Fermées en raison du Covid-19, les cures thermales sont « à l’agonie »…

Les 113 établissements thermaux de France sont fermés depuis le reconfinement fin octobre sans perspective de réouverture.

Les 113 établissements thermaux français sont fermés depuis octobre

 

Les cures thermales, fermées à cause de la pandémie de Covid-19, sont « à l’agonie », ont assuré vendredi les représentants du secteur, qui réclament des aides.

« Nous avons demandé une aide exceptionnelle de 82 millions d’euros sous forme de subvention pour couvrir les importants déficits car nous allons mourir », assure dans un communiqué le président du CNETh (Conseil national des établissements thermaux), Thierry Dubois.

Les 113 établissements thermaux de France sont fermés depuis le reconfinement fin octobre, et « aucune date de réouverture n’est envisagée à l’heure où la saison thermale devrait démarrer », selon le CNETh.

« Certains établissements, appartenant même à des groupes, envisagent de prendre une mesure de sauvegarde; d’autres déposent le bilan, comme Montrond-les-Bains (Loire) en novembre dernier. Le pôle thermal d’Amnéville (Moselle), avec une perte estimée à 3,7 millions d’euros, risque aussi un dépôt de bilan », poursuit ce syndicat professionnel.

Selon lui, les deux périodes de fermeture (de mars à juin pour le premier confinement puis depuis fin octobre) menacent jusqu’à « 100.000 emplois » directs et indirects.

Pour justifier sa demande d’aide, le CNETh fait le parallèle entre le modèle économique de l’activité thermale et celui des remontées mécaniques des stations de ski, qui ont tous deux « un taux de charge fixe très important, estimé à près de 70% ».

« Ces charges ne sont pas compressibles et même si les établissements thermaux ont bénéficié de certaines aides mises en place par l’Etat, cela reste insuffisant pour assurer la survivance du secteur », plaide-t-il.

Selon le CNETh, les établissements thermaux ont enregistré 110 millions d’euros de pertes en 2020 et leur fréquentation a chuté de près des deux tiers (580.000 curistes en 2019 contre 200.000 en 2020).

Exemple dans l’HERAULT.

Source BFM TV.

Elisa Rojas, avocate : « Le problème du handicap, c’est politique et social. Ça ne relève pas du caritatif. »…

En 2004, elle écrivait une tribune dans laquelle elle s’insurgeait contre le Téléthon.

Seize ans plus tard, elle publie un premier roman qui parle d’amour autant qu’il dénonce le validisme, système d’oppression qui déshumanise et infériorise les personnes handicapées.

Elisa Rojas est en colère et elle le fait savoir.

Elisa Rojas, avocate : "Le problème du handicap, c'est politique et social. Ça ne relève pas du caritatif."

 

Elisa Rojas est avocate au barreau de Paris. Elle est également féministe et militante, notamment par l’intermédiaire d’un blog intitulé « Aux marches du palais« , dans lequel elle dénonce les problèmes d’accessibilité et de visibilité des personnes handicapées, et via le Collectif Lutte et Handicaps pour l’égalité et l’émancipation dont elle est la cofondatrice. Plus récemment, Elisa Rojas est devenue autrice d’un premier roman, Mister T & moi, paru aux éditions Marabout.

Un râteau au jardin des Tuileries

Elisa Rojas a choisi comme « Journée particulière » un jour du printemps 2009 (ou peut-être était-ce de l’été). Ce jour-là, prenant son courage à deux mains, elle ose faire une déclaration d’amour à un homme valide dont elle est amoureuse depuis plusieurs années. Bien qu’elle ait absolument et minutieusement préparé cette déclaration, la jeune avocate s’attend à un refus. En un sens, elle se déclare surtout pour se débarrasser de l’amour encombrant qu’elle porte à ce jeune homme et pouvoir passer à autre chose.

« Je voulais me libérer et je ne voyais pas d’autre option. La meilleure option, c’était d’affronter ce qui me faisait le plus peur et je voulais vraiment l’entendre et me dire que c’était sans espoir. »

Elisa Rojas s’est lancée et a effectivement essuyé un refus, qu’elle raconte dans son livre. Pourtant, ses ami·e·s lui avaient déconseillé de déclarer son amour. Tout le monde y allait de sa propre opinion et, en creux, semblait lui dire d’éviter une situation humiliante. Avec cette expérience, l’avocate prend conscience du validisme qui l’entoure.

« [Le validisme,] c’est le système d’oppression qui déshumanise et infériorise les personnes handicapées, qui fait des personnes valides la norme à atteindre et qui explique que la société soit organisée par et pour les personnes valides. Cela repose sur un ensemble de représentations faussées des personnes handicapées. »

« C’est une tendance très répandue des personnes valides de savoir ce qui est le mieux pour vous. »

De l’importance de redéfinir… tout

Aujourd’hui, Elisa Rojas refuse de se plier à l’ordre insidieux de ne pas grandir et de rester une enfant, ce qui est, selon elle, la principale injonction adressée aux femmes handicapées. Elle décide d’être un être sexué et de définir sa propre féminité. La société ne reconnaît pas les femmes handicapées comme des femmes en tant que telles ; le seul attribut féminin qui ne leur est pas contesté, c’est la vulnérabilité. Exclues de la séduction, on ne pense jamais les femmes handicapées comme objets de désir ce qui, in fine, les empêche de s’imaginer comme des partenaires potentielles. En se posant les questions de la beauté, de l’amour et du désir, qui sont des constructions subjectives, pensées par des personnes valides et, le plus souvent, par des hommes valides, Elisa Rojas a redistribué les cartes pour se réapproprier son corps et se libérer des injonctions qui pèsent sur les femmes handicapées.

« Ce qu’on nous présente comme étant des réalités objectives ne sont pas du tout objectives. Elles sont totalement subjectives et ne reposent sur rien d’autre que la volonté de maintenir un système de domination. Une fois qu’on le sait, tout redevient possible, on peut tout redéfinir. La liberté est totale ! »

« On devrait tou·te·s s’interroger et redéfinir tout ça. Je n’ai pas l’impression que les définitions qu’on en a rendent les gens heureux. »

Des injustices dans les lieux de justice

Dans son blog, « Aux marches du palais », Elisa Rojas parle notamment des problèmes d’accessibilité et des difficultés qu’elle a rencontrées dans le cadre professionnel. Se retrouver aux marches du palais (de justice) sans pouvoir y accéder, c’est en effet ce qui lui arrive souvent.

« C’est quand même le service public de la justice. Avoir des palais inaccessibles, c’est hautement symbolique. Les personnes handicapées […] subissent constamment des discriminations et des injustices et s’il leur venait l’idée de vouloir être reconnues dans leur droit, elles seraient confrontées d’abord à une injustice supplémentaire. […] Je trouve ça honteux pour un pays comme la France d’avoir des lieux de justice qui ne soient pas entièrement accessibles. »

Handicap et Covid-19

Sur son blog, toujours, Elisa Rojas a publié en mars 2020, une note intitulée « Le confinement : une nouveauté pour vous, une réalité pour nous« , dans laquelle elle explique que le confinement n’est pas une nouveauté pour les personnes handicapées. Le plus souvent, celles-ci ont en effet appris à faire avec l’ensemble des contraintes que les valides ont découvertes avec le début de la crise sanitaire : être limité·e dans ses mouvements, dans ses interactions sociales, être privé·e de la liberté de circuler, avoir à penser, planifier, justifier chaque déplacement, gérer sa frustration…

« Ce qui est effrayant, c’est que, finalement, la situation a aggravé l’isolement des personnes handicapées. Là où les personnes valides sont confinées, les personnes handicapées se retrouvent « surconfinées ». En plus, la crise sanitaire […] a légitimé un discours qui considère que toutes les vies n’ont pas la même valeur. »

« Non seulement on est, pour beaucoup, à haut risque, on sait que si l’on se retrouve à l’hôpital, on sera probablement exclu·e·s de la réanimation et, en plus, rien n’est fait pour nous vacciner dans un délai raisonnable. C’est une maltraitance d’État, on peut le dire. »

Source FRANCE INTER.

 

« Les étudiants sont en train de mourir » : une jeune Niçoise interpelle Macron sur les réseaux sociaux…

Pour mettre en lumière les difficultés rencontrés par les étudiants, touchés de plein fouet par la crise économique, une étudiante niçoise a publié un appel à l’aide sur les réseaux sociaux, en interpellant Emmanuel Macron.

Romane Deshayes a lancé un appel à l’aide sur les réseaux sociaux, en interpellant Emmanuel Macron sur la question des étudiants en situation de précarité. Nice, le 5 février .

 

Des jeunes isolés, dans la précarité, déprimés… L’épidémie de Covid et la crise économie qui en découlent ont mis en difficulté de nombreux étudiants en France. Face à cette détresse, une jeune niçoise a réussi à trouver les mots justes pour la retranscrire. Il y a une semaine, Romane Deshayes, 20 ans, a publié un message sur LinkedIn, un réseau social professionnel.

Elle y raconte son quotidien difficile en pleine pandémie. « Les étudiants sont en train de mourir… À l’aide », écrit-elle, en interpellant Emmanuel Macron. Et le post fait le buzz ! Il a été partagé plus de 39.000 fois en seulement quelques jours.

De nombreux messages de soutien

La jeune femme, étudiante en développement commercial à l’école Pigier en Nice, travaille en alternance dans une petite entreprise à Villeneuve-Loubet. Mais la crise sanitaire l’a mise en difficulté financière. « J’ai un salaire de 780 euros, mais j’ai le loyer à payer, l’essence, le péage, l’électricité, internet », raconte-t-elle, regrettant de ne plus pouvoir faire des missions d’intérim en plus, qui lui permettaient auparavant de mettre un peu de beurre dans les épinards.

Capture d'écran du post de Romane sur LinkedIn

« Avec le Covid et le couvre-feu, il n’y a quasiment plus de missions d’intérim. On ne m’appelle plus, donc c’est un peu compliqué ces temps-ci », confie Romane. D’autant plus qu’elle vient d’apprendre que ces APL (aides personnalisées au logement) étaient revues à la baisse.

« Je reçois plein de messages d’étudiants et d’étudiantes qui me donnent des bons plans »

Alors pour partager sa situation, pour demander de l’aide, l’étudiante niçoise a publié le message sur les réseaux sociaux. « Cet appel à l’aide, il n’est pas que pour moi, il est aussi pour tous les autres étudiants qui sont en situation de précarité », poursuit-elle. Une bouteille à la mer partagée massivement, alors depuis quelques jours, elle reçoit de nombreuses sollicitations dans sa boîte mail.

« Il y a plein de messages d’étudiants et d’étudiantes qui me donnent des conseils, des bons plans. Je leur réponds, je leur en donne aussi. Ça fait plaisir, on se serre les coudes. C’est important de s’aider entre jeunes, on comprend ce qu’on vit et on voit qu’on n’est pas seul. Psychologiquement, ça fait du bien », sourit Romane. Pour partager tous les conseils qu’on lui envoie, la Niçoise a créé un groupe d’entraide pour les étudiants sur le réseau social.

Source FRANCE BLEU.

Confinement : un jeune homme handicapé s’immole par le feu à cause de l’isolement… Pour mémoire…

Elwood, 31 ans, est mort le 1er juin dernier.

Vivant seul dans un appartement à Trégeux dans les Côtes d’Armor, il a décidé de s’asperger de liquide inflammable et de gel hydroalcoolique, avant de s’immoler. Brûlé à 80%, il est décédé une fois transféré à l’hôpital.

Confinement : un jeune homme handicapé s'immole par le feu à cause de l'isolement

 

C’est la mère d’Elwood âgé de 31 ans, Christine, qui relaie la mort de son fils via les réseaux sociaux. « Pas une ligne, dans les journaux, ça intéresse qui un handicapé qui disparaît ? » lance-t-elle ainsi, sur son compte Facebook, dans un texte qu’elle intitule « Les oubliés du confinement« .

« Il vivait mal le confinement »

Elwood était handicapé moteur depuis sa naissance, raconte plus tard Christine à France Bleu. Depuis le confinement, il se sentait particulièrement seul. « Un jour, il a appelé les pompiers pour dire qu’il n’allait pas bien, qu’il vivait mal le confinement. Il a été conduit à l’hôpital où il a pu parler avec un psychologue, des infirmières, il avait besoin de communiquer. Il y a passé une nuit et il a décidé de revenir chez lui », explique-t-elle. Après sa mort, elle retrouve sur son bureau le numéro de Suicide Écoute.

Il avait besoin de communiquer

Car ce 31 mai, le jeune homme, vivant à 450 kilomètres de sa mère, a décidé de passer à l’acte. Sur un parking situé à moins d’un kilomètre de son appartement à Trégneux (Côtes d’Armor), il se recouvre de liquide inflammable et de gel hydroalcoolique avant de s’immoler par le feu sur son fauteuil roulant. Les secours sont prévenus par des témoins, mais ils arrivent trop tard. 80% du corps d’Elwood est déjà brûlé. Il meurt de ses blessures quelques heures plus tard, à l’hôpital de Saint-Brieuc.

« Une énorme faille de la part des professionnels »

La mère du défunt se confie aux médias la semaine suivante, espérant que la mort de son fils ne soit pas vaine : « Aujourd’hui, je témoigne pour que son geste ne passe pas inaperçu. Pendant le confinement, on nous a incité à se rapprocher des personnes seules, à prendre des nouvelles des papys, des mamies. C’est bien mais il faut continuer à le faire. Un petit sourire, un petit bonjour quand vous croisez une personne handicapée, ça ne coûte rien », défend-elle à France Bleu.

Un petit sourire, un petit bonjour quand vous croisez une personne handicapée, ça ne coûte rien

Elle avait prévu d’aller voir son fils après la levée des 100 kilomètres le week-end du 7-8 juin. « Finalement, je l’ai vu plus tôt que prévu, mais à la morgue« , a-t-elle poursuivi, émue. Elle raconte : « Je l’ai eu trois-quatre jours avant son geste au téléphone, ça a été très bref. Avant de raccrocher, il m’a dit  ‘Je t’aime‘, ça n’arrivait jamais, je me dis maintenant que c’était peut-être un signe. »

Pour Christine, le suicide de son fils révèle « une énorme faille de la part des professionnels », comme elle le déclare sur les médias sociaux. Son fils avait prévenu à plusieurs reprises les accompagnants, les psychologues ou encore sa curatrice. Ses plaintes n’ont pas été prises au sérieux. À cause de la crise sanitaire, la mère estime que les auxiliaires de vie en charge du jeune homme avaient moins de temps à lui consacrer, au moment même où il appelait à l’aide.

« Durant cette période, le côté humain n’a pas été suffisamment pris en compte, cela a été la goutte de trop pour lui », a-t-elle conclu auprès d’Ouest France.

Dommage collatéral du Covid-19 ? Oui bien sûr

« Dommage collatéral du Covid-19 ? Oui bien sûr ! », s’est-elle exclamé sur son compte Facebook. « Avant le confinement, il avait l’habitude d’aller faire ses courses au supermarché, aidé par une auxiliaire, ça lui donnait un objectif » détaille-t-elle. Mais rapidement après le début du confinement, Christine explique que son fils « ne pouvait plus supporter l’enfermement », qu’il « avait besoin de lien social. »

Elle est catégorique : « Cet isolement a eu raison de son moral« .

Source MARIE CLAIRE.

Colleret : une association qui s’attaque concrètement aux problématiques du handicap… C’est un pan de la société qu’on a un peu oublié dans cette période de crise…

Depuis quelques mois, une nouvelle association a été créée à Colleret, suite au confinement.

C’est un pan de la société qu’on a un peu oublié dans cette période de crise et pourtant qui a souffert énormément.

Colleret : une association qui s’attaque concrètement aux problématiques du handicap

 

Emilie Myslicki gère sa société de conseil pour les personnes en situation de handicap. Elle est donc une vraie spécialiste des méandres administratifs que doivent parcourir les familles dont un membre est en situation de handicap pour obtenir ce à quoi elle a droit.

Un besoin criant pendant le confinement

« Durant le confinement, j’ai eu des contacts avec beaucoup de familles qui se trouvaient en grande difficulté », commente-t-elle. « Les parents se retrouvaient avec les enfants à la maison, parce que les IME et les lieux d’accueil étaient fermés. Et ce n’est pas facile. Nous nous sommes rendus compte qu’il y avait des manques dans l’encadrement de ces personnes ».

Emilie Myslicki a eu cette idée de fonder une association suite à ce constat. « J’ai rencontré Françoise Del Piero, conseillère départementale, qui faisait le même constat. Il fallait agir. Nous avons aussi eu l’appui de la président de l’association l’Abécédaire de Faustine ».

Il n’a pas fallu longtemps pour que l’association prenne vie et passe à la phase concrète de son programme. « Nous travaillons sur le conseil et la sensibilisation ».

Un conseil aux familles

Le conseil, tout simplement, permet à des parents, à des familles de se tourner vers les membres de l’association afin de les aider à trouver le bon interlocuteur, ou encore à se rencontrer pour évoquer des solutions. « Je peux obtenir des réponses et inviter les personnes en responsabilité à prendre des mesures. Je pense notamment à des personnes qui se sont tournées vers moi parce qu’elles ne trouvaient pas de logement adapté PMR. J’ai pris des renseignements et j’ai appris que ce type de logements manque sur la région. Ca a été l’occasion de faire un rappel aux politiques locaux ».

L’autre pan de travail de l’association est celui de la prévention. « Nous avons fait des interventions dans des centres de loisirs, avec des enfants. Notre objectif est d’expliquer aux enfants ce qu’est le handicap, ce que ça représente, les contraintes que cela peut engendrer. Nous voulons effacer la peur de l’inconnu que des petits pourraient avoir en entrant en contact avec des personnes en situation de handicap ».

Sensibilisation auprès des enfants

Pour ce faire, les membres de l’association se veulent aussi bien pédagogiques que ludiques. « Nous avons notamment un grand jeu de l’oie sur ce thème. Nous faisons aussi des ateliers de mise en situation. Nous voulons développer ces formations dans la région ».

Un autre sujet important pour l’association et sa présidente Emilie Myslicki, c’est celui de l’information. « Pour novembre dernier, qui est le mois du handicap, nous avions prévu d’organiser un salon afin de réunir tous les acteurs locaux du handicap. Cela aurait permis à toutes les personnes concernées de trouver des acteurs locaux référents pour répondre à leurs questions. L’idée était d’avoir toutes les réponses sous un même toit, le temps d’un week-end, et nous avions choisi le mois de novembre, qui est celui du handicap pour organiser ça. Cela nous semblait le plus approprié possible ».

Il est vrai que pour des parents, par exemple, d’un enfant porteur de handicap, trouver la bonne structure d’accueil, adaptée aux besoins de l’enfant, remplir toutes les démarches administratives, connaître les droits auxquels il peut prétendre, peut s’avérer un vrai parcours du combattant. Un dossier MDPH est déjà un défi administratif en soi.

Un salon des acteurs du handicap en novembre

Malheureusement, le deuxième confinement a mis fin au projet. « A la place, nous avons choisi de mettre en avant des associations, des structures, durant tout le mois, un par jour. Mais nous espérons pouvoir remonter l’événement l’année prochaine, sans faute. Nous avons même reçu le soutien de la MDPH pour l’organisation ».

Dans la vie du village

Aider les personnes en situation de handicap, c’est aussi intégrer ce qu’ils font à la vie quotidienne de tous. A Colleret, l’association reçoit le soutien de la municipalité et du maire, Claude Ménissez, pour les initiatives menées. Elle a notamment pu organiser dan le village l’événement « Totems » en décembre dernier (voir ci-contre).

Dans l’avenir, l’association prévoit aussi la création d’un concours de talent, qui permettra à tous de présenter leur talent. « L’idée est d’inviter des personnes en situation de handicap à concourir aussi qu’à des personnes qui n’en sont pas, sans distinction ».

Source L’OBSERVATEUR.

 

Surveillance en télétravail: quels sont vos droits ?…

Une entreprise est parfaitement en droit d’installer des logiciels de surveillance sur les ordinateurs du personnel… à condition de l’en avertir.

L’explosion du recours au télétravail en raison de la crise sanitaire a, logiquement, amené les entreprises à penser ou repenser leurs modes d’organisation et de management du travail. Ainsi, la question du contrôle des salarié·es (vis-à-vis du contenu de leur travail, de son suivi, de l’atteinte des objectifs, etc.) dans un contexte d’éloignement physique est devenue encore plus prégnante, du fait de l’impossibilité de vérifier «en vrai», dans les faits, le respect des horaires et/ou des consignes de travail.

En juin dernier, une étude menée aux États-Unis soulignait un intérêt sans précédent des entreprises pour les logiciels de surveillance. Entre janvier et avril 2020, les intentions d’achats pour les logiciels de surveillance à distance des employé·es avaient été multipliés par plus de 50.

Le score d’intention d’achat pour la catégorie «Surveillance à distance des employés» est passé de 1 à plus de 53 en six semaines après le début de la distanciation. | Score d’intention d’Aberdeen, 2020 cité par ISG Research

Au regard de ces éléments, peut-on considérer que nous sommes désormais dans l’ère de l’hypersurveillance, voire du flicage, des salarié·es en télétravail?

Une capture d’écran toutes les cinq minutes

Le suivi et le contrôle des salarié·es constituent des fonctions majeures de l’activité d’encadrement et de management: la planification et la coordination des activités à réaliser passent par la mise en place de règles de contrôle des tâches à opérer, de l’atteinte ou non des objectifs fixés, de la conformité de ces activités avec les instructions transmises, etc.

La période de télétravail souvent subi a accentué cette tendance au contrôle, jusqu’à donner l’impression d’un surcontrôle, notamment au détriment de la confiance au travail. L’apparition et le développement d’outils et d’équipements digitaux sans cesse plus sophistiqués posent la question de la limite de plus en plus floue entre simple contrôle hiérarchique et surveillance intrusive, voire quasi espionnage, des salarié·es.

Présentés souvent comme de simples outils internes de gestion administrative ou d’aide à l’accroissement de la productivité des salarié·es, ces programmes servent, en théorie, à rationaliser l’organisation de l’activité, notamment en rendant visibles les déséquilibres internes en termes de charge de travail et d’état d’avancement des projets en cours. Ces logiciels assurent également une fonction de sécurité et de filtrage, afin que les salarié·es ne puissent pas naviguer en ligne sur certains sites internet ou extraire des données ou informations sensibles.

Mais leurs fonctionnalités vont beaucoup plus loin: géolocalisation, enregistreur de frappe (keylogger traçant la moindre activité au clavier), temps passé en ligne sur des sites «productifs» ou «non productifs», durée de connexion sur les serveurs de l’entreprise, nombre de courriels envoyés, identité des destinataires, etc.

D’autres logiciels opèrent des captures d’écran des ordinateurs toutes les cinq ou dix minutes, ou dressent un véritable portait du «comportement digital» des salarié·es, pour donner à voir leurs éventuelles anomalies. À l’extrême, ce comportement peut même être traité à grande échelle par l’intelligence artificielle, afin d’opérer un contrôle beaucoup plus large. La plupart de ces logiciels de traçage de l’activité sont invisibles pour les salarié·es qui font l’objet d’une surveillance de plus en plus intrusive, ce qui pose logiquement la question de leur légalité.

Que dit la loi?

Tout dispositif de contrôle des salarié·es doit, pour être valable, respecter les libertés et droits fondamentaux des salarié·es, au premier rang desquels se trouve leur vie privée.

Le respect des prescriptions du règlement général sur la protection des données (RGPD), lorsque le dispositif touche à des données personnelles, est également incontournable. De plus, le Comité social et économique (CSE) doit être informé et consulté préalablement, afin d’appréhender en amont le dispositif de contrôle et ses possibles conséquences.

Ainsi, ce contrôle doit être justifié et proportionné, comme l’indique notamment l’Accord national interprofessionnel relatif au télétravail du 19 juillet 2005. De plus, le Code du travail prévoit une obligation de transparence de la part de l’employeur concernant l’usage des données personnelles: «Aucune information concernant personnellement un salarié ne peut être collectée par un dispositif qui n’a pas été porté préalablement à sa connaissance.»

Les modalités précises du contrôle doivent être établies (type de contrôle, suivi, mesure, etc.) et discutées avec les partenaires sociaux, ainsi que les sanctions prévues. Bien que les messages échangés par le biais d’une adresse ou d’un téléphone professionnels et les fichiers stockés sur les ordinateurs de l’entreprise soient la propriété de cette dernière, cela n’autorise pas les responsables de l’organisation à agir sans limites.

Parallèlement, certain·es salarié·es peuvent développer des stratégies individuelles de contournement des dispositifs de surveillance: recours aux téléphones ou ordinateurs privés à des fins professionnelles, pour sortir ainsi du champ de surveillance, comportements feints, ententes entre salarié·es pour «tromper» ces dispositifs, etc. Ces éléments nous questionnent plus en profondeur sur les défaillances mêmes du management, obligé de recourir à des techniques au mieux borderline, au pire illégales.

Un révélateur de la défaillance du management

Ces cas d’espionnage interne témoignent d’une part de la trahison du contrat moral liant supérieur·es et salarié·es, et d’autre part des insuffisances du management, dont certaines pratiques peuvent mener à rompre toute confiance envers les salarié·es.

Cette volonté de compenser l’impossibilité d’une surveillance physique et réelle par des techniques allant du mail ou de l’appel de 9h01 pour analyser le temps de réponse des salarié·es jusqu’aux logiciels de surveillance et ses abus cristallise une défaillance majeure dans les techniques de management mises en place, et l’incapacité des managers à gérer des équipes à distance.

Cette absence de confiance au travail est, de plus, contre-productive: les salarié·es peuvent développer des stratégies de contournement, mais également avoir tendance à progressivement être démotivé·es, voire à se désinvestir d’un travail dans lequel ils et elles se sentiraient sans cesse suspecté·es d’un potentiel manquement professionnel.

Les conséquences sur la santé des salarié·es ne sont ainsi pas négligeables. Par crainte de ne pas répondre aux attentes des managers et d’être accusé·es de ne pas réellement travailler, les salarié·es se rendent parfois disponibles constamment, induisant une situation de connexion subie, voire d’hyperconnexion.

Dès lors, l’organisation doit être vigilante sur le non-respect de l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, voire à la perméabilité accrue entre ces deux dernières. Ces éléments reposent ainsi la question du droit à la déconnexion et des difficultés à réellement le mettre en place, dans une optique préventive.

Dans ce contexte de crise sanitaire sans précédent, le recours accru au télétravail rebat les cartes du management, encore trop largement orienté vers le contrôle, voire l’hypercontrôle. Cela incite fortement les organisations à développer une nouvelle proposition sur la relation managers-salarié·es, en s’assurant du travail réalisé, sans tomber dans les dérives de l’hypersurveillance, avec la préservation de la frontière entre vie privée et vie professionnelle. Les organisations ont tout intérêt à progressivement passer de la culture du contrôle à la culture de la confiance, et à s’axer moins sur le processus que sur le résultat.

Source SLATE.

 

Surveillance, contrôle, traçage: les salariés n’ont jamais été aussi fliqués qu’au temps du Covid…

La crise sanitaire revitalise un mode de contrôle des salariés né dans les usines britanniques lors de la révolution industrielle, outils de surveillance à la pointe de la technologie en sus.

 

«La crise sanitaire a mis au jour la présence de ces dispositifs de surveillance toujours plus nombreux, dont elle a dans le même temps assis la légitimité et accéléré la banalisation. On me demande souvent s’il faut craindre la généralisation d’une surveillance dite de masse; et s’il s’agissait plutôt d’une massification de la surveillance?» interroge le journaliste spécialiste du numérique Olivier Tesquet dans État d’urgence technologique – Comment l’économie de la surveillance tire parti de la pandémie, qui paraît le 4 février 2021 chez Premier Parallèle et dont nous publions ici un extrait.

Pourrait-on trouver meilleur symbole de cette double peine infligée aux moins fortunés que celui de Facebook? En mai 2020, son tout-puissant patron, Mark Zuckerberg, annonce son intention de faire de Facebook «l’entreprise la plus avancée au monde en matière de télétravail». Et de pronostiquer que, dans un délai de cinq à dix ans, la moitié de ses 45.000 salariés pourraient bûcher à distance. Alors que «Zuck» se prend pour Robert Noyce, le père fondateur et «maire» historico-symbolique de la Silicon Valley, inventeur du transistor, du microprocesseur et de l’open space, il ne dit rien des légions invisibles de modérateurs, environ 35.000 personnes, employées par des sous-traitants américains, indiens ou irlandais, chargées de nettoyer quotidiennement les déchets flottant à la surface du premier réseau social de la planète.

Pour ce précariat moderne, la présence physique ou rien. À Dublin, des centaines d’entre eux ont été sommés de revenir au bureau, malgré plusieurs cas déclarés de Covid-19. Alors qu’ils souffrent déjà de syndromes de stress post-traumatique, à force d’être confrontés à des images insoutenables et des propos haineux, ils doivent maintenant composer avec la peur de tomber malades. «Si je perdais mon mari, si quelque chose m’arrivait, qui s’occuperait de mon fils de 6 ans?», se demande l’une des modératrices en fondant en larmes.

La mesure visant à instaurer le télétravail chez Facebook, réservée à sa main-d’œuvre privilégiée et assortie de réductions de salaire en fonction du choix géographique des travailleurs, laisse certes augurer un dumping social covidé pour les ingénieurs –très– bien rémunérés de la firme de Menlo Park. Quand on sait à quel point, en quinze ans, le petit monde des nouvelles technologies a rendu la baie de San Francisco invivable pour tous ceux qui n’évoluent pas dans le secteur, ne leur laissant d’autre choix que de déménager, d’aucuns pourront souligner qu’il s’agit d’un rééquilibrage karmique. Mais si les pauvres sont indiscutablement les premiers à faire les frais d’un taylorisme sanitaire qui impose une nouvelle organisation scientifique du travail, une fois ce mécanisme enclenché, il risque fort de contaminer l’ensemble du marché du travail.

Avec la pandémie, des millions de salariés, désormais rompus aux codes de la visioconférence et des tâches «distancielles», exercent désormais depuis chez eux. Illusion de liberté absolue pour certains, summum de l’aliénation pour d’autres, le télétravail «est un mode de fonctionnement qui s’oppose à l’activité politique et sociale», comme le formule la sociologue Eva Illouz. «Si la crise du sida a déjà rendu le contact sexuel dangereux, c’est ici la socialité dans son ensemble qui demande une vigilance permanente», poursuit-elle. De fait, le télétravail recompose tout à la fois nos comportements, le regard que nous portons sur les tâches que nous accomplissons, mais aussi –et surtout– nos relations hiérarchiques. D’une certaine façon, il marque la violation matérielle et symbolique du domicile.

Entre mon lit et mon bureau, la cloison étanche de l’intimité vole en éclats. Dans cette configuration, tous ceux qui peuvent télétravailler, c’est-à-dire les employés et cadres du tertiaire, sont particulièrement sujets à l’invasion de leur sanctuaire. Aux États-Unis, selon une étude du MIT, pas moins d’un tiers de la population active a basculé vers le travail à distance.

Parallèlement, les outils pour les surveiller ont connu un pic de popularité sans précédent. Au premier chef, les logiciels de time tracking qui, en analysant les mouvements de la souris et en effectuant à intervalles réguliers des captures d’écran de l’ordinateur, contrôlent l’assiduité du salarié épié. «C’est super stressant, tous les matins, on reçoit un rapport d’activité. J’arrive rarement à dépasser les 50% de temps de travail effectif», souffle Marine, analyste en renseignement d’affaires, dans Libération. Emprisonnés dans cet «hypertemps» dilaté, tel que le nomme le philosophe Pascal Chabot, «synchronisés en permanence» et chronométrés dans toutes nos tâches, nous luttons à armes inégales.

La crise sanitaire revitalise un mode de contrôle des salariés né dans les usines britanniques lors de la révolution industrielle.

Le droit à la déconnexion, pourtant garanti par la loi depuis le 1er janvier 2017, est percuté de plein fouet par des acteurs nommés Hubstaff, Time Doctor, FlexiSPY, ActivTrak ou Teramind. Le premier, leader du marché, a ainsi vu ses essais –gratuits– augmenter de 200% dès le mois de mars, avec l’annonce du confinement. Jusqu’ici réservé à des officines peu connues du grand public, ce marché porteur a même attiré l’attention de Microsoft, qui a annoncé en octobre 2020 l’intégration d’un score d’efficacité dans sa suite logicielle. Devant un scandale naissant, le géant de l’informatique a momentanément reculé, mais la démocratisation de ces mouchards laisse augurer le pire: à force d’être pervasifs, ils deviendraient omniprésents, et donc invisibles.

Pour mieux comprendre ce retour de la pointeuse, on peut s’intéresser à une étude commandée par Hubstaff. Réalisée auprès de 400 entreprises américaines, celle-ci montre que près de la moitié d’entre elles (respectivement 44 et 46%) attend du télétravail qu’il augmente les profits et la productivité. Ainsi que le rappelle Edward P. Thompson, le grand historien de la classe ouvrière britannique, «avant l’avènement de la production de masse mécanisée, l’organisation du travail était caractérisée par l’irrégularité». Tout ce que fait craindre le Covid-19. On peut alors comparer le sort des prolétaires du XVIIIe siècle et celui des télétravailleurs du XXIe; et si leurs conditions matérielles d’existence ne sont pas les mêmes, la crise sanitaire revitalise un mode de contrôle des salariés né dans les usines britanniques lors de la révolution industrielle.

Plus intrusifs encore, certains employeurs déploient des keyloggers, capables d’enregistrer tout ce qu’un individu tape sur son clavier, ce qui marque un détournement flagrant de leur fonction initiale. Aux États-Unis, on utilise le terme de mission creep pour désigner tout glissement mortifère d’une finalité vers une autre. Utilisée pour la première fois en Somalie en 1993, lorsqu’une aide humanitaire de l’ONU s’est transformée en opération militaire américaine, puis en fiasco lors de la bataille de Mogadiscio, l’expression fonctionne ici en sens inverse: d’ordinaire réservés à la lutte antiterroriste (les services de renseignement français les utilisent notamment contre des cibles islamistes), les keyloggers visent désormais un horodatage permanent de l’activité des travailleurs, au moment même où ceux-ci sont contraints de gérer leur vie personnelle et professionnelle derrière un écran.

Devant la menace, la CNIL a publié une mise au point à destination des entreprises: «Si l’employeur peut contrôler l’activité de ses salariés, il ne peut les placer sous surveillance permanente.» Ainsi, les partages permanents d’écran, les keyloggers ou l’obligation d’activer sa caméra pendant le temps de travail sont considérés comme «disproportionnés» et passibles de sanctions.

Pour autant, l’imposition à bas bruit de cette surveillance bureautique ne se limite pas au télétravail. Avec l’impératif de maintien –ou de reprise– de l’activité économique, certaines entreprises, sur le modèle de Ferrari, conditionnent la présence sur site de leurs salariés à un traçage ubiquitaire et permanent. Chez le géant du conseil PricewaterhouseCoopers (PwC), afin de garantir «la sécurité et la productivité», chaque employé qui souhaite venir sur site –et possiblement échapper à une intrusion domiciliaire quotidienne– doit obligatoirement installer Check In, une application qui permet de suivre leurs mouvements et de détecter les malades le cas échéant. PwC, qui a également développé une balise miniature, calibrée pour les lieux où le smartphone n’est pas autorisé et pour les visiteurs, a d’abord testé sa solution dans ses bureaux new-yorkais, avant d’en faire une véritable opportunité de diversification économique: une soixantaine d’autres entreprises en sont désormais équipées.

Poursuivi en justice outre-Atlantique pour avoir insuffisamment protégé ses travailleurs du Covid-19 tandis que Jeff Bezos consolidait sa place d’homme le plus riche de la planète[1], Amazon a également développé un dispositif maison pour ordonner sa main-d’œuvre dans l’espace. Distance Assistant, qui se présente sous la forme d’un écran de télévision agrémenté de capteurs télémétriques et d’une caméra intelligente, mesure ainsi la distance entre les salariés dans les entrepôts. S’ils se rapprochent trop les uns des autres, un cercle rouge apparaît sur le moniteur. D’abord testé dans quelques entrepôts, le prototype a ensuite été déployé par centaines.

Banalisées par l’épisode pandémique, ces technologies sont d’autant plus redoutables qu’elles étaient déjà expérimentées avant l’irruption du Covid-19.

Outre les applications de contact tracing, dont ces dispositifs sont cousins, certains employeurs préfèrent recourir à de véritables bracelets électroniques. Aux États-Unis toujours, Radiant était jusqu’à présent une société spécialisée dans le traçage logistique, utilisant le GPS et le Bluetooth pour localiser des lits d’hôpital ou des robots sur une chaîne de montage. Désormais, Radiant suit des personnes et vend des gourmettes espionnes à des constructeurs automobiles, qui peuvent ainsi savoir si leurs équipes respectent la distanciation sociale. Si un signal fort entre deux salariés est détecté pendant plus de quinze minutes, l’interaction est stockée sur le cloud, prête à l’usage en cas de test positif. En quelques mois, Radiant a écoulé plus de 10.000 unités. Et tous les secteurs sont égaux devant ce pistage systématisé. La NFL, la ligue de football américain, a acheté 25.000 traqueurs de la taille d’un paquet de chewing-gums à Kinexon, une start-up munichoise. Joueurs, entraîneurs et staffs techniques doivent tous le porter au poignet ou dans la poche.

Estimote, une entreprise américaine, produit des milliers d’objets connectés en Bluetooth, wearables aux couleurs pastel et au design impeccable, qui permettent aux employeurs de suivre eux-mêmes leurs troupes infectées. Quant au personnel hospitalier, il trimbale un disque plus petit qu’une pièce de un dollar autour du cou, fourni par une autre société, AiRISTA Flow, qui vend sa technologie de localisation à des institutions psychiatriques depuis une dizaine d’années, pour empêcher les patients de s’enfuir.

Banalisées par l’épisode pandémique, ces technologies sont d’autant plus redoutables qu’elles étaient déjà expérimentées avant l’irruption du Covid-19, au nom de la sociométrie, cette discipline qui entend étudier les relations interpersonnelles au sein d’un groupe et les cartographier pour réorganiser le travail. On pense ici à Humanyze, cette création du MIT que j’évoquais dans les premières lignes d’À la trace et qui, portée en sautoir, écoute les salariés de la NASA ou de Bank of America et épouse leurs mouvements pour optimiser leurs performances.

On pourrait aussi convoquer Emotiv –les marchands de surveillance en milieu professionnel affichent toujours des raisons sociales bienveillantes–, qui commercialise des écouteurs capables, paraît-il, d’enregistrer les ondes cérébrales, révélant du stress ou de la fatigue, afin de mieux organiser le travail. Dans un cas comme dans l’autre, et c’est encore plus vrai en temps de coronavirus, cette intrusion s’opère au nom du bien-être.

Source SLATE.

 

Covid-19 : les variants inquiètent la France, l’UE envisage les vaccins russe et chinois… Le Point complet sur la situation…

LE POINT SUR LA SITUATION – Nouveaux bilans, nouvelles mesures, faits marquants : Le Figaro fait le point sur les dernières évolutions de la pandémie de Covid-19 dans le monde.

Un flacon de Spoutnik V, le vaccin russe.

 

Emmanuel Macron veut un vaccin pour «tous les Français qui le souhaitent» d’ici la «fin de l’été» ; le vaccin d’AstraZeneca n’est pas recommandé pour les plus de 65 ans ; et Spoutnik V est de plus en plus envisagé en Europe. Le Figaro fait le point sur les dernières grandes informations concernant l’épidémie de Covid-19 en France et dans le monde.

  • Un vaccin pour «tous les Français qui le souhaitent» d’ici la «fin de l’été»

Le président de la République, Emmanuel Macron, a assuré mardi 2 février sur TF1 que la France serait capable de proposer un vaccin à «tous les Français adultes qui le souhaitent», «d’ici la fin de l’été». Il a aussi estimé que, «début mars», auront été vaccinés les 80% des pensionnaires des Ehpad qui le souhaitent, soit 500.000 personnes

  • AstraZeneca non-recommandé aux plus de 65 ans

En France, comme en Suède, les autorités sanitaires ont indiqué qu’elles ne recommandaient pas le vaccin du laboratoire suédo-britannique AstraZeneca aux personnes de plus de 65 ans, faute de données actuellement disponibles sur son efficacité dans cette classe d’âge. En France, ce vaccin pourra être injecté par les pharmaciens.

  • Une mutation du variant anglais inquiète les scientifiques

Une récente étude de Public Health England relayée par la BBC démontre l’existence d’une mutation sur le variant anglais, faisant craindre à la communauté scientifique une baisse de l’efficacité des vaccins. Cette mutation affecte la protéine Spike et a déjà été observée sur les variants sud-africain et brésilien. 11 cas ont été détecté à Bristol (sud de l’Angleterre) et 32 à Liverpool (centre de l’Angleterre).

  • La France face à une «croissance exponentielle» des variants

Les premiers résultats en région parisienne de l’enquête destinée à évaluer la présence des variants plus contagieux du coronavirus en France «ne sont pas bons», a indiqué Rémi Salomon, président de la commission médicale de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), évoquant «une croissance exponentielle». «On était plutôt aux alentours de 6% le 7 janvier et on est monté à 15/20% la semaine dernière», a détaillé ce médecin. Et comme le variant anglais est «40 à 70% plus contagieux, il va y avoir une accélération de l’épidémie si on ne fait significativement rien de plus (…). C’est ça qui nous fait peur», a-t-il souligné. Le gouvernement a appelé employeurs et salariés à se «remobiliser» pour renforcer le télétravail dans les entreprises.

  • L’Union européenne envisage les vaccins russe et chinois

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est montrée ouverte à un accès des vaccins chinois et russe au marché européen à condition qu’ils se soumettent à l’évaluation du régulateur européen, selon des sources parlementaires. «Dès qu’une demande d’autorisation sera soumise par le producteur», a déclaré Emmanuel Macron, «les autorités européennes et nationales regarderont scientifiquement ce vaccin de manière indépendante et, en fonction des résultats, l’homologueront ou pas».

  • Spoutnik V efficace à 91,6%

Le vaccin Spoutnik V, au sujet duquel la Russie avait été accusée de manquer de transparence, est efficace à 91,6% contre les formes symptomatiques, selon des résultats publiés mardi dans la revue médicale The Lancet.

  • 1,54 million de Français vaccinés

Quatre semaines après le début de la vaccination en France, plus de 1,54 million de personnes ont reçu au moins une dose de vaccin. Parmi elles, un peu plus de 67.000 avaient reçu les deux doses lundi soir, selon Santé publique France qui donne ces chiffres avec un jour de décalage.

  • 100 millions de doses de vaccins administrées dans le monde

Plus de 100 millions de doses de vaccins contre le Covid-19 ont été administrées dans le monde, moins de deux mois après le lancement début décembre des premières campagnes de vaccination de masse. Les pays à revenu élevé (au sens de la Banque mondiale), qui n’hébergent que 16% de la population mondiale, concentrent 65% des doses administrées jusqu’à présent dans le monde. Outre Israël, il s’agit, pour l’essentiel, de pays nord-américains, européens et du Golfe (Royaume-Uni, États-Unis, Émirats arabes unis, etc.).

  • Visite de l’OMS à Wuhan

Les experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sont arrivés mercredi à l’Institut de virologie de Wuhan, dans le cadre d’une enquête sur l’origine du coronavirus dans cette ville du centre de la Chine, a constaté une équipe de l’AFP. L’institut comporte plusieurs laboratoires à haute sécurité où des chercheurs travaillent sur des coronavirus. La visite de l’OMS est ultra-sensible pour le pouvoir chinois, qui cherche à évacuer toute responsabilité dans le déclenchement de l’épidémie en 2019.

  • Pfizer s’attend à 15 milliards de dollars de ventes de son vaccin

Le groupe pharmaceutique américain Pfizer estime que les ventes du vaccin anti-Covid, développé en partenariat avec la société allemande BioNTech, atteindront environ 15 milliards de dollars en 2021, somme qui pourrait augmenter si le laboratoire signe des contrats supplémentaires.

  • Les salariés français bientôt autorisés à déjeuner à leur bureau

Les salariés pourront prochainement manger à leur bureau, afin de limiter les possibilités de contamination au coronavirus, a indiqué le ministère du Travail. Un décret en ce sens va être publié «dans les prochains jours». La mesure a été évoquée lundi au cours d’une réunion à distance entre la ministre du Travail, Elisabeth Borne, et les partenaires sociaux. Le Code du travail interdit actuellement aux entreprises de «laisser les travailleurs prendre leur repas dans les locaux affectés au travail».

  • Si un élève est positif en école maternelle, la classe fermera

Désormais, si un élève de maternelle est testé positif au Covid-19, les autres élèves de sa classe seront considérés comme cas contacts, ce qui entraînera de facto sa fermeture, selon le dernier protocole sanitaire publié par le ministère de l’Éducation. Dans le primaire et le secondaire, le port du masque étant obligatoire, l’apparition d’un cas confirmé parmi les enseignants ou les élèves n’entraîne pas automatiquement de contacts à risque dans la classe. Sauf s’il est établi qu’il s’agit de l’un des variants, dans ce cas la classe concernée sera désormais fermée après un seul cas. Jusqu’à présent il fallait trois personnes contaminées pour décider une fermeture de classe.

  • Plus de 2.200.000 morts dans le monde, 600.000 décès en Amérique latine

La pandémie de Covid a fait au moins 2.237.990 morts dans le monde. Plus de 600.000 décès du Covid-19 ont été officiellement enregistrés en Amérique latine et Caraïbes depuis le début de la pandémie en décembre 2019. Les États-Unis sont le pays le plus touché tant en nombre de morts que de cas, avec 446.733 décès, suivis par le Brésil (226.309), le Mexique (159.533), l’Inde (154.486) et le Royaume-Uni (106.564). Le nombre de victimes à l’échelle mondiale est globalement sous-évalué. Il se fonde sur les bilans quotidiens des autorités nationales de santé.

Source LE FIGARO.

Covid-19 et salles de sport : «Beaucoup d’adhérents font des attestations maquillées»….

Pour pouvoir rouvrir, des clubs de fitness rallument la lumière et les machines pour les porteurs d’une prescription médicale.

Mais cette pratique, entre service rendu et opportunisme, divise la profession.

Près de 300 salles de sport auraient déjà déposé le bilan malgré les aides de l'Etat.

 

Le 2 décembre, Serge Vermeulen a rouvert sa salle de sport, franchisée Fitness Park, à Tarbes. Le groupe aux 240 clubs a passé un accord avec ses licenciés de marque pour leur permettre d’accueillir les abonnés disposant d’une ordonnance médicale pour « activité physique adaptée ». Le club L’Usine, trois salles sélectes à Paris, avait ouvert la brèche mi-octobre en rouvrant son adresse de l’Opéra, suivi par Club Med Gym. Mesure de santé publique ou tentative de la dernière chance pour des entreprises asphyxiées ?

Selon le syndicat FranceActive, de 15 à 20 % des 4.500 salles de fitness (41.000 salariés) seraient déjà en cessation de paiements. Dans le lot, beaucoup d’indépendants ou des petits réseaux, comme Freeness, qui emploie 70 personnes. Selon l’organisation interprofessionnelle Union Sport & Cycle, près de 300 salles ont déposé le bilan au cours des derniers mois.

Une étude menée fin octobre par FranceActive auprès des adhérents affirmait que 60 % disposaient de deux à trois mois de trésorerie.« La promesse d’une catastrophe annoncée, en 2021 », alerte le président Thierry Doll. Malgré les prêts garantis, le Fonds de solidarité – des discussions sont en cours pour en faciliter l’accès -, l’activité partielle… les dégâts sont considérables. En 2020, le syndicat estime la perte de chiffre d’affaires du secteur, fermé six mois, à 50 %, soit 1,3 au lieu de 2,6 milliards d’euros.

Coachs diplômés

A Tarbes, Serge Vermeulen a recommencé à recevoir les jeunes résidents trisomiques de l’institut médico-éducatif Les Hirondelles, public prioritaire. « Avec l’électricité et le chauffage, cela m’occasionne plus de frais que de bénéfices, mais je ne pouvais plus rester les bras croisés. » Il enregistre « une vingtaine de passages par jour » de porteurs d’ordonnance, se reposant sur la responsabilité des médecins face au risque de certificats de complaisance. « J’enregistre tous les justificatifs, en cas de contrôle par la police. » Déjà deux en une semaine.

L’Usine n’en a pas eu. « On est juridiquement droit dans nos bottes », affirme son directeur et cofondateur Patrick Rizzo, même s’il accueille au-delà des « affections de longue durée » (obésité, diabète, maladies cardiovasculaires et rhumatologiques…). A 80 %, il s’agit de rééducation d’une épaule, d’un genou ou de lombaires douloureuses – avec ordonnance. « On est le meilleur médicament et on nous aligne sur les bars, c’est scandaleux », fulmine-t-il, cumulant « 195 jours de fermeture » malgré 45.000 euros de factures pour l’installation de Plexiglas et autres mesures sanitaires.

Mais l’ouverture pour motif médical n’est pas à la portée de toutes les salles de sport, « qui doivent impérativement disposer de coachs diplômés », met en garde Patrick Rizzo. « C’est le pénal qui m’attend si je suis pris en défaut », dit-il. Sur ses 4.000 abonnés, il en a retrouvé 500, plus 200 nouveaux inscrits.

Ces réouvertures pour motif médical font grincer des dents chez FranceActive, qui craint des dérives avec « des salles trop pleines » et la concurrence déloyale. « Cela doit rester strictement dans le cadre des affections de longue durée », plaide Thierry Doll. La chaîne l’Appart Fitness a préféré s’abstenir sur cette pratique jugée « borderline ».

Barnum chauffé

Pour les salles de sport, il est vital de maintenir le lien avec les abonnés. Si elles ont généralisé les séances en ligne, Philippe Leroy, propriétaire du Loft à Rueil-Malmaison, a prêté, lui, du matériel à quelque 200 adhérents pour fidéliser la clientèle. Fin septembre, il faisait partie de ceux qui avaient poursuivi leurs cours en extérieur. « J’ai installé un barnum éclairé et chauffé sur la terrasse. » Mais il faudrait des directives spécifiques pour pouvoir reprendre cette pratique sur les parkings des établissements, qui posent des problèmes d’assurance.

« Après la crise, ce sont les gros qui vont ramasser les miettes. » Serge Vermeulen, lui, a abondé une cagnotte pour des confrères « qui ne peuvent même plus se payer un salaire et dorment dans leur salle ».

Source LES ECHOS.

La pandémie s’installe dans le temps, et ses dégâts psychologiques aussi… Vidéo : les violences faites aux femmes pendant le confinement !…

Huit mois après le début du premier confinement en France, nous sommes nombreux et nombreuses à ressentir les lourds effets d’une crise qui semble partie pour durer.

Il y a huit mois, alors qu’un premier confinement s’amorçait en France, notre santé mentale s’est retrouvée fortement impactée par l’incertitude, l’isolement et la peur. La crise a été soudaine, et le choc profond.

«Ça a accentué mes angoisses nocturnes et mes insomnies», détaille Juliette, qui se décrit comme une stressée chronique. «J’avais parfois des insomnies avant, mais c’est vraiment la période de confinement qui a décuplé le phénomène. La situation totalement anxiogène m’a poussée à me couper un peu des informations, je comptais les heures la nuit.»

Pierre a lui aussi ressenti ce bouleversement: «J’avais le moral totalement plombé par l’inquiétude due au virus, par la peur du lendemain, et par le fait d’être bloqué chez moi.» Ce journaliste était déjà suivi par une psychologue depuis plusieurs années pour régler des problèmes de confiance en soi, et «après un léger mieux, l’annonce du confinement m’a refait sombrer. Heureusement, le suivi psy a continué par Skype, ce qui m’a aidé à tenir.»

Des troubles psy qui se répandent

Addiction, troubles du sommeil, dépression… On le sait désormais, le confinement de début 2020 a généré une angoisse globale et inédite. Fin mars, une semaine après le début des restrictions, le taux d’anxiété dans la population française avait doublé par rapport à 2017. Huit mois plus tard, la traumatologue Hélène Romano constate la longue traîne de cet impact, à tous les niveaux.

D’abord dans son entourage, et auprès des étudiant·es de la faculté où elle enseigne. «Beaucoup d’inquiétudes, de fatigue psychique (liée au stress) et d’angoisse pour l’avenir», raconte-t-elle. Parmi ses collègues soignants, elle note «une intense fatigue physique et psychique en raison du stress, d’une absence réelle de revalorisation du métier et des moyens supplémentaires qui ne sont donnés qu’au compte-goutte». Quant à ses patient·es, qui ont un vécu traumatique grave, «le confinement, le déconfinement, et la situation actuelle réactivent leurs traumatismes et les insécurisent beaucoup (aggravation des conduites anxieuses, troubles addictifs pour éviter les pensées intrusives…)». Bref, ça va mal partout.

Cécile, consultante en communication de 28 ans, est diagnostiquée dépressive. «Je n’ai pas pu voir ma psy pendant le confinement. Ça a eu un impact clair sur mes addictions à la cigarette et à l’alcool, j’ai développé une très forte consommation qui s’est plus ou moins installée, et j’ai repris des anxiolytiques. J’ai aussi expérimenté, pour la première fois, de vrais troubles du sommeil qui sont maintenant très récurrents.»

Certaines personnes ont vu des problèmes de santé mentale pré-existants s’aggraver, d’autres en font l’expérience pour la première fois. C’est le cas de Roxane*, qui a subi une rupture le jour de l’annonce du confinement en mars. «J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps, seule dans un minuscule studio. Le fait de n’avoir rien à faire m’a focalisée sur moi, ma vie et mon passé. J’ai donc fait une introspection et je me suis rendue compte que des trucs atroces et douloureux enfouis depuis des années me revenaient en pleine face, sans pouvoir détourner mon attention. C’est la première fois que je fais face à ce genre de choses. Je n’ai jamais autant pleuré que depuis mars. Je suis devenue à fleur de peau et les larmes montent hyper vite pour un rien.» La jeune femme dit avoir sombré dans une «profonde déprime» qui peu à peu a évolué en dépression. Sans avoir les moyens de consulter un·e spécialiste pour aller mieux, elle «subit tant bien que mal en attendant que ça passe».

«Comme une voiture qui n’a plus d’essence»

Ce qui nous a aidé à tenir, même pendant les mois les plus douloureux, c’est l’idée que cela passerait. Hélène Romano nous le disait en avril: «Projetez-vous dans le temps, pensez à ce que vous avez envie de faire pour l’après. On ne va pas être confinés à vie, ce sont juste six semaines. Il faut vous dire qu’il y aura une fin.» Malheureusement, la fin n’est pas vraiment arrivée, ou du moins n’a pas pris la forme que l’on espérait. Et huit mois plus tard, c’est un nouveau confinement qui débute.

Alors qu’il est devenu clair, ces dernières semaines, que la situation ne s’améliorait pas, l’anxiété a pris une nouvelle tournure, peut-être plus diffuse mais aussi plus durable. Lya Auslander, docteure en psychologie sociale, le confirme. «Dans les crises comme ça, qu’elles soient sanitaires, ou financières comme en 2008, il y a une phase aiguë qui apparaît dans un premier temps. Et après, les choses s’installent de manière chronique. C’est ce qu’on vit en ce moment.» Selon elle, «sur le plan psy, l’installation de cette phase chronique est extrêmement consommatrice d’énergie psychique, et on y est beaucoup moins préparés. Nous sommes dans une société de la vitesse, et pas une société d’endurance. Quand il y a encore plus d’anxiété et de stress, les gens se retrouvent vite comme une voiture qui n’a plus d’essence, mais qui ne peut pas être ravitaillée parce qu’on n’a pas le temps de s’arrêter.»

C’est ce sentiment d’être à sec qui revient très souvent dans les témoignages. Chloé, 30 ans, travaille dans le milieu du spectacle, et se dit épuisée «par le sentiment d’être en permanence sur le fil du rasoir. On se sent dépossédé de sa propre vie. Ne pas pouvoir organiser des spectacles, ne pas pouvoir aller à des concerts, c’est [se] retirer un peu d’oxygène, même si ça paraît dramatique dit comme ça.»

Comme nombre d’entre nous, elle pensait que la crise ne durerait qu’un temps. «Maintenant que ça dure encore et encore, et qu’on n’en voit pas la fin, je me sens un peu condamnée, confie-t-elle. L’incertitude est terrible. Je suis privée de ma famille, de mes amis les plus proches, de ce qui me nourrit professionnellement et personnellement. C’est un arrêt de développement personnel en fait, comme si j’étais punie mais sans leçon à la clef. Je suis en pause de moi-même.»

Entre l’absence de perspective et le surmenage émotionnel, le risque de burn-out est immense. Ce dernier peut être lié à la surcharge de (télé)travail, à l’épuisement parental, ou bien, comme le précise Lya Auslander, à une perte de sens. «Avec cette crise qui s’inscrit dans la chronicité, parce qu’on est isolés, et qu’on n’a pas les ressources, on est beaucoup plus sujets au burn-out.» Son conseil: «II faut accepter l’efficacité moindre, et ménager des périodes de récupération, reprendre des liens sociaux.»

«Dans l’idéal, il faut essayer d’avoir des moments pour soi, même cinq minutes par jour.»

Hélène Romano, psychothérapeuthe et traumatologue

Pauline, 29 ans, est scénariste et en burn-out depuis mai. Sa vie créative et professionnelle a été fortement endommagée par la crise sanitaire. Malgré un job précaire et globalement stressant, elle tenait le coup grâce à la perspective de deux projets enthousiasmants, qui se sont tous les deux arrêtés brutalement avec le confinement. «Il y a eu une accumulation de choses, mais je me suis rendue compte que j’étais en burn-out au moment où j’ai réalisé que je n’étais plus capable d’écrire du tout.»

Aujourd’hui, elle se dit encore incapable de reprendre l’écriture, et parle de «blocage» concernant la fiction. «Je n’ai pas regardé une fiction depuis le mois de mars, il y a une espèce de dégoût. On a regardé Dix pour cent avec ma compagne, et c’est épidermique, je peux plus.» En attendant une potentielle reconversion, la jeune femme se ménage et s’entoure de proches qui la comprennent. «J’essaie de ne pas me projeter à dans un an, je limite mon champ de vision.»

Difficultés exponentielles

Autre difficulté de la période qui s’annonce: aux épreuves personnelles, viennent s’ajouter celles de notre entourage, générant une sorte de surmobilisation physique et émotionnelle. Pauline le ressent bien. «Là où c’est compliqué, c’est que quand tu dis que tu vas mal, on te répond “bah en même temps ça va mal pour tout le monde”, regrette-t-elle. C’est pas sain, parce que du coup tu peux en devenir un peu fataliste.»

Comment faire quand on est soi-même en burn-out, mais que nos proches (ou nos patient·es) sont eux aussi au bout du rouleau? Comment prendre à la fois soin de soi et des autres dans une période aussi épuisante? Hélène Romano donne quelques pistes: «Dans l’idéal, il faut essayer d’avoir des moments pour soi, même cinq minutes par jour. Penser à des projets positifs personnels et familiaux, s’autoriser à dormir, bien manger, et savoir dire non aux sollicitations pour se mettre au centre de nos préoccupations.»

Lya Auslander, elle, s’inquiète particulièrement pour les personnes les plus vulnérables, déjà fragilisées depuis le début de la crise: «Pour les personnes qui ont déjà des pathologies déclarées, tout va être exponentiellement difficile, qu’il s’agisse de pathologies de stress, de handicap, de comportements violents.» Les enfants et les femmes victimes de violences domestiques, notamment, sont à nouveau beaucoup plus exposées dans une situation de couvre-feu ou de confinement.

«La situation actuelle décuple l’anxiété, mais réduit très largement la capacité des gens violents à contenir le passage à l’acte. Toutes les structures d’accueil et de protection de l’enfance ont beaucoup été sollicitées pendant le [premier] confinement, elles ont répondu avec les moyens qu’elles avaient dans la phase aiguë, mais maintenant on est dans une autre phase où tout le monde est épuisé, y compris les soignants. On craint l’interaction entre l’épuisement professionnel, le manque de moyens et leur capacité à intervenir pour ces enfants et les femmes qui sont victimes.»

Une crise qui ne sera pas éternelle

Malgré tout, la docteure en psychologie sociale place beaucoup d’espoir dans le lien humain. «Dans les sociétés totalitaires, où le degré de stress, de dépression et de captivité était important et a duré très longtemps, on a observé tous ces phénomènes, explique Lya Auslander. Il y avait le stress de l’espace public, et en même temps, les liens entre les personnes dans l’espace privé sont devenus tellement chaleureux, que les choses tenaient debout quand même. Malheureusement les sociétés occidentales sont individualistes, mais la question de la solidarité, des liens et de l’attention à autrui est extrêmement importante. Il ne faut pas croire que parce qu’on est attentif à autrui, ça nous épuise forcément nous.»

Pour affronter les nouvelles épreuves, l’expérience de ces derniers mois est aussi d’une grande aide. Cécile nous dit envisager «plus sereinement» le deuxième confinement, «le premier ayant fait office de crash-test». Roxane, elle, a choisi de se confiner avec des amis pour ne pas reproduire la solitude du premier.

Et même s’il est difficile de savoir quand et comment cette crise se terminera, Hélène Romano précise encore une fois que temporiser est une des meilleures solutions. «La crise dure, c’est une réalité, mais elle ne sera pas éternelle… même s’il y en aura probablement d’autres. Pendant la guerre, les populations ont tenu car elles savaient qu’un jour cela finirait. Il y aura une fin.» Selon elle, «la seule façon de tenir est de voir comment vivre avec les nouvelles contraintes (qui risquent de durer) car il nous faut bien vivre, ne serait-ce que pour les enfants qui ont besoin d’adultes porteurs d’espoirs, malgré tout ce contexte».

*Le prénom a été changé

Source SLATE.