Ehpad de l’horreur en Aveyron : maltraitance et vidéos dégradantes des résidents au cœur d’un scandale…!

Ehpad de l’horreur en Aveyron : maltraitance et vidéos dégradantes des résidents au cœur d’un scandale.

L’Ehpad d’Onet-le-Château, 84 résidents, dont un tiers en unité Alzheimer.

L’Ehpad castonétois est confronté à un sévère problème de gouvernance auquel s’ajoute la découverte de photos et vidéos mettant en scène de façon ignoble les résidents les plus fragiles.

Immonde, immoral, infâme, abject… Tout le vocabulaire de l’horreur tourne en boucle au sein de l’Ehpad La Rossignole à Onet-leChâteau. Chez les familles de résidents,la direction et une large majorité du personnel.

Pas tous, une poignée d’entre eux est convaincue par la direction d’avoir, dans l’unité Alzheimer de l’établissement, commis l’inconcevable : prendre des photos et des vidéos des résidents, fragiles et vulnérables, dans des situations dégradantes et infamantes, parfois à caractère sexuel, et les avoir publiées dans un réseau à usage privé, assorti de commentaires cyniques et méprisants.

Un scandale qui implique à ce jour 11 des 55 effectifs de La Rossignole, des soignants pour l’essentiel, et à des degrés divers. La justice a été saisie, la police a ouvert une enquête.

Quatre licenciements

Les faits datent de plusieurs mois mais n’ont été découverts que le 29 juillet dernier. « Nous avons appris le problème dans cette unité Alzheimer par un signalement d’un des agents de l’établissement, explique André Vié, président du conseil d’administration de La Rossignole. Nous avons aussitôt diligenté une enquête administrative avec notre avocat et la direction, et reçu plusieurs personnels. L’un d’eux a craqué et nous a donné accès à un site Messenger, réservé à un groupe de personnes ».

« Nous avons vu ces documents abjectsOn a été abasourdis. Ils s’amusaient avec les résidents comme avec des poupées. Il n’y avait plus la moindre éthique. La directrice de l’établissement et moi-même sommes allés porter plainte au commissariat dès le 30 juillet. Le procureur de la république nous a assuré ne pas laisser cela sans suite ». Le conseil d’administration reçoit alors les personnes qui avaient adhéré à ce groupe Messenger.

« Nous avons pris la décision de licencier quatre d’entre eux. Deux autres qui étaient moins impliquées, seront sanctionnées, une décision les concernant est en cours. Cinq autres personnes ont reçu un avertissement… », explique André Vié. Lequel, avec sa directrice, avertissent alors les tutelles de l’établissement : conseil départemental, ARS et préfecture.

Démissions en cascade

L’affaire commence à s’ébruiter, il faut réagir vite. « Ce problème a créé une ambiance délétère au niveau du personnel. Il fallait aussi prévenir les familles, les inciter à se porter partie civile… On ne savait pas trop par quel bout prendre les choses ».

Les démissions s’enchaînent. Parmi elles, celle de la directrice de l’établissement, Frédérique Modolo, qui n’a pas souhaité poursuivre le contrat à l’essai qui la liait à La Rossignole. Le conseil d’administration fait alors appel à un cabinet spécialisé à Albi, « Expertise transversale consulting santé-médicosocial », présidé par Félicien Danglot, qui vient à Onet début septembre avec sa consultante Fabienne Guiral. Et prend en charge le management de transition, « sans pouvoir de signature », précise-t-il.

Familles sous le choc

L’ensemble des familles et des personnels sont reçus, tour à tour. Les résidents également, nombre d’entre eux s’inquiètent du devenir de leur Ehpad… Les familles des résidents victimes des agissements incriminés sont sous le choc. La fille d’un résident porte plainte au commissariat de Rodez où on lui donne accès aux photos et vidéos infamantes. « Cela fait neuf mois que duraient leurs cochonneries. Et les soignants ne leur donnaient que des demi-portions, gardant le reste pour assurer leur déjeuner ».

Une maltraitance que reconnaît la direction dans le cadre de son enquête. Le petit-fils d’une résidente dit avoir « vu sa grand-mère dépérir« . Mais il « n’imaginait pas qu’elle ait pu souffrir de la sorte ». Lui aussi porte plainte, comme cet autre fils d’une résidente qui assure « n’avoir rien constaté jusqu’alors,si ce n’est un manque d’hygiène flagrant ». Et déplore « que la direction ait tardé à donner des éléments aux familles ».

Pour tous, « personne n’a intérêt à ce que La Rossignole ferme ». Et d’assurer, louant les valeurs de bienveillance constatée souvent chez le personnel, « que tous les soignants dans leur très grande majorité ne sont heureusement pas condamnables ». Ne pas fermer, un souhait partagé et une volonté de tout faire pour sauver l’établissement et restaurer, surtout,le bien-être des résidents auquel ils se sont habitués depuis maintenant onze ans.

Comment en est-on arrivé là ?

Si rien ne pourra jamais justifier les comportements coupables envers les résidents,surtout à ce niveau de maltraitance et d’humiliation, l’Ehpad La Rossignole souffre de puis de longs mois d’un problème de gouvernance que reconnaissent le président du conseil d’administration, André Vié,et sa vice-présidente Christiane Viguié. « J’ai fait partie des créateurs de l’établissement en 2009,explique André Vié.

Jusqu’à une date récente tout semblait aller bien.Mais la structure s’usait et n’avait pas été repensée. Financièrement, on a vu apparaître des excédents, on s’est endormi dessus, on n’a peut-être pas assez investi dans la formation… ».

Et d’ajouter : « Il y a eu la crise sanitaire, la pression énorme du Covid et la révélation cet été de ce grave problème qui a été la goutte d’eau qui afait déborder le vase. Les personnels sont usés et fatigués, la gouvernance l’est tout autant « . Le président va démissionner Pour Félicien Danglot,consultant et manager de transition de puis ce mois de septembre, « il y a bien ici un déficit de management structurel de l’investissement.

On découvre en avançant. Mais c’est un établissement où la prise en charge est de grande qualité, il faut rester confiant » .Confiant, André Vié l’est aussi. Mais il a décidé de démissionner,à la fin de l’année. En tout cas « quand le ménage sera fait ». Car il veut laisser à son départ une maison propre.

Source JNEWS FRANCE.

EHPAD: comment signaler un cas de maltraitance d’une personne âgée?… Un numéro d’écoute pour les personnes âgées !

Malgré une progression de 13% l’année dernière, les signalements de maltraitances dans les EHPAD restent trop rares selon l’Organisation mondiale de la santé.

Selon l’OMS, une personne âgée sur six est victime de maltraitance en France.

En France, une personne âgée sur dix est victime de maltraitance chaque mois, selon l’OMS. Pour autant, seulement un cas sur 24 est signalé. Comment expliquer un tel écart? Aujourd’hui, «la maltraitance des personnes âgées reste un sujet tabou», explique Véronique Ghadi, directrice de la qualité de l’accompagnement social et médico-social au sein de la HAS.

Mais certaines affaires ont commencé à provoquer une prise de conscience en France. En septembre 2014, une aide-soignante a été accusée de maltraitance sur des résidents souffrant de la maladie Alzheimer, à Roanne dans la Loire. Un mois plus tard, une autre aide-soignante a été licenciée en Seine-Maritime, accusée d’avoir cassé le bras d’une pensionnaire et d’avoir été violente avec d’autres personnes âgées. Plus récemment, le 14 février 2019, un aide-soignant a été jugé pour violences répétées sur une patiente de 98 ans, souffrant d’une double fracture du fémur.

Confrontées à ces cas, les familles se retrouvent bien souvent démunies pour dénoncer une maltraitance. «Il n’y a pas de dispositif technique miracle, nous n’avons pas de baguette magique», prévient la Haute autorité de santé (HAS). Toutefois, il existe différents moyens de faire un signalement.

• 3977, le numéro d’écoute pour les personnes âgées

Un numéro d’écoute est mis en place depuis 2008 pour permettre aux personnes âgées et à leurs familles d’alerter, de façon anonyme, des risques ou faits de maltraitance. S’il est peu connu, il a toutefois permis en 2018 d’ouvrir 4233 dossiers d’accompagnement de situation, dont 3138 de maltraitance. «Ce sont très souvent les familles qui nous appellent, quand leurs parents sont en EHPAD. Nous recevons des appels majoritairement pour des violences psychologiques, physiques, involontaires et financières», explique Isabelle Gillet, responsable de la plateforme d’écoute du 3977.

En 2018, le taux de signalement de maltraitances a augmenté de 13% dans les EHPAD. Et les chiffres du 3977 sont également en hausse. Entre 2016 et 2017, ils «ont augmenté de 38%», indique Isabelle Gillet. Pour autant, entre 2017 et 2018, la hausse n’était que de 3%.

• Signaler toute maltraitance auprès de l’ARS

Après avoir averti la direction ou contacté le 3977, les familles des personnes âgées maltraitées peuvent faire appel à l’Agence régionale de santé (ou au conseil départemental) par téléphone ou directement sur leur site internet. Dès lors, l’ARS prendra directement contact avec l’établissement soupçonné de maltraitance pour obtenir des éclaircissements. «Une inspection peut également être déclenchée dans les cas les plus importants», indique Alice Casagrande, directrice formation, innovation et vie associative à la Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne (FEHAP). «Mais les ARS n’ont pas toujours les moyens de faire les inspections qu’elles voudraient», constate Véronique Ghadi.

• Un recours possible auprès de la justice et du défenseur des droits

Les procédures engagées par l’ARS peuvent parfois être longues. Il est alors possible d’engager un recours auprès de la justice (police, gendarmerie ou procureur), ou auprès du défenseur des droits. Ce dernier est une autorité indépendante. «Pas besoin, donc, d’engager forcément un recours auprès de la justice, par exemple, pour le solliciter», précise Alice Casagrande, également coauteur de la note d’orientation «pour une action globale d’appui à la bientraitance» présentée à Agnès Buzyn le 24 janvier 2019. Le défenseur des droits peut, lui aussi, être saisi via son site internet, par courrier ou par téléphone.

Il arrive que la HAS soit sollicitée par des familles, qui ne trouvent pas de réponses après envoyé plusieurs courriers. Auquel cas, «il est possible dans certains cas que la HAS adresse des courriers à un procureur, ou plus souvent au défenseur des droits, car nous n’avons aucune action», indique Véronique Ghadi.

• Les caméras de surveillance: une idée controversée

En 2019, la famille de la résidente de 98 ans au fémur doublement fracturé obtient la preuve que celle-ci a été frappée par un membre du personnel de l’EHPAD par le biais des images d’une caméra cachée dans sa chambre. En France, la question de l’usage des caméras de surveillance par les familles fait débat. Pour l’heure, Alice Casagrande insiste sur le fait «qu’en France la question ne se posait pas sur la légalisation des caméras dans les chambres des résidents».

Pour Pascal Champvert, président de l’AD-PA, ce n’est pas une solution, d’abord pour l’intimité des personnes âgées, mais aussi pour le respect du travail du personnel. «La maltraitance passe par “l’âgisme”, c’est-à-dire par la dévalorisation de tout ce qui concerne la personne âgée. Et c’est cela qu’il faut dénoncer», affirme-t-il. Claudette Brialix, présidente de la Fédération nationale des associations et des amis des personnes âgées et de leurs familles (FNAPAEF), pourrait être favorable à la pose de caméras seulement si la personne âgée concernée est au courant et est d’accord. «Il ne faudrait pas que les caméras soient dans les salles de bains ou les toilettes, c’est une question d’intimité. Et si la personne n’est pas en pleine conscience, alors c’est beaucoup plus compliqué, car nous ne savons pas si c’est son choix», souligne-t-elle. À noter qu’au Québec, la loi autorise depuis 2018 la pose de caméras de surveillance, pour faciliter la détection de signes de violence du personnel.

Coronavirus : « On sera prêts s’il y a une deuxième vague, mais on est en colère », confient des soignants…

Les soignants confient leurs craintes face à une deuxième vague de coronavirus qui pourrait déferler prochainement.

Coronavirus : « On sera prêts s’il y a une deuxième vague, mais on est en colère », confient des soignants

  • Alors que les nouvelles contaminations au Covid-19 repartent à la hausse au mois d’août, beaucoup de soignants redoutent une deuxième vague imminente.
  • Certains pensent que l’hôpital pourra y faire face, quand d’autres souffrent encore de leur expérience de la première vague, comme ils le racontent à « 20 Minutes ».
  • Mais tous déplorent le manque de respect des gestes barrières qui pourrait précipiter cette deuxième vague qu’ils veulent à tout prix éviter.

De nouvelles contaminations qui repartent à la hausse. Des hospitalisations en hausse. Des placements en réanimation en hausse. Ce n’est pas une vue de l’esprit : au cœur de l’été, le coronavirus n’a pas pris de vacances, et le virus circule de nouveau très activement dans l’Hexagone. Plusieurs villes ont décrété le port du masque obligatoire dans les lieux publics ouverts très fréquentés. Pas de quoi calmer l’inquiétude de soignants inquiets, qui réclament depuis un moment la généralisation du port du masque. Un appel entendu par le gouvernement, qui annonce ce mardi l’obligation de porter un masque en entreprise à compter du 1er septembre.

Cette mesure est-elle prise à temps ? Suffira-t-elle à éviter une deuxième vague de Covid-19 dans le pays ? Les soignants pensent-ils pouvoir éviter, ou supporter une deuxième vague ? Estiment-ils être assez préparés, assez équipés ? « Cette deuxième vague sera, pour nous soignants, beaucoup plus dure », a confié le Pr Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Tenon à Paris, dans un entretien à L’Express. Applaudis chaque soir durant le confinement et exposés à la maladie dans leur travail, médecins, infirmières, aides-soignantes ou encore animateurs en Ehpad confient à 20 Minutes cette crainte partagée face à une deuxième vague qui pourrait déferler dès les prochaines semaines.

« J’aime mon métier, mais je suis usée… »

La rentrée n’a pas encore sonné, mais Marine craint déjà une flambée de l’épidémie. « A Lille, certains ne portent pas de masques dans les transports, et personne ne respecte les gestes barrières, déplore la jeune femme, auxiliaire de vie dans un Ehpad. La peur d’une deuxième vague est forcément présente, surtout pour les personnes âgées déjà fragiles, insiste-t-elle. D’où l’importance de respecter les gestes barrières, porter son masque, se désinfecter les mains ! »

La première vague, Aurélie, infirmière perfusionniste, l’avait déjà prise de plein fouet, et sent venir la prochaine. « Je gère les ECMO, le dispositif de circulation extracorporelle visant à oxygéner et décarboxyler le sang [éliminer le CO2]. Et je suis à bout physiquement : nous avons été débordés et avons dû faire appel à la débrouille pour que le système ne s’écroule pas. Nous n’avons pas pu relâcher la pression depuis la première vague, car pour que certains partent en vacances, les autres triment et se fatiguent encore plus. Sans compter le stress d’attraper soi-même le virus, de contaminer sa famille, de prendre les transports en communs parisiens bondés. A voir tous ces gens qui nous applaudissaient faire n’importe quoi aujourd’hui, la motivation n’est plus là, confie-t-elle. Je suis courageuse, j’aime mon métier, mais je suis usée… J’appréhende vraiment cette seconde vague qu’on voit déjà s’amorcer dans l’hôpital ».

Une crainte partagée par Patrick, aide soignant et animateur en Ehpad, qui regrette l’inconscience de certains. « Les réunions de famille, les vacances, les terrasses de bar, les restaurants, les gens agissent comme si tout était terminé. Pendant ce temps, les résidents des  Ehpad, eux, risquent beaucoup ».

« Beaucoup d’entre nous ont déjà très mal vécu la première vague »

Mais comment affronter une deuxième vague quand on est soignant et que l’on peine déjà à se relever de la première ? Pour Caroline, infirmière en médecine, « une deuxième vague est très probable, tous les soignants la redoutent. Le personnel est certes mieux préparé qu’en mars, mais le manque d’effectifs et les problèmes organisationnels qui en découlent restent bien présents, souligne-t-elle. Beaucoup d’entre nous ont déjà très mal vécu la première vague, entre les burn-out, la fatigue physique et émotionnelle, sans oublier tous les soignants qui ont été contaminés ».

Pour beaucoup de soignants, la première vague de l’épidémie de Covid-19 a créé un traumatisme, comme le raconte Michèle, infirmière à l’hôpital : « Gérer les patients Covid, en voir certains repartir dans la journée dans une bâche, voir les collègues atteints eux aussi et devoir les remplacer au pied levé, je n’étais pas loin du burn-out, se souvient-elle. Mais il fallait tenir, sauver les patients, se battre contre la mort. Je rentrais chez moi et je n’arrêtais pas de pleurer. Alors non, je ne voudrais pas que ça recommence, même si je crains effectivement qu’il y ait une seconde vague. Ce sont les vacances, les gens ne respectent pas forcément les gestes barrières, notamment les jeunes, qui semblent inconscients des risques qu’ils encourent pour eux, pour leurs proches et pour le personnel soignant ». Si Michèle redoute tant une deuxième vague aujourd’hui, c’est aussi parce que « les équipes sont épuisées. Chez nous, beaucoup d’infirmières sont parties depuis le Covid, et nous avons du mal à recruter. Les équipes ne sont pas complètes, on nous demande sans arrêt de faire des heures supplémentaires pour remplacer les collègues parties. Nous n’avons même plus de vie privée ! Alors faire face à une deuxième vague, nous ne pourrions pas », estime-t-elle.

Une crainte partagée par Mathilde, sage-femme, qui se sent « l’une des grandes oubliées du Ségur de la santé, pourtant bien présente lors de la première vague de Covid. On ne peut pas demander à des personnes de sacrifier leur vie pour celle des autres et les mépriser ainsi. Les soignants ne sont pas prêts pour une deuxième vague, ils sont mis plus bas que terre, épuisés de la première vague, et exaspérés par le manque de reconnaissance ».

« Nous sommes prêts », « mais nous serons moins tolérants »

Pour autant, malgré la fatigue et l’exaspération, les « premiers de cordée », comme les a décrits Emmanuel Macron, restent mobilisés. « Nous sommes prêts, assure Loïc, infirmier dans la région toulousaine. Effectivement, je pense qu’une seconde vague se prépare, mais les hôpitaux seront mieux préparés car la première vague a permis de nous organiser ». Mais Loïc est lui aussi « agacé par les attitudes non respectueuses, par ceux qui ont applaudi aux fenêtres pour ne rien respecter ensuite ». Une insouciance qui fait craindre le pire à l’infirmier. « Je pense que cette vague sera plus meurtrière que la première, pour la simple raison qu’elle sera la conséquence du non-respect des gestes barrières par la population et générera ainsi une baisse de l’engagement des soignants déjà épuisés : nous serons moins tolérants et ne sacrifierons pas notre vie pour des personnes qui ne nous respectent pas ».

Comme Loïc, Antoine, infirmier à l’assistance publique des hôpitaux de Paris qui exercé dans une unité post-Covid, pense que « les hôpitaux sont mieux préparés aujourd’hui. Pendant la crise, on ne savait pas où on allait, mais en cas de deuxième vague, l’organisation sera plus rapide et efficace : les besoins humains et matériels et l’organisation des soins sont bien évalués, et le personnel est déjà formé. La vie de l’hôpital est la même qu’avant le Covid, sans cluster dans l’hôpital. Je ne pense pas qu’il y aura une seconde vague, du moins pas de l’ampleur de la première ».

« Je suis en colère »

Une confiance partagée par Audrey, cadre de santé dans un CHU. « Je suis persuadée que le système de santé parviendra à faire face à une deuxième vague, si elle doit déferler. Parce que les soignants seront fidèles aux valeurs fortes de continuité des soins. Mais ce serait avec une grande colère, parce que les gens sont incapables de comprendre que l’intérêt collectif en matière de santé passe par la responsabilité individuelle. Le masque n’est pas une privation de liberté, bon sang, c’est une véritable protection ! »

Une colère qu’Audrey sent grandir en elle chaque jour, « parce que j’ai dû sacrifier ma vie de famille durant la première vague, parce qu’à cause de la stupidité de certains, je n’aurai pas le choix que de recommencer s’il le faut. Parce qu’il faut encore et toujours lutter contre des idiots qui « oublient » de porter leur masque en venant rendre visite à des proches déjà fragilisés par l’hospitalisation. Et je suis en colère contre ces imbéciles hargneux qui tabassent celui ou celle qui les rappelle à leur obligation de porter un masque. Toutes ces soirées d’applaudissements pour ça ? »

« J’espère que tous ceux qui n’ont pas réellement conscience de la gravité du virus dans sa forme la plus grave se rendront compte qu’il peut être mortel pour chacun d’entre nous, abonde Guillaume, infirmier. Jeunes ou anciens, nous sommes tous concernés. Alors protégez-vous, et protégez-nous ».

Source 20 MINUTES.

Coronavirus en Lorraine : Décès de neuf résidents en une semaine dans un Ehpad…

EPIDEMIEL’origine de la contamination n’est pas encore connue.

Coronavirus en Lorraine : Décès de neuf résidents en une semaine dans un Ehpad

Un Ehpad de la banlieue de Nancy a enregistré en une semaine les décès de neuf de ses résidents contaminés par le Covid-19, a-t-on appris dimanche auprès du président du conseil d’administration de l’établissement, Daniel Cilla.

L’Agence régionale de santé (ARS) du Grand Est avait fait état le 10 août du décès la veille d’un premier patient, âgé de plus de 90 ans, dans cet établissement du groupe mutualiste Acoris, « Les Sablons », situé à Pulnoy (Meurthe-et-Moselle).

Les aides soignants et une infirmière font valoir leur droit de retrait

« Depuis cette date et jusqu’à aujourd’hui, huit autres personnes sont décédées, la plupart également âgées de plus de 90 ans et présentant des facteurs de comorbidité », a précisé Daniel Cilla, confirmant des informations de L’Est républicain. « Deux d’entre elles étaient en fin de vie », le Covid-19 ayant certainement « accéléré » leur décès, a-t-il poursuivi, précisant que l’état de santé de quatre autres pensionnaires était surveillé « très étroitement ».

« Depuis les premiers symptômes sur une personne, apparus le 3 août et tout de suite testée, et la confirmation qu’elle était positive, nous avons réalisé 360 tests sur l’ensemble des collaborateurs et des résidents », a encore indiqué Daniel Cilla. L’Ehpad « Les Sablons » compte à présent environ 75 pensionnaires et une soixantaine de membres du personnel dont huit, parmi lesquels une infirmière et des aide-soignants, ont fait valoir leur droit de retrait, a-t-il ajouté.

Les visites totalement suspendues

Daniel Cilla entend ainsi lancer ce lundi un appel sur une radio locale pour trouver du personnel en renfort pour les semaines à venir. Depuis, la découverte des premiers cas, les résidents ont été reconfinés dans leurs chambre, l’organisation de l’établissement ayant été scindée en deux équipes, l’une chargée des pensionnaires atteints du Covid et l’autre de ceux qui ne le sont pas.

Les visites sont également « totalement suspendues », toujours selon Daniel Cilla qui déplore que certaines familles se soient montrées « indisciplinées », embrassant leurs vieux parents ou leur rendant visite alors qu’elles avaient eu le Covid-19. « Mais la contamination pourrait aussi venir d’un membre du personnel », a-t-il noté.

Source 20 MINUTES.

Coronavirus : selon le Conseil scientifique, 30 millions de personnes seront prioritaires pour un vaccin en France, à commencer par les professionnels de santé…

D’autres professions exposées sont concernées, ainsi que les personnes âgées et vulnérables.

Parmi les populations prioritaires en France pour un vaccin, se trouvent environ 6,8 millions de personnes à risque d'exposition professionnelle.  | FRANKHOERMANN / SVEN SIMON / AFP

Il faut se préparer. La possibilité qu’un vaccin contre le nouveau coronaviruspuisse être disponible et administré à des millions de gens, en priorité les professionnels de santé, doit être anticipée dès maintenant, indiquent les membres du Conseil scientifique, du Comité vaccin Covid-19 et du Comité recherche, analyse et expertise (Care), dans un avis publié vendredi 24 juillet.

De nombreux essais sont en cours et bien que l’utilisation d’un vaccin soit soumise aux « incertitudes et inconnues scientifiques (efficacité, disponibilité à moyen ou long terme, type de vaccins…), il est dès à présent crucial d’élaborer une stratégie vaccinale nationale » pour l’intégrer efficacement dans la lutte contre l’épidémie, dès qu’il sera disponible, selon cet avis.

« Le ciblage des populations prioritaires est crucial »

« Le ciblage des populations prioritaires est crucial », selon ce document. Parmi les populations prioritaires en France (Hexagone et Outremer), se trouvent environ 6,8 millions de personnes à risque d’exposition professionnelle avec une « priorité très élevée » pour environ 1,8 million d’entre elles, essentiellement des professionnels de santé.

Dans ce groupe, figurent autour de 5 millions de personnes à « priorité élevée » exposés par leur emploi au contact de la population (commerçants, aides à domicile, enseignants, chauffeurs de bus) ou travaillant en milieux confinés à risque (abattoirs, taxis/VTC, croisières..) ou ayant un hébergement confiné à risque (travailleurs migrants, site de construction…).

Les personnes à risque du fait de leur âge ou de leur état de santé, soit environ 23 millions de personnes en France et celles en grande précarité (environ 250 000 personnes) constituent l’autre groupe des populations prioritaires en premier lieu.

Le gouvernement français négocie (en partenariat avec ses homologues européens) des contrats de réservation de vaccins dont on ne connaît pas encore les caractéristiques (efficacité contre l’infection, la transmission, nombre d’injections, avec ou sans rappel…).

Le Conseil rejette l’idée « d’une vaccination obligatoire »

« Mais on s’attend à avoir plusieurs dizaines de millions de doses de vaccins (potentiellement correspondant à 2 à 5 produits différents) disponibles entre le dernier trimestre de l’année 2020 et le premier trimestre de 2021, qui pourraient être déployées s’il survient une seconde vague de Covid-19 », écrivent les scientifiques.

Les experts jugent « impératif de se donner le temps nécessaire à une évaluation rigoureuse » de l’efficacité et de la sécurité des candidats vaccins « avant leur utilisation à grande échelle ». Le gouvernement, selon la nature du ou des vaccins disponibles, devra déterminer « qui vacciner et comment », souligne l’avis qui préconise d’associer les citoyens à cette démarche de préparation, afin de ne pas renouveler l’échec de la vaccination anti-grippale de 2009. Le Conseil rejette l’idée d’« une vaccination obligatoire », préconisant une vaccination « organisée ».

Source FRANCE INFO.

Numéro unique d’accès aux soins : Les hôpitaux rappellent au gouvernement sa promesse…

La Fédération hospitalière de France ainsi que d’autres représentants de la communauté hospitalière appellent ce jeudi à la mise en place d’un service d’accès au soin, via notamment un numéro de santé unique.

Numéro unique d’accès aux soins : Les hôpitaux rappellent au gouvernement sa promesse

  • Selon plusieurs représentants de la communauté hospitalière, il y a urgence à mettre en place le service d’accès aux soins, notamment via le numéro de santé unique.
  • C’est une promesse qui avait été faite par le gouvernement et notamment par Agnès Buzyn, l’ancienne ministre de la Santé.

« Il y a urgence à mettre en place le service d’accès aux soins », estiment ce jeudi la Fédération hospitalière de France (FHF) et plusieurs représentants de la communauté hospitalière, rappelant au gouvernement sa promesse de mieux réguler les urgences, notamment via un numéro de santé unique.

Après le Ségur de la Santé, il faut que « l’une des prochaines mesures urgentes du gouvernement soit la généralisation rapide du Service d’accès aux soins ainsi que du numéro unique de santé », demandent dans un communiqué la FHF (hôpitaux publics), France Assos Santé (associations de patients), et des médecins tels que le Dr François Braun, président de Samu Urgences de France, et le Dr Agnès Ricard-Hibon, présidente de la Société française de médecine d’urgence.

Un numéro « indispensable pour parer à l’éventualité d’une seconde vague »

Censé répondre à toute demande de soins imprévue afin de désengorger les urgences, ce « service d’accès aux soins » (SAS) avait été annoncé en septembre par l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn après une grève sans précédent dans les services d’urgence. Il devait voir le jour à « l’été 2020 ».

Or, pour les signataires, « il y a urgence » à poursuivre cette mesure, jugée « indispensable pour parer à l’éventualité d’une seconde vague épidémique » du coronavirus. « L’ambition du service d’accès aux soins doit être de fédérer sur les territoires. En structurant l’aide médicale d’urgence et les soins de ville non programmés, il permettra à la fois d’améliorer le parcours du patient et de contribuer au désengorgement des services d’urgences », plaident-ils, appelant à « accélérer son déploiement » après des expérimentations menées « avec succès » dans certaines régions.

Le serpent de mer du numéro unique national de santé

Pour ces représentants du milieu hospitalier, ce service passe par « la généralisation d’un numéro unique national santé », un serpent de mer qui n’a jamais abouti.

Au mois de décembre, un rapport commandé par le gouvernement au député (LREM) Thomas Mesnier​ et au Pr Pierre Carli, chef du Samu de Paris, recommandait d’appuyer le SAS sur un nouveau « numéro de santé unique », le 113, qui remplacerait le 15 et le 116-117 et cohabiterait avec un autre « dédié aux secours et à la sécurité », le 112.

Source 20 MINUTES.

 

Toulouse : Pourquoi 25 urgentistes du CHU veulent-ils démissionner en bloc ?…

Dans un courrier retentissant, 25 urgentistes du CHU de Toulouse annoncent leur démission parce qu’ils disent ne plus avoir les moyens d’exercer correctement.

Leur responsable assure que de nouvelles dotations vont arriver.

Toulouse : Pourquoi 25 urgentistes du CHU veulent-ils démissionner en bloc ?

  • Jeudi, dans un courrier rendu public par « Libération », 25 urgentistes du CHU de Toulouse ont annoncé pour lundi leur démission en bloc.
  • Ils dénoncent le retrait des moyens supplémentaires mis en place pour traverser la crise du Covid-19 et l’impossibilité dans laquelle ils se trouveraient d’assurer la sécurité de leurs patients.
  • La direction indique de son côté qu’une négociation de longue haleine, interrompue par la crise sanitaire, vient d’aboutir sur l’octroi de nouvelles dotations.

Un grand coup de gueule après un énorme coup de pompe. Au CHU de Toulouse, le répit ménagé par la crise sanitaire a viré à la crise tout court. Dans un courrier dévoilé jeudi dans une chronique de Libération, 25 médecins urgentistes de l’établissement – soit près d’un tiers de l’effectif – annoncent qu’ils démissionneront en bloc lundi prochain. Pas de leurs fonctions administratives, comme le font régulièrement les soignants toulousains. De leur job tout simplement. Ils vont aller voir ailleurs si les standards sont moins surchauffés et les oreilles plus réceptives.

« Nous choisissons de quitter nos fonctions dans une institution où la seule de nos revendications, celle de la sécurité de nos patients, est traitée avec le plus grand des mépris », écrivent les médecins rebelles aux prises avec « un quotidien intenable ». Et dans leur épuisement, ils se font caustiques : « Ah, ils étaient bruyants les applaudissements, tous les soirs à 20 h. Elles étaient larmoyantes, les déclarations comme quoi nous faisions un travail formidable… »

« Travailler dans la peur »

Alors qu’est-ce qui a mis le feu aux poudres ? Les démissionnaires, déjà mobilisés avant le coronavirus, expliquent que, la crise passée, tous les moyens imaginés dans l’urgence pour passer le cap ont été retirés. Exit, les « lignes de garde » supplémentaires, en fait des équipes complètes de six médecins et six infirmiers, exit le précieux dispositif de « véhicules léger de médecine générale » (VLMG) qui permettait à un tandem médecin généraliste/infirmier d’intervenir la nuit à domicile avec une ambulance tout équipée. « La direction du CHU de Toulouse a décidé de suspendre la totalité de ces moyens, nous contraignant à travailler dans la peur, dit le courrier. La peur permanente de ne pouvoir assurer nos missions face aux besoins de la population. »

La direction du CHU et l’agence régionale de Santé (ARS) n’expliquent pas tout à fait la même chose. Elles indiquent que des discussions sur les moyens du Pôle de médecine d’urgence ont effectivement été interrompues par la crise sanitaire. Mais qu’elles ont repris depuis le 4 juin et abouti justement jeudi à des mesures concrètes. La création d’un binôme médical et infirmier notamment et le retour des fameux VLMG « à compter du 15 septembre », après évaluation du dispositif par un groupe de travail.

« Ils ne se battent pas pour de l’argent mais pour leurs patients »

Alors, les choses peuvent-elles encore s’arranger ? Vincent Bounes, le patron des urgences et du Samu 31 l’espère, pointant surtout un problème de timing, entre des négociations de longue haleine, effectivement suspendues pendant des mois, et les moyens de crise. « Je m’attendais à ce que l’équipe soit fatiguée mais j’ai probablement sous-estimé leur épuisement après des mois de travail sans un jour de repos, confie-t-il à 20 Minutes. Des moyens ont effectivement été retirés il y a deux semaines mais après une grosse semaine négociations nous avons obtenu hier [jeudi] des moyens qui vont nous soulager. »

Le responsable assure ne pas mal prendre cet étalage public. « Ce sont des gens adorables, des soignants qui ne se battent pas pour de l’argent, mais pour leurs patients », souligne-t-il. Vincent Bounes remarque aussi au passage que les malades se montrent plus exigeants, moins compréhensifs, maintenant que le pire est passé, contribuant à une grande fatigue générale. Le médecin espère qu’il ne recevra pas ces fameuses lettres de démission. Verdict lundi.

Source 20 MINUTES.

Ségur de la Santé : Derrière les grandes annonces, cinq sujets qui crispent les soignants…

Après sept semaines de discussions, le Ségur de la santé prend fin vendredi 09 juillet et les syndicats ont jusqu’à lundi pour se prononcer sur la proposition d’accord qui prévoit une enveloppe de 7,5 millions pour les hôpitaux publics et privés.

Ségur de la Santé : Derrière les grandes annonces, cinq sujets qui crispent les soignants

Des ouvriers installent les portraits de soignants réalisé par l’artiste JR sur l’Opéra Bastille pour l’opération #ProtegeTonSoignant . — AFP

Cette fois, c’est fini. Enfin, pour le moment. Le Ségur de la santé touche à sa fin ce vendredi 9 juillet. En effet, dans la nuit de mercredi à jeudi, les syndicats et le ministère ont trouvé un accord à 1h du matin, après une négociation marathon de neuf heures. La version définitive de ce protocole a été reçu par les syndicats ce jeudi après-midi. Proposition qu’ils sont censés étudier et faire voter à leur base, s’il y a accord, ce qui n’est pas gagné. Le tout avant lundi soir. Veille de l’intervention d’ Emmanuel Macron, qui devrait ce 14 juillet faire des annonces pour l’hôpital. Si beaucoup se félicitent d’avoir obtenu un montant conséquent pour les paramédicaux, d’autres préviennent que cette avancée risque d’être insuffisante.

Une enveloppe trop limitée

Le projet d’accord propose un montant important : 7,5 milliards d’euros. « Je me félicite de cet effort inédit pour l’hôpital en termes de volume financier », a salué Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France. Une enveloppe qui devrait financer une augmentation salariale de 180 euros mensuels nets pour les professions paramédicales (infirmières, aides-soignantes…), mais également pour les non médicaux (techniciens, brancardiers, etc.) des hôpitaux et des Ehpad publics.

Une avancée, saluée par certains syndicats… mais au goût amer. Depuis des mois, ces derniers exigeaient 300 euros net mensuels supplémentaires. Car les professions sanitaires sont très en deçà de la moyenne de l’OCDE et il s’agit d’un rattrapage d’années sans augmentation, plaident ces soignants. « Bien sûr, ce protocole n’est pas parfait, a reconnu Didier Birig, secrétaire général de FO-Santé auprès de l’AFP. Mais on a été au bout de ce qu’on pouvait faire. Et 7,5 milliards d’euros, ce n’est pas une petite somme : on ne repart pas avec quelques centaines de millions d’euros ».

D’autres ne cachent pas leur déception.

« C’est assez loin de ce qu’on demandait, à savoir un plan d’attractivité fort, tranche Olivier Milleron, cardiologue à Bichat et membre du Collectif inter-hôpitaux (CIH). Deuxième problème : cette revalorisation salariale interviendra en deux temps : d’abord 90 euros en septembre, mais qui ne sera versé qu’en janvier de façon rétroactive (soit 450 euros) et une seconde de 90 euros en mars 2021. Une augmentation progressive, qui repousse un mieux-être tant attendu à 2021… Et agace Patrick Bourdillon, secrétaire fédéral  CGT santé : « Olivier Véran avait promis une revalorisation pour le 1er juillet, puis pour septembre et finalement elle ne sera touchée qu’en janvier. J’espère que la deuxième vague n’aura pas tué tout le monde d’ici là ! »

Les perdants et les gagnants

Dans son communiqué, Force Ouvrière assure que le gouvernement ne voulait faire bénéficier de ce coup de pouce qu’à une partie des équipes soignantes. Mais qu’ils ont obtenu que cette revalorisation touche également les personnels administratifs, ouvriers et techniques. Et le projet écrit a levé un doute : les agents du secteur social ne seront pas concernés. Pour Patrick Bourdillon, il est regrettable d’exclure « une partie de la psychiatrie, de l’aide sociale à l’enfance, les centres de prise en charge des personnes handicapées, soit 35.000 salariés. »

Si une issue semble se dessiner pour le personnel médical et paramédical, les choses semblent en revanche compromises pour les médecins hospitaliers. En effet, aucun projet d’accord n’a été présenté à ce stade, les discussions menées mercredi avec les syndicats de praticiens hospitaliers étant restées bloquées faute d’avancée sur l’enveloppe promise par le gouvernement. La semaine dernière, Olivier Véran avait proposé 600 millions d’euros pour leurs rémunérations, dont 400 millions pour les médecins et 200 pour les internes et étudiants. Les médecins n’ont pas caché leur déception. Et préviennent que beaucoup de praticiens risquent de partir dans le privé…

Image

Justement, ce qui met le plus en rogne certains syndicalistes, c’est que, depuis le début, cette enveloppe intègre le privé. Ils ont estimé que les paramédicaux du privé toucheraient environ 1,6 milliards. Une enveloppe qui pourrait financer une hausse de rémunération de l’ordre de 160 à 170 euros net. Des réunions devront être menées avec les syndicats dans les établissements concernés pour en fixer les modalités. « Le gouvernement a inclus et refuse d’enlever les salariés du privé lucratif, tempête Patrick Bourdillon. L’hôpital public devait être la cible de ce plan, finalement, le privé qui a les moyens de payer ses actionnaires va profiter des cotisations des citoyens. »

Les effectifs

Le Premier ministre Jean Castex est intervenu par surprise dans ces rencontres mardi et a insisté « pour que les questions d’emploi soient également intégrées à la négociation ». C’est chose faite. En effet, l’accord prévoit 15.000 postes supplémentaires. Une avancée saluée par les syndicats, qui regrettent néanmoins que ces effectifs soient financés sur les 7,5 milliards d’euros proposés par Matignon. Ce qui conduit nécessairement à réduire la somme disponible pour les hausses de rémunérations. Mais si on regarde de plus près, il s’agit en réalité de 7.500 créations de postes et de 7.500 des recrutements de personnels sur des postes qui n’étaient jusque-là pas pourvus. Ce qui semble problématique. « Aujourd’hui à l’hôpital Bichat, il y a 100 postes d’infirmières vacants, budgétés mais personne ne veut venir travailler ici, insiste Olivier Milleron. Le problème n’est pas de créer des postes, mais d’attirer les gens… » Deuxième réserve, de la part du cardiologue : « il paraît difficile de se satisfaire d’un chiffre, ce qui compte, c’est le ratio entre soignants et patients en fonction de l’hôpital. Tous n’ont pas tous les mêmes besoins d’infirmières. Aujourd’hui, les ratios sont les mêmes partout. On demande une discussion avec les équipes de chaque hôpital pour mettre en adéquation les moyens et la charge de travail. »

Des zones d’ombre

Les syndicats et collectifs ne cachent pas leur vigilance face à de grandes annonces non détaillées. « Pendant les négociations, on a eu l’occasion de s’affronter pour avoir un fléchage clair : combien pour les effectifs supplémentaires ? Pour le privé lucratif ?, reprend Patrick Bourdillon. Ils refusent de nous répondre. » Et le document définitif n’entre toujours pas dans les détails, au regret de ce dernier.

Autre question : cette enveloppe de 7,5 milliards chaque année s’ajoute à l’objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam), qui est décidé par le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), discuté en ce moment et voté à l’automne. « Revaloriser les salaires, c’est essentiel, mais il faut augmenter les finances de l’hôpital public de façon pérenne, assure Olivier Milleron. Donc sortir du tout T2A (tarification à l’activité), qui ne permet pas d’adapter les soins aux besoins, et d’un Ondam raboté chaque année. Si on augmente les salaires sans en augmenter le mode de financement est-ce qu’on risque de nous dire qu’il faut augmenter l’activité pour financer ça ? »

Ne pas oublier les autres sujets

« La revalorisation salariale, c’est l’aspect le plus visible de ce Ségur, mais il ne peut pas se limiter à ça, prévient Patrick Chamboredon, président de l’ Ordre des infirmiers, qui n’a pas participé aux négociations. Les attentes sont plus larges de tous les acteurs. Il y avait quatre piliers, le seul qui devait se solder par un accord, c’est celui-ci, mais les autres doivent encore être travaillés. » En effet, il y a beaucoup à faire sur le front de la gouvernance de l’hôpital, de la simplification de l’organisation, de la collaboration entre soignants… D’ailleurs, une consutation citoyenne organisée du 15 mai au 24 juin sur l’hôpital de demain par le Conseil économique, social et environnemental a fait émerger plusieurs consensus notamment sur la gouvernance et de la gestion administrative des hôpitaux (mieux associer le personnel soignant aux décisions et les pré́server des tâches administratives) », détaille un communiqué que le Cese publié ce jeudi.

Reste un angle mort : le gel des fermetures de lits, troisième demande des Collectifs inter-urgences et inter-hôpitaux avec les salaires et les effectifs, sur lequel il n’y a pas de déclaration précise. « Olivier Véran a dit que les grands projets de restructuration étaient arrêtés le temps du Ségur », reprend le cardiologue. Mais quid de l’après ?

 

L’infirmière avait dû quitter son logement pendant le confinement : ses propriétaires relaxés…

Le procureur, fustigeant un «véritable harcèlement» à l’encontre de la soignante, avait pourtant réclamé de la prison avec sursis à l’encontre de ce couple âgé héraultais.

Julien Denormandie, ministre chargé du Logement, avait estimé début avril que cette affaire montrait «ce que la crise révèle de plus sombre chez certains»

En avril, en pleine pandémie de coronavirus, Mélina, une soignante héraultaise de 37 ans, avait déclaré avoir été obligée de quitter son logement car ses propriétaires la harcelaient en raison de son métier. Ce lundi 29 juin, le tribunal correctionnel de Montpellier a pourtant relaxé ses anciens propriétaires. Le couple, une femme de 76 ans et son compagnon de 80 ans, a simplement été condamné à 50 euros d’amende avec sursis pour «dégradation» légère d’un bien.

L’ex-employée de banque et le représentant à la retraite, au casier judiciaire vierge, étaient poursuivis pour «emploi de voies de fait ou contrainte pour forcer des personnes à quitter leur lieu d’habitation», «harcèlement moral», «atteintes à l’intimité de la vie privée» et «dégradations volontaires légères».

S’ils ont reconnu un conflit avec leur locataire, notamment autour du nombre de personnes occupant leur logement de Montarnaud, une petite commune située au nord de Montpellier, ils ont nié toute relation avec le métier de Mélina. Le tribunal n’a pas non plus retenu ce lien et n’a pas reconnu la constitution de partie civile du CHU de Montpellier et de l’ordre départemental des infirmiers.

«Un emballement médiatique et judiciaire»

Devant la presse, Me Jean-Christophe Legros, l’avocat des propriétaires, s’est déclaré satisfait de la relaxe qu’il avait réclamée, dénonçant dans cette affaire un «emballement médiatique et judiciaire» et «une information déformée». Le dossier avait provoqué beaucoup d’émoi dans le pays au moment où les soignants étaient en première ligne dans la lutte contre la pandémie. «Ce qu’ont fait ces gens est abject», avait ainsi déclaré Julien Denormandie, le ministre chargé du Logement, à La Provence .

Selon le procureur, la situation avait «dégénéré» lorsque l’infirmière anesthésiste du CHU de Montpellier avait installé dans son appartement sa fille, sa mère et son compagnon, elle-même choisissant d’occuper le studio de sa fille pour se rapprocher de son lieu de travail. Fustigeant «un véritable harcèlement», il a requis trois mois de prison avec sursis et 2000 euros d’amende contre la septuagénaire et un mois de prison avec sursis contre son compagnon octogénaire.

«Au départ, c’était dirigé contre ma mère et ma fille», a expliqué à la barre Mélina, en évoquant une altercation initiale le 23 mars entre sa mère, venue d’une résidence seniors, et la propriétaire, à propos de la présence d’un chien et du nombre d’occupants du logement. «Il m’a fallu aller déménager en plein confinement, en pleine nuit», a-t-elle expliqué, affirmant avoir ainsi «accumulé de la fatigue» alors qu’elle était sollicitée pendant de longues heures en raison de la crise sanitaire liée au coronavirus.

Source LE FIGARO.

Coronavirus : Vocation confirmée, choc… Des étudiants volontaires racontent leur expérience en première ligne aux côtés des soignants…

Certains étudiants en cursus de santé, qui se sont portés volontaires pour prêter main forte pour lutter contre le coronavirus, expliquent l’impact de cette expérience hors du commun sur leur choix d’orientation.

Coronavirus : Vocation confirmée, choc... Des étudiants volontaires racontent leur expérience en première ligne aux côtés des soignants

  • Pendant l’épidémie, certains étudiants en médecine, en soins infirmiers, se sont mobilisés pour aider les soignants sous l’eau.
  • Certains ont accepté de répondre à notre appel à témoignage.
  • Ils racontent comment ils ont vécu cette mission si particulière. Et comment elle a pu changer ou renforcer leurs choix de carrière.

Aller au front sans arme, ni formation. Certains étudiants infirmiers ou à la faculté de médecine se sont portés volontaires pour épauler leurs futurs collègues dans les couloirs des hôpitaux, dans les chambres des Ehpad, au téléphone pendant l’épidémie de coronavirus. Un plongeon précoce et singulier qui peut s’avérer formateur, mais aussi délicat. Certains d’entre eux nous ont confié leur ressenti et comment cette expérience hors du commun a joué dans leurs choix d’avenir.

« Me retrouver dans le grand bain a été une expérience très enrichissante »

Thomas, 21 ans et étudiant en deuxième année de médecine à la faculté de Paris-Saclay a voulu se rendre utile pendant l’épidémie. Sa faculté l’a mobilisé à l’hôpital de Melun (Seine-et-Marne), qui a lancé Terr-e Santé, une cellule de télémédecine dédiée au Covid-19. Une mission qui consistait à rappeler les patients qui sentaient leur état de santé se dégrader. D’un coup, il a collaboré avec des infirmières, médecins coordinateurs, des externes… Et cette expérience, loin des bancs bondés de la fac, lui a beaucoup appris. « Après le concours si difficile de première année, me retrouver dans le grand bain a été une expérience très enrichissante, qui m’a montré les différentes facettes des professions médicales. J’y ai vu de nombreux bons côtés (richesse du raisonnement, de l’interrogatoire médical, confiance des patients…), mais aussi certains aspects que j’avais sous-estimés (certaines personnes minorant notre rôle, ce qui pouvait rester un peu en travers de la gorge lorsqu’on est volontaire).

Ilona, 19 ans, poursuit, elle, un cursus pour devenir infirmière. Elle est envoyée dans un Ehpad dès le lendemain de sa proposition d’aide. Ce n’est pas une découverte pour elle car elle avait déjà réalisé des stages et des boulots d’été dans cet univers. « J’ai été confrontée directement à mon arrivée à la mort d’une résidente. Je me suis dit que pour le coup, je rentrais dans le bain directement. » Avec de nouvelles directives drastiques et des équipes très sollicitées, Ilona n’a pas vraiment eu le temps d’apprendre sereinement le métier. « On m’a indiqué les chambres des résidentes que je prendrai à charge pour la toilette, seule, l’aide à la prise des repas… Je n’ai pas eu de semaine d’adaptation et j’ai surtout suivi les aides-soignantes, alors que je suis étudiante infirmière. J’étais très autonome. » Pour beaucoup d’entre eux, cette mission a pris des allures de formation express. « J’ai appris beaucoup de choses sur l’hygiène, reprend la jeune femme. C’est une formation exigeante pour un métier méticuleux. »

Urgence et solidarité

Ce qui l’a marquée, également, c’est l’urgence. « J’aime prendre le temps de bien connaître les résidents avant de faire leur toilette, mais là ce n’était pas possible. » Surtout que la crise du Covid a modifié les conditions de travail des soignantes. « Les résidents devaient se sentir tellement seuls, en plus on ne voyait plus notre visage entre le masque, les lunettes, on ne pouvait pas les toucher, vu qu’il fallait respecter une certaine distance. C’était plus difficile d’accompagner dans la mort. » Surtout avec des proches éloignés et particulièrement inquiets.

Malgré les difficultés, c’est aussi la fierté qui ressort de ces témoignages. « Ma première semaine était vraiment dure, porter un masque pendant douze heures avec la chaleur était compliqué, explique encore Ilona. J’avais de grosses migraines, j’étais épuisée, mais je rentrais avec le sourire, pensant que pendant cette période de confinement, je ne me tournais pas les pouces mais que je servais à quelque chose. »

Et beaucoup ont pu compter sur une équipe investie et une solidarité précieuse. « A chaque fois que je fais des stages, on me dit qu’il faut avoir une bonne cohésion avec l’équipe, c’est ce qui me plaisait dans ce métier, reprend Ilona. Je l’ai vu encore plus dans cette situation. » Mais certains ont été choqués de voir l’état de l’hôpital public. Car en passant de la théorie à la pratique, « j’ai pu aussi me confronter à la réalité du monde hospitalier : peu de moyens pour le personnel qui se sent oublié, des heures de travail à rallonge, souligne Thomas, étudiant en médecine. J’espère qu’à l’avenir la condition des personnels de santé sera améliorée. »

« J’ai pris conscience que ce métier est ma vocation »

Les défis, déjà nombreux en temps normal, ont été accentués par cette épidémie. « Le manque de matériel obligeait des soignants à travailler en continu pour ne pas changer de protections 7 heures d’affilée », pointe Eliot, étudiant en première année en soins infirmiers dans le Nord Franche-Comté.

Stress, décès des patients, pénurie de masques… Découvrir son futur métier dans des conditions aussi exceptionnelles risque de fausser un premier aperçu. Au point de baisser les bras ? Pour Suzanne, volontaire également, c’est la douche froide. « J’ai vu l’horreur, la panique pour trouver du matériel, le découragement, les pleurs, la colère, déplore-t-elle. Je n’ai pas vu de gens heureux, fiers de leur métier. Je les gênais car je ne savais encore rien faire. Je vais changer d’orientation, sauve qui peut. » Ilona, elle, n’a pas prévu de se réorienter. « C’était une période compliquée, on comptait énormément sur les infirmières, il fallait qu’elles soient encore plus réactives que d’habitude, souligne-t-elle. J’en ai vu pleurer, rentrer chez elles plus tôt car elles n’en pouvaient plus. Je me suis dit ce métier, c’est une charge importante. Mais j’ai quand même envie de continuer dans cette formation. »

Pour Eliot, ces cinq semaines dans un service de rééducation traumatologique n’ont fait que renforcer sa motivation. « J’ai pris conscience que ce métier est ma vocation et que j’ai adoré participer à l’effort national, nous confie-t-il. La médecine de crise est mon domaine, je veux vivre des journées remplies de suspense et d’inattendu. Je vise un poste dans l’armée ou en soins intensifs. » Cette première expérience sur le terrain a donné envie à Thomas de modifier son futur métier. « Cela m’a bien fait réfléchir sur mes futurs choix de spécialité, je souhaiterais me tourner vers une spécialité médicale, et non chirurgicale, car j’ai beaucoup apprécié le contact avec les patients, le côté humain du métier. »

Source 20 MINUTES.