En un an de crise sanitaire, mes enfants ont changé…

« La dégradation a été insidieuse parce que très progressive.

 

Pendant longtemps, quand on me demandait comment mes enfants réagissaient à la crise sanitaire, j’avais beau réfléchir, je ne voyais qu’une réponse possible: «bien». Ils n’avaient pas l’air terrorisés ou traumatisés. On parlait calmement de la situation. Le masque les embêtait un peu mais ils s’y étaient finalement bien habitués.

La dégradation a été insidieuse parce que très progressive.

On pourrait croire que le contexte sanitaire depuis un an aurait transformé les enfants en piles électriques avec un surplus d’énergie inexploitée. Chez moi, c’est l’inverse. Ils sont de plus en plus calmes. C’est comme si les enfants étaient rentrés en eux-mêmes, partis chercher un mystérieux trésor aux tréfonds de leur être. De l’extérieur, cette quête donne l’impression qu’ils sont en train de se fossiliser sur le canapé.

Point positif: cette fossilisation se fait avec des livres. Dès le premier confinement, j’ai vu que le fils aîné, dit «le Têtard», s’était réfugié dans les bouquins. Ç’a été l’occasion pour lui de se lancer dans la lecture seul des Harry Potter. Le petit, dit «le Curly», s’est pour sa part plongé dans les BD et autres mangas. Bien sûr, au début, ils étaient assez demandeurs d’activités physiques. Il faut dire que le Têtard faisait du basket et du judo et que la brusque privation de sport a été difficile.

Mais ça, c’était il y a an. Maintenant, c’est comme si ses muscles s’étaient atrophiés –et il faut insister pour qu’il daigne s’éloigner de la maison et courir un peu.

Une résistance plus qu’une phobie

L’effet le plus visible de la pandémie, c’est ça: ils ne veulent plus sortir de la maison. Alors que moi j’étouffe et je crève d’envie d’ailleurs, eux, ils sont dans la maison-coquille.

Ce qui leur fait lever la tête, c’est quand à la radio quelqu’un dit le mot magique «confinement». «Maman? Ils ont dit confinement? On reconfine? Maintenant? Pas d’école demain?»

Et ce n’est pas que chez moi. Le phénomène a été constaté par nombre de pédopsychologues, au point qu’en octobre dernier, le New York Times se demandait dans un article intitulé «Mes enfants ne veulent plus sortir» si nous n’étions pas en train d’élever une génération agoraphobique.

En réalité, les spécialistes expliquent que ce n’est pas de la phobie proprement dite. Plutôt une forme de résistance. Chez moi comme chez les parents qui témoignent, les enfants disent ne pas avoir peur mais être simplement mieux à la maison que dehors.

On ne peut pas leur reprocher leur manque de cohérence

C’est bien sûr également une question de tempérament. Chez nous, le cadet a toujours été casanier et dans le contrôle de tout. Mais depuis un an, il a développé une véritable anxiété qui rend la vie quotidienne compliquée. À l’inverse, l’aîné était plutôt tourné vers l’extérieur, y compris l’école, toujours content de faire quelque chose de nouveau. Je ne m’attendais donc pas à ce que l’autre jour, il m’annonce que ce qu’il préfère au monde, c’est rester peinard à la maison.

Qu’est-ce qui a changé? Le temps qui passe, bien sûr, et la situation présente. Il y a des premiers cas de Covid dans son école et ça correspond au début de sa stratégie d’évitement. On entend les chiffres qui augmentent. Et puis, on ne sait pas si on reconfine ou pas. Il sent que rien n’est clair et qu’il y a des menaces qui planent au-dessus de nos têtes.

Or depuis des mois, comme le rappelle une pédiatre dans le NYT, on a dit aux enfants que le seul espace sûr, c’était la maison. Et ça, ils l’ont très bien compris. Si tu ne veux pas mourir ou faire mourir tes proches, tu dois rester à la maison.

Donc, ils ne veulent plus sortir. On ne peut pas leur reprocher leur manque de cohérence. (Même s’ils ne l’expriment pas comme ça. Ils disent juste qu’ils se sentent mieux à la maison.)

Il ne suffira pas de leur dire que la vie reprend

Et j’avoue que ça m’inquiète pour la suite. Pour l’instant, en vrai, je n’ai rien de foufou à leur proposer de faire dehors. La seule motivation du Têtard est d’aller à la librairie se ravitailler. Quant au Curly, il a trouvé une solution plus simple: l’autre jour, alors que son père essayait de l’amadouer pour faire une sortie tous les deux, quitte même à aller encore acheter des livres, le Curly lui a donné un morceau de papier: «Tiens papa, c’est la liste des livres que je veux, tu peux aller me les chercher pendant que je reste à la maison?»

Donc pour le moment, il n’y a pas grand-chose à faire. Mais je vois d’avance les problèmes. Il ne va absolument pas suffire de leur dire que la vie reprend normalement. Le jour où on va pouvoir sortir aller au musée ou au restau, ça va être l’enfer. Comment faudra-t-il faire? Les réhabituer progressivement? Les amadouer avec des sorties au zoo?

Le NYT recommande d’abord de bien identifier la peur. Est-ce que c’est une angoisse de séparation d’avec les parents? La peur qu’il leur arrive quelque chose si on s’éloigne du nid? Ensuite, il est conseillé de faire l’inverse de ce que les enfants évitent. Graduellement les emmener de plus en plus loin de la maison. Il va falloir prévoir bien à l’avance les sorties, choisir ce qui peut leur plaire le plus sans les angoisser, et négocier tout ça en gaufres.

On n’a pas les fesses sorties des ronces. »

Source SLATE.

VIDEO. Isère : Chloé, 10 ans, a pu revoir sa mamie en Ehpad, après avoir envoyé une lettre à Emmanuel Macron…

Du haut de ses 10 ans, Chloé a décidé de demander à Emmanuel Macron le droit pour les enfants de visiter leurs grands-parents en Ehpad.

Touché, le directeur de l’établissement qui héberge sa grand-mère atteinte de la maladie d’Alzheimer a autorisé Chloé à retrouver sa mamie le samedi 21 mars.

Chloé Burlet a fait un dessin pour sa grand-mère samedi 21 mars.

 

Elle n’a que 10 ans, mais elle sait sa chance. « Le directeur de l’Ehpad, il a dit oui exceptionnellement pour que j’aille la voir ce week-end, juste aujourd’hui« , se réjouit Chloé, heureuse à l’idée de retrouver sa grand-mère après un an de séparation pour cause de crise sanitaire. Cette-dernière, résidente d’un établissement du Nord-Isère, est atteinte de la maladie d’Alzheimer.

Il y a une semaine, Chloé avait pris l’initiative d’adresser une lettre au président de la République Emmanuel Macron :

Cher président,
Je suis une petite fille de 10 ans, je m’appelle Chloé.
J’aimerais que les enfants puissent aller voir leurs grands-parents dans les Ehpad, car aujourd’hui, c’est toujours impossible. Je voulais venir à Paris pour vous parler, mais j’habite loin.
Ma mamie me manque, déjà presque un an que je n’ai plus le droit de la voir. Elle souffre de la maladie d’Alzheimer, et ne sait déjà plus qui je suis. Je voudrais pouvoir l’embrasser avant qu’il ne soit trop tard.
Que pouvez-vous faire pour moi monsieur le président
?

Chloé Burlet

Une lettre que la petite fille, également membre du conseil municipal des enfants de La Tour-du-Pin, a écrit sans intervention extérieure. « Même pas besoin de l’aide de mes parents« , se félicite-t-elle. Ce que confirme sa mère, Laurence Burlet : « C’est vraiment une démarche personnelle. C’est elle, on ne l’a poussée à aucun moment, mais on la soutient à fond. »

La porte-parole des autres enfants

Et au-delà du courage et de l’audace de sa fille, Laurence Burlet remarque que Chloé « commence sa lettre en se présentant, et en parlant pour tous les petits enfants« . Déterminée, la petite fille est devenue sans le vouloir, la porte-parole de tous les enfants désireux de revoir leurs grands-parents.

Mais à 10 ans, ce qu’on veut donner et recevoir de sa mamie c’est avant tout de la tendresse. Car ce qui manque à Chloé, c’est avant tout de « lui faire un câlin, l’embrasser« , elle qui ramenait la fillette de l’école, et chez qui elle jouait toutes les semaines.

A l’heure actuelle, la lettre n’a pas reçu de réponse du sommet de l’Etat. Elle a en revanche atteint les oreilles du directeur de l’Ehpad de la grand-mère de Chloé. Touché, il a décidé d’accorder à la fillette une autorisation exceptionnelle de visite ce samedi 21 mars. Comme une acalmie en pleine tempête sanitaire.

Source FR3.

Coronavirus : les hospitalisations des moins de 15 ans pour motif psychiatrique en hausse de 80%…

Angèle Consoli, pédopsychiatre et membre du Conseil scientifique, a déclaré que les hospitalisations des jeunes de moins de 15 ans pour motif psychiatrique sont « en hausse de 80% » depuis le début de l’épidémie de coronavirus.

Les hospitalisations des moins de 15 ans pour motif psychiatrique sont en hausse de 80%

 

Les hospitalisations des jeunes de moins de 15 ans pour motif psychiatrique sont « en hausse de 80% » a déclaré ce lundi  sur France Inter Angèle Consoli, pédopsychiatre et membre du Conseil scientifique. Une réunion doit se tenir ce lundi à Matignon avec le Premier ministre Jean Castex et le ministre de la Santé Olivier Véran consacrée aux enjeux de la santé mentale des Français à l’aune de l’épidémie de coronavirus

La médecin pointe également une tendance à la dépression marquée chez les 12-17 ans. Angèle Consoli s’appuie sur « les retours du terrain, de l’ensemble des collègues, qui montrent une demande de soins (à la suite) d’idées suicidaires et de crises suicidaires » et de « symptômes dépressifs » des plus jeunes, liées au contexte sanitaire actuel.

« Dans le champ de la petite enfance, il y a une vigilance à avoir, on a vu augmenter le nombre de consultations pour des retards de langage, pour des troubles du sommeil et des conflits intra-familiaux » chez les 0-3 ans, avertit également la pédopsychiatre. La spécialiste évoque une liste des signes qui doivent alerter les parents : irritabilité, pleurs, changement de comportement brutal, etc. Elle indique que « l’une des réponses » à apporter peut être de « se projeter vers l’avenir« .

« La crise Covid ne fait qu’exacerber les tensions du système » hospitalier, explique Angèle Consoli. « Les préoccupations (du gouvernement) pour la santé mentale sont fortes » assure la médecin.

Source FRANCE BLEU.

Coronavirus : Des consultations de psychologues bientôt remboursées par les complémentaires santé…

SANTE MENTALELes mutuelles s’engagent à prendre en charge au moins quatre séances par an « dès le premier euro ».

Coronavirus : Des consultations de psychologues bientôt remboursées par les complémentaires santé

 

Les mutuelles s’engagent pour la santé mentale, mise à mal par la crise sanitaire. Les fédérations de mutuelles, assurances santé et institutions de prévoyance ont annoncé lundi la prise en charge de plusieurs consultations de psychologues par an, sous conditions.

Les complémentaires santé ont pris les devants, alors qu’une réunion de ministres « sur la santé mentale » était prévue lundi après-midi à Matignon. Leurs trois fédérations ont décidé de concert de généraliser le remboursement « dès le premier euro » des psychologues libéraux, sur prescription médicale.

Pas encore en vigueur

Pour les mutuelles, « un minimum de quatre séances par année pourra être pris en charge dans une limite de 60 euros par séance », précise la Mutualité française dans un communiqué. Même tarif pour les assureurs, qui ne s’engagent toutefois à rembourser que « jusqu’à quatre consultations » par an, indique la Fédération française de l’assurance (FFA). Les institutions de prévoyance (CTIP), spécialisées dans les contrats d’entreprises, promettent également de « renforcer leur dispositif de prise en charge des consultations de psychologues ».

Cette initiative n’entrera toutefois pas immédiatement en vigueur : les trois fédérations souhaitent d’abord « initier un échange » avec les syndicats de médecins et de psychologues. Ces derniers ne sont pour l’heure pas pris en charge par la Sécu, même si l’Assurance maladie teste depuis deux ans un remboursement – sur prescription du médecin traitant – dans quatre départements (Bouches-du-Rhône, Haute-Garonne, Landes, Morbihan).

Des troubles plus nombreux

Un schéma encouragé par la Cour des comptes, qui recommandait dans un rapport en février de le « généraliser dès que possible ». Une urgence aggravée par le Covid-19 : près des deux tiers des 18-25 ans (61 %) estiment que la crise sanitaire « aura des conséquences négatives sur leur santé mentale », selon un sondage réalisé en janvier par l’institut Ipsos pour la Fondation FondaMental, réseau de chercheurs sur les maladies psychiatriques.

Près d’un jeune sur trois (32 %) déclare être personnellement concerné par au moins un des troubles suggérés : dépression, anorexie, troubles obsessionnels compulsifs, phobies, troubles anxieux, etc.

Source 20 MINUTES.

Santé mentale : les adolescents touchés de plein fouet par la pandémie…

Les adolescentes sont tout particulièrement touchées par une aggravation ou un nouveau trouble de la santé mentale depuis le début de la pandémie, rapporte une étude américaine.

Les adolescentes sont tout particulièrement touchées par une aggravation ou un nouveau trouble de la santé mentale depuis le début de la pandémie, rapporte une étude américaine.

 

Pointés du doigt pour leur manque de solidarité envers leurs aînés depuis le début de la pandémie, les adolescents sont loin d’être épargnés par cette période morose. Cours à distance, interactions sociales en berne, absence d’activités physiques et culturelles : la Covid-19 a durement impacté la santé mentale des adolescents, comme le révèle un nouveau sondage mené aux Etats-Unis.

Quelle plus belle époque que celle de l’adolescence, entre expérimentations en tout genre, nouvelles rencontres, et sentiment d’indépendance ? Enfin ça, c’était avant… Avant qu’une pandémie mondiale vienne bousculer les habitudes d’une génération qui ne peut s’épanouir sans interactions sociales. Un nouveau sondage national réalisé par le centre médical de l’Université du Michigan révèle que les adolescents sont tout particulièrement affectés sur le plan mental par la pandémie, et davantage encore par les mesures de restriction prises pour tenter de l’enrayer.

Le sondage se base sur les réponses de 977 parents d’adolescents âgés de 13 à 18 ans. Près de la moitié des parents interrogés (46%) affirment que leur adolescent souffre d’un nouveau trouble de santé mentale ou d’un trouble en aggravation depuis le début de la pandémie en mars 2020. Les adolescentes semblent plus touchées que leurs homologues masculins, notamment en ce qui concerne les troubles de l’anxiété et les symptômes dépressifs.

L’absence d’interactions sociales chez ces adolescents depuis près d’un an est à prendre en compte dans la dégradation de leur santé mentale. Confinement et autres mesures sanitaires obligent, trois parents sur quatre déclarent que la Covid-19 a eu un impact négatif sur les interactions sociales de leurs adolescents; chose pourtant primordiale à cette étape de la vie.

Anxiété et comportement agressif

Le rapport révèle que plus d’un tiers des adolescentes (36%) souffrent d’un nouveau trouble – ou d’une aggravation – de l’anxiété, contre 19% des adolescents. Mais ce n’est pas tout, les parents interrogés font également état d’une hausse des symptômes dépressifs (31% des adolescentes, contre 18% des adolescents), des troubles du sommeil (24% et 21% respectivement), et même d’un comportement plus agressif (9% et 8% respectivement).

« Les pairs et les interactions sociales sont un élément essentiel du développement pendant l’adolescence. Mais ces opportunités ont été limitées pendant la pandémie. Beaucoup d’adolescents peuvent se sentir frustrés, anxieux et déconnectés en raison de l’éloignement social et du manque d’activités sociales habituelles, comme le sport, les activités parascolaires et le fait de passer du temps avec des amis », explique Gary L. Freed, co-directeur du sondage.

Le rôle essentiel des parents

Face à la dégradation de la santé mentale de leur(s) adolescent(s), les parents n’ont pas lésiné sur les moyens pour tenter d’inverser la tendance. La moitié d’entre eux ont notamment assoupli les mesures d’éloignement liées à la pandémie pour permettre à leur progéniture de retrouver un minimum de vie sociale. Une chose qui semble avoir particulièrement fonctionné, puisque 81% des sondés confient que cela a aidé leur ado sur le plan psychologique.

Il a également été question d’assouplir certaines restrictions vis-à-vis des réseaux sociaux pour permettre à leur ado d’y passer plus de temps que d’ordinaire, mais aussi de faire appel à des spécialistes de la santé mentale, voire de se tourner vers les nouvelles technologies et plus particulièrement vers des programmes et applications destinés à améliorer la santé mentale des adolescents.

« Les parents jouent un rôle essentiel en aidant leurs adolescents à faire face au stress de la pandémie. Il existe des stratégies que les parents peuvent adopter pour aider, que leur adolescent montre ou non des signes révélateurs d’un potentiel trouble. L’une des choses les plus importantes que les parents doivent faire est de garder les voies de communication ouvertes; demander à leur adolescent comment il va et créer un espace pour qu’ils parlent sans tabou afin de pouvoir fournir de l’aide en cas de besoin », conseille Freed.

Source LA DEPÊCHE.

Coronavirus : Un an de confinement, un an d’ostracisation pour les « personnes fragiles »…

EPIDEMIE – La crise sanitaire a engendré la banalisation d’un discours de plus en plus violent envers les « personnes fragiles ».

Coronavirus : Un an de confinement, un an d’ostracisation pour les « personnes fragiles »

 

  • Depuis le premier confinement, de plus en plus de critiques émergent envers les « personnes fragiles », accusé de paralyser toute la société française.
  • Une pensée qui se popularise et s’exacerbe au fur et à mesure que la crise se prolonge.
  • Cette situation est particulièrement violente à vivre pour les personnes concernées.

Ce vendredi, devant le discours d’ouverture des César se plaignant que les lieux culturels soient fermés au nom d’une maladie ne tuant que « les vieux » et « les gros ». Chloé*, trentenaire en obésité morbide, a fondu en larmes : « La seule chose que les gens trouvent triste chez la mort des « vieux » ou des  » gros » comme ils disent, c’est que ça empêche les autres d’aller au cinéma. Voilà où on est dans l’empathie ». Au téléphone, c’est moins l’amertume que la lassitude qui mine sa voix. Alors que la France souffle sa première bougie du confinement ce mercredi 17 mars, pour les personnes dites fragiles face à la Covid-19, cette année a consisté à suivre la montée d’un discours de plus en plus violent et ostracisant contre elles. « J’espérais avec les César échapper à cette pensée ambiante, mais j’ai compris qu’elle était désormais omniprésente dans la société », soupire Chloé.

L’union sacrée nationale contre le coronavirus et la solidarité envers les personnes vulnérables s’est vite effritée devant les conséquences psychosociales et économiques des mesures sanitaires. Le débat s’est d’abord posé : si la maladie n’est principalement dangereuse que pour une partie de la population souffrant de comorbidité, pourquoi appliquer les mesures à l’ensemble des personnes ? Avant de rapidement se transformer en pugilat. « Petit à petit, une part de la société a oublié le contrat social, et plus la crise dure, plus la solidarité disparaît au profit d’une intolérance et d’un « Chacun pour soi » délétère », déplore Hélène Rossinot, médecin spécialiste en santé publique.

Société coupée en deux

Catherine Grangeard, psychanalyste spécialiste des discriminations : « Ce discours a toujours existé, mais il était plus refoulé avant. Il y a désormais une autorisation de pensées violentes et discriminantes qu’on n’osait verbaliser avant. Le Covid a divisé à la hache la société en deux : les fragiles et les soi-disant non-fragiles. À partir du moment où il y a une séparation de groupe, où il y a eux et nous, il y a violence ». Chloé note le triste changement : « Avant, quelqu’un qui me traitait de « sale grosse » savait au fond de lui que c’était un con. Maintenant, il a l’impression en plus de le faire pour la bonne cause ».

Dans son avis du 2 avril 2020, le Conseil scientifique estimait à 17 millions le nombre de personnes à risque en France, soit un quart de la population susceptible de faire une forme grave du Covid-19, que ce soit en raison de comorbidités ou de leur âge. Un nombre largement sous-estimé par la population, comme l’analyse Hélène Rossinot : « C’est le mal des maladies et des handicaps invisibles, tant que la personne a l’apparence d’être en bonne santé, on pense qu’elle l’est. Et moins on voit la vulnérabilité, plus on y est intolérant. » De nombreuses associations notent au cours de cette année une envolée des discriminations, qu’elles soient verbales, physiques ou pour l’accès au travail. Jean-Louis Garcia, président de l’Association pour adultes et jeunes handicapés (APAJH), rappelle : « Même en temps ordinaire, les personnes fragiles et vulnérables ne sont pas des vrais citoyens à part entière. Toute crise ne fait qu’empirer ces discriminations. Quelque part, le Covid enlève les faux-semblants : les personnes vulnérables ne sont que tolérées dans la société, et encore du moment qu’elles ne dérangent pas, elles ne sont pas intégrées. »

« On est devenu les parasites, les gâcheurs de fête, les empêcheurs de vivre. Avant, quand je parlais de ma maladie auto-immune, les gens m’avaient en pitié. Maintenant, ils me haïssent », dépeint Loïc*, quarantenaire. Pourtant, il le rappelle, c’est bien les personnes fragiles les principales victimes de cette pandémie : « C’est nous qui mourrons, c’est nous qui souffrons le plus de la déprogrammation des opérations ou des plans blancs à l’hôpital, c’est nous qui faisons le plus attention. Pendant que le pays se déconfinait dans l’insouciance cet été, on continuait d’éviter au maximum les contacts. » À ce sujet, Jean-Louis Garcia rappelle que les personnes vulnérables seront également les premières et les plus impactées par la crise sociale et économique en cours.

Personnaliser la haine

Alors pourquoi une telle colère contre ceux et celles qui ont le plus à souffrir de cette situation ? Hélène Rossinot énonce : « Pointer les autres et vouloir distinguer les vulnérables, c’est du coup s’en exclure et se considérer comme protégé d’une maladie qui, au fond, terrifie tout le monde. » Sans parler de la recherche de coupable. « C’est tellement compliqué de se battre contre le virus, il faut un bouc émissaire plus facilement attaquable et qu’on peut rendre responsable. C’est plus facile de s’en prendre à des personnes qu’à une maladie », appuie Catherine Grangeard, rappelant notamment la montée du racisme anti-asiatique au début de la pandémie.

Une humanisation de l’épidémie et une déshumanisation des personnes, réduites à leur comorbidité, comme le regrette Loïc, désormais uniquement résumé à sa « fragilité ». Le discours actuel est très violent pour les personnes concernées, qui finissent parfois par y adhérer elles-mêmes. Chloé concède : « Bien sûr que je culpabilise quand je vois les files d’attente alimentaires des étudiants, la précarité et les inégalités exploser. On se sent responsable… Je me prends encore plus pour la pire des merdes avec mes 120 kg. Et si les gens avaient raison, et si tout ça, c’était en partie ma faute ? »

La dangereuse pente de l’eugénisme

Cette colère pourrait engendrer encore bien pire que des discours culpabilisants. Petit à petit, des voix sortent de l’ombre, plaidant pour laisser le virus agir afin de « libérer » la société – de la pandémie et des fragiles, « qui finiront bien par mourir de leurs comorbidités ». Du docteur Martin Blachier regrettant dans l’émission Punchline sur Cnews que  les vaccins soient mis « dans des Ehpad où les gens attendent la mort » au polémiste Yann Moix sur Balance ton poste décrivant « un pays qui pétrifie tout pour une part de la population qui devrait être prête à s’en aller », en passant par de nombreuses autres figures médiatiques (Frédéric Beigbeder, Christophe Barbier, Alexandre Jardin, etc.), le discours ne se cache même plus. Encore ce mercredi, à la suite d’une étude de l’Institut national d’études démographiques, l’Agence française de presse publiait une dépêche au titre brut : « Une partie des morts du Covid-19 seraient « de toute façon » décédés en 2020 d’une autre cause », titrage repris comme tel dans de nombreux médias.

De quoi alerter Loïc sur cet eugénisme plus ou moins revendiqué : « On est sur une ligne de crête, et on sent le reste de la population de plus en plus prêt à nous laisser crever avec le sourire tant que ça leur permet de vivre ». Pour lui, plusieurs lignes rouges sont sur le point de céder : « Lors du premier confinement, on pleurait à chaque mort. Cet hiver, on laisse 400 personnes mourir chaque jour dans une totale indifférence pour ne pas avoir à reconfiner. »

Et s’il est vrai que l’espérance de vie avec comorbidité est moins élevée que celui de la population générale, « ce n’est pas pour ça qu’on est d’accord de mourir encore plus tôt que ce qui nous est réservé », ironise Joseph*. Qui nous gratifie d’une petite leçon de sagesse pour la route : « La vie ne se résume pas à avoir 20 ans. Moi, j’en ai 79, et je les trouve belles mes années de senior, et j’espère bien en vivre encore plein, même si les autres personnes peuvent les trouver moins intéressantes que leurs années à eux. Mais vous savez, je suis comme tout le monde : moi aussi j’ai hâte de profiter des beaux jours et moi aussi j’attends le printemps. »

*Les prénoms ont été modifiés

Source 20 MINUTES.

Coronavirus : Un an après, où en sont les Français avec leur santé bucco-dentaire ?…

CONFINEMENT, UN AN APRES La fermeture des cabinets dentaires durant le premier confinement et les protocoles qui obligent les dentistes à recevoir moins de patients ont-ils changé la donne ?

Coronavirus : Un an après, où en sont les Français avec leur santé bucco-dentaire ?

 

  • Un an après l’entrée en vigueur du confinement, décrété le 17 mars 2020 pour lutter contre l’épidémie de Covid-19, 20 Minutes s’intéresse aux conséquences des douze mois écoulés sur la vie des Français. Et notamment sur leur santé bucco-dentaire.
  • En mars 2020, les dentistes ont fermé leurs cabinets durant toute la durée du premier confinement. Et lorsqu’ils ont repris leur activité, certains actes ont été suspendus en raison du risque de diffuser le virus.
  • La profession s’est organisée pour rattraper le retard pris, et du côté des patients, de nouveaux réflexes ont émergé.

Détartrage, soins sur une carie ou pose de couronne. C’est rarement une partie de plaisir, mais le dentiste, il faut bien y aller de temps en temps. Or en France, ce n’est pas une habitude pour tout le monde. Par phobie, par peur du coût ou par flemme, chacun a ses raisons de sécher. Pour d’autres, c’est le fait de vivre dans des départements peu dotés en praticiens. Et le Covid-19 n’a pas arrangé les choses, avec des cabinets dentaires fermés durant le premier confinement.

Et aujourd’hui, un an après le début de la crise sanitaire, prenons-nous suffisamment soin de nos dents ? L’accès à la santé bucco-dentaire est-il plus compliqué ? Alors que la Journée mondiale de la santé bucco-dentaire a lieu samedi prochain, 20 Minutes s’intéresse à vos quenottes.

La visite annuelle trop souvent zappée

Avant la pandémie, les Français n’étaient donc déjà pas des champions en la matière. « J’ai une bonne hygiène dentaire mais je ne vais jamais chez le dentiste. La dernière fois remonte à une dizaine d’années peut-être », confie Aline, la trentaine. Tout en reconnaissant qu’une « consultation pour un détartrage et pour vérifier qu’il n’y a pas de caries ne serait pas du luxe ». Le dentiste, chacun devrait en voir un chaque année. Mais en pratique, comme Aline, nombreux sont celles et ceux qui zappent cette visite annuelle. « Quatre Français sur dix ne consultent pas les cabinets dentaires, indique le Dr Christophe Lequart, chirurgien-dentiste en Indre-et-Loire et porte-parole de l’Union française pour la santé bucco-dentaire (UFSBD). Et ceux qui viennent n’ont pas forcément l’habitude de consulter chaque année ».

Il est même recommandé « une visite tous les six mois pour les personnes ayant des pathologies chroniques comme le diabète, des maladies cardiovasculaires ou des maladies articulaires inflammatoires, parce que ces patients sont plus à risques en raison de l’interaction entre la santé dentaire et la santé générale », souligne le dentiste. Car si ça tourne mal dans la bouche, des effets délétères peuvent se manifester dans tout l’organisme (voir ci-après).

Un retard pas encore comblé, mais de nouveaux réflexes

Problème : lors du premier confinement, les dentistes ont dû fermer durant deux mois leurs cabinets. Et à la reprise, certains actes à hauts risques de diffusion du coronavirus – comme les détartrages — ont été suspendus plusieurs semaines. « Nous sommes  l’une des populations médicales les plus à risques : on baigne dans la salive », commente le Dr Lequart. Conséquence de cette activité perturbée : «  le retard pris il y a un an n’a pas encore été totalement comblé. On n’a pas pu rattraper tous les rendez-vous décalés, d’autant que des praticiens n’ont jamais repris. Certains, un peu âgés et ayant des comorbidités, ont préféré partir à la retraite de manière prématurée. Ici en Indre-et-Loire, cela représente environ la moitié des quatorze praticiens partis à la retraite l’an dernier ». Un tour sur un site de réservation de consultation montre ainsi que dans ce département, il faut souvent plusieurs mois d’attente pour un rendez-vous.

Alors aujourd’hui, dans les secteurs les moins bien dotés en dentistes, mieux vaut ne pas être pris d’une rage de dents inopinée. « On fait comprendre aux patients que la consultation en urgence calée entre deux rendez-vous n’est plus possible à cause des contraintes sanitaires, souligne le Dr Lequart. On reçoit moins de patients, mais on s’organise pour garder quelques créneaux de libres ou assurer des gardes les week-ends ».

Une situation qui, paradoxalement, a fait émerger de nouveaux réflexes. « Pour les urgences dentaires, la téléconsultation s’est développée. Et avec des délais d’attente aussi longs, les patients n’attendent plus pour programmer leurs soins importants de type prothèses, observe le dentiste. Avant, ils attendaient la réponse de leur complémentaire sur leur prise en charge, puis prenaient rendez-vous. Maintenant, ils nous disent : « si je dois faire des prothèses, autant le faire cette année tant que j’ai ma mutuelle d’entreprise« , parce qu’ils craignent à moyen terme de perdre leur emploi. Par ailleurs, la mise en place cette année du reste à charge zéro a aidé un certain nombre à se remobiliser sur leur santé bucco-dentaire ».

Un protocole sanitaire strict

Résultat : les cabinets ne désemplissent pas et, l’un dans l’autre, « ce n’est pas plus compliqué qu’avant le coronavirus d’être en bonne santé bucco-dentaire. Le fait d’avoir différé certains soins a eu un impact assez marginal, assure le Dr Lequart. Et dès la reprise, nous avons mis en place des protocoles sanitaires très stricts ». Côté praticiens, « masques FFP2, blouse, surblouse, gants, visière ou lunettes de protection et calot sur la tête, pour un look à la Dr Mamour de Grey’s Anatomy, plaisante le dentiste. Les patients, eux, sont attendus pile à l’heure – les salles d’attente étant majoritairement fermées — et invités systématiquement à se désinfecter les mains. De plus en plus, l’utilisation d’un bain de bouche réduisant la charge virale est parfois demandée ».

Mais la première des précautions, c’est l’aération : « 15 minutes entre chaque patient pour éliminer les gouttelettes, rappelle le dentiste. Et pour les cabinets sans fenêtre, des dispositifs élaborés durant la pandémie sont une solution intéressante ». Car « on sait que le Covid peut vivre dans l’air intérieur pendant trois heures. Donc s’il n’y a pas de renouvellement, c’est une catastrophe, abonde Alexandre Okorokoff, PDG de la société OKO Pur, qui distribue dans l’Hexagone des dispositifs à lampe UV de désinfection de l’air. Nous avons déjà équipé des cabinets dentaires et notre déploiement va se poursuivre ».

Et puisque l’ennemi, ce sont ces fameuses microgouttelettes potentiellement gorgées de charge virale, projetées en cas notamment de détartrage ou d’aéropolissage des dents, « il existe désormais un système d’aspiration qui évite l’aérosolisation et qui intéresse beaucoup de cabinets dentaires », indique le Dr Lequart. Breveté et baptisé StopAero, il réduirait « de 90 % l’émission d’aérosols », promettent les concepteurs. De quoi « limiter les risques de propagation de maladies telles que l’hépatite, l’herpès, la mononucléose. Et bien sûr, le Covid-19 ».

Pas de bonne santé sans bonne santé bucco-dentaire

« A cause d’une carie non soignée, d’une maladie gingivale ou d’un déchaussement dentaire, les bactéries présentes dans la bouche peuvent passer dans la circulation sanguine et migrer dans l’organisme, indique le Dr Lequart. Ainsi, la première porte d’entrée de l’endocardite infectieuse, une infection de la paroi du cœur d’origine bactérienne, est buccale ».

Pour cette même raison, « avant toute intervention de chirurgie orthopédique, le chirurgien demande à son patient de réaliser un bilan bucco-dentaire, pour vérifier qu’il n’a pas de foyer infectieux au niveau de la bouche, qui pourrait migrer et se greffer sur la zone opérée, et entraîner un rejet de la prothèse », explique le praticien.

Et les dégâts potentiels ne s’arrêtent pas là : « Des études démontrent que l’on retrouve dans le cerveau des personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer des bactéries responsables du déchaussement dentaire, poursuit-il. Et chez 20 % des patients ayant fait des AVC hémorragiques, on retrouve aussi ces bactéries au niveau du cerveau. Cela ne veut pas dire que le déchaussement dentaire est responsable à lui seul de l’AVC ou d’Alzheimer, mais c’est certainement un facteur favorisant. D’où l’importance d’un suivi bucco-dentaire annuel, parce qu’on ne peut pas être en bonne santé si on n’est pas en bonne santé bucco-dentaire ».

 

Source 20 MINUTES.

 

Covid-19 : comment les résidents des Ehpad vont pouvoir « retrouver une vie sociale »…

Le gouvernement a annoncé un assouplissement des restrictions dans les Ehpad. Ce nouveau protocole sanitaire entre en vigueur dès le samedi 13 mars.

Covid-19 : comment les résidents des Ehpad vont pouvoir "retrouver une vie sociale" (FRANCOIS NASCIMBENI / AFP)

 

C’est une « première phase d’assouplissement ». La ministre chargée de l’Autonomie a annoncé, vendredi 12 mars, un allègement du protocole sanitaire mis en place dans les Ehpad pour lutter contre le Covid-19. « Les résidents vaccinés vont pouvoir retrouver une vie sociale », s’est félicitée Brigitte Bourguignon dans un entretien au Parisien.

Sorties avec ou sans période d’isolement, reprise des activités collectives, suppression des parois en plastique lors des visites… Franceinfo fait le point sur les nouvelles préconisations dans ces établissements.

Les sorties à nouveau possibles

Le nouveau protocole applicable dans les Ehpad permet aux résidents de sortir pour voir leurs proches, dès le samedi 13 mars. « Quel que soit leur statut vaccinal et immunitaire, [ils] doivent retrouver les mêmes droits que le reste de la population, comme la possibilité de voir leurs proches, à l’extérieur ou à l’intérieur de l’établissement », a expliqué Brigitte Bourguignon dans un communiqué.

Les résidents vaccinés (c’est-à-dire ceux qui ont reçu deux injections il y a plus de 15 jours) « pourront se rendre chez leurs proches, sans se faire tester avant et après et s’isoler sept jours dans leurs chambres », précise la ministre dans Le Parisien. Et de rappeler que « 87% [des résidents en Ehpad] ont reçu une première dose, 62% les deux et 50% bénéficient d’une couverture maximale ». 

Les personnes âgées non vaccinées seront elles aussi autorisées à sortir. Ces résidents devront toutefois respecter le précédent protocole : ils devront ainsi se faire tester et s’isoler durant sept jours à leur retour.

« Certains n’ont pas pu recevoir de doses parce qu’ils étaient souffrants au moment de la campagne ou parce qu’il y avait un cluster dans leur établissement. Ce n’est souvent pas volontaire, on ne peut donc pas introduire une discrimination, ce serait une double peine. »

Brigitte Bourguignon, ministre déléguée en charge de l’Autonomie

dans « Le Parisien »

Selon la ministre, c’est « la seule distinction » entre résidents vaccinés et non vaccinés. « Il est hors de question d’exclure [ces derniers] des activités dans les Ehpad. Il serait inhumain de dire : ‘Tu n’es pas vacciné, tu restes dans ta chambre' », ajoute Brigitte Bourguignon dans les colonnes du Parisien.

Les activités collectives « réautorisées »

Les conditions de vie et de visite à l’intérieur des Ehpad sont, elles aussi, assouplies. « Maintenant qu’elles sont protégées [par le vaccin], les personnes âgées veulent pouvoir toucher leurs enfants, les prendre dans les bras, leur parler sans barrière… Elles ont besoin de retrouver une vie plus normale et je vais les y aider ! » promet Brigitte Bourguignon. Les activités collectives seront à nouveau autorisées, tout comme les visites des familles dans les chambres.

« Beaucoup m’ont dit : ‘Ma mère, mon père est sourd, je suis obligé de hurler dans un salon’. Ils en souffrent beaucoup. Leur redonner ces moments d’intimité est primordial. »

Brigitte Bourguignon

dans « Le Parisien »

La ministre demande également la suppression des parois en Plexiglas, qui « posent problème, surtout aux personnes avec des troubles cognitifs qui ont besoin de toucher, d’avoir un contact humain pour se repérer ». Les seniors « ont perdu les repères de leur domicile, de leurs habitudes, de leurs voisins, alors si en plus elles doivent voir leur propre famille derrière un plastique, ce n’est pas possible », souligne Brigitte Bourguignon.

La situation réévaluée tous les 15 jours

Cet assouplissement n’est qu’une « première phase », prévient toutefois la ministre, alors que le Haut Conseil de la santé publique s’est opposé à un allègement des mesures dans les Ehpad. « On reste très prudent », assure-t-elle, ajoutant que « ces recommandations pourront être adaptées ». « Tous les quinze jours, nous ferons un bilan, avec les fédérations et les acteurs, pour savoir si [cet assouplissement] est perçu comme trop souple ou trop rigide, poursuit-elle. Certains établissements n’ont pas attendu pour alléger les règles mais il est important de leur donner un cadre. Certains le demandent, ils ont besoin d’être sécurisés. »

Chaque direction d’établissement doit élaborer ces mesures d’assouplissement, selon la situation épidémique locale et l’avancement de la campagne vaccinale, en lien avec l’Agence régionale de santé. Le ministère des Solidarités et de la Santé précise en outre à France Bleu que « les sorties dans la famille ne sont pas autorisées dans les zones où un confinement local est en vigueur sauf dérogations exceptionnelles ».

Les mesures sanitaires plus générales continueront évidemment de s’appliquer. Et le ministère de citer : « gestes barrières, isolement des cas contacts pendant 7 jours, isolement des cas confirmés pendant 10 jours, dépistage régulier des résidents et des professionnels ». Les visiteurs doivent présenter un test négatif de moins de 72 heures et les résidents devront se faire tester après une visite, ajoute France Bleu. Enfin, l’assouplissement des restrictions « doit être remis en cause dès la présence d’un cas confirmé au sein de l’établissement ».

Les soignants appelés à se faire vacciner

Dans Le Parisien, la ministre en charge de l’Autonomie relève « qu’il reste de gros efforts à faire » sur la vaccination des soignants. « Dans certains établissements, 50% des soignants sont vaccinés, dans d’autres, seulement 19%, ce n’est pas tolérable », regrette-t-elle, appelant ces professionnels à leur « responsabilité ».

« Si j’aime mieux inciter qu’obliger, la vaccination relève de l’acte citoyen que l’on doit presque aux personnes avec qui l’on vit. »

Brigitte Bourguignon, ministre déléguée en charge de l’Autonomie

dans « Le Parisien »

« C’est paradoxal, le personnel a parfois choisi de s’enfermer avec les résidents lors de la première vague par peur que le virus n’entre dans l’Ehpad et aujourd’hui, ils refusent le vaccin. Il y a de la peur, engendrée par les réseaux sociaux, et on préfère relever le moindre petit incident alors que 4 millions ont déjà reçu au moins une première dose, c’est incroyable », déplore-t-elle. Pour tenter de convaincre ces soignants, la ministre Brigitte Bourguignon compte sur les directions d’établissement chargées par l’exécutif de « persuader » et d’« expliquer ».

Source FRANCE INFO.

Covid-19 : les indicateurs de l’épidémie sont à la baisse chez les plus âgés…

Dans la répartition des patients hospitalisés, les personnes de plus de 80 ans représentent une partie de plus en plus faible.

De plus, le taux d’incidence pour cette population connaît une baisse importante. On fait un point sur l’état actuel de l’épidémie chez les personnes âgées.

Un résident d’Ehpad accompagné du personnel dans un établissement de Vendée. Photo d’illustration.

 

Plusieurs indicateurs de l’épidémie du Covid-19 montrent un recul pour les personnes âgées. Selon les chiffres de Santé publique France, le nombre de patients hospitalisés de plus de 80 ans est en baisse depuis mi-février :

Le nombre de patients hospitalisés de plus de 80 ans ont une tendance à baisser depuis mi-février

Quand on regarde la répartition des patients hospitalisés par classe d’âge, on observe une baisse pour cette population. Dans le même temps, la proportion de toutes les autres tranches d’âge est en hausse, sauf pour les enfants de moins de neuf ans.

Par rapport au début du janvier dernier, le taux des patients hospitalisés de plus de 80 ans est en baisse, en même temps une hausse est particulièrement observée pour le taux des patients de 50-59 ans.

Les patients hospitalisés de plus de 90 ans représentent actuellement environ 14,5 % des hospitalisations liées au Covid-19, contre 17 % au 1er janvier. Quant à la tranche d’âge de 80 à 89 ans, il y a également une baisse d’environ 2 %.

En revanche, on constate qu’une hausse importante pour la proportion des personnes de 50 à 59 ans. Il s’agit d’une augmentation de 2,4 % par rapport au début du janvier dernier.

Une chute du taux d’incidence

Par rapport aux autres classes d’âge, le taux d’incidence pour les personnes de plus de 80 ans connaît une baisse forte depuis la fin du mois de janvier 2021.

Le taux d’incidence chute fortement pour les personnes de 90 ans et plus.

Pour les personnes de 90 ans et plus, le taux d’incidence était 563 cas pour 100 000 habitants à la fin du mois de janvier. Ce chiffre a chuté à 373 au mi-février, soit une baisse de 34 %. Quant à la population de 80 à 89 ans, cette baisse est d’environ 27 %.

Baisse des décès en Ehpad

« Logiquement, on devrait voir avant la fin de ce mois de février une réduction du nombre de décès des personnes en Ehpad », avait indiqué Alain Fischer, le « Monsieur vaccin » du gouvernement, le 12 février sur France info .

Le taux de vaccination dans les Ephad :

Selon les dernières données disponibles, plus de 78 % des résidents en Ehpad ont déjà reçu leur première dose de vaccin anti-Covid. Environ 47 % des résidents ont reçu les deux doses et sont donc considérés comme vaccinés.

Pour le nombre de décès dans les Ehpad, une baisse commence bien à apparaître. Par rapport à la fin du janvier dernier, on a actuellement une baisse de 47 %.

Les effets de vaccination apparaissent en Israël

Cette embellie peut-elle être reliée à la campagne de vaccination en cours ? À ce jour, 3,8 % de la population a reçu la première dose de vaccin en France. Un chiffre encore faible pour faire des conclusions. Néanmoins, la tendance est encourageante si l’on regarde du côté d’Israël. Plus de 34 % des Israéliens ont fini leur processus de vaccination pour lutter contre l’épidémie du Covid-19, selon les chiffres d’Our world in data.

Dans ce contexte, on observe que le risque de contamination au Covid-19 a diminué de 95,8 % chez les personnes ayant reçu les deux doses du vaccin, a déclaré le ministère de la Santé israélien, samedi 20 février, cité par l’agence Reuters. Par ailleurs, le nombre d’entrées à l’hôpital a diminué de 30 % chez les personnes âgées de 60 ans et plus, au début du février, a indiqué Eran Segal, scientifique de l’Institut Weizmann, dans un tweet.

Source OUEST FRANCE.

 

 

Isolement – La restriction des visites dans les hôpitaux, Ehpad, maisons de repos et autres centres de convalescence est-elle vraiment justifiée d’un point de vue sanitaire ?…

Le très lourd coût humain que ces restrictions impliquent pour les malades et personnes dépendantes comme pour leurs familles mérite que l’on s’y attarde.

D’autant que ces établissements ne parviennent pas à protéger leurs résidents des contaminations.

Isolement - La restriction des visites dans les hôpitaux, Ehpad, maisons de repos et autres centres de convalescence est-elle vraiment justifiée d’un point de vue sanitaire ?...

 

Comment  expliquer le décalage entre la grande fermeté des restrictions quant aux visites dans les centres médicaux et hospitaliers et la réalité de l’exposition des patients ou résidents à la Covid-19 ?

Jean-Luc Plavis : Il faut comprendre qu’un établissement de soin hospitalier, ou un EHPAD, ne sont pas des établissements ordinaires. Des recommandations de la Haute Autorité de Santé ont été posé concernant les visites dans ces établissements. Il apparaît normal, du fait du public accueilli, de leur état de santé, que des mesures de sécurité soient assurées dans le cadre des visites des proches ou de toute personne souhaitant rendre visite à une personne âgée ou un malade.

Le principe de précaution qui a prévalu lors du premier confinement, a été appliqué sans toujours tenir compte de ces recommandations, avec une excessivité des mesures prises, entraînant des conséquences psychiques pour les personnes hospitalisées, mais aussi les familles.

Avec le temps, l’expérience du premier et du second confinement, les professionnels de santé et les Directions des établissements concernés ont su dans leur grande majorité, concilier la nécessaire sécurisation des lieux de soins face à la Covid-19, et l’impératif d’assurer des visites aux personnes malades, selon une organisation définie par l’établissement, en lien avec les représentants des résidents et des familles (Conseil de Vie Sociale).

Bien entendu, ces mesures peuvent parfois être ressenties comme démesurées au regard de la réalité de l’exposition des patients ou des résidents, mais n’oublions pas que nous avons encore aujourd’hui plus de 3000 patients en réanimation, que le nombre de morts s’élèvent à près de 83 000 morts, alors qu’il y a un an à peine on nous parlait de « gripette » dans le monde médical. Nous disposons en tout cas aujourd’hui de tests antigénique, de masques, de gel hydroalcoolique, qui permettent d’assurer au mieux une protection, à la fois du personnel soignant, des malades et des résidents. Il apparaît difficile malgré tout d’imposer des tests à tous les visiteurs, mais il s’agit d’une responsabilité individuelle, qui rend possible aujourd’hui le fait de faciliter les visites des proches, à partir du moment où chaque établissement s’appuie sur les recommandations en cours, et adapte ces visites au regard des risques encourus. Ce qui n’est pas normal et qui a pu être constaté par des associations comme France Alzheimer, c’est l’attitude de certains établissements qui fermaient leurs portes aux visites, alors qu’aucun cas de Covid-19 n’y a été déclaré.

Quelle est la réalité du « coût humain » et de la souffrance que ces restrictions représentent pour les malades et leurs familles et quelle est pour vous sa proportionnalité avec ces mesures très strictes encadrant les visites ?

Il est difficile de définir à la date d’aujourd’hui le coût humain de ces souffrances. Comme tout traumatisme subi par une personne, les conséquences s’inscrivent souvent dans un temps long. Nous avons bien entendu au niveau de France Assos Santé et surtout ses délégations, reçus de nombreux témoignages de malades, de personnes âgées, de proches, qui relataient cette souffrance et leur incompréhension, avec un sentiment de ne pas être écoutés, entendus par les établissements ou les soignants. En Ile-de-France, nous sommes régulièrement sollicités pour faire médiation dans les établissements de santé, ou l’on nous demande d’intervenir auprès de l’Agence Régionale de Santé, avec laquelle nous travaillons de concert sur cette crise sanitaire.

Ce qui est le plus difficile à supporter pour les proches, les familles, ce sont des dysfonctionnements, des incompréhensions ou des positions trop strictes prises dans les établissements.

La vaccination et notamment celle des soignants ouvre-t-elle de nouvelles perspectives au regard de cette exposition ? D’autres protocoles moins stricts sont-ils envisageables ?

Certes la vaccination ouvre de nouvelles perspectives. Mais là encore, nous devons rester vigilant, car l’état n’est pas en mesure de garantir une vaccinations pour tous d’ici la fin de l’année 2021. Et les variants pèsent sur l’efficience de la vaccination dans le temps. Il faudra donc scruter les chiffres des nouvelles contaminations et l’impact de ces variants, au regard du nombre de personnes vaccinées. Les gestes barrières, le port du masque, le lavage des mains doivent être maintenus, pour permettre de protéger les plus fragiles.

Source ATLANTICO.