A Vertou, près de Nantes, les locataires d’un immeuble sont sans ascenseur depuis 19 mois…! Certains locataires sont pourtant handicapés…

Depuis février 2019, les habitants d’un immeuble comprenant un rez-de-chaussée et trois étages n’ont plus d’ascenseur.

Ils ont beau appeler la société, un bailleur social de Loire-Atlantique, ils ne savent toujours pas quand il sera réparé.

Certains locataires sont pourtant handicapés.

Marie-Thérèse Fraquet est handicapée. Elle habite au deuxième étage de cet immeuble qui est sans ascenseur depuis 19 mois.

Marie-Thérèse sort de la chemise cartonnée rose le dossier qu’elle a constitué. Lettres au bailleur, courriers recommandés, constat d’huissier… Avec d’autres locataires de l’immeuble, elle a notamment signé une pétition exigeant que l’ascenseur soit réparé.

Lassés de ne recevoir aucune réponse satisfaisante, ils ont fixé une date butoir. Ils ne paieront plus leur loyer si l’ascenseur n’est pas réparé d’ici le 20 septembre.

Voilà 19 mois, que les habitants des étages de cet immeuble de Vertou sont contraints de prendre les escaliers. Certes, il n’y a qu’un rez-de-chaussée et trois étages mais Marie-Thérèse est handicapée par des opérations successives des hanches et un accident. D’autres locataires ont des enfants en bas âge et sont obligés de descendre les escaliers avec les plus petits dans la poussette.

Lyzzie, qui habite elle aussi au deuxième, a deux enfants. Elle doit prendre la poussette dans ses bras avec le petit dernier sanglé pour descendre.

« C’est la galère souffle-t-elle, la poussette, les courses… »

Un couple croisé dans le hall d’entrée, près de l’escalier, commence à chercher ailleurs. Ils habitent au troisième. Ils n’en peuvent plus. Eux aussi ont un tout petit.

En 2015 déjà des malfaçons

Marie-Thérèse bénéficie de la solidarité de ses voisins qui lui montent ses courses mais cela fait trop longtemps que ça dure. Alors, elle a pris les choses en main et s’est faite la porte-parole des habitants.

Elle avait déjà haussé le ton lorsque, peu de temps après avoir emménagé dans cet immeuble alors récent en 2015, elle avait obtenu que les nombreuses infiltrations d’eau soient réparées. Cela avait débouché sur des mois de travaux qui avaient contraint certains à déménager momentanément.

voir le reportage réalisé en 2015 sur les malfaçons dans ce même immeuble

Marie-Thérèse vit dans un T3 avec son compagnon Michel, qui souffre du diabète. « On (Atlantique Habitations) nous a proposé de nous trouver un autre logement, dit-elle, mais ils nous proposent une maison avec un étage. C’est comme ici. Et puis ici, on a tout sous la main, commerces, bus… » Alors elle ne veut pas partir.

Comme les autres locataires, elle voudrait qu’on répare cet ascenseur pour lequel tous continuent de payer des charges, même si « un geste commercial » a été fait par le bailleur qui leur a octroyé 80 euros de remboursement. Pour 19 mois de galère.

« Quand l’ascenseur est tombé en panne, raconte Marie-Thérèse,  j’avais peur de prendre l’escalier, de tomber, c’est mon compagnon qui m’aide. »

Un constat d’huissier

Le constat fait par l’huissier sollicité par les locataires est accablant. Daté du 11 août 2020, photos à l’appui, il confirme : « l’ascenseur ne fonctionne pas. À droite de la porte, il est affiché « ascenseur à l’arrêt », en dessous « date prévisionnelle de remise en service :   » Pas de date.

« Je note encore, précise le procès-verbal que nous nous sommes procuré, à gauche de la porte, la présence d’une affichette autocollante avec la mention « service de dépannage 08 … ». J’ai appelé ce numéro en déclinant mes nom, prénoms et qualité et la raison de mon appel. Mon interlocutrice m’a déclaré transmettre ma demande au service compétent, sans préciser de date d’intervention prévisible. »

L’huissier de justice poursuit son PV en notant d’autres dysfonctionnements comme la fermeture électromagnétique de la porte d’entrée qui ne fonctionne pas non plus. « La porte reste donc ouverte » constate-t-il.

« Le bâtiment a été livré le 6 août 2012, se souvient Marie-Thérèse, il est encore sous la garantie décennale. » Alors, elle ne comprend pas pourquoi rien ne se passe.

Dans un courrier, Atlantique Habitations informe les locataires que, suite à des problèmes sur les portes, elle a fait faire un diagnostic et deux expertises qui ont conduit à la mise à l’arrêt de l’ascenseur.

« A ce jour, dit le courrier daté du 22 août 2019, notre expert est en attente de devis pour la remise en état de votre ascenseur et nous n’avons pas de date à vous communiquer quant à la remise en fonctionnement de cet appareil. »

C’était il y a plus d’un an…

Une réponse d’Atlantique Habitations

Ce mercredi 9 septembre, Atlantique Habitations nous a fait savoir dans un mail que « Le début des travaux est programmé mi-octobre, pour une remise en service prévisionnelle de l’ascenseur fin décembre 2020. »

Le bailleur explique ce retard par la longueur de la procédure. La décision de mettre l’ascenseur à l’arrêt faisait suite au constat d’un défaut important « Il ne s’agit pas de problématiques techniques liées à l’ascenseur, mais d’un problème structurel complexe de la trémie ascenseur. » précise le courrier du bailleur.

« Courant 2019 explique-t-il, Atlantique Habitations a réalisé les démarches dans les délais réglementaires auprès de toutes les parties prenantes, notamment l’assurance et le certificateur de l’ascenseur, dans l’objectif de remplacer l’ascenseur existant et de sécuriser son fonctionnement. Après consultation des prestataires en capacité de réaliser les travaux, la commande définitive a été passée en juillet 2020, dès validation du dossier par l’assurance. »

Une nouvelle remise sur les charges sera accordée au locataires.

Source FR3.

Angers : Théo Moreau, sélectionné pour le championnat du monde d’Ironman « Ma surdité me permet de rester dans ma bulle »…!

Son handicap l’a poussé à aller toujours plus loin.

Théo est sourd depuis ses deux mois, suite à une méningite. Ses études lui ont demandé beaucoup d’efforts.

Aujourd’hui, il met son énergie dans sa passion : les courses extrêmes.

Il ira aux championnats du Monde Ironman en 2021.

Théo Moreau a découvert la course à pied il y a seulement six ans, il aime aussi la natation et le vélo.

« La surdité, c’est dur à vivre » dit son père qui, lorsqu’il appelle son fils en vidéo, peine parfois à se faire comprendre. Même si Théo lit sur les lèvres.

Mais Serge est tellement fier de son garçon. Il est un peu son agent aujourd’hui et il le soutient tant qu’il peut. Alors, quand Théo a voulu participer à un Ironman, une course de l’extrême, il l’a suivi.

Pourtant, ce défi semblait bien présomptueux. Théo n’a découvert la course à pied qu’en 2014 en participant à une épreuve, à Chemillé, dans le Maine-et-Loire. Ça lui a plu. Vraiment.

Une volonté hors du commun

Né à Angers il y a 26 ans, Théo a survécu à une méningite lorsqu’il avait deux mois. Il en a gardé une surdité profonde et sans doute une volonté hors du commun.

Ça lui a servi pour son parcours. « J’ai beaucoup travaillé pour mes études, explique-t-il sur son site internet, avec mon handicap, cela me demandait plus d’heures de travail, c’est peut-être là que j’ai appris que la persévérance payait. »

Quant au sport, il a essayé d’abord le judo puis s’est mis au foot. « Il en faisait à Champtocé-sur-Loire, raconte son père. Mais il n’entendait pas les coups de sifflet de l’arbitre ni les consignes de ses coéquipiers. » Gênant.

Théo aurait pu se mettre aux échecs. Mais échec n’est pas dans son vocabulaire. Alors, Théo s’est tourné vers le sport individuel. La course. La course extrême.

Ironman, le but

Licencié à l’ASPTT Angers, il participe à ses premières compétitions. Les résultats arrivent vite, ils sont prometteurs. 2018, les premiers podiums. Théo termine 5 ème en course en ligne et 5 ème en contre la montre lors des championnats de France handisport .

Mais il veut aller encore plus loin et rêve de la course mythique des fondus de l’extrême, l’Ironman. Une compétition de triathlon très longue distance qui exige un bon niveau dans les trois disciplines, natation, vélo et course à pied.

« C’est la diversité de ce sport qui m’a plu, explique Théo, le dépassement de soi. »

Pour cela, il s’est adjoint les services et le soutien de « Méch », Antoine Méchin, un triathlète licencié aux Sables d’Olonne, champion du monde Ironman des 25/29 ans en 2018 , aujourd’hui devenu coureur professionnel et entraîneur de quelques jeunes motivés. En septembre 2019, Théo prend le départ de l’Ironman 70.3 (moitié de la distance d’un Ironman) de Cascais au Portugal. Il termine 56ème au général sur 3 000 participants. Et dire qu’il y allait juste pour tenter de finir la course !

On ne se refait pas. Théo a quand même une petite (grande) déception, il a raté de peu une qualification pour le championnat du monde des 25/29 ans. Ce ne sera que partie remise.

Le 6 septembre dernier, lendemain de ses 26 ans,  Théo est au départ de l’Ironman 70.3 des Sables d’Olonne et termine 4ème des 25/29  ans. Qualifié pour le championnat du monde Ironman 2021 à St George (Utah USA) !

Antoine, son entraîneur, lui a concocté un programme pour se mettre à niveau, le défi est ambitieux.

Théo Moreau à l'arrivée de la course Iroman des Sables d'Olonne en septembre 2020.

« C’est un gamin assez rigoureux, dit-il de Théo, et ce qu’il fait, il le fait avec beaucoup d’envie et de volonté. On travaille à distance, je lui donne toutes les séances qu’il doit faire chaque jour dans chacune des disciplines. »

« S’il termine dans les 40 premiers, ce sera vraiment bien ! »

Pour cet Ironman 70.3, Théo devra enchaîner 1,9 km de natation, 90 km de vélo et 21 kms de course à pied ! Il s’entraîne donc 15 à 20 heures par semaine.

« Le niveau de sa catégorie d’âge est très élevé, confirme Antoine Méchin. S’il termine dans les 40 premiers de sa catégorie, ce sera vraiment bien ! »

Théo avoue que son premier plaisir c’est de prendre le départ d’une course dans cette période d’annulations du fait du contexte sanitaire. « J’essaie de faire les séances d’entraînement dans des endroits que je ne connais pas, poursuit-il, pour les visiter en même temps, surtout en vélo. 150 kilomètres, tu vas assez loin ! »

« Ma surdité me permet de rester dans ma bulle »

Quant à sa surdité, Théo a réussi à en tirer une force. « Elle me permet de rester dans ma bulle, raconte-t-il, de rester concentré longtemps. Mais d’un autre côté,  je n’entends pas l’ambiance qu’il y a sur la course. Je regarde les gestes des spectateurs pour ressentir l’ambiance et trouver d’autres sources de motivation, de coups de boost. »

Pendant qu’il court, nage ou pédale, Théo dit ne penser à rien sauf à l’effort qu’il fournit. Il se focalise sur chacune des disciplines.

« Je ne pense pas qu’il va aller aux USA pour faire de la figuration » dit son père.

Faire de la figuation, ce n’est effectivement pas ça qui fait courir Théo.

Source FR3.

Clermont-Ferrand : la belle leçon de courage de Guillaume, handicapé, devenu chef d’entreprise…

A Clermont-Ferrand, Guillaume Vachias est un chef d’entreprise qui force le respect.

Il a su dépasser son handicap pour créer sa société, une agence de graphisme. Guillaume créations va bientôt fêter ses 5 ans.

Guillaume Vachias est un jeune chef d'entreprise qui surmonte son handicap pour exercer son métier de graphiste.

A 28 ans Guillaume Vachias est déjà chef d’entreprise depuis 5 ans. Il a créé une agence de graphisme, Guillaume créations, avec une volonté de fer. Malgré son handicap moteur, rien ne le freine pour exercer son métier de graphiste. Installé à Turing 22, un espace de coworking situé à La Pardieu, Guillaume innove chaque jour pour améliorer l’image des entreprises et des clients qui lui font confiance. Il a appris à vivre avec ses troubles moteurs et ses problèmes d’élocution. Un handicap de naissance qui ne la jamais découragé dans la poursuite de ses études et aujourd’hui dans son travail. Guillaume explique : « Ca me demande plus d’efforts, peut-être plus de concentration, mais on est une agence qui doit tenir des délais, des plannings. J’ai envie de prouver tout le temps que mon handicap n’empêche rien. Je vois des clients, je rencontre beaucoup de monde en réseau. J’ai une personne qui est en appui avec moi pour m’accompagner et du coup ça n’empêche rien ».

Il dégage quelque chose d’extraordinaire

Une agence de communication fait régulièrement appel à ses services pour mettre en valeur les sites web de ses clients. Sébastien Le, gérant de l’agence de communication, souligne : « Quand on l’a rencontré, la difficulté n’était pas de travailler avec Guillaume, qui est en situation de handicap mais c’était plutôt de savoir s’il avait les compétences pour assurer la prestation vis-à-vis de nos clients. Ca s’est extrêmement bien passé, il n’y a pas de problème de délai ni de compréhension. Techniquement, il est fort. Ce qui m’a plus c’est qu’il a une force, une puissance, il dégage quelque chose d’extraordinaire ».

Aidé par son associé

Lorsque la fatigue se fait trop pesante, il peut compter sur son associé pour le soulager dans certaines tâches. Alain Collombet, chef de projet, affirme : « C’est un chef d’entreprise qui a une vraie vision et c’est aussi à ça que l’on reconnaît une vrai chef d’entreprise. Pour moi il n’y a pas de handicap. Au quotidien, évidemment, je l’aide dans des gestes un peu simples de temps en temps, pour l’accompagner dans des choses qu’il ne peut pas faire ou pour lesquelles ça lui prendrait trop de temps ». Guillaume créations fêtera prochainement son 5e anniversaire dans ses locaux. L’occasion pour la société de rencontrer de nouveaux entrepreneurs et de poursuivre son développement.

Source FR3.

 

 

Salariés Handicapés. Emplois menacés chez Earta : les dirigeants de l’entreprise reçus à Bercy la semaine prochaine …

Après des semaines de mobilisation, les dirigeants d’Earta ont obtenu d’être reçus au ministère de l’économie.

Ils se battent pour sauver cette entreprise adaptée qui emploie 250 personnes dont 150 en Sarthe, victime collatérale de la liquidation de Presstalis.

L'entrepôt d'Earta à Voivres-lès-le-Mans fait travailler une cinquantaine de salariés handicapés

Selon les informations recueillies par France Bleu Maine, les dirigeants d’Earta seront reçus le mercredi 30 septembre 2020 au ministère de l’économie pour exposer les difficultés de cette entreprise sociale implantée en Sarthe et en Loire-Atlantique. Spécialisée dans le tri des invendus de presse, Earta emploie 250 personnes, majoritairement des travailleurs handicapés, dont 150 en Sarthe.

L’entreprise est menacée depuis la liquidation de Presstalis, le principal distributeur de presse en France, qui lui assurait deux millions d’euros de chiffre d’affaires et représentait 30% de son activité. Salariés et encadrement d’Earta ont manifesté jeudi 24 septembre au Mans pour demander le soutien des pouvoirs publics.

Source FRANCE BLEU.

Séverine Bellier raconte son quotidien d’accueillante familiale, « une alternative aux Ehpad encore méconnue »…!

Dans un livre, Séverine Bellier raconte son métier d’accueillante familiale pour des personnes âgées, une solution intéressante alors que la France manque de places en Ehpad.

Séverine Bellier raconte son quotidien d’accueillante familiale, « une alternative aux Ehpad encore méconnue »

  • Séverine Bellier a mis du temps à trouver sa voie. Mais elle est désormais passionnée par son métier : accueillante familiale.
  • Comme son nom l’indique, elle accompagne, chez elle, des personnes âgées dépendantes.
  • Pour faire découvrir cette solution aux familles et ce métier à ceux qui pourraient l’exercer, elle publie ce mercredi son témoignage, où elle raconte avec humanité et humour son quotidien.

« Mon rôle, c’est de donner du bonheur jusqu’au dernier souffle. (…) On me dit parfois  » c’est dur, ce que tu fais…  » Pas du tout ! J’exerce le plus beau métier du monde. » Dès les premières pages de son témoignage sur sa vie d’accueillante familiale, Séverine Bellier, 47 ans, tord le bras à un préjugé répandu : s’occuper 24 heures sur 24 de personnes âgées dépendantes serait un fardeau pour une personne sainte.

Dans Bienvenue chez Séverine*, une autobiographie à quatre mains avec Catherine Siguret, cette quadra détaille ses journées en compagnie de deux à trois personnes âgées et de sa famille, dans sa maison dans l’Orne . « Une alternative aux Ehpad encore méconnue » qui mérite qu’on s’y attarde.

Faire connaître son métier

« Le livre est un cadeau de Catherine Séguret, avoue Séverine, coupe au carré et pull bleu, les mains toujours en mouvement et le sourire aux lèvres, quand nous la rencontrons dans les locaux de Flammarion ce mardi. Quand elle m’a parlé de son projet, écrire sur ma vie, je me suis dit : « elle n’est pas bien la dame ! » Et maintenant, j’ai la boule au ventre. »

Elle espère faire connaître ce métier aux familles sans solution, mais aussi donner envie à d’autres de se lancer. « On a le temps de bien s’occuper des personnes âgées. En Ehpad, il y a tant de soignants qui aiment leur travail, mais qui n’ont plus les moyens de le faire bien. » Pour Séverine, on ne lésine pas avec le soin. Il faut dire que l’attention aux autres, elle connaît, elle qui a grandi dans une fratrie de onze enfants. Si elle n’a pas eu la chance de connaître ses grands-parents, sa mère avait déjà pris sous son toit une femme âgée, Lui montrant ainsi la voie. « Je ne pourrais pas me passer des personnes âgées, elles nous apprennent tellement », confie-t-elle.

Marier métier et vie familiale

Une fois la formation et l’agrément en poche du Conseil général, Séverine s’aménage un nid adapté pour recevoir trois personnes dépendantes, chez elle, à temps complet. Avec son mari, ils réaménagent une vieille grange pour en faire une maison de 250 m². Au rez-de-chaussée, les trois mamies s’affairent autour de la cuisine de Séverine la journée et dorment chacune dans leur chambre. Au premier, c’est l’étage pour la famille nucléaire : son mari et ses trois enfants. Mais le soir, tout le monde se retrouve autour de la table du dîner.

« Je ne vais pas changer mon quotidien ! Si on vient chez moi, il faut aimer les enfants et les animaux », prévient-elle sans ambages. Car la famille Bellier héberge aussi un chat, un chien et un perroquet… Et actuellement Marianne, 61 ans, Estelle, 52 ans, et Tonton, 89 ans, le premier homme accueilli de cette famille élargie. « Elle mène bien sa barque, toujours aux petits soins avec nous », assure Marianne, qui vit là depuis trois ans après un AVC qui a dévoré sa mémoire immédiate. « C’est comme si on était chez soi, renchérit Estelle, elle aussi handicapée. Je me sens moins seule, elle est toujours là quand j’ai besoin de parler. »

Séverine dévoile les rencontres, souvent heureuses, parfois ratées avec ses accueillies. Il y a les malades imaginaires et celles qui cachent une tumeur énorme sous une montagne de pudeur. Il y a celles qui deviennent une mamie pour ses propres enfants et celles qui gardent leur froideur. « Il faut que le feeling passe des deux côtés. J’apprécie d’autant plus mon métier que je choisis mes accueillies. Et puis je peux faire mes tâches ménagères tout en m’occupant d’elles et être beaucoup plus présente pour mes enfants qu’avant. »

Les petits soins et les bons petits plats

Elle raconte l’attention décuplée, les visites des familles, les jeux, les gâteaux très attendus du samedi midi, les Noël tous ensemble. « Mes proches savent que si je suis invité aux mariages, baptêmes et communions, je viens avec tout le monde ! » Les bons petits plats deviennent une carotte, mais Séverine sait aussi manier l’autorité pour sauvegarder l’hygiène, l’autonomie et la santé. Son récit ne tait pas les peurs bleues, quand une des accueillies fait un malaise à table, ni les bleus à l’âme, quand l’aînée de la maisonnée s’« éteint comme une bougie ». « Mémère Jeannine, elle me manquera toujours, mais il ne faut pas être égoïste et savoir les laisser partir, analyse Séverine. Elle voulait mourir chez moi. » Alors Séverine a fait tout ce qu’elle a pu pour la soulager jusqu’au bout. « Quand elle est revenue après trois jours à l’hôpital, elle était recourbée en fœtus sur son brancard, le poignet de biais. On l’a installé dans son lit, j’ai pris sa main et j’ai senti qu’elle se relâchait, apaisée. »

Ce contact physique, ces petits soins, comme crémer les mains chaque jour, cette écoute, ces silences partagés à éplucher les légumes font partie des petits plaisirs du quotidien. Et puis, il y a les grandes victoires. « L’accueil dont je suis le plus fière, c’est Greta. Car elle a pu retourner vivre chez elle. Pas dans son grand appartement avec escalier, mais dans un foyer-logement avec cantine. » Aucun doute, ce métier la comble. Ce qui ne l’empêche pas de s’octroyer quelques (rares) bouffées d’oxygène. En partant en voyage avec son mari et sa fille, quand les accueillies restent à la maison confiées aux soins de sa sœur.

Trouver la bonne distance

Pas facile pour autant de trouver la bonne distance. Séverine n’est ni infirmière, ni médecin. Mais elle peut compter sur son généraliste de campagne, qui suit toutes ses accueillies avec bienveillance. Si elle s’attache souvent, c’est son métier et elle ne peut suppléer la famille des accueillies. Chacun à sa place. « En général, ça se passe très bien avec les familles », nous assure-t-elle. Par contre, elle doit parfois tracer des limites. « Greta avait offert un synthé à ma fille. Mais quand cette femme, aisée et généreuse, a voulu lui payer des cours de musique, j’ai dû dire non. »

« Le système de l’accueil à la maison a fait la démonstration que c’était mieux, pour la sécurité comme contre l’isolement parce que nos accueillis n’ont pas souffert de la solitude non plus. »

Elle glisse aussi les détails pratiques de ce métier méconnu. Sur la formation, sur la logistique et le coût pour les familles. « Le prix varie en fonction de la dépendance de la personne, rappelle-t-elle. Par exemple, pour Estelle et Marianne, mes deux « jeunettes » qui ont un handicap mais sont encore assez autonomes, je perçois 1.300 euros par mois tout compris, c’est-à-dire loyer, nourriture, produits d’hygiène. Avec les charges, les familles payent autour de 1.500 euros. Mais pour une personne âgée beaucoup plus dépendante, alitée, ce sera plutôt 1.800 euros. » Tout en rappelant que beaucoup de ces familles reçoivent des aides financières…

« Le Covid, on ne l’a pas vraiment vécu », souffle-t-elle pendant notre entretien. Claquemurée dans sa grande maison, vigilante sur tout, mais sans jamais lâcher la main de ses accueillies, elle a pris soin de ses pensionnaires, mais aussi de sa propre mère, devenue dépendante. Qu’elle se félicite de ne pas avoir envoyé en Ehpad, particulièrement endeuillés par l’épidémie. « Le danger sanitaire m’a confirmé plus que jamais que j’étais utile aux autres au quotidien, écrit-elle. Le système de l’accueil à la maison a fait la démonstration que c’était mieux, pour la sécurité comme contre l’isolement, parce que nos accueillis n’ont pas souffert de la solitude non plus. » Séverine ne risque pas de manquer de tendresse pour ses vieux jours, entre sa large famille et les liens forts qu’elle a noués dans sa vie professionnelle. « Même à la retraite, je pense que je garderai une personne chez moi. Les gens sont tellement beaux à l’intérieur… »

* Bienvenue chez Séverine, Flammarion, 23 septembre 2020, 19 €.

Source OUEST FRANCE.

ENTRETIEN – Maladie génétique. Concarneau. Pour Éva, « on a reçu tellement de messages d’espoir… »…

En septembre 2018, Emmanuelle et Morgan créaient l’association ÉVA La Vie Devant Toi.

Deux ans plus tard, la mobilisation autour de la petite fille, atteinte d’une maladie génétique rare, ne faiblit pas.

Éva, trois ans et demi, souffre d’une maladie génétique rare, l’hypoplasie pontocérebelleuse.

Emmanuelle Corre est la maman d’Éva et la présidente de l’association ÉVA La Vie Devant Toi.

Vous fêtez les deux ans de l’association ÉVA La Vie Devant Toi. Que de chemin parcouru depuis septembre 2018…

On est sidéré par la mobilisation qui s’est créée autour de l’association. Par la bienveillance des gens. On a reçu tellement de messages de solidarité et d’espoir ces deux dernières années…

D’un point de vue personnel, que vous apporte l’association.

Elle nous aide à avancer au quotidien, à parler de la maladie d’Éva de façon très libre, à normaliser notre vie. Comme Éva est désormais connue, les gens ne sont pas gênés lorsqu’ils la voient. Au contraire, ils viennent facilement vers nous. À travers l’association, on parle de la maladie de façon positive en s’attardant d’abord sur les énormes progrès qu’Éva a effectués et non pas sur les choses qu’elle ne sait pas faire.

L’association vous a également permis de financer des stages de rééducation neuromotrice en Espagne, d’acheter du matériel…

Le polyhandicap est un gouffre financier. Lorsque l’on va en Espagne, c’est 3 000 € a minima. Éva a besoin de matériel spécifique. L’année prochaine, comme elle grandit, il faudra changer de véhicule afin de pouvoir mettre un siège adapté. On a également prévu de lui aménager une chambre, au rez-de-chaussée, dans notre maison. Car on ne pourra pas continuer à la porter pour accéder à l’étage. Tout ça a un coût. Mais grâce à l’association, on peut offrir le meilleur à Éva.

Comment va Éva ?

Bien. Elle grandit, elle progresse. La plupart des gens qui ne l’avaient pas vu depuis longtemps sont scotchés par son développement. Elle est capable de tenir des objets, elle cherche à se déplacer à quatre pattes. Elle réalise des choses que les médecins ne la pensaient pas capable de faire. Elle affiche une énorme volonté qui nous booste et nous donne espoir.

Éva a-t-elle effectué sa rentrée scolaire ?

Oui, elle est au Rouz, en petite section, dans la classe de son frère jumeau (Hugo). Pour l’instant, elle va l’école deux demi-journées par semaine. Elle est accompagnée d’une AVS (auxiliaire de vie scolaire). Tout se passe très bien. La preuve : la semaine dernière, elle « chouinait » parce qu’elle ne voulait pas quitter l’école.

Vous aviez prévu d’aller à Madrid, à la rentrée, pour un nouveau stage de rééducation neuromotrice. Vous n’avez pu vous y rendre. Pourquoi ?

Pour des raisons sanitaires. On avait déjà réservé nos billets d’avion et l’hôtel, mais nous avons préféré annuler, de peur d’être bloqués en Espagne. À la place, Éva a effectué un stage de kinésithérapie intensive durant une semaine à Rennes, suivant la méthode Medek. Ce stage n’a pas remplacé ce qu’Éva peut faire à Madrid, mais il lui a permis de progresser. On espère maintenant pouvoir retourner en Espagne en mars 2021.

Après une pause en raison du confinement, plusieurs manifestions au profit de l’association sont prévues prochainement. La preuve que l’élan de solidarité autour d’Éva ne faiblit pas…

Tout à fait. L’association jouit même d’une petite notoriété. Dernièrement, des parents d’enfants en situation de handicap nous ont sollicités pour qu’on les conseille. On est heureux de pouvoir aider d’autres familles.

Contact : site internet : evalvdt.fr Facebook : EVA La Vie Devant Toi. Mail : evalvdt@gmail.com

Source OUEST FRANCE

REPORTAGE. Quand le handicap se dissout dans l’eau !…

À la plage de Kerhillio, à Erdeven (Morbihan), le week-end Handi-Glisse fut chargé en émotions et en rencontres entre personnes en situation de handicap et valides.

Une course de stand-up paddle était aussi organisée sur cette même plage.

Marin s’apprête à partir surfer avec Norman, Pascal et son père.

Pour les organisateurs du Handi-Glisse, – événement, à Erdeven (Morbihan), qui permet aux personnes en situation de handicap, d’accéder aux pratiques nautiques de glisse – « les conditions ont été au top pour le surf et le paddle le samedi après-midi, et le dimanche, pas trop mal, avec des vagues plus petites ». Les pratiquants valides étaient également accueillis.

Chez les participants, l’ambiance a été appréciée. Marin Edy, 17 ans, paralysé des jambes, est venu en famille. Il a pu surfer avec Norman Lainé, de l’école de surf, Dune de surf, qui participait à l’événement, avec du matériel adapté. « Les planches sont plus larges que les planches classiques, ça permet une meilleure stabilité », explique le moniteur.

Le jeune homme a pu surfer en même temps que son père, avec l’assistance de Pascal, membre de l’association Vagdespoir, de Guidel. « On est là pour les aider, et non les assister. Ils sont largement capables de se débrouiller, on est surtout là pour assurer leur sécurité. On est une vingtaine de valides présents pour l’association sur l’événement », détaille Pascal.

On n’a pas à affronter les regards parfois oppressants

« On apprécie pouvoir pratiquer, en toute sécurité, sur du matériel adapté et, surtout, dans un contexte de bienveillance par rapport au monde du handicap. Là, les gens sont au courant, on n’a pas à affronter les regards parfois oppressants, commente Laurent Edy, le père de Marin, qui a aussi réussi à prendre quelques vagues debout avec les deux ou trois conseils de Norman Lainé. On s’est régalé tous les deux. On a passé un super-moment… C’est génial ».

Toujours en surf mais cette fois avec l’aide de Jean, de Vagdespoir, Bénédicte Tardy, d’Auray, est venue surfer sur les conseils de sa kiné. « Je la vois, deux fois par semaine, pour aider à délier mes muscles. J’ai la maladie de Charcot. C’est une maladie neurodégénérative. Elle m’a conseillé de venir et effectivement, je me suis éclatée ! C’est la première fois que je surfe. J’ai réussi à prendre plusieurs vagues, allongée ! »

Sur la plage, une équipe s’est emparée du paddle géant et s’apprête à prendre la mer. Côté buvette, l’aide des Amis de Johanna a été très appréciée.

L’épreuve Waterman Challenge

Samedi 19 septembre 2020, une course de stand up paddle, l’Erdeven Waterman Challenge, avait également lieu à Kerhillio. L’épreuve a été remportée par Sandrine Berthe, du Sud Ouest, en 1 heure 50 pour la catégorie femme solo. Chez les hommes, en solo : 1er Mathieu Jolivet en 1 heure 30, 2e Boris Jinvresse en 1 heure 35, et 3e Pierre Le fort en 1 heure 38. Tous trois sont du Finistère.

Source OUEST FRANCE.

 

Un magasin de Nîmes s’excuse après avoir refusé l’entrée à un jeune autiste qui ne portait pas de masque…!

Le directeur d’un magasin d’électroménager de Nîmes a présenté ses excuses, après qu’un agent de sécurité a refusé l’entrée à un jeune homme atteint d’autisme, mardi 15 septembre.

Ce dernier ne portait pas de masque mais disposait pourtant d’un certificat médical.

Le directeur du magasin Boulanger de Nîmes a présenté ses excuses à la belle-mère du jeune homme atteint d'autisme (photo d'illustration).

Un jeune homme 20 ans, atteint d’autisme, s’est vu refuser l’entrée d’un magasin Boulanger à Nîmes (Gard), mardi 15 septembre, car il ne portait pas de masque. Comme l’explique la belle-mère du jeune homme à Midi Libre, celui-ci disposait pourtant d’un certificat médical.

Les deux éducateurs qui l’accompagnaient dans le magasin d’électroménager avaient même présenté le document à l’agent de sécurité. Celui-ci leur aurait demandé de partir après avoir assuré « qu’ils n’avaient rien à faire ici ».

La direction s’excuse

Le port du masque est obligatoire en France dans tous les lieux publics clos mais le gouvernement a rappelé que les personnes en situation de handicap pouvaient obtenir une dérogation.

La belle-mère du jeune homme a rencontré le directeur du magasin qui lui a présenté ses excuses, rapportent nos confrères. Joint par Midi Libre, il a indiqué qu’un protocole interne avait été mis en place. Celui-ci prévoit que toutes les personnes « munies d’un certificat médical, l’exonérant du port du masque peuvent entrer dans le magasin ».

Ce n’est pas la première fois que l’enseigne d’électroménager est confrontée à ce type de problème. Le 29 août dernier, une personne en situation de handicap non masquée n’avait pas pu entrer dans un magasin de Tourcoing, rapporte La Voix du Nord. L’enseigne avait même fait appel aux forces de l’ordre pour interpeller l’homme, malgré son certificat médical.

Source OUEST FRANCE.

 

« Il faut faire le ménage dans le milieu de l’autisme », estime la journaliste Olivia Cattan…!

Mère d’enfant autiste, Olivia Cattan a enquêté sur des thérapies potentiellement dangereuses.

L’Agence du médicament a saisi le procureur de la République de Paris.

Dans le livre qu’elle publie cette semaine, Olivia Cattan détaille son enquête et fait le tour des thérapies plus ou moins douteuses (photo d’Illustration).

L’Agence du médicament confirme qu’elle a réagi à la suite des informations fournies par une lanceuse d’alerte. Une cinquantaine de médecins et quelques pharmaciens sont dans le collimateur. Ils ont fait des prescriptions de longue durée de médicament anti-infectieux, d’antibiotiques et chélateurs de métaux, pour des enfants atteints d’autisme.

Des produits qui peuvent avoir des effets secondaires graves dans la durée, d’autant plus sur des enfants. Et qui ne sont pas censés être prescrits pour cette indication. Des essais cliniques sauvages sont également visés.

Connu depuis longtemps

Le procureur du tribunal de Paris a été saisi. La Sécu, les ordres des médecins et des pharmaciens ont été informés. En réalité, le sujet était connu depuis longtemps dans et hors des milieux de l’autisme.

Olivia Cattan, la lanceuse d’alerte en question, mère d’enfant autiste et journaliste, avait déjà alerté la presse et les autorités sanitaires il y a deux ans. Rien n’a bougé. Elle a, depuis, collecté des preuves. Des ordonnances longues comme le bras, des notes d’essais non autorisés dans un institut médico-éducatif des Hauts-de-Seine, des entretiens en caméra cachée…

« Il faut faire le ménage dans le milieu de l’autisme, qui est en train de basculer », affirme Olivia Cattan, qui estime que trop d’associations sont complices, a minima par leur silence, de la multiplication de pratiques thérapeutiques déviantes.

Procédé « rocambolesque »

Elle ne fustige pas les parents. Elle-même a été un temps sensible aux promesses de thérapeutes douteux. « Vous avez le diagnostic de votre enfant, votre médecin traitant n’est pas spécialiste, vous vous tournez vers des associations existantes. Elles m’ont envoyé vers un médecin soi-disant spécialiste. Celle que j’avais vue m’avait d’abord parlé de régime sans gluten, sans caséine. Puis, après quelques semaines, de laboratoires à l’étranger débarrassant les enfants des métaux lourds. Je n’ai pas suivi, d’abord ça coûtait cher, et je trouvais ça un peu rocambolesque. »

Dix ans plus tard, présidente de l’association SOS autisme, elle entend des parents évoquer des traitements antibiotiques à très long terme.

Le nom du même médecin « spécialiste », radié depuis en France et installé en Suisse, circule. Chronimed, une association controversée qui assure que la maladie de Lyme provoque l’autisme, est au cœur du dossier. Elle a été cofondée par le Pr Montagnier, prix Nobel tombé dans les théories médicales fumeuses. Des essais non autorisés seraient menés dans un institut médico-éducatif des Hauts-de-Seine.

Peur de témoigner

« Une maman m’a contactée et a accepté de témoigner. Trouver des parents qui témoignent, c’est très complexe. Les parents ne veulent pas perdre la place de leurs enfants dans les centres. Ils ont peur des services sociaux qui pourraient les inquiéter s’ils savaient ce qu’ils avaient donné à leurs enfants. »

Certains auteurs des essais illégaux ont depuis déposé des demandes officielles : « Essayer n’importe quoi sur les enfants pour voir ce que ça leur fait avant même d’envisager de lancer des essais en suivant les règles, je trouve sa scandaleux. »

Dans le livre qu’elle publie cette semaine, Olivia Cattan détaille son enquête et fait le tour des thérapies plus ou moins douteuses. « Vous prenez n’importe quelle thérapie alternative, vous tapez le mot autisme à côté, vous trouver des thérapeutes qui ont des solutions… Je crois à la science ; on peut espérer trouver des thérapies pour améliorer les symptômes de l’autisme. Mais pas n’importe quoi et pas n’importe comment. »

Le livre noir de l’autisme, Olivia Cattan, Cherche-Midi, 280 p., 19 €. Sortie le 25 septembre.

Source OUEST FRANCE.

« Tout le monde est handicapé », explique l’alpiniste malvoyant David Labarre…!

Vice-champion paralympique de Cécifoot devenu alpiniste, le Haut-Garonnais David Labarre raconte sa trajectoire parfois cabossée dans un livre, « L’aventure à perte de vue ».

« Tout le monde est handicapé », explique l’alpiniste malvoyant David Labarre

  • Malvoyant de naissance, David Labarre a surmonté une enfance compliquée pour s’épanouir dans le sport de haut niveau, Cécifoot puis alpinisme.
  • Le Commingeois de 32 ans, amoureux de ses Pyrénées, a également escaladé le Mont-Blanc, en attendant des sommets africains, sud-américains et népalais.
  • Son premier livre, réalisé avec le journaliste et écrivain Jean-Pierre Alaux, sort ce jeudi.

Quand on l’appelle, mercredi en fin de matinée, David Labarre évoque avec enthousiasme les 30 km en solo qu’il s’est enquillé la veille entre Aspet (Haute-Garonne) et Saint-Lary (Ariège), dans ces chères Pyrénées. L’aventurier malvoyant de 32 ans a fait cette balade en moyenne montagne pour le plaisir, mais aussi pour tester un GPS en cours de mise au point.

Mais notre coup de fil concerne avant tout L’aventure à perte de vue, le livre sur son incroyable parcours, rédigé avec le journaliste et écrivain Jean-Pierre Alaux, qui sort ce jeudi (éd. Elytis). Au fil des pages, le lecteur découvre comment un ado atteint d’une déficience visuelle irréversible, orphelin de mère et en échec scolaire, est devenu alpiniste et conférencier, après avoir été vice-champion paralympique à Londres en 2012 avec l’équipe de France de Cécifoot.

Pourquoi sortir un livre sur sa vie à 32 ans ?

Il s’est passé tellement de choses… J’avais besoin de les raconter. Si ça peut aider des gens, tant mieux. Mais en premier lieu, il s’agit vraiment de partager mon expérience. Toutes les difficultés que j’ai connues, surtout le décès de ma mère [en 2003, alors que David Labarre a 14 ans], c’est ce qui me permet d’avancer aujourd’hui. Plus je monte, plus je me rapproche d’elle.

Souhaitez-vous adresser un message aux malvoyants, ou plus généralement aux personnes souffrant d’un handicap ?

Je pense que tout le monde a un problème dans sa vie, tout le monde est handicapé. Ce livre est vraiment pour tout le monde, pour les passionnés de montagne, de foot aussi…

Vous confiez également avoir souffert de harcèlement scolaire lorsque vous aviez rejoint votre père, qui habitait sur l’île de Saint-Martin, avec votre mère et votre sœur…

Après ça, je n’ai jamais aimé l’école. J’avais 4 ou 5 ans. Lorsque je partais à l’école, je pleurais. J’étais un peu martyrisé. Nous ne sommes restés que six mois, car ma mère a vu que ce n’était plus possible.

Avez-vous le sentiment d’avoir déjà vécu plusieurs vies ?

Je crois qu’on a tous plusieurs vies. J’ai eu une vie de sportif de haut niveau qui m’a bien servi, car ç’a a été une planche de salut. Cela m’a remis dans le droit chemin, car je suis un peu parti en « live » après le décès de ma mère. Et plus tard, j’ai encore changé de parcours, avec l’alpinisme.

Dans le livre, vous expliquez que même si une opération était possible, vous préféreriez garder votre handicap…

Quelqu’un qui a les yeux bleus ne va pas vouloir changer pour avoir les yeux marron. Cela fait partie de lui. Mon problème de vue fait partie de moi. J’ai grandi comme ça. Aujourd’hui, le handicap ne m’empêche pas de faire des trucs extraordinaires. J’ai longtemps eu un complexe : j’ai arrêté l’école en 5e et je me retrouvais devant des chefs d’entreprise pour donner des conférences. Au final, le naturel plaît énormément. C’est une belle revanche sur la vie. Mais il faut toujours se dire que du jour ou lendemain, tout peut être remis en cause.

Avez-vous des regrets ?

Ce qui est fait est fait. On ne peut pas revenir dessus. Il faut transformer les choses négatives en positif et essayer de ne pas refaire les mêmes erreurs. Je suis sans arrêt sur le dos de ma fille de 11 ans, qui est entrée en 6e, pour qu’elle bosse. Tous les enfants ne vont pas avoir la chance que j’ai eue, d’arrêter l’école très tôt et de pouvoir malgré tout trouver sa voie et faire quelque chose de sympa. Dans la vie, il faut de la volonté, mais aussi une grande partie de chance, des rencontres avec des gens que tu vas aider et qui vont ensuite t’aider.

Vous avez escaladé le pic d’Aneto et le Mont-Blanc, points culminants des Pyrénées et des Alpes. Et maintenant ?

Quand j’ai commencé, J’avais annoncé quatre sommets et il y en trois qui sont faits, car je compte le Toubkal (4.167 m) au Maroc, qui est financé et va se faire [programmée en mars dernier, l’expédition a été reportée à cause du coronavirus]. Il faut assumer ce qu’on dit. Normalement, je vais faire la Haute route pyrénéenne (HRP, traversée de la chaîne par les lignes de crête) en juin prochain et l’Aconcagua (en Argentine, point culminant du continent américain avec 6.962 m) en 2020 ou 2021. Puis il y aura plus tard un 8.000 mètres au Népal. Réussir cette ascension, c’est entrer dans la cour des grands.

Source 20 MINUTES.