L’infirmière avait dû quitter son logement pendant le confinement : ses propriétaires relaxés…

Le procureur, fustigeant un «véritable harcèlement» à l’encontre de la soignante, avait pourtant réclamé de la prison avec sursis à l’encontre de ce couple âgé héraultais.

Julien Denormandie, ministre chargé du Logement, avait estimé début avril que cette affaire montrait «ce que la crise révèle de plus sombre chez certains»

En avril, en pleine pandémie de coronavirus, Mélina, une soignante héraultaise de 37 ans, avait déclaré avoir été obligée de quitter son logement car ses propriétaires la harcelaient en raison de son métier. Ce lundi 29 juin, le tribunal correctionnel de Montpellier a pourtant relaxé ses anciens propriétaires. Le couple, une femme de 76 ans et son compagnon de 80 ans, a simplement été condamné à 50 euros d’amende avec sursis pour «dégradation» légère d’un bien.

L’ex-employée de banque et le représentant à la retraite, au casier judiciaire vierge, étaient poursuivis pour «emploi de voies de fait ou contrainte pour forcer des personnes à quitter leur lieu d’habitation», «harcèlement moral», «atteintes à l’intimité de la vie privée» et «dégradations volontaires légères».

S’ils ont reconnu un conflit avec leur locataire, notamment autour du nombre de personnes occupant leur logement de Montarnaud, une petite commune située au nord de Montpellier, ils ont nié toute relation avec le métier de Mélina. Le tribunal n’a pas non plus retenu ce lien et n’a pas reconnu la constitution de partie civile du CHU de Montpellier et de l’ordre départemental des infirmiers.

«Un emballement médiatique et judiciaire»

Devant la presse, Me Jean-Christophe Legros, l’avocat des propriétaires, s’est déclaré satisfait de la relaxe qu’il avait réclamée, dénonçant dans cette affaire un «emballement médiatique et judiciaire» et «une information déformée». Le dossier avait provoqué beaucoup d’émoi dans le pays au moment où les soignants étaient en première ligne dans la lutte contre la pandémie. «Ce qu’ont fait ces gens est abject», avait ainsi déclaré Julien Denormandie, le ministre chargé du Logement, à La Provence .

Selon le procureur, la situation avait «dégénéré» lorsque l’infirmière anesthésiste du CHU de Montpellier avait installé dans son appartement sa fille, sa mère et son compagnon, elle-même choisissant d’occuper le studio de sa fille pour se rapprocher de son lieu de travail. Fustigeant «un véritable harcèlement», il a requis trois mois de prison avec sursis et 2000 euros d’amende contre la septuagénaire et un mois de prison avec sursis contre son compagnon octogénaire.

«Au départ, c’était dirigé contre ma mère et ma fille», a expliqué à la barre Mélina, en évoquant une altercation initiale le 23 mars entre sa mère, venue d’une résidence seniors, et la propriétaire, à propos de la présence d’un chien et du nombre d’occupants du logement. «Il m’a fallu aller déménager en plein confinement, en pleine nuit», a-t-elle expliqué, affirmant avoir ainsi «accumulé de la fatigue» alors qu’elle était sollicitée pendant de longues heures en raison de la crise sanitaire liée au coronavirus.

Source LE FIGARO.

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