Le fils autiste d’une infirmière libérale privé d’accueil périscolaire à Montpellier…

Une solution a été trouvée avec la Ville, mais l’affaire pourrait ne pas en rester là.

L’école André-Boulloche, à la Paillade, où sont inscrits les deux fils de Mme Vitu. P

Infirmière libérale à Montpellier, à Lemasson, Angélique Vitu ne se doutait pas des difficultés qu’elle rencontrerait pour faire garder un de ses jumeaux âgés de 9 ans et demi, dans le cadre de la crise du Covid-19. En tant que personnel soignant, cette femme de 40 ans avait pourtant inscrit ses enfants afin de pouvoir travailler.

Dès le 17 mars, tous deux ont bien été accueillis quatre matinées par semaine, de 8 h 30 à 12 h, sur le site de l’école Boulloche, à la Paillade. Mais seul l’un des deux – légèrement handicapé et accompagné par son auxiliaire de vie scolaire – a été accepté sur les temps périscolaires, c’est-à-dire, avant 8 h 30 et après 12 h. « Dès le 17 mars au soir, j’ai reçu un coup de fil de la Ville pour me dire qu’ils n’acceptaient pas mon autre fils, autiste, en raison de son handicap plus lourd. Mais je n’ai jamais eu de mot écrit ! »

« Je suis seule sur ma tournée qui représente 60 passages par jour »

Cette situation a posé de graves problèmes à cette infirmière qui débute ses tournées dès 8 heures et ne les achève parfois qu’à 13 h 30. « Ils m’ont même suggéré de soigner les gens en gardant mon enfant, s’indigne-telle. C’est évidemment impossible. Je suis seule sur ma tournée qui représente 60 passages par jour en moyenne. Depuis la mi-mars, beaucoup de patients ne voient plus leur famille et certains sont Covid. Il y a encore plus de choses à faire auprès d’eux. En plus, mon mari doit aussi travailler. »

C’est le mercredi que la situation est la plus difficile. Ce jour-là, l’école fait centre de loisirs, mais ses enfants ne peuvent être récupérés qu’à 13 h 45. Au retour des vacances scolaires, où elle a bénéficié de cinq jours de répit grâce au Sessad, qui a gardé ses enfants handicapés à son domicile, un clash est intervenu le mercredi 22 avril à l’entrée de l’école Boulloche.

« J’ai été victime de discrimination »

« La Ville n’a voulu accueillir qu’un seul de mes fils, déplore l’infirmière. J’étais très stressée car mes patients m’appelaient dans le même temps pour savoir quand je viendrais et je devais décaler mes tournées. J’en ai même pleuré. À 11 h, ils ont finalement accepté de prendre mon fils, après intervention de M. Thomas. »

« C’était une situation complexe, reconnaît Christian Fina, directeur général des services de la Ville. Cet enfant demande un accompagnement spécifique et il nous a fallu du temps pour trouver une personne apte à s’en occuper. » « J’ai été victime de discrimination », résume Angélique Vitu, déterminée à aller jusqu’au bout pour obtenir réparation. Elle avait déjà fait intervenir Autisme info service pour faire remonter son dossier jusqu’au bureau du Premier ministre.

« J’ai saisi le Défenseur des droits »

C’est grâce à Laurent Thomas, délégué général de la Fédération nationale “Grandir Ensemble”, placée sous l’égide du Secrétariat d’État aux personnes handicapées, que le fils autiste de Mme Vitu a finalement été accueilli.

« J’ai pris l’initiative de dépêcher deux intervenants sur le site pour venir renforcer votre équipe sur l’accueil de loisirs pour assurer l’accueil de cet enfant », explique-t-il dans un mail adressé à la Ville récapitulant l’affaire, dont copie a été adressée au conseiller de Sophie Cluzel, Secrétaire d’État aux personnes handicapées.

« Il n’est pas acceptable que des personnels soignants, luttant sans relâche contre cette pandémie, qui plus est eux-mêmes parents d’enfants en situation de handicap, soient soumis à de telles incertitudes quant aux solutions d’accueil de leur enfant et soumis à une pression que nous avons le devoir de leur épargner. »

« Compte tenu du caractère potentiellement discriminatoire de cette situation, je vous informe avoir saisi le Défenseur des droits sur cette situation, qui jugera des suites à donner », conclut Laurent Thomas. La Ville, en la personne de Delphine Duplessis, chef de service “Action scolaire et animation”, avait immédiatement appelé Mme Vitu « pour lui confirmer l’accueil de son fils » par un animateur, dès le lendemain, avant et après le temps scolaire. Des « modalités d’intervention » ont aussi été envisagées avec l’association Halte pouce, pour l’accueil du mercredi.

Source MIDI LIBRE.

Ambulanciers à Audincourt et Trévenans : ces gyrophares sortis de l’ombre…

Maillons essentiels de la chaîne de soins, ils enchaînent les jours et les nuits avec un nouvel ennemi invisible à prendre en compte : le Covid-19. Zoom sur les ambulanciers, basés à Audincourt et Trévenans, de Jussieu Secours.

 » NE PAS OUBLIER TOUS LES AMBULANCIERS EN PREMIERE LIGNE, EUX AUSSI ! ». La Rédaction HANDICAP INFO.

 

Ambulanciers à Audincourt et Trévenans : ces gyrophares sortis de l’ombre

 

On les voyait croiser et recroiser nos routes sans vraiment y prêter attention. Les ambulances se noyaient dans notre quotidien, simples gyrophares clignotant au loin, avant d’être brutalement mises en lumière par cette crise sanitaire.

« C’est sûr que nos services sont en première ligne, et les gens comprennent mieux qu’on est un maillon essentiel de la chaîne de soins », lance Jean-Jacques Hezard. Avec Sandrine, il gère le quotidien de Jussieu Secours.

Une véritable armée de l’ombre : sur les deux sites d’Audincourt et Trévenans, avec 130 salariés et une soixantaine de véhicules, cette entité assure de 400 à 500 missions quotidiennes.

« Les premières semaines, c’était très violent »

Un rythme effréné qui, depuis le début du mois de mars, a dû s’adapter à l’arrivée d’un monstre sournois, invisible et meurtrier, nommé Covid-19.

« Tout de suite, les moyens et protocoles ont été adaptés par notre direction médicale », reprend le cogérant de cette vaste structure. Il le fallait, car la vague a frappé vite. Et fort.

« Les premières semaines, c’était très violent, près de 80 % de nos interventions étaient liées au coronavirus », se souvient Jérôme Finck, diplômé d’État et passionné, amoureux fou même, de tout ce qui touche aux ambulances. Christophe Vienot, auxiliaire ambulancier avec lequel il fait souvent équipe, acquiesce.

Ambulanciers à Audincourt et Trévenans : ces gyrophares sortis de l’ombre

Lui aussi, comme tout le personnel, s’est adapté aux nouvelles circonstances. Désinfection exhaustive du matériel et du véhicule après chaque intervention, confection de « kits Covid » constamment disponibles : les ambulances Jussieu, qui ont déjà pris en charge plus de 1 000 patients touchés par le coronavirus ou suspectés de l’être, ont dû vite réagir.

« Tout ça nous fait chaud au cœur »

« Nos salariés ont pris ça comme une véritable mission », souffle Sandrine Hezard, placée à côté de son fils, Pierre-Marie, appelé à prendre un jour la relève. « On a également reçu énormément de soutien, de dons de combinaisons, lunettes, ce qui nous a été très précieux. Même si on arrive à commander un peu plus facilement du matériel, nos stocks sont toujours en flux tendu. »

Ambulanciers à Audincourt et Trévenans : ces gyrophares sortis de l’ombre

GrâceAEux, tous les témoignages

Retrouvez tous les témoignages de l’opération #GrâceAEux

Dossier. Tout savoir sur le coronavirus
FAQ. Confinement, déplacements, santé : nos réponses à vos questions
Document. Téléchargez l’attestation de déplacement dérogatoire
Protection. Du patron à la confection, voici comment fabriquer un masque de protection « maison » contre le Covid-19

Vous pouvez nous envoyer vos témoignages de remerciements, sous forme de textes, photos ou dessins, sur la boîte mail temoignages.coronavirus@ervmedia.fr. Sans oublier de relayer sur les réseaux sociaux le hashtag #GrâceAEux.

Une sélection des messages, témoignages et dessins reçus sera publiée trois fois par semaine dans le journal papier et sur notre site internet.

Dans cette atmosphère pesante, les ambulanciers, et tous ceux qui gravitent autour, enchaînent les gardes sans sourciller. Répondent à chaque mission, à la demande du Samu principalement. Rassurent les patients tantôt inquiets, tantôt méfiants. Adaptent leur vie de famille. Et reçoivent, avec fierté, les applaudissements quotidiens de la population.

« Les voisins d’un collègue ont tondu sa pelouse et taillé ses haies, termine Jérôme Finck. Mon voisin m’a préparé un dessert. Bref, tous ces témoignages… ça nous fait vraiment chaud au cœur. »

Source EST REPUBLICAIN.

Coronavirus : « Toute guerre a ses profiteurs », les professionnels de la santé allument la grande distribution sur la question des masques…

En pleine pénurie, les professionnels de la santé ne comprennent pas comment tant de stocks de masques vont pouvoir être mis en vente

Des masques de protection contre le coronavirus. Illustration.

Les Ordres des professions de santé se sont offusqués dans un texte cinglant du nombre « sidérant » de masques annoncés à la vente par la grande distribution, qui se défend d’avoir profité de la situation pour stocker des masques. « Toute guerre a ses profiteurs. C’est malheureusement une loi intangible de nos conflits. Comment s’expliquer que nos soignants n’aient pas pu être dotés de masques quand on annonce à grand renfort de communication tapageuse des chiffres sidérants de masques vendus au public par certains circuits de distribution», s’indignent les professionnels dans ce texte signé par sept ordres professionnels, dont celui des Médecins.

« Aujourd’hui, la consternation s’allie au dégoût », « où étaient ces masques quand nos médecins, nos infirmiers, nos pharmaciens, nos chirurgiens-dentistes, nos masseurs-kinésithérapeutes, nos pédicures-podologues, nos sages-femmes mais aussi tous nos personnels en prise directe avec la maladie tremblaient et tombaient chaque matin ? », s’interrogent-ils dans ce texte intitulé « Les masques tombent ».

« Surenchère de l’indécence »

« Comment nos patients, notamment les plus fragiles, à qui l’on expliquait jusqu’à hier qu’ils ne pourraient bénéficier d’une protection adaptée, vont-ils comprendre que ce qui n’existait pas hier tombe à profusion aujourd’hui. 100 millions par ici, 50 millions par là. Qui dit mieux ? C’est la surenchère de l’indécence », déplorent les professionnels de santé.

« Nul n’aurait reproché à des circuits de distribution grand public de distribuer des masques grand public. C’était là un complément essentiel qui serait venu compléter utilement l’arsenal de défense contre le virus. Derrière le masque, se trouve le vrai visage. Nous, nous garderons celui de la dignité. Celui-ci ne se retrouvera dans aucun rayonnage », poursuivent-ils.

« L’heure viendra, nous l’espérons, de rendre des comptes. En attendant, nous allons poursuivre notre mission de professionnels de santé, car c’est notre engagement. Avec néanmoins l’amertume de se dire que la responsabilité n’est pas la mieux partagée de toutes les vertus », conclut ce texte signé par les présidents et présidentes des conseils nationaux de l’Ordre des médecins, des sages-femmes, des infirmiers, des chirurgiens-dentistes, des masseurs-kinésithérapeutes, des pédicures-podologues et des pharmaciens.

« Pas de stocks cachés »

« Les enseignes de la grande distribution ne sont pas, et n’ont jamais été, en charge de l’achat et de la fourniture de masques pour les soignants », a répliqué la Fédération du commerce et de la distribution. « Leur attribuer les difficultés d’approvisionnement est donc faux et malhonnête », selon un communiqué.

La fédération fait valoir que la grande distribution a remis les stocks de masques FFP2 aux professionnels de la santé dès le début de la crise, et effectué de nombreux dons aux hôpitaux et que jusqu’à récemment, les enseignes n’avaient pas le droit de vendre de masques.

Ils pourront le faire à partir du 4 mai. « Il n’y a pas de stocks cachés », insiste la fédération, qui fait valoir que les chiffres annoncés « concernent les commandes effectuées, qui ne vont être livrées que très progressivement, avec une disponibilité plus rapide des masques à usage unique que des masques en tissu réutilisables ».

Source 20 MINUTES.

La délicate question du nombre des soignants contaminés et tués par le Covid-19…!

Combien de personnels de santé ont été infectés par la virus ? Jusqu’ici les autorités ne souhaitaient pas communiquer un tel décompte.

Mais une enquête qualitative et un recensement de Santé Publique France pourraient donner des premiers éléments de réponse.

Un recensement des salariés d'établissements de santé est lancé par Santé Publique France.

Cette semaine, le Groupe d’étude sur le risque d’exposition des soignants aux agents infectieux (Geres), partenaire historique des autorités de santé pour la surveillance des accidents avec exposition au sang des soignants, a lancé une enquête sur les circonstances de contaminations des professionnels et personnels de santé par le Covid-19. Sur son site est également relayé un recensement national des cas de Covid-19 chez les salariés des établissements de santé, réalisé par Santé Publique France. Selon l’agence, ce décompte sera disponible dans le point épidémiologique en fin de semaine.

Les autorités ne voulaient pas de décompte des contaminations des personnels

Combien de soignants contaminés, hospitalisés, décédés… ? Au cours de ses conférences de presse quotidiennes, le directeur général de la Santé (DGS), Jérôme Salomon ne précise pas le nombre de professionnels de santé touchés. Concernant les Ehpad et établissements médico-sociaux, on dispose des données de Santé Publique France, jusqu’au 21 avril, dénombrant 31 907 cas confirmés ou possibles de contamination au virus.

Lorsque Jérôme Salomon, est interrogé par Le Généraliste, le 31 mars, il se dit “mal à l’aise” sur ce sujet, car selon lui “des professionnels de santé (…) ne souhaitent pas que l’on tienne un décompte, un peu macabre du nombre d’infirmières, d’aides-soignants, de médecins qui sont infectés. Et ce d’autant que d’autres professionnels pourraient dire qu’eux aussi sont concernés car ils participent de la chaîne de la prise en charge”. Au Quotidien du médecin, il explique que “le secret médical permet de conserver l’anonymat des patients, quelle que soit leur profession.”

Questionné par mail, le ministère de la Santé nous oppose le même refus le 3 avril: “Nous avons un objectif de surveillance nationale de l’épidémie, pas de suivi des cas individuels. Le secret médical permet de conserver l’anonymat des patients quel que soit leur profession. Ainsi, nous ne rendons pas public ces données et il n’est pas prévu de le faire dans les prochains jours.”

Mais depuis, les autorités ont changé d’avis, et un décompte national des contaminations des personnels d’établissements de santé sera disponible dans le point épidémiologique de Santé Publique France en fin de semaine. « Jusqu’à présent, une revue des personnels soignants infectés et victimes pouvait se faire à l’échelle locale et de façon marginale », concède par mail la Direction générale de la Santé (DGS). L’AP-HP avait par exemple communiqué son bilan du 12 avril, faisant état de 3 800 professionnels de santé contaminés travaillant dans les hôpitaux du réseau parisien.

Santé Publique France recense les cas de contamination et décès des professionnels de santé

« Récemment, et sur la base du volontariat, un outil a été mis en place par Santé Publique France. Il est fonctionnel depuis peu », annonce la DGS. Ce nouveau mode de recensement « permettra donc au niveau national et de façon uniforme une remontée des signalements des cas ».

Ce recensement réalisé par Santé Publique France n’est pas accessible sur son site officiel, mais sur celui du Geres. « Il s’intéresse au nombre de professionnels de santé et autres salariés des établissements de santé publics ou privés, contaminés ou décédés », nous décrit Anne Berger-Carbonne, responsable de l’unité Infections associées aux soins et résistance aux antibiotiques à la Direction maladies infectieuses de Santé Publique France.

Le questionnaire s’adresse à « une personne référente au sein de l’établissement qui est missionnée par le directeur pour le remplir chaque semaine, explique-t-elle. Il peut s’agir soit du médecin du travail, soit des équipes opérationnelles d’hygiène, soit de quelqu’un de la direction des soins. On leur demande un historique depuis le 1er mars et ensuite les nouveaux cas hebdomadaires ».

« Dans les outils qu’on avait tout au début de l’épidémie, en phase un, en février, il y avait les questionnaires de recensement de tous les cas de contamination et leurs contacts. On y demandait si la personne concernée était un soignant, mais ce n’était pas forcément bien rempli », précise Anne Berger-Carbonne. Il y avait également « d’autres sources de données concernant les infections nosocomiales, mais elles étaient non exhaustives, donc on a pensé qu’il fallait un outil spécifique », dit-elle.

Le recensement en ville est « un travail plus complexe », confie-t-elle. Des discussions seraient en cours « avec plusieurs partenaires », selon l’agence, afin de mettre en place ce décompte. Anne Berger-Carbonne cite notamment le Conseil de l’Ordre des médecins et la Caisse nationale d’assurance maladie.

Une enquête sur les modes de contamination des soignants

Pour la médecin, l’enquête lancée par le Geres, avec le soutien de la Haute autorité de santé (HAS), servira également de source de données en ville, bien qu’elle n’ait pas pour objectif d’établir un décompte.

Elle concerne l’ensemble des soignants et vise à obtenir « une description du contexte de contamination par type de profession, les modalités d’exercice, les tâches accomplies dans les deux semaines précédant les symptômes, résume Cyril Olivier, chef de projet à l’HAS. Pour chacune d’entre elles on leur demande de décrire l’équipement de protection individuel qu’ils avaient ».

Les questions portent sur le mode d’exercice (en structure de santé, en ville…), les types de symptômes et le moment de leur apparition, les gestes à risque réalisés avec des patients, la nature des équipements de protection etc. Pour l’instant, un peu plus de 400 personnes auraient déjà rempli le questionnaire. Les personnels d’entretien, administratifs ou logistiques n’y seront donc pas intégrés.

« Nous voulions prendre en compte la contamination des soignants qui nous semblait peu surveillée », précise la Professeure Elisabeth Bouvet, infectiologue à l’hôpital Bichat, ancienne présidente du Geres et membre du collège de la HAS. « Pour nous, c’est important que cette information circule, ajoute-t-elle, car il y aura peut être plusieurs vagues de ce virus, donc il faut connaître les conditions de transmission pour s’adapter et pour que les professionnels soient informés des gestes à risque. »

« C’est la moindre des choses de connaître leur contribution à la maladie, comme l’ont fait les italiens, note Anne Berger-Carbonne, c’est ce qu’on doit aux soignants. » Reste la question des tests. À ce jour, la DGS n’est pas en mesure de nous indiquer combien de personnels soignants y ont eu accès.

Source FRANCE INTER.

La discrimination silencieuse des soignants, parents d’un enfant en situation de handicap…

Depuis des semaines, chaque soir, à 20 heures, les français applaudissent les personnels soignants ou du secteur médico-social, qui sont en première ligne pour combattre l’épidémie et sauver des vies.

La discrimination silencieuse des soignants, parents d’un enfant en situation de handicap...

Parmi eux se trouvent des parents d’enfants en situation de handicap. Ils ont le droit, comme les autres, de bénéficier des modes de garde organisés, sur chaque commune, pour assurer l’accueil de leur enfant.

Sauf que pour un grand nombre d’entre eux, ils se heurtent aux mêmes phénomènes qu’ils connaissaient déjà avant le confinement, à savoir la réticence voire le refus de prendre en charge leur enfant, parce qu’il présente un handicap.

Les raisons invoquées sont toujours les mêmes : méconnaissance du handicap, insuffisance de l’encadrement, manque de qualification, peur de mal faire, pas de moyens financiers pour renforcer l’équipe. Plus encore, la difficulté de leur enfant à comprendre le contexte et à respecter les gestes barrières devient un argument pour justifier du refus d’accueil.

« Ce matin, à 9h30, le cabinet de la Ministre m’appelle pour gérer une situation de crise sur une grande métropole française », confie Laurent Thomas, responsable de la Plate-Forme Tous Mobilisés. « Anne, infirmière libérale, se trouve devant l’entrée de l’école où est organisé l’accueil collectif pour les enfants des personnels prioritaires. Trois personnes de la mairie lui bloquent l’entrée. Elle a deux enfants autistes. Ils acceptent son aîné, mais pas son petit frère, parce qu’il n’a pas le langage et présente ce qu’ils nomment des troubles du comportement. J’appelle la maman sur son portable. Elle est en larmes. Les patients de sa tournée, dont une partie sont atteints du covid-19, l’attendent. Elle est déjà en retard. Le responsable du site lui demande de faire sa tournée avec son enfant ! ».

En moins de trentre minutes, la Plate-Forme, en lien avec deux associations locales spécialisées dans l’accompagnement des familles ayant un enfant en situation de handicap, trouve une solution et depêche deux intervenants, sur le site, pour renforcer l’équipe du lieu d’accueil et prendre en charge Mathis.

L’après-midi, une réunion en visio-conférence est organisée par la Plate-Forme Tous Mobilisés avec la Mairie, la maman et les associations locales. « On est dans un autre monde », se désole Laurent Thomas, « tout semble compliqué ou impossible« . Entre 8h30 et 12h, l’enfant est pris en charge par l’enseignant et l’AESH. Mais rien n’est prévu sur le temps périscolaire, entre 8h et 8h30, sur le créneau du midi, le temps que la maman finisse sa tournée, ni le mercredi matin. La suggestion de faire embaucher l’AESH par la Mairie se heurte aux compléxités de recrutement : « cela prend entre deux et trois semaines, pour suivre le processus RH, vérifier la moralité de la personne… » indique la responsable du service éducation de la Mairie. Une association spécialisée dans le répit des familles propose un intervenant sur l’ensemble des temps : « Oui, mais il faut établir une convention et qui va prendre en charge les coûts ? », renchérit la responsable du service éducation.

Finalement, en fin de journée, sous la pression conjuguée de la Plate-Forme, du cabinet de la Ministre et de la Préfecture, une solution est trouvée. La Mairie embauchera un vacataire qui s’occupera de Mathis sur l’ensemble des temps périscolaires. Sauf que cette personne ne connait pas Mathis, n’a aucune expérience auprès d’enfants en situation de handicap et n’aura sans doute aucun soutien pour l’aider dans cette prise en charge. Mais la maman n’a pas le choix. C’est donc la boule au ventre qu’elle va déposer, chaque jour, ses enfants, parce que sa mission est d’être en première ligne, mais elle sait, au fond d’elle même, qu’elle envoie aussi ses enfants en première ligne, avec leurs fragilités, sans savoir si leur prise en charge sera bienveillante.

Une histoire parmi d’autres ? En l’espace d’une semaine, la Plate-Forme a reçu 15 autres situations analogues. Dans la majorité des cas, les parents ont du se mettre en arrêt, privant ainsi nos services de santé de leurs compétences et de leur engagement. D’autres ont fait appel à des services d’aide à domicile, mais c’est 25€ de l’heure en moyenne. Pour le moment, la Plate-Forme assure, dans la plupart des cas, la garantie financière, le temps qu’un financement soit trouvé… sans aucune certitude.

Ces situations, les parents ayant un enfant en situation de handicap les connaissent bien, conduisant la plupart d’entre eux à renoncer à ce droit d’accès aux lieux d’accueil collectifs. « Mais qui aurait pu imaginer, qu’en cette période de crise sanitaire majeure, on fasse subir aux soignants, qui chaque jour sauvent des vies, cette pression, particulièrement violente et intolérable en raison du handicap de leur enfant ? », conclue Laurent Thomas.

La Plate-Forme a saisi le Défenseur des droits, et continue, chaque jour à accompagner les familles et leur trouver des solutions, au cas par cas…

La Plate-Forme TOUS MOBILISES accompagne les soignants ou personnels prioritaires à trouver une solution de garde pour leur enfant en situation de handicap : 0 805 035 800

Source GRANDIR ENSEMBLE.

Beauvais : l’Inspection du travail s’oppose au confinement du personnel d’un Ehpad…! Et pourtant… Aucun cas de coronavirus diagnostiqué..!

Depuis le 6 avril, résidents et salariés de l’Ehpad La Compassion à Beauvais étaient confinés au sein de l’établissement pour limiter les risques d’introduction du coronavirus.

Mais après un contrôle de l’inspection du travail, il a été mis fin au confinement.

Explications.

Les camping-cars, prêtés par un concessionnaire pour le personnel soignant de l'Ehpad, sont encore garés sur le parking de l’établissement. / © Clément Jean-Pierre/FTV

Les camping-cars prêtés par un concessionnaire sont encore garés sur le parking de l’établissement. Pendant deux semaines, quinze soignants de l’Ehpad La Compassion à Beauvais, ont vécu à l’intérieur en confinement total.

« On dormait à deux ou trois dedans, explique Jennifer Bibian, infirmière au sein de l’établissement. Aujourd’hui, ça fait bizarre de les voir vides car on aurait voulu aller au bout du projet « .

Le confinement du personnel a pris fin le vendredi 17 avril, après un contrôle de l’inspection du travail.

Sur sa page Facebook, l’Ehpad La Compassion écrit lundi 20 avril : « Nous condamnons cette position incompréhensible, affirmant qu’aucun dialogue n’a été possible » avec l’inspection du travail et restant « convaincu de la pertinence de la stratégie de confinement total dans la lutte contre le Covid-19. »

Levée du confinement total de l’EHPAD de Beauvais.
Parce que les règles de distanciation sociale auraient été insuffisamment respectées (en salle de pause et dans les logements), l’inspecteur du travail a conclu que la santé des professionnels volontairement confinés sur site était en danger.
Aucun dialogue possible: injonction de dé-confinement immédiat !…

De nombreux manquements »

Une version totalement contredite par les services de l’Etat. La Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) affirme que c’est bien l’Ehpad La Compassion qui « a décidé seul de mettre fin au confinement des salariés suite aux constats de l’inspecteur du travail. »

La Direccte explique en effet avoir « mis en demeure l’établissement de mettre en oeuvre les mesures propres à garantir la sécurité des salariés » après un contrôle de l’inspecteur du travail qui a constaté « de nombreux manquements aux obligations élémentaires de l’employeur en matière de durée du travail, d’évaluation du risque Covid-19 et de conditions d’hébergement des travailleurs confinés. »

Les services de l’Etat demandent notamment à l’Ehpad La Compassion « de mettre en oeuvre les gestes de distanciation sociale et/ou de fournir les équipements de protection adaptés et de se mettre en conformité avec les règles d’hygiène et de sécurité d’ordre public. »

« Ce fonctionnement était une évidence »

Selon Marie-Anne Petrolesi, la directrice de l’Ehpad de la Compassion, un accord écrit avait pourtant été trouvé avec les autorités quand l’expérimentation a commencé, début avril. L’idée était d’éviter une contamination au Covid-19 venue de l’extérieur et tout le personnel soignant s’était porté volontaire.

« Aujourd’hui, c’est la frustration qui domine, explique Marie-Anne Petrolesi. Pour nous, ce fonctionnement était une évidence et il fallait continuer. Nous avons imaginé des ajustements dans notre façon de faire pour rassurer l’inspection du travail mais la décision semble irréversible. C’est décevant. »

Aucun cas de coronavirus diagnostiqué

Une déception partagée par Marie-Christine, aide-soignante au sein de l’établissement : « Nous étions toutes très solidaires dans cette aventure ». En plus des camping-cars, un bâtiment annexe avait été avait été réaménagé pour elle et douze de ses collègues. Des lits étaient installés dans plusieurs chambres.

« Cela a resserré les liens entre nous, nous sommes devenues très proches. On ne nous a pas laissées finir notre aventure et c’est difficile à encaisser. »

Coronavirus : “de nombreux manquements” à l'origine de la fin du confinement du personnel dans un Ehpad de Beauvais

D’autant que la méthode semblait porter ses fruits. Selon la directrice de l’Ehpad, « aucun cas de coronavirus n’a été diagnostiqué dans l’établissement, ni parmi les 99 résidents, ni au sein du personnel » alors même que la situation est critique dans de très nombreux Ehpad en France. Ce qui pourrait laisser penser que la stratégie du confinement adoptée par l’Ehpad La Compassion était la bonne.

« Impossible d’en être certain », minore la Direccte qui fait remarquer qu’« aucun test de dépistage n’a été réalisé dans l’établissement. »

« Ça nous sécurisait qu’ils restent ici »

Le confinement du personnel était toutefois rassurant pour les familles, dans cette période de crise sanitaire qui les tient éloignées de leurs parents et grands-parents. Pour les 99 résidents de l’Ehpad, c’était une présence continue, très utile en ce moment.

« On les voyait toujours avec nous, c’est bien ce qu’ils ont fait pendant 15 jours, témoigne Yvette. Bien sûr, il faut qu’ils rentrent voir leur famille maintenant, mais on les remercie »« Ça nous sécurisait qu’ils restent ici » enchérit René. Tous deux profitaient ce mardi 21 avril d’un bain de soleil sur le perron de l’établissement.

Source FR3.

Mail inspection du travail BEAUVAIS : picard-ut60.ucl @direccte.gouv.fr « Rédaction Handicap Info ».

Une infirmière œuvrant en Suisse écœurée par une amende…!

Après une nuit auprès des malades aux soins intensifs en Suisse, une Française a été verbalisée en rentrant chez elle en France.

Samedi matin vers 8 heures, une Française de 36 ans rentrait chez elle. Il s’agit d’une «employée comme infirmière aux soins intensifs dans un établissement hospitalier suisse», relate «L’Est Républicain». La jeune femme venait de travailler une nuit auprès des patients. Mais juste après avoir passé la frontière à La Cure (VD), elle a été amendée.

Cette infirmière, note le quotidien français, avait pensé à remplir son attestation pour l’aller, la veille, mais pas pour le retour. Mais elle possède le macaron officiel «employée d’un service de santé» sur sa voiture. Elle a une demande de laissez-passer pour raison impérieuse de santé publique établie par l’hôpital qui l’emploie. Ainsi que son contrat de travail suisse. Elle pensait donc avoir prouvé sa bonne foi.

«La règle, c’est l’attestation»

«Mais le gendarme m’a dit: ça ne suffit pas. Il y a une règle, et la règle, c’est l’attestation», témoigne-t-elle. Et de lui infliger 135 euro d’amende.

«J’ai pensé au dernier patient que j’avais désintubé et qui a dû m’envoyer une bonne dose de virus au visage. À mes enfants qui vivent actuellement chez mes parents à deux heures de route de chez moi et que je ne peux pas voir. Ce travail nous demande un tel investissement par rapport au bénéfice qu’on en retire.

J’étais écœurée», réagit-t-elle dans «L’Est Républicain».

La jeune femme a écrit au préfet pour qu’il annule l’amende. Pas pour ne pas payer, dit-elle, mais pour le principe: «Je trouve que ce genre d’attitude dénature le sens de l’action publique.»

Source LE MATIN. CH

 

Coronavirus : cinq chiffres concrets qui montrent que les femmes sont en première ligne…

« Ce qui fait tenir la société, c’est d’abord une bande de femmes », a estimé l’ancienne ministre Christiane Taubira, lundi sur France Inter.

Infirmières, caissières, préparatrices en pharmacie : des femmes sont effectivement aux avant-postes face à l’épidémie de coronavirus.

« Ce qui fait tenir la société, c’est d’abord une bande de femmes. » La citation, forte, est de Christiane Taubira, ancienne garde des Sceaux, invitée lundi matin du grand entretien de France Inter. Et les chiffres lui donnent raison : caissiers, infirmiers, préparateurs en pharmacie… sont en fait souvent des caissières, des infirmières ou des préparatrices. Ces professions, en première ligne en cette période d’épidémie de coronavirus, sont en effet à très large majorité féminines. La preuve en cinq chiffres.

Les caissières en première ligne

9 femmes sur 10 chez les caissiers

La profession de caissier est très largement féminine : elle compte neuf femmes sur dix, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Même si leur nombre a baissé de 5 à 10 % en une dizaine d’années, selon les chiffres de la Fédération du commerce et de la distribution, le métier de caissier représente 150 000 emplois équivalents temps plein aujourd’hui. Si on fait le calcul, cela fait donc 135 000 caissières en première ligne face à l’épidémie de coronavirus.

Les femmes majoritaires dans les agents d’entretien sur le terrain

7 femmes sur 10 chez les agents d’entretien

Une profession là encore majoritairement féminine : sept agents d’entretien sur dix sont des femmes, selon les sources du ministère du Travail, qui se base sur l’Insee. Que ce soit dans les entreprises, dans les supermarchés ou les hôpitaux, des agents d’entretien continuent d’exercer même durant le confinement.

Les aides-soignantes très exposées

9 femmes sur 10 chez les aides soignants

90 % des aides-soignants sont des femmes, relaie le ministère du Travail, en s’appuyant sur l’Insee. Elles se rendent aux domiciles des personnes souffrantes, s’occupent des personnes âgées dans les Ehpad, très touchés par le coronavirus… Les aides-soignantes sont sur tous les fronts en cette période de crise.

Les infirmières débordées

Presque 9 femmes sur 10 chez les infirmiers…

87 % des infirmiers sont des infirmières, selon les statistiques de l’Insee. Libérales ou en hôpital, les infirmières sont sur le pied de guerre face au Covid-19. Victimes parfois de comportements pas très civiques qui confinent à la bêtise, comme ces habitants qui se sont opposés à l’arrivée d’une infirmière dans un immeuble, jugeant qu’elle risquait de les contaminer.

Les préparatrices en pharmacie, « oubliées » ?

… et quasiment 9 femmes sur 10 chez les préparateurs en pharmacie

Les préparateurs en pharmacie, dont presque neuf sur dix sont des femmes selon l’Insee, sont très sollicités durant la crise. Certaines préparatrices, s’estimant « oubliées » par les pouvoirs publics, ont même écrit au président de la République.

D’autres métiers, également très mobilisés en cette période de crise sanitaire, sont majoritairement masculins, comme les chauffeurs routiers ou les éboueurs (à plus de 90 % composés d’hommes).

Source INSEE.

Source FRANCE INTER.

« Voir les gens mourir nous tue aussi » : le témoignage glaçant d’une aide-soignante à Montbéliard…

À Montbéliard, une aide-soignante qui travaille dans une unité Covid-19 à l’hôpital, dispose d’un appartement prêté par un habitant. Agnès Clément aime s’y réfugier : « C’est mon cocon ».

Elle travaille la peur au ventre : « Mais je ne pourrais pas arrêter, j’aurais l’impression d’être un déserteur ».

"Voir les gens mourir nous tue aussi" : le témoignage glaçant d'une aide-soignante à Montbéliard...

Il y a désormais deux mondes. Quand Agnès Clément se couvre de la tête aux pieds de tissu vert ou blanc (combinaison, charlotte, lunettes, masque), elle ressemble à une Martienne. La comparaison n’est pas si saugrenue : « Travailler dans une unité de Covid-19, c’est entrer dans un univers lunaire, silencieux où la mort survient sans crier gare ».

Chaque jour, l’aide-soignante, en temps normal affectée aux consultations externes à l’HNFC de Trévenans (pour un dentiste et un stomatologue), prend le chemin du travail la peur au ventre : « Mais je ne pourrais pas arrêter. Comme un soldat refusant le combat, j’aurais l’impression de déserter. Un de mes frères, militaire, a combattu au Liban. Il m’a dit  »Toi aussi, t’es un soldat »».

« Nous lisons aux gens les dernières lettres »

Il en faut, effectivement, de la force pour affronter au quotidien la grande faucheuse, garder le sourire auprès de patients que l’on sait parfois condamnés à très brève échéance : « Souvent, nous lisons aux gens les dernières lettres d’un fils, d’une mère, d’un frère » , raconte Agnès Clément, la voix brisée par l’émotion et qui fait sienne cette superbe expression d’une infirmière : « Voir les gens mourir nous tue aussi ».

Son deux-pièces, un havre de paix

Étrange univers où la communication est si particulière. « Entre les patients et nous habillé(e) s comme des extraterrestres, il y a une barrière. Tout passe par le regard, les expressions. Quand j’arrive dans une chambre et que je vois des patients en meilleure forme, je reprends du poil de la bête. Ce matin, un Monsieur allait mieux. Je lui ai dit  » Allez musique, on met Radio Nostalgie », relate l’aide-soignante, 26 ans de métier et qui a subi trois opérations du dos. Elle supporte la situation grâce à une équipe très soudée, l’humour (n’est-il pas la politesse du désespoir ?) et la solidarité des habitants.

Depuis deux semaines et demie, la Doubienne est hébergée gratuitement dans un appartement au centre-ville de Montbéliard : « J’ai vu l’annonce de Monsieur Antonio Mendes de Sousa sur Facebook. Je correspondais aux critères. L’appart’ est parfaitement équipé. Je n’avais plus qu’à poser mes valises. Ce deux-pièces, c’est mon cocon. Je m’y réfugie même pour y pleurer. Ce Monsieur m’a rendu un énorme service ».

Une mère de 80 ans à préserver

Jusque-là, la soignante partageait sa vie entre le domicile de sa mère à Grand-Charmont et celui de son ami en Suisse : « Ma maman a 80 ans. Je ne voulais pas lui faire prendre de risque, pour rien au monde. Et je ne pouvais pas aller chez mon ami, les frontières sont fermées. Je lui ai laissé mon chat (sourires) ». Ses proches se font un sang d’encre pour elle mais ils sont également admiratifs : « La solidarité, les messages, les mots, les applaudissements nous boostent. J’espère qu’on ne nous oubliera pas après la crise ». Il est 17 h ce samedi. Dans son deux-pièces, Agnès Clément va se préparer à manger puis s’endormir dans son petit cocon, en musique, les écouteurs sur les oreilles. Demain est un autre jour.

Source EST REPUBLICAIN.

Covid 19 – « Il faut faire ce sacrifice » : une jeune médecin généraliste confie son quotidien bouleversé…

Le caractère sournois du Covid-19, les changements radicaux provoqués par celui-ci sur sa pratique mais aussi sa vie de famille.

Une médecin généraliste, qui tient son cabinet depuis sept ans dans l’Aire urbaine Belfort – Montbéliard, s’est confiée sans tabou sur le bouleversement que signifie, pour elle, cette pandémie mondiale.

 

"Il faut faire ce sacrifice" : une jeune médecin généraliste confie son quotidien bouleversé

Comme pour mieux réfléchir à la portée de sa phrase, elle marque un léger temps d’arrêt. Puis lâche, d’un ton solennel : « C’est vrai que c’est cauchemardesque. Quand je sors du cabinet et que les rues sont vides, je crois que je vais me réveiller. Mais ce n’est pas le cas ».

Cette médecin généraliste, installée depuis sept années dans le Pays de Montbéliard, ne voulait pas spécialement s’exprimer, dans un premier temps, sur l’interminable tunnel de tension et de solitude dans lequel elle s’est engouffrée il y a plusieurs semaines maintenant. Au fil des minutes, sous couvert d’anonymat, les mots sortent pourtant avec toujours plus de force, images d’un quotidien bouleversé par la pandémie de Covid-19 qui frappe le monde entier.

« Est-ce que j’ai fait assez, pris suffisamment de précautions ? »

Ce tsunami n’épargne personne. La jeune femme le subit de plein fouet actuellement. Dans son travail. Dans sa vie de famille. Dans chaque petit rien qui, désormais, peut se transformer en danger potentiel. « Je me pose souvent cette question : est-ce que j’ai fait assez, pris suffisamment de précautions pour mes patients ou ma propre famille », lâche-t-elle.

« Ce n’est pas parce que l’été arrive, ou que le confinement est levé, que ce sera fini. On devrait subir d’autres vagues par la suite. »

Le fameux masque de protection FFP2, absolument nécessaire au personnel soignant depuis plusieurs semaines. Photo ER /Jean-Noël PORTMANN

Une médecin généraliste du Pays de Montbéliard.

Désinfection complète (salle d’attente comprise) entre chaque patient, porte d’entrée constamment ouverte, mise à la poubelle des revues : l’hygiène est devenue une obsession vitale. « Le plus compliqué, c’est quand des enfants viennent en consultation. J’essaie de repérer ce qu’ils touchent pour tout désinfecter ensuite », reprend celle qui, dès les premiers jours, a bénéficié d’un élan de solidarité de proches et patients lui ayant notamment procuré un masque FFP2, bien avant la première dotation de l’État.

Son quotidien, lui, n’a plus grand-chose à voir avec celui d’il y a quelques jours. Quelques semaines. Une éternité. Son mari et ses trois enfants le savent désormais : le rituel du retour au domicile s’est considérablement allongé, histoire de ne prendre aucun risque de contagion.

« On ne peut pas se défiler »

« Je désinfecte tous mes vêtements à haute température, puis me douche immédiatement avec un savon antiseptique », énumère la jeune femme. « Je ne sais pas si je ne suis pas porteuse saine de ce virus, il faut donc faire très attention à tout. C’est difficile à vivre, bien sûr : je n’embrasse pas mes proches, je ne touche pas les mains de mes enfants, et je porte constamment un masque à la maison. J’ai une petite fille d’un an qui a fait les gros yeux, au début, en me voyant comme ça. Elle a dû s’imaginer que je prenais de la distance avec elle, c’est délicat à comprendre à son âge ».

Elle n’a toutefois pas le choix. Le danger rôde dans son cabinet. Il guette sournoisement son heure. Épie la moindre inattention. « Vous savez, je me demande souvent comment j’aurais agi et réagi pendant une période de guerre », termine-t-elle pensive. « Là, on y est, et on a les compétences nécessaires à la lutte. Alors il faut y aller. Ne pas compter ses efforts. En tant que médecin, il faut faire ce sacrifice, on ne peut pas se défiler. Impossible. Pas maintenant ».

« Je pense en termes de présumés infectés »

Cette généraliste en est informée depuis quelques jours par de nombreux médecins encore plus exposés à la prise en charge des infectés par le Covid-19, et elle l’a de toute manière rapidement compris : le coronavirus revêt une grande variété de symptômes, difficiles à cerner.

« Certains patients ont de la fièvre, d’autres pas ou très peu. La présence de diarrhée, douleurs abdominales ou nausées précède souvent la fièvre, la rhino-pharyngite, la toux… Le goût et l’odorat disparaissent parfois. Sans parler des porteurs sains, ou des patients consultant pour une autre raison et qui sont simplement en incubation », énumère celle qui va débuter ces jours-ci la fabrication personnelle de solution hydroalcoolique, à partir de la composition officielle de l’Organisation mondiale de la santé communiquée par les autorités.

« Les troubles intestinaux sont également à surveiller, puisqu’ils précèdent souvent, dans cette infection, les autres symptômes. Je conseille tout de même de porter un masque, pour limiter au plus vite la contagiosité alentour. En fait, comme on parle, dans le milieu de la justice, de présumés innocents, moi je pense en termes de présumés infectés. Il faut que tout le monde soit très vigilant ».

Pour aider à limiter la propagation du virus, elle fournit également des masques à ses patients (prélevés dans son maigre stock antérieur), « car le discours affirmant qu’il n’est pas nécessaire d’en porter est faux », lâche-t-elle. Autre initiative : la mise à jour d’un fichier informatique à usage professionnel pour mieux suivre les patients probablement infectés, afin de les appeler durant l’évolution de la maladie. Une corde de plus à cet arc permettant de combattre, tant bien que mal, le virus sournois tapi dans l’ombre.

Source EST REPUBLICAIN.