SCANDALE – Ehpad Orpea : un livre dénonce de graves défaillances dans le groupe, le titre chute en Bourse…

La parution d’un livre-enquête titré « Les Fossoyeurs », dénonçant l’obsession de la rentabilité au sein du groupe privé de maisons de retraite Orpea, a eu un écho immédiat.

Le siège du groupe de santé et de maison de retraites Orpea à Puteaux (Hauts-de-Seine).

Le siège du groupe de santé et de maison de retraites Orpea à Puteaux (Hauts-de-Seine).

 » Etonnant ??? Quantité de publicités valorisent les rendements en investissant dans les EHPAD ! 5, 6, 9 voire jusqu’à 12 % !… De l’argent à bon compte sur des personnes vulnérables par des entreprises cotées en Bourse ! Scandaleux ! Qui cautionne ?  » HANDICAP INFO.

C’est la dénonciation d’un système fait pour faire « cracher » les résidents et leurs familles : des personnes âgées « rationnées », abandonnées dans leurs excréments ou laissées sans soin pendant des jours… La parution d’un livre enquête titré « Les Fossoyeurs », critiquant l’obsession de la rentabilité au sein du groupe privé de maisons de retraite Orpea, a eu un écho immédiat. Ce lundi, l’entreprise a connu une chute brutale de son cours à la Bourse de Paris.

Le titre du groupe français, gestionnaire de cliniques privées et de maisons de retraite, a perdu plus de 16 %, avant que sa cotation ne soit suspendue, à la demande de la société. La direction d’Orpea a fini par s’exprimer en début de soirée via un communiqué de presse. « Un article publié ce jour dans le journal Le Monde dévoile les premiers éléments d’un ouvrage à paraître visant Orpea. Ces éléments, polémiques et agressifs, montrent une volonté manifeste de nuire. Nous contestons formellement l’ensemble de ces accusations que nous considérons comme mensongères. « Orpea, ne disposant pas du livre à ce jour, a d’ores et déjà saisi ses avocats pour y donner toutes les suites, y compris sur le plan judiciaire, afin de rétablir la vérité des faits et défendre son honneur », ont-ils communiqué.

Mais que raconte « Les Fossoyeurs » pour qu’un tel séisme touche le groupe hospitalier ? L’auteur, le journaliste Victor Castanet, y décrit un système où les soins d’hygiène, la prise en charge médicale, voire les repas des résidents sont « rationnés » pour améliorer la rentabilité de l’entreprise. Et ce alors que les séjours sont facturés au prix fort plusieurs milliers d’euros par mois. Une auxiliaire de vie, dont l’auteur a recueilli le témoignage, raconte par exemple à quel point elle devait « se battre pour obtenir des protections » pour les résidents.

« Il faut que ça crache ! »

« Nous étions rationnés : c’était trois couches par jour maximum. Et pas une de plus. Peu importe que le résident soit malade, qu’il ait une gastro, qu’il y ait une épidémie. Personne ne voulait rien savoir », raconte cette femme dans « Les Fossoyeurs ». L’auteur s’intéresse d’abord aux dérives signalées dans l’établissement « Les Bords de Seine » qui sert de vitrine au groupe Orpea, à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), puis découvre d’autres dysfonctionnements. Selon l’auteur, l’obsession de la rentabilité aurait poussé les dirigeants historiques du groupe – à commencer par son fondateur, le docteur Jean-Claude Marian, aujourd’hui richissime président d’honneur –, à imposer des méthodes managériales visant principalement à rogner sur les dépenses et profiter également de l’argent public. « Il faut que ça crache ! », serait le « leitmotiv » des réunions d’encadrement selon ce livre polémique.

Le livre revient également sur les conditions de la mort de l’écrivaine Françoise Dorin en janvier 2018, des suites d’une escarre mal soignée, moins de trois mois après son entrée dans un des établissements du groupe Orpea. Une perquisition avait déjà eu lieu au siège du groupe de maisons de santé à Puteaux (Hauts-de-Seine) en mars dernier, dans le cadre d’une enquête préliminaire pour complicité de fraude fiscale et blanchiment aggravé.

La tempête boursière déclenchée par la parution de cet ouvrage a également touché d’autres groupes privés gérant des maisons de retraite : le titre Korian a perdu quelque 10 % dans le courant de l’après-midi, et celui de LNA santé plus de 4 % – dans un marché globalement en très forte baisse de 3,55 %.

Source LE PARISIEN.

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