Orpea : ‘’On a peur de dénoncer’’ témoigne une ex-salariée du groupe. « Le groupe m’a déjà menacée », affirme-t-elle !…

À Nîmes, France Bleu Gard Lozère a rencontré une ancienne salariée du groupe Orpea, accusé de maltraitances envers les résidents de ses Ehpad.

« Le groupe m’a déjà menacée », affirme-t-elle.

Orpea : ‘’On a peur de dénoncer’’ témoigne une ex-salariée du groupe. Photographie d'illustration.

 

Le président directeur général du groupe Orpea, Philippe Charrier, a été auditionné mercredi 2 février par la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale. La ministre chargée de l’Autonomie des personnes âgées a annoncé l’ouverture de deux enquêtes sur le groupe Orpea, au cœur d’une vive polémique sur les conditions d’accueil dans ses Ehpad. L’une est menée par l’Inspection générale des affaires sociales, l’autre est menée par l’Inspection générale des finances.

Ce mardi, à Nîmes, France Bleu Gard Lozère a rencontré une ancienne salariée du groupe Orpea et de Korian. Elle a travaillé dans d’autres départements que le Gard, mais exercice toujours son métier dans ce secteur. Elle préfère rester anonyme, par peur de nouvelles représailles : elle a été licenciée, explique-t-elle, parce qu’elle était handicapée.

Parlez-nous de votre métier quand vous travailliez pour Orpea.

« Mon métier est normalement de m’occuper des personnes, mais là, on n’arrivait pas à en s’occuper parce qu’il manquait beaucoup de personnel, c’est-à-dire que même nous à l’accueil, on devait faire la comptabilité. On devait faire rentrer les chèques, on devait s’occuper des équipes, faire rentrer le côté commercial, donc faire entrer les résidents, enfin on avait tout à charge. Et de l’autre côté, les soignantes. Donc elles étaient trois pour l’étage… 40 résidents. Et deux pour l’unité Alzheimer, sachant qu’il y avait une aide soignante, enfin c’était censé être deux aides soignantes. Et il y avait toujours une aide soignante et une AVS. »

Du coup, le temps consacré à tous ces pensionnaires était extrêmement réduit…

Ah oui, c’est-à-dire que même les ASH avaient tout un étage à faire à elles toutes seules. Et ensuite, elles devaient partir en restauration, faire tout ce qui est hôtellerie, donc donner à manger aux résidents et faire le service hôtelier comme on dit. Enfin c’était censé être du service hôtelier. Les filles, elles étaient formidables, mais on manquait de vaisselle ; c’est-à-dire que quand il fallait acheter de la vaisselle, on n’avait pas le budget ; quand il fallait acheter des serviettes pour essuyer les résidents, on n’avait pas de budget non plus. Il est arrivé que des soignantes aient séché les résidents avec des draps. Il fallait les punir parce qu’elles avaient jeté les serviettes, sachant que les serviettes étaient usagées, donc elles ne pouvaient pas être réutilisées.

« Il est arrivé que des soignantes aient séché les résidents avec des draps. Il fallait les punir parce qu’elles avaient jeté les serviettes, sachant que les serviettes étaient usagées. »

Comment réagissait la direction ?

La direction ? Ça dépend. La directrice, elle cautionnait, celle d’avant, non. C’est pour ça qu’elle est partie. Même moi, j’ai été dans un déni. C’est-à-dire qu’on nous demandait de faire des choses. Et petit à petit, je me suis rendu compte que c’était impossible par rapport au nombre de personnes qu’on était.

Et petit à petit, je m’apercevais que les résidents, on les couchait de plus en plus tôt. Normalement l’heure, c’était 18h30. Mais les soignantes, elles n’avaient pas le temps de s’occuper d’eux. Donc elles couchaient une partie -en fait, les personnes qui ont besoin de grands soins- on les couchait… Je suis émue parce que c’est un grand, un grand souvenir… on les couchait à cinq heures et demie (17h30, ndlr) et on les levait, les premiers, à 11 heures(le lendemain), parce qu’il y avait beaucoup de personnes qui avaient un grand besoin. Et les derniers à midi, jusqu’à midi.

Ça veut dire que pendant tout ce temps là, pour des personnes qui étaient bien sûr incontinentes, elles restaient dans leurs excréments ?

Oui, exactement. Parce qu’il n’y avait pas de soignants pour s’occuper d’eux. Elles étaient occupées ailleurs, donc elles n’avaient pas de temps pour s’en occuper.

Comment réagissaient les familles lorsqu’elles venaient voir ces personnes ?

Elles allaient voir les soignantes. Les familles ont beaucoup de respect pour les soignantes. Donc, du coup, la direction disait toujours : « Allez voir la soignante, allez voir la soignante », c’était toujours comme ça. Donc c’était elle qui était aux premières loges. Ou alors moi, la responsable hôtelière, justement. À peine arrivée, je réglais déjà les problèmes. Même la nuit, on m’appelait. C’était vraiment la catastrophe. Elle sont deux la nuit, une aide soignante et une personne pour faire le ménage, et qui s’occupe finalement des résidents. Donc, elles ne font qu’un change, un seul change la nuit.

Et vous, personnel, vous pouviez vous plaindre ? Vous le faisiez ?

Au début, c’était gentiment. Je me plaignais. C’était : « On n’a pas le choix, c’est comme ça ». Il y avait les produits d’entretien aussi. On avait des restrictions. Il y avait aussi des restrictions sur tout ce qui est nourriture, c’est-à-dire que moi, on m’a demandé de servir du pain, de l’eau avec un peu de brocolis pour faire de la couleur. On nous parlait de ratio, il fallait faire attention au ratio, ratio, ratio. Donc, même les cuisiniers, on n’arrivait pas à les garder parce qu’ils n’étaient pas bien payés. On n’arrivait pas à trouver de bons cuisiniers. Ils n’étaient pas assez payés par rapport à la valeur de leur travail. Quand on recherchait des cuisiniers, on n’en trouvait pas. Du coup, c’étaient les ASH qui allaient cuisiner.

« On m’a demandé de servir du pain, de l’eau avec un peu de brocolis pour faire de la couleur. »

Est-ce qu’aujourd’hui, ce que dénonce le journaliste Victor Castanet avec son livre, ça vous paraît loin de la réalité ?

Non c’est vraiment proche. C’est très, très proche de la réalité. C’est-à-dire que de toute façon, il n’y a qu’à voir le nombre de salariés pour le nombre de résidents. Même avec ça, on fait le calcul, sachant qu’il y a toujours des absents. Donc, faites le calcul. Rien qu’avec le personnel qui est compté dans l’établissement, on ne peut pas s’occuper bien des personnes avec ça. Avec 4 ou 5 ASH, c’est pas possible.

Ça vous inspire quoi vous aujourd’hui ? Maintenant que vous n’y êtes plus…

Un soulagement. Et je continue à me battre pour eux, en fait, actuellement, mais toujours parce qu’on m’a déjà menacé. En fait, le groupe m’a déjà menacée. Donc, j’essaye d’être discrète pour protéger ma famille. Aujourd’hui, j’ai un emploi, je n’ai pas envie de le perdre, parce que ça va très vite. Malheureusement, ça va très vite. J’ai des copines qui travaillaient pour le groupe aussi qui ont perdu leur emploi parce qu’elles ont dénoncé. Et maintenant, du coup, on a peur de dénoncer. Mais il ne faut pas parce que c’est grave ce qu’il se passe, c’est très grave.

Il est vrai que les familles, elles ne peuvent plus s’occuper des personnes et elles ne savent plus comment faire. Elles sont obligées de fermer les yeux, comme on dit, et elles viennent s’occuper elles-mêmes de leurs résidents. C’est-à-dire qu’il y a des familles qui viennent faire prendre la douche à leur mère pour être sûr que ce soit fait. C’est la catastrophe.

« Il y a des familles qui viennent faire prendre la douche à leur mère pour être sûr que ce soit fait. C’est la catastrophe. »

Je me demande sérieusement où part l’argent, parce que quand on voit l’établissement, il est pratiquement toujours au complet. Bon, peut-être moins maintenant, avec le Covid. Mais à chaque fois qu’il y a un résident qui part, on a toujours une personne qui le remplace. Et d’ailleurs, même quand ils décèdent les résidents, on fait en sorte que la personne parte de suite, ce sont les familles qui doivent s’occuper de ça, sinon, c’est facturé. Ça fait froid dans le dos parce que nous, on est là, le personnel, à devoir annoncer le deuil à leurs familles. Mais on nous demande de bien leur dire qu’il faut qu’ils fassent vite, parce que ça va être facturé. Mais on parle de beaucoup d’argent à la journée.

Source FRANCE BLEU.

Scandale Orpea : le 3977 enregistre « une montée en flèche » des signalements de maltraitances…

Suite à la parution du livre « Les fossoyeurs » sur les Ehpad du groupe Orpea, la plateforme téléphonique du 3977 enregistre « une montée en flèche » des signalements de maltraitances. C’est ce qu’a expliqué ce samedi son président à l’AFP.

Le numéro national 3977 enregistre une forte hausse des signalements de maltraitances des personnes âgées.

 

La parole commence-t-elle à se libérer ? Depuis la sortie du livre « Les fossoyeurs » dénonçant la situation dans les Ehpad du groupe Orpea, le 3977 a enregistré « une montée en flèche » des signalements de maltraitances. C’est ce qu’avance ce samedi son président, Pierre Czernichow, à l’AFP. La plateforme téléphonique est consacrée aux signalements des maltraitances envers les personnes âgées et les adultes en situation de handicap.

Les appels reçus évoquent, entre autres, le sort d’une maman qui a perdu beaucoup de poids, d’une épouse décédée après une dénutrition sévère ou encore d’une résidence gravement dépendante dont la toilette est faite en huit minutes top chrono.

50 signalements quotidiens

« Il y a une forte augmentation: de 20 à 30 signalements quotidiens il y a quinze jours, on est passé à 50« , constate Pierre Czernichow. « C’est un mouvement suscité par l’actualité » et mieux vaut attendre avant de parler d’une réelle « libération de la parole« , qui ne pourra se mesurer que sur « une échelle de temps plus significative« , insiste le président de la plateforme.

« Une infime partie des situations de maltraitance fait l’objet de signalements« , moins de 5% selon une estimation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), mais « il y a un contexte général qui fait que les langues se délient. On le voit sur les violences faites aux femmes ou sur l’inceste ».

L’an dernier, le 3977 a ouvert 1.892 dossiers pour des signalements de maltraitances dans des Ehpad, soit plus d’une alerte reçue sur quatre. Un chiffre en augmentation de 37% par rapport à 2020. Les personnes âgées sont les principales victimes des situations décrites au téléphone (73%). Les personnes handicapées ont fait l’objet de 1.800 alertes, en hausse spectaculaire de 56% sur un an. Pierre Czenichow rappelle toutefois que l’année 2020 a été marquée par une stagnation des signalements dans le contexte de l’épidémie de Covid-19.

« Il n’y a pas qu’Orpea dans la vie »

Alors que « les phases de confinement sont bien identifiées comme favorisant une maltraitance, à domicile notamment« , dans les Ehpad, les résidents ont été coupés de leurs proches. Or « les familles sont majoritairement à l’origine des signalements« , explique le président du 3977, pour qui la forte hausse constatée en 2021 peut comporter « une part de rattrapage« .

Les signalements concernent des établissements de tout statut, aussi bien privé lucratif que public ou non lucratif. « Avec cette montée en flèche des alertes constatée ces derniers jours, il est avéré qu’il n’y a pas qu’Orpea dans la vie« , résume Pierre Czernichow. Les types de maltraitances le plus souvent cités sont les maltraitances psychologiques, celles liées aux soins, les négligences et les restrictions de droits. En nombre certes limité, les alertes pour des violences sexuelles ont plus que doublé : 104 en 2021 contre 42 en 2020.

Pour Pierre Czernichow, c’est le modèle Ehpad qui doit être questionné avec ses indicateurs de « masse critique« , ses seuils de « rentabilité » et sa logique « comptable« , mais aussi « le manque d’attractivité, de ressources et de reconnaissance des métiers du grand âge« .

Le 3977, numéro national, est accessible du lundi au vendredi de 9h à 19h et le samedi et dimanche de 9h 13h et de 14h à 19h.

Source FRANCE BLEU.

Après Orpea, les Ehpad Korian dans le viseur des familles de personnes âgées…

Le groupe de maisons de retraite Korian est à son tour mis en cause par des familles de résidents qui ont adressé des dizaines de témoignages sur des soupçons de maltraitance au sein des établissements à l’avocate en charge du dossier Orpea, groupe épinglé dans le livre « Les Fossoyeurs » sorti récemment.

 

Les soupçons de maltraitance dans des Ehpad du groupe Orpea, révélés dernièrement dans le livre  « Les Fossoyeurs » du journaliste indépendant Victor Castanet, s’étendent à un autre groupe de maison de retraite, le groupe Korian.

Le Parisien indique que l’avocate Sarah Saldmann, à l’origine d’une première action collective visant le groupe Orpea, a reçu des dizaines et des dizaines de témoignages mettant en cause cette fois-ci le groupe français Korian. Les familles dénoncent aussi des faits de maltraitance dans ces établissements.

L’ensemble des plainte sera déposé au parquet en avril a précisé l’avocate.

« Ce qui est allégué dans ce livre c’est un système d’entreprise aux antipodes de nos valeurs »

Après les révélations de Victor Castanet sur les pratiques du groupe Orpea, la journaliste Élise Lucet a aussi annoncé jeudi dernier de «nouvelles révélations » dans son magazine « Cash Investigation » sur la gestion des Ehpad privés, et notamment sur celle du groupe Korian.

De son côté, Sophie Boissard, directrice générale du groupe Korian, interrogée par France info le 1er février dernier, avait déclaré : « Ce livre porte des accusations très graves. Je suis sidérée et profondément choquée. Ce qui est allégué dans ce livre c’est un système d’entreprise aux antipodes de nos valeurs. Il ne m’appartient pas d’en juger mais il y a un écart gigantesque avec nos pratiques chez Korian et chez la plupart des acteurs publics et privés du secteur. Dire que tous les établissements sont potentiellement maltraitants et dilapident l’argent public, c’est insupportable. »

Source EST REPUBLICAIN.

 

Orpea : l’ex-patron a vendu des milliers d’actions juste avant le scandale…

Yves Le Masne a vendu 5456 de ses titres Orpea pour la coquette somme de 588.157 euros, trois semaines après avoir appris la prochaine publication du livre choc Les Fossoyeurs.

L'action d'Orpea s'établit à présent à 40 euros, en baisse de 60% par rapport à cet été.

 

Les révélations sur le groupe Orpea n’en finissent plus… Yves Le Masne, ancien directeur général limogé dimanche soir, a vendu 5456 de ses actions d’Orpea trois semaines après avoir appris la préparation du livre Les Fossoyeurs du journaliste Victor Castanet, selon Le Canard Enchainé. Des informations que confirment les registres de l’Autorité des marchés financiers, consultables en ligne.

Le 29 juillet, Yves Le Masne a mis en vente, en trois opérations distinctes, 5456 titres Orpea au prix de 107,80 euros chacun. Conformément à la législation, en tant que mandataire social d’une société cotée, il en informe l’AMF le 4 août 2021. Grâce à cette cession, il empoche 588.157 euros. À cette période, l’action Orpea valait en effet pas moins de 107 euros. Une valeur qui a dévissé depuis la sortie du livre de Victor Castanet, pointant de graves dysfonctionnements au sein de l’entreprise et qui a provoqué un tollé dans l’opinion. L’action s’établit à présent à 40 euros, en baisse de 60% par rapport à cet été.

«Les autorités examineront ce cas avec l’intéressé»

Mais ce joli coup de Bourse pourrait s’apparenter à un « délit d’initié ». Il est tout de même nécessaire de rappeler qu’Yves Le Masne vendait régulièrement des titres Orpea, selon les registres de l’AMF. Il en avait notamment vendu 750 actions en avril 2020 à 94 euros ou encore 2725 actions à 111 euros en novembre 2019. D’après le document d’enregistrement universel 2020 d’Orpea, Yves Le Masne détenait 20.000 actions au 31 décembre 2020. Contactée par Le Figaro, Orpea se désolidarise de son ex-patron : « Il ne fait plus partie de la société. On ne s’exprime pas sur ce sujet», précise l’entreprise.

Interrogé à ce propos sur BFM TV, son successeur à la tête d’Orpea, Philippe Carrier ne s’est pas prononcé sur la question : «C’est une question qui touche Yves Le Masne, mais pas la société. (…) Les autorités examineront ce cas avec l’intéressé, il avait peut-être de bonnes raisons mais je ne vais pas le juger à la place des autorités». De son côté, Philippe Charrier, a quant à lui acheté 600 actions Orpea les 11 et 15 octobre 2021. Le prix de l’action s’élevait alors à un prix élevé de 94 euros en moyenne.

Le gouvernement a annoncé, ce mardi, le lancement de deux enquêtes sur Orpea. L’une est confiée à l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), focalisée sur les actes de maltraitance et les ressources humaines ; l’autre à l’Inspection générale des finances (IGF), axée sur l’utilisation des fonds publics et les soupçons de pratiques financières troubles.

Source LE FIGARO.

Scandale Orpea : Bourguignon dénonce le «cynisme pur» des dirigeants, qui ne «se remettent pas en question»…

Le nouveau PDG du groupe, Philippe Charrier, et le directeur général d’Orpea France, Jean-Christophe Romersi, ont été reçus, ce mardi, par la ministre déléguée à l’Autonomie.

Orpea : Bourguignon dénonce le «cynisme pur» des dirigeants, qui ne «se remettent pas en question»...

 

Depuis une semaine, Orpea, un des leaders mondiaux des maisons de retraite (1156 établissements dans 23 pays), est au cœur d’un scandale provoqué par le livre Les Fossoyeurs, du journaliste indépendant Victor Castanet. Un ouvrage qui dénonce un «système» fait de repas et de soins «rationnés», et de pratiques financières douteuses au service de la rentabilité de l’entreprise.

En réaction, le nouveau PDG du groupe, Philippe Charrier, et le directeur général d’Orpea France, Jean-Christophe Romersi, ont été reçus, ce mardi, par Brigitte Bourguignon, la ministre déléguée à l’Autonomie. Elle dénonce, ce mercredi sur LCI, le «cynisme pur» des dirigeants, qui ne «se remettent pas en question». «Ils ont l’air de dire qu’ils ont des explications pour tout, des preuves pour tout. (…) Il y a eu des phrases malheureuses. », a-t-elle précisé. «Je leur ai bien expliqué d’abord notre colère, ma colère, mon émotion et surtout qu’ils avaient peut-être des actionnaires à rassurer, mais que moi c’est des gens, des résidents, des familles inquiètes que je dois rassurer», a-t-elle affirmé.

Un rapport maison de 300 pages

Selon les informations du Figaro, les dirigeants d’Orpea sont venus avec, pour se défendre, un rapport maison de 300 pages détaillant les contrôles qualité (hébergement, restauration…) en vigueur dans leurs établissements et la façon de gérer les plaintes de familles. «Ils sont venus avec des dossiers que je n’ai pas accepté», confirme la ministre.

Déterminée à multiplier les contrôles, Brigitte Bourguignon a annoncé le lancement de deux enquêtes sur Orpea. L’une est confiée à l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), focalisée sur les actes de maltraitance et les ressources humaines ; l’autre à l’Inspection générale des finances (IGF), axée sur l’utilisation des fonds publics et les soupçons de pratiques financières troubles. L’enquête financière s’attachera à vérifier que l’«argent public n’a pas été utilisé pour servir d’autres intérêts que ceux pour lesquels ils sont versés : le soin et la dépendance des personnes», affirme la ministre. Philippe Charrier doit être auditionné, ce mercredi après-midi, devant la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale.

Évoquant les propositions que le gouvernement compte formuler d’ici trois semaines pour éviter que de telles dérives ne se reproduisent, Brigitte Bourguignon a indiqué vouloir faire en sorte que les établissements privés lucratifs soient considérés comme des «entreprises à mission», en vertu des dispositions de la loi Pacte de 2019. Ce statut suppose qu’un organisme tiers indépendant vérifie que l’entreprise répond aux objectifs de sa mission, en l’occurrence «le soin, la bientraitance», selon la ministre.

À cela vient s’ajouter de nouvelles révélations du Canard Enchainé, selon lesquelles Yves Le Masne, ancien directeur général limogé dimanche soir, aurait vendu 5456 de ses actions d’Orpea trois semaines après avoir appris la préparation du livre Les Fossoyeurs du journaliste Victor Castanet. À ce sujet, la ministre confie avoir «un peu plus de dégoût […] Ça montre un certain cynisme, ce PDG était là depuis 28 ans. On est au cœur d’un système je pense. Il y aura des enquêtes approfondies». Avant d’ajouter que «Si, en plus, des personnes quittent le navire au moment où il y a des accusations, en n’acceptant pas de répondre et d’assumer des responsabilités et, au passage, en se servant : c’est grave.»

Source LE FIGARO.

Ehpad : Orpea annonce le limogeage de son directeur général…

Le changement à la tête du groupe fait suite aux accusations portées dans un livre sur la gestion et la «maltraitance institutionnelle» envers les résidents de ses maisons de retraite.

Ehpad «Les bords de Seine» du groupe Orpea.

« ORPEA a trouvé … un fusible… pour rassurer les actionnaires sur les dividendes à venir ! Rassurant pour les personnes âgées ? « 

LA REDACTION HANDICAP INFO.

 

Le conseil d’administration d’Orpea, dont les pratiques dans ses Ehpad ont été dénoncées dans un livre-enquête mercredi dernier, a annoncé ce dimanche 30 janvier le limogeage de son directeur général, Yves Le Masne, et la nomination d’un nouveau PDG, Philippe Charrier, «avec effet immédiat». Ce dernier «aura pour mission de garantir, sous le contrôle du conseil, que les meilleures pratiques sont appliquées dans toute l’entreprise et de faire toute la lumière sur les allégations avancées», a annoncé Orpea dans un communiqué. Philippe Charrier était directeur général des laboratoires pharmaceutiques Mayoly Spindler depuis 2019.

Ce changement à la tête du groupe fait suite aux accusations portées par le journaliste indépendant Victor Castanet, qui a enquêté pendant trois ans sur le groupe, et dont le livre, Les Fossoyeurs, a été publié mercredi dernier aux éditions Fayard. Orpea, qui gère 1100 établissements à travers le monde dont 220 Ehpad en France, y est accusé de mettre en place une «maltraitance institutionnelle» envers ses résidents.

Face à ces accusations, et alors que la parution de ce livre-enquête a fait plonger le titre en Bourse, le groupe a immédiatement mandaté deux cabinets reconnus pour une mission indépendante d’évaluation sur l’ensemble des allégations portées à son encontre.

Les dirigeants d’Orpea sont attendus mardi matin chez la ministre déléguée chargée de l’Autonomie des personnes âgées, Brigitte Bourguignon, suite à une convocation de cette dernière.

L’agence régionale de santé d’Ile-de-France a été chargée par le gouvernement de mener une enquête, et a lancé une inspection dans l’Ehpad du groupe Orpea à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), plus particulièrement visé dans le livre.

Source LE FIGARO.

« Ça fait vingt ans qu’on se bat » pour dénoncer la maltraitance en Ehpad, selon une association tourangelle…

Les faits dénoncés dans le livre-enquête « Les fossoyeurs », faits de maltraitance dans certaines maisons de retraite, n’étonnent malheureusement pas l’association ADIR MR en Indre-et-Loire.

L’une de ses membres assure que cela fait vingt ans qu’elle les dénonce auprès des pouvoirs publics. 

Un rapport transmis en 2016 au conseil départemental d'Indre-et-Loire faisait état de cas de maltraitance dans 20 Ehpad tourangeaux

 

Le livre-enquête « Les Fossoyeurs » a produit la déflagration attendue. Dans cet ouvrage publié ce mercredi, mais dont les bonnes feuilles sont déjà parues dans le journal Le Monde, l’auteur dénonce des faits de maltraitance au sein des maisons de retraite, notamment celles gérées par Orpea, le leader mondial des Ehpad. Le ministre de la santé Olivier Véran a dit ce mardi ne pas exclure une enquête de l’inspection générale sur l’ensemble de ce groupe privé.

Le livre fait notamment état de personnes âgées rationnées, avec par exemple trois couches par jour seulement, des résidents abandonnés dans leurs excréments ou encore laissés sans soin pendant des jours dans des établissements où le loyer peut pourtant aller de 6.500 euros à 12.000 euros par mois. Des accusations qu’Orpea a contestées dans un communiqué.

« La maltraitance, elle existe depuis vingt ans »

Ces faits présumés révoltent, mais n’étonnent malheureusement pas Françoise Duchemin. Elle est membre de l’ADIR MR 37, l’Association départementale des intérêts des résidents en maison de retraite. Sa mère, aujourd’hui décédée, a elle-même été victime de maltraitance dans un Ehpad d’Indre-et-Loire. Elle le déplore, rien n’a changé par rapport à la situation qu’elle dénonçait déjà en 2016 dans un rapport transmis au conseil départemental. Des cas de maltraitance lui avaient alors été signalés dans 20 Ehpad tourangeaux, publics comme privés.

Des repas pas donnés, du ménage pas fait, des douches toutes les trois semaines

« Des repas qui ne sont même pas donnés, des médicaments abandonnés sur la table ou par terre, des personnes qui n’arrivent pas à manger tout seul, le ménage qui n’est pas fait, certains établissements où les toilettes complètes, la douche, sont données toutes les trois semaines, vous imaginez? » détaille Françoise Duchemin.

« Des directeurs « qui ont envie de faire du bien et pas de faire du chiffre »

« Je ne veux pas accabler le personnel. Mais si on mettait plus de personnel et qu’on embauchait du personnel compétent, formé, suivi ! Je suis infirmière, je sais de quoi je parle. La maltraitance, elle existe depuis vingt ans, dans la plupart des maisons de retraite, il y en a de très bien. Il y a des maisons de retraite admirables avec du personnel formidable. Ces directeurs sont des gens compétents qui ont envie de faire du bien et pas de faire du chiffre ».

Elle assure n’avoir eu aucun retour du conseil départemental suite au rapport qu’elle lui a transmis en 2016. De notre côté, nous avons sollicité les services du département. Nous n’avons eu aucune réponse nous non plus.

Source FRANCE BLEU.

Ehpad : le directeur général d’Orpea convoqué par le gouvernement….!

Un livre-enquête publié ce mercredi dénonce de graves défaillances au sein de ses maisons de retraite, une enquête flash va également être menée par l’administration.

La ministre déléguée en charge de l'Autonomie, Brigitte Bourguignon.

« La situation de maltraitance est connue depuis des années ! Qui peut croire UN SEUL INSTANT que l’on puisse verser  jusqu’à 12 % de rentabilité en investissant dans des EHPAD sans que cela se fasse sur le dos des personnes dans ces établissements ?… Le gouvernement découvre comme par hasard la réalité seulement depuis hier suite à la parution d’un bouquin ? On se moque du monde ! Décidément il ne fait pas bon être retraité en France ! Triste humanité ! ». LA REDACTION HANDICAP INFO.

Mis en cause dans un livre dénonçant de graves défaillances dans ses établissements, Orpea va devoir rendre des comptes auprès du gouvernement. La ministre déléguée chargée de l’Autonomie, Brigitte Bourguignon, a indiqué mardi soir dans un communiqué qu’elle allait convoquer le directeur général «dans les plus brefs délais afin qu’il explique la situation dans les Ehpad du groupe».

Mercredi matin, sur RMC, la ministre a confirmé qu’elle avait convoqué la direction d’Orpea «pour des explications». Elle a également indiqué qu’elle allait «demander à l’administration une enquête flash sur le suivi des contrôles effectués en 2018». Car «il y a eu des contrôles de cette situation lorsqu’elle a été signalée en 2018. Je veux m’assurer que ces contrôles ont été suivis d’effet par l’établissement en question», a-t-elle précisé. Brigitte Bourguignon a ajouté se réserver, avec le ministre de la Santé Olivier Véran, «la possibilité d’une enquête indépendante de l’IGAS (l’Inspection générale des affaires sociales, NDLR) sur ces faits graves, dénoncés, s’ils sont avérés».

Plus tôt dans la journée mardi, Olivier Véran a assuré sur LCI «prendre très au sérieux» le livre, tout en voulant attendre «des éléments factuels». «Nous allons lui poser des questions [au groupe Orpea], j’attends d’avoir des éléments factuels venant des autorités d’évaluations et de contrôles indépendantes» a développé le ministre de la Santé.

Dégringolade en Bourse

Autre conséquence de ces révélations, l’action du groupe de maisons de retraite Orpea a perdu plus de 20% à la Bourse de Paris mardi. Le titre a plongé de 20,35% à 55,18 euros, après une suspension de 24 heures de sa cotation.

Orpea, suivi par d’autres groupes d’Établissements d’hébergement pour personnes âgées ou dépendantes (Ehpad) de la Bourse de Paris, avait déjà chuté lundi après la publication dans Le Monde des «bonnes feuilles» de ce livre-enquête. Le journaliste indépendant Victor Castanet y décrit un système où les soins d’hygiène, la prise en charge médicale, voire les repas des résidents sont «rationnés» pour améliorer la rentabilité. «J’ai obtenu des témoignages selon lesquels ces dysfonctionnements trouvaient leur origine dans une politique de réduction des coûts mise en place à un haut niveau» de l’entreprise, a résumé l’auteur auprès de l’AFP. Le livre paraît ce mercredi.

Orpea conteste les accusations

L’entreprise a «contesté formellement» lundi soir les accusations, qu’elle juge «mensongères, outrageantes et préjudiciables». «Nous ne rationnons pas, cela ne correspond pas à nos directives, cela ne correspond pas à nos valeurs», a déclaré mardi soir sur BFMTV Jean-Christophe Romersi, directeur général d’Orpea France. «Nous ne sacrifierons jamais la qualité de l’accompagnement, la qualité des soins à quelque notion de rentabilité que ce soit», a-t-il ajouté. Interrogé également par Franceinfo, le patron du groupe a évoqué la possible ouverture d’une enquête interne, tout en affirmant que «ce qui est démontré de l’entreprise comme un système est faux». «Nous ne restons pas sans voix, (…) nous nous réservons toutes les suites que nous jugerons nécessaires», a-t-il ajouté.

Du côté des politiques, la présidente du Rassemblement national (RN) et candidate à la présidentielle Marine Le Pen demande «la création d’une commission d’enquête parlementaire sur la gestion des Ehpad par les groupes privés». Les députés socialistes réclament eux que les parlementaires disposent d’un droit de visite dans ces établissements. Pour Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, «si la situation est celle décrite dans le livre, c’est un pur scandale». «Il faut dénoncer, il faut contrôler, il faut sanctionner si c’est avéré», a-t-il dit sur RTL. «Si les faits dénoncés sont avérés, certains d’entre eux sont inacceptables et susceptibles d’être condamnés», a commenté de son côté dans un communiqué l’AD-PA, l’Association des directeurs au service des personnes âgées.

D’autres groupes du même secteur ont été affectés par le scandale, notamment Korian, qui a perdu 4,80% à 22,62 euros, après une chute de près de 15% lundi.

Source LE FIGARO.

SCANDALE – Ehpad Orpea : un livre dénonce de graves défaillances dans le groupe, le titre chute en Bourse…

La parution d’un livre-enquête titré « Les Fossoyeurs », dénonçant l’obsession de la rentabilité au sein du groupe privé de maisons de retraite Orpea, a eu un écho immédiat.

Le siège du groupe de santé et de maison de retraites Orpea à Puteaux (Hauts-de-Seine).

Le siège du groupe de santé et de maison de retraites Orpea à Puteaux (Hauts-de-Seine).

 » Etonnant ??? Quantité de publicités valorisent les rendements en investissant dans les EHPAD ! 5, 6, 9 voire jusqu’à 12 % !… De l’argent à bon compte sur des personnes vulnérables par des entreprises cotées en Bourse ! Scandaleux ! Qui cautionne ?  » HANDICAP INFO.

C’est la dénonciation d’un système fait pour faire « cracher » les résidents et leurs familles : des personnes âgées « rationnées », abandonnées dans leurs excréments ou laissées sans soin pendant des jours… La parution d’un livre enquête titré « Les Fossoyeurs », critiquant l’obsession de la rentabilité au sein du groupe privé de maisons de retraite Orpea, a eu un écho immédiat. Ce lundi, l’entreprise a connu une chute brutale de son cours à la Bourse de Paris.

Le titre du groupe français, gestionnaire de cliniques privées et de maisons de retraite, a perdu plus de 16 %, avant que sa cotation ne soit suspendue, à la demande de la société. La direction d’Orpea a fini par s’exprimer en début de soirée via un communiqué de presse. « Un article publié ce jour dans le journal Le Monde dévoile les premiers éléments d’un ouvrage à paraître visant Orpea. Ces éléments, polémiques et agressifs, montrent une volonté manifeste de nuire. Nous contestons formellement l’ensemble de ces accusations que nous considérons comme mensongères. « Orpea, ne disposant pas du livre à ce jour, a d’ores et déjà saisi ses avocats pour y donner toutes les suites, y compris sur le plan judiciaire, afin de rétablir la vérité des faits et défendre son honneur », ont-ils communiqué.

Mais que raconte « Les Fossoyeurs » pour qu’un tel séisme touche le groupe hospitalier ? L’auteur, le journaliste Victor Castanet, y décrit un système où les soins d’hygiène, la prise en charge médicale, voire les repas des résidents sont « rationnés » pour améliorer la rentabilité de l’entreprise. Et ce alors que les séjours sont facturés au prix fort plusieurs milliers d’euros par mois. Une auxiliaire de vie, dont l’auteur a recueilli le témoignage, raconte par exemple à quel point elle devait « se battre pour obtenir des protections » pour les résidents.

« Il faut que ça crache ! »

« Nous étions rationnés : c’était trois couches par jour maximum. Et pas une de plus. Peu importe que le résident soit malade, qu’il ait une gastro, qu’il y ait une épidémie. Personne ne voulait rien savoir », raconte cette femme dans « Les Fossoyeurs ». L’auteur s’intéresse d’abord aux dérives signalées dans l’établissement « Les Bords de Seine » qui sert de vitrine au groupe Orpea, à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), puis découvre d’autres dysfonctionnements. Selon l’auteur, l’obsession de la rentabilité aurait poussé les dirigeants historiques du groupe – à commencer par son fondateur, le docteur Jean-Claude Marian, aujourd’hui richissime président d’honneur –, à imposer des méthodes managériales visant principalement à rogner sur les dépenses et profiter également de l’argent public. « Il faut que ça crache ! », serait le « leitmotiv » des réunions d’encadrement selon ce livre polémique.

Le livre revient également sur les conditions de la mort de l’écrivaine Françoise Dorin en janvier 2018, des suites d’une escarre mal soignée, moins de trois mois après son entrée dans un des établissements du groupe Orpea. Une perquisition avait déjà eu lieu au siège du groupe de maisons de santé à Puteaux (Hauts-de-Seine) en mars dernier, dans le cadre d’une enquête préliminaire pour complicité de fraude fiscale et blanchiment aggravé.

La tempête boursière déclenchée par la parution de cet ouvrage a également touché d’autres groupes privés gérant des maisons de retraite : le titre Korian a perdu quelque 10 % dans le courant de l’après-midi, et celui de LNA santé plus de 4 % – dans un marché globalement en très forte baisse de 3,55 %.

Source LE PARISIEN.

L’« eye tracking » pour détecter les symptômes de Parkinson jusqu’à 5 ans à l’avance…

Développée par P3Lab, une startup européenne, cette méthode pourrait aider au diagnostic précoce de nombreuses maladies neurologiques.

L'« eye tracking » pour détecter les symptômes de Parkinson jusqu’à 5 ans à l’avance

 

« L’OMS considère les désordres d’ordre neurologique comme la plus grande menace sur la santé publique », informe Antoine Pouppez, fondateur de la start-up P3Lab. Aujourd’hui, ces troubles concernent 130 millions d’Européens. Cela représente sept millions de nouveaux cas et neuf millions de morts chaque année.

P3Lab a pour mission de propager une solution d’eye tracking appelée NeuroClues. Son but ? Aider à diagnostiquer des maladies neurologiques telles que Parkinson, la sclérose en plaques, les lésions cérébrales traumatiques ou encore Alzheimer. Celles-ci affectent collectivement 3 % des populations européennes et nord-américaines.

Grâce à NeuroClues, les neurologues pourront quantifier instantanément leur examen clinique tout en supprimant le besoin d’examens complémentaires. Une fois déposé au niveau des yeux du patient, ce masque électronique permet de diminuer de plusieurs mois le délai d’obtention d’un diagnostic et de détecter cinq ans à l’avance des symptômes spécifiques tels que le blocage de la marche.

Des diagnostics tardifs

Le diagnostic représente la plus grande problématique des maladies neurologiques. « Cela est dû à la plasticité de notre cerveau, explique Antoine Pouppez. Lorsqu’un de vos neurones meurt, le cerveau arrive à trouver des alternatives et des chemins pour contourner ce neurone et donc maintenir l’activité du cerveau sans avoir d’impact ».

Le problème intervient si la cause de cette dégénérescence est une maladie neurologique. Comme la plasticité du cerveau masque les effets de la maladie, « les gens viennent chez le neurologue trop tard, lorsque la maladie est déjà trop installée, regrette le fondateur. Le challenge est d’arriver à détecter de la façon la plus précoce possible les maladies neurologiques ».

Pour cela, P3Lab se concentre sur les yeux, qui bougent de façon continue. « Nous faisons plus de mouvement d’œil au cours de notre vie que de battement de cœur » illustre Antoine Pouppez. Il s’agit du mouvement le plus rapide du corps humain, « allant jusqu’à 600 degrés par seconde, avec des accélérations de 35.000 degrés par second ». Un mouvement étudié scientifiquement depuis de nombreuses années.

Les yeux comme détecteurs de maladies

« On sait depuis les années 1960 que les mouvements oculaires permettent de façon causale d’établir un lien entre ce que l’on observe sur le mouvement et les atteintes du système neveu central », explique Pierre Daye, autre fondateur de P3Lab. Certaines zones du système nerveux central influencent le contrôle et la coordination du mouvement oculaire. Depuis les années 1960, les chercheurs savent aussi comparer les mouvements oculaires. Ceux effectués par des personnes saines ne sont pas les mêmes que ceux des personnes atteintes Parkinson ou d’autres formes de maladies neurologiques.

L’« eye tracking » ou oculométrie permet de détecter ces maladies très tôt. Cette science visant à étudier le mouvement de l’œil est la base de NeuroClues, l’outil développé par P3Lab.

Accompagner les praticiens

NeuroClues est conçu pour répondre aux besoins des praticiens. Il s’intègre dans la pratique courante des médecins grâce à un logiciel et une solution d’ « eye tracking » portable qui effectue des mesures et des analyses en quelques minutes.

Des capteurs et des processeurs FPGA sont à la base du design des cartes électroniques, des interfaces et des connexions. « En fait, nous avons créé un PC avec un processeur spécifique et des webcams personnalisées avec des capteurs d’image », vulgarise Pierre Daye. Les quatre briques de l’appareil NeuroClues sont les capteurs, les caméras, l’unité logique (FPGA) et l’hardware. Quant au contrôle de l’appareil, P3Lab a développé une application disponible sur Windows, Mac et Androïd.

P3Lab a pour volonté « d’amener cette solution de diagnostic connue dans la recherche, dans la pratique du clinicien pour l’appliquer dans le diagnostic des maladies neurologiques ». Les maladies neurologiques, telles que la commotion, la sclérose en plaques, l’Alzheimer ou encore le syndrome parkinsonien, affectent 3 % de la population pour lesquels « l’eye tracking a une valeur », illustre Antoine Pouppez.

Réduire le temps de diagnostic

Cet outil représente un changement de paradigme dans le diagnostic du syndrome de Parkinson. Il permet de quantifier instantanément l’examen clinique du neurologue, tout en supprimant le besoin d’examens complémentaires. Sa technologie diminue ainsi de plusieurs mois le temps d’attente du patient pour obtenir un diagnostic. Plus précisément, NeuroClues détecte, plusieurs années à l’avance, des symptômes spécifiques comme le blocage de la marche.

Dans le futur, P3Lab voudrait développer un deuxième appareil destiné aux généralistes. Basé sur la même technologie, cet outil servirait à étudier les mouvements oculaires du patient de façon « ultra-simple » pour pouvoir le rediriger rapidement vers un neurologue si nécessaire.

Une certification médicale

En comparaison avec ce qui existe déjà sur le marché, NeuroClues va être certifié comme « medical device ». « Il pourra donc être utilisé dans une pratique courante de médecine sans nécéssiter des documents administratifs de vérification d’éthique » traduit Pierre Daye.

Ce mois-ci P3Lab annonce la réussite de sa levée de fonds de 4,2 millions d’euros menée par Invest. BW, l’américain Graph Ventures, Artwall, des Operator Angels. La Région Wallonne (DGO6 et Novalia) soutient également la start-up. Actuellement, P3Lab construit un réseau de collaborations internationales en Europe et aux États-Unis.