Amende de 45.000 euros prévue pour les établissements ne contrôlant pas le pass sanitaire…

Cet outil conditionnera l’accès aux cafés, restaurants, centres commerciaux ou encore aux trains, avions et cars pour les longs trajets à partir du 1er août.

Le pass sanitaire va se généraliser selon un nouveau projet de loi.

 

L’exploitant d’un lieu qui manquerait aux futures obligations de contrôle du pass sanitaire sera passible d’une amende allant jusqu’à 45.000 euros et d’un an de prison, selon l’avant-projet de loi incorporant les nouvelles dispositions annoncées par Emmanuel Macron, et que s’est procuré l’AFP mercredi. Le texte crée par ailleurs un nouveau motif de licenciement, et élargit à toute personne contaminée les mesures de placement à l’isolement pendant dix jours.

«Le fait, pour un exploitant d’un lieu ou établissement, le responsable d’un événement ou un exploitant de service de transport, de ne pas contrôler la détention par les personnes qui souhaitent y accéder (du pass sanitaire) est puni d’un an d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende», stipule son article 1er.

Entrée en vigueur le 1er Août

Le chef de l’État a annoncé lundi que la présentation du pass sanitaire conditionnera l’accès aux salles de spectacle et aux cinémas à partir du 21 juillet, et aux cafés, restaurants, centres commerciaux ou encore aux trains et avions à partir du 1er août, même si certaines mesures de «souplesse» s’appliqueront pour les adolescents et les salariés des cafés et restaurants.

Tous les clients à partir de 12 ans des lieux et transports concernés devront avoir leur pass, ainsi que leurs salariés (serveurs des restaurants, contrôleurs de trains, etc.) mais pas les policiers ou gendarmes. Un sursis jusqu’au 30 août a été décidé pour les enfants de 12 à 17 ans et les salariés.

Le projet dispose également que les salariés soumis à la vaccination obligatoire (personnels soignants, au contact de populations fragiles, pompiers) ne pourront plus exercer leur activité en cas de manquement au 15 septembre prochain, et pourront être licenciés si la situation perdure pendant les deux mois qui suivent. Le texte doit être adopté lundi 19 juillet au Conseil des ministres puis examiné par le Parlement dans la semaine.

LE FIGARO.

 

On a demandé aux personnels paramédicaux ce qu’ils pensaient de la vaccination…

Jusqu’ici, on ne leur avait pas vraiment posé la question. C’est dorénavant chose faite.

 

Tribune après tribune, interview après interview, les prises de parole sur la vaccination des personnels soignants contre le Covid-19 tendent à être monopolisées par les médecins, ce qui a pour effet d’invisibiliser les professions paramédicales (infirmiers, kinésithérapeutes, aides-soignants, orthophonistes, diététiciens, etc.)

Alors que les paramédicaux hospitaliers de l’AP-HP ne sont complètement vaccinés qu’à 51% (contre 70% du personnel médical), cette catégorie de soignants, qu’ils soient salariés ou libéraux, est constamment pointée du doigt par les médecins avec souvent un certain paternalisme voire une sorte de mépris. Pour autant, les paramédicaux vaccinés contre le Covid, favorables à la vaccination, voire à l’obligation vaccinale chez les soignants, sont légion. Subissant souvent l’image erronée de n’être que les simples exécutants des décisions des médecins, ils pâtissent aujourd’hui d’un stigmate supplémentaire lié au refus vaccinal de leur confrères et consœurs. Quels sont leurs motivations et quel regard portent-ils sur leurs collègues réfractaires?

Un acte civique

Le 5 mars 2021, le ministère de la Santé enjoint les professionnels de santé à recevoir leur injection. Dans la lettre qu’il leur adresse, Olivier Véran souligne que la vaccination leur est ouverte depuis le mois précédent mais que «près de 40% des personnels des EHPAD et 30% des personnels des établissements de santé sont vaccinés. C’est un chiffre encourageant mais qui ne progresse que trop peu. […] Si vous n’êtes pas encore vaccinés, faites-le rapidement. Il en va de notre responsabilité collective. »

Si ce rappel à l’ordre passe mal, nombre des professionnels concernés estiment que la vaccination est indispensable à la protection de leurs proches et de leurs patients. Pierre-Henri, infirmier dans un CHU, explique les raisons qui l’ont conduit à passer à l’acte. «Ça a été une évidence.» Comme beaucoup, il a reçu la crise sanitaire de plein fouet et connaît les ravages de la maladie. «L’objectif est bien sûr de me protéger mais aussi de protéger les autres et notamment mes proches, mes parents ainsi que la grand-mère de ma femme», explique t-il. Guida, orthophoniste, n’y a pas non plus réfléchi à deux fois: «J’attendais avec impatience de pouvoir le faire, que ce soit pour me protéger ou pour protéger mes patients, dont certains sont sous chimiothérapie et donc immunodéprimés. Le vaccin est la seule manière de lutter efficacement contre la diffusion du virus.»

Naïs, kinésithérapeute, explique comme nombre de ses collègues: «Non seulement certains de mes patients ne sont jamais revenus, mais de nouveaux sont arrivés avec des séquelles de leur hospitalisation en réanimation ou un Covid long. C’est un vrai facteur incitatif.» «C’est un acte civique, ajoute Pierre-Henri. Toute la société doit œuvrer afin d’éviter une nouvelle vague et l’engorgement des hôpitaux qui s’ensuit.»

Claire, kinésithérapeute, estime que la vaccination est «une obligation morale [pour les soignants]. Il me paraîtrait hypocrite de vouloir soigner tout en reniant les fondements scientifiques qui amèneraient à mettre en danger mes patients. Ce serait prendre le risque d’être responsable de l’hospitalisation voire du décès de l’un d’eux. Cette idée m’est insupportable.» Elle relève, a posteriori, un effet très désirable du vaccin: «Après ma première dose et la nuit un peu délirante qui l’a suivie, le retour au réel s’est fait avec une prise de conscience forte: maintenant je suis sûre que je ne vais pas mourir. L’épée de Damoclès a disparu. Quel soulagement! Je me suis sentie légère et très heureuse.»

Une prophylaxie qui a fait ses preuves

Ceux qui interrogent l’efficacité et l’innocuité des vaccins anti-Covid sont peu nombreux, même si Claire concède: «En février, j’avais un peu peur d’éventuels effets indésirables, mais je savais que de toute façon j’allais me faire vacciner parce que c’est la seule solution.»

Clément, infirmier en psychiatrie, explique avoir été rassuré par les médecins qu’il suit sur Twitter: «J’ai acquis une grande confiance en eux depuis le début de la pandémie. Ils avaient non seulement une démarche scientifique mais ils n’hésitaient pas à se montrer critiques envers le gouvernement.»

«La prophylaxie contre la rougeole, la rubéole, la fièvre jaune ou l’hépatite sont des preuves à l’appui de l’efficacité vaccinale.»

Naïs, kinésithérapeute

Il en va de même à propos des vacccins, estime l’infirmier. «Je suis convaincu de leur bien-fondé au vu des données scientifiques partagées, même si elles doivent être questionnées régulièrement et expliquées avec pédagogie. C’est ce qu’ont fait ces médecins et leur transparence m’a largement encouragé.»

Naïs ajoute: «Lors des études de santé, nous étudions toutes les étapes du processus de recherche qui mène à la création des médicaments afin d’obtenir une autorisation de mise sur le marché (AMM). Les critères sont très précis et rigoureusement appliqués et contrôlés. J’ai donc confiance dans les vaccins. Le principe d’action de l’ARNm me fait espérer que l’on trouvera d’autres sérums ainsi que des traitements.» Elle ajoute: «La prophylaxie contre la rougeole, la rubéole, la fièvre jaune ou l’hépatite sont des preuves à l’appui de l’efficacité vaccinale.»

L’obligation vaccinale envisagée par le gouvernement

En juillet 2021, le nombre des personnels vaccinés ne suffit toujours pas à l’exécutif, qui pense à inscrire dans la loi l’obligation vaccinale pour les soignants, voire l’étendre aux 24-59 ans.

Les professionnels de santé ne trouvent rien à redire à cette éventuelle imposition les concernant et se prononcent même en sa faveur à la quasi-unanimité. «J’entends qu’en santé publique, il est parfois compliqué d’émettre des obligations ou des interdictions totales et qu’il faut composer avec beaucoup de variables et faire au moins pire, concède Clément. Mais la vaccination contre l’hépatite B est déjà obligatoire pour les futurs soignants dès lors qu’ils commencent leurs études. Alors au vu de la situation épidémique, je suis en faveur de la vaccination obligatoire pour les professionnels de santé.»

Pierre-Henri abonde: «Au même titre qu’il est obligatoire d’être vacciné contre l’hépatite B, nous nous devons de tout faire pour protéger nos patients. Nous le faisons en appliquant rigoureusement les gestes barrières, mais le vaccin est une arme supplémentaire qui apporte une protection réelle et sûre. Nous avons un devoir d’exemplarité. On n’accepte pas que les forces de l’ordre transgressent la loi, alors comment accepter que des soignants puissent ne pas tout faire pour protéger la santé des autres?» Aïda, kinésithérapeute, va dans le même sens: «La vaccination fait partie des obligations déontologiques et éthiques. Les soignants ne doivent pas nuire à la santé de leurs patients. Or les mesures barrières ne sont pas une garantie à 100% contre le risque.»

Pour autant, la profession se sent exclue de la concertation à ce sujet.

Julien, infirmier en pneumologie et parmi les premiers vaccinés, exprime pour sa part des réserves à cause de l’injonction des médecins: «Cela donne l’impression d’un retour du paternalisme médical, du genre “Nous, nous savons ce qui est bien pour vous et sinon, c’est la punition”. C’est stigmatisant. Cela nous fait passer du statut de “héros” à “assassins”.»

Il craint aussi la division: «Le principal problème de l’obligation vaccinale tient au risque de clivage qu’elle pourrait créer entre les personnels paramédicaux. Dans mon équipe, ce sont des infirmières très compétentes et absolument pas antivax qui sont aujourd’hui réticentes à la vaccination. Il faut aussi combattre l’idée que si le personnel soignant n’est pas vacciné, il met obligatoirement le patient en danger. Nous portons en permanence un masque, nous appliquons l’hygiène des mains de façon scrupuleuse. Nous sommes déjà en sous-effectif chronique: qui viendra les remplacer?»

Une incompréhension du refus vaccinal

Reste que, face au refus vaccinal de leur confrères et consœurs, beaucoup expriment leur incompréhension: «J’ai parfois du mal à le comprendre, car nous avons tous reçu un enseignement scientifique nous donnant les moyens de comprendre les mécanismes biologiques de la vaccination et les fondements d’esprit critique pour vérifier les informations, explique Claire. Toutefois, je l’explique par un sentiment naturel: la peur de l’inconnu. Voilà un an et demi que nous sommes face à un ennemi invisible dont nous ignorions tout. Aujourd’hui, nous en savons un peu plus, mais pas encore suffisamment. La peur s’exprime par la colère et peut faire perdre toute rationalité de raisonnement.»

D’autres déplorent un engouement pour les pratiques de soins non conventionnelles, qu’ils estiment être une porte ouverte à la défiance vaccinale: «La réticence s’explique par une augmentation de conceptions pseudoscientifiques», pense Guida. Naïs corrobore: «On trouve aisément des docteurs, pharmaciens, infirmiers, sages-femmes qui prônent l’utilisation des “fake med” comme l’homéopathie, l’ostéopathie ou la naturopathie, qui sont pourtant inefficaces pour prévoir et traiter les pathologies. Depuis des décennies, certains de mes confrères se foutent des données de la littérature scientifique. Ça ne m’étonne pas qu’ils soient réticents au vaccin…»

«Certains soignants utilisent le vaccin pour lutter contre le gouvernement. Mais l’exécutif fera quand même des réformes contre nous.»

Guillaume, kinésithérapeute en libéral

De son côté, Clément considère qu’il n’y a que très peu de véritables antivax au sein de professionnels de santé paramédicaux, mais il constate: «Outre ces anti-vaccins purs et durs qui ne sont qu’une minorité bruyante, il y a beaucoup d’infirmières qui sont très versées dans des médecines douces ou des alternatives qui frôlent parfois le charlatanisme. Qui plus est, dans une optique de bien-être et non de thérapie.

Ça les rend plus méfiantes envers les médicaments. Cela peut sembler paradoxal pour des gens qui en donnent tout les jours, mais c’est ce que j’ai pu remarquer.» Il note d’autres freins qui relèvent plus de la pratique et de l’organisation: «Je pense qu’il y a une grande part de soignants qui sont prêts à se faire vacciner, mais qui sont surchargés de boulot, qui repoussent sans cesse leurs vacances ou qui les passent à la maison, et qui connaissent la durée des effets secondaires des vaccins sur des organismes déjà fatigués. Que ce soit au boulot ou pendant les jours de repos, cette perspective n’est pas très plaisante, surtout dans des services où les arrêts de travail sont souvent peu ou pas remplacés.»

Sophie, directrice d’établissements médico-sociaux, déplore que malgré la mise en place de tous les moyens pouvant faciliter ou encourager la vaccination, seuls 65% des salariés soient aujourd’hui vaccinés. Si elle relève une certaine crainte des effets indésirables, elle constate aussi que le refus vaccinal peut être une forme d’action politique de la part des paramédicaux échaudés par le gestion de la crise sanitaire: «Certains souhaitent clairement affirmer une résistance à l’égard du gouvernement.» Elle rappelle l’épisode du vaccin AstraZeneca qui selon elle «a fait beaucoup de mal».

Avant sa suspension et la modification de son AMM, le vaccin britannique avait été injecté à des soignants de moins de 55 ans qui avaient été longuement laissés dans le flou concernant leur seconde dose. Guillaume, kinésithérapeute en libéral, abonde en ce sens: «ll y a aussi des soignants qui sont contre le gouvernement et qui utilisent le vaccin comme moyen de lutte. Je pense que c’est une mauvaise vision car cela n’empêche pas le gouvernement de faire des réformes contre les soignants.»

Source SLATE.

La vaccination obligatoire est-elle compatible avec la démocratie sanitaire ?…

Une journaliste et un médecin en débattent, et ils ont tous les deux de très bons arguments.

 

C’est donc chose faite: la vaccination a été rendue obligatoire pour les professionnels de santé soignants et non soignants et pour les bénévoles au contact des personnes âgées. Selon toute vraisemblance, cela ne résoudra pas la crise sanitaire, ni ne parviendra à régler le problème du fossé vaccinal au sein de la population générale.

Alors que fallait-il proposer maintenant face à la menace du variant Delta et face à une crise qui semble n’en plus finir, dès lors que l’on ne verra sans doute jamais mise en place une stratégie d’élimination performante? Fallait-il étendre l’obligation vaccinale à la population générale? Était-il pertinent pour le gouvernement de revenir sur sa promesse?

C’est une question qui se pose réellement dans la mesure où 52,7% des plus de 12 ans ont aujourd’hui reçu au moins une dose et où 26.350.232 personnes sont entièrement vaccinées alors que nous avons besoin d’atteindre peut-être plus de 90% de l’ensemble de la population vaccinée pour éviter une quatrième vague. En pratique, ce pourrait être faisable puisque nous avons dépassé la période de pénurie, que les lieux où la vaccination est possible sont nombreux et bien organisés et que la liste des professionnels autorisés à vacciner s’allonge.

Nous avons tous les deux beaucoup discuté de l’obligation vaccinale. Alors que nous sommes souvent d’accord dans cette crise, nous sommes sur ces questions toujours en discussion. Autant vous faire partager nos débats.

Antoine Flahault: J’en suis venu à la conclusion que l’obligation vaccinale gagnerait sur tous les plans à s’étendre à toute la population éligible à la vaccination. En effet, pourquoi se limiter aux seuls soignants? Les pompiers ne sont-ils pas eux aussi appelés au chevet de patients malades, blessés, vulnérables? Les hommes et femmes de ménage ne sont-ils pas souvent au contact de personnes âgées ou à risque? Les enseignants, les forces de l’ordre, les avocats, les commerçants… La liste semble infinie. Nous sommes presque tous au contact plus ou moins rapproché de personnes âgées ou vulnérables, c’est bien chacun de nous qui se doit d’être vacciné pour se protéger et protéger la communauté.

Laure Dasinieres: Je ne peux qu’être d’accord sur la nécessité de vacciner le plus grand nombre et vite. Mais je n’arrive pas à me résoudre à ce que cela se fasse par la contrainte. Je suis peut-être naïve ou idéaliste mais je crois que la pédagogie permettant un consentement libre et éclairé doit primer sur la coercition. Je dois avouer que, question pédagogie, le gouvernement a surtout cafouillé jusqu’ici avec des communications parfois contradictoires, souvent culpabilisantes et, finalement, assez peu efficaces.

«Tout cela crée déjà une obligation masquée avec une illusion de démocratie sanitaire.»

Laure Dasinieres, journaliste

Antoine Flahault: Nous vivons la pire crise sanitaire de tous les temps modernes, une crise dévastatrice qui avait fauché 111.325 vies en France au 11 juillet 2021, la seule crise qui ait réussi à bloquer des pans entiers de l’économie mondiale. Or, nous disposons d’un vaccin, nous savons qu’il nous faut tous être vaccinés pour éviter d’engorger à nouveau nos hôpitaux, alors c’est peut-être le moment. Ne nous faudrait-il pas nous obliger à porter cette ceinture de sécurité vaccinale au volant de nos vies? Ne nous faudrait-il pas accepter de porter ce casque vaccinal sur nos crânes rebelles? Ne nous faudrait-il pas nous interdire de fumer les calumets de nos interactions sociales sans être préalablement dûment vaccinés?

Laure Dasinieres: Je suis absolument fan de vos métaphores! Elles sont d’ailleurs très parlantes et devraient être utilisées pour convaincre celles et ceux qui procrastinent et hésitent. Cela dit, l’extension du pass sanitaire à de nombreuses activités en intérieur et la fin de la gratuité pour les tests PCR et antigéniques dits de confort pourraient bien, en complément d’un travail de réassurance assorti d’un indispensable «aller vers», être suffisamment incitatives. Personne n’a envie de payer pour aller se faire curer le nez toutes les 48h! (Je tiens à préciser que cette suspension de la gratuité des tests ne me semble pas une bonne idée d’un point de vue sanitaire.) Avouez que tout cela crée déjà une obligation masquée avec une illusion de démocratie sanitaire: on peut choisir d’avoir une vie sociale ou pas… C’est un aveu d’échec que d’en arriver là.

Antoine Flahault: L’obligation vaccinale concerne un dilemme de démocratie sanitaire. On pense qu’il faut plus de 80%, peut-être même plus de 90% de couverture vaccinale pour atteindre une immunité collective protectrice. On est favorable à la responsabilisation citoyenne. Mais comment fait-on en pratique pour obtenir 80 ou 90% d’assentiment à une quelconque mesure en démocratie? Cela n’existe pas. En démocratie, on ne traite pas tous ses opposants de conspirationnistes ou de complotistes quand même! On se dit habituellement que c’est normal que tout le monde ne soit pas d’accord avec vos idées.

Mais, là, le problème, c’est que les tenants de l’idée qu’il faut se vacciner exigent que 90% soient d’accord avec eux, et cela est simplement impossible à obtenir, quelle que soit la pédagogie déployée, quels que soient les pouvoirs de conviction ou de séduction mis en œuvre. Ceux qui invoquent une forme de dictature sanitaire dans le domaine de la santé publique n’ont pas tout à fait tort: on ne sait pas vaincre la rougeole sans une couverture vaccinale de plus de 95%, et il n’est pas impossible que ce soit aussi nécessaire pour lutter contre le Covid. Et cela, on ne sait pas faire avec les outils habituels de la démocratie.

«Toutes les démocraties ont mis en place des mesures plus ou moins liberticides pour protéger
leur communauté.»

Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale à la faculté de médecine de l’université de Genève

Laure Dasinieres: D’accord mais nous ne parlons pas de politique mais de santé publique, c’est-à-dire de notre santé à tous et à toutes au sein de la cité. La politique, c’est se positionner en faveur ou non de l’obligation vaccinale, pas pour ou contre la vaccination. Je suis persuadée que les antivax sont très bruyants mais qu’ils ne représentent qu’une minorité des personnes aujourd’hui non vaccinées. Il y a des gens qui attendent, qui préfèrent un meilleur moment, d’autres qui sont éloignées du soin.

On a encore de multiples leviers à activer comme proposer un ou deux jours de congés payés après l’injection, consolider une communication transparente sur le rapport bénéfices/risques, renforcer la politique d’«aller vers» (on voit bien que les moins vaccinés sont celles et ceux qui ont les plus bas revenus). Si on veut la démocratie, il faut que chacun et chacune ait le même niveau d’information et les mêmes facilités d’accès aux soins –la gratuité du vaccin ne suffit pas. Je déplore que les inégalités sociales n’aient pas été davantage prises en compte et que l’on se soit focalisé sur la chasse aux sorcières des antivax.

Antoine Flahault: Toutes les démocraties ont mis en place des mesures plus ou moins liberticides pour protéger leur communauté des risques qu’elle encourt. L’interdiction de fumer dans les lieux publics s’applique à tous et probablement n’aurait-elle pas recueilli non plus l’assentiment de toute la population. Les limitations de vitesse, le taux d’alcoolémie au volant, pareil. En Suède, pays très sourcilleux du respect des libertés individuelles, la représentation nationale a voté il y a quelques années la déprivatisation des points de vente d’alcool, ce n’est pas rien! La France a mis en place une vaccination obligatoire pour onze vaccins, incluant la poliomyélite, la rougeole, l’hépatite B. Ce n’est pas rien non plus.

Quel bénéfice individuel direct pour un nourrisson français d’être vacciné contre la poliomyélite qui ne sévit aujourd’hui que sur la frontière de l’Afghanistan et du Pakistan, contrôlée par les talibans? Et même quel bénéfice individuel direct pour un nourrisson français d’être vacciné contre l’hépatite B? Il est probablement très faible. Mais ces vaccins sont très largement administrés. Puisqu’ils sont obligatoires, c’est que le gouvernement considère qu’ils sont importants, entend-on dire. C’est peut-être plus reposant parfois d’accepter que des feux rouges dans les carrefours de nos villes guident le trafic et nos pas.

«En plus d’être un constat d’échec, une obligation vaccinale serait extrêmement infantilisante.»

Laure Dasinieres, journaliste

Laure Dasinieres: Je ne vous suis pas sur la comparaison avec les onze vaccins obligatoires. Celle-ci concerne les enfants qui ne sont pas en âge d’exercer leur consentement libre et éclairé et sont sous la gouverne de leurs parents. Cette obligation me semble se justifier par le fait que ces enfants (et par là même, leurs camarades) peuvent être mis en danger par des parents laxistes ou antivax. Ici, nous parlons d’adultes juridiquement responsables. En plus d’être un constat d’échec, une obligation vaccinale serait extrêmement infantilisante.

C’est quelque chose de difficile à intégrer lorsque l’on promeut la complémentarité des expertises soignants/patients. Par ailleurs, là où je vous suis davantage, c’est que l’obligation vaccinale peut avoir quelque chose de soulageant. Je ne crois pas qu’elle renforce les complotistes dans leurs élucubrations. C’est un signe que le gouvernement endosse la responsabilité d’éventuels effets indésirables et, comme prendre en charge des dédommagements pour des millions de Français serait tout simplement inimaginable, cela confirme l’innocuité des vaccins!

Antoine Flahault: Oui, l’obligation vaccinale n’est pas une solution idéale, elle est un peu liberticide, mais n’y a-t-il pas plus liberticide encore, comme mesure sanitaire?

Laure Dasinieres: Évidemment, c’est en soi autrement plus aisé qu’un nouveau confinement et de nouvelles privations de libertés sur le long terme… Sans parler évidemment des morts et des malades dont le chiffre est tout simplement insoutenable. Vous ne m’avez pas convaincue mais j’entends vos arguments. Pour conclure, j’en profite, Antoine, pour vous souhaiter de bonnes vacances bien méritées et pour vous remercier de ces mois de discussion extrêmement enrichissants où nous avons pu réellement échanger et argumenter l’un l’autre.

Antoine Flahault: Merci Laure pour ces billets à quatre mains que vous avez voulu toujours respectueux de nos lecteurs et lectrices, merci aussi pour votre engagement courageux et ferme, et souhaitons à tous (ainsi qu’à nos meilleurs ennemis, les virus et leurs variants) une pause estivale la plus longue et la plus revivifiante possible !

Source SLATE.

CALENDRIER – Coronavirus : Extension du pass sanitaire, PCR payants… Les grandes dates des nouvelles mesures sanitaires….

CALENDRIER – En cas de non-présentation d’un pass sanitaire, plusieurs lieux seront interdits aux Français dès la semaine prochaine.

Coronavirus : Extension du pass sanitaire, PCR payants… Les grandes dates des nouvelles mesures sanitaires

 

  • Emmanuel Macron a annoncé l’extension en deux temps du pass sanitaire pour se rendre dans certains lieux en France.
  • La vaccination pour les salariés travaillant auprès de personnes fragiles va devenir obligatoire.
  • Les tests PCR et antigéniques dits de conforts ne seront bientôt plus gratuits.

Lors de son allocution lundi, Emmanuel Macron a annoncé un nouveau calendrier de mesures et restrictions dans le but d’inciter les Français à se faire vacciner. L’exécutif espère ainsi éviter une quatrième vague de contamination de coronavirus pour l’heure inévitable au vu de la couverture vaccinale insuffisante. 20 Minutes vous donne des repères temporels.

13 juillet : L’état d’urgence rétablit à la Réunion et la Martinique

Face à une circulation accrue du virus dans ces deux territoires français d’Outre-mer, un retour à l’état d’urgence a été acté dès ce mardi avec le rétablissement du couvre-feu. Entre le 28 juin et le 4 juillet, le nombre de cas a été multiplié par quatre en Martinique, passant de 110 à 410. Au cours de cette même semaine, La Réunion avait déploré « une augmentation du nombre de cas avec un taux d’incidence hebdomadaire se rapprochant de 150 pour 100.000 (habitants), un taux de positivité en légère augmentation, des hospitalisations et des admissions en réanimation en hausse ».

21 juillet : Le pass sanitaire s’étend aux lieux de culture et de loisir

Alors qu’il était actuellement seulement obligatoire pour accéder à des lieux rassemblant plus de 1.000 personnes, le pass sanitaire va désormais l’être pour des jauges bien plus réduites. Il sera obligatoire pour les personnes à partir de 12 ans dans les endroits rassemblant plus de 50 personnes, tel qu’« un spectacle, un parc d’attractions, un concert ou un festival », a détaillé le chef de l’Etat.

Début août : nouvelle extension du pass sanitaire

Il ne sera plus possible de rentrer dans les cafés, restaurants et centres commerciaux sans présenter un pass sanitaire. Ce dernier permet de montrer sa non-contamination de différentes manières : soit avec un schéma vaccinal complet, soit avec un test PCR ou antigénique négatif de moins de 48 heures, soit avec un test positif au covid de plus de deux semaines et moins de six mois, prouvant ainsi votre immunité.

Cette mesure concernera les clients, les usagers et les salariés. Le pass sera également obligatoire pour voyager en avion, en train ou en autocar effectuant de longs trajets. Il sera enfin exigé à l’entrée des établissements médicaux tels que les hôpitaux et les maisons de retraite. Avant que cette extension ne soit appliquée à ces établissements recevant du public, une loi devra être votée et promulguée. « La loi ne sera pas applicable à compter du 1er août, il y aura quelques jours de délai », a indiqué le ministre de la Santé Olivier Véran sur BFMTV.

Début septembre : Premiers rappels vaccinaux

Une campagne de rappel va être lancée à la rentrée pour les premiers vaccinés de janvier et février. « Les rendez-vous pourront être pris dès les premiers jours de septembre » afin de bénéficier d’une nouvelle injection, a précisé Emmanuel Macron.

15 septembre : Vaccination obligatoire du personnel soignant

Les personnels soignants et non soignants travaillant au contact de personnes fragiles dans les hôpitaux, cliniques, ehpad, ainsi que les professionnels et bénévoles auprès des personnes âgées, y compris à domicile « auront jusqu’au 15 septembre pour se faire vacciner », a indiqué lundi le président. A partir de cette date, des contrôles seront menés et des sanctions appliquées en cas de non-respect de cette obligation. Concrètement les soignants non vaccinés à cette date « ne pourront plus travailler et ne seront plus payés », a détaillé le ministre de la Santé Olivier Véran. Concernant cette obligation, un projet de loi doit être présenté devant le Conseil d’Etat, puis voté à l’Assemblée nationale et au Sénat d’ici la fin du mois de juillet.

Cet automne : Fin des tests PCR gratuits et possible extension du pass sanitaire

Le président a affirmé, sans donner de date précise, qu’à partir de « cet automne », les tests PCR et antigéniques deviendront payants. Seule une prescription médicale permettra encore de se les faire rembourser. Cette mesure recommandée fin juin par l’Académie nationale de médecine vise à « encourager la vaccination plutôt que la multiplication des tests », a précisé Emmanuel Macron.En plus des lieux de culture, de loisir et recevant du public comme les cafés, restaurants et centre commerciaux, le gouvernement n’exclut pas d’étendre le pass sanitaire « à d’autres activités encore cet automne ». Cette potentielle troisième phas e d’élargissement dépendra de la situation sanitaire.

Source 20 MINUTES.

AVC : écouter de la musique pour retrouver la parole…

Écouter de la musique pourrait aider les patients ayant perdu la parole après un AVC à mieux la récupérer.

Une méthode à utiliser en complément de la rééducation classique. 

AVC : écouter de la musique pour retrouver la parole

 

Écouter de la musique a de nombreuses vertus : réduction de l’anxiété, augmentation du bien-être, amélioration du sommeil, etc. Selon une étude publiée dans la revue eNeuro, cet art pourrait avoir un nouveau bénéfice : améliorer la récupération du langage chez les patients ayant fait un accident vasculaire cérébral (AVC). L’AVC est une perte soudaine d’une ou plusieurs fonctions du cerveau. Sa gravité dépend de la localisation et de l’étendue des zones cérébrales touchées. Certains patients ont un trouble du langage après un AVC, appelé aphasie, qui peut aller de la difficulté de trouver ses mots à la perte totale de la faculté de s’exprimer. La prise en charge est généralement longue et les résultats varient d’un patient à l’autre.

La musique vocale améliore la récupération de la parole

Durant leurs travaux, les auteurs ont comparé l’effet de l’écoute de musique – vocale et instrumentale – et de livres audio sur la récupération structurelle et fonctionnelle du réseau linguistique de patients ayant eu un AVC. Ils ont suivi les participants pendant trois mois pour observer l’évolution. “Pour la première fois, nous avons pu démontrer que les effets positifs de la musique vocale sont liés à la plasticité structurelle et fonctionnelle du réseau du langage, assure Aleksi Sihvonen, l’un des chercheurs. Cela élargit notre compréhension des mécanismes d’action des méthodes de rééducation neurologique basées sur la musique”. Selon les résultats des chercheurs, c’est la musique vocale qui améliorerait le plus la récupération de la connectivité structurelle du réseau linguistique dans le lobe frontal gauche, en lien avec les compétences linguistiques. En effet, la capacité à parler des patients ayant fait un AVC n’est pas perdue. Elle est juste endommagée. “Le cerveau est plastique, explique le Dr Pierre Decavel, neurologue au CHU de Besançon (Doubs). Il est capable de se réorganiser pour récupérer des fonctions”. D’où l’intérêt de travailler sur les fonctions qui ont été préservées.

La musique doit venir en complément des méthodes classiques de rééducation

« L’écoute de la musique vocale peut être considérée comme une mesure qui améliore la rééducation classique proposée par les établissements de soins, explique Aleksi Sihvonen. Cette activité peut être organisée facilement, dès les premières séances de rééducation”. La musique viendrait donc en complément de la rééducation classique mais ne doit pas s’y substituer. Elle pourrait aussi permettre de réhabiliter les patients atteints de troubles légers de la parole lorsque les autres options de rééducation ne fonctionnent pas. « Malheureusement, une grande partie du temps passé à l’hôpital n’est pas stimulante, explique Aleksi Sihvonen. À ces moments-là, écouter de la musique pourrait être un outil de rééducation supplémentaire”. Des initiatives existent, comme celle de l’association France AVC qui propose des ateliers et des conférences pour faciliter la réadaptation des patients et faciliter la tâche des aidants. Chaque année, 155 000 personnes sont touchées par un AVC en France.

Source POURQUOI DOCTEUR.

Parkinson, Alzheimer, épilepsie : un « cheval de Troie » pour faire passer le traitement dans le cerveau…

En utilisant des nanoparticules, une équipe de chercheurs a découvert comment mieux administrer des médicaments contre la sclérose en plaques, Parkinson et Alzheimer.

Des maladies jusqu’ici difficiles à traiter en raison de la barrière hémato-encéphalique qui entoure et protège le cerveau.

Parkinson, Alzheimer, épilepsie : un « cheval de Troie » pour faire passer le traitement dans le cerveau

 

La sclérose en plaques, la maladie de Parkinson, la maladie d’Alzheimer ou encore l’épilepsie ont pour point commun d’être des maladies du système nerveux central, où sont traitées les informations et d’où partent les commandes motrices vers le reste de notre organisme. Ces maladies ont aussi pour point commun d’être difficiles à traiter en raison de la barrière hémato-encéphalique qui entoure et protège le cerveau. Les composés neuroprotecteurs peinent alors à atteindre leur cible et donc à être efficaces.

En menant leur étude sur des souris vivantes, y compris des souris éveillées, une équipe de chercheurs de l’université de Copenhague a peut-être trouvé un moyen de contourner les parois imperméables de la barrière hémato-encéphalique pour permettre l’administration de médicaments au cerveau.

Dans Nature Communication, ils expliquent avoir étudié des vésicules artificielles nanoparticulaires appelées liposomes pour transporter les médicaments jusqu’au cerveau.

« Avant cette étude, la communauté n’avait aucune idée de ce qui se passait dans la barrière hémato-encéphalique du cerveau vivant, et pourquoi certaines nanoparticules traversaient et d’autres pas. À cet égard, la barrière hémato-encéphalique était une ‘boîte noire’ où les événements entre l’administration du médicament et sa détection dans le cerveau restaient obscurs. On se demandait même si l’entrée des nanoparticules dans le cerveau était possible. Avec notre article, nous apportons maintenant une preuve directe de l’entrée des nanoparticules dans le cerveau et décrivons pourquoi, quand et où cela se produit », explique le professeur adjoint Krzysztof Kucharz, du département des neurosciences.

Administrer par les gros vaisseaux plutôt que par les capillaires

À l’aide de l’imagerie à deux photons, les chercheurs ont commencé par déconstruire la barrière hémato-encéphalique afin de comprendre comment les nanoparticules porteuses de médicaments peuvent la franchir. « Nous avons surveillé l’entrée des nanoparticules dans le cerveau à chaque étape du processus, fournissant ainsi des connaissances précieuses pour la conception de futurs médicaments. Plus précisément, nous montrons quels segments vasculaires sont les plus efficaces à cibler avec les nanoparticules pour permettre leur entrée dans le cerveau », détaille Krzysztof Kucharz.

Les chercheurs ont ainsi réussi à obtenir une image complète du parcours des nanoparticules à travers la barrière hémato-encéphalique. En marquant les particules avec des molécules fluorescentes, ils ont pu observer comment les nanoparticules circulent dans la circulation sanguine, comment elles s’associent au fil du temps à l’endothélium (la couche de cellules épithéliales qui tapisse l’intérieur des parois du cœur et des vaisseaux).

Surtout, les chercheurs ont pu constater que les vaisseaux cérébraux traitent les nanoparticules différemment, permettant ou rejetant l’accès des nanoparticules au tissu cérébral en fonction du type de vaisseau. Par exemple, Il est plus facile pour les nanoparticules de pénétrer dans le cerveau au niveau des gros vaisseaux qu’au niveau des petits vaisseaux capillaires, comme on le pensait jusqu’ici.

« Nos résultats remettent en question l’idée reçue selon laquelle les capillaires constituent le principal lieu de transport des nanoparticules vers le cerveau. Ce sont plutôt les veinules qui devraient être ciblées pour une administration efficace des nanoparticules au cerveau », conclut Krzysztof Kucharz.

Source POURQUOI DOCTEUR.

Numérique : Adieu le Dossier Médical Partagé, bienvenue à Mon Espace Santé…

VIE PRATIQUE – Après une expérimentation cet été, tous les Français auront en janvier 2022 un espace numérique en santé, qui proposera de stocker et de partager toutes leurs données.

Y compris celles de leurs applications smartphone.

Numérique : Adieu le Dossier Médical Partagé, bienvenue à Mon Espace Santé

 

  • Le Dossier Médical Partagé, un serpent de mer lancé en 2004 et qui a vu le jour seulement en 2019, n’a conquis ni les Français, ni les soignants.
  • Pour accélérer la numérisation en santé, le gouvernement veut lancer une nouvelle mouture du projet, baptisée Mon Espace Santé.
  • Plus large, il comprend, en plus d’un partage des données de santé, une messagerie, un agenda et un catalogue d’applications en santé labellisées. Mais réussira-t-il à transformer la collaboration entre soignants et la relation patient-soignant ?

Vous ne l’avez sans doute pas remarqué, mais il est impossible, depuis le 1er juillet, de créer un Dossier Médical Partagé (DMP). Ce carnet de santé numérique, qui réunit tous les documents importants, ordonnances, examens, analyses sanguines, s’est révélé être un cuisant échec. Loin des 40 millions d’ouvertures visées par le gouvernement d’ici à 2023, il plafonnait, fin 2020, à moins de 10 millions. Surtout, de nombreux patients ont créé leur DMP… sans jamais le rouvrir.

Mais le gouvernement veut relancer l’idée, en modifiant la forme et le fond. Voilà pourquoi les Français vont progressivement dire adieu au DMP pour découvrir Mon Espace Santé. 20 Minutes vous explique ce que ça va changer.

Généralisation en janvier 2022

Côté planning, une première expérimentation de Mon Espace Santé sera lancée cet été, en août plus précisément, dans trois départements : Haute-Garonne, Somme et Loire-Atlantique. En janvier 2022, on passera à la généralisation de ce nouvel outil, censé modifier, une bonne fois pour toutes, le rapport entre soignants et patients grâce au numérique.

Que va-t-on trouver dans cet espace numérique ? La plateforme, globale, sera composée de quatre onglets. L’un dédié au DMP, revisité, permettra de stocker et de partager ordonnances, résultats d’examens, antécédents médicaux, compte rendu d’hospitalisation, vaccination… Un deuxième se présentera sous la forme d’un agenda, pour mieux savoir quand vous devez revoir votre gynéco ou votre cardiologue. Un troisième pan servira de messagerie sécurisée, pour communiquer plus directement avec vos soignants. Enfin, le quatrième onglet, le plus novateur, arrivera dans un deuxième temps : vous pourrez réunir toutes les données de santé récoltées via vos applications, à condition qu’elles soient labellisées. Et que vous l’acceptiez.

Ainsi, concrètement, demain, grâce à Mon Espace Santé, si vous débarquez à l’hôpital après une opération, n’importe quel médecin, à condition que vous lui donniez le code, pourra vérifier votre groupe sanguin, vos traitements en cours, vos directives anticipées… On n’est tout de même pas très loin de la promesse du DMP.

Quels changements par rapport au DMP ?

Pour éviter que cette nouvelle étape ne se transforme en fiasco (et en gâchis d’argent public), trois conditions ont changé. Tout d’abord, ce ne sera pas au soignant ou au patient d’ouvrir ce carnet de santé numérique ; l’État va le créer automatiquement pour chaque Français. Y compris pour les mineurs, sachant que leurs parents en seront responsables jusqu’à leur majorité.

« Dès janvier 2022, les Français vont recevoir un courrier de l’Assurance maladie expliquant que leur espace santé est ouvert, détaille Dominique Pon, directeur de la clinique Pasteur, à Toulouse, et pilote de cette transformation. Vous pouvez vous y opposer pendant un mois et dix jours. » Sans réponse, le dossier est créé. « Cela enlève un frein », reprend le responsable ministériel au numérique en santé. Qui reconnaît que l’ouverture du DMP n’allait pas de soi.

Deuxième gros changement : « Le citoyen est le boss, résume Dominique Pon. On a donné de l’ergonomie à cet espace numérique pour que le citoyen puisse ranger lui-même ses données. Et le design a été conçu avec des patients, qui nous ont dit par exemple comment nommer les dossiers pour que tout soit compréhensible. » Surtout, ce sera à chaque citoyen de nourrir cet espace, en photographiant un compte rendu d’examen, par exemple. Et d’autoriser, ou non, l’accès à ces données à chaque praticien. Ce dernier est de son côté encouragé à partager les datas, avec un coup de pouce financier à la clé. Mais au bout d’un certain temps, ce financement sera diminué si l’hôpital ou les soignants ne jouent pas le jeu. « C’est la première fois qu’on a un volontarisme avec une carotte et un bâton », synthétise l’ingénieur.

Mais surtout, il y a eu un gros travail fait dans l’ombre pour permettre l’interopérabilité de tous les logiciels. En clair, aujourd’hui, chaque hôpital, chaque médecin, peut choisir un logiciel pour numériser ses dossiers. « Et c’est le Far West », regrette Dominique Pon. Car ce qui a pêché selon lui avec le DMP, c’est que tous ces logiciels n’avaient ni le même fonctionnement, ni le même degré de sécurité. Conséquence, depuis des mois, la France finance et organise la mise à jour de tous les logiciels utilisés dans le pays. Avec un but : labelliser ceux qui respecteront le cahier des charges en termes de sécurité et les rendre tous compatibles. « Les gens ne le voient pas aujourd’hui, mais il existe beaucoup de failles de sécurité, insiste-t-il. Demain, avec la messagerie sécurisée sur Mon espace santé, on évitera d’envoyer des informations confidentielles par Gmail… »

Quelles limites ?

Par sûr que Mon Espace Santé ravira les soignants, qui manquent de temps pour leurs consultations. Et qui ne répondront donc pas forcément directement à leurs patients sur la messagerie. Ou qui ne prendront pas plus le temps de remplir ce nouvel espace numérique que (feu) le DMP. « S’il y a un dossier pour la biologie, un autre la maternité, un autre encore pour la cardiologie, on reste dans la fragmentation des informations et on est foutu », explique le responsable ministériel.

L’autre challenge sera de convaincre les Français qui craignent une mainmise de l’État sur leurs données confidentielles. « Aujourd’hui, il y a plein d’informations qu’un patient stressé va oublier de donner juste avant son opération, justifie Dominique Pon. Des examens sont réalisés sur le mauvais patient, ou refaits par sécurité. Au-delà de la performance et des économies, si on se coordonne mieux, demain, on sera mieux soigné. » Mais il existe aussi un enjeu économique et de souveraineté. « On risque de perdre le numérique en France, comme on a perdu l’industrie. Je pense que si on parle d’emplois pour nos enfants et de données de santé qui risquent d’aller chez les GAFA, on pourra convaincre beaucoup de monde. »

Reste que tous les Français ne sont pas à l’aise avec l’informatique ou bien connectés. « Dans mon établissement, où la moyenne d’âge tourne autour de 67 ans, donc pas vraiment des bobos geeks, cela fait cinq ans que les patients envoient leurs données via le numérique, et le taux d’adhésion est de 70 %, répond-il. Ne sous-estimons pas les Français ! » Et il rassure : celles et ceux qui le souhaitent pourront garder leurs ordonnances en papier, en plus d’un double numérisé.

Source 20 MINUTES.

Linky : le nouveau rapport qui va (peut-être) vous rassurer…

Linky est-il dangereux pour la santé ? Pas d’après l’Agence nationale des Fréquences (ANFR), qui vient de publier un rapport sur la question.

Ce qu’il faut savoir.

Linky : le nouveau rapport qui va (peut-être) vous rassurer

 

Le compteur Linky est-il dangereux ? De l’avis d’un certain nombre de ses opposants, oui. Certains clament en effet que l’appareil est susceptible de s’embraser jusqu’à incendier toute une maison, comme l’expliquait ce père de famille dans les colonnes du Parisien. Sa famille et lui habitaient à Corbeil-Essonnes, avant que sa demeure ne prenne feu. Il a depuis porté plainte contre Enedis. D’autres évoquent bien plus volontiers les ondes qu’émet le boîtier anis, qui repose sur la technologie des courants porteurs en ligne (CPL). Plusieurs associations de défense des personnes électrosensibles rappellent ainsi que “les ondes électromagnétiques ont été classées 2B par le Centre international de recherche sur le cancer”, une agence dépendant de l’OMS, souligne le magazine Futura Sciences sur son site.

En outre, certains praticiens proches de ces associations déclarent rencontrer de plus en plus de patients qui se disent “en souffrance”, du fait notamment d’électrosensibilité. Les symptômes exactes varient d’un individu à l’autre, oscillant parfois entre la céphalée, la crampe, la douleur articulaire ou le vertige. Cependant, les médecins en question affirment aussi être conscients “du fait qu’une approche psychologique du problème est indispensable” à la prise en charge de ces individus, écrivent nos confrères. Et pour cause ! Plusieurs rapports illustrent combien le compteur Linky ne devrait pas, théoriquement au moins, présenter de réel danger pour la santé de l’humain. Sans surprise, Enedis aussi indique qu’il n’y a pas de problème en la matière.

1. Au final, le compteur Linky est-il dangereux pour la santé ?

Une nouvelle étude pourrait donner tort aux opposants du compteur ; quand bien même il ne s’agit évidemment pas de nier les symptômes constatés par les médecins et vécus par les patients. Cette dernière, informe Capital, a été réalisée par l’Agence nationale des fréquences et s’attarde sur l’exposition des usagers aux ondes émanant de Linky. 329 appareils ont été testés en 2020, en moyenne pendant au moins une heure et depuis une vingtaine de centimètres seulement. Il apparaît finalement que les émissions du dispositif sont très largement inférieures aux limites réglementaires en vigueur.

2. Compteur Linky : faut-il avoir peur des ondes qui en émanent ?

« Les compteurs Linky n’émettent pas de manière constante : pour près des deux tiers des mesures (62 %), aucun rayonnement CPL Linky n’a été détecté malgré un temps de mesure moyen d’une heure », écrit ainsi l’ANFR dans son rapport. Au total, l’émission la plus forte observée pendant l’étude culmine à 4,4 volts par mètre… Quand la limite autorisée est à 87 volts par mètre.

Et cela ne correspond même pas à la valeur moyenne : il s’agit d’un pic d’intensité. En utilisation courante, l’émission est supposément plus faible encore, puisqu’elle est estimée à 1,3 volt par mètre. C’est 60 fois moins que la limite réglementaire.

Du reste, il importe de rappeler que la technologie CPL n’est peut-être pas aussi dangereuse que ne l’affirment ses opposants…

3. Compteur Linky : que sait-on d’autre sur les ondes CPL ?

Certaines ondes électromagnétiques ont effectivement été classées en 2B par le Circ (Centre international de recherche sur le cancer, organisme dépendant de l’OMS), rappelle Futura Sciences. Cela signifie donc qu’elles sont considérées comme “peut-être cancérogènes » en l’état actuel des connaissances sur la question. C’est le cas des ondes radiofréquences, employées par les téléphones portables ou émises par les lignes à haute tension. Nous ne sommes pas en mesure de trancher s’il s’agit d’un agent « cancérogène possible” (2A) ou d’un cancérogène avéré (groupe 1).

Seulement… Les ondes CPL ne font pas l’objet d’une telle classification, insistent nos confrères. Fautes d’études indépendantes, soutiennent les opposants au compteur.

Source PLANET.

Insultes, dépression, angoisse… : les caissiers épuisés par seize mois de Covid-19…

Il est loin, le temps du premier confinement où des clients les remerciaient. Seize mois après le début de la crise sanitaire, de nombreux hôtes et hôtesses de caisse de la région rennaise (Ille-et-Vilaine) ont atteint le point de rupture.

Insultes, dépression, angoisse… : les caissiers épuisés par seize mois de Covid-19

 

Il garde un souvenir ému des « clients qui achetaient des gâteaux dans le magasin et les déposaient en salle de pause » ou de ceux « qui avaient applaudi les caissières » au premier confinement. Mais progressivement, « ce climat s’est atténué, rapporte Rémi (1), agent de sécurité qui travaille dans différentes grandes surfaces de la métropole rennaise (Ille-et-Vilaine). « Les gens en ont eu marre du masque et étaient moins sympas ».

« Des hôtesses craquent presque tous les jours »

« La reconnaissance des clients a duré quelques semaines, confirme Steeven, hôte de caisse. Ensuite, la clientèle est devenue de plus en plus impatiente, désagréable, en oubliant souvent le bonjour. » « Les clients sont encore plus irrespectueux qu’avant, abonde Océane. La moitié est exécrable, et quand nous les reprenons pour le masque mal mis ou l’oubli du gel, on se fait insulter. »

« Je fais en sorte de garder ma bonne humeur mais je suis au bout du rouleau. Et quand je vois le variant Delta qui arrive, j’ai peur de revivre ça. ».  (Photo : Franck Dubray / Ouest-France)

« Je fais en sorte de garder ma bonne humeur mais je suis au bout du rouleau. Et quand je vois le variant Delta qui arrive, j’ai peur de revivre ça. ». (Photo : Franck Dubray / Ouest-France) 

« Des hôtesses craquent presque tous les jours, poursuit Steeven. Elles fondent en larmes après des insultes de clients mécontents parce qu’ils ne veulent pas suivre les consignes Covid, que le pain est trop cuit ou une erreur de code-barres. Certaines qui sont présentes depuis 15 ou 20 ans veulent partir, elles sont à bout de nerfs. La direction nous dit qu’elle nous comprend mais ne fait rien. »

Nolwenn est encore « traumatisée par les clients qui se ruaient sur les pâtes, la farine et papiers toilette au début du premier confinement. Je passais des chariots à plus de 500 euros, on aurait dit qu’une guerre se préparait. À chaque annonce du gouvernement, je suis angoissée à l’idée d’aller au travail. La peur que ça recommence m’envahit. »

Nolwenn est encore « traumatisée par les clients qui se ruaient sur les pâtes, la farine et papiers toilette au début du premier confinement. On aurait dit qu’une guerre se préparait. » (Thomas Brégardis / Archives Ouest-France)

Un mal-être exacerbé par un vrai manque de reconnaissance. « Nous sommes pris pour des moins que rien, poursuit-elle. Je trouve que notre mérite n’est pas à la hauteur de ce qu’on devrait avoir. Beaucoup de collègues sont en dépression. J’ai moi-même été arrêtée, envahie par la peur, le stress, la fatigue… Aujourd’hui je n’ai qu’une envie : changer de métier. Je suis moralement et physiquement épuisée. »

« Je n’ai qu’une envie : changer de métier »

Au printemps dernier, Antoine (1) a lui aussi a craqué. Cet hôte de caisse et personnel d’un drive a « très mal vécu le coup de bourre terrible du premier confinement et la peur de contaminer ma femme et ma fille. » Il a lui aussi été arrêté une semaine.

Dans les mois qui suivent, il doit faire la police « pour demander aux gens de porter le masque. Une fois, on m’a même menacé ». Du coup, « je fais de moins en moins la remarque aux clients. Je fais en sorte de garder ma bonne humeur mais je suis au bout du rouleau. Et quand je vois le variant Delta qui arrive, j’ai peur de revivre ça. »

(1) prénom d’emprunt

Source OUEST FRANCE.

Mucoviscidose: deux médicaments vont enfin permettre aux malades de respirer…

À compter du 6 juillet, des milliers de malades qui souffrent de cette pathologie bénéficieront de deux nouveaux traitements.

L’un d’eux, le Kaftrio, pourrait considérablement allonger leur espérance de vie.

 

David ne pourra jamais oublier cet instant. Un retour à la vie. Une libération fulgurante. Ce week-end de février 2021, ce père de famille de 38 ans quitte le centre de réhabilitation de Giens (Var) où, armé de sa bouteille d’oxygène, il a passé la semaine afin de rejoindre sa femme et sa fille à l’occasion des deux jours de repos hebdomadaire. Au volant de sa voiture, il est subitement pris d’une grosse quinte de toux. Le mucus qui englue ses poumons commence comme par magie à se détacher des parois de ses bronches. Ses alvéoles grésillent et s’agitent de partout. Il expulse en quelques heures ce qu’il n’est jamais parvenu à sortir de ses poumons depuis des semaines. Il respire.

Quelques heures plus tôt, David a commencé à prendre du Kaftrio, un nouveau traitement révolutionnaire contre la mucoviscidose. Cette affection est la plus fréquente des maladies génétiques héréditaires en France. «J’ai eu du mal à croire que quelques comprimés pouvaient avoir un tel effet, c’était incroyable, se souvient David. Quand je suis retourné à Giens en début de semaine, le médecin m’a ausculté. Il m’a assuré qu’il entendait l’air circuler dans mes bronches. On ne m’avait jamais dit ça de ma vie.»

«Une sacrée queue de poisson à la mort» remboursée par la Sécu

Dès mardi 6 juillet, le Kaftrio devient accessible en France. Depuis que le ministère de la Santé a annoncé que la Sécurité sociale allait le rembourser à 100%, on sait qu’il devrait changer la vie d’environ 3.000 malades dans un premier temps. À terme, 5.000 patients seront pris en charge (on compte 7.280 personnes concernées par cette affection en France, d’après le Registre français de la mucoviscidose dans son édition de 2019).

David a eu la chance de figurer parmi les 500 malades qui ont eu la primeur du traitement depuis le début de l’année 2021. Il fait partie des malades les plus dégradés, une condition qui donne le droit à un usage «compassionnel» de cette trouvaille, via une autorisation temporaire d’utilisation nominative (ATUn). Le père de famille n’était alors qu’à un doigt d’être inscrit sur une liste d’attente pour recevoir une greffe des poumons. Avec le Kaftrio, il estime avoir fait «une sacrée queue de poisson à la mort».

Quatre mois de traitement ont suffit à David pour qu’il se passe des 3 litres d’oxygène, des aérosols ou des séjours à l’hôpital qui rythmaient son quotidien.

«J’étais hanté par l’idée de ne pas pouvoir continuer à éduquer ma fille, de laisser ma femme seule avec beaucoup de responsabilités. Ces angoisses se font moins présentes. La machine à projets fonctionne à nouveau à plein régime», se réjouit David. Quatre mois de traitement ont suffit à cet ingénieur spécialisé dans le nucléaire pour se passer des 3 litres d’oxygène, des aérosols, des cures intraveineuses ou encore des séjours à l’hôpital qui rythmaient son quotidien. Il a repris du poids. Il a même retrouvé son travail, dès la levée du confinement. S’il lui arrive de rebrancher son extracteur d’O2, c’est juste quand il doit tondre sa pelouse. C’est aussi et surtout avec le souci de rassurer sa fille de 10 ans qui reste inquiète pour son papa.

Les fruits d’une recherche acharnée

Cette renaissance, David la doit à près de trente années de recherches scientifiques menées avec acharnement. Les études ont fait leurs premiers pas au début des années 1980 en obtenant des résultats encourageants concernant le séquençages du génome humain. Elles se sont accélérées en 1989 lorsque deux laboratoires concurrents ont uni leurs efforts –l’un basé au Canada, l’autre aux États-Unis. Mais rien n’aurait été possible sans le soutien financier de l’association américaine de mucoviscidose (Cystic Fribrosis Foundation).

La collaboration a porté ses fruits. Ensemble, ils découvrent il y a trente ans le gène responsable de la mucoviscidose, le CFTR. Ce dernier produit une protéine du même nom qui, lorsque le corps fonctionne sainement, permet de fluidifier le mucus afin de protéger les poumons contre les infections. Chez les «mucos», ce processus déraille. Les bactéries restent prisonnières des bronches et génèrent des exacerbations pulmonaires à répétition. Le mucus obstrue aussi les canaux qui relient le pancréas à l’intestin, entraînant des problèmes digestifs.

Dans les années 1990, la recherche commence par privilégier la piste de la thérapie génique. Cette dernière consiste à introduire une copie saine du gène CFTR dans les cellules. Mais cette hypothèse ne donnera aucun résultat probant. «Plutôt que de modifier l’origine du gène, les chercheurs ont tenté de réparer en aval la protéine CTFR en utilisant de nouvelles molécules», explique le Dr Dominique Hubert, pneumologue au Centre de ressources et de compétences de la mucoviscidose (CRCM), à l’hôpital Cochin.

À la même période, l’association américaine de mucoviscidose joue un rôle décisif en pariant sur la start-up américaine Vertex Pharmaceuticals, créée juste après la découverte du gène. En 1998, l’organisation à but non-lucratif choisit de miser sur l’avenir des remèdes qui sont encore à développer contre la «muco» en finançant les travaux de la firme biotech à hauteur de 150 millions de dollars (126,4 millions d’euros). En échange, l’association compte récupérer des royalties sur la vente des médicaments à venir. Les partenaires inaugurent à cette occasion un nouveau modèle économique au service des maladies rares, la venture technology, c’est-à-dire l’application des méthodes de l’entreprenariat classique à une cause d’intérêt général. En 2001, Vertex rachète la start-up AuroraBiosciences qui jouera le rôle d’atout maître. «L’acquisition d’une biotech spécialisée dans le criblage haut débit a permis d’identifier, d’isoler et de tester des milliers de molécules dans le but d’améliorer la fonction de la protéine CFTR. Cette aquisition a été le jackpot pour Vertex», affirme Frédéric Becq, professeur de physiologie et spécialiste de la mucoviscidose.

«Kaftrio augmente la fonction respiratoire de 14% en moyenne, diminue de 60% les infections respiratoires aiguës et divise par deux les greffes de poumons.»

Pierre Foucaud, président de l’association Vaincre la mucoviscidose

2005 marquera la première avancée majeure dans les travaux qui donneront naissance au médicament: Vertex découvre un activateur (c’est-à-dire une protéine qui sert à se lier à l’ADN et chargée de stimuler la transcription d’un gène ou d’un opéron). La mission du Kalydeco consiste à améliorer la fonctionnalité de la protéine CFTR. Sept ans près cette découverte inédite, le labo obtient une autorisation de mise sur le marché européen (AMM). «La médecine se contentait jusque-là de traitements symptomatiques, à base de cures d’antibiotiques ou d’aérosols. Pour la première fois, le Kalydeco agit directement sur la cause de la maladie», souligne le Dr Hubert.

Il restera cependant à régler un problème de taille: cette version du traitement n’est efficace que pour 3 à 5% des malades. L’obstacle ne suffit pas pour autant à entailler l’acharnement des scientifiques. En 2016, Vertex brevette sa première bithérapie, l’Orkambi. Cette dernière est fondée sur l’association entre l’ivacaftor et un correcteur (qui agit sur le défaut de maturation de la protéine CFTR), le lumacaftor. Celui-ci améliore modérément la fonction respiratoire chez les patients porteurs de la double mutation la plus fréquente, nommée ΔF508. Mais certains patients le supportent mal. Il existe bien une autre bithérapie mieux tolérée par les malades, le Symkevi. Mais, jusqu’à présent, les patients ne pouvaient pas en disposer. Le changement est désormais d’actualité.

À compter du mardi 6 juillet, la dernière génération de médicaments arrive enfin le marché. Olivier Véran en a déjà annoncé le remboursement.

Le Kaftrio est une première trithérapie qui cumule un activateur et deux correcteurs. Cette fois, la combinaison de molécules agit sur près de 80% des personnes souffrantes. «Sous Kaftrio, la fonction respiratoire des malades a augmenté en moyenne de 14%. Les infections respiratoires aiguës ont aussi diminué de 60% et le nombre de greffes des poumons a été divisé par deux en 2020», se félicite Pierre Foucaud, président de l’association Vaincre la mucoviscidose (VLM).

Les générations futures ne mourront peut-être plus de cette maladie génétique. Actuellement, l’espérance de vie des gens qui en sont atteints ne va pas au-delà de 47 ans. «Plus le Kaftrio sera donné tôt, plus on freinera la maladie. Le médicament perd son efficacité dès lors que les lésions pulmonaires sont trop graves. Les enfants qui naissent aujourd’hui n’auront probablement plus besoin de greffe à l’avenir», pronostique le Dr Hubert.

Le prix du succès

Obtenir le remboursement des traitements par la Sécurité sociale n’a cependant pas été simple, en raison d’un bras de fer entre Vertex et le gouvernement à propos du prix de vente fixé par la France pour mettre cette nouvelle thérapie sur le marché. Il a fallu patienter onze mois entre l’autorisation de mise sur le marché européenne (AMM) en août 2020 et la décision de remboursement de ce médicament, approuvée par l’Assemblée nationale le 2 juillet 2021.

Depuis que Vertex est coté en Bourse (2006), on retrouve parmi ses principaux actionnaires de grands fonds d’investissement tels que T. Row Price ou BlackRock, lesquels ont repris en main le marketing de la société et ont fait s’envoler le prix des médicaments. La situation de monopole de la firme américaine lui offre une grande liberté pour fixer le coût de ses produits. Elle a distancé ses concurrents en matière d’innovation et ses comprimés ont obtenu le statut de médicament «orphelin» de part et d’autre de l’Atlantique. Au sein de l’Union européenne, la société a réussi à obtenir l’exclusivité commerciale pour une période de dix ans après la date de mise sur le marché de cette trithérapie –sans oublier des avantages fiscaux. L’entreprise a aussi profité du fait que l’on incite les grands labos à faire de la recherche sur les maladies rares. «Vertex a employé une stratégie agressive en matière d’essais cliniques, visant à capter près de 90% des patients, déjà peu nombreux, pour tester ses médicaments. Quand les malades bénéficient du Kaftrio, ils ne sont plus très volontaires pour expérimenter d’autres préparations pharmaceutiques», note Frédéric Becq.

La négociation du prix de l’Orkambi avec Vertex, qui a pris quatre ans, a laissé des souvenirs cuisants aux patients et aux associations. En 2018, le raidissement du dialogue entre l’entreprise et le gouvernement français a poussé le groupe pharmaceutique à suspendre temporairement les essais cliniques qu’il menait en France sur un médicament innovant sous prétexte que l’exécutif l’avait «pris en otage».

Vertex a fait le bras de fer avec le gouvernement au sujet du prix de vente que la France voulait fixer.

Cette expérience a motivé les associations à mettre rapidement la pression quand il s’est agi du Kaftrio. En octobre 2019, dès l’autorisation de mise sur le marché américain de la trithérapie par la Food and Drug Administration (FDA), elles sont montées au front à l’échelle européenne afin de plaider leur cause. «L’AMM obtenue en août 2020 a été accélérée par la pandémie. Les premiers mois, les patients atteints de mucoviscidose paraissaient particulièrement vulnérables au Covid-19», explique le président de Vaincre la mucoviscidose. L’association a lancé un large appel à témoignages relatifs au ressenti des patients vis-à-vis du Kaftrio. Les malades y ont répondu dès le milieu de l’été. Cette action participe à la genèse de l’ouverture au remboursement émanant de la Haute autorité de santé (HAS).

Les négociations sur les tarifs n’ont cepandant pas dit leur dernier mot. «Le prix du Kaftrio est ultrasecret en France. On connaît celui qui est affiché en Allemagne ou au Royaume-Uni et qui varie entre 200.000 et 250.000 euros par patient pour une année de prescriptions. Mais en réalité, les prix sont moindres. Il n’empêche que la France a la réputation de négocier les tarifs les moins chers d’Europe», explique Pierre Foucaud. Ces coûts font réagir Frédéric Becq. «Ce sont des prix très élevés que l’on ne peut expliquer uniquement par les dépenses de production ou par la recherche et développement. Les tarifs des médicaments “orphelins” sont connus pour être vingt-cinq fois plus chers que les autres car ils ne concernent qu’un nombre réduit de malades.» On connaît en tout cas les revenus amassés par Vertex Pharmaceuticals pour ses ventes de médicaments contre la mucoviscidose. En 2020, l’entreprise affichait 6,2 milliards de dollars de résultat financier (environ 5,2 milliards d’euros).

«Le combat continue»

L’attente est toujours trop longue pour les personnes qui souffrent de cette pathologie. «On vit avec un chrono dans la tête. Notre échelle du temps n’est pas la même que celle les autres, explique Véronique, une patiente de 43 ans ingénieure à l’Inserm. Il faut maintenir la pression et continuer les recherches pour les 15 à 20% de patients qui ne bénéficient d’aucun traitement efficace. De nombreuses pistes sont prometteuses, notamment celles qui sont liées aux avancées récentes sur l’ARN messager.»

Zélie, 10 ans, devra encore se battre le temps de pouvoir accéder au précieux médicament, auquel les moins de 12 ont n’ont pas encore accès. Aux États-Unis, les jeunes utilisent déjà le Kaftrio. Mais l’extension de l’AMM pour les 6-12 ans n’a pas encore atteint l’Europe. Zélie, «en mode survie», a une «muco» sévère contre laquelle elle se bat comme un diable. «Elle a deux heures de soins [quotidiens] quand tout va bien», raconte sa maman, Blandine Gautrin. Le matin, elle doit souvent porter une pompe à perfusion dans son sac à dos sur le chemin de l’école. Après le goûter, son emploi du temps est souvent synonyme de séances de sport, aérosols et kiné respiratoire. Avant la nuit, une infirmière vient lui brancher la sonde qui sert à sa nutrition entérale. Zélie est atteinte d’un trouble digestif importante et ne pèse que 25 kilos.

«Cela fait plusieurs années que nous avons entendu parler du Kaftrio. Nous avons essayé de faire participer notre fille à un essai clinique en 2020, mais sa fonction respiratoire était trop faible», explique Blandine, qui a raconté son expérience dans le livre Un bisou sur ta peau salée. Il a fallu encaisser la nouvelle. «On apprend à ne pas se projeter ni à se réjouir trop vite. Les premières années de la vie de Zélie nous ont tellement bousculés qu’on préfère se protéger. On se réjouira une fois l’ordonnance sous les yeux», explique la mère. Zélie pourrait bénéficier de l’AMM l’année prochaine ou lorsqu’elle aura 12 ans au plus tard.

«Dans quelques années, elle pourra se consacrer à sa vie d’adolescente, faire des études, fonder une famille», se prend à rêver sa mère. L’arrivée du Kaftrio va bouleverser la vie de tout le foyer, lui permettre de se lancer de nouveaux défis et de se mettre à réfléchir à des perspectives d’avenir. «C’est bien compliqué de croire en ce bonheur-là. Ceci dit, nous avons encore un peu de temps pour nous y préparer. En attendant, le combat continue.»

Source SLATE.