Désert médical. Comment réduire la pénurie de soignants, à la ville comme à la campagne…

Echange d’expérience et de propositions pour lutter contre la pénurie de soignants en Auvergne-Rhône-Alpes.

Dans les zones rurales comme dans les grandes agglomérations, il devient de plus en plus difficile de trouver des médecins ou encore des infirmiers. C’est ce phénomène, de plus en plus répandu, que l’on appelle « le désert médical »

 

Autour de la table, un médecin généraliste lyonnais, un infirmier libéral dans la Loire, une élue départementale dans l’Ain et un responsable d’association de patients en lutte dans l’Allier.

La santé, c’est un sujet essentiel pour les français. Selon l’Agence régionale de santé, les dépenses de santé des habitants de la région Auvergne-Rhône-Alpes ont avoisiné  les 23 milliards d’euros en 2015. Ce qui représente tout de même 11,6% des dépenses nationales, et pas moins de 2935 euros par personne.

Et pourtant, dans cette région, dans les zones rurales comme dans les grandes agglomérations, il devient de plus en plus difficile de trouver des médecins ou encore des infirmiers. C’est ce phénomène, de plus en plus répandu, que l’on appelle « le désert médical ». Il fait désormais partie des thèmes de la campagne présidentielle. Sur le terrain, les soignants, les patients et les élus locaux sont déjà très impactés.

Profession : infirmier libéral

Mathieu Ferlay, 33 ans, est infirmier libéral dans la Loire, au Chambon-Feugerolles. Avant cela, il a travaillé dans les hôpitaux « Pas très longtemps, en raison des problèmes de gestion des équipes, ce que je trouvais trop compliqué » précise-t-il. Il a également fait beaucoup d’intérim pour gagner une polyvalence dans sa pratique. Dès qu’il a pu, il a cumulé une expérience en Ehpad et des remplacements en tant qu’infirmier sur le terrain.

Aujourd’hui, son quotidien est fait de visites et de soins à domicile. « On fait très peu de soins au cabinet. On va principalement au domicile des gens pour faire toutes sortes de soins, de la simple injection jusqu’à des soins un peu plus complexes, comme des perfusions. Une prise en charge plus globale, avec des soins d’hygiène, de confort… » Il effectue jusqu’à 50 visites par jour, cinq jours par semaine. « On commence vers 5h45 le matin, pour finir vers 21h avec une petite coupure d’une heure ou deux. »

Il soigne majoritairement des personnes âgées. « Elles ont principalement des difficultés pour se déplacer, souffrant de maladies chroniques, comme des personnes diabétiques. » Pour les rencontrer, il effectue de nombreux kilomètres dans la Vallée de l’Ondaine… jusqu’à 150 kilomètres par jour. « Ca fait des journées intensives. On a eu un étudiant, récemment. Au bout d’une journée, il m’a dit qu’il avait l’impression que plusieurs jours s’étaient écoulés » raconte-t-il, en souriant.

Malgré cette charge, Mathieu a la passion de son métier. Il l’a notamment démontré le 31 décembre 2021. Ce matin-là, en sortant d’une visite, il s’est fait très violemment agressé par deux individus qui ont tenté de lui voler sa voiture. Malgré les importantes blessures, il pense alors d’abord… à contacter une collègue pour s’assurer qu’elle pourra faire sa tournée à sa place, avant de se rendre à l’hôpital, et ensuite de porter plainte. « J’ai pensé à tout mon travail qui attendait. Je ne pouvais pas tout laisser comme ça », confirme-t-il.

Un attachement à sa profession qu’il revendique, même si il implique, pour ces professionnels, une vie sociale parfois compliquée. « Je vis correctement, mais c’est parce que je travaille énormément. J’ai deux enfants, mais ma compagne travaille à temps partiel. Lorsqu’on a fondé le cabinet, je collaborais avec une amie. Elle a dû s’arrêter parce qu’elle s’est séparée de son mari, alors qu’ils avaient un enfant. Ce n’était plus possible, car elle ne voyait plus son enfant. »

Ce métier est intéressant, varié. Il a un sens. On se sent utile

 

Mathieu n’est pas du genre à se plaindre. « Je parviens à profiter de mes enfants lorsque l’on a, quelquefois, des semaines un peu plus légères », balaye-t-il. « On a quand même des liens privilégiés avec nos patients. Pour certains, on va jusqu’à trois fois par jour chez eux. Ce métier est intéressant, varié. Il a un sens. On se sent utile. Quand je me lève le matin, je sais que c’est important que je le fasse. »

Médecin généraliste dans un quartier populaire

Le docteur Florence Lapica est médecin-généraliste dans le 8ème arrondissement de Lyon. Elle exerce dans une maison pluridisciplinaire, en zone urbaine, dans un quartier populaire, proche du boulevard périphérique. « On alterne des consultations de bébés, des femmes enceintes, des personnes âgées. On a un métier passionnant. Je pense que l’on apporte beaucoup aux patients, mais qu’ils nous apportent, eux-aussi, énormément, sur le plan humain. » C’est tout de même une charge importante. « On a à la fois les décisions médicales et aussi beaucoup de prise en charge médico-sociale. Ça signifie qu’il faut s’assurer, presque systématiquement, que le patient va pouvoir, par exemple, aller faire sa prise de sang, se rendre à l’hôpital. »

Elle a évidemment fait ce choix de devenir soignant au plus près du terrain, en cœur de ville, en cabinet. « Par rapport à l’hôpital, ce sont des enjeux différents. Les parents ne viennent pas nous voir dans les mêmes conditions. C’est vraiment la médecine de proximité. C’est se demander comment, avec les patients, dans leur milieu de vie, avec tout ce qui leur arrive à côté, on peut mettre en place leurs traitements. Parfois, on ne peut pas. D’autres fois, d’autres problèmes de santé surviennent. Il faut parvenir à adapter tout ça, en fonction de la vie des gens. »

Plus on est en lien entre soignants, plus on parvient à nous aider nous-même

 

Cette généraliste compose, elle-aussi, autant qu’elle le peut sa vocation prenante, avec une vie personnelle équilibrée. « J’ai pu un peu organiser mes semaines. Le lundi, je fais surtout des visites au domicile, puis dans les maisons de retraite. Ce qui me permet de finir un peu plus tôt ce jour-là. Mais en général, je commence à 8h et je finis à 20h. » Travailler dans une maison de santé lui apporte une forme de soutien. « Cela soulage de pouvoir échanger entre nous, avec les pharmaciens, les infirmiers, les kinés, la psychologue, les orthophonistes. Je crois que c’est encore plus riche dans un quartier comme le nôtre, où il y a des difficultés sociales, de l’addictologie à l’alcool, parfois la drogue. Plus on est en lien entre soignants, plus on parvient à nous aider nous-même, mais aussi à aider nos patients », témoigne Florence Lapica.

Aucun des deux n’envisage de changer de carrière. « Pour l’instant, je ne me pose pas la question », répond Mathieu Ferlay, infirmier. « Cela ne fait que cinq ans que je me suis installé. Donc je ne me pose pas cette question. Je suis bien dans ce que je fais. D’ailleurs, j’ai dû prendre un arrêt suite à ce fait divers. Au bout de dix jours, je l’avoue, ça me manquait. Le rythme me manquait. »

Un patient… de longue date

Habitant à Vaux, près de Montluçon, dans l’Allier, Patrick Aufrère est atteint, depuis l’âge de 18 ans, de diabète de Type1. Durant de longues années, il se bat au sein d’association pour dénoncer le manque de soignants dans les zones rurales, notamment. Il est aujourd’hui membre de l’Association des citoyens en lutte contre les déserts médicaux.

Pour lui, connaître son médecin ou son infirmier, ce n’est évidemment pas anodin. « C’est vraiment important. Avec plus de quarante ans de vie avec une maladie chronique, je veux dire que je pense que le patient doit être un vrai partenaire de ses soignants, et vice-versa. Personnellement, j’ai dû me prendre en charge très jeune. Je me considère acteur de ma santé. A condition que les personnels médicaux soient faciles à trouver, on doit éviter de graves complications. Tous les ans, il y a un parcours de soins à effectuer, avec le cardiologue, le diabétologue, si on le trouve… ce qui est touchant, c’est lorsque ces professionnels de santé me disent : on a plus rien à vous apprendre, vous savez tout. »

Là où je suis, on avait deux médecins. Maintenant, seulement un

 

Durant ces longues années, Patrick a connu de nombreux généralistes. Vivant d’abord en ville à Montluçon –fortement impactée par les déserts médicaux-, il a ensuite changé de secteur. « Automatiquement, comme la Sécurité sociale l’exige, il faut trouver les médecins traitants, et c’est très compliqué aujourd’hui. Même pour moi, qui suis suivi. Là où je suis, on avait deux médecins. Maintenant, seulement un. »

11% de Français sans médecin traitant

Le problème prend de l’ampleur. Le 15 mars dernier, le quotidien Le Monde l’a encore largement confirmé dans une grande enquête. Selon ce journal, pas moins de 11% de la population se retrouve aujourd’hui sans médecin traitant. Ce qui correspond à 6.3 millions de personnes. On recense également 3.8 millions de français installés dans un territoire sous doté en médecine de proximité.

En Auvergne-Rhône-Alpes, le département de l’Ain est un exemple flagrant. On y dénombre en moyenne 6.4 généralistes pour 10 000 habitants (contre 9 pour les français). Le problème n’est pas le département. Au contraire. Particulièrement attractif, à proximité de Lyon, Macon, Genève, l’Ain est même victime de son succès, et compte pas moins de 6000 nouveaux habitants par an.

Désert médical dans l'Ain

Sauf que… le nombre de médecins ne suit pas. « Comme dans tous les départements, les départs en retraite ne sont pas pourvus. La moitié de nos médecins ont plus de 55 ans. Donc on n’est pas sur une phase où cela va s’améliorer », confirme Martine Tabouret, qui assume la vice-présidence du département et surtout une délégation consacrée entièrement à ce sujet, devenu une priorité départementale. « On est même à 15% de nos habitants sans médecin traitant. Et même jusqu’à 30% sur le bassin burgien ou vers Oyonnax. »

Pour s’en sortir, la collectivité met les moyens, en débloquant 5.3 millions d’euros. Et pourtant, il ne s’agit nullement d’une compétence départementale. « Vous savez, un élu départemental est à proximité des gens, et les rencontre souvent. Et on se fait interpeller. Quand on est élu sur certaines communes, on voit les cabinets qui se ferment parce que les médecins partent en retraite, et leur cabinet n’est pas repris. Il y a même des maisons de santé pluridisciplinaires dans lesquelles il n’y a pas de médecin. Donc ça interpelle.»

Même si vous avez un médecin traitant, vous le contactez. Comme ils sont rares et surbookés, vous obtenez un rendez-vous dans les quinze jours

 

La situation se tend. L’impatience provoque même des incivilités. « Quand vous avez une pathologie, telle qu’une otite, par exemple, c’est assez banal. Mais cela vous fait souffrir. Même si vous avez un médecin traitant, vous le contactez. Comme ils sont rares et surbookés, vous obtenez un rendez-vous dans les quinze jours. Alors, c’est avec le premier interlocuteur que vous avez face à vous que votre colère, à un moment, finit par s’exprimer. Cela peut être le pharmacien, la secrétaire médicale du cabinet… ce genre d’incivilité est compréhensible car il traduit le désarroi de la population », témoigne l’élue.

Désert des villes, désert des champs

Oubliez rapidement cette association d’idée, un peu facile : le désert médical n’est pas réservé aux zones rurales. Les centres-villes n’y échappent pas. Comme le confirme Florence Lapica, qui exerce dans le 8ème arrondissement de Lyon. « Tous les jours, des patients appellent au cabinet et cherchent des médecins-traitants. Notre secrétaire a des appels de ce type quotidiennement », raconte la soignante. « Parfois, on craque quand même. Quand les gens sont très proches du cabinet, par exemple. On essaye de prendre en priorité les familles de notre quartier. Pour les visites, c’est même pire. On a de nombreuses personnes âgées, en situation de handicap depuis pas très longtemps, qui cherchent des médecins capables de venir à leur domicile, et c’est très compliqué. »

L’une des solutions est probablement le regroupement en maisons de santé

 

En ville aussi, on constate de nombreux départs en retraite de médecins qui ne trouvent pas de repreneurs. « Beaucoup de confrères étaient installés dans des appartements isolés et non-accessibles. Désormais, il y a forcément une restructuration de tous ces cabinets. L’une des solutions est probablement le regroupement en maisons de santé. » Mais cela ne suffit pas toujours. « Depuis 2019, on s’est beaucoup agrandit. Malgré cela, les nouveaux médecins ont été surbookés complètement en 3 mois. 3500 patients, qui n’avaient pas de médecin traitant, sont arrivés rapidement. »

Dans la Loire, le problème est également très présent. Sur un total de près de 763 000 habitants, on compte un peu moins de 700 médecins. 9000 ligériens vivent également dans un désert médical. Mathieu Ferlay, infirmier au Chambon-Feugerolles, connaît un peu cette situation. « On a eu deux départs de médecins qui n’ont pas été remplacés. Sur ma tournée, j’ai constaté qu’un tiers de ma patientèle n’a pas de médecin dans la ville. Du côté infirmiers, c’est plus fluide. Le zonage imposé par l’Assurance-maladie n’autorise plus d’installation sur toute la vallée de l’Ondaine. Il est extrêmement rare que l’on refuse des patients. »

Le manque de médecins pose problème au quotidien et, sans doute, davantage en période de crise, comme celle du Covid, ces dernières années. «  On vaccinait seulement les populations les plus fragiles. Ceux qui avaient du mal à se rendre dans les centres de vaccination. Ils avaient, aussi, besoin d’être rassurés auprès de nous », témoigne Florence Lapica, médecin à Lyon.

Les patients alertent depuis des années

Le problème des déserts médicaux inquiète les patients depuis longtemps. Dans l’Allier, Patrick Aufrère a lancé, dès 2011, avec une association locale, un projet de véhicule itinérant. « On allait au début de toutes les populations. On a commencé à avoir des petites aides. Ce véhicule permettait de récolter les avis de tous types de patients, autant dans les quartiers dit prioritaires que dans les zones rurales. Déjà, les gens témoignaient de leurs difficultés à trouver des médecins, et pas seulement des généralistes. Le problème est aussi cruel concernant les spécialistes

Certains sont obligés de parcourir des centaines de kilomètres pour voir des praticiens

 

Pour ces habitants, le sentiment d’être laissés à l’abandon ne date pas d’hier. Cela crée des peurs. Celle de ne pas trouver de soins en cas d’urgence, ou encore de subir une rupture de suivi. « Cela peut vite être catastrophique. Alors certains sont obligés de parcourir des centaines de kilomètres pour voir des praticiens, et surtout de le prévoir. Malheureusement, le Covid a aggravé cette situation. Et on a pu constater une réelle surmortalité, liée à la cartographie d’un département comme le nôtre. »

Contraindre ou inciter ?

Face à la pénurie de soignants de proximité, l’Etat agit. Par le biais des agences régionales de santé, un plan a été mis en place, comprenant de multiples mesures pour pallier, au mieux, à ces carences. « L’ARS Auvergne-Rhône-Alpes a engagé de nombreuses actions, en particulier dans les territoires fragiles » nous explique-t-on dans une vidéo. « Avec l’Assurance-maladie, elle propose de nombreuses mesures incitatives pour encourager les médecins à s’y installer. Des aides financières, des stages, et un nouveau dispositif qui donne la possibilité au généraliste d’exercer comme salarié, afin de bénéficier de congés payés et de mieux gérer leurs horaires. En clair, d’allier vie professionnelle et vie personnelle. »

Mais l’une des mesures les plus réclamées, notamment par l’Association des citoyens en lutte contre les déserts médicaux, est la contrainte. C’est aussi une proposition très présente dans le programme de nombreux candidats à l’élection présidentielle. Pourquoi ne pas obliger les médecins, et notamment les nouveaux formés à s’installer prioritairement dans les zones où le besoin est impérieux ? « Fausse bonne idée », estime le syndicat MG France, soutenu par l’actuel gouvernement.

Le docteur Florence Lapica, vice-présidente de MG France, estime que cela serait inefficace. « Aujourd’hui, on est dans une réelle pénurie dans tous les domaines, y compris la salariat dans les PMI, les Ehpads, les services d’urgence…Si on met en place une contrainte à l’installation en libéral, les médecins resteront salariés. On nous attend de partout, dans toutes les villes, les campagnes. La contrainte va nous éloigner du libéral. » Elle estime que l’offre est trop importante. « On en reçoit tous les jours. Moi, qui suis installée en cabinet, on cherche à me débaucher pour aller travailler en salariat. On risque donc de déshabiller la médecine libérale. »

Certains programmes électoraux proposent tout de même de contraindre les jeunes à finir leurs études dans les déserts médicaux, en échange de soutiens financiers. « Mais ils ne sont pas si jeunes que ça », répond Florence Lapica. « Quand on termine nos études, on a 27 ou 28 ans. Quand j’ai terminé mon internat, j’avais deux bébés. On m’aurait forcée à aller quelque part ? On ne parle pas de jeunes de 20 ans qui débutent leurs années de médecine. Quand on finit notre internat, quasiment la moitié des internes ont déjà une situation de famille. »

Le médecin reçoit même le soutien de l’infirmier. Mathieu Ferlay ne dit pas autre chose. « Je partage son avis. Il en manque partout, des médecins. Et des candidats, je pense qu’il y en a. Est-ce que la solution ne serait pas plutôt la formation ? »

Accompagner financièrement les internes

Dans l’Ain, on privilégie notamment les incitations financières. « Pour le moment, on apporte des aides aux internes. On soutient ceux qui viennent faire un stage dans le département. En espérant qu’ils feront le choix de rester. » explique la vice-présidente du département. Et ça semble fonctionner « C’est très humain, on s’installe plus volontiers dans un lieu que l’on connaît déjà un peu », souligne le docteur Lapica.

Nous n’avons pas les moyens d’imposer quoi que ce soit

Martine Tabouret, Vice-présidente de l’Ain

L’Ain va plus loin en finançant davantage les années d’internat en contrepartie d’un engagement d’installation minimum de quelques années. « On se dit que s’ils restent deux ou trois ans, peut-être feront ils leur vie sur le territoire ? » sourit Martine Tabouret « On essaye de travailler sur toutes les pistes incitatives car nous n’avons pas les moyens d’imposer quoi que ce soit. »

Moi je le vis très mal, et je ne suis pas le seul. Au bout d’un moment, ce n’est plus possible

Patrick Aufrère, Association des citoyens en lutte contre les déserts médicaux

Pour parvenir à attirer les nouvelles installations, la nécessité du maintien –ou du retour- des services publics est nécessaire. C’est ce que rappellent les syndicats de médecins. « On voit bien que dans les quartiers populaires, les services public se désengagent. Si on s’y retrouve tout seul, c’est vrai que l’on ne restera plus. Le service public doit rester engagé aussi. Et dans les campagnes, c’est pareil. »

Face à ces arguments, Patrick Aufrère fait la comparaison avec d’autres corps de métiers. « On a eu des échanges avec les pharmaciens, les policiers, les gendarmes. Ils n’ont pas le choix de leur implantation. » Il rappelle que les déserts médicaux constituent une rupture d’égalité territoriale et une inégalité d’accès aux soins. « Et pourtant, le principe d’égalité figure dans la Déclaration des droits de l’homme. »

Il parle avec son cœur. « Moi je le vis très mal, et je ne suis pas le seul. Au bout d’un moment, ce n’est plus possible. Lorsqu’on a rencontré les représentants des candidats à la présidentielle, on leur a rappelé qu’on ne pourra pas attendre dix ans de plus. Il y a une urgence sanitaire. Nous, on compte saisir les candidats aux législatives, car c’est eux qui vont décider. » Le combat se poursuit, même, encore en janvier dernier, une proposition de loi d’urgence sanitaire a été rejetée à l’Assemblée nationale.

Une meilleure collaboration entre infirmiers et médecins

Pendant ce temps, les initiatives diverses se multiplient. Dans l’Ain on a installé plusieurs cabines de consultation à distance (voir la vidéo ci-dessous). D’autres solutions sont testées. Parmi elles, la collaboration entre médecins et infirmiers. « On se rend compte qu’on peut, sans doute, voir moins souvent certains patients et être relayés par les infirmiers, dans un parcours de soins bien organisé », explique le docteur Lapica, en faisant référence notamment aux IPA (Infirmiers en pratique avancée).

Ces derniers sont formés davantage et se chargent du suivi des maladies chroniques. « Ils ont un droit de prescription étendu. Mais c’est vraiment tout récent. Cela a été créé en 2018 et ils sortent doucement des formations. C’est juste une spécialisation. Leur rôle est différent et ils doivent trouver leur place », confirme Mathieu Ferlay.

Dans l’Ain, cette idée de collaboration séduit. « On a ce projet de développer des binômes médecins-infirmiers. L’ensemble serait accompagné d’une mallette de télémédecine. Les mesures sont faites par l’infirmier, qui gère le dialogue avec le médecin. On y gagne un contact avec le patient, et cela permettrait au médecin de faire davantage de consultations », détaille Martine Tabouret. « A condition de ne pas mettre tout dans le même sac. Le diagnostic doit rester une compétence du médecin. Mais je pense tout de même que l’infirmier a l’habitude de voir si le patient n’est pas comme d’habitude et alerter. A mon avis, on peut étendre ce système » ajoute le docteur Lapica.

En attendant, on développe la formation. « On a beaucoup travaillé avec l’Université Lyon1 pour avoir une première année de médecine. Nous allons ouvrir 50 places à Bourg-en-Bresse à la rentrée de septembre 2022, dans les mêmes conditions que les étudiants lyonnais. Et le département financera le tutorat afin d’assurer une égalité de chances aux étudiants burgiens et lyonnais », annonce la vice-présidente de l’Ain.

Autant d’efforts suffiront-ils pour soulager suffisamment les attentes et les craintes des patients ? Ils répondent autant que possible à un problème urgent.

A priori, la modification, durant l’actuel mandat, du Numérus Clausus –devenu Numerus apertus en 2020- devrait permettre, à plus long terme, de parvenir à endiguer ce fléau. Cette évolution législative doit en effet augmenter leur nombre de 20% dans les 10 à 15 prochaines années.

C’est aussi une question de patience…

Source FR3.

Le fondateur des « Nez rouges » pour les enfants malades devant la justice après avoir détourné plus de 240 000 euros…!

Après avoir été accusé de plusieurs escroqueries, Sébastien Buisson, le président fondateur de l’association Les Nez rouges à Limoges, comparaît devant la justice ce vendredi.

Il est jugé pour abus de confiance aggravée et est accusé d’avoir détourné plusieurs centaines de milliers d’euros.

Sébastien Buisson avait créé les Nez rouges en 2013. Lors de son dernier passage devant un tribunal, à Cusset (Allier) en 2021, il avait enfilé la robe noire et plaidé comme avocat… avant d’être démasqué par la présidente. MAXPPP/Radio France/Claire Lise Macé

 

Ce vendredi 14 janvier, le tribunal correctionnel de Limoges, dans la Haute-Vienne, juge Sébastien Buisson pour abus de confiance aggravé. Il est accusé d’avoir détourné plus de 240 000 euros avec l’association « les Nez rouges », qu’il avait fondé et présidait. Sa mère est également poursuivie pour vol et recel d’abus de confiance, révèlent nos confrères du Parisien. L’association avait pour objectif de « distraire les enfants malades » et de réaliser leurs rêves. Rapidement, 38 ambassadeurs en France la rejoignent, l’Etat accorde également des subventions, à hauteur de 8 000 euros en 2017 puis 7 000 en 2018.

l’essentiel Après avoir été accusé de plusieurs escroqueries, Sébastien Buisson, le président fondateur de l’association Les Nez rouges à Limoges, comparaît devant la justice ce vendredi. Il est jugé pour abus de confiance aggravée et est accusé d’avoir détourné plusieurs centaines de milliers d’euros.

Ce vendredi 14 janvier, le tribunal correctionnel de Limoges, dans la Haute-Vienne, juge Sébastien Buisson pour abus de confiance aggravé. Il est accusé d’avoir détourné plus de 240 000 euros avec l’association « les Nez rouges », qu’il avait fondé et présidait. Sa mère est également poursuivie pour vol et recel d’abus de confiance, révèlent nos confrères du Parisien. L’association avait pour objectif de « distraire les enfants malades » et de réaliser leurs rêves. Rapidement, 38 ambassadeurs en France la rejoignent, l’Etat accorde également des subventions, à hauteur de 8 000 euros en 2017 puis 7 000 en 2018.

L’association fondée par Sébastien Buisson finit par engranger 460 000 euros et emploie 14 salariés. À Limoges, les Clowns Doux, une autre association, qui intervient elle aussi auprès des enfants hospitalisés tente d’alerter les pouvoirs publics, notamment le procureur de la République sur une confusion des deux associations sciemment utilisée par Sébastien Buisson pour récolter et détourner des fonds. La direction du CHU de Limoges alerte également en 2014, puis en 2017 c’est au tour de Tracfin, service du ministère de l’Économie, de détecter des opérations financières atypiques ». Le président a en effet retiré 63 800 euros en espèce.

En juin 2018 il est interpellé avec sa conjointe, secrétaire de l’association. Elle reconnaît qu’il s’agit d’une « grosse arnaque ». Lui reconnaît avoir « négligé la comptabilité » mais assure que les 100 000 euros par an générés par « Les nez rouges » permettent de payer les salariés et les frais. Les enquêteurs interrogent les salariés et ambassadeurs, conclusion : rien n’a été fait pour les enfants. Le président est placé en détention en juin 2018. Il ressort finalement de prison avec l’interdiction de quitter le département de la Haute-Vienne. Finalement, il fait de nouveau parler de lui en janvier 2021, lorsqu’il défend des clients devant le tribunal de Cusset. Il est mis en examen pour escroquerie en récidive et exercice illégal de la profession d’avocat, puis est placé en détention.

Source LA DEPÊCHE.

Handicap – Une patiente réclame près de 1,5 millions d’euros d’indemnisation après une opération à l’hôpital de Nîmes…

Près d’un million et demi d’euros ! C’est la somme colossale qu’a réclamée ce vendredi une patiente lourdement handicapée après une opération subie au CHU Carémeau de Nîmes.

Le tribunal administratif a mis en son jugement en délibéré.

Il sera rendu dans 15 jours. 

Le tribunal administratif de Nîmes

 

Près d’un million et demi d’euros ! C’est la somme colossale qu’a réclamée ce vendredi devant le tribunal administratif une patiente lourdement handicapée après une opération subie au CHU Carémeau de Nîmes. En 2014, cette Montpelliéraine, âgée de 54 ans à l’époque, avait été opérée du rachis en raison de problèmes chroniques de mal de dos. Malheureusement, à l’issue de l’intervention, elle avait totalement perdu l’usage de sa jambe gauche, paralysée à vie. Et elle avait parallèlement contracté une maladie nosocomiale pendant son séjour à l’hôpital.

Déficit d’information

L’avocat de la patiente, maitre Gaëtan Bosch, se félicite que le tribunal ait reconnu un déficit d’information de la part de l’hôpital : « Cette dame n’a pas été suffisamment informée des risques qu’elle encourait du fait de ses nombreuses interventions. Sa vie a été bouleversée, celle de ses proches également. Aujourd’hui, elle est obligée de vivre avec ce handicap et évidemment ce n’est pas facile« .

De son côté, l’avocate du CHU Carémeau, Maître Elodie Rigaud, a simplement indiqué qu’elle s’en remettrait à la décision du tribunal, même si elle estime que le patiente avait été suffisamment informée : « Elle avait rencontré son médecin à plusieurs reprises, il y avait une confiance qui était établie et une pathologie qui était connue. On peut donc imaginer que le risque de paralysie avait été évoqué. C’est en cela que l’on regrette cette décision, uniquement sur ce point là, à savoir qu’il n’a pas été retenu que l’information avait bien été donnée parce qu’il n’y avait pas de trace écrite de ce risque« .

C’est l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux (ONIAM) qui prendrait en charge l’essentiel des indemnités au titre de la solidarité. De son côté, le CHU Carémeau devrait verser un peu plus de 6.000 euros en raison du manque d’information. Le jugement a été mis en délibéré. Il sera rendu dans 15 jours.

Source FRANCE BLEU.

 

Le Mans. L’hôpital sensibilise au handicap…

À l’occasion du 3 décembre 2021, journée mondiale du handicap, le Centre hospitalier du Mans propose des stands d’information et des actions culturelles.

L’exposition photo « Visages » réalisée par des résidents de la maison d’accueil spécialisée Handi-Village sera visible dans la galerie Monet.

 

Le vendredi 3 décembre aura lieu la journée mondiale pour les personnes en situation de handicap. Dans ce cadre, le Centre hospitalier du Mans en partenariat avec plusieurs associations propose des stands d’information dont le dispositif Handipatient à destination du grand public.

Cette journée sera aussi l’occasion de présenter le livret d’accueil conçu spécialement pour les personnes en situation de handicap et travaillé en étroite collaboration entre les différents acteurs du CHM et des associations.

Cette journée sera l’occasion de faire le lien entre la santé et la culture, qui joue un rôle majeur dans le cadre de la prévention des problèmes de santé, de la promotion de la santé, de sa prise en charge et celle du traitement des maladies tout au long de la vie. La pratique d’activité culturelle permet en effet de compléter les traitements médicaux traditionnels et d’améliorer l’état des patients.

Actions culturelles

L’exposition photo « Visages » réalisée par des résidents de la maison d’accueil spécialisée Handi-Village sera présente du 1er décembre 2021 au 14 janvier 2022 dans la galerie Monet.

Le projet « appels d’airs » sera également présenté lors de cette journée. C’est un travail photo autour de la mémoire, réalisé par Véronique Léger, professionnelle de l’image et des résidents de Pablo-Picasso accompagnés de professionnels de santé.

Les stands et le vernissage seront présents au niveau de l’espace des usagers et de la galerie Monet dans le bâtiment Claude-Monet

De 13 h 30 à 16 h 30 : Stands d’information sur le handicap par le dispositif Handipatient et des associations partenaires à destination du grand public.

À 15 heures : vernissage de l’exposition « Visages » réalisée par des résidents de la MAS Handi-Village.

Source OUEST FRANCE

DTAMedical, la start-up du Jura qui soigne les plaies sans pansement, séduit de plus en plus les investisseurs…

Elle grandit, elle grandit, la petite entreprise jurassienne DTAMedical. Un nouveau bâtiment à Besançon, une aide conséquente de la Région, des investisseurs au rendez-vous…

La petite start-up, qui fabrique un dispositif médical spécialisé dans la cicatrisation des plaies, prend de l’épaisseur.

DTAMedical, la start-up du Jura qui soigne les plaies sans pansement, séduit de plus en plus les investisseurs

 

L’aventure s’accélère. Enfin, pourrait-on presque ajouter. Car « le chemin a été long, douloureux, difficile », reconnaît aujourd’hui François Dufaÿ. Depuis quelque temps, l’entreprise DTAMedical, qu’il a fondée, est en train de changer de catégorie : les investisseurs sont de plus en plus nombreux à faire les yeux doux à la petite start-up du Jura.

Une cicatrisation deux fois moins longue

Ce que propose l’entreprise ? Un dispositif médical spécialisé dans la cicatrisation des plaies dites complexes, les réduisant de moitié (dix jours contre vingt habituellement). Son principe ? Une enceinte hermétique au sein de laquelle il est possible d’optimiser les principaux paramètres environnementaux (température, taux d’hygrométrie et oxygène) pour aider au mieux le corps humain dans son processus de cicatrisation. Oubliés les pansements.

Fin 2021, une trentaine d’hôpitaux devraient se servir du dispositif VistaCare TM One à travers le pays ; l’objectif fin 2022, en doublant le nombre de ses commerciaux, serait d’atteindre 80 hôpitaux. « Deux machines sont déjà en service à Besançon, deux autres sont en cours d’installation à Dijon », explique François Dufaÿ, l’inventeur du dispositif, kiné et ostéopathe de formation, et enseignant-chercheur depuis une quinzaine d’années.

Inaugurés le 30 novembre

L’entreprise DTAMedical va inaugurer le 30 novembre ses nouveaux locaux dans le tout récent bâtiment Bio innovation, situé à Besançon, à côté du CHRU Jean-Minjoz. « Un lieu de rassemblement avec une partie laboratoire », pour les équipes administratives et commerciales, « au cœur de l‘écosystème d’innovation santé du campus Temis Santé ».

En juin dernier, la Région Bourgogne Franche-Comté a voté une subvention de 400 000 euros pour aider DTAMedical dans son développement. À la plus grande satisfaction de François Dufaÿ, attaché depuis « le début de l’aventure, à ses racines franc-comtoises ». Les différentes levées de fonds, auprès d’investisseurs professionnels, de Bpifrance et d’autres acteurs bancaires sur Internet via la plateforme de crowdfunding WiSeed, confirment cette dynamique.

Soixante emplois en prévision

François Dufaÿ réfléchit actuellement à une version à domicile de son dispositif médical. « Miniaturisé, connecté à l’hôpital, avec des éléments d’intelligence artificielle. » Ce serait pour courant 2024 au niveau européen, et une année plus tard pour les États-Unis.

Avec ses fournisseurs, DTAMedical prévoit la création de près de 60 emplois sur le territoire bisontin dans les années à venir afin de répondre à la demande pour VistaCare.

Source EST REPUBLICAIN.

Coronavirus : environ 85% des personnes hospitalisées sont non vaccinées, selon une étude…

Les personnes non vaccinées contre le Covid-19 représentent environ 85% des malades hospitalisés en France, y compris en réanimation, et 78% des décès dus au virus, selon une étude de la Drees, le service statistique des ministères sociaux, publiée ce vendredi 30 juillet.

Les non-vaccinés représentent environ 85% des malades hospitalisés en France [photo d'illustration].

 

Ces chiffres étaient attendus depuis plusieurs semaines. La Drees, le service statistique des ministères sociaux, a publié ce vendredi 30 juillet les données croisées des résultats des tests Covid-19, des vaccinations et des hospitalisations. Il ressort de cette étude que la part des personnes non vaccinées parmi les malades hospitalisés est plus importante que cette même part dans la population totale.

En effet, selon les premiers résultats, pour une période allant du 31 mai au 11 juillet, les personnes non vaccinées représentaient 84% des entrées en hospitalisation dite conventionnelle et 85% des hospitalisations en soins critiques (réanimation, soins intensifs et soins continus). Comparativement, au moment de l’étude, 45 % de la population n’avait reçu aucune dose de vaccin. Du côté des personnes complétement vaccinées, elles représentaient 7% des admissions, « une proportion cinq fois plus faible que celle observée en population générale (35 % en moyenne durant la période d’étude) ». Ce constat vaut pour toutes les tranches d’âge.

Le même bilan ressort des tests positifs. « Cela suggère à la fois que la protection apportée par la vaccination est forte, mais qu’elle est de même ampleur face au risque de développer un cas de maladie, qu’il soit grave (nécessitant une hospitalisation) ou non (ne donnant pas lieu à hospitalisation) », indique la Drees, soulignant toutefois qu’il s’agit d’une conclusion provisoire puisque le nombre d’entrées hospitalières étaient alors faibles.

78 % des décès sont des personnes non-vaccinées

Par ailleurs, « la remontée récente des entrées hospitalières est portée par les personnes non vaccinées », note la Drees. Elle précise qu’il y avait le 11 juillet en moyenne 55 admissions quotidiennes en hospitalisation de personnes non vaccinées et sept de personnes complètement vaccinées, contre 50 et six la semaine précédente.

Concernant les décès de patients Covid-19, une très large majorité (78%) concernent des personnes non vaccinées, 11% des personnes complètement vaccinées, et 11% des personnes ayant reçu une première dose, selon les chiffres présentés. A partir d’août, cette étude sera actualisée toutes les semaines et mise en ligne sur le site en open data de la Drees, a indiqué à l’AFP le ministère de la Santé.

De premières indications sur la gravité du variant Delta

Concernant le variant Delta, la part des patients présentant la mutation L452R (portée notamment par ce variant) apparaît un peu plus élevée parmi les admissions en soins critiques que parmi les entrées en hospitalisation conventionnelle, suggérant que ce variant « génère une proportion un peu plus élevée de cas graves ». Ces enseignements restent toutefois « fragiles, en raison de la faiblesse du nombre de cas identifiés sur cette première période d’étude », précise la Drees.

Source FRANCE BLEU.

Suicides, épuisement moral, surmenage : le gouvernement se penche sur la détresse des internes en médecine…

Face à leur détresse et à la mort de cinq de leurs camarades depuis le début de l’année, le ministre de la Santé, Olivier Véran les rencontrera une heure ce mardi avec tous les autres étudiants de santé.

Souvent en première ligne, les internes déplorent des conditions de travail «inacceptables» et «dangereuses» pour leur santé.

 

Ils s’appelaient Valentin, Tristan, Quentin, Florian… Tous étaient internes et se sont donné la mort depuis le début de l’année 2021, épuisés par leur condition de travail. «Un interne, ce sont des journées sans fin, deux gardes de 24 heures par semaine et une pression de dingue car on a la vie des gens entre nos mains», témoigne Quitterie*, interne en pédiatrie à Lille.

Depuis cinq ans, elle arpente jour et nuit les couloirs blanchâtres du CHU lillois, voguant tous les six mois entre les services de réanimation, les urgences et la pédiatrie générale. Si elle a «tenu bon», c’est grâce à ses amis et sa famille mais plusieurs fois, elle a «hésité à tout arrêter». «Je ne dormais plus, j’étais en permanence épuisée, je n’avais plus le goût de rien».

Comme elle, sur 30.000 internes en France, ils sont plus de 66 % à présenter des signes anxieux, 28% des symptômes de dépression, 26% des idées suicidaires, selon l’étude de l’Intersyndicale nationale des Internes (INSI) de 2017. «Un chiffre encore plus élevé avec l’arrivée de la pandémie», complète auprès du Figaro Gaëtan Casanova, président du syndicat et interne en anesthésie-réanimation à Paris.

Une situation face à laquelle la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a réagi dans la journée constatant que «ces situations de mal-être perdurent et que la parole peine à se libérer». Pour lutter contre cette omerta, elle appelle tous les directeurs d’ARS, les directeurs d’université de prendre des mesures adéquates quitte à «suspendre un terrain de stage où des actes de maltraitances ont été observées».

Le ministre de la Santé tiendra de son côté une réunion de concertation avec l’ensemble des étudiants de santé ce mardi 18 mai à 20 heures. Olivier Véran devra répondre à une horde d’étudiants déjà épuisés, fragilisés par la crise. «On ne veut pas d’un coup de com’, il y a de vraies questions, de vrais problèmes qui sont le reflet d’un hôpital à bout de souffle», défend Gaëtan Casanova.

Épuisement physique et moral

«Je suis toujours fatiguée, souffle Angélique*, interne en réanimation à Nice. Je travaille plus de dix heures par jour, parfois sans pause déjeuner.» L’étudiante de 26 ans a choisi cette spécialité par passion, mais elle ne «s’attendait pas à ce que ce soit si difficile». Journées de travail sans fin, gardes de 24 heures, stress permanent…

Depuis presque six ans, elle «n’arrête pas». Les semaines s’enchaînent, les nuits s’écourtent et ses vacances s’annulent. Elle se souvient de cette semaine du mois de février durant laquelle elle a dépassé les 80 heures de présence à l’hôpital. «J’ai enchaîné les blocs, les intubations, les soins, les comptes-rendus, égrène-t-elle. J’arrivais à l’hôpital, il faisait nuit, je repartais, il faisait nuit». Un épuisement qui se ressent non seulement dans ces services de soins intensifs, boudés ces dernières semaines en raison de la pandémie, mais aussi dans les autres étages des hôpitaux.

D’après une étude de l’INSI datant de 2020, les internes sont très loin d’effectuer les 48 heures hebdomadaires réglementaires mais dépassent les 58 heures, voire 90 heures pour certaines spécialités comme les chirurgiens. «Il faut que cette limite soit respectée, demande Gaëtan Casanova, c’est une nécessité» car «au-delà on est dangereux pour soi-même et pour les patients». Ces dernières sont souvent bafouées car «il y a du travail, du personnel absent et on n’a pas le choix».

Une pression ressentie par la majorité des internes, venue des chefs de service qui n’hésitent pas à solliciter leurs étudiants. 90% d’entre eux subissent un harcèlement moral, selon le syndicat. «Tous les jours je suis stressé, j’ai peur de mal faire, de faire une faute», se répète Théophile, interne en chirurgie. Tous les jours, le jeune Lyonnais côtoie la mort, l’angoisse, les pleurs, les annonces tragiques aux familles … Et doit y faire face seul.

Des jeunes seuls et désemparés

«On n’a pas le temps de nous écouter, de discuter de ce que l’on vit, il faut avancer», déplore l’interne en chirurgie. Face à de nombreuses responsabilités, les étudiants en médecine sont souvent appelés à prendre des décisions tout seul. «En garde, un chef reste parfois disponible mais pas toujours. J’ai déjà passé des nuits entières en étant le seul médecin présent», relate-t-il en notant qu’il est encore en formation et «ne pas tout savoir». Des supérieurs parfois insensibles aux craintes des plus jeunes qui débutent, regrette de son côté Gaëtan Casanova. «Ils répètent que c’était pire avant mais c’est faux. Si le nombre d’heures était lui plus important, la charge était moindre.»

Le président du syndicat national demande un meilleur suivi des internes et des chefs de service pour «un management plus humain». Finie la culture médicale où il est normal de se laisser faire et accepter de telles conditions de vie, «il faut que cela cesse». Et chacun peut apporter sa pierre à l’édifice, espère Gaëtan Casanova. «Moins d’administratif et plus de soin» est une de ses principales requêtes. «On n’est pas contre travailler beaucoup, c’est un métier qu’on fait avec passion mais on a besoin d’être avec nos patients, de les soigner, pas d’avoir les mains dans des dossiers.»

Les internes ne sont pas les seuls à critiquer la part prise par l’administratif sur les soins. «Le malaise n’est pas propre aux jeunes, il est global dans la profession», soutient le Conseil national de l’Ordre des médecins dans son étude sur la santé des jeunes soignants. Un mal-être d’autant plus étrillé avec la pandémie qui a bouleversé l’organisation de tous les services hospitaliers, des infirmiers aux médecins en passant par internes les rendant plus vulnérables. L’INSI a donc lancé une enquête nationale pour établir avec précision les conséquences du Covid-19 sur le moral de ces étudiants. Les premiers résultats devraient être communiqués dans deux-trois semaines.

*Leurs prénoms ont été modifiés à leur demande

Source LE FIGARO.


Opération sous hypnose à l’hôpital du Mans : « J’avais confiance dans sa voix », témoigne une patiente…

Manon, 28 ans, est la dernière à avoir été opérée sous hypnose à l’hôpital du Mans, mardi 11mai.

Une possibilité proposée par le centre depuis 2014.

Depuis 2014, le Centre Hospitalier du Mans propose des opérations sous hypnose aux patients qui le souhaitent.

 

« Je voulais que ce soit le moins médicalisé possible, donc sans anesthésie générale, j’avais eu connaissance des opérations sous hypnose, c’est donc ce que j’ai choisi« . Mardi 11 mai, Manon s’est fait retirer la moitié gauche de la thyroïde au Centre hospitalier du Mans, dernière opération sous hypnose réalisée dans l’établissement qui effectue une intervention de ce type chaque mois. A chaque fois, le procédé est strict : de préférence, la demande doit être faite par le patient qui doit montrer une réelle motivation, avant un accord du corps médical qui s’assure de l’informer des effets de sa décision, tout en vérifiant si son état de santé n’est pas contre-indiqué. L’hypnose ne remplace pas l’anesthésie, puisqu’une anesthésie locale est réalisée en plus de l’injection de sédatifs.

Les préparatifs servent aussi à mieux connaître le patient, à cibler ses attentes, ses lieux de confort, pour permettre de l’emmener le moment venu dans un état de transe hypnotique le plus rapidement possible. « J’ai discuté avec l’infirmière-anesthésiste, on a convenu de certaines scènes à utiliser« , poursuit Manon, « pour moi c’était un champ de blé avec des coquelicots, mon lit et mon oreiller« . La jeune femme a toutefois eu quelques doutes avant de rentrer au bloc opératoire : « C’était une première donc je n’étais pas sûre de me détacher suffisamment de l’opération et j’avais peur de faire échouer l’hypnose« .

L’hypnose, une opération en duo

Mais le moment venu « tout s’est très bien passé« , raconte Manon, qui estime avoir été bien aidée par le personnel médical et notamment par Amandine Decron, infirmière anesthésiste chargée de murmurer à son oreille tout au long de l’opération. « Je lui ai parlé des coquelicots rouges, de la légèreté, de l’air frais, du vent, de la sensation des épis de blé sous ses doigts…« , détaille-t-elle.

Mais ce voyage intérieur ne suffit pas à totalement faire abstraction de la réalité explique Manon : « J’ai ressenti deux fois la douleur, il se passe quand même des choses sur ma gorge ! Mais on avait établi un code, dans ce genre de cas, un froncement de sourcil et à chaque fois, elle me faisait revenir vers mes champs de blé. Et j’avais confiance dans sa voix, dans ce qu’elle me disait et ce qu’elle me proposait« .

Une diminution de la douleur et de l’anxiété

Au total, ils sont une dizaine au sein de l’équipe d’anesthésistes à pouvoir pratiquer l’hypnose au bloc opératoire. « Souvent les patients arrivent en état de stress avant une opération, une sorte de transe négative« , ajoute Amandine Decron, « notre travail va donc être de tout faire pour la transformer en transe positive, à travers des sensations agréables, calmes, confortables, comme le bleu de la mer, les vagues, ou le sable chaud sous les pieds nus« .

Le procédé présente plusieurs avantages, d’après Fallys Razermera, anesthésiste-réanimateur à l’hôpital du Mans, « pour le patient, il y a une diminution de l’anxiété, de sa douleur. Et pour le soignant, il y a une satisfaction personnelle à voir le patient plus satisfait de sa prise en charge ».

Manon se dit de son côté « très satisfaite », expliquant avoir été « au top dès la sortie du bloc opératoire. Je suis arrivée à 7h30 le matin à l’hôpital et à 14h30 j’étais chez moi. A refaire s’il y a besoin ». 

Source FRANCE BLEU.

Covid long : 60% des patients hospitalisés ont encore des symptômes 6 mois après…

Une étude menée en France par l’Inserm montre une très forte prévalence de la persistance des symptômes.

60% des patients hospitalisés pour Covid présenteraient des symptômes six mois plus tard, et un tiers de ceux qui travaillaient n'ont pas repris le chemin du bureau.

 

Ils sont longtemps restés sous les radars de la surveillance épidémiologique, voire considérés comme des malades imaginaires. Mais les médecins ont fini par se rendre à l’évidence face à ce que les patients ont eux-mêmes nommé «Covid long». Oui, un phénomène de symptômes persistants ou réapparaissant de façon sporadique de longs mois après l’infection existe bel et bien. Reste à mieux le comprendre, et tout d’abord à savoir combien de patients sont concernés.

Parmi les nombreuses équipes se penchant sur le sujet, des chercheurs de l’Inserm/AP-HP/Université de Paris publient aujourd’hui une étude basée sur une cohorte constituée très tôt lors de l’épidémie, dès les tout premiers patients hospitalisés pour Covid en France. Ils ont suivi les patients au long terme, avec des visites de contrôle 3 et 6 mois après leur infection initiale. Leurs résultats, publiés ce lundi dans Clinical Microbiology and Infection , sont basés sur 1137 patients suivis dans 63 centres. Tous avaient été hospitalisés (en soins intensifs ou non) pour un Covid-19 confirmé virologiquement.

À chaque visite, dix symptômes étaient systématiquement recherchés: fatigue, difficulté respiratoire, douleurs articulaires, douleurs musculaires, maux de tête, rhinorhée, toux, irritation de la gorge, perte de goût et d’odorat. Et les résultats sont impressionnants: selon les auteurs, 60% des patients suivis jusqu’à 6 mois présentaient encore au moins un symptôme (essentiellement fatigue, difficulté respiratoire, douleurs articulaires et douleurs musculaires), et un quart des patients suivis en présentaient 3 ou plus. Un tiers de ceux qui avaient un travail avant le Covid n’y sont pas retournés six mois après.

Enfin, les auteurs n’observent pas véritablement d’amélioration au fil du temps: si 655 patients présentaient des symptômes trois mois après la phase aiguë de la maladie, ils étaient encore 639 à six mois. «Nous allons poursuivre le suivi des patients inclus dans French Covid jusqu’à 18 mois après l’infection, en proposant également des tests évaluant les fonctions neuro-cognitives », souligne dans un communiqué Jade Ghosn, coordinatrice de la cohorte et professeur au sein du service des maladies infectieuses et tropicales de l’Hôpital Bichat Claude-Bernard AP-HP.

Parmi les patients présentant au moins 3 symptômes prolongés, les auteurs notent un lien avec le fait d’être une femme, ainsi qu’avec la gravité de la maladie lors de l’hospitalisation. «Cela suggère un rôle intrinsèque du virus lui-même», notent les auteurs, alors que les patients ont normalement éliminé le virus à cette date, du moins là où sa présence est détectable. L’âge et un état de santé dégradé avant la phase aiguë de Covid, n’étaient en revanche pas liés au risque de développer une forme longue de la maladie.

Reste que ces données souffrent d’un biais important: parmi 2500 patients enrôlés, encore vivants six mois après la maladie aiguë et ayant accepté de participer à l’étude, seuls 1137 sont bien venus au rendez-vous des six mois. Les autres n’ont-ils pas éprouvé le besoin de venir car leur état de santé s’était amélioré, ont-ils été suivis ailleurs ?

« Beaucoup d’études évaluent la prévalence du Covid long, et chaque étude a des résultats différents »

Dr Viet-Thi Tran, épidémiologiste (Hôtel-Dieu, AP-HP)

La fiabilité du décompte des patients souffrant de Covid long est l’un des écueils auxquels se heurte encore la recherche: «Beaucoup d’études évaluent la prévalence du Covid long, et chaque étude a des résultats différents», a ainsi noté la semaine dernière lors d’un séminaire en ligne le Dr Viet-Thi Tran, épidémiologiste (Hôtel-Dieu, AP-HP) et co-investigateur de la cohorte Compare qui regroupe des patients atteints de maladies chroniques.

«Ça va de 90 à 50% pour les études à l’hôpital, de 40 à 10% dans les études en ville… Tout cela est lié au pays, au contexte, au moment où on a évalué les choses par rapport à la dynamique de l’épidémie et par rapport au temps depuis le début des symptômes chez les patients» mais aussi, a souligné l’épidémiologiste, à la définition même de Covid long. Chacun définit la liste des symptômes dont la présence signe une forme longue.

Et si l’anosmie est très spécifique au Covid car présente dans bien peu de maladies, d’autres, comme les maux de tête ou la fatigue, sont bien plus difficile à rattacher avec certitude avec un éventuel Covid long.

Source LE FIGARO.

Le CHU de Rennes fait battre un cœur hors de tout corps pour une transplantation…

PROUESSE L’organe a été maintenu « en vie » pendant six heures.

Le CHU de Rennes fait battre un cœur hors de tout corps pour une transplantation

 

De battre le cœur a continué. Les équipes de chirurgie cardiaque et d’anesthésie-réanimation du CHU de Rennes ont réalisé une grande première à leur niveau en maintenant « en vie » un cœur hors de tout corps pendant plusieurs heures pour les besoins d’une transplantation cardiaque. L’opération a eu lieu le 26 mars et a été rendue possible par la technologie américaine Organ Care System, dont seulement trois hôpitaux français sont équipés. Elle se veut une alternative à la technique habituelle consistant à conserver le cœur à l’arrêt dans la glace.

Avec ce nouveau procédé, le cœur encore battant est prélevé sur une personne en état de mort cérébrale avant d’être déposé dans une machine de la taille d’une glacière où il va être perfusé en sang oxygéné. Les équipes rennaises ont ensuite pris l’avion puis la voiture avec à son bord le cœur palpitant. Pendant six heures, du prélèvement à la transplantation, l’organe a ainsi continué à battre durant cette opération qui « est un succès », indique le CHU de Rennes.

Un coût de plus de 30.000 euros par opération

L’établissement breton souligne que grâce à cette technique, certains pays comme l’Angleterre parviennent désormais à réanimer des cœurs pourtant prélevés arrêtés chez un donneur, permettant ainsi d’augmenter le nombre de transplantations réalisées chaque année. L’intervention a toutefois un coût qui se chiffre à plus de 30.000 euros par opération, auxquels s’ajoutent les frais de déplacement de l’équipe de prélèvement.

Le CHU de Rennes y voit tout de même un motif d’espoir pour les malades. « Appliquée au cœur, au foie ou encore aux poumons, cette approche fait entrer la greffe dans une nouvelle ère, sans jamais remettre en cause l’efficacité des techniques plus « traditionnelles » de conservation par le froid », souligne l’établissement breton.

Source 20 MINUTES.