« Les étudiants sont en train de mourir » : une jeune Niçoise interpelle Macron sur les réseaux sociaux…

Pour mettre en lumière les difficultés rencontrés par les étudiants, touchés de plein fouet par la crise économique, une étudiante niçoise a publié un appel à l’aide sur les réseaux sociaux, en interpellant Emmanuel Macron.

Romane Deshayes a lancé un appel à l’aide sur les réseaux sociaux, en interpellant Emmanuel Macron sur la question des étudiants en situation de précarité. Nice, le 5 février .

 

Des jeunes isolés, dans la précarité, déprimés… L’épidémie de Covid et la crise économie qui en découlent ont mis en difficulté de nombreux étudiants en France. Face à cette détresse, une jeune niçoise a réussi à trouver les mots justes pour la retranscrire. Il y a une semaine, Romane Deshayes, 20 ans, a publié un message sur LinkedIn, un réseau social professionnel.

Elle y raconte son quotidien difficile en pleine pandémie. « Les étudiants sont en train de mourir… À l’aide », écrit-elle, en interpellant Emmanuel Macron. Et le post fait le buzz ! Il a été partagé plus de 39.000 fois en seulement quelques jours.

De nombreux messages de soutien

La jeune femme, étudiante en développement commercial à l’école Pigier en Nice, travaille en alternance dans une petite entreprise à Villeneuve-Loubet. Mais la crise sanitaire l’a mise en difficulté financière. « J’ai un salaire de 780 euros, mais j’ai le loyer à payer, l’essence, le péage, l’électricité, internet », raconte-t-elle, regrettant de ne plus pouvoir faire des missions d’intérim en plus, qui lui permettaient auparavant de mettre un peu de beurre dans les épinards.

Capture d'écran du post de Romane sur LinkedIn

« Avec le Covid et le couvre-feu, il n’y a quasiment plus de missions d’intérim. On ne m’appelle plus, donc c’est un peu compliqué ces temps-ci », confie Romane. D’autant plus qu’elle vient d’apprendre que ces APL (aides personnalisées au logement) étaient revues à la baisse.

« Je reçois plein de messages d’étudiants et d’étudiantes qui me donnent des bons plans »

Alors pour partager sa situation, pour demander de l’aide, l’étudiante niçoise a publié le message sur les réseaux sociaux. « Cet appel à l’aide, il n’est pas que pour moi, il est aussi pour tous les autres étudiants qui sont en situation de précarité », poursuit-elle. Une bouteille à la mer partagée massivement, alors depuis quelques jours, elle reçoit de nombreuses sollicitations dans sa boîte mail.

« Il y a plein de messages d’étudiants et d’étudiantes qui me donnent des conseils, des bons plans. Je leur réponds, je leur en donne aussi. Ça fait plaisir, on se serre les coudes. C’est important de s’aider entre jeunes, on comprend ce qu’on vit et on voit qu’on n’est pas seul. Psychologiquement, ça fait du bien », sourit Romane. Pour partager tous les conseils qu’on lui envoie, la Niçoise a créé un groupe d’entraide pour les étudiants sur le réseau social.

Source FRANCE BLEU.

Confinement : un jeune homme handicapé s’immole par le feu à cause de l’isolement… Pour mémoire…

Elwood, 31 ans, est mort le 1er juin dernier.

Vivant seul dans un appartement à Trégeux dans les Côtes d’Armor, il a décidé de s’asperger de liquide inflammable et de gel hydroalcoolique, avant de s’immoler. Brûlé à 80%, il est décédé une fois transféré à l’hôpital.

Confinement : un jeune homme handicapé s'immole par le feu à cause de l'isolement

 

C’est la mère d’Elwood âgé de 31 ans, Christine, qui relaie la mort de son fils via les réseaux sociaux. « Pas une ligne, dans les journaux, ça intéresse qui un handicapé qui disparaît ? » lance-t-elle ainsi, sur son compte Facebook, dans un texte qu’elle intitule « Les oubliés du confinement« .

« Il vivait mal le confinement »

Elwood était handicapé moteur depuis sa naissance, raconte plus tard Christine à France Bleu. Depuis le confinement, il se sentait particulièrement seul. « Un jour, il a appelé les pompiers pour dire qu’il n’allait pas bien, qu’il vivait mal le confinement. Il a été conduit à l’hôpital où il a pu parler avec un psychologue, des infirmières, il avait besoin de communiquer. Il y a passé une nuit et il a décidé de revenir chez lui », explique-t-elle. Après sa mort, elle retrouve sur son bureau le numéro de Suicide Écoute.

Il avait besoin de communiquer

Car ce 31 mai, le jeune homme, vivant à 450 kilomètres de sa mère, a décidé de passer à l’acte. Sur un parking situé à moins d’un kilomètre de son appartement à Trégneux (Côtes d’Armor), il se recouvre de liquide inflammable et de gel hydroalcoolique avant de s’immoler par le feu sur son fauteuil roulant. Les secours sont prévenus par des témoins, mais ils arrivent trop tard. 80% du corps d’Elwood est déjà brûlé. Il meurt de ses blessures quelques heures plus tard, à l’hôpital de Saint-Brieuc.

« Une énorme faille de la part des professionnels »

La mère du défunt se confie aux médias la semaine suivante, espérant que la mort de son fils ne soit pas vaine : « Aujourd’hui, je témoigne pour que son geste ne passe pas inaperçu. Pendant le confinement, on nous a incité à se rapprocher des personnes seules, à prendre des nouvelles des papys, des mamies. C’est bien mais il faut continuer à le faire. Un petit sourire, un petit bonjour quand vous croisez une personne handicapée, ça ne coûte rien », défend-elle à France Bleu.

Un petit sourire, un petit bonjour quand vous croisez une personne handicapée, ça ne coûte rien

Elle avait prévu d’aller voir son fils après la levée des 100 kilomètres le week-end du 7-8 juin. « Finalement, je l’ai vu plus tôt que prévu, mais à la morgue« , a-t-elle poursuivi, émue. Elle raconte : « Je l’ai eu trois-quatre jours avant son geste au téléphone, ça a été très bref. Avant de raccrocher, il m’a dit  ‘Je t’aime‘, ça n’arrivait jamais, je me dis maintenant que c’était peut-être un signe. »

Pour Christine, le suicide de son fils révèle « une énorme faille de la part des professionnels », comme elle le déclare sur les médias sociaux. Son fils avait prévenu à plusieurs reprises les accompagnants, les psychologues ou encore sa curatrice. Ses plaintes n’ont pas été prises au sérieux. À cause de la crise sanitaire, la mère estime que les auxiliaires de vie en charge du jeune homme avaient moins de temps à lui consacrer, au moment même où il appelait à l’aide.

« Durant cette période, le côté humain n’a pas été suffisamment pris en compte, cela a été la goutte de trop pour lui », a-t-elle conclu auprès d’Ouest France.

Dommage collatéral du Covid-19 ? Oui bien sûr

« Dommage collatéral du Covid-19 ? Oui bien sûr ! », s’est-elle exclamé sur son compte Facebook. « Avant le confinement, il avait l’habitude d’aller faire ses courses au supermarché, aidé par une auxiliaire, ça lui donnait un objectif » détaille-t-elle. Mais rapidement après le début du confinement, Christine explique que son fils « ne pouvait plus supporter l’enfermement », qu’il « avait besoin de lien social. »

Elle est catégorique : « Cet isolement a eu raison de son moral« .

Source MARIE CLAIRE.

Colleret : une association qui s’attaque concrètement aux problématiques du handicap… C’est un pan de la société qu’on a un peu oublié dans cette période de crise…

Depuis quelques mois, une nouvelle association a été créée à Colleret, suite au confinement.

C’est un pan de la société qu’on a un peu oublié dans cette période de crise et pourtant qui a souffert énormément.

Colleret : une association qui s’attaque concrètement aux problématiques du handicap

 

Emilie Myslicki gère sa société de conseil pour les personnes en situation de handicap. Elle est donc une vraie spécialiste des méandres administratifs que doivent parcourir les familles dont un membre est en situation de handicap pour obtenir ce à quoi elle a droit.

Un besoin criant pendant le confinement

« Durant le confinement, j’ai eu des contacts avec beaucoup de familles qui se trouvaient en grande difficulté », commente-t-elle. « Les parents se retrouvaient avec les enfants à la maison, parce que les IME et les lieux d’accueil étaient fermés. Et ce n’est pas facile. Nous nous sommes rendus compte qu’il y avait des manques dans l’encadrement de ces personnes ».

Emilie Myslicki a eu cette idée de fonder une association suite à ce constat. « J’ai rencontré Françoise Del Piero, conseillère départementale, qui faisait le même constat. Il fallait agir. Nous avons aussi eu l’appui de la président de l’association l’Abécédaire de Faustine ».

Il n’a pas fallu longtemps pour que l’association prenne vie et passe à la phase concrète de son programme. « Nous travaillons sur le conseil et la sensibilisation ».

Un conseil aux familles

Le conseil, tout simplement, permet à des parents, à des familles de se tourner vers les membres de l’association afin de les aider à trouver le bon interlocuteur, ou encore à se rencontrer pour évoquer des solutions. « Je peux obtenir des réponses et inviter les personnes en responsabilité à prendre des mesures. Je pense notamment à des personnes qui se sont tournées vers moi parce qu’elles ne trouvaient pas de logement adapté PMR. J’ai pris des renseignements et j’ai appris que ce type de logements manque sur la région. Ca a été l’occasion de faire un rappel aux politiques locaux ».

L’autre pan de travail de l’association est celui de la prévention. « Nous avons fait des interventions dans des centres de loisirs, avec des enfants. Notre objectif est d’expliquer aux enfants ce qu’est le handicap, ce que ça représente, les contraintes que cela peut engendrer. Nous voulons effacer la peur de l’inconnu que des petits pourraient avoir en entrant en contact avec des personnes en situation de handicap ».

Sensibilisation auprès des enfants

Pour ce faire, les membres de l’association se veulent aussi bien pédagogiques que ludiques. « Nous avons notamment un grand jeu de l’oie sur ce thème. Nous faisons aussi des ateliers de mise en situation. Nous voulons développer ces formations dans la région ».

Un autre sujet important pour l’association et sa présidente Emilie Myslicki, c’est celui de l’information. « Pour novembre dernier, qui est le mois du handicap, nous avions prévu d’organiser un salon afin de réunir tous les acteurs locaux du handicap. Cela aurait permis à toutes les personnes concernées de trouver des acteurs locaux référents pour répondre à leurs questions. L’idée était d’avoir toutes les réponses sous un même toit, le temps d’un week-end, et nous avions choisi le mois de novembre, qui est celui du handicap pour organiser ça. Cela nous semblait le plus approprié possible ».

Il est vrai que pour des parents, par exemple, d’un enfant porteur de handicap, trouver la bonne structure d’accueil, adaptée aux besoins de l’enfant, remplir toutes les démarches administratives, connaître les droits auxquels il peut prétendre, peut s’avérer un vrai parcours du combattant. Un dossier MDPH est déjà un défi administratif en soi.

Un salon des acteurs du handicap en novembre

Malheureusement, le deuxième confinement a mis fin au projet. « A la place, nous avons choisi de mettre en avant des associations, des structures, durant tout le mois, un par jour. Mais nous espérons pouvoir remonter l’événement l’année prochaine, sans faute. Nous avons même reçu le soutien de la MDPH pour l’organisation ».

Dans la vie du village

Aider les personnes en situation de handicap, c’est aussi intégrer ce qu’ils font à la vie quotidienne de tous. A Colleret, l’association reçoit le soutien de la municipalité et du maire, Claude Ménissez, pour les initiatives menées. Elle a notamment pu organiser dan le village l’événement « Totems » en décembre dernier (voir ci-contre).

Dans l’avenir, l’association prévoit aussi la création d’un concours de talent, qui permettra à tous de présenter leur talent. « L’idée est d’inviter des personnes en situation de handicap à concourir aussi qu’à des personnes qui n’en sont pas, sans distinction ».

Source L’OBSERVATEUR.

 

Surveillance en télétravail: quels sont vos droits ?…

Une entreprise est parfaitement en droit d’installer des logiciels de surveillance sur les ordinateurs du personnel… à condition de l’en avertir.

L’explosion du recours au télétravail en raison de la crise sanitaire a, logiquement, amené les entreprises à penser ou repenser leurs modes d’organisation et de management du travail. Ainsi, la question du contrôle des salarié·es (vis-à-vis du contenu de leur travail, de son suivi, de l’atteinte des objectifs, etc.) dans un contexte d’éloignement physique est devenue encore plus prégnante, du fait de l’impossibilité de vérifier «en vrai», dans les faits, le respect des horaires et/ou des consignes de travail.

En juin dernier, une étude menée aux États-Unis soulignait un intérêt sans précédent des entreprises pour les logiciels de surveillance. Entre janvier et avril 2020, les intentions d’achats pour les logiciels de surveillance à distance des employé·es avaient été multipliés par plus de 50.

Le score d’intention d’achat pour la catégorie «Surveillance à distance des employés» est passé de 1 à plus de 53 en six semaines après le début de la distanciation. | Score d’intention d’Aberdeen, 2020 cité par ISG Research

Au regard de ces éléments, peut-on considérer que nous sommes désormais dans l’ère de l’hypersurveillance, voire du flicage, des salarié·es en télétravail?

Une capture d’écran toutes les cinq minutes

Le suivi et le contrôle des salarié·es constituent des fonctions majeures de l’activité d’encadrement et de management: la planification et la coordination des activités à réaliser passent par la mise en place de règles de contrôle des tâches à opérer, de l’atteinte ou non des objectifs fixés, de la conformité de ces activités avec les instructions transmises, etc.

La période de télétravail souvent subi a accentué cette tendance au contrôle, jusqu’à donner l’impression d’un surcontrôle, notamment au détriment de la confiance au travail. L’apparition et le développement d’outils et d’équipements digitaux sans cesse plus sophistiqués posent la question de la limite de plus en plus floue entre simple contrôle hiérarchique et surveillance intrusive, voire quasi espionnage, des salarié·es.

Présentés souvent comme de simples outils internes de gestion administrative ou d’aide à l’accroissement de la productivité des salarié·es, ces programmes servent, en théorie, à rationaliser l’organisation de l’activité, notamment en rendant visibles les déséquilibres internes en termes de charge de travail et d’état d’avancement des projets en cours. Ces logiciels assurent également une fonction de sécurité et de filtrage, afin que les salarié·es ne puissent pas naviguer en ligne sur certains sites internet ou extraire des données ou informations sensibles.

Mais leurs fonctionnalités vont beaucoup plus loin: géolocalisation, enregistreur de frappe (keylogger traçant la moindre activité au clavier), temps passé en ligne sur des sites «productifs» ou «non productifs», durée de connexion sur les serveurs de l’entreprise, nombre de courriels envoyés, identité des destinataires, etc.

D’autres logiciels opèrent des captures d’écran des ordinateurs toutes les cinq ou dix minutes, ou dressent un véritable portait du «comportement digital» des salarié·es, pour donner à voir leurs éventuelles anomalies. À l’extrême, ce comportement peut même être traité à grande échelle par l’intelligence artificielle, afin d’opérer un contrôle beaucoup plus large. La plupart de ces logiciels de traçage de l’activité sont invisibles pour les salarié·es qui font l’objet d’une surveillance de plus en plus intrusive, ce qui pose logiquement la question de leur légalité.

Que dit la loi?

Tout dispositif de contrôle des salarié·es doit, pour être valable, respecter les libertés et droits fondamentaux des salarié·es, au premier rang desquels se trouve leur vie privée.

Le respect des prescriptions du règlement général sur la protection des données (RGPD), lorsque le dispositif touche à des données personnelles, est également incontournable. De plus, le Comité social et économique (CSE) doit être informé et consulté préalablement, afin d’appréhender en amont le dispositif de contrôle et ses possibles conséquences.

Ainsi, ce contrôle doit être justifié et proportionné, comme l’indique notamment l’Accord national interprofessionnel relatif au télétravail du 19 juillet 2005. De plus, le Code du travail prévoit une obligation de transparence de la part de l’employeur concernant l’usage des données personnelles: «Aucune information concernant personnellement un salarié ne peut être collectée par un dispositif qui n’a pas été porté préalablement à sa connaissance.»

Les modalités précises du contrôle doivent être établies (type de contrôle, suivi, mesure, etc.) et discutées avec les partenaires sociaux, ainsi que les sanctions prévues. Bien que les messages échangés par le biais d’une adresse ou d’un téléphone professionnels et les fichiers stockés sur les ordinateurs de l’entreprise soient la propriété de cette dernière, cela n’autorise pas les responsables de l’organisation à agir sans limites.

Parallèlement, certain·es salarié·es peuvent développer des stratégies individuelles de contournement des dispositifs de surveillance: recours aux téléphones ou ordinateurs privés à des fins professionnelles, pour sortir ainsi du champ de surveillance, comportements feints, ententes entre salarié·es pour «tromper» ces dispositifs, etc. Ces éléments nous questionnent plus en profondeur sur les défaillances mêmes du management, obligé de recourir à des techniques au mieux borderline, au pire illégales.

Un révélateur de la défaillance du management

Ces cas d’espionnage interne témoignent d’une part de la trahison du contrat moral liant supérieur·es et salarié·es, et d’autre part des insuffisances du management, dont certaines pratiques peuvent mener à rompre toute confiance envers les salarié·es.

Cette volonté de compenser l’impossibilité d’une surveillance physique et réelle par des techniques allant du mail ou de l’appel de 9h01 pour analyser le temps de réponse des salarié·es jusqu’aux logiciels de surveillance et ses abus cristallise une défaillance majeure dans les techniques de management mises en place, et l’incapacité des managers à gérer des équipes à distance.

Cette absence de confiance au travail est, de plus, contre-productive: les salarié·es peuvent développer des stratégies de contournement, mais également avoir tendance à progressivement être démotivé·es, voire à se désinvestir d’un travail dans lequel ils et elles se sentiraient sans cesse suspecté·es d’un potentiel manquement professionnel.

Les conséquences sur la santé des salarié·es ne sont ainsi pas négligeables. Par crainte de ne pas répondre aux attentes des managers et d’être accusé·es de ne pas réellement travailler, les salarié·es se rendent parfois disponibles constamment, induisant une situation de connexion subie, voire d’hyperconnexion.

Dès lors, l’organisation doit être vigilante sur le non-respect de l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, voire à la perméabilité accrue entre ces deux dernières. Ces éléments reposent ainsi la question du droit à la déconnexion et des difficultés à réellement le mettre en place, dans une optique préventive.

Dans ce contexte de crise sanitaire sans précédent, le recours accru au télétravail rebat les cartes du management, encore trop largement orienté vers le contrôle, voire l’hypercontrôle. Cela incite fortement les organisations à développer une nouvelle proposition sur la relation managers-salarié·es, en s’assurant du travail réalisé, sans tomber dans les dérives de l’hypersurveillance, avec la préservation de la frontière entre vie privée et vie professionnelle. Les organisations ont tout intérêt à progressivement passer de la culture du contrôle à la culture de la confiance, et à s’axer moins sur le processus que sur le résultat.

Source SLATE.

 

Surveillance, contrôle, traçage: les salariés n’ont jamais été aussi fliqués qu’au temps du Covid…

La crise sanitaire revitalise un mode de contrôle des salariés né dans les usines britanniques lors de la révolution industrielle, outils de surveillance à la pointe de la technologie en sus.

 

«La crise sanitaire a mis au jour la présence de ces dispositifs de surveillance toujours plus nombreux, dont elle a dans le même temps assis la légitimité et accéléré la banalisation. On me demande souvent s’il faut craindre la généralisation d’une surveillance dite de masse; et s’il s’agissait plutôt d’une massification de la surveillance?» interroge le journaliste spécialiste du numérique Olivier Tesquet dans État d’urgence technologique – Comment l’économie de la surveillance tire parti de la pandémie, qui paraît le 4 février 2021 chez Premier Parallèle et dont nous publions ici un extrait.

Pourrait-on trouver meilleur symbole de cette double peine infligée aux moins fortunés que celui de Facebook? En mai 2020, son tout-puissant patron, Mark Zuckerberg, annonce son intention de faire de Facebook «l’entreprise la plus avancée au monde en matière de télétravail». Et de pronostiquer que, dans un délai de cinq à dix ans, la moitié de ses 45.000 salariés pourraient bûcher à distance. Alors que «Zuck» se prend pour Robert Noyce, le père fondateur et «maire» historico-symbolique de la Silicon Valley, inventeur du transistor, du microprocesseur et de l’open space, il ne dit rien des légions invisibles de modérateurs, environ 35.000 personnes, employées par des sous-traitants américains, indiens ou irlandais, chargées de nettoyer quotidiennement les déchets flottant à la surface du premier réseau social de la planète.

Pour ce précariat moderne, la présence physique ou rien. À Dublin, des centaines d’entre eux ont été sommés de revenir au bureau, malgré plusieurs cas déclarés de Covid-19. Alors qu’ils souffrent déjà de syndromes de stress post-traumatique, à force d’être confrontés à des images insoutenables et des propos haineux, ils doivent maintenant composer avec la peur de tomber malades. «Si je perdais mon mari, si quelque chose m’arrivait, qui s’occuperait de mon fils de 6 ans?», se demande l’une des modératrices en fondant en larmes.

La mesure visant à instaurer le télétravail chez Facebook, réservée à sa main-d’œuvre privilégiée et assortie de réductions de salaire en fonction du choix géographique des travailleurs, laisse certes augurer un dumping social covidé pour les ingénieurs –très– bien rémunérés de la firme de Menlo Park. Quand on sait à quel point, en quinze ans, le petit monde des nouvelles technologies a rendu la baie de San Francisco invivable pour tous ceux qui n’évoluent pas dans le secteur, ne leur laissant d’autre choix que de déménager, d’aucuns pourront souligner qu’il s’agit d’un rééquilibrage karmique. Mais si les pauvres sont indiscutablement les premiers à faire les frais d’un taylorisme sanitaire qui impose une nouvelle organisation scientifique du travail, une fois ce mécanisme enclenché, il risque fort de contaminer l’ensemble du marché du travail.

Avec la pandémie, des millions de salariés, désormais rompus aux codes de la visioconférence et des tâches «distancielles», exercent désormais depuis chez eux. Illusion de liberté absolue pour certains, summum de l’aliénation pour d’autres, le télétravail «est un mode de fonctionnement qui s’oppose à l’activité politique et sociale», comme le formule la sociologue Eva Illouz. «Si la crise du sida a déjà rendu le contact sexuel dangereux, c’est ici la socialité dans son ensemble qui demande une vigilance permanente», poursuit-elle. De fait, le télétravail recompose tout à la fois nos comportements, le regard que nous portons sur les tâches que nous accomplissons, mais aussi –et surtout– nos relations hiérarchiques. D’une certaine façon, il marque la violation matérielle et symbolique du domicile.

Entre mon lit et mon bureau, la cloison étanche de l’intimité vole en éclats. Dans cette configuration, tous ceux qui peuvent télétravailler, c’est-à-dire les employés et cadres du tertiaire, sont particulièrement sujets à l’invasion de leur sanctuaire. Aux États-Unis, selon une étude du MIT, pas moins d’un tiers de la population active a basculé vers le travail à distance.

Parallèlement, les outils pour les surveiller ont connu un pic de popularité sans précédent. Au premier chef, les logiciels de time tracking qui, en analysant les mouvements de la souris et en effectuant à intervalles réguliers des captures d’écran de l’ordinateur, contrôlent l’assiduité du salarié épié. «C’est super stressant, tous les matins, on reçoit un rapport d’activité. J’arrive rarement à dépasser les 50% de temps de travail effectif», souffle Marine, analyste en renseignement d’affaires, dans Libération. Emprisonnés dans cet «hypertemps» dilaté, tel que le nomme le philosophe Pascal Chabot, «synchronisés en permanence» et chronométrés dans toutes nos tâches, nous luttons à armes inégales.

La crise sanitaire revitalise un mode de contrôle des salariés né dans les usines britanniques lors de la révolution industrielle.

Le droit à la déconnexion, pourtant garanti par la loi depuis le 1er janvier 2017, est percuté de plein fouet par des acteurs nommés Hubstaff, Time Doctor, FlexiSPY, ActivTrak ou Teramind. Le premier, leader du marché, a ainsi vu ses essais –gratuits– augmenter de 200% dès le mois de mars, avec l’annonce du confinement. Jusqu’ici réservé à des officines peu connues du grand public, ce marché porteur a même attiré l’attention de Microsoft, qui a annoncé en octobre 2020 l’intégration d’un score d’efficacité dans sa suite logicielle. Devant un scandale naissant, le géant de l’informatique a momentanément reculé, mais la démocratisation de ces mouchards laisse augurer le pire: à force d’être pervasifs, ils deviendraient omniprésents, et donc invisibles.

Pour mieux comprendre ce retour de la pointeuse, on peut s’intéresser à une étude commandée par Hubstaff. Réalisée auprès de 400 entreprises américaines, celle-ci montre que près de la moitié d’entre elles (respectivement 44 et 46%) attend du télétravail qu’il augmente les profits et la productivité. Ainsi que le rappelle Edward P. Thompson, le grand historien de la classe ouvrière britannique, «avant l’avènement de la production de masse mécanisée, l’organisation du travail était caractérisée par l’irrégularité». Tout ce que fait craindre le Covid-19. On peut alors comparer le sort des prolétaires du XVIIIe siècle et celui des télétravailleurs du XXIe; et si leurs conditions matérielles d’existence ne sont pas les mêmes, la crise sanitaire revitalise un mode de contrôle des salariés né dans les usines britanniques lors de la révolution industrielle.

Plus intrusifs encore, certains employeurs déploient des keyloggers, capables d’enregistrer tout ce qu’un individu tape sur son clavier, ce qui marque un détournement flagrant de leur fonction initiale. Aux États-Unis, on utilise le terme de mission creep pour désigner tout glissement mortifère d’une finalité vers une autre. Utilisée pour la première fois en Somalie en 1993, lorsqu’une aide humanitaire de l’ONU s’est transformée en opération militaire américaine, puis en fiasco lors de la bataille de Mogadiscio, l’expression fonctionne ici en sens inverse: d’ordinaire réservés à la lutte antiterroriste (les services de renseignement français les utilisent notamment contre des cibles islamistes), les keyloggers visent désormais un horodatage permanent de l’activité des travailleurs, au moment même où ceux-ci sont contraints de gérer leur vie personnelle et professionnelle derrière un écran.

Devant la menace, la CNIL a publié une mise au point à destination des entreprises: «Si l’employeur peut contrôler l’activité de ses salariés, il ne peut les placer sous surveillance permanente.» Ainsi, les partages permanents d’écran, les keyloggers ou l’obligation d’activer sa caméra pendant le temps de travail sont considérés comme «disproportionnés» et passibles de sanctions.

Pour autant, l’imposition à bas bruit de cette surveillance bureautique ne se limite pas au télétravail. Avec l’impératif de maintien –ou de reprise– de l’activité économique, certaines entreprises, sur le modèle de Ferrari, conditionnent la présence sur site de leurs salariés à un traçage ubiquitaire et permanent. Chez le géant du conseil PricewaterhouseCoopers (PwC), afin de garantir «la sécurité et la productivité», chaque employé qui souhaite venir sur site –et possiblement échapper à une intrusion domiciliaire quotidienne– doit obligatoirement installer Check In, une application qui permet de suivre leurs mouvements et de détecter les malades le cas échéant. PwC, qui a également développé une balise miniature, calibrée pour les lieux où le smartphone n’est pas autorisé et pour les visiteurs, a d’abord testé sa solution dans ses bureaux new-yorkais, avant d’en faire une véritable opportunité de diversification économique: une soixantaine d’autres entreprises en sont désormais équipées.

Poursuivi en justice outre-Atlantique pour avoir insuffisamment protégé ses travailleurs du Covid-19 tandis que Jeff Bezos consolidait sa place d’homme le plus riche de la planète[1], Amazon a également développé un dispositif maison pour ordonner sa main-d’œuvre dans l’espace. Distance Assistant, qui se présente sous la forme d’un écran de télévision agrémenté de capteurs télémétriques et d’une caméra intelligente, mesure ainsi la distance entre les salariés dans les entrepôts. S’ils se rapprochent trop les uns des autres, un cercle rouge apparaît sur le moniteur. D’abord testé dans quelques entrepôts, le prototype a ensuite été déployé par centaines.

Banalisées par l’épisode pandémique, ces technologies sont d’autant plus redoutables qu’elles étaient déjà expérimentées avant l’irruption du Covid-19.

Outre les applications de contact tracing, dont ces dispositifs sont cousins, certains employeurs préfèrent recourir à de véritables bracelets électroniques. Aux États-Unis toujours, Radiant était jusqu’à présent une société spécialisée dans le traçage logistique, utilisant le GPS et le Bluetooth pour localiser des lits d’hôpital ou des robots sur une chaîne de montage. Désormais, Radiant suit des personnes et vend des gourmettes espionnes à des constructeurs automobiles, qui peuvent ainsi savoir si leurs équipes respectent la distanciation sociale. Si un signal fort entre deux salariés est détecté pendant plus de quinze minutes, l’interaction est stockée sur le cloud, prête à l’usage en cas de test positif. En quelques mois, Radiant a écoulé plus de 10.000 unités. Et tous les secteurs sont égaux devant ce pistage systématisé. La NFL, la ligue de football américain, a acheté 25.000 traqueurs de la taille d’un paquet de chewing-gums à Kinexon, une start-up munichoise. Joueurs, entraîneurs et staffs techniques doivent tous le porter au poignet ou dans la poche.

Estimote, une entreprise américaine, produit des milliers d’objets connectés en Bluetooth, wearables aux couleurs pastel et au design impeccable, qui permettent aux employeurs de suivre eux-mêmes leurs troupes infectées. Quant au personnel hospitalier, il trimbale un disque plus petit qu’une pièce de un dollar autour du cou, fourni par une autre société, AiRISTA Flow, qui vend sa technologie de localisation à des institutions psychiatriques depuis une dizaine d’années, pour empêcher les patients de s’enfuir.

Banalisées par l’épisode pandémique, ces technologies sont d’autant plus redoutables qu’elles étaient déjà expérimentées avant l’irruption du Covid-19, au nom de la sociométrie, cette discipline qui entend étudier les relations interpersonnelles au sein d’un groupe et les cartographier pour réorganiser le travail. On pense ici à Humanyze, cette création du MIT que j’évoquais dans les premières lignes d’À la trace et qui, portée en sautoir, écoute les salariés de la NASA ou de Bank of America et épouse leurs mouvements pour optimiser leurs performances.

On pourrait aussi convoquer Emotiv –les marchands de surveillance en milieu professionnel affichent toujours des raisons sociales bienveillantes–, qui commercialise des écouteurs capables, paraît-il, d’enregistrer les ondes cérébrales, révélant du stress ou de la fatigue, afin de mieux organiser le travail. Dans un cas comme dans l’autre, et c’est encore plus vrai en temps de coronavirus, cette intrusion s’opère au nom du bien-être.

Source SLATE.

 

Covid-19 : les variants inquiètent la France, l’UE envisage les vaccins russe et chinois… Le Point complet sur la situation…

LE POINT SUR LA SITUATION – Nouveaux bilans, nouvelles mesures, faits marquants : Le Figaro fait le point sur les dernières évolutions de la pandémie de Covid-19 dans le monde.

Un flacon de Spoutnik V, le vaccin russe.

 

Emmanuel Macron veut un vaccin pour «tous les Français qui le souhaitent» d’ici la «fin de l’été» ; le vaccin d’AstraZeneca n’est pas recommandé pour les plus de 65 ans ; et Spoutnik V est de plus en plus envisagé en Europe. Le Figaro fait le point sur les dernières grandes informations concernant l’épidémie de Covid-19 en France et dans le monde.

  • Un vaccin pour «tous les Français qui le souhaitent» d’ici la «fin de l’été»

Le président de la République, Emmanuel Macron, a assuré mardi 2 février sur TF1 que la France serait capable de proposer un vaccin à «tous les Français adultes qui le souhaitent», «d’ici la fin de l’été». Il a aussi estimé que, «début mars», auront été vaccinés les 80% des pensionnaires des Ehpad qui le souhaitent, soit 500.000 personnes

  • AstraZeneca non-recommandé aux plus de 65 ans

En France, comme en Suède, les autorités sanitaires ont indiqué qu’elles ne recommandaient pas le vaccin du laboratoire suédo-britannique AstraZeneca aux personnes de plus de 65 ans, faute de données actuellement disponibles sur son efficacité dans cette classe d’âge. En France, ce vaccin pourra être injecté par les pharmaciens.

  • Une mutation du variant anglais inquiète les scientifiques

Une récente étude de Public Health England relayée par la BBC démontre l’existence d’une mutation sur le variant anglais, faisant craindre à la communauté scientifique une baisse de l’efficacité des vaccins. Cette mutation affecte la protéine Spike et a déjà été observée sur les variants sud-africain et brésilien. 11 cas ont été détecté à Bristol (sud de l’Angleterre) et 32 à Liverpool (centre de l’Angleterre).

  • La France face à une «croissance exponentielle» des variants

Les premiers résultats en région parisienne de l’enquête destinée à évaluer la présence des variants plus contagieux du coronavirus en France «ne sont pas bons», a indiqué Rémi Salomon, président de la commission médicale de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), évoquant «une croissance exponentielle». «On était plutôt aux alentours de 6% le 7 janvier et on est monté à 15/20% la semaine dernière», a détaillé ce médecin. Et comme le variant anglais est «40 à 70% plus contagieux, il va y avoir une accélération de l’épidémie si on ne fait significativement rien de plus (…). C’est ça qui nous fait peur», a-t-il souligné. Le gouvernement a appelé employeurs et salariés à se «remobiliser» pour renforcer le télétravail dans les entreprises.

  • L’Union européenne envisage les vaccins russe et chinois

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est montrée ouverte à un accès des vaccins chinois et russe au marché européen à condition qu’ils se soumettent à l’évaluation du régulateur européen, selon des sources parlementaires. «Dès qu’une demande d’autorisation sera soumise par le producteur», a déclaré Emmanuel Macron, «les autorités européennes et nationales regarderont scientifiquement ce vaccin de manière indépendante et, en fonction des résultats, l’homologueront ou pas».

  • Spoutnik V efficace à 91,6%

Le vaccin Spoutnik V, au sujet duquel la Russie avait été accusée de manquer de transparence, est efficace à 91,6% contre les formes symptomatiques, selon des résultats publiés mardi dans la revue médicale The Lancet.

  • 1,54 million de Français vaccinés

Quatre semaines après le début de la vaccination en France, plus de 1,54 million de personnes ont reçu au moins une dose de vaccin. Parmi elles, un peu plus de 67.000 avaient reçu les deux doses lundi soir, selon Santé publique France qui donne ces chiffres avec un jour de décalage.

  • 100 millions de doses de vaccins administrées dans le monde

Plus de 100 millions de doses de vaccins contre le Covid-19 ont été administrées dans le monde, moins de deux mois après le lancement début décembre des premières campagnes de vaccination de masse. Les pays à revenu élevé (au sens de la Banque mondiale), qui n’hébergent que 16% de la population mondiale, concentrent 65% des doses administrées jusqu’à présent dans le monde. Outre Israël, il s’agit, pour l’essentiel, de pays nord-américains, européens et du Golfe (Royaume-Uni, États-Unis, Émirats arabes unis, etc.).

  • Visite de l’OMS à Wuhan

Les experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sont arrivés mercredi à l’Institut de virologie de Wuhan, dans le cadre d’une enquête sur l’origine du coronavirus dans cette ville du centre de la Chine, a constaté une équipe de l’AFP. L’institut comporte plusieurs laboratoires à haute sécurité où des chercheurs travaillent sur des coronavirus. La visite de l’OMS est ultra-sensible pour le pouvoir chinois, qui cherche à évacuer toute responsabilité dans le déclenchement de l’épidémie en 2019.

  • Pfizer s’attend à 15 milliards de dollars de ventes de son vaccin

Le groupe pharmaceutique américain Pfizer estime que les ventes du vaccin anti-Covid, développé en partenariat avec la société allemande BioNTech, atteindront environ 15 milliards de dollars en 2021, somme qui pourrait augmenter si le laboratoire signe des contrats supplémentaires.

  • Les salariés français bientôt autorisés à déjeuner à leur bureau

Les salariés pourront prochainement manger à leur bureau, afin de limiter les possibilités de contamination au coronavirus, a indiqué le ministère du Travail. Un décret en ce sens va être publié «dans les prochains jours». La mesure a été évoquée lundi au cours d’une réunion à distance entre la ministre du Travail, Elisabeth Borne, et les partenaires sociaux. Le Code du travail interdit actuellement aux entreprises de «laisser les travailleurs prendre leur repas dans les locaux affectés au travail».

  • Si un élève est positif en école maternelle, la classe fermera

Désormais, si un élève de maternelle est testé positif au Covid-19, les autres élèves de sa classe seront considérés comme cas contacts, ce qui entraînera de facto sa fermeture, selon le dernier protocole sanitaire publié par le ministère de l’Éducation. Dans le primaire et le secondaire, le port du masque étant obligatoire, l’apparition d’un cas confirmé parmi les enseignants ou les élèves n’entraîne pas automatiquement de contacts à risque dans la classe. Sauf s’il est établi qu’il s’agit de l’un des variants, dans ce cas la classe concernée sera désormais fermée après un seul cas. Jusqu’à présent il fallait trois personnes contaminées pour décider une fermeture de classe.

  • Plus de 2.200.000 morts dans le monde, 600.000 décès en Amérique latine

La pandémie de Covid a fait au moins 2.237.990 morts dans le monde. Plus de 600.000 décès du Covid-19 ont été officiellement enregistrés en Amérique latine et Caraïbes depuis le début de la pandémie en décembre 2019. Les États-Unis sont le pays le plus touché tant en nombre de morts que de cas, avec 446.733 décès, suivis par le Brésil (226.309), le Mexique (159.533), l’Inde (154.486) et le Royaume-Uni (106.564). Le nombre de victimes à l’échelle mondiale est globalement sous-évalué. Il se fonde sur les bilans quotidiens des autorités nationales de santé.

Source LE FIGARO.

Covid-19 : fermeture de classes, masques… Quelles sont les nouvelles règles sanitaires à l’école ?…

Le masque de catégorie 1 est désormais obligatoire pour la plupart des élèves, et une distanciation de deux mètres est imposée entre chaque groupe à la cantine.

Les fermetures de classes devraient être plus fréquentes.

 

«Garder les écoles ouvertes : c’est ma conviction profonde.» Malgré la recrudescence des cas de Covid-19 en France, Jean-Michel Blanquer veut tout faire pour perpétuer la scolarité des enfants et adolescents dans l’Hexagone. Le ministère de l’Éducation nationale a durci lundi 1er février son protocole sanitaire de la maternelle au lycée, entraînant plusieurs changements majeurs censés freiner l’épidémie.

La détection d’un variant entraîne la fermeture d’une classe

«Le schéma de référence est celui d’un enseignement en présentiel pour tous les élèves», explique le protocole en préambule. Au lycée, des cours «hybrides» pourront être délivrés lorsque «cela est nécessaire». Peu de cours à distance, donc, pour les élèves du primaire et du secondaire, qui devront appliquer des «conditions de sécurité strictes».

En revanche, les variants changent la donne. En cas de contamination due à un variant dans une classe de primaire, de collège ou de lycée, cette classe sera fermée. Trois contaminations étaient nécessaires auparavant pour entraîner cette mesure. Le nombre de classes fermées pourrait alors exploser. Face à «une suspicion de variant», la décision de fermeture «doit être appréciée au cas par cas (par) l’ARS, le Rectorat, le chef d’établissement et la Préfecture», précise le protocole.

En maternelle, un seul cas de Covid-19, provenant d’un variant ou non, suffira désormais à fermer la classe, ajoute Europe 1. Si trois cas positifs sont détectés dans une seule classe, les encadrants seront automatiquement déclarés comme cas contacts.

Le masque de catégorie 1 obligatoire

Le port du masque «de catégorie 1» (et non de catégorie 2, moins efficace) est obligatoire pour les personnels et les élèves, à l’exception des écoliers de maternelle pour qui il est «à proscrire». En maternelle, une distanciation d’un mètre est obligatoire entre les élèves de groupes différents, mais pas au sein d’une même classe. En élémentaire, au collège ou au lycée, la distanciation physique s’applique peu importe les circonstances… sauf à l’extérieur pour les élèves d’un même groupe. Aussi, l’aération des salles de classe doit désormais se faire chaque heure, pendant quelques minutes, et non plus toutes les deux heures.

À la cantine, les recommandations diffèrent. Dans le premier degré, «les élèves d’une même classe déjeunent ensemble en maintenant une distanciation d’au moins deux mètres avec ceux des autres classes». S’agissant des élèves des collèges et des lycées, lorsque le respect de la distance de deux mètres entre élèves est «matériellement impossible», il convient de faire déjeuner ensemble les élèves d’un même groupe. Deux mètres doivent séparer chaque groupe. L’objectif est de limiter le brassage du virus. «La mise en œuvre de la distanciation de deux mètres entre classes dans le premier degré et entre groupes dans le second degré devra être mise en place au plus tard le 8 février 2021», précise le protocole. Les tables devront être nettoyées et désinfectées, a minima, après chaque service et, si possible, après chaque repas.

Source LE FIGARO.

 

 

Covid-19 et salles de sport : «Beaucoup d’adhérents font des attestations maquillées»….

Pour pouvoir rouvrir, des clubs de fitness rallument la lumière et les machines pour les porteurs d’une prescription médicale.

Mais cette pratique, entre service rendu et opportunisme, divise la profession.

Près de 300 salles de sport auraient déjà déposé le bilan malgré les aides de l'Etat.

 

Le 2 décembre, Serge Vermeulen a rouvert sa salle de sport, franchisée Fitness Park, à Tarbes. Le groupe aux 240 clubs a passé un accord avec ses licenciés de marque pour leur permettre d’accueillir les abonnés disposant d’une ordonnance médicale pour « activité physique adaptée ». Le club L’Usine, trois salles sélectes à Paris, avait ouvert la brèche mi-octobre en rouvrant son adresse de l’Opéra, suivi par Club Med Gym. Mesure de santé publique ou tentative de la dernière chance pour des entreprises asphyxiées ?

Selon le syndicat FranceActive, de 15 à 20 % des 4.500 salles de fitness (41.000 salariés) seraient déjà en cessation de paiements. Dans le lot, beaucoup d’indépendants ou des petits réseaux, comme Freeness, qui emploie 70 personnes. Selon l’organisation interprofessionnelle Union Sport & Cycle, près de 300 salles ont déposé le bilan au cours des derniers mois.

Une étude menée fin octobre par FranceActive auprès des adhérents affirmait que 60 % disposaient de deux à trois mois de trésorerie.« La promesse d’une catastrophe annoncée, en 2021 », alerte le président Thierry Doll. Malgré les prêts garantis, le Fonds de solidarité – des discussions sont en cours pour en faciliter l’accès -, l’activité partielle… les dégâts sont considérables. En 2020, le syndicat estime la perte de chiffre d’affaires du secteur, fermé six mois, à 50 %, soit 1,3 au lieu de 2,6 milliards d’euros.

Coachs diplômés

A Tarbes, Serge Vermeulen a recommencé à recevoir les jeunes résidents trisomiques de l’institut médico-éducatif Les Hirondelles, public prioritaire. « Avec l’électricité et le chauffage, cela m’occasionne plus de frais que de bénéfices, mais je ne pouvais plus rester les bras croisés. » Il enregistre « une vingtaine de passages par jour » de porteurs d’ordonnance, se reposant sur la responsabilité des médecins face au risque de certificats de complaisance. « J’enregistre tous les justificatifs, en cas de contrôle par la police. » Déjà deux en une semaine.

L’Usine n’en a pas eu. « On est juridiquement droit dans nos bottes », affirme son directeur et cofondateur Patrick Rizzo, même s’il accueille au-delà des « affections de longue durée » (obésité, diabète, maladies cardiovasculaires et rhumatologiques…). A 80 %, il s’agit de rééducation d’une épaule, d’un genou ou de lombaires douloureuses – avec ordonnance. « On est le meilleur médicament et on nous aligne sur les bars, c’est scandaleux », fulmine-t-il, cumulant « 195 jours de fermeture » malgré 45.000 euros de factures pour l’installation de Plexiglas et autres mesures sanitaires.

Mais l’ouverture pour motif médical n’est pas à la portée de toutes les salles de sport, « qui doivent impérativement disposer de coachs diplômés », met en garde Patrick Rizzo. « C’est le pénal qui m’attend si je suis pris en défaut », dit-il. Sur ses 4.000 abonnés, il en a retrouvé 500, plus 200 nouveaux inscrits.

Ces réouvertures pour motif médical font grincer des dents chez FranceActive, qui craint des dérives avec « des salles trop pleines » et la concurrence déloyale. « Cela doit rester strictement dans le cadre des affections de longue durée », plaide Thierry Doll. La chaîne l’Appart Fitness a préféré s’abstenir sur cette pratique jugée « borderline ».

Barnum chauffé

Pour les salles de sport, il est vital de maintenir le lien avec les abonnés. Si elles ont généralisé les séances en ligne, Philippe Leroy, propriétaire du Loft à Rueil-Malmaison, a prêté, lui, du matériel à quelque 200 adhérents pour fidéliser la clientèle. Fin septembre, il faisait partie de ceux qui avaient poursuivi leurs cours en extérieur. « J’ai installé un barnum éclairé et chauffé sur la terrasse. » Mais il faudrait des directives spécifiques pour pouvoir reprendre cette pratique sur les parkings des établissements, qui posent des problèmes d’assurance.

« Après la crise, ce sont les gros qui vont ramasser les miettes. » Serge Vermeulen, lui, a abondé une cagnotte pour des confrères « qui ne peuvent même plus se payer un salaire et dorment dans leur salle ».

Source LES ECHOS.

Changer de regard sur le handicap pour une meilleure inclusion des personnes handicapées…

L’accès à l’emploi des personnes en situation de handicap reste difficile.

La crise du Covid pourrait encore aggraver cette situation, craint Consuelo Bénicourt, directrice RSE chez Sopra Steria.

Elle fait le point sur la situation et révèle les pistes à suivre.

Changer de regard sur le handicap pour une meilleure inclusion des personnes handicapées

 

12 millions : c’est le nombre de personnes touchées par un handicap en France, soit près de 20 % de la population française (1). Le handicap est une cause importante d’exclusion dans la société comme dans l’entreprise, malgré les avancées législatives. Plus de 30 ans après le vote de la loi de 1987 en faveur de l’emploi des personnes handicapées et l’instauration – entre autres – de l’obligation pour les entreprises d’employer au moins 6 % de travailleurs handicapés (2), le bilan reste mitigé. Le taux de chômage des actifs reconnus handicapés (18 %) (3) est aujourd’hui plus du double de la moyenne nationale, tandis que le taux de travailleurs handicapés dans le secteur privé atteint à peine 4 % (3,8 %) (4). Éducation, accès aux infrastructures ou encore insertion professionnelle, force est de constater qu’il reste encore du chemin à parcourir et la crise sanitaire que nous vivons ne fait qu’accentuer ce constat d’exclusion.

La Covid-19 : accélératrice des difficultés pour les personnes en situation de handicap

Inégalités en matière d’accès à l’emploi et au logement, sous-représentation, difficultés d’accessibilité : tandis que le handicap concerne près d’1 Français sur 6, de nombreux progrès restent à faire pour garantir le respect des droits fondamentaux et l’autonomie.

Il ne fait aujourd’hui aucun doute que la Covid-19 accentue les difficultés et inquiète à juste titre les personnes en situation de handicap. En effet, selon un sondage IFOP pour l’AGEFIPH réalisé en juin dernier (5), 48 % des personnes en situation de handicap se disent inquiètes à l’idée de perdre leur emploi dans les mois à venir, 41 % des demandeurs d’emploi en situation de handicap affirment avoir été concernés par le report ou l’annulation d’une formation et 16 % par l’interruption d’un contrat court.

A ces inquiétudes s’ajoutent le bouleversement du quotidien : le port du masque isole les personnes sourdes ou malentendantes, les personnes aveugles ou malvoyantes sont privées du sens du toucher, … Il est urgent que les entreprises adaptent les outils de travail de leurs salariés tout en tenant compte de leur handicap dans les modalités de l’exercice professionnel. Il en va de même pour l’accès à l’enseignement, alors que de nombreux élèves et étudiants en situation de handicap n’ont pas pu suivre leur scolarité pendant plusieurs mois.

Faciliter l’accès à l’enseignement supérieur pour contribuer à l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap

Dans le secteur du numérique, le principal frein au recrutement est le manque de candidats diplômés de l’enseignement supérieur, puisque 80 % des personnes en situation de handicap ont un niveau d’étude inférieur au baccalauréat.

Pourtant, les initiatives pour améliorer l’accès des jeunes en situation de handicap à l’enseignement supérieur ne manquent pas. En attestent les annonces du gouvernement en février 2020, qui souhaite notamment mettre l’accent sur le développement de l’apprentissage et les dispositifs d’accompagnement scolaire pour faciliter leur orientation. Sans oublier les programmes de bourses : alors que l’accès aux études supérieures engendre déjà des frais importants, auxquels s’ajoutent ceux liés à la compensation du handicap, ces aides favorisent l’autonomie et l’indépendance des étudiants en situation de handicap et permettent une meilleure prise en charge de leurs besoins spécifiques.

Si le gouvernement a fait du handicap et de l’insertion professionnelle des personnes handicapées une cause nationale, force est de constater que la crise sanitaire renforce les difficultés sur le plan scolaire. Prenons l’exemple de l’enseignement à distance : les universités ont dû adapter les outils de visioconférence et effectuer des transcriptions pour que les personnes sourdes ou malentendantes puissent suivre les cours en ligne.

Déconstruire les stéréotypes

Le handicap est bien souvent circonscrit aux déficiences physiques et motrices, et représenté par un seul et même élément, le fauteuil roulant. Pourtant, l’AGEFIPH (6) précise que moins de 5 % des personnes touchées par une déficience motrice se déplacent en fauteuil roulant. Cette perception du handicap contribue à forger une représentation sociale plus que partielle, comme l’illustrent les films « Intouchables » et, plus récemment, « Hors-normes ». Autre exemple parmi tant d’autres : pourquoi les stationnements réservés sont-ils uniquement symbolisés par un pictogramme dépeignant un fauteuil roulant ? Il devient urgent de déconstruire ces stéréotypes. Les médias, mais aussi le monde de la culture dans son ensemble, ont un rôle à jouer.

Enfin, dans le monde de l’entreprise, il est important de mettre en œuvre des initiatives permettant de lutter contre ces stéréotypes, à l’externe comme en interne, pour faciliter l’intégration des personnes en situation de handicap. A l’externe, cela peut se traduire par des programmes de soutien scolaire, la participation à des rencontres ou encore le soutien de challenges étudiants. En interne, il est important d’accompagner les managers et les équipes, ou encore de proposer des sessions de e-learning, et de prendre en considération les difficultés supplémentaires liées à la crise sanitaire.

Le gouvernement et les entreprises ont déjà beaucoup œuvré pour une meilleure représentation des personnes handicapées. C’est une dynamique positive qu’il nous faut accélérer, surtout face à la situation inédite que nous vivons : les médias et la société civile doivent jouer leur rôle et partager une vision du handicap plus réaliste pour contribuer à déconstruire les stéréotypes et faire prendre conscience des difficultés supplémentaires qu’engendrent la crise sanitaire.

Plus que jamais, l’inclusion doit être une priorité et le numérique en est un véritable accélérateur : à nous, entreprises, d’accompagner et de soutenir l’innovation. Collectivement, agissons pour faciliter l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées et construire un monde d’après inclusif.

Consuelo Bénicourt, Directrice RSE chez Sopra Steria

Les avis d’experts sont publiés sous l’entière responsabilité de leurs auteurs et n’engagent en rien la rédaction de L’Usine nouvelle.


(3)Taux de chômage des personnes handicapées en 2018 (Source : Agefiph.fr, Chiffres-clés juin 2019)

(4)Taux d’emploi direct 1 de personnes handicapées en 2016 dans les entreprises privées (Source : Agefiph.fr, Chiffres-clés juin 2019)

(6) AGEFIPH (Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées)

Source L’USINE NOUVELLE.

À quoi ressemblera la vie après le Covid-19 ?…

Depuis bientôt un an, le Covid-19 bouleverse notre quotidien et nous oblige à réinventer nos vies et nos rapports sociaux.

Que restera-t-il de cette pandémie une fois le coronavirus maîtrisé ?

Quels enseignements tirerons-nous de cette crise sanitaire ? Entretien avec l’anthropologue Michel Agier.

À quoi ressemblera la vie après le Covid-19 ?

 

Quelle vie aurons-nous après le Covid-19 ? Pour les chercheurs en sciences sociales, la pandémie qui bouleverse notre planète depuis bientôt un an est un puits de réflexion. Même si cette crise sanitaire est loin d’être terminée, elle révèle déjà de profonds changements dans notre société et notre façon de vivre.

Pour l’édition du soir, l’anthropologue Michel Agier, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, a accepté d’analyser cette période inédite et de partager ses réflexions sur ce qu’il pourrait en rester après.

Michel Agier, peut-on dire que cette crise sanitaire est un moment historique ?

C’est un fait social total, qui bouscule toute la société. Notre organisation sociale et économique, personnelle et collective, est transformée par cette pandémie. C’est une rupture. Une sorte de catastrophe qui est en train de radicalement changer l’organisation de la vie des humains en société, notre rapport avec la nature. Et cela est brutal. Même si on en parlait depuis un certain temps, on s’y retrouve confrontés brusquement.

L’incertitude est désormais notre quotidien. Ce virus a-t-il changé notre rapport à la peur ?

La réponse à un événement inconnu, c’est la peur. C’est une réaction profondément humaine. Avec le Covid-19, on a vu un retour à la peur cosmique, comme à l’époque médiévale. Celle-ci nous rappelle notre faiblesse face à la nature. Nous sommes ramenés à la vulnérabilité de nos petites vies, sidérés devant la puissance des forces climatiques, atmosphériques, etc. de la Terre. Nous devons reconnaître que nous ne maîtrisons pas la nature.

À cette peur cosmique s’ajoute une diversité d’autres peurs qui arrivent toutes en même temps : celle de la mort, de la maladie notamment. La peur sociale aussi, avec des interrogations sur les conséquences économiques de cette crise.

Elles sont présentes dans toute la société, mais ressenties différemment selon les générations. Les jeunes craignent plutôt ce qui va leur arriver avec cette désorganisation sociale et les personnes plus âgées redoutent la maladie, la mort…

Pourquoi les gens ont-ils si peur alors que beaucoup ne sont pas directement confrontés au virus ?

Nous n’avons rien vu. C’est justement à cette question que répond le début de mon dernier ouvrage [Vivre avec des épouvantails : le monde, les corps, la peur, aux Éditions Première parallèle, NdlR]. La peur est d’autant plus forte qu’on ne voit pas la menace. On ne voit d’autant rien qu’on est confinés dans son espace privé. La plupart des gens ne sont pas confrontés directement au coronavirus et doivent accepter de croire en la gravité de la situation au travers des informations qui leur arrivent. C’est justement la porte ouverte au complotisme.

Cela me rappelle des situations de guerre que j’ai vécu en Colombie dans les années 1990. On ne voyait pas la guerre mais on la subissait. Nos possibilités de se déplacer se réduisaient. On se retrouvait de plus en plus confinés, dans notre espace privé. On vit un peu la même chose avec cette pandémie.

À quoi ressemblera la vie après le Covid-19 ?

Peut-on donc comparer cette crise sanitaire à une situation de guerre, comme Emmanuel Macron l’a fait ?

Non. C’est l’opposé de mon point de vue. C’est une mauvaise idée d’avoir dit ça aux français. Une guerre concerne les combattants et a des effets sur la société. La pandémie est bien différente, elle touche toute la société. C’est d’ailleurs pour ça que la peur est diffuse et diffusée. Tout le monde est potentiellement concerné, alors que dans une guerre il y a des cibles. Cette pandémie est plutôt une forme de catastrophe naturelle.

La réponse des États est-elle la bonne ?

Les gouvernements entretiennent le climat de peur en prenant des mesures sécuritaires dans un but sanitaire. La pandémie est devenue un argument massue pour contrôler davantage la population. C’est d’ailleurs la situation rêvée des régimes autoritaires… Nous sommes épargnés dans nos démocraties européennes, mais les mesures autoritaires pourraient tout à fait se renforcer. Il faut s’interroger.

La fermeture des frontières, par exemple, n’est pas efficace, on l’a vu. Le virus ne reconnaît pas les frontières et il a justement emprunté les circuits de la mondialisation économique et des grandes métropoles pour se diffuser très rapidement.

Sans interférer dans le débat médical, cette politique de la peur me semble inappropriée : il faut ouvrir le débat, mettre en place des formes de participation citoyenne aux mesures qui sont prises… Faire en sorte que les gens prennent part en toute conscience à leur protection sanitaire et participent au choix des mesures pour y adhérer. Aujourd’hui, nous sommes davantage dans l’infantilisation. Si les mesures de protection ne viennent pas de la conscience civique, il faudra toujours plus serrer le verrou sécuritaire pour qu’elles soient suivies.

Comment dompter ces peurs pour continuer de vivre à peu près normalement ?

On a besoin de se créer des objets qui isolent la peur, la détachent de notre mental. On a aussi plutôt intérêt à rire de la peur, de notre propre peur, la transcrire en littérature, en tableaux, en poèmes… Tous ces artefacts naissent quand il y a des crises.

La littérature d’anticipation, les fictions, les dystopies se sont considérablement développées depuis une vingtaine d’années. Elles viennent précisément du climat d’incertitudes relatif au monde d’après. Le coronavirus s’intègre dans cette histoire-là, celle d’un monde qui a perdu ses repères, la protection de l’État social. Les individus sont de plus en plus livrés à eux-mêmes, au risque d’abandon. Cela renforce ce sentiment général d’anxiété et le besoin d’imaginer un autre monde, meilleur.

À quoi ressemblera la vie après le Covid-19 ?

L’exception est devenue la norme, comme le port du masque. Que restera-t-il une fois la pandémie derrière nous ?

On est déjà dans des formes de vie qui nous font davantage penser à la science-fiction, aux romans d’anticipation. Parler devant une assemblée vide, remplacer 200 000 personnes par autant de drapeaux lors de l’investiture américaine, travailler en distanciel derrière un écran… On remplace les gens par des petits épouvantails, des artefacts. C’est du jamais vu. Nos corps s’y sont habitués, notre conscience n’a pas encore actualisé.

On s’habitue à l’exception, comme le port du masque, qui nous faisait sourire quand on le voyait dans les pays asiatiques. Si cela reste, je ne le vois pas d’un mauvais œil car c’est une des formes les plus démocratiques de se protéger.

En revanche, je perçois de manière plus inquiète les formes de distance physique issues du confinement et qui se créent entre les personnes privées de contacts directs, physiques. À terme, cela peut produire de la distance sociale et nous transporter vers une forme de dystopie inquiétante. Cela peut justement être évité avec la protection des corps de chacun (lavage de main, masques), une mesure adaptée à la circulation d’un virus.

Pensez-vous donc que cette crise sanitaire va changer nos rapports sociaux ?

C’est difficile de dire ce que cela donnera dans un, deux ou dix ans. Je ne suis pas voyant. Mais objectivement, on peut déjà voir aujourd’hui que le Covid distend les relations. Même si on résiste en utilisant comme substitut des moyens de communication indirect (téléphone, internet, etc.), cela crée de la distance entre les personnes. L’individualisation de la vie, la tendance à la rétraction sur soi qui existait déjà a tendance à se renforcer.

Travail, environnement, consommation, voyage, spiritualité… Plusieurs voix s’accordent pour dire que cette crise va profondément nous transformer. Êtes-vous d’accord avec cette idée ?

C’est difficile de prédire ce qui va rester. Faire davantage attention à ce que l’on mange, aux dégâts que l’on fait à la nature… Ce qu’on peut constater déjà, c’est la prise de conscience écologique. S’est-elle faite à l’échelle mondiale ? On ne le saura pas tout de suite, il faudra du temps.

Par ailleurs, les virus, il y en aura d’autres, il faut apprendre à vivre avec cette réalité-là. On ne pourra pas toujours avancer dans la peur et l’utiliser pour prendre des mesures sécuritaires. Il faut faire confiance aux gens. Ce n’est pas avec des contraventions que les citoyens participeront mieux à la protection générale contre l’épidémie. On ne peut pas non plus supprimer les mobilités de tout le monde sur la planète. On ne peut pas être dans l’enfermement sur soi. La mobilité devra s’adapter à la nécessité de protéger la planète.

À quoi pourrait ressembler alors le monde d’après ?

Le monde d’après n’existe pas, il est déjà là. C’est un présent qui dure. Le monde d’après, dont on a beaucoup parlé lors du premier confinement, est devenu un terme de ralliement politique pour ceux qui veulent imaginer un monde meilleur ou revenir à celui d’avant. Cela n’existe pas, c’est une espèce de mythe, une construction imaginaire pour sortir de notre sidération, consumer notre peur.

On n’aura d’ailleurs sans doute pas conscience qu’on est sorti de cette crise. Peut-être qu’un jour quelqu’un dira : « Tiens, c’est fini ! » Mais cela n’arriva pas du jour au lendemain comme un changement de président ou un armistice de guerre. Les transformations de la société seront donc progressives.

Source OUEST FRANCE.