avenir.

Kerpape va accueillir le « CoWork’HIT », centre de ressources humaines et technologiques dédié au handicap.

 

Un centre de compétences et de moyens, pour accompagner les solutions innovantes en matière de prise en charge du handicap : voilà le but assigné au « CoWork’HIT », qui va voir le jour au centre de rééducation et de réadaptation fonctionnelles de Kerpape (Plœmeur).

En avril 2021, 280 m² vont être libérés au sein même du site plœmeurois pour lancer et tester l’activité. Ensuite, en 2024, le Cowor’HIT disposera de son propre bâtiment, à l’entrée de Kerpape.

Recherche et prestations

Qui fréquentera cette pépinière, à la double compétence recherche/prestations ? Des entreprises, associations, institutions, collectivités, usagers aussi. « Il y a une forte demande de la part des entreprises de disposer d’un interlocuteur unique dans les différentes étapes de développement de leurs produits et services », décrit Willy Allègre, ingénieur à Kerpape. De même, usagers et établissements souhaitent participer à la mise en œuvre de solutions innovantes, quelles qu’elles soient.

L’agglo, la région, Plœmeur actionnaires

Lorient Agglomération (300 000 €), la région Bretagne (200 000 €) et la ville de Plœmeur figurent parmi les actionnaires de la future Société coopérative d’intérêt collectif qui chapeautera le CoWork’HIT.

Ce futur espace est intégré au projet plus vaste, baptisé Handicap innovation territoire (HIT), porté par Lorient Agglomération. Inclusif, le territoire l’est déjà, grâce au savoir-faire des équipes de Kerpape, au tissu associatif, économique et universitaire. Retenu par l’État au titre des investissements d’avenir, HIT dispose d’un budget de 14,3 millions d’euros.

87 partenaires

Avec ses 87 partenaires, l’agglomération entend en huit ans développer une filière économique autour du handicap.

Source EST REPUBLICAIN.

Handicap. Faire ses courses peut parfois être un parcours du combattant…

Bruits incessants, lumière trop forte, rayons mal agencés et peu repérables…

Une députée MoDem a décidé de s’emparer du problème, sollicitée par une association d’aide aux personnes autistes.

Nadia Essayan, députée MoDem du Cher.

 

Faire ses courses dans une grande surface alimentaire peut, parfois, s’apparenter à un parcours du combattant quand on est atteint d’un handicap.

Musique et lumières bien trop fortes pour les personnes présentant des troubles autistiques, difficulté d’accès à certains produits et rayons lorsque l’on est de petite taille, signalétique peu claire pour les malvoyants et les clients souffrant d’illettrisme, caisses prioritaires en nombre insuffisant, magasins parfois peu accessibles aux fauteuils roulants…

La France en retard

Même si des améliorations se font jour depuis quelques mois – avec notamment l’instauration d’« heures calmes » dans les 1 600 magasins U, chez Cora ou encore Auchan (lumière baissée et bruits réduits) – la France peine à rattraper son retard sur les États scandinaves, le Royaume-Uni et le Canada. D’où l’idée d’un « Guide des bonnes pratiques » défendue par la députée du Cher, Nadia Essayan.

Jeudi matin, la parlementaire MoDem a présenté une proposition de loi à l’Assemblée, fruit de plusieurs mois de travail avec les acteurs du commerce, les associations concernées, le ministère de l’Économie et le secrétariat d’État aux personnes handicapées.

Une première étape

Un texte qui se veut une première étape dans la réorganisation des moyennes et grandes surfaces alimentaires de plus de 1 000 m2.

«  C ette proposition de loi a été adoptée à l’unanimité. Le gouvernement va maintenant lancer une nouvelle concertation avec les associations et les acteurs du commerce durant dix-huit mois. Elle devra aboutir à des mesures concrètes et rapides. Leur mise en application, par une loi ou des règlements, sera contrôlée par le parlement. […] Si j’ai fait le choix de n’imposer des changements qu’aux surfaces de plus de 1 000 m2, c’est pour éviter de mettre en difficulté les supérettes. Mais libre à elles de réduire déjà les bruits ou l’intensité des lumières ».

Réorganiser les rayons

Parmi les changements préconisés par Nadia Essayan, il y a un meilleur fléchage au sol ; une réorganisation mieux pensée des rayons – « pour un autiste Asperger, il n’est pas logique que les vêtements se trouvent près des légumes » – ; la mise en place d’images ou de logos en tête de gondoles afin que les rayons soient mieux repérés par les personnes ne sachant pas lire ; ou encore la généralisation d’un logiciel de lecture des étiquettes pour les aveugles et les malvoyants…

Source OUEST FRANCE.

Handicap : les blanchisseries de l’Adapeim obtiennent une certification de qualité…

Les blanchisseries de l’Association départementale des amis et parents d’enfants inadaptés de la Meuse ont obtenu la norme Iso 9001. Cette norme apporte des garanties en matière de qualité du travail et d’organisation. Elle signe ici la reconnaissance des travailleurs en situation de handicap.

 À gauche, Cyril Glanz, responsable de la blanchisserie de l’Adapeim à Bar-le-Duc.   Photo ER /Jean-Noël PORTMANN

 

« C’est une fierté. » Cyril Glanz, le responsable de la blanchisserie de l’Adapei (Association départementale des amis et parents d’enfants inadaptés) de la Meuse à Bar-le-Duc traduit le sentiment partagé par les travailleurs de l’ESAT (établissement et service d’aide par le travail) et les salariés en poste.

À Bar-le-Duc comme à Verdun, leur engagement a permis aux blanchisseries de l’Adapeim d’obtenir la certification Iso 9001, une norme « du management de qualité ». Elle vient s’ajouter à une première certification de qualité bactériologique du linge traité, le RABC.

Haut niveau de professionnalisation

« Nous en avons fait la demande. Un évaluateur a passé une semaine ici », rapporte Didier Rambeaux, le directeur du pôle industriel de l’Adapei de la Meuse.

Cette certification, réévaluée chaque année, Didier Rambeaux la qualifie « de prix d’excellence », distinctif sur un marché concurrentiel. « La norme Iso 9001 reconnaît la qualité d’organisation du travail et la capacité à la reproduire à un niveau constant d’exigence. Elle signe le haut niveau de professionnalisation des personnes qui sont chez nous. »

Baisse de 40 % sur le Nord meusien

Les blanchisseries de l’Adapeim emploient 70 personnes et traitent 500 tonnes de linge par an, sites de Bar-le-Duc et Verdun confondus.

À Bar-le-Duc, les principaux clients sont les EHPAD (établissements hospitaliers pour personnes âgées dépendantes). À Verdun, l’Adapeim a plus un marché d’entreprises, hôtels et restaurants qui sont actuellement fermés. « Sur le Nord meusien, c’est une perte de 40 % du chiffre d’affaires », observe Didier Rambeaux.

Un tiers des effectifs est en réserve

Pour assurer la continuité de l’activité en période d’épidémie de coronavirus, un tiers des effectifs est en réserve. « Nous avons un taux de service de 100 % et un taux de satisfaction de 99 % », se félicite Didier Rambeaux.

« Pour faire le travail, il faut peut-être trois personnes ici contre une en entreprise », convient le directeur du pôle industriel de l’Adapeim. Ce n’est pas à cela qu’il demande qu’on juge. « Voyez la performance, c’est ce qui nous intéresse. »

Source EST REPUBLICAIN.

« Mon handicap ne m’a jamais empêché de réaliser mes rêves » : Damien Seguin, premier handisport à terminer le Vendée Globe…

Bouclé ce jeudi en 6e position sur la ligne d’arrivée aux Sables d’Olonne, Damien Seguin aura marqué les esprits lors de ce Vendée Globe.

Les yeux rougis par l’émotion et la fatigue de 80 jours en mer, le Haut-Alpin, né sans main gauche, est revenu sur son tour du monde exceptionnel.

Et le superbe message qu’il a véhiculé tout au long de son aventure.

"Mon handicap ne m’a jamais empêché de réaliser mes rêves" : Damien Seguin, premier handisport à terminer le Vendée Globe

 

Damien, vous avez été la révélation de ce Vendée Globe. Vous êtes-vous révélé à vous-même également ?

« Forcément oui… C’est la première fois que je partais aussi longtemps et aussi loin. Il y avait certains aspects de l’aventure que je ne connaissais pas et cela a été une belle découverte. En plus, ça s’est pas trop mal passé pour moi donc ça donne un bon sentiment à l’arrivée et l’envie d’y revenir aussi ! »

Qu’avez-vous découvert sur vous lors de ce tour du monde ?

« Une forme de résilience. Le contexte (avec la Covid) n’était pas forcément évident quand on est parti et il a fallu se mettre dans la course. Je devais aussi appréhender la durée de l’épreuve, les mers du sud… Chaque jour, je découvrais quelque chose de nouveau. J’avais passé 18 jours au maximum en solitaire. Il y a forcément un moment où ce n’est pas simple et on se demande ce qu’on fout là. Et on se rend vite compte qu’on n’est pas sur un terrain de foot : il ne suffit pas de dire ‘‘J’ai envie de sortir et je rentre au vestiaire’’. Il faut aller au bout. Je connaissais mon côté compétiteur mais je l’ai découvert réellement sur la durée. Tenir la pression pendant des jours et des jours, c’était une belle révélation pour moi. »

Prenez-vous conscience de votre exploit ?

« C’est difficile de le mesurer immédiatement. J’étais parti sur ce Vendée Globe pour le terminer et je suis extrêmement satisfait d’avoir rempli cet objectif. Je ne suis pas un collectionneur de trophées mais un passionné de mon sport. J’aime les défis. Je voulais aussi porter un message simple et lisible pour tout le monde en participant à une course que les gens admirent. C’était une bonne occasion de faire sortir le handicap de sa boite. Je n’ai pas vocation à incarner un modèle pour qui que ce soit, mais si je peux faire élever un petit peu le débat, tant mieux. Je n’ai pas eu le temps de lire tous les messages que j’ai reçu à bord mais force est de constater que c’est quelque chose qui a marqué et qui sortait de l’ordinaire. »

Vous êtes-vous senti handicapé pendant cette course ?

« Sur le bateau non. Si j’avais senti le moindre handicap à la base, je ne serai pas parti. On ne s’élance pas sur un Vendée Globe en se disant ‘‘Je vais avoir du mal à faire ça’’. Sur des engins comme ça, on est tous handicapés. Qu’on soit un homme, une femme, un jeune, un vieux… la difficulté de la tâche est suffisamment énorme pour qu’on soit très humble. On a tous fait avec les moyens du bord. J’ai fait avec les miens et ça m’a mené jusqu’à la ligne d’arrivée et c’est déjà pas mal ! J’ai une particularité physique mais elle ne m’a jamais empêché de réaliser mes rêves. Le seul message que je veux transmettre, c’est ne vous mettez pas de barrières. On n’empêchera jamais un gamin de rêver, qu’il soit valide ou handicapé. Ce serait la pire des choses… »

 

Quelles ont été les pires difficultés pour vous sur ce Vendée Globe ?

« Plein de choses… J’avais l’impression que tous les jours, il fallait se battre pour continuer le jour d’après. Gérer la fatigue, les coups de mou, les problèmes techniques… Il n’y a que des vainqueurs à l’arrivée du Vendée Globe. C’était une sacrée aventure ! C’est difficile mais c’est ce qu’on va chercher. Il n’y a que là qu’on arrive à être projeté en face de soi-même. On est les seuls à pouvoir régler nos problèmes et dans notre société, c’est quelque chose d’assez unique… »

« Je vais savourer ce Vendée Globe mais je m’imagine déjà sur le suivant… »

Cette course a été une vraie régate planétaire, très serrée durant tout le tour du monde. Vous étiez dans votre jardin en tant que champion paralympique…

« C’était un combat de tous les instants mais heureusement pour moi ! Je suis un compétiteur et ce que j’aime, c’est avoir des bateaux autour. Tous les jours, il fallait se reprendre en question et se dire ‘‘Qu’est-ce que je peux faire de mieux ?’’. Ça m’a vraiment tenu dans ce Vendée Globe. Si j’avais été un bateau isolé, je n’aurais pas vécu la course de la même manière. J’ai eu la chance d’avoir connu tous les classements entre la place de 1 et de 10. À dix jours de l’arrivée, j’étais encore deuxième. C’est génial d’avoir pu batailler jusqu’au bout. »

Vous terminez premier des bateaux non-foileurs, n’avez-vous pas un petit regret en vous disant qu’avec un bateau plus performant, vous seriez sur le podium ?

« Question compliquée ! (Rires) Il faut savoir prendre les choses comme elles sont. Déjà, faire le Vendée Globe, il y a trois ans, ce n’était pas gagné. Il a fallu écrire ce projet, développer le bateau… J’ai fait les choses de la manière dont je voulais les faire. Mon partenaire et moi avons grandi ensemble en découvrant le Vendée Globe. Il faut prendre le temps… Je suis quelqu’un qui n’a pas peur de rêver en grand mais il ne faut pas bruler les étapes. À l’avenir, une meilleure performance passera forcément par un bateau à foils. Là, mon bateau était simple, à mon image. Mais il m’a donné le maximum de chances de partir des Sables et d’y retourner. »

Damien Seguin vainqueur du Vendée Globe à l’avenir, est-ce une utopie ?

« Evidemment, j’ai envie d’aller plus loin. Je suis un compétiteur et lorsque je termine un projet, j’ai envie d’en lancer un autre. Je vais prendre le temps de savourer ce Vendée Globe mais je m’imagine déjà sur le suivant en étant un petit peu plus performant. Il n’y a aucune garantie là-dessus mais je suis un doux rêveur et j’ai cette capacité à tenter de transformer mes rêves en réalité. J’ai une équipe, un partenaire et une famille de dingues autour de moi et on va aller loin tous ensemble. »

 

Quel va être votre programme ces prochains mois ?

« Je ne sais pas… J’espère continuer l’aventure en Imoca. C’est une classe qui me plait bien. Il y a un joli programme sportif qui se dessine avec la Route du Rhum, la Transat Jacques-Vabre et un Tour de l’Europe l’année prochaine (en juin normalement). J’aime naviguer et tant que j’aurais un bateau, je continuerai ! Déjà, je vais passer pas mal de temps à aller rencontrer les classes qui m’ont écrit pendant le Vendée Globe. Parler de ce que j’ai vécu. Je vais aussi passer du temps en famille. À la maison, j’ai quelques tours de retard pour la vaisselle… »

Source OUEST FRANCE.

 

Changer de regard sur le handicap pour une meilleure inclusion des personnes handicapées…

L’accès à l’emploi des personnes en situation de handicap reste difficile.

La crise du Covid pourrait encore aggraver cette situation, craint Consuelo Bénicourt, directrice RSE chez Sopra Steria.

Elle fait le point sur la situation et révèle les pistes à suivre.

Changer de regard sur le handicap pour une meilleure inclusion des personnes handicapées

 

12 millions : c’est le nombre de personnes touchées par un handicap en France, soit près de 20 % de la population française (1). Le handicap est une cause importante d’exclusion dans la société comme dans l’entreprise, malgré les avancées législatives. Plus de 30 ans après le vote de la loi de 1987 en faveur de l’emploi des personnes handicapées et l’instauration – entre autres – de l’obligation pour les entreprises d’employer au moins 6 % de travailleurs handicapés (2), le bilan reste mitigé. Le taux de chômage des actifs reconnus handicapés (18 %) (3) est aujourd’hui plus du double de la moyenne nationale, tandis que le taux de travailleurs handicapés dans le secteur privé atteint à peine 4 % (3,8 %) (4). Éducation, accès aux infrastructures ou encore insertion professionnelle, force est de constater qu’il reste encore du chemin à parcourir et la crise sanitaire que nous vivons ne fait qu’accentuer ce constat d’exclusion.

La Covid-19 : accélératrice des difficultés pour les personnes en situation de handicap

Inégalités en matière d’accès à l’emploi et au logement, sous-représentation, difficultés d’accessibilité : tandis que le handicap concerne près d’1 Français sur 6, de nombreux progrès restent à faire pour garantir le respect des droits fondamentaux et l’autonomie.

Il ne fait aujourd’hui aucun doute que la Covid-19 accentue les difficultés et inquiète à juste titre les personnes en situation de handicap. En effet, selon un sondage IFOP pour l’AGEFIPH réalisé en juin dernier (5), 48 % des personnes en situation de handicap se disent inquiètes à l’idée de perdre leur emploi dans les mois à venir, 41 % des demandeurs d’emploi en situation de handicap affirment avoir été concernés par le report ou l’annulation d’une formation et 16 % par l’interruption d’un contrat court.

A ces inquiétudes s’ajoutent le bouleversement du quotidien : le port du masque isole les personnes sourdes ou malentendantes, les personnes aveugles ou malvoyantes sont privées du sens du toucher, … Il est urgent que les entreprises adaptent les outils de travail de leurs salariés tout en tenant compte de leur handicap dans les modalités de l’exercice professionnel. Il en va de même pour l’accès à l’enseignement, alors que de nombreux élèves et étudiants en situation de handicap n’ont pas pu suivre leur scolarité pendant plusieurs mois.

Faciliter l’accès à l’enseignement supérieur pour contribuer à l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap

Dans le secteur du numérique, le principal frein au recrutement est le manque de candidats diplômés de l’enseignement supérieur, puisque 80 % des personnes en situation de handicap ont un niveau d’étude inférieur au baccalauréat.

Pourtant, les initiatives pour améliorer l’accès des jeunes en situation de handicap à l’enseignement supérieur ne manquent pas. En attestent les annonces du gouvernement en février 2020, qui souhaite notamment mettre l’accent sur le développement de l’apprentissage et les dispositifs d’accompagnement scolaire pour faciliter leur orientation. Sans oublier les programmes de bourses : alors que l’accès aux études supérieures engendre déjà des frais importants, auxquels s’ajoutent ceux liés à la compensation du handicap, ces aides favorisent l’autonomie et l’indépendance des étudiants en situation de handicap et permettent une meilleure prise en charge de leurs besoins spécifiques.

Si le gouvernement a fait du handicap et de l’insertion professionnelle des personnes handicapées une cause nationale, force est de constater que la crise sanitaire renforce les difficultés sur le plan scolaire. Prenons l’exemple de l’enseignement à distance : les universités ont dû adapter les outils de visioconférence et effectuer des transcriptions pour que les personnes sourdes ou malentendantes puissent suivre les cours en ligne.

Déconstruire les stéréotypes

Le handicap est bien souvent circonscrit aux déficiences physiques et motrices, et représenté par un seul et même élément, le fauteuil roulant. Pourtant, l’AGEFIPH (6) précise que moins de 5 % des personnes touchées par une déficience motrice se déplacent en fauteuil roulant. Cette perception du handicap contribue à forger une représentation sociale plus que partielle, comme l’illustrent les films « Intouchables » et, plus récemment, « Hors-normes ». Autre exemple parmi tant d’autres : pourquoi les stationnements réservés sont-ils uniquement symbolisés par un pictogramme dépeignant un fauteuil roulant ? Il devient urgent de déconstruire ces stéréotypes. Les médias, mais aussi le monde de la culture dans son ensemble, ont un rôle à jouer.

Enfin, dans le monde de l’entreprise, il est important de mettre en œuvre des initiatives permettant de lutter contre ces stéréotypes, à l’externe comme en interne, pour faciliter l’intégration des personnes en situation de handicap. A l’externe, cela peut se traduire par des programmes de soutien scolaire, la participation à des rencontres ou encore le soutien de challenges étudiants. En interne, il est important d’accompagner les managers et les équipes, ou encore de proposer des sessions de e-learning, et de prendre en considération les difficultés supplémentaires liées à la crise sanitaire.

Le gouvernement et les entreprises ont déjà beaucoup œuvré pour une meilleure représentation des personnes handicapées. C’est une dynamique positive qu’il nous faut accélérer, surtout face à la situation inédite que nous vivons : les médias et la société civile doivent jouer leur rôle et partager une vision du handicap plus réaliste pour contribuer à déconstruire les stéréotypes et faire prendre conscience des difficultés supplémentaires qu’engendrent la crise sanitaire.

Plus que jamais, l’inclusion doit être une priorité et le numérique en est un véritable accélérateur : à nous, entreprises, d’accompagner et de soutenir l’innovation. Collectivement, agissons pour faciliter l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées et construire un monde d’après inclusif.

Consuelo Bénicourt, Directrice RSE chez Sopra Steria

Les avis d’experts sont publiés sous l’entière responsabilité de leurs auteurs et n’engagent en rien la rédaction de L’Usine nouvelle.


(3)Taux de chômage des personnes handicapées en 2018 (Source : Agefiph.fr, Chiffres-clés juin 2019)

(4)Taux d’emploi direct 1 de personnes handicapées en 2016 dans les entreprises privées (Source : Agefiph.fr, Chiffres-clés juin 2019)

(6) AGEFIPH (Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées)

Source L’USINE NOUVELLE.