Handicap: le défi de l’insertion professionnelle…

A l’occasion de la Semaine Euroépenne pour l’emploi des personnes handicapées, ce documentaire poignant d’Hélène Mourot démonte bien des préjugés.

Handicap: le défi de l’insertion professionnelle

 

«À partir du moment où je me concentre sur ma forge, je n’ai quasiment pas de tics. Mon handicap, je me dis qu’il est au vestiaire», confie Umberto. Ce jeune homme de 20 ans souffre depuis l’âge de 7 ans du syndrome de Gilles de la Tourette. Pas simple de trouver un emploi pour quelqu’un qui, tous les jours, est assailli de tics, pousse sans le vouloir des cris et lance des injures. Le documentaire en deux parties d’Hélène Mourot, proposé dans le cadre du magazine «Extraordinaires!», est poignant. Diffusé à l’occasion de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, ce film donne la parole à des personnes atteintes de troubles neurologiques qui rencontrent de grandes difficultés à être acceptées dans le monde du travail.

«J’ai mal du regard des autres»

«En ce qui concerne la recherche de travail, ce n’est pas le syndrome de Gilles de la Tourette qui m’entrave, ce sont les préjugés», explique Umberto. La force de ce témoignage est de montrer que, malgré son talent de forgeron et tous ses diplômes – un bac et trois CAP -, trouver un emploi reste une mission presque impossible pour cet artisan en devenir. La preuve, après avoir envoyé plus de 80 CV, le jeune homme n’a décroché aucun rendez-vous. Frédéric, le papa d’Umberto, ne cache pas sa souffrance: «J’ai mal du regard des autres. Il y a des gens qui prennent mon fils pour une bête. Une bête dangereuse. Et qui le jugent mal, pas pour ce qu’il est mais sur les apparences

Entretien d’embauche

Compliqué également pour Éléna, 25 ans, atteinte d’un trouble du spectre autistique (TSA), de s’insérer professionnellement. Pourtant, cette jeune femme au sourire éclatant, qui rêve de trouver un emploi dans lequel le relationnel serait décisif, ne parvient pas, elle non plus, à décrocher un entretien. Ceci malgré un parcours scolaire réussi. «Éléna a passé son brevet des collèges, ensuite elle a suivi une formation dans le domaine du service à la personne et elle a passé son bac professionnel. Il ne lui manque plus qu’un travail», confie Yolande, sa maman.

Le tournage du documentaire aidant probablement, Umberto et Éléna décrochent finalement un entretien d’embauche. Le premier dans une coutellerie, à Thiers. Après avoir testé les capacités du postulant, le patron lui propose un contrat d’apprentissage de deux ans, avec la possibilité ensuite d’être définitivement engagé. Umberto est aux anges, son talent est enfin reconnu. Quant à Éléna, son entretien dans un refuge animalier se passe très bien. Le directeur lui propose un stage en immersion qui pourra déboucher sur un emploi. «Éléna est extrêmement motivée», glisse-t-il. Ces deux exemples montrent qu’il est temps de donner leur chance à ces personnes dont les différences sont en réalité des richesses.

Source LE FIGARO.

Handicap : les bonnes pratiques à adopter en entreprise…

Comment favoriser durablement l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap ?

Nous avons interrogé les partenaires de notre semaine consacrée au handicap.

Découvrez quelles actions favorisent l'inclusion des personnes en situation de handicap

 

Si elles sont de plus en plus sensibles aux questions d’inclusion et de diversité, nombre d’entreprises peinent encore à atteindre le quota de 6% de collaborateurs en situation de handicap imposé par la loi. Pour combattre les préjugés, recruter et maintenir dans l’emploi les personnes en situation de handicap, la bonne volonté ne suffit pas. Il faut des actes ! Voici trois mesures concrètes qui ont démontré leur efficacité sur le terrain.

1. Nommer un ou plusieurs référents handicap

Obligatoire dans les organisations de plus de 250 salariés, la nomination d’un référent garantit la bonne mise en œuvre de la politique handicap définie par l’entreprise. Et ce, quelle que soit sa taille ! Chargé d’informer, de conseiller et d’accompagner les collaborateurs en situation de handicap, il s’occupe entre autres de l’intégration des nouvelles recrues, de l’adaptation des postes de travail, du pilotage et de la coordination des actions de sensibilisation… Dans les grands groupes, ce relais essentiel est souvent rattaché à une équipe RH dédiée : la mission handicap.

« Notre Mission Handicap travaille main dans la main avec les RH de proximité, l’assistance sociale et le médecin du travail, détaille Carole Collignon, chargée de recrutement à la mission handicap de BNP Paribas. Pour autant, tous les handicaps ne requièrent pas d’accompagnement spécifique ! »

2. Informer et sensibiliser les collaborateurs

« Il faut mobiliser l’ensemble des collaborateurs car c’est un sujet touchant à l’humain, qui doit être porté par tout le monde », affirme Lucy Bodel, référente santé et handicap du groupe JD. « Dans l’entreprise, chacun doit s’emparer de la question du handicap en toute connaissance de cause, tout en respectant le souhait du salarié concerné d’en parler ou non avec ses collègues. Notre service training organise en ce sens des workshops sur le handicap avec une formatrice spécialisée. »

« Pour avancer collectivement sur le sujet de l’inclusion, l’entreprise peut organiser des événements fédérateurs comme le Duoday, nouer des partenariats…Tout cela permettra de briser certains tabous et idées reçues ! », explique Carole Magnan, responsable développement RH chez DistriCenter.

« Pour s’exprimer librement et en toute confiance sur l’accompagnement dont il a besoin, le collaborateur doit se sentir en confiance, souligne pour sa part Carole Collignon. L’organisation d’actions de sensibilisation et de formation régulières permet de balayer les nombreux stéréotypes, négatifs mais aussi positifs, qui restent associés au handicap. »

« Sensibiliser par la preuve, au plus près des collaborateurs, permet de lutter efficacement contre les préjugés », confirme Jérémy Guillemet, responsable mission handicap du groupe Covéa.

« Lors de la SEEPH (semaine européenne dédiée au handicap), nous avons l’habitude d’envoyer chaque jour des mails thématiques à nos salariés. L’an dernier, celui consacré aux troubles de l’apprentissage a conduit l’un de nos collaborateurs à se rapprocher de son manager pour faire reconnaître son handicap. Il ne savait pas qu’il était concerné ! On oublie trop souvent que 80% des handicaps sont invisibles, et qu’ils ne sont pas tous physiques, rappelle Sandra Dabert, adjointe responsable RH de Renault Retail Group.

3. Former et impliquer les managers

Le rôle du manager ne doit pas être négligé, car c’est lui qui va accueillir et accompagner au quotidien le collaborateur en situation de handicap. « L’intégrer dans la démarche d’inclusion du salarié permet de sécuriser son parcours professionnel », analyse Jérémy.

« Chez BNP Paribas, nous avons mis en place des formations dédiées aux managers, cela permet de les informer, au-delà de les former. Avec des mises en situations concrètes, ils prennent conscience de que l’on doit faire ou ne pas faire, des maladresses à éviter. Le handicap ne doit pas être un sujet tabou ! » assure Carole.

« La sensibilisation au handicap doit commencer très tôt, dès l’école, affirme pour sa part Danika Broustail, responsable de la mission handicap chez SII. Je conseille aux entreprises de prendre part à des modules de formation, dispensés aux étudiants pour obtenir le statut d’handi-manager. Nous le faisons chez SII dans le cadre des cordées handi-management. Les étudiants sont particulièrement réceptifs à ce sujet. Au plus tôt on les sensibilise, au mieux les managers de demain seront à l’écoute de ces sujets. »

Source Helloworkplace.

Argentan. Pour sensibiliser au handicap, Marie Boucheny reçue à la sous-préfecture…

Dans le cadre du DuoDay, opération nationale de sensibilisation au handicap, ce jeudi 18 novembre 2021, Marie Boucheny a été accueillie à la sous-préfecture d’Argentan (Orne).

Elisa Hue, en binôme avec Marie Boucheny. Sur la droite, Christine Royer, sous-préfète et Yannick Jouadé, adjoint à la mairie d’Argentan.

Elisa Hue, en binôme avec Marie Boucheny. Sur la droite, Christine Royer, sous-préfète et Yannick Jouadé, adjoint à la mairie d’Argentan.

« C’est une opération de communication mais en même temps ça ne l’est pas, tient à souligner Christine Royer, sous-préfète d’Argentan (Orne). C’est l’occasion de démontrer qu’on peut insérer une personne en situation de handicap dans le monde du travail, changer le regard et rassurer les employeurs. »

Ce jeudi 18 novembre 2021, la sous-préfecture accueillait Marie Boucheny, dans le cadre du DuoDay, opération de sensibilisation au handicap dans le monde du travail. La jeune femme de 31 ans a postulé via la structure d’insertion Cap emploi 61 pour suivre cette journée de stage, en binôme avec différents salariés.

Malformation du dos

Marie Boucheny a une malformation du dos. Du jour au lendemain, elle peut se retrouver en fauteuil roulant. Elle a été obligée de quitter son emploi d’auxiliaire de vie à l’institut médico-éducatif de Falaise (Calvados), trop physique et risqué pour sa santé.

« J’ai donc passé un diplôme de secrétaire. C’est un métier plus adapté, explique Marie Boucheny. Seulement, le handicap fait peur. J’ai été victime de discrimination. »

Après un an de chômage, Marie Boucheny retrouve enfin l’espoir de décrocher un poste. « Je veux travailler et je peux travailler », martèle la trentenaire. Cette journée de stage à la sous-préfecture pourrait se prolonger par une autre semaine. Et à plus long terme, par un poste pérenne, ici ou ailleurs.

Source OUEST FRANCE.

Michaël Jeremiasz : « Avoir des athlètes en situation de handicap en entreprise banalise la présence de collaborateurs handicapés »…

Quadruple médaillé aux Jeux paralympiques en tennis fauteuil, Michaël Jeremiasz explique pour franceinfo: sport l’importance de l’emploi pour les sportifs de haut niveau en situation de handicap.

Michaël Jeremiasz au palais de l'Elysée lors de la cérémonie en l'honneur des médaillés olympiques et paralympiques des Jeux de Tokyo 2021, le 13 septembre 2021. (ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)

 

À l’occasion de la semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées du 15 au 21 novembre, Michaël Jeremiasz, membre de la commission des athlètes Paris 2024 et médaillé à quatre reprises aux Jeux paralympiques (2004, 2008, 2012), analyse pour franceinfo: sport l’évolution de la situation pour les sportifs de haut niveau en situation de handicap. Selon lui, les choses changent, avec des entreprises davantage conscientes du potentiel de ces champions et de ce qu’ils ou elles peuvent apporter au sein de leur structure. Mais le travail de reconnaissance reste long.

Franceinfo: sport : Est-ce aujourd’hui plus facile de concilier son travail et son activité de sportif de haut niveau quand on est en situation de handicap par rapport à vos années d’activité (2001-2016) ?

Michaël Jeremiasz : Il y a une vingtaine d’années, la question du double projet était confidentielle. Peu d’athlètes se posaient la question de ce qu’ils allaient faire après leur carrière sportive, à leur reconversion professionnelle. C’est ce qui a mené à beaucoup de situations dramatiques, avec des athlètes en situation de grande précarité.

Depuis 10 ans, cette question est davantage prise en compte. La plupart des sportifs olympiques et paralympiques ne vivent pas de leur sport, donc c’est devenu une nécessité. C’est toujours compliqué de concilier les deux, surtout parce que si l’on veut être les meilleurs, il faudrait pouvoir pratiquer uniquement notre sport. Aujourd’hui vous avez des sports amateurs, pourtant présents aux JO et aux Paralympiques, où l’on est obligés de se lever plus tôt le matin, d’aller s’entraîner entre midi et deux, et le soir après une journée de boulot. C’est évidemment compliqué et certains explosent en plein vol. Maintenant il y a plus d’argent investi dans le sport, et cela permet aux athlètes de pouvoir aborder plus facilement leur carrière sportive.

Michaël Jeremiasz et Stéphane Houdet sur le podium des Jeux paralympiques de Beijing, le 15 septembre 2008, après leur victoire en finale du tournoi de doubles de tennis fauteuil. (FREDERIC J. BROWN / AFP)

Il y a un enjeu d’accompagnement qui est également central…

Absolument, c’est tout l’enjeu pour les athlètes qui finissent leur carrière. Le fait d’avoir un diplôme n’est pas essentiel. Si je prends mon cas personnel, j’ai fait mes études avant d’être joueur de tennis, puis un peu pendant. Mais les plus grandes compétences que l’on peut acquérir quand on est sportif, c’est toute la richesse de notre parcours pendant une quinzaine d’années au haut niveau. L’enjeu est d’avoir des bilans de compétence affinés pour les sportifs de haut niveau. On n’a pas juste couru vite, sauté haut ou tapé fort dans une balle jaune, c’est bien plus complexe et multiple.

« Les athlètes capables de rendre intelligibles ce qu’ils ont expérimenté pendant 15 ou 20 ans, c’est un vrai atout pour une boîte »

On a l’impression que les entreprises prennent davantage conscience de tout cela, que beaucoup sont plus volontaristes pour s’attacher les services de sportifs de haut niveau, y compris en situation de handicap…

Depuis longtemps les entreprises sont conscientes de ce potentiel, et maintenant cela s’est complètement démocratisé. Avec Paris 2024, il y a une accélération sur l’envie de travailler avec des athlètes sur l’image, sur l’exploitation de ses compétences, la capacité à rebondir, à gérer le stress, à travailler en équipe, à affronter l’adversité, le leadership, la performance… Quand les athlètes sont capables de rendre intelligibles ce qu’ils ont expérimenté pendant 15 ou 20 ans, c’est un vrai atout pour une boîte.

Ce qui est réalisé au niveau sportif pour les athlètes handisport a-t-il des répercussions pour les personnes en situation de handicap, à travers notamment une meilleure visibilité ?

C’est très difficile à mesurer. Ce qui est sûr c’est que de plus en plus d’athlètes paralympiques sont demandés pour faire des conférences, sont sponsorisés… Cela ne suffit pas à financer la saison d’un athlète de haut niveau, mais c’est une aide qui n’existait pas il y a encore quelque temps. Il y a aussi des aides personnalisées avec l’Agence nationale du sport (ANS). On a plus d’outils que jamais pour être performant. Et en entreprises, avoir des athlètes en situation de handicap qui viennent travailler, qui font bien le job, cela va donner des idées aux recruteurs pour qu’il y en ait d’autres, qui ne soient pas forcément sportifs de haut niveau. C’est une façon de banaliser la présence de collaborateurs handicapés dans l’entreprise.

Vous avez créé avec votre épouse et votre frère l’association Comme les Autres il y a 10 ans, qui a pour objectif d’aider les personnes handicapées à se reconstruire. Pourquoi le sport est-il l’un des principaux moteurs de cette reconstruction ?

Quand on a créé l’association, on s’est dit qu’on avait identifié les outils qui permettent de rebondir après un accident de la vie. L’idée, c’était de les mettre à disposition des personnes qui ont vécu ces accidents. Et le sport est un formidable outil, notamment dans un enjeu d’autonomie. C’est l’une des premières choses que l’on fait en centre de rééducation, il intervient tout de suite pour pouvoir se déplacer. Et en termes de confiance en soi, d’image de soi, d’indépendance, de création de lien social, le sport apporte tout cela.

Ensuite, une fois qu’on a commencé ce travail d’accompagnement, l’idée est de ré-accéder à la citoyenneté pleine et entière et l’un des outils est le travail. Il nous donne une autonomie dans nos choix personnels et diffuse un grand sentiment d’utilité. Depuis 10 ans, c’est l’un de nos axes principaux, on a accompagné plus de 800 personnes. On veut encore accélerer la transition vers un retour à l’emploi ou un accès à l’emploi. C’est déterminant pour maintenir un équilibre psychologique.

Vous êtes également membre de la commission des athlètes pour Paris 2024. Quel est votre rôle et comment fonctionne-t-elle ?

La commission est mixte, entre hommes et femmes mais aussi entre sportifs valides et handicapés. On se réunit et on se fait challenger par les équipes de Paris 2024 sur tous les sujets qui concernent le parcours athlètes. On peut parler d’accessibilité, de nourriture, de literie, d’événements sportifs, de médias, de sécurité… Tout ce qui concerne les athlètes. La commission a juste vocation à s’assurer que les Jeux soient organisés avec rigueur et engagement. Après, on sait très bien que l’organisme payeur est le CIO et que c’est d’abord les Jeux olympiques et ensuite les Jeux paralympiques. À part peut-être Londres en 2012, aucun pays n’a réussi à les mettre sur un même pied d’égalité.

Comment expliquez-vous cela ?

C’est toujours pareil : la visibilité. Il faut en parler, montrer le parasport toute l’année, parler du handicap avec la juste approche, ne pas être dans le misérabilisme ou dans le concept de super-héros. Il faut arriver à une banalisation de la différence en en parlant normalement, comme les autres. C’est un gros enjeu, pas que médiatique mais aussi au niveau du législateur et dans la vie de tous les jours.

Source FRANCE INFO.

Handicap. L’Auberge Napoléon à Grenoble, un restaurant inclusif pour partager les différences…

Depuis mars 2020, sept personnes en situation de handicap intellectuel forment la nouvelle équipe de l’Auberge Napoléon à Grenoble (Isère).

auberge Napoléon Grenoble

 

Le restaurant est immanquable avec son imposante devanture verte et rouge. Institution grenobloise depuis plus de 35 ans, l’Auberge Napoléon, située rue de Montorge, face au jardin de Ville et à deux pas de la place Grenette, a rouvert ses portes en juin dernier.

Passé la porte à midi, l’équipe de serveuses s’active à l’arrivée des premiers clients : accueil, vérification du passe sanitaire, puis direction l’une des dix tables qu’offre la salle entièrement rénovée.

Si le restaurant a tout d’ordinaire, une discrète affiche à l’entrée de l’établissement prévient les visiteurs. Vous serez ici accueillis dans un « restaurant d’insertion professionnelle » porté par l’association eybinoise Arist (Association de Recherche et d’Insertion Sociale des Trisomiques) qui travaille depuis 1980 « en faveur de la reconnaissance des personnes avec trisomie 21 et plus largement des personnes avec une déficience intellectuelle ».

Un an et demi après une ouverture malheureuse en mars 2020, écourtée à deux semaines en raison du confinement, la nouvelle équipe de l’Auberge Napoléon trouve enfin ses marques.

Du lundi au vendredi, sept travailleurs en situation de handicap et deux encadrants participent au bon fonctionnement du restaurant, qui propose 25 couverts le midi uniquement. En cuisine, Jean-Sébastien, Christopher, Anne-Adye, Franck et Léa, entre 23 et 56 ans, sont dirigés par leur chef Benoît.

Avec au menu du jour un velouté de courgette, une joue de porc à la tomate, accompagnée de riz du Canada, célerisotto et tombée de choux verts puis tarte bourdalou ou brownie en dessert. « On propose aussi une viande et un poisson », souligne le chef, qui renouvelle les plats à chaque service et détermine le rôle de chacun pour la journée.

« On le découvre le matin sur ce grand tableau où on a notre couleur qui correspond au plat à réaliser », explique Franck, particulièrement enthousiaste à l’idée de « travailler des produits frais ».

« C’est dans la rencontre que l’on s’enrichit »

Côté salle, Eva encadre Laurène, Morgane et Jessica, qui zigzaguent entre les tables, prennent les commandes et servent les clients. Tous et toutes ont des parcours différents, mais se retrouvent autour d’une envie commune : travailler dans la restauration.

En 2002, l’Arist a lancé une enquête de deux ans auprès des personnes handicapées en Isère pour leur demander quelle profession ils souhaitaient exercer. « De là est sorti un livre blanc rendu au département avec des propositions, dont un espace événementiel autour de la restauration et des arts du spectacle », indique Sophie Laffont, directrice de l’Arist.

Source ACTU GRENOBLE.

Vitrolles : son combat pour intégrer le handicap dans l’entreprise…

Atteinte de maladie, Sabrina Reiter, entrepreneuse, vient de créer une association spécialisée.

Vitrolles : son combat pour intégrer le handicap dans l'entreprise . Image par défaut de la provence

 

Derrière son dynamisme permanent et son regard jovial, un mot suffit à décrire Sabrina Reiter : revanche. Celle d’une femme de 35 ans dont le parcours de vie est aujourd’hui encore lié à la maladie. De cette expérience, elle a tiré une détermination à toute épreuve, et surtout la détermination d’aider les autres. C’est pourquoi l’entrepreneuse, notamment fondatrice avec son mari du holding Reiter Group (1), a décidé d’agir pour faciliter l’intégration en entreprise, avec un volet handicap et un volet social. « Je suis dans une phase de ma vie où je veux me battre pour les gens en difficulté. Outre la maladie, je suis issue des zones prioritaires des quartiers nord de Marseille, c’est pourquoi mon combat est aussi pour les milieux défavorisés« , appuie la jeune femme.

Des programmes adaptés

Après avoir constaté le « tabou » régnant encore autour du handicap dans l’entreprise, Sabrina Reiter et son mari valident des certifications. Objectif : pouvoir eux-mêmes proposer des programmes de formation orientés vers l’inclusion et le handicap. « Nous pourrons intervenir dans les entreprises pour des missions de consulting et aussi coacher des collaborateurs ou responsables pour favoriser l’intégration de ces personnes en difficulté, décrit Sabrina Reiter. L’idée est de sensibiliser les entreprises et les accompagner dans leurs démarches. Car il y a aujourd’hui beaucoup de personnes qui ont besoin d’aide. »

En parallèle, Sabrina Reiter va s’appuyer sur sa jeune association, Station ME, pour lancer une école entrepreneuriale accessible dès l’âge de dix ans, jusqu’aux adultes. Son but, proposer des programmes adaptés pour découvrir l’esprit d’entreprise : « Le but n’est évidemment pas de se substituer à l’école mais de montrer à ces personnes leurs points forts, leurs compétences, que l’on peut développer. Avec, pour chacun, un programme sur mesure, adapté à la situation. » Car l’entrepreneuse ne cible pas de forme de difficulté ou de handicap en particulier. Au contraire, elle entend fédérer au plus large.

Bonne nouvelle pour l’association, des bénévoles et spécialistes du handicap ont déjà répondu à l’appel et sont prêts à prendre part au projet. Les ateliers de travail pourraient être lancés au début de l’année 2022 à Vitrolles. « On veut aussi se rapprocher des référents de l’Éducation nationale et aussi d’autres associations locales, notamment sportives« , complète Sabrina Reiter.

Une vie frappée par la maladie

Dans son combat, la jeune femme est animée par sa propre expérience de vie, souvent douloureuse. Depuis 2004, elle souffre d’un lupus érythémateux disséminé, une maladie inflammatoire incurable qui touche les articulations et les organes. « Je faisais beaucoup de sport et j’ai dû arrêter, tout comme mes études après la prépa HEC et Sud de Co Montpellier pour travailler, mais surtout suivre des traitements spécifiques. Suite à une erreur médicale en 2014, j’ai dû aller 20 fois au bloc opératoire et ma santé s’est dégradée violemment. » Battante, Sabrina Reiter n’a pas baissé les bras et compte bien transmettre cette leçon de vie.

1. Groupe d’entreprises spécialisé dans la gestion des parcs automobiles, le convoyage, la prévention routière sur les zones aéroportuaires, le nettoyage automobile et industriel, la fabrication de produits d’entretien et la formation.

Source LA PROVENCE.

Jeune mayennais en situation de handicap, Dimitri raconte son parcours face à l’emploi…

A l’occasion de la 25e édition de la semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, rencontre avec Dimitri, un jeune en situation de handicap qui va signer un CDI.

Dimitri Besnard travaille dans un élevage caprin.

 

La 25e édition de la SEEPH (Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées), qui se déroule du lundi 15 au dimanche 21 novembre 2021, est dédiée à la jeunesse en situation de handicap face à l’emploi. Dimitri Besnard est un jeune Mayennais qui, accompagné par Ladapt de Pontmain, a décroché un CDI.

Chez un éleveur caprin

Dimitri Besnard, originaire de Lignières-Orgères, a 29 ans. Le jeune homme souffre d’un handicap qui se manifeste par des tremblements peut-être liés à des troubles neurologiques. Ce handicap n’a pas entaché sa motivation, son souhait ayant toujours été d’évoluer dans un monde professionnel classique.

« J’ai fait ma 6e et ma 5e au collège. Après j’ai été 6 ans à Hérouville-Saint-Clair, à l’IEM (institut d’éducation motrice), et je suis arrivé à l’Esat de Pontmain en menuiserie le 1er novembre 2010. »

Des problèmes de dos vont un peu freiner son élan.

« Mais je n’ai pas lâché ! »

Ladapt, qui avait été contactée par un éleveur caprin de Pontmain ayant des besoins sur son exploitation, lui propose un stage en mars 2016. Dimitri Besnard ne le sait pas encore mais cet éleveur, Vincent Bourdon, deviendra son employeur. Un CDI devrait être signé au plus tard le 1er mai 2022.

Il forme les remplaçants

Le bilan de son 1er stage a été « très positif ». « Après, on a lancé une mise à disposition », explique Dimitri Besnard qui assurait alors « la préparation de la salle de traite, la traite, le nettoyage », de 7h à 9h.  Le reste de la journée, il retournait en menuiserie. L’arrivée du jeune homme sur l’exploitation n’a demandé aucun aménagement spécifique à l’employeur :

« On a juste évalué de manière commune avec l’exploitant le niveau de fatigabilité de M. Besnard et donc un temps de travail qui lui permette de poursuivre cette activité professionnelle. On a aussi mis en place des outils sur support informatique pour qu’il soit beaucoup plus autonome sur son poste et notamment sur tout ce qui va être transmission » d’informations.

Nicolas Reconneille Chargé de soutien et chargé d’insertion professionnelle à Ladapt

Ladapt a ouvert une section hors les murs le 1er janvier 2020. Depuis cette date, Dimitri intervient uniquement sur l’exploitation et peut, si besoin, la gérer seul, « sauf la partie administrative ».  Il forme même les personnes qui viennent en remplacement.

« C’est vraiment le bras droit de l’exploitant. »

Nicolas Reconneille

Afin de pouvoir conduire les télescopiques et le tracteur, Dimitri va aussi partir en formation pour passer son permis Caces. Nicolas Reconneille admet que certaines entreprises ont encore de nombreux freins.

« Mais de mon point de vue, les aides financières sont l’un des premiers leviers, ainsi que l’accompagnement médico-social en entreprise. Le fait d’avoir une personne qui peut intervenir dans l’entreprise a un côté rassurant et sécurisant pour les équipes de travail et les managers. »

Nicolas Reconneille

Il rappelle que Ladapt accompagne des personnes « dans un projet réaliste et réalisable du côté de l’employé et aussi de l’employeur. Il y a toujours des solutions dès lors qu’il y a des bonnes volontés des deux côtés ».

Pour Dimitri, le CDI, « c’était un rêve inatteignable à l’époque. C’est un aboutissement en soi ».

Des événements organisés

Tout au long de cette semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, des évènements sont organisés sur l’ensemble du département de La Mayenne, afin de mettre en lumière des actions en faveur de l’emploi des personnes en situation de handicap, mais aussi pour sensibiliser différents publics à la thématique du handicap en milieu professionnel.

Ce rendez-vous 2021 mobilise tous les acteurs locaux de l’insertion des personnes en situation de handicap.

Le site de Ladapt de Pontmain (association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées) ouvrira ses portes. Cap Emploi 53 et la mission locale 53 proposeront quatre ateliers de confiance en soi et de valorisation des compétences avec un bilan final (sur inscriptions au 02 43 56 66 63). Un Handicafé sera organisé par Id’ées Interim pour favoriser les rencontres employeurs et demandeurs d’emploi en situation de handicap (inscription au 02 43 12 25 35), ainsi qu’un petit-déjeuner Entreprises à Ladapt de Pontmain avec le témoignage d’un entrepreneur local sur son expérience avec l’Esat.

Des ateliers rencontres avec les référents handicap auront aussi lieu sur le site de l’Urma 53 afin d’échanger sur l’accueil des apprenants en situation de handicap, sans oublier les actions en faveur de l’apprentissage de l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées) et du FIPHFP (fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique).

Source ACTU / LE COURRIER DE LA MAYENNE.

Handicap : 15% des salariés de l’APEI Moselle en grève pour demander une revalorisation salariale…

Les salariés de l’association des parents d’enfants inadaptés (APEI) de Moselle ont débuté une grève ce mardi 9 novembre pour demander une revalorisation salariale et de meilleures conditions de travail.

Sur 1200, 15% ont quitté leur poste et annoncent un bras de fer avec la direction. 

Près de 250 salariés de l'APEI réunis devant le siège de l'association de Thionville.

 

Un mouvement de grève a débuté ce mardi 9 novembre à l’Association des parents d’enfants inadaptés (APEI) pour demander une revalorisation de salaire et de meilleures conditions de travail. Sur les 1.200 salariés de cette association spécialisée dans l’accompagnement des adultes et enfants handicapés mentaux, 15% ont quitté leur poste à l’appel de la CGT et de FO. Les syndicats ont reconduit leur combat ce mercredi.

« Educateur en colère« , le message est écrit sur une pancarte accrochée au cou Stéphanie. « Très en colère, car nous travaillons depuis des semaines, des mois, dans des conditions très dégradées avec un manque de personnel« , regrette l’intervenante éducative. Comme elle, près de 250 salariés sont regroupés, devant le siège de l’APEI de Thionville. Même rassemblement à Saint-Avold, où 75 personnes sont également mobilisées.

Prime Macron

Parmi les revendications, une revalorisation de la « prime Macron« , accordée à hauteur de 150 euros par la direction de l’APEI. « On estime cela absolument indécent« , déclare Aline Leroux, déléguée CGT pour l’association, car le seuil maximum est à 1.000 euros, donc nous on demande 1.000 euros pour tous les salariés. » Une demande refusée pour le moment par la direction. « Cette prime pour le pouvoir d’achat, on a aucun moyen supplémentaire dans nos établissements pour pouvoir l’abonder, justifie le directeur général de l’APEI Moselle, Etienne Fabert, les seules marges de manœuvre dont on dispose, sont utilisées pour la rénovation des bâtiments. »

La direction assure que des négociations sont en cours pour augmenter cette prime Macron, sans en indiquer le montant. Une nouvelle rencontre avec les syndicats est prévue pour mardi prochain. D’ici là, la grève a été reconduite à ce mercredi 10 novembre. Les syndicats demandent également un élargissement du « Ségur de la santé » et de meilleures conditions de travail. Deux revendications qui ne sont pas du ressort de la direction. « L’ensemble des moyens dont on dispose, ils nous sont alloués, soit par les départements, soit par l’Agence régionale de santé. Si on nous donne pas les moyens de rémunérer correctement les salariés, on ne pourra pas faire de miracle« , conclut Etienne Fabert.

Manque d’attractivité

Plusieurs salariés interrogés se disent à bout, comme Jérémy, moniteur-éducateur, qui estime que la profession attire de moins en moins : « Les directeurs galèrent à recruter des personnes, et on se retrouve en souffrance sur des groupes parce qu’on doit doubler la charge de notre travail. » Un constat partagé par le directeur général : « On est face à une grave crise dans le recrutement des personnels et on a beaucoup de postes vacants, beaucoup plus que précédemment. » Le fait de se situer à proximité du Luxembourg n’arrange pas la situation, car beaucoup de salariés du secteur du handicap sont tentés de traverser la frontière pour un emploi mieux rémunéré, à compétence égale.

Source FRANCE BLEU.

Formation professionnelle : surmonter son handicap pour intégrer le monde des soignants…

Qu’ils changent de vie après un coup dur ou tentent d’aller au bout d’un rêve, ces futurs infirmières ou aides-soignants veulent rendre de cette attention qu’ils ont eue dans les hôpitaux. 

Sacré défi pour Laurianne, Sophia, Adrien et Sarah.

 

Dans la salle de réunion du Centre de rééducation et d’insertion professionnelle (Crip) de Castelnau-le-Lez, quatre visages, quatre volontés parfois contrariées par le destin et dont les handicaps restent totalement invisibles, ensevelis sous un enthousiasme rafraîchissant. Qu’ils aient vécu une rupture ou mené un combat depuis la naissance, le même obstiné point de mire dans leurs regards : aller au bout de leur formation de soignants.

Une énième vie pour Laurianne, la quarantaine, après avoir été assistante maternelle, auxiliaire de vie ou monitrice d’équitation, après dix ans de lutte contre ces anévrismes qui la martyrisaient. « Certains me conseillaient de rester en maladie, mais le métier d’aide-soignant de mon mari m’attirait, sourit-elle. Il faut parfois se battre aussi contre le système. »

Et contre les préjugés : « Ici, on n’a plus d’étiquette avec handicap marqué dessus. On est considérés comme dans la vie de tous les jours. » Ce qui n’est pas toujours le cas quand ils arrivent sur leur lieu de stage. « Ça peut paraître paradoxal mais le personnel soignant stigmatise pas mal les personnes en situation de handicap alors que si on est là, c’est qu’on est en capacité d’assurer sans frein. Est-ce par peur ? », s’interroge Sophia, en formation d’infirmière.

« Notre vécu de malade est un atout »

Sarah, lancée sur le même cursus, ose cette évidence : « Handicap est un mot fort que j’ai moi-même eu du mal à accepter. » Surtout quand on a vécu tout son parcours scolaire comme une lutte pour « ne pas passer pour une flemmarde parce que ma dyslexie et ma dyscalculie ne se voyaient pas ».

Avant de lancer un élève sur une formation, le Crip vérifie l’adéquation entre le handicap et le métier choisi. « Il y a des tests, un travail avec un ergothérapeute. Par exemple, pour quelqu’un qui n’a pas assez de force dans un bras ou une main, on se projette pour voir s’il y a des compensations possibles », explique Patrice Thuaud, en charge des métiers du soin.

Adrien, 40 ans, n’aurait pas cru possible d’intégrer des études d’infirmier après des années passées dans un hôtel cinq étoiles à Courchevel et ses soucis de santé. « Le bilan de compétences m’a prouvé le contraire, raconte-t-il. Ici, on nous apprend à faire différemment pour surmonter notre handicap et ne pas avoir besoin d’aménagements une fois en situation. »

« Accueillir les gens, prendre soin d’eux »

Trente-cinq heures de cours ou de stage par semaine, un régime normal mais, sous la coupe du Crip, la possibilité inestimable d’être « orienté, accompagné par une équipe remarquable, tout en étant rémunéré ».

Et puis, il y a cette volonté farouche de passer de l’autre côté du miroir. Car, comme le rappelle Sarah, « nous concernant, la barrière entre malade et soignant est infime. C’est important d’avoir été patient pour comprendre les attentes, avoir envie de donner plus. »

« Notre vécu de malade est un atout », appuie Laurianne. Adrien, lui, découvre qu’il a toujours été dans la recherche du bien-être : « Je croyais faire le grand écart mais on m’a appris à faire des passerelles dans mon vécu : s’occuper d’un cinq-étoiles n’est pas si éloigné que de travailler dans une clinique. On est là pour accueillir les gens, prendre soin d’eux. »

Prêts à relever le défi, malgré le Covid-19, malgré le mal-être qui entoure ces professions. Parce que, comme le conclut Sarah, « on a fait une force de notre handicap ».

« Accompagner à l’extérieur du centre »

Le Crip de Castelnau dépend de l’Assurance maladie. Il accompagne chaque année 600 personnes en situation de handicap, dont une centaine sur diverses formations, la plupart sur des métiers de santé mais aussi du bâtiment, comptabilité, informatique, commerce, secrétariat…

« La réadaptation professionnelle constitue la plus grande partie de notre activité, explique le directeur Pierre-Yves Cade. Il y a une mise en réflexion, un soutien psychologique, de l’ergothérapie et on vérifie que l’envie correspond au métier choisi. »

75 % des formés trouvent un emploi à douze mois. Conscient que trop de candidats restent encore sur liste d’attente, M. Cade souhaite « accompagner aussi des gens à l’extérieur du centre, leur apporter appuis médicaux, sociaux ou pédagogiques ».

Source MIDI LIBRE.

Il est tombé malade, a perdu son travail… en un an, le Covid-19 a bouleversé sa vie, il témoigne…

Au printemps 2020, Lionel, 52 ans, contractait le Covid-19. Un an après, ce Breton, victime d’un « covid long », n’a pas encore récupéré toutes ses facultés et a été licencié par son entreprise après 27 ans de métier.

Il doit aujourd’hui réinventer totalement sa vie.

Témoignage.

Il est tombé malade, a perdu son travail... en un an, le Covid-19 a bouleversé sa vie, il témoigne

 

« Si je fais le bilan de cette année qui vient de s’écouler, je dirais que ça a été la pire de ma vie ! Pour rien au monde, je ne voudrais la revivre. » Lionel a vu son quotidien totalement bouleversé par le Covid-19. À tout point de vue.

En mars l’an dernier, aux prémices de la pandémie en France, ce Breton de 52 ans contracte le virus. « C’était le week-end après les élections municipales » se souvient cet habitant de Domloup, à 15 kilomètres de Rennes en Ille-et-Vilaine. Les symptômes sont classiques : fièvre, fatigue, toux, douleurs pulmonaires. Le diagnostic est rapidement posé et confirmé.

Des exercices pour retrouver l’odorat

« J’ai été malade une dizaine de jours, je pensais que tout allait rapidement rentrer dans l’ordre. » Mais le goût et l’odorat qu’il a perdu dès les premiers jours ne reviennent pas. « Au bout de six mois, j’ai commencé à m’inquiéter » raconte cet ancien pâtissier qui accepte alors de participer à un programme de rééducation olfactive, pour les patients atteint de ce mal appelé anosmie, au centre hospitalier de Pontchaillou.

« Trois mois durant, j’avais des exercices, sous forme de jeux, à faire matin et soir. Des flacons de différents parfums à respirer », relate le quinquagénaire. Les progrès sont lents : « Je suis passé de 12 % de mes capacités au début de l’étude à 21 % aujourd’hui. J’arrive seulement à sentir les odeurs fortes comme le tabac. Je dois continuer à m’exercer et je verrai l’évolution dans douze semaines, quand l’étude reprendra. »

Mais il ne se fait pas trop d’illusions. Les médecins ne lui laissent pas vraiment d’espoir : il ne retrouvera sans doute jamais le même odorat qu’avant le coronavirus.

Symptômes persistants

Un coup dur amplifié par d’autres désagréments. Ce « sportif sans problème de santé particulier ni antécédent », appuie son épouse, doit aussi apprendre à vivre avec de nouveaux maux. Lionel fait partie de ces patients atteints d’un « covid long ».

Tachycardie, poumons qui brûlent, fatigue… D’autres symptômes persistant l’obligent à lever le pied. Notamment sa pratique soutenue de la course à pied, sa passion. « Je suis fatigué pour un rien. En courant, je n’ai plus la même cadence ni le même plaisir qu’avant. Je réalisais 10 kilomètres en 46 minutes, aujourd’hui je dépasse l’heure pour effectuer cette distance ! Dès que je cherche à accélérer, j’ai l’impression de manquer d’oxygène et j’ai une sensation d’oppression au niveau des poumons. »

Une nouvelle voie professionnelle à trouver

Côté travail, la situation n’est pas plus réjouissante. Le Covid-19 n’épargne pas son activité professionnelle, dans l’industrie agroalimentaire.

En juin, il est mis au chômage partiel. Il ne reprendra jamais son métier en production qu’il exerçait depuis 27 ans. « Je travaillais dans une entreprise de fabrication de biscuits pour le marché international. Avec la pandémie et la fermeture des frontières, les commandes ont été annulées et les contrats rompus par nos principaux clients. Dans ce contexte, impossible de retrouver de nouveaux marchés. Nous n’avions plus de travail dès le début de l’épidémie. »
Les mois passent et la perspective de reprendre son activité s’éloigne. « Je ne me faisais plus d’illusion depuis décembre. »

Son entreprise a finalement fermé en janvier dernier et l’ensemble du personnel a été licencié. « Ça fait bizarre ! C’est une page qui se tourne… Certains de mes collègues l’ont très mal vécu, ils ne s’y attendaient pas. » Lui s’y était préparé.

Et pas question pour lui de se morfondre. D’un naturel optimiste, il saisit l’occasion pour changer totalement de voie. « J’ai toujours pris la vie du bon côté. Je me dis que c’est un nouveau chapitre qui s’ouvre. » Un chapitre totalement différent du précédent. La semaine prochaine, il démarre une formation d’un an pour devenir agent hospitalier. « J’ai toujours aimé aider les autres. J’ai longtemps été investi dans le milieu associatif, j’aime le contact humain » argumente Lionel, qui ambitionne de devenir brancardier.

Son seul souhait maintenant : « Retrouver sa santé d’avant. Perdre son travail, ce n’est pas très grave. Avec de la volonté, on en retrouve. La santé, c’est une autre affaire. C’est ce qui est le plus dur ! » Mais il ne baisse pas les bras. La semaine prochaine, il intègre un autre programme de rééducation au CHU de Pontchaillou, au service cardio-pulmonaire cette fois.

Source OUEST FRANCE.
Il est tombé malade, a perdu son travail... en un an, le Covid-19 a bouleversé sa vie, il témoigne