C’est une opération inédite qui avait lieu ce mercredi au centre de soins de Kerpape, à Plœmeur : une douzaine d’automobilistes, verbalisés lors d’un contrôle récent, s’est vu proposer d’échanger la contravention contre une visite au centre de soins qui traite des victimes d’accidents de la route.
Le constat dressé par le préfet du Morbihan est alarmant : chaque année, le nombre de tués sur les routes du département augmente. 34 morts en 2016, 40 en 2017, 46 en 2018, et alors que la Toussaint, période particulièrement meurtrière n’est pas encore passée, le compteur est déjà à 37 morts pour cette année.
Une visite de Kerpape plutôt qu’une contravention
Face à ces chiffres, le préfet Patrice Faure a donc décidé de frapper un grand coup. Première mesure : une visite du centre de rééducation de Kerpape, à Plœmeur près de Lorient, où sont accueillis en permanence une vingtaine de victimes de graves accidents de la route, paraplégiques, tétraplégiques ou grands brûlés.
À ses côtés, une douzaine d’automobilistes, tous contrôlés en infraction le 12 octobre dernier. En échange de l’annulation de leur verbalisation, ils se sont vu proposer de participer à cette visite et de rencontrer des victimes de la route. Objectif : leur faire prendre conscience de leur dangerosité, pour eux ou pour ceux qui arrivent en face.
Une action bien plus efficace que la contravention, estime Marc Eon, intervenant pour la sécurité routière dans le Morbihan. « On a 12 points, on en perd trois, il en reste neuf, la plupart des gens les regagnent au bout d’un moment, donc tout le monde se dit : c’est bon, je joue avec mon capital de points et ça passe« .
Objectif : faire réfléchir les automobilistes
La piscine d’eau de mer, la salle de sport occupée par deux équipes de foot fauteuil, les ateliers de kiné ou d’ergothérapeutes, les salles prévues pour se réadapter à la vie chez soi, tout ici rappelle les conséquences d’un accident de la route.
Au fur et à mesure de la visite, dans l’atelier d’orthoprothèse, où sont présentés les masques pour les grands brûlés et une prothèse de jambe pour un motard, l’ambiance devient de plus en plus lourde. « Ça touche quand même de venir ici. C’est plutôt bien, ça permet quand même de dire à d’autres personnes d’éviter ces comportements là. Ça fait réfléchir » souffle un des participants, arrêté en état d’alcoolémie au volant.
Mais certains sont un peu moins optimistes : « J’espère que cette visite va me faire changer d’état d’esprit, bien sûr. On va faire attention demain, après-demain… Et voilà, la routine de la conduite se met en place, et on oublie certaines bonnes choses. Il faut rester concentrer sur la route, et ce genre de visites va faire que ça va bien se passer« .
Des contrôles renforcés le long des routes
Mais pas question de croire que ces visites vont se généraliser, prévient le préfet Patrice Faure, qui précise que les personnes conviées ce mercredi ont toutes commis des délits peu importants. « On veut inverser le sens du stress. Je veux que celles et ceux qui boivent soient beaucoup plus stressés que la population. Nous irons sur le terrain, nous allons accentuer notre opération, par des messages audios et visuels, mais aussi sur le bord des routes. »
« Nous serons sur le bord des routes la nuit, le jour, le week-end, la semaine »
« Nous allons multiplier le nombre de contrôles, poursuit le préfet. Je pense que pendant longtemps, les gens se rappelleront nos contrôles routiers ». Les automobilistes bretons sont donc prévenus.
Source OUEST FRANCE.