« Il faut faire le ménage dans le milieu de l’autisme », estime la journaliste Olivia Cattan…!

Mère d’enfant autiste, Olivia Cattan a enquêté sur des thérapies potentiellement dangereuses.

L’Agence du médicament a saisi le procureur de la République de Paris.

Dans le livre qu’elle publie cette semaine, Olivia Cattan détaille son enquête et fait le tour des thérapies plus ou moins douteuses (photo d’Illustration).

L’Agence du médicament confirme qu’elle a réagi à la suite des informations fournies par une lanceuse d’alerte. Une cinquantaine de médecins et quelques pharmaciens sont dans le collimateur. Ils ont fait des prescriptions de longue durée de médicament anti-infectieux, d’antibiotiques et chélateurs de métaux, pour des enfants atteints d’autisme.

Des produits qui peuvent avoir des effets secondaires graves dans la durée, d’autant plus sur des enfants. Et qui ne sont pas censés être prescrits pour cette indication. Des essais cliniques sauvages sont également visés.

Connu depuis longtemps

Le procureur du tribunal de Paris a été saisi. La Sécu, les ordres des médecins et des pharmaciens ont été informés. En réalité, le sujet était connu depuis longtemps dans et hors des milieux de l’autisme.

Olivia Cattan, la lanceuse d’alerte en question, mère d’enfant autiste et journaliste, avait déjà alerté la presse et les autorités sanitaires il y a deux ans. Rien n’a bougé. Elle a, depuis, collecté des preuves. Des ordonnances longues comme le bras, des notes d’essais non autorisés dans un institut médico-éducatif des Hauts-de-Seine, des entretiens en caméra cachée…

« Il faut faire le ménage dans le milieu de l’autisme, qui est en train de basculer », affirme Olivia Cattan, qui estime que trop d’associations sont complices, a minima par leur silence, de la multiplication de pratiques thérapeutiques déviantes.

Procédé « rocambolesque »

Elle ne fustige pas les parents. Elle-même a été un temps sensible aux promesses de thérapeutes douteux. « Vous avez le diagnostic de votre enfant, votre médecin traitant n’est pas spécialiste, vous vous tournez vers des associations existantes. Elles m’ont envoyé vers un médecin soi-disant spécialiste. Celle que j’avais vue m’avait d’abord parlé de régime sans gluten, sans caséine. Puis, après quelques semaines, de laboratoires à l’étranger débarrassant les enfants des métaux lourds. Je n’ai pas suivi, d’abord ça coûtait cher, et je trouvais ça un peu rocambolesque. »

Dix ans plus tard, présidente de l’association SOS autisme, elle entend des parents évoquer des traitements antibiotiques à très long terme.

Le nom du même médecin « spécialiste », radié depuis en France et installé en Suisse, circule. Chronimed, une association controversée qui assure que la maladie de Lyme provoque l’autisme, est au cœur du dossier. Elle a été cofondée par le Pr Montagnier, prix Nobel tombé dans les théories médicales fumeuses. Des essais non autorisés seraient menés dans un institut médico-éducatif des Hauts-de-Seine.

Peur de témoigner

« Une maman m’a contactée et a accepté de témoigner. Trouver des parents qui témoignent, c’est très complexe. Les parents ne veulent pas perdre la place de leurs enfants dans les centres. Ils ont peur des services sociaux qui pourraient les inquiéter s’ils savaient ce qu’ils avaient donné à leurs enfants. »

Certains auteurs des essais illégaux ont depuis déposé des demandes officielles : « Essayer n’importe quoi sur les enfants pour voir ce que ça leur fait avant même d’envisager de lancer des essais en suivant les règles, je trouve sa scandaleux. »

Dans le livre qu’elle publie cette semaine, Olivia Cattan détaille son enquête et fait le tour des thérapies plus ou moins douteuses. « Vous prenez n’importe quelle thérapie alternative, vous tapez le mot autisme à côté, vous trouver des thérapeutes qui ont des solutions… Je crois à la science ; on peut espérer trouver des thérapies pour améliorer les symptômes de l’autisme. Mais pas n’importe quoi et pas n’importe comment. »

Le livre noir de l’autisme, Olivia Cattan, Cherche-Midi, 280 p., 19 €. Sortie le 25 septembre.

Source OUEST FRANCE.

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