Covid-19 : Santé publique France demande de ne plus utiliser les masques FFP2 « Biomass Graphène »…

« L’inhalation de particules de graphène pourrait causer une toxicité pulmonaire précoce », soulignait, début avril, le ministère de la Santé canadien, qui n’avait pas encore évalué les risques chez les humains.

Un masque FFP2 par terre, à Munich, en Allemagne, le 5 juin 2021. (FRANK HOERMANN / SVEN SIMON / AFP)

 

Ils pourraient entraîner des difficultés respiratoires. Deux mois après le Canada, la France déconseille l’utilisation de certains masques FFP2 pour se protéger de la transmission du Covid-19, en raison d’un risque potentiel pour la santé. Dans une note d’information publiée le 25 mai, et mise à jour lundi 31 mai, l’agence Santé publique France demande « de ne plus utiliser » les masques FFP2 labellisés « Biomass Graphène ». En cause : un « éventuel risque lié à la présence de graphène dans ces masques », un matériau très utilisé dans l’électronique pour sa résistance et sa conductivité.

Les masques rappelés sont des FFP2 faisant partie du stock d’Etat, fourni par le fabricant chinois Shandong Shengquan New Materials (modèle SNN 200647), souligne Mediapart (article réservé aux abonnés), qui a repéré la note. Dans une lettre de l’Agence régionale de santé (ARS) à destination des directions hospitalières, que le site a consultée, il est précisé qu’« à ce stade, il a été identifié 60,5 millions de masques FFP2 dotés d’un marquage CE pouvant potentiellement contenir du graphène, dont 16,9 millions ont d’ores et déjà été distribués en 2020 », soit « 28% des stocks reçus » par l’Etat et distribués aux établissements de santé et médico-sociaux.

Pas de mention de « l’activité biocide »

Contacté par Mediapart, SPF assure que la commande de l’Etat remonte à avril 2020, « au moment des acquisitions massives dans le contexte de pénurie de masques ». Selon l’agence sanitaire, le fabricant chinois n’avait mentionné nulle part « l’activité biocide » de ses produits, qui aurait justifié leur exclusion, même si la présence de « Biomass Graphène » apparaît bien.

Début avril, le ministère de la santé canadien avait pourtant déjà « conseill[é] aux Canadiens de ne pas porter de masques contenant du graphène, car ils pourraient inhaler des particules de graphène, ce qui peut présenter des risques pour la santé », ordonnant le retrait du marché de certains modèles. L’« analyse préliminaire des études disponibles (…) a révélé que l’inhalation de particules de graphène pourrait causer une toxicité pulmonaire précoce chez les animaux. Cependant, on ne connaît pas encore le potentiel d’inhalation de ces particules par les masques chez les humains ni les risques pour la santé qui en découlent », justifiait l’agence canadienne. En France, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) doit désormais évaluer la toxicité des masques concernés.

Source FRANCE INFO.

Coronavirus : en quatre mois, le nombre de recherches en lien avec la santé mentale a doublé sur Doctolib…

Entre octobre 2020 et janvier 2021, le nombre de recherches de psychologues ou psychiatres a doublé sur Doctolib.

Une conséquence de la crise sanitaire et économique pour les professionnels, qui redoutent des dégâts à long terme.

En quatre mois, le nombre de recherches en lien avec la santé mentale a doublé sur Doctolib.

 

Psychologues et psychiatres alertent depuis plusieurs mois. Anxieux, déprimés, épuisés, de plus en plus de Français se tournent vers des professionnels. D’après les chiffres communiqués ce jeudi à France Bleu par Doctolib, le nombre de recherches effectuées par les patients en lien avec santé mentale a ainsi doublé entre octobre 2020 et janvier 2021, passant de 120.000 à 255.000 pour les psychologues et de 105.000 à 223.000 pour les psychiatres.

Depuis octobre 2020, les psychologues de la plateforme de prise de rendez-vous en ligne ont vu leur activité croître de 27%, et les psychiatres de 19%. 75% des psychologues expliquent avoir constaté une augmentation de leur charge de travail ces derniers mois, essentiellement liée à l’arrivée de nouveaux patients.

Nouveaux patients

Des chiffres qui ne surprennent pas Caroline Delannoy, psychologue dans le 16e arrondissement de Paris. « Nous recevons beaucoup de nouveaux patients depuis octobre dernier en raison du contexte actuel, de la crise sanitaire » confirme-t-elle.

Un an après le premier confinement, et alors que de nouvelles restrictions entrent en vigueur samedi dans tout le pays, la santé mentale des Français est en effet devenue une donnée centrale de la crise sanitaire.

Selon une enquête OpinionWay publiée le 23 mars, le taux de dépressions, y compris sévères, parmi les salariés a explosé depuis mars 2020. Les hospitalisations des moins de 15 ans pour motif psychiatrique sont « en hausse de 80% » a indiqué le 22 mars sur France Inter Angèle Consoli, pédopsychiatre à l’hôpital parisien de la Pitié-Salpétrière et membre du Conseil scientifique, et la détresse des étudiants, privés d’université et de vie sociale, a poussé le gouvernement à lancer une plateforme nationale d’accompagnement psychologique dédiée en partenariat avec la Fédération Française des Psychologues et de Psychologie.

Source FRANCE BLEU.

Coronavirus : Des consultations de psychologues bientôt remboursées par les complémentaires santé…

SANTE MENTALELes mutuelles s’engagent à prendre en charge au moins quatre séances par an « dès le premier euro ».

Coronavirus : Des consultations de psychologues bientôt remboursées par les complémentaires santé

 

Les mutuelles s’engagent pour la santé mentale, mise à mal par la crise sanitaire. Les fédérations de mutuelles, assurances santé et institutions de prévoyance ont annoncé lundi la prise en charge de plusieurs consultations de psychologues par an, sous conditions.

Les complémentaires santé ont pris les devants, alors qu’une réunion de ministres « sur la santé mentale » était prévue lundi après-midi à Matignon. Leurs trois fédérations ont décidé de concert de généraliser le remboursement « dès le premier euro » des psychologues libéraux, sur prescription médicale.

Pas encore en vigueur

Pour les mutuelles, « un minimum de quatre séances par année pourra être pris en charge dans une limite de 60 euros par séance », précise la Mutualité française dans un communiqué. Même tarif pour les assureurs, qui ne s’engagent toutefois à rembourser que « jusqu’à quatre consultations » par an, indique la Fédération française de l’assurance (FFA). Les institutions de prévoyance (CTIP), spécialisées dans les contrats d’entreprises, promettent également de « renforcer leur dispositif de prise en charge des consultations de psychologues ».

Cette initiative n’entrera toutefois pas immédiatement en vigueur : les trois fédérations souhaitent d’abord « initier un échange » avec les syndicats de médecins et de psychologues. Ces derniers ne sont pour l’heure pas pris en charge par la Sécu, même si l’Assurance maladie teste depuis deux ans un remboursement – sur prescription du médecin traitant – dans quatre départements (Bouches-du-Rhône, Haute-Garonne, Landes, Morbihan).

Des troubles plus nombreux

Un schéma encouragé par la Cour des comptes, qui recommandait dans un rapport en février de le « généraliser dès que possible ». Une urgence aggravée par le Covid-19 : près des deux tiers des 18-25 ans (61 %) estiment que la crise sanitaire « aura des conséquences négatives sur leur santé mentale », selon un sondage réalisé en janvier par l’institut Ipsos pour la Fondation FondaMental, réseau de chercheurs sur les maladies psychiatriques.

Près d’un jeune sur trois (32 %) déclare être personnellement concerné par au moins un des troubles suggérés : dépression, anorexie, troubles obsessionnels compulsifs, phobies, troubles anxieux, etc.

Source 20 MINUTES.

Covid: deux fois plus de dépressions sévères qu’en 2020 chez les salariés…

Les populations les plus à risques sont les moins de 29 ans, les femmes, les managers et ceux qui télétravaillent.

Le taux de dépression chez les salariés est passé de 21% en décembre dernier à 36% en mars.

 

Les taux de dépressions, notamment sévères, parmi les salariés ont explosé, un an après le début de la crise sanitaire et le premier confinement, selon un «baromètre de la santé psychologique des salariés français en période de crise», réalisé par OpinionWay et présenté mardi.

Si la détresse psychologique des salariés français reste importante et touche 45% d’entre eux (-5 points par rapport à décembre 2020) dont 20% de détresse psychologique élevée (identique), «le taux de dépression nécessitant un accompagnement chez les salariés explose. Il passe de 21% à 36% (+15 points par rapport à décembre 2020) tandis que le nombre de dépressions sévères a doublé en un an (21% en mars 2021 contre 10% en avril 2020)», a précisé Christophe Nguyen, à la tête du cabinet franco québécois Empreinte Humaine, spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux (burn-out, dépressions, suicides…), en présentant la sixième vague de ce baromètre depuis le début de la crise.

De la détresse psychologique à la dépression

«La détresse psychologique (indicateur de santé mentale utilisé pour diagnostiquer les troubles mentaux, NDLR) c’est l’antichambre de troubles mentaux plus sévères dont la dépression, et on voit que les gens sombrent», a-t-il ajouté, indiquant que «63% des salariés» déclarent «voir de plus en plus de collègues en détresse psychologique».

«Le contexte invite à être réaliste sur ce point. La détresse s’exprime aussi par des comportements d’hostilité, d’agressivité, ça ne va pas bien du tout et ça devient une crise au travail», analyse M. Nguyen. «On paie cash le manque de prévention de la santé mentale en population générale et dans les entreprises», ajoute-t-il, en comparant la France au Québec «où il y avait entre 7 et 9% de détresse psychologique fin 2020».

Qui sont les plus touchés ?

Les populations «les plus à risques» restent «les moins de 29 ans», dont 62% sont en détresse psychologique avec un risque de dépression accru pour près de quatre sur dix. Les femmes sont également très touchées avec 53% d’entre elles en détresse psychologique contre 38% pour les hommes.

Les managers, dont 48% sont en situation de détresse psychologique, sont plus touchés que les non-managers (44%). Facteur aggravant pour les premiers, 60% d’entre eux ne se permettent pas de parler de leurs difficultés avant de traiter celles de leurs collaborateurs et 4 sur 10 se sentent isolés en tant que manager, selon le baromètre, réalisé du 1er au 12 mars auprès d’un échantillon de 2.004 salariés représentatif, selon la méthode des quotas.

Saturation avec le télétravail

Là où en avril 2020, les plus exposés étaient les salariés en chômage partiel, ce sont aujourd’hui les télétravailleurs les plus en détresse psychologique. Ceux qui habitent dans moins de 40 m2 sont surexposés à la détresse psychologique (75%). Le télétravail est «en voie de devenir un risque psychosocial au travail» et sa «lassitude» se confirme avec 4 salariés sur 10 qui «saturent» du télétravail tandis que 50% des salariés disent «manquer de lien social avec les collègues», ce qui «impacte négativement le sens qu’ils donnent à leur travail». La détresse psychologique fait aussi «craindre des drames humains». 50% des salariés disent «avoir peur de l’état psychologique» de leurs collègues à la sortie de la crise, 32% craignent des suicides au travail et 10% ont peur «qu’un collègue agresse physiquement d’autres personnes», selon ce baromètre.

Source LE FIGARO.

Covid-19 : comment les résidents des Ehpad vont pouvoir « retrouver une vie sociale »…

Le gouvernement a annoncé un assouplissement des restrictions dans les Ehpad. Ce nouveau protocole sanitaire entre en vigueur dès le samedi 13 mars.

Covid-19 : comment les résidents des Ehpad vont pouvoir "retrouver une vie sociale" (FRANCOIS NASCIMBENI / AFP)

 

C’est une « première phase d’assouplissement ». La ministre chargée de l’Autonomie a annoncé, vendredi 12 mars, un allègement du protocole sanitaire mis en place dans les Ehpad pour lutter contre le Covid-19. « Les résidents vaccinés vont pouvoir retrouver une vie sociale », s’est félicitée Brigitte Bourguignon dans un entretien au Parisien.

Sorties avec ou sans période d’isolement, reprise des activités collectives, suppression des parois en plastique lors des visites… Franceinfo fait le point sur les nouvelles préconisations dans ces établissements.

Les sorties à nouveau possibles

Le nouveau protocole applicable dans les Ehpad permet aux résidents de sortir pour voir leurs proches, dès le samedi 13 mars. « Quel que soit leur statut vaccinal et immunitaire, [ils] doivent retrouver les mêmes droits que le reste de la population, comme la possibilité de voir leurs proches, à l’extérieur ou à l’intérieur de l’établissement », a expliqué Brigitte Bourguignon dans un communiqué.

Les résidents vaccinés (c’est-à-dire ceux qui ont reçu deux injections il y a plus de 15 jours) « pourront se rendre chez leurs proches, sans se faire tester avant et après et s’isoler sept jours dans leurs chambres », précise la ministre dans Le Parisien. Et de rappeler que « 87% [des résidents en Ehpad] ont reçu une première dose, 62% les deux et 50% bénéficient d’une couverture maximale ». 

Les personnes âgées non vaccinées seront elles aussi autorisées à sortir. Ces résidents devront toutefois respecter le précédent protocole : ils devront ainsi se faire tester et s’isoler durant sept jours à leur retour.

« Certains n’ont pas pu recevoir de doses parce qu’ils étaient souffrants au moment de la campagne ou parce qu’il y avait un cluster dans leur établissement. Ce n’est souvent pas volontaire, on ne peut donc pas introduire une discrimination, ce serait une double peine. »

Brigitte Bourguignon, ministre déléguée en charge de l’Autonomie

dans « Le Parisien »

Selon la ministre, c’est « la seule distinction » entre résidents vaccinés et non vaccinés. « Il est hors de question d’exclure [ces derniers] des activités dans les Ehpad. Il serait inhumain de dire : ‘Tu n’es pas vacciné, tu restes dans ta chambre' », ajoute Brigitte Bourguignon dans les colonnes du Parisien.

Les activités collectives « réautorisées »

Les conditions de vie et de visite à l’intérieur des Ehpad sont, elles aussi, assouplies. « Maintenant qu’elles sont protégées [par le vaccin], les personnes âgées veulent pouvoir toucher leurs enfants, les prendre dans les bras, leur parler sans barrière… Elles ont besoin de retrouver une vie plus normale et je vais les y aider ! » promet Brigitte Bourguignon. Les activités collectives seront à nouveau autorisées, tout comme les visites des familles dans les chambres.

« Beaucoup m’ont dit : ‘Ma mère, mon père est sourd, je suis obligé de hurler dans un salon’. Ils en souffrent beaucoup. Leur redonner ces moments d’intimité est primordial. »

Brigitte Bourguignon

dans « Le Parisien »

La ministre demande également la suppression des parois en Plexiglas, qui « posent problème, surtout aux personnes avec des troubles cognitifs qui ont besoin de toucher, d’avoir un contact humain pour se repérer ». Les seniors « ont perdu les repères de leur domicile, de leurs habitudes, de leurs voisins, alors si en plus elles doivent voir leur propre famille derrière un plastique, ce n’est pas possible », souligne Brigitte Bourguignon.

La situation réévaluée tous les 15 jours

Cet assouplissement n’est qu’une « première phase », prévient toutefois la ministre, alors que le Haut Conseil de la santé publique s’est opposé à un allègement des mesures dans les Ehpad. « On reste très prudent », assure-t-elle, ajoutant que « ces recommandations pourront être adaptées ». « Tous les quinze jours, nous ferons un bilan, avec les fédérations et les acteurs, pour savoir si [cet assouplissement] est perçu comme trop souple ou trop rigide, poursuit-elle. Certains établissements n’ont pas attendu pour alléger les règles mais il est important de leur donner un cadre. Certains le demandent, ils ont besoin d’être sécurisés. »

Chaque direction d’établissement doit élaborer ces mesures d’assouplissement, selon la situation épidémique locale et l’avancement de la campagne vaccinale, en lien avec l’Agence régionale de santé. Le ministère des Solidarités et de la Santé précise en outre à France Bleu que « les sorties dans la famille ne sont pas autorisées dans les zones où un confinement local est en vigueur sauf dérogations exceptionnelles ».

Les mesures sanitaires plus générales continueront évidemment de s’appliquer. Et le ministère de citer : « gestes barrières, isolement des cas contacts pendant 7 jours, isolement des cas confirmés pendant 10 jours, dépistage régulier des résidents et des professionnels ». Les visiteurs doivent présenter un test négatif de moins de 72 heures et les résidents devront se faire tester après une visite, ajoute France Bleu. Enfin, l’assouplissement des restrictions « doit être remis en cause dès la présence d’un cas confirmé au sein de l’établissement ».

Les soignants appelés à se faire vacciner

Dans Le Parisien, la ministre en charge de l’Autonomie relève « qu’il reste de gros efforts à faire » sur la vaccination des soignants. « Dans certains établissements, 50% des soignants sont vaccinés, dans d’autres, seulement 19%, ce n’est pas tolérable », regrette-t-elle, appelant ces professionnels à leur « responsabilité ».

« Si j’aime mieux inciter qu’obliger, la vaccination relève de l’acte citoyen que l’on doit presque aux personnes avec qui l’on vit. »

Brigitte Bourguignon, ministre déléguée en charge de l’Autonomie

dans « Le Parisien »

« C’est paradoxal, le personnel a parfois choisi de s’enfermer avec les résidents lors de la première vague par peur que le virus n’entre dans l’Ehpad et aujourd’hui, ils refusent le vaccin. Il y a de la peur, engendrée par les réseaux sociaux, et on préfère relever le moindre petit incident alors que 4 millions ont déjà reçu au moins une première dose, c’est incroyable », déplore-t-elle. Pour tenter de convaincre ces soignants, la ministre Brigitte Bourguignon compte sur les directions d’établissement chargées par l’exécutif de « persuader » et d’« expliquer ».

Source FRANCE INFO.

La pandémie s’installe dans le temps, et ses dégâts psychologiques aussi… Vidéo : les violences faites aux femmes pendant le confinement !…

Huit mois après le début du premier confinement en France, nous sommes nombreux et nombreuses à ressentir les lourds effets d’une crise qui semble partie pour durer.

Il y a huit mois, alors qu’un premier confinement s’amorçait en France, notre santé mentale s’est retrouvée fortement impactée par l’incertitude, l’isolement et la peur. La crise a été soudaine, et le choc profond.

«Ça a accentué mes angoisses nocturnes et mes insomnies», détaille Juliette, qui se décrit comme une stressée chronique. «J’avais parfois des insomnies avant, mais c’est vraiment la période de confinement qui a décuplé le phénomène. La situation totalement anxiogène m’a poussée à me couper un peu des informations, je comptais les heures la nuit.»

Pierre a lui aussi ressenti ce bouleversement: «J’avais le moral totalement plombé par l’inquiétude due au virus, par la peur du lendemain, et par le fait d’être bloqué chez moi.» Ce journaliste était déjà suivi par une psychologue depuis plusieurs années pour régler des problèmes de confiance en soi, et «après un léger mieux, l’annonce du confinement m’a refait sombrer. Heureusement, le suivi psy a continué par Skype, ce qui m’a aidé à tenir.»

Des troubles psy qui se répandent

Addiction, troubles du sommeil, dépression… On le sait désormais, le confinement de début 2020 a généré une angoisse globale et inédite. Fin mars, une semaine après le début des restrictions, le taux d’anxiété dans la population française avait doublé par rapport à 2017. Huit mois plus tard, la traumatologue Hélène Romano constate la longue traîne de cet impact, à tous les niveaux.

D’abord dans son entourage, et auprès des étudiant·es de la faculté où elle enseigne. «Beaucoup d’inquiétudes, de fatigue psychique (liée au stress) et d’angoisse pour l’avenir», raconte-t-elle. Parmi ses collègues soignants, elle note «une intense fatigue physique et psychique en raison du stress, d’une absence réelle de revalorisation du métier et des moyens supplémentaires qui ne sont donnés qu’au compte-goutte». Quant à ses patient·es, qui ont un vécu traumatique grave, «le confinement, le déconfinement, et la situation actuelle réactivent leurs traumatismes et les insécurisent beaucoup (aggravation des conduites anxieuses, troubles addictifs pour éviter les pensées intrusives…)». Bref, ça va mal partout.

Cécile, consultante en communication de 28 ans, est diagnostiquée dépressive. «Je n’ai pas pu voir ma psy pendant le confinement. Ça a eu un impact clair sur mes addictions à la cigarette et à l’alcool, j’ai développé une très forte consommation qui s’est plus ou moins installée, et j’ai repris des anxiolytiques. J’ai aussi expérimenté, pour la première fois, de vrais troubles du sommeil qui sont maintenant très récurrents.»

Certaines personnes ont vu des problèmes de santé mentale pré-existants s’aggraver, d’autres en font l’expérience pour la première fois. C’est le cas de Roxane*, qui a subi une rupture le jour de l’annonce du confinement en mars. «J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps, seule dans un minuscule studio. Le fait de n’avoir rien à faire m’a focalisée sur moi, ma vie et mon passé. J’ai donc fait une introspection et je me suis rendue compte que des trucs atroces et douloureux enfouis depuis des années me revenaient en pleine face, sans pouvoir détourner mon attention. C’est la première fois que je fais face à ce genre de choses. Je n’ai jamais autant pleuré que depuis mars. Je suis devenue à fleur de peau et les larmes montent hyper vite pour un rien.» La jeune femme dit avoir sombré dans une «profonde déprime» qui peu à peu a évolué en dépression. Sans avoir les moyens de consulter un·e spécialiste pour aller mieux, elle «subit tant bien que mal en attendant que ça passe».

«Comme une voiture qui n’a plus d’essence»

Ce qui nous a aidé à tenir, même pendant les mois les plus douloureux, c’est l’idée que cela passerait. Hélène Romano nous le disait en avril: «Projetez-vous dans le temps, pensez à ce que vous avez envie de faire pour l’après. On ne va pas être confinés à vie, ce sont juste six semaines. Il faut vous dire qu’il y aura une fin.» Malheureusement, la fin n’est pas vraiment arrivée, ou du moins n’a pas pris la forme que l’on espérait. Et huit mois plus tard, c’est un nouveau confinement qui débute.

Alors qu’il est devenu clair, ces dernières semaines, que la situation ne s’améliorait pas, l’anxiété a pris une nouvelle tournure, peut-être plus diffuse mais aussi plus durable. Lya Auslander, docteure en psychologie sociale, le confirme. «Dans les crises comme ça, qu’elles soient sanitaires, ou financières comme en 2008, il y a une phase aiguë qui apparaît dans un premier temps. Et après, les choses s’installent de manière chronique. C’est ce qu’on vit en ce moment.» Selon elle, «sur le plan psy, l’installation de cette phase chronique est extrêmement consommatrice d’énergie psychique, et on y est beaucoup moins préparés. Nous sommes dans une société de la vitesse, et pas une société d’endurance. Quand il y a encore plus d’anxiété et de stress, les gens se retrouvent vite comme une voiture qui n’a plus d’essence, mais qui ne peut pas être ravitaillée parce qu’on n’a pas le temps de s’arrêter.»

C’est ce sentiment d’être à sec qui revient très souvent dans les témoignages. Chloé, 30 ans, travaille dans le milieu du spectacle, et se dit épuisée «par le sentiment d’être en permanence sur le fil du rasoir. On se sent dépossédé de sa propre vie. Ne pas pouvoir organiser des spectacles, ne pas pouvoir aller à des concerts, c’est [se] retirer un peu d’oxygène, même si ça paraît dramatique dit comme ça.»

Comme nombre d’entre nous, elle pensait que la crise ne durerait qu’un temps. «Maintenant que ça dure encore et encore, et qu’on n’en voit pas la fin, je me sens un peu condamnée, confie-t-elle. L’incertitude est terrible. Je suis privée de ma famille, de mes amis les plus proches, de ce qui me nourrit professionnellement et personnellement. C’est un arrêt de développement personnel en fait, comme si j’étais punie mais sans leçon à la clef. Je suis en pause de moi-même.»

Entre l’absence de perspective et le surmenage émotionnel, le risque de burn-out est immense. Ce dernier peut être lié à la surcharge de (télé)travail, à l’épuisement parental, ou bien, comme le précise Lya Auslander, à une perte de sens. «Avec cette crise qui s’inscrit dans la chronicité, parce qu’on est isolés, et qu’on n’a pas les ressources, on est beaucoup plus sujets au burn-out.» Son conseil: «II faut accepter l’efficacité moindre, et ménager des périodes de récupération, reprendre des liens sociaux.»

«Dans l’idéal, il faut essayer d’avoir des moments pour soi, même cinq minutes par jour.»

Hélène Romano, psychothérapeuthe et traumatologue

Pauline, 29 ans, est scénariste et en burn-out depuis mai. Sa vie créative et professionnelle a été fortement endommagée par la crise sanitaire. Malgré un job précaire et globalement stressant, elle tenait le coup grâce à la perspective de deux projets enthousiasmants, qui se sont tous les deux arrêtés brutalement avec le confinement. «Il y a eu une accumulation de choses, mais je me suis rendue compte que j’étais en burn-out au moment où j’ai réalisé que je n’étais plus capable d’écrire du tout.»

Aujourd’hui, elle se dit encore incapable de reprendre l’écriture, et parle de «blocage» concernant la fiction. «Je n’ai pas regardé une fiction depuis le mois de mars, il y a une espèce de dégoût. On a regardé Dix pour cent avec ma compagne, et c’est épidermique, je peux plus.» En attendant une potentielle reconversion, la jeune femme se ménage et s’entoure de proches qui la comprennent. «J’essaie de ne pas me projeter à dans un an, je limite mon champ de vision.»

Difficultés exponentielles

Autre difficulté de la période qui s’annonce: aux épreuves personnelles, viennent s’ajouter celles de notre entourage, générant une sorte de surmobilisation physique et émotionnelle. Pauline le ressent bien. «Là où c’est compliqué, c’est que quand tu dis que tu vas mal, on te répond “bah en même temps ça va mal pour tout le monde”, regrette-t-elle. C’est pas sain, parce que du coup tu peux en devenir un peu fataliste.»

Comment faire quand on est soi-même en burn-out, mais que nos proches (ou nos patient·es) sont eux aussi au bout du rouleau? Comment prendre à la fois soin de soi et des autres dans une période aussi épuisante? Hélène Romano donne quelques pistes: «Dans l’idéal, il faut essayer d’avoir des moments pour soi, même cinq minutes par jour. Penser à des projets positifs personnels et familiaux, s’autoriser à dormir, bien manger, et savoir dire non aux sollicitations pour se mettre au centre de nos préoccupations.»

Lya Auslander, elle, s’inquiète particulièrement pour les personnes les plus vulnérables, déjà fragilisées depuis le début de la crise: «Pour les personnes qui ont déjà des pathologies déclarées, tout va être exponentiellement difficile, qu’il s’agisse de pathologies de stress, de handicap, de comportements violents.» Les enfants et les femmes victimes de violences domestiques, notamment, sont à nouveau beaucoup plus exposées dans une situation de couvre-feu ou de confinement.

«La situation actuelle décuple l’anxiété, mais réduit très largement la capacité des gens violents à contenir le passage à l’acte. Toutes les structures d’accueil et de protection de l’enfance ont beaucoup été sollicitées pendant le [premier] confinement, elles ont répondu avec les moyens qu’elles avaient dans la phase aiguë, mais maintenant on est dans une autre phase où tout le monde est épuisé, y compris les soignants. On craint l’interaction entre l’épuisement professionnel, le manque de moyens et leur capacité à intervenir pour ces enfants et les femmes qui sont victimes.»

Une crise qui ne sera pas éternelle

Malgré tout, la docteure en psychologie sociale place beaucoup d’espoir dans le lien humain. «Dans les sociétés totalitaires, où le degré de stress, de dépression et de captivité était important et a duré très longtemps, on a observé tous ces phénomènes, explique Lya Auslander. Il y avait le stress de l’espace public, et en même temps, les liens entre les personnes dans l’espace privé sont devenus tellement chaleureux, que les choses tenaient debout quand même. Malheureusement les sociétés occidentales sont individualistes, mais la question de la solidarité, des liens et de l’attention à autrui est extrêmement importante. Il ne faut pas croire que parce qu’on est attentif à autrui, ça nous épuise forcément nous.»

Pour affronter les nouvelles épreuves, l’expérience de ces derniers mois est aussi d’une grande aide. Cécile nous dit envisager «plus sereinement» le deuxième confinement, «le premier ayant fait office de crash-test». Roxane, elle, a choisi de se confiner avec des amis pour ne pas reproduire la solitude du premier.

Et même s’il est difficile de savoir quand et comment cette crise se terminera, Hélène Romano précise encore une fois que temporiser est une des meilleures solutions. «La crise dure, c’est une réalité, mais elle ne sera pas éternelle… même s’il y en aura probablement d’autres. Pendant la guerre, les populations ont tenu car elles savaient qu’un jour cela finirait. Il y aura une fin.» Selon elle, «la seule façon de tenir est de voir comment vivre avec les nouvelles contraintes (qui risquent de durer) car il nous faut bien vivre, ne serait-ce que pour les enfants qui ont besoin d’adultes porteurs d’espoirs, malgré tout ce contexte».

*Le prénom a été changé

Source SLATE.

La santé mentale d’un adulte sur cinq flanche autour de la cinquantaine…

À cet âge-là, nous avons souvent davantage de responsabilités, ce qui réduit notre temps libre et accentue notre détresse psychologique.

 

Alors que nous parlons de plus en plus de la santé mentale des jeunes en ces temps de Covid-19, une nouvelle étude a récemment mis en lumière un chiffre surprenant: autour de la cinquantaine, un adulte sur cinq souffrirait de problèmes de santé mentale. D’après le chercheur en santé publique Dawid Gondek, «la santé mentale des adolescents et des personnes âgées attire bien plus l’attention que la détresse psychologique des quadragénaires et des quinquagénaires, malgré le fait que les adultes sont particulièrement vulnérables aux problèmes de santé mentale à cette période de leur vie».

Dans le cadre de cette étude, l’équipe de recherche a analysé la santé mentale de trois différentes cohortes en étudiant des données récoltées auprès de 28.000 participants nés en 1946, 1958 et 1970, résidant en Grande-Bretagne et ayant fait l’expérience de la détresse psychologique entre leurs 23 et 69 ans. Le terme de détresse psychologique englobe alors plusieurs formes de dépression et d’anxiété, sans distinguer les différents troubles psychiques.

Les résultats de l’étude ont montré que la plus grande proportion de cas de détresse psychologique était remarquée lorsque les individus avaient une cinquantaine d’années. En effet, 19,1% des personnes nées en 1946 faisaient preuve de détresse psychologique à 53 ans, 15,2% de celles nées en 1958 voyaient leur santé mentale se détériorer à 50 ans, et 19,9% des individus nés en 1970 souffraient de troubles psychologiques à 46 ans.

Les scientifiques derrière l’étude indiquent par ailleurs que les participants appartenant à la génération X, c’est-à-dire ceux nés dans les années 1970, avaient éprouvé davantage de détresse psychologique que les autres. En effet, ces personnes «sont entrées sur le marché du travail à la fin des années 1980 et au début des années 1990, pendant une période de récession et de fort chômage», relate le chercheur George Ploubidis. Une situation qui aurait eu des conséquences durables sur leur santé mentale.

Une période associée à des changements significatifs

Plusieurs facteurs permettraient d’expliquer pourquoi notre santé mentale a tendance à défaillir lorsque nous approchons du milieu de notre vie. Vers 50 ans, nous sommes souvent au sommet de notre carrière. Nos responsabilités sont plus nombreuses et importantes, et notre temps libre s’en retrouve parfois réduit. Cela se traduit par une santé mentale amoindrie, selon les universitaires. De plus, cette période de notre vie est parfois associée à des changements significatifs de notre structure familiale, comme un divorce ou la prise en charge de parents âgés.

Bien que la nouvelle étude présente quelques limites, elle permet de rappeler l’importance d’étudier la santé mentale des personnes de tout âge, pour parvenir à les aider de façon efficace.

Source SLATE.