Une trentaine d’avocats du barreau de Bordeaux travaillent au lancement d’un institut pour défendre les personnes âgées vulnérables et leur faciliter l’accès à la défense de leurs droits.
Les « graves défaillances » pointées dans le livre-enquête « Les Fossoyeurs » de Victor Castanet ont fait réagir les avocats bordelais. « Avant d’être trop vulnérable, il faut faire entendre sa volonté et faire valoir ses droits », selon Myriam Sebban, présidente du nouvel institut de défense et de protection des séniors.
Faciliter l’accès à un avocat aux séniors
« Le droit à une défense au crépuscule de la vie est garant des libertés fondamentales », estime le barreau de Bordeaux dans un communiqué en réaction aux dénonciations de maltraitance dans des établissements pour personnes âgées du groupe Orpea. Avec un avocat, certaines situations n’arriveraient pas, assure Myriam Sebban.
« Nous sommes partis du constat que les séniors sont les personnes les moins défendues. Or, la société est vieillissante et les personnes âgées ont besoin de droit car la dépendance arrive et elles n’y sont pas souvent préparées ».
Ainsi, un groupement d’une trentaine d’avocats du Barreau de Bordeaux travaillent à la mise en place d’un institut spécialisé, l’IDPS (Institut de défense et de protection des séniors) avec des formations pluridisciplinaires, « pour offrir des consultations « au plus près » de ces personnes, en se déplaçant dans les mairies par exemple, ou même à l’EHPAD si besoin », explique Myriam Sebban. « Nous sommes en discussions avec plusieurs mairies et aussi le Département de la Gironde qui est en charge des personnes âgées pour voir comment organiser ces consultations et leur prise en charge ».
« Il faut rendre les avocats plus accessibles au séniors. »
Myriam Sebban, avocate au barreau de Bordeaux
France 3 Aquitaine
Ne pas attendre d’être trop vulnérable pour agir
« Il faudrait que la personne puisse avoir droit à un avocat lorsqu’elle fait l’objet d’une mesure de protection. Il y a de plus en plus de dossiers d’abus de faiblesse, et les gens sont de plus en plus isolés », constate l’avocate bordelaise.
« Ce sont parfois des amis ou un proche qui se chargent d’une personne âgée et ils peuvent en profiter dans cette période un peu grise où la personne n’est ni sous curatelle ni sous tutelle, mais a besoin d’aide car elle rencontre des difficultés pour faire valoir ses intérêts ou quand elle commence à perdre un peu la tête et la mémoire, explique la juriste. Or, il y a peu d’avocats sur ce domaine ».
« L’aide et l’appui d’un avocat peut être aussi valable pour les aidants et les soignants familiaux pour être au plus près de la volonté de la personne âgée et vulnérable qu’ils accompagnent au quotidien ».
Ce groupement d’avocats bordelais réfléchit à la prise en charge financière de cette aide par des subventions par exemple. « La première consultation sera évidemment gratuite. Ensuite, la personne dont les revenus sont faibles, peut avoir une aide juridictionnelle. Dans le cas contraire, les honoraires classiques s’appliqueront. Il faut voir avec le Département si une aide est possible ».
« L’idée, c’est vraiment la proximité avec les séniors et se faire connaître, sortir des cabinets car cela peut faire peur et c’est un frein pour les personnes âgées. Il faut faire valoir ses droits avant d’être trop vulnérable et éviter les contentieux. Plus les personnes vieillissent et moins elles ont accès à leur défense ».
Cet Institut de défense et de protection des Séniors sera officiellement lancé le 3 mars prochain à Bordeaux, à la Villa 88, un tiers-lieu situé au 88 rue Saint-Genès, en présence de la journaliste et écrivain Marie Charel auteur du livre « Qui a peur des vieilles ? » (ED.Babelio).
Source FR3.