Allier – Pour ces mamans d’enfants souffrant de handicap, le congé « proche aidant » est une « première avancée »…

C’est un début de reconnaissance, pour ceux qu’on appelle les aidants familiaux.

Depuis le 1er octobre, le congé proche aidant offre aux salariés la possibilité de faire une pause pour prendre soin d’une personne dépendante, tout en étant payé.

Pour ces mamans d’enfants souffrant de handicap, le congé "proche aidant" est une "première avancée".

Dans l’Allier, deux mamans d’enfants souffrant de handicap, y voient une première avancée, mais encore insuffisante, au vu de leur quotidien ultra chargé.

Mener de front activité professionnelle et accompagnement d’un enfant souffrant d’un handicap n’est pas simple. Doubles journées, rendez-vous médicaux, piles de papier à remplir, c’est le quotidien de ces mamans.
Parent en perte d’autonomie, conjoint malade…

Depuis le 1er octobre, le congé qui permet à un salarié du privé, fonctionnaire, indépendant ou demandeur d’emploi, d’arrêter son activité professionnelle pour accompagner un membre de sa famille, est indemnisé. D’une durée maximale de trois mois, il peut être renouvelé, sans dépasser un an sur l’ensemble de la carrière du salarié. L’allocation journalière du proche aidant est de 52 € pour un aidant vivant seul et 44 € pour une personne vivant en couple. Elle est versée par les CAF ou la MSA.

« Dans mon cas, un an, ça fait longtemps que ça a été mangé avec tous les rendez-vous médicaux »

Pour Véronique Chomet, Yzeurienne maman de Gabriel, 15 ans, souffrant de la myopathie de Duchenne (1), « c’est une avancée, cela peut être bénéfique dans le cadre de pathologies peu lourdes. Mais dans mon cas, un an, ça fait longtemps que ça a été mangé avec tous les rendez-vous médicaux ».

Son fils souffre d’une maladie génétique provoquant une dégénérescence progressive des muscles de l’organisme. Au lycée moulinois où il étudie, Gabriel, en fauteuil électrique, est accompagné par une AESH (Accompagnant des élèves en situation de handicap).

Véronique Chomet est elle-même AESH à temps partiel (à 60%) après avoir travaillé à temps complet dans le privé. Un choix du cœur, mais pas que : « Dans le privé, c’était compliqué. Je n’arrivais pas à dire que je devais m’absenter. J’ai parfois dû poser des congés pour des rendez-vous. Là, je suis libre à partir de 17 heures, c’est plus simple ». Car il lui faut jongler entre les rendez-vous chez le kiné (2 par semaine), ceux avec des spécialistes à Clermont-Ferrand : « Huit jusqu’en décembre, pour lesquels le temps de trajet mange toute la journée ».

« Qu’on se rende compte du temps que ça prend, de l’énergie que ça demande »

Et le quotidien : aider son fils à se laver, s’habiller… « Il faut trouver une place handicapée pour se garer, sortir le fauteuil. Cela demande d’une bonne gestion d’emploi du temps. Tout doit être réfléchi. Je ne fais plus rien de spontané ». Un quotidien parfois « fastidieux, monotone ». Au total, elle comptabilise 3 heures par jour pour son rôle d’aidant. Mais cela n’empêche ni les sorties au PAL, au ciné, ni les crises de fous rires.

Pour ces mamans d’enfants souffrant de handicap, le congé "proche aidant" est une "première avancée"

Parfois, on culpabilise parce qu’en continuant à exercer une activité professionnelle on est fatigué, moins disponible, mais il y a aussi des moments de fous rires, où on souffle. Il ne faut pas en vouloir à la terre entière, car ce n’est la faute de personne.

On y pense moins, mais il y a aussi le portage des dossiers administratifs : MDPH (Maison départementale des personnes handicapées), médicaux. « J’y passe une heure par semaine. Il y a toujours un document qui manque. J’ai une formation de secrétariat, ça m’aide à gérer le planning des rendez-vous. Pour ceux qui ne sont pas à l’aise avec l’informatique, ça doit être un casse-tête ».

Véronique, divorcée, s’appuie sur son ex-mari, ce qui lui permet « de souffler un peu », et sur sa fille, Lucie, 12 ans. « Elle met la table, fait de petites choses, mais je ne veux pas lui mettre ce poids. Je me suis rendu compte que je lui en demandais trop. Je ne veux pas qu’elle ait l’impression d’être une aide à domicile. Il faut qu’elle ait sa vie de préado ! »

Pour ces mamans d’enfants souffrant de handicap, le congé "proche aidant" est une "première avancée"

Malgré ses proches, Véronique se sent parfois seule : « On m’a proposé un soutien psychologique, mais à Clermont. Je n’ai pas le temps ! Ce que j’aimerais, c’est qu’on se rende compte du temps que ça prend, de l’énergie que ça demande ».

Elle plaide surtout pour davantage de reconnaissance : « Ce terme ”d’aidant”, c’est comme si on était extérieur à la situation, comme aide à domicile, alors qu’on est dedans tout le temps ! Il faudrait aller plus loin, une reconnaissance similaire à une situation professionnelle. »

À Neuilly-le-Réal, Céline Aussert, maman de Lucas, 10 ans, atteint du syndrome d’Asperger (2), scolarisé en école primaire, attend elle aussi davantage de reconnaissance. « Ce congé, c’est un bon début, mais je me demande comment font les mamans qui travaillent du lundi au vendredi. Un an sur toute une carrière, ce n’est pas beaucoup ».

« Un an sur une carrière, ce n’est pas beaucoup »

La Bourbonnaise, aussi maman de Jules, 5 ans, est agent en école, ce qui lui permet de caler les rendez-vous médicaux le mercredi. « Et j’ai la chance d’avoir les vacances scolaires. J’ai quand même dû parfois poser des jours sans solde, quand ce n’est pas possible d’avoir rendez-vous mercredi ».

Chez le psychiatre, une fois par mois à Clermont, c’est « bataille pour avoir le mercredi. Les places sont rares ». Il y a aussi les rendez-vous chez un pédiatre spécialisé dans les troubles du spectre autistique à Montluçon.

Après plusieurs années de suivi chez un ortoptiste et une psychomotricienne à Gannat, « des après-midi entiers », elle vient d’obtenir une place au Service d’éducation spéciale et de soins à domicile l’Envol, à Moulins.

Remplir le dossier de 30 pages de la MDPH,
« une grosse galère »

Malgré le soutien de son mari, Céline se sent souvent seule dans ce « combat ». « Il y a eu cinq ans d’errance médicale avant qu’un diagnostic soit posé. Remplir le dossier de 30 pages de la MDPH (Maison Départementale des personnes handicapéestous les deux ans, c’est une grosse galère, épuisant ».

Elle évoque aussi les démarches pour obtenir une aide de transport, refusée au motif qu’elle habitait trop loin. « Je mets ma vie entre parenthèses pour mon fils. J’ai renoncé au sport. Le mercredi est consacré aux rendez-vous médicaux.

Ce n’est pas simple pour Jules, il n’a pas la vie d’un enfant de 5 ans ». Elle avoue de « gros coups de blues » : « Un soutien psychologique, ce serait bien. Car on vous pose un diagnostic, et on vous dit, débrouillez-vous. L’autisme est encore méconnu, suscite beaucoup d’incompréhension ».

(1) Elle a créé l’association Des ailes pour Gabriel. But : récolter des fonds pour améliorer le quotidien de Gabriel.
(2) Cette forme d’autisme sans déficience intellectuelle affecte la manière dont la personne communique avec les autres.

Source LA MONTAGNE.

 

Alzheimer : comment parler à un proche malade ? Alzheimer est-elle notre plus grande peur à tous ?…

Plus de 900.000 personnes sont touchées par la maladie d’Alzheimer en France.

Alors comment adopter un comportement adéquat vis-à-vis d’un proche touché par cette maladie ?

La maladie d’Alzheimer provoque des pertes de mémoire et complique fortement la vie des personnes atteintes. Elle touche aujourd’hui plus de 900.000 personnes en France.

Il n’est pas évident d’adopter un comportement adéquat en présence d’un proche que l’on a connu en parfaite forme, actif, bien portant, les idées en place et qui a changé du jour au lendemain à cause de sa maladie.

Le point le plus important est de ne jamais se mettre en colère. Cela peut devenir énervant de répéter la même chose une dizaine de fois ou de nettoyer tout ce que peut renverser la personne atteinte mais il faut savoir se maîtriser.

Il savoir faire preuve d’empathie. On est jamais aussi efficace et pertinent que quand on prend la peine de se mettre à la place de l’autre. L’autre en l’occurrence est un proche qui, bien qu’il n’ait plus toute sa tête, se rien compte que quelque chose ne vas pas. Dans ce contexte, l’agressivité ne fait qu’accentuer un repli sur soi qui, lui, ne fera que profiter à la maladie.

Rester bienveillant.

Il est primordial de faire en sorte que le proche atteint par la maladie d’Alzheimer sente qu’il fait pleinement partie de votre vie ou de la famille. Il doit sentir qu’il est à sa place là où il se trouve. Il faut donc continuer de lui parler de la même manière que vous lui parliez avant qu’il ne soit atteint. Ne lui parlez pas comme s’il était un enfant, il reste un adulte. Ce comportement est humiliant et contre-productif.

Savoir anticiper certaines situations est inévitable. Si vous dites, par exemple, au patient qu’il doit se préparer pour un rendez-vous dans l’après-midi, ne lui dites pas cinq heures avant. Sinon, il aura oublié. Autre exemple, si un ami est invité chez vous. La personne malade risque très probablement de ne plus se souvenir de son nom. Dans ce cas, pour qu’il ne se retrouve pas dans l’embarras, prévenez-le : « Tiens voilà Untel, le fils de Truc ou de Bidule ».

Toutes les infos que vous donnez au dernier moment aident la personne dont la mémoire s’effiloche à avoir la bonne réaction.

Laissez le malade radoter

Cela peut sembler paradoxale mais les personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer sont capables d’aller chercher des anecdotes très anciennes au fin fond de leur mémoire. Si vous l’avez déjà entendue où qu’il l’a déjà racontée, ne relevez surtout pas le fait qu’il radote.

Une personne qui raconte de vieux souvenirs, c’est une personne qui retrouve de l’assurance, de l’estime de soi, parce qu’elle s’ancre dans une époque où elle était en pleine possession de ses moyens.

Son récit est donc fluide, cela va même lui procurer du plaisir. De plus, il demeure très important de continuer à parler lorsqu’on est touché par cette maladie, c’est pourquoi l’orthophonie est préconisée par les spécialistes.7

Source RTL.

Aidants familiaux : le sacrifice douloureux d’une Guérétoise…

Selon un sondage Occurrence publié hier, 9% des français seraient en situation d’aide familiale.

Choisir d’être aidant familial, c’est faire un sacrifice, souvent source d’un grand malaise.

En France plus de 10 millions de personnes aident au quotidien leurs proches malades ou dépendants.

Béatrice vit à Guéret. Sa mère a été diagnostiqués Alzheimer en 2017. Et depuis le début de l’année son état s’est aggravé. Alors Béatrice a fait le choix de « mettre sa vie entre parenthèses. » Elle n’a pas arrêté de travailler, mais elle a « mis de côté plein de choses pour [se] consacrer à [sa] maman. »

Une fois sa première journée de travail terminée, Béatrice en commence aussitôt une deuxième. Elle conduit jusque chez sa mère, à 50 kilomètres de Guéret, où elle passe la soirée, la nuit, « et le matin avant de me rendre à mon travail. » Pendant la journée, c’est son frère qui prend le relais.

« Une deuxième journée de travail »

Béatrice ne se le cache pas, elle est épuisée : « C’est une deuxième journée de travail, avec une charge émotionnelle et affective importante. Et c’est bénévole. »

Pour l’hygiène et les repas, des aides à domicile s’occupent de la maman de Béatrice. Lui reste à charge, avec son frère, d’assurer une présence, et de maintenir des repères psychologiques pour sa maman. Il a fallu réapprendre à vivre avec elle, car pour une personne malade d’Alzheimer, « tout changement est vécu comme une agression. » Il a fallu réapprendre des gestes, «qu’on pensait quelconques, mais qui finalement l’agressent, donc il faut être vigilant. » 

Adopter ce comportement d’attention et d’empathie, c’est du travail. « Ça demande une réflexion et une analyse. Avec mon frère on discute, et on se demande, comment faire au mieux? Et je ne suis pas sûre que parfois on y parvienne vraiment. »

« Qu’est-ce que c’est trois mois? »

Le congé pour proches aidants entré en vigueur début octobre? « Ça n’est pas suffisant, constate Béatrice. Trois mois qu’est-ce que c’est? C’est sortir une personne en Ehpad pendant 3 mois? Ou c’est repousser de 3 mois une échéance pour mettre la personne en institution dans un deuxième temps? ».

Source FRANCE BLEU.

 

Vendée :  » Impossible de gérer l’angoisse de vivre confiné » – Proche malade, les aidants ont encore besoin de soutien… Vidéo.

En France, huit millions d’aidants accompagnent un proche malade ou en situation de handicap.

Face à la difficulté du quotidien, des associations leur viennent en aide.

Avec le confinement, elles se sont révélées essentielles.

L'association Bulle d'Air en Vendée, propose des relayeurs pour soulager les aidants

Entre Noëlle et Jean Bourbé, la communication n’est plus aussi claire qu’avant. Ils se parlent avec les yeux et quelques gestes discrets. Après deux AVC, Jean a perdu à 90 ans, l’usage de la parole. Il se déplace aussi avec beaucoup de difficultés. Son épouse veille alors sur lui au quotidien dans leur appartement de La Roche-sur-Yon en Vendée. Elle est ce qu’on appelle une aidante.

Ils seraient 8 à 11 millions en France, principalement des femmes, à aider un proche au quotidien.

L’épreuve du confinement

Après des mois de confinement et l’hospitalisation de son mari en juin dernier, Noëlle prend pourtant conscience de sa propre fragilité et de la nécessité de se faire accompagner. « Son docteur m’avait dit de faire attention, car je risquais de glisser avec lui. »
Sans l’aide médicale habituelle, le confinement s’est révélé être une épreuve supplémentaire pour les aidants. Dans une enquête réalisée auprès de 789 personnes par le collectif Je t’Aide, 21% estiment n’avoir aucune solution pour aider l’aidant en l’absence de professionnel. Et dans 42% des cas, devaient se résoudre à réaliser eux-mêmes les actes pratiqués par les soignants, sans y être formés.

« Impossibilité de gérer l’angoisse de vivre confiné »

C’est notamment la charge de l’aide ressentie maximale qui a triplé pendant le confinement. Les problèmes communs à 63 millions de Français pendant ces quelques semaines – manque d’activités sportives et culturelles, sorties limitées, angoisse, etc – se sont transformées en véritables handicaps pour les aidés et leur aidants.

Les crises de colère avec coups se sont intensifiées et multipliées. Il demande de la nourriture, c’est incessant. Il a des obsessions mentales qui ont augmenté, le sommeil s’est dégradé (réveil toutes les heures). Impossibilité de gérer l’angoisse de vivre confiné : il voudrait sortir en permanence, donc il s’échappe de l’appartement régulièrement si on oublie de fermer la porte

peut-on ainsi lire parmi les témoignages.

Les associations à la rescousse

Depuis quelques mois, Noëlle et Jean peuvent bénéficier d’une relayeuse de l’association Bulle d’air. Deux fois par semaine, Céline Vicomte vient s’occuper de Jean. Elle lui fait faire des activités adaptées et lui fait la conversation.

Grâce à la présence de Céline, Noëlle renoue avec sa vie sociale. « C’est un vrai bonheur de pouvoir effectivement respirer. Partir de chez soi ». Elle se soulève du poids de la culpabilité car elle perçoit aussi les bienfaits pour son mari. « C’est bien qu’il soit avec quelqu’un d’autre parce qu’il est complètement différent, avec Céline ».

En Vendée, l’association Bulle d’air emploie actuellement 11 relayeurs et relayeuses, principalement des gens issus du monde médical nécessitant un complément d’emploi.

Trois mois de congés

Depuis le 1er octobre 2020, les aidants peuvent bénéficier d’un congé de 3 mois, rémunéré entre 43 et 52 euros par jour. Une « belle avancée » pour Patricia Le Rose, Présidente de France Alzheimer en Loire-Atlantique, mais encore trop insuffisant.

Elle-même a été aidante pour ses parents atteints de la maladie d’Alzheimer :

Heureusement, j’ai pu m’appuyer sur une équipe et sur ma famille qui m’ont beaucoup aidé

Actuellement, il existe une formation gratuite pour les aidants. Pour elle, cette formation est « essentielle », ne serait-ce que pour l’échange avec les autres. « En arrivant, ils sont fatigués, stressés. En ressortant, ils ont déjà le sourire parce qu’ils ont pu échanger avec des gens qui ont les mêmes soucis qu’eux. » Elle ajoute, « on voit qu’au fil de la formation, il se crée des amitiés ».

Source FR3.

Pontarlier (Haut-Doubs) : aides à domicile et auxiliaires de vie, les grands oubliés de la crise sanitaire… Vidéo.

A Pontarlier, « Domicile adoré » emploie une vingtaine de salariés.

Elles et ils sont aides à domicile ou auxiliaires de vie.

Un métier indispensable, mais mal payé et oublié des pouvoirs publics. Nous avons rencontré des professionnels qui parlent pourtant d’un métier passion.

Odette Guinchard a 100 ans. A Pontarlier, grâce au travail des aides à domicile, elle peut rester vivre chez elle.

Dès notre arrivée dans l’appartement, nous voilà prévenus : « Appelez-le Steve Mac Queen, c’est comme ça qu’il veut qu’on lui parle ! », précise Liliane, sa maman.

Steve Tamborini a 40 ans. Il vit à Pontarlier, dans le Haut-Doubs. La formule magique fonctionne : à peine prononcé le « bonjour Steve Mac Queen !« , ce grand gaillard nous sourit.

Dans son fauteuil roulant, devant la télé, il regarde un concert de son idole, Johnny Halliday. Les concerts, il les connaît tous. Surtout celui où le fils du chanteur monte sur scène pour l’accompagner… c’est comment son nom d’ailleurs ? « David ! » précise Steve. Un fan, assurément ! Steve est  même habillé d’un t-shirt au nom de Johnny. C’est un cadeau de son aide à domicile préférée, Gaëlle Fourneret.

Elle est à ses côtés, Gaëlle, le temps d’un goûter. Tout le monde la considère un peu comme une amie :

« Quand elles viennent pour s’occuper de Steve, vous ne pouvez pas imaginer à quel point je suis soulagée ! Elles sont même venues au mariage de ma fille, pour aider à le porter. »

     Liliane Thierret, la maman de Steve

 

La visite d'une aide à domicile comme Gaëlle Fourneret est aussi un soulagement pour les familles.

Gaëlle apprécie le compliment : « bien sûr ça nous fait plaisir, mais pour nous c’est normal, c’est notre métier ! Je me sens utile, ce que les personnes nous racontent, ça nous enrichit. »

L’aide à domicile semble être un métier passion. Il faut cette dimension-là pour côtoyer tous les jours tant de personnes, avec leurs vies faites de bonheurs et de malheurs. Liliane partage ainsi son quotidien  :

« Je vis dans la peur, parce que Steve n’a pas de défense immunitaire. S’il tombe malade du Covid, il ne s’en sortira pas.  Avant, on allait au restaurant, c’était notre petit plaisir à nous, on allait voir des amis. Pendant le confinement, il était très bien pris en charge et entouré dans son institut. Mais il était en larmes, tous les soirs au téléphone avec nous, ça a été très dur ».

Aide à domicile, un métier méconnu et mal payé

Pour l’essentiel, ce sont les personnes âgées, ou handicapées, qui font appel aux services des aides à domicile.

Gaëlle Fourneret est salariée de la société Domicile adoré. Sa directrice, Marie-Christine Berthoulot Klein, a été infirmière pendant de longues années. Elle a créé l’entreprise, à Pontarlier, en 2009.  Très vite, elle a constaté que le métier d’aide à domicile était méconnu :

« Historiquement l’aide à domicile, c’est l’aide ménagère. Il y en a encore qui parle de la femme de ménage ! Pourtant, on est des soignantes dans le sens où l’on prend soin de la personne. »

    Marie-Christine Berthoulot Klein, gérante d’une entreprise d’aide à domicile

Elle précise son propos : « On est dans la prévention des chutes, les régimes alimentaires, en cas de diabète ou d’obésité, le soutien psychologique, l’hygiène. »

Polyvalence, compétences multiples : pourtant, les salaires sont bas, et les emplois souvent à temps partiel. Selon Marie-Christine Berthoulot Klein, la méconnaissance du métier amène les financeurs à négliger les aides à domicile. Pouvoirs publics, conseils départementaux, caisses de retraite et mutuelles, tirent les tarifs vers le bas.

« On ne doit pas s’attacher, mais on s’attache forcément »

Maurice Henriet a 90 ans. Il lit le journal, assis dans la cuisine de sa maison, à Pontarlier. Le silence est à peine perturbé par le tic-tac d’une horloge. Dans la pièce à côté, Philippe Prebin fait le ménage. Il est un des rares hommes à exercer le métier d’aide à domicile.

« Faire le ménage chez des personnes, c’est leur rendre la vie plus agréable. On parle de tout et de rien. La relation humaine est importante, même si ce n’est que du ménage.  »

  Philippe Prebin, aide à domicile

Philippe Prebin, aide à domicile à Pontarlier : "Normalement, dans ce métier, on ne doit pas s'attacher aux personnes, mais on s'attache forcément".

Après le ménage, un café avec Maurice, quelques mots échangés… Philippe remplit le cahier de liaison. Il note le détail de son intervention, ses observations, son regard sur l’état de santé de Maurice. Le cahier de liaison reste sur place. Il est à la disposition des autres intervenants. Maurice y a accès lui aussi, s’il souhaite le lire.

Philippe Prebin a travaillé dans le bâtiment et le nettoyage industriel. Il est à l’aise dans son nouveau métier d’aide à domicile. Malgré un salaire faible : « Ce n’est que du positif, même si on sait qu’à la fin du mois, ça va être un peu dur. Les gens nous donnent leur sourire, même quand ils nous parlent de leurs problèmes, ça fait plaisir de voir des gens heureux qu’on soit là ! »

Pourtant, la vie d’aide à domicile est aussi marquée par la mort des bénéficiaires : « C’est arrivé deux fois au mois de mars, deux personnes que je voyais régulièrement. Dans ce métier, normalement, on ne doit pas s’attacher, mais on s’attache forcément. Le jour où la personne part, ça fait un vide quand même… »

« On fait un travail de l’ombre, on est invisibles ! »

En France, 320 000 personnes sont des aides à domicile. Certaines sont indépendantes, payées par les bénéficiaires grâce au CESU, le chèque emploi service universel. La majorité est constituée de salariés d’entreprises et d’associations, ou d’employés par les CCAS, les centres communaux d’action sociale. Autant de statuts différents, autant de différences de traitement.

Regrouper les aides à domicile et faire entendre leur voix, c’est le but du collectif la force invisible des aides à domicile.

Sa fondatrice, Anne Laurent,  travaille à Bordeaux, en Nouvelle-Aquitaine :

Tout est parti de la pandémie. J’avais eu une journée très, très dure. Dans ce métier, on se sent seule, je me suis dit qu’un collectif permettrait de faire connaître nos revendications.

Le confinement lui laisse un goût amer : « à part les bénéficiaires et les familles, on est invisibles et on n’a plus envie de l’être ! On fait un travail de l’ombre, on intervient à domicile, ce n’est pas comme dans les Ehpad où on voit le personnel et leur travail ».

Le collectif "la force invisible des aides à domicile", très présent sur les réseaux sociaux, est né au moment du déconfinement.

Enfant, Anne s’occupe de sa soeur, handicapée. Le mercredi, elle est à ses côtés, à l’institut médico-éducatif. Ce n’est pas une corvée, mais une évidence : elle aime aider les autres.

« Pendant la pandémie, des bénéficiaires m’ont fait pleurer parce qu’ils sont sortis m’acheter une boîte de chocolat ! Ils m’ont dit heureusement que vous êtes là, vous écoutez nos souffrances, quand vous arrivez, vous avez le sourire. »

Anne Laurent, collectif des aides à domicile

Il semble difficile de faire carrière dans le métier : « C’est un secteur à l’agonie, les filles accumulent les arrêts maladie, les accidents du travail sont nombreux. Quand on est mal formé ou quand on est fatigué, on se blesse, surtout au dos pendant les transferts des personnes, du lit au fauteuil par exemple ».

L’amélioration des conditions de travail est une urgence selon Anne : « On vous donne un planning la veille pour le lendemain ou le vendredi pour le weekend, le planning peut changer dans la journée, on commence tôt et finit tard, comment peut-on avoir une vie familiale et sociale ? »

Aides à domicile ou aides soignantes du domicile ?

Enfin, il faudrait revoir les grilles salariales, les formations, et créer un vrai statut professionnel : « On travaille avec de l’humain, on est confrontés  à de nombreuses maladies et à des handicaps qu’il faut apprendre à connaître, on est les aides soignantes du domicile ! »

A Pontarlier, Anne-Christine Berthoulot Klein partage cet avis : « Les gens voient ça comme aller prendre le thé l’après-midi avec les mamies, et puis tricoter quoi ! Passer sous la gouverne du ministère de la santé serait une reconnaissance pour les aides à domicile ».

« Je n’ai pas voulu la mettre à l’EHPAD »

Chez Odette Guinchard, c’est l’heure du repas. Odette vient de fêter ses 100 ans. Victime d’un AVC, elle est alitée. Elle a besoin d’aides à domicile.

Toilettes, soins, cuisine, ménage : plusieurs personnes passent chaque jour chez elle. Un soulagement pour sa fille, Jeannine Mekdade, 77 ans. Elle vient la voir tous les après-midi. Le maintien à domicile a un coût : environ 1300 euros par mois, déduction faite des aides. Mais pas question de changer l’univers familier de sa maman pour un lieu inconnu :

« Je n’ai pas voulu la mettre à l’EHPAD, ils n’ont pas assez de monde pour s’occuper des patients qui ne sont pas un peu autonomes.  Je craignais qu’elle se retrouve isolée. Elle se sent mieux chez elle, avec des aides à  domicile, tant que ça va comme ça… »

Préparer les repas, faire les toilettes, prendre soin des personnes : le métier d'aide à domicile nécessite de nombreuses compétences.

Un pot-au-feu, préparé la veille par Jeannine, un morceau de fromage, une compote. Odette mange peu. Gaëlle l’encourage avec patience à prendre une bouchée de plus. Et puis encore une autre.

« J’ai toujours voulu travailler dans le social, dans la relation avec les personnes », précise-t-elle, « je pense que ce n’est pas une vocation qui est donnée à tout le monde ».

Fin de notre rencontre. Gaëlle, Liliane et Odette se prêtent volontiers à une photo de groupe. Surtout Odette d’ailleurs : notre mamie centenaire offre un immense sourire !

Source FR3.

 

Aidants. Coronavirus en Loire-Atlantique : Le département lâche 6 millions d’euros pour des primes exceptionnelles…

AIDANTS Le conseil départemental a décidé de se substituer à l’Etat en versant une prime aux secteurs de l’aide à domicile, du handicap et de la protection de l’enfance.

Coronavirus en Loire-Atlantique : Le département lâche 6 millions d’euros pour des primes exceptionnelles

Ils vont bien toucher une prime exceptionnelle après leur implication pendant la crise du coronavirus. Le conseil départemental de Loire-Atlantique va en effet assurer le versement d’une dotation exceptionnelle d’environ 6,5 millions d’euros aux secteurs de l’aide à domicile, de la protection de l’enfance, du handicap et des personnes âgées, a-t-il confirmé vendredi. Au total, pas moins de 9.600 professionnels de Loire-Atlantique vont percevoir une prime de 1.000 euros, au prorata de leur temps de travail pendant le confinement, selon les critères établis par l’Etat.

Cette prime, annoncée par Emmanuel Macron, devait initialement être versée par l’Etat mais celui-ci s’était ensuite rétracté pour la majorité des établissements. La collectivité départementale a donc décidé d’assumer elle-même cette promesse. Au final, sur les 6,5 millions d’euros qu’elle dépense, environ 900.000 euros seront compensés par l’Etat, assure-t-elle.

« Les professionnels bénéficiaires ont été en première ligne, ont pris des risques. On ne pouvait pas les laisser de côté », justifie Philippe Grosvalet, président PS du conseil départemental, qui fait remarquer que tous les départements n’ont pas souhaité se substituer à l’Etat de la même façon. Le versement de la prime, mis en œuvre avant décembre, sera géré par les employeurs.

Le budget départemental en « alerte rouge »

Cette dépense intervient dans un contexte financier délicat pour le département de Loire-Atlantique, déjà pénalisé par une baisse significative des « droits de mutation » (une partie des frais de notaires versés lors de l’achat d’un bien) en raison de la morosité du marché immobilier.

Surtout, les demandes d’allocation RSA ont augmenté de 10 % depuis février en raison de la suppression de nombreux emplois. Soit une facture supplémentaire prévisionnelle d’environ 30 millions d’euros à la charge de la collectivité. « C’est bien plus que ce qu’on imaginait. Nous n’avons plus de levier pour augmenter nos recettes. On est en alerte rouge », s’inquiète Philippe Grosvalet.

L’incertitude est telle que le conseil départemental a décidé de repousser exceptionnellement à 2021 le vote de son budget.

Source 20 MINUTES.

Aidants familiaux : plusieurs associations proposent, dans un Livre Blanc, la création d’un statut de salarié-aidant…

Les associations Interfacia, Responsage, Le Lab RH notamment, spécialisées sur cette question, font 10 propositions pour faciliter la vie des salariés-aidants, alors que le gouvernement permet depuis ce jeudi aux personnes soutenant un proche de demander à bénéficier d’un congé indemnisé de trois mois.

Une femme en situation de handicap, le 13 mars 2018.

Plusieurs associations proposent dans un livre blanc, publié jeudi 1er octobre, la création d’un statut de salarié-aidant pour favoriser l' »inclusion » de façon « équitable et durable » des Français qui doivent s’occuper d’un proche âgé dépendant ou en situation de handicap. Alors que le gouvernement permet depuis jeudi aux personnes soutenant un proche de demander à bénéficier d’un congé indemnisé de trois mois, les associations Interfacia, Responsage, Le Lab RH notamment, spécialisées sur cette question, font ainsi 10 propositions pour faciliter la vie des salariés-aidants.

Parmi ces propositions, la création d’une politique de l’accès à l’emploi. Les associations préconisent le développement « auprès de Pôle Emploi d’une expérimentation pour l’accompagnement du retour à l’emploi des aidants actifs ». Elles proposent aussi que ce retour à l’emploi soit soutenu « administrativement, logistiquement et financièrement ».

Intégrer le dialogue social le sujet des salariés-aidants

Autre proposition, l’intégration dans le dialogue social du sujet des salariés-aidants avec comme principal objectif, « encourager les partenaires sociaux à généraliser les aides concrètes » au niveau des branches professionnelles. Plus concrètement, permettre aux salariés-aidants plus de souplesse dans l’organisation de leur travail : aménagement des horaires individualisés ou du temps de travail en fonction des besoins, souplesse dans les modalités et conditions de prise de congés, d’autorisation d’absence, de télétravail.

Enfin, les associations demandent une implication de la médecine du Travail en introduisant dans les visites médicales des services de santé au travail « un questionnement sur la situation d’aidant ou non d’un salarié ». Selon le nouveau baromètre « Aider et Travailler » rendu public lundi, une très grande majorité de salariés (80,9 %) estime que leur statut d’aidant pose un problème, notamment sur l’organisation du travail de l’équipe, même si 63,1%, soulignent que cela joue positivement sur la cohésion d’équipe.

Source FRANCE INFO.

franceinfo seniors. Le 6 octobre, c’est la journée nationale des aidants… La caravane « Tous aidants » fait son tour de France jusqu’à fin octobre…

Dans le cadre de la journée nationale des aidants le 6 octobre, la caravane « Tous aidants » fait son tour de France jusqu’à fin octobre.

La caravane"Tous aidants" accompagne les aidants.

Les aidants, c’est environ 11 millions de Français qui accompagnent une personne plus ou moins proche en perte d’autonomie, situation de handicap ou de maladie.

Qui sont-ils ?

Comment jonglent-ils avec leur vie personnelle et professionnelle ? Financièrement, ont-ils des aides ? Quelles sont leurs principales difficultés ? Que demandent-ils ? Pour les aidants, on parle bien d’une activité à plein temps. A quelques semaines de la journée nationale des aidants, le 6 octobre prochain, et en plein cœur du projet de la création d’une cinquième branche de la Sécurité Sociale dédiée à la dépendance, à la perte d’autonomie, la caravane « Tous aidants » fait son tour de France jusqu’à fin octobre.

Ces situations révèlent un état d’épuisement réel et de surmenage chez plus de six aidants sur 10 (74% des aidants déclarent avoir besoin de répit), pourtant moins d’un  aidant sur 10 a recours aux solutions existantes.

L’objectif de la caravane « Tous aidants » est d’aller au-devant des proches aidants, afin de répondre à leurs questions, de les orienter et de faciliter leur quotidien. Pour cela, des assistantes sociales accueillent les aidants dans un espace convivial et confidentiel afin de les mettre en confiance et de libérer la parole.

La caravane s’installe durant 3 jours au sein des hôpitaux, sur les parkings des centres commerciaux ou sur une place publique

– Versailles, sur le parvis de la Gare de Versailles Chantiers, 78000, du 5 au 6 Octobre de 9h30 à 19h00

– Mantes-la-Jolie, au sein de l’hôpital de Mantes-La-Jolie, 2, boulevard Sully 78200, du 7 au 8 Octobre de 9h30 à 19h00

– Le Plessis-Robinson, au sein de l’hôpital de Marie Lannelongue, 133 avenue de la Résistance 92350 du 12 au 14 Octobre de 9h30 à 19h00

– Paris, au sein de l’hôpital Necker AP-HP, 149, rue de Sèvres 75015, du 15 au 17 Octobre de 9h30 à 19h00

– Rennes, sur la place du Colombier, 35000, du 19 au 21 Octobre de 9h30 à 19h00

– Toulouse, sur la place Arnaud Bernard, 31000, du 26 au 28 Octobre de 9h30 à 19h00

Si vous habitez l’une de ces villes et vous souhaitez être reçu par les assistantes sociales, prenez rendez-vous (gratuitement) avec nos professionnels sur contact@lacompagniedesaidants.org

Source FRANCE INFO.

Journée nationale des aidants : témoignage d’un père en Haute-Vienne… Vidéo.

Ce mardi 6 octobre 2020, c’est la 10e journée nationale des aidants qui assistent leurs proches atteints de maladies ou des handicaps.

Rencontre avec Henri à St-Junien qui aide ses deux filles myopathes.

Henri aide au quotidien ses deux filles handicapées.

C’est un travail à temps plein. A 68 ans, Henri Beau accompagne au jour le jour, ses filles, Céline 43 ans, et Marie-Pierre 39 ans, toutes les deux souffrent d’une maladie neuromusculaire dégénérative héréditaire, une forme de myopathie.

Depuis quinze ans, endosser le rôle d’aidant, s’est imposé comme une évidence pour leur père : « le matin, je nettoie la sonde de gastrotomie de Céline. Ce geste pourrait être fait par une infirmière mais j’ai voulu le prendre à mon compte. La deuxième chose, c’est de participer au lever de Marie-Pierre ».

En France, huit à 11 millions de personnes s’occupent d’un proche en perte d’autonomie, que ce soit un parent âgée, une personne handicapée ou souffrant d’une maladie chronique ou invalidante. Six sur 10 aidants sont des femmes, 88% des familles sont affectées dans leur vie professionnelle et 40% des mères cessent leur activité, selon des chiffres gouvernementaux.

De nouvelles mesures, destinées à aider ces familles, entrent en vigueur, comme l’allocation journalière du proche aidant, une avancée certes mais des difficultés subsistent.

Tout existe. Il y a des choses mises en places par les conseils départementaux, il y a des assistantes sociales mais il franchir ce premier pas.

Henri Beau, aidant.

Le gouvernement avait lancé en octobre 2019 une stratégie de mobilisation et de soutien « Agir pour les aidants », pour la période 2020-2022,
avec un budget de 400 millions d’euros, dont 105 millions pour des solutions de répit.
Depuis le 1er octobre, les aidants peuvent demander à bénéficier d’un congé de trois mois indemnisé, qui pourra être renouvelé, jusqu’à un an sur
l’ensemble de la carrière du salarié. Cette indemnisation du congé proche aidant (CPA) avait été approuvée par l’Assemblée nationale en octobre 2019.

Besoin de souffler

Le travail d’aidant se révèle souvent très fatiguant et les moments de pause sont rares, avec les conséquences de la crise sanitaire aussi. Pour se ressourcer, Henri Beau s’accorde une promenade dans la journée, un moment de pause essentiel avec le portable dans la poche pour être joint. Prochainement, il a prévu, avec ses filles, de s’évader quelques jours, dans un village de vacances adossé à une structure médico-sociale.

Beaucoup d’aidants attendent toujours un vrai statut et davantage de solutions de répit.

Source FR3.

Aidants familiaux : Un an après le plan gouvernemental, des Français toujours au bord du « burn-out »…!

Depuis la semaine dernière, les aidants qui travaillent peuvent bénéficier d’un congé de trois mois, indemnisé 52 euros par jour pour une personne seule.

Aidants familiaux : Un an après le plan gouvernemental, des Français toujours au bord du « burn-out »

Si les aidants, qui assistent au quotidien un proche handicapé, malade ou âgé, peuvent désormais prendre un congé rémunéré, sous certaines conditions, beaucoup estiment que ce n’est pas suffisant et attendent davantage de solutions.

L’an dernier, un plan pour les 8 à 11 millions d’aidants avait été présenté par le gouvernement, pour aider ces personnes dont la charge d’un proche malade ou âgé peut avoir des conséquences sur leur propre santé, leur vie professionnelle, voire leur scolarité.

Des «limites importantes»

Et l’une des principales mesures vient d’entrer en vigueur. Désormais, les aidants qui travaillent peuvent bénéficier d’un congé de trois mois, indemnisé 52 euros par jour pour une personne seule. Cette réforme, attendue depuis un an, constitue «une avancée intéressante», reconnaît Olivier Morice, le délégué général du collectif associatif «Je t’aide».

Mais comporte aussi des «limites importantes», selon lui, notamment car elle est réservée aux aidants qui assistent une personne lourdement handicapée ou dépendante. Quelqu’un qui souhaiterait se mettre en disponibilité pour aider son conjoint atteint d’un cancer, par exemple, ne peut donc pas en bénéficier. En outre, «trois mois, quand vous êtes parent d’un enfant autiste, ça ne veut pas dire grand chose», souligne Olivier Morice. Car «votre enfant, c’est toute la vie que vous devez l’accompagner». Et nombre d’aidants sont de facto exclus du nouveau dispositif… puisqu’ils ont dû arrêter de travailler pour aider leur proche.

Une charge alourdie pendant le confinement

C’est le cas de Marie Rault, une Grenobloise de 30 ans, ancienne salariée dans l’hôtellerie: fin 2019, elle a dû démissionner pour s’occuper à temps plein de son père Jean-Michel, 70 ans, qui a été amputé des deux jambes, souffre de diabète et d’insuffisance rénale. Trop âgé pour bénéficier des aides dédiées aux personnes handicapées, son père n’a droit qu’à deux heures d’aide à domicile par jour… qui restent pour l’heure théoriques, Marie n’ayant trouvé aucun professionnel qui accepte de s’occuper de lui.

«Pour que je puisse recommencer à travailler, il faudrait au moins cinq ou six heures d’aide par jour. En attendant, je fais tout, toute seule. Je fais faire des économies à la société, mais je vis du RSA», témoigne la jeune femme, qui n’a trouvé aucune structure capable d’accueillir et soigner son père sur le long terme, ni aucune solution de répit. «Depuis huit mois, j’ai pris zéro jour de congé. Qu’on nous demande de participer, je suis d’accord, mais je suis allée loin en termes de sacrifices», analyse la trentenaire. Pour Marie comme pour de très nombreux autres aidants, la charge quotidienne de travail a été encore plus lourde pendant le confinement: «à cause du Covid, mon père a dû sortir plus tôt de l’hôpital, pour libérer un lit», témoigne la trentenaire.

Un «statut» pris en compte pour la retraite et les impôts

Selon un appel à témoignages relayé par le collectif «Je t’aide», de nombreux aidants ont dû pendant cette période procéder eux-mêmes à des gestes normalement assurés par des professionnels, y compris des changements de pansement ou la pose d’un cathéter. «La crise sanitaire a mis les aidants à l’épreuve alors que leur situation était déjà difficile», a reconnu lundi la ministre déléguée chargée de l’Autonomie, Brigitte Bourguignon, à l’occasion du lancement d’un comité de suivi du «plan aidants».

En un an, «50% des objectifs» de ce plan à 400 millions ont été atteints, selon le gouvernement, qui met en avant la création d’une plateforme téléphonique dédiée, le déploiement de «solutions de répit sur tout le territoire», ou encore le soutien financier à des offres d’aide psychologique, comme les «cafés des aidants». Mais pour Olivier Morice, les avancées concrètes, et notamment les solutions de répit, sont encore très peu visibles. «Au bord du burn-out», les aidants attendent aussi d’autres réformes, souligne le responsable associatif, notamment un «statut» qui leur permettrait que leur dévouement soit pris en compte dans le calcul de leur retraite, ou sur leur feuille d’impôts.

Source 20 MINUTES.