Besançon : malvoyant, il est devenu ébéniste malgré son handicap. « Il manipule des machines tranchantes »…

A Deluz dans le Grand Besançon, Sami Dubosc exerce depuis 2016 sa passion dans sa propre entreprise.

Pourtant cet ébéniste est malvoyant.

Un handicap qui aurait pu lui fermer les portes de l’artisanat du bois. Il a lancé un financement participatif pour adapter son atelier.

Malgré son handicap, Sami Dubosc peut travailler sur des machines, comme cette scie circulaire. Des lumières fortes ont été installées, et le système d'aspiration n'encombre pas ses zones de passages.

 

En 1997, Sami Dubosc a 17 ans. Après un CAP en menuiserie au lycée Saint-Joseph à Besançon, il suit un CAP ébéniste. Petit-fils d’ébéniste, arrière-petit-fils de scieur, il a toujours rêvé de travailler le bois. Un rêve qui aurait pu s’effondrer, le jour où on lui diagnostique une rétinite pigmentaire. Une maladie qui altère profondément sa vue. « Pour mon ophtalmo, ça n’était pas compatible avec l’exercice de la menuiserie », se souvient-il, « Il ne faut plus manier d’objets dangereux ». 23 ans plus tard, pourtant, il est à la tête de sa propre entreprise, la Manufacture Dubosc et fils, et il fabrique chaque jour des meubles et objets en bois.

Je ne peux pas paraître fataliste, au contraire, je veux véhiculer quelque chose de positif et qui peut amener à d’autres personnes handicapées à envisager l’entrepreneuriat

Sami Dubosc, ébéniste

Un accomplissement, rendu possible par sa persévérance, et par une adaptation soignée de son espace de travail. Aujourd’hui, pour continuer à améliorer ses conditions d’exercice, il lance une opération de financement participatif, en échange de créations en bois, ou de stage découverte.

Une passion qu’il n’a jamais abandonné

Après l’annonce de la maladie, il refuse de quitter son CAP. « Quand on est jeune et qu’on apprend ça », raconte Sami Dubosc, « c’est compliqué à gérer ». Alors, il « continue, coûte que coûte ». Pendant plusieurs années, il travaille dans le milieu du bois. Mais il est de plus difficile de trouver des emplois satisfaisants. Difficile aussi, de convaincre ses employeurs d’adapter son poste de travail. « Ils veulent bien prendre la prime travailleur handicapé » explicite sa femme, Jennifer Taillard-Dubosc, « mais quand il faut réaliser que c’est vraiment une personne handicapée qu’ils emploient, et qu’il faut adapter le poste… ça n’est pas fait. »

Sami Dubosc à l'oeuvre sur une raboteuse. La pièce est toujours lumineuse, et le sol, bien dégagé.

« La volonté de tous, c’était de le mettre dans une petite case » se souvient son épouse « tu es malvoyant, donc tu pourras être kiné, ou informaticien… ». Alors, la famille décide de réagir : « Je lui ai dit ‘tu as de l’or entre les mains’, et on a décidé de monter une ébénisterie. » En 2016, il fonde la Manufacture Dubosc et fils, où il est enfin libre d’adapter son environnement de travail à ses besoins.

Aujourd’hui Sami Dubosc ne peut plus compter sur sa vision périphérique. Son champ de vision est réduit, et il voit mal dans la nuit. « J’ai bénéficié d’une aide de l’Agefiph» explique-t-il, « j’ai pu avoir une compensation au niveau de l’éclairage dans mon atelier, une machine à commande numérique de petite taille pour avoir des finitions parfaites, et j’ai pu avoir un téléphone adapté ». Le système d’aspiration qui permet de nettoyer l’atelier a également été adapté : les tuyaux ont été fixés au plafond, plutôt que d’être au sol, pour éviter les chutes. « Ça lui a permis de gagner en vitesse et en confort » confirme sa femme.

Le système d'aspiration, qui permet à Sami Dubosc de ne pas trébucher sur des tuyaux au sol

Un financement participatif pour de nouveaux aménagements

Cependant, « on voit que ça n’est pas suffisant », nuance Jennifer Taillard-Dubosc, « il faut aussi une surface de sol qui soit impeccable ». Car un atelier de menuiserie est souvent un espace encombré. Le bois y est stocké, notamment pendant ses temps de séchage – « on travaille en local, et on sèche naturellement nos bois », précise Sami Dubosc – après une pose de vernis, etc.  Or « il y a des choses que je ne vois pas, je butte dedans et je me blesse ». « Quand on a une livraison et que l’atelier est rempli de matériaux, il ne met beaucoup plus de temps à faire les choses », précise sa femme.

Alors, le couple a lancé une campagne de financement participatif, pour aménager une dépendance présente sur le terrain, qui pourrait lui permettre de stocker en dehors de son atelier. Une manière d’accélérer le projet, mais pas seulement : « Le financement participatif nous est venu comme une évidence », confie Jennifer Taillard-Dubosc, « aussi, pour bousculer un peu les esprits ». « Je veux véhiculer quelque chose de positif », affirme Sami Dubosc. « Je trouve que c’est important de donner un message d’espoir, par exemple pour les personnes qui ont un enfant handicap » revendique son épouse « voilà, en adaptant son poste de travail, un enfant peut ne pas être restreint à quelques emplois, et il peut aussi aller au bout de ses rêves et faire le métier dont il a envie ».  Pour elle, son mari en est l’exemple, lui qui parvient à « manipuler des machines tranchantes » sans se blesser.

Sur cette cagnotte de financement participatif, les contributeurs peuvent obtenir des contreparties, comme une invitation à l’inauguration de la dépendance, ou un objet ou un meuble fait par Sami Dubosc. Mais les plus curieux peuvent aussi s’offrir un « atelier d’initiation aux métiers du bois », où les enfants sont aussi les bienvenus. Car partager son savoir-faire est un plaisir pour cet ébéniste, qui aimerait, un jour peut-être, pouvoir ouvrir les portes de son atelier au public.

Source FR3.

« Six centimes d’augmentation en dix ans » : les travailleurs sociaux du Calvados crient leur colère…

Ils se surnomment les « invisibles ». Les salariés du secteur de l’action sociale se sont rassemblés ce lundi midi devant les locaux de l’institut régional du travail social à Hérouville-saint-Clair près de Caen.

Ils dénoncent une baisse de leur pouvoir d’achat et des conditions de travail dégradées.

Une centaine de salarié.es du secteur social du Calvados se sont rassemblé.es devant le siège de l'Institut régional du travail social à Hérouville-saint-Clair.

 

Éducateurs spécialisés, aides soignants… ils travaillent auprès de personnes handicapées ou de jeunes en rupture familiale. Dans le département du Calvados, cela représente plus de 5000 salarié.es. Un métier dur, éprouvant et qui ne cesse de se dégrader, selon les syndicats qui appelaient à la mobilisation. Une centaine de personnes se sont rassemblées à la mi journée devant le siège de l’IRTS, l’institut régional du travail social, à Hérouville-saint-Clair. La CGT, FO et Sud dénoncent une baisse de 30% du pouvoir d’achat en 20 ans.

Beaucoup de travailleurs pauvres parmi les salariés du secteur social

Aurélien Syren est délégué CGT à l’Oeuvre Notre Dame, foyer de protection de l’enfance à Troarn. « C’est un secteur où les temps partiels sont légions, et quand on est à 70% du SMIC, on se retrouve dans la catégorie des travailleurs pauvres » dénonce-t-il.Selon les syndicats, ces dégradations ne sont pas uniquement liées aux politiques nationales. « Elles sont aussi le fait du Syndicat Employeur du secteur« . Une délégation a été reçue par la direction.

« Les travailleurs sociaux ont du mal à se mobiliser pour dénoncer leur propre situation »

Dehors devant un brasero, la colère gronde. Frédéric Motel est éducateur spécialisé à l’institut de Démouville. Il s’occupe de jeunes en difficulté. « Ce n’est pas évident pour nous de débrayer, car on ne veut pas laisser ces jeunes » s’excuse-t-il. Mais face à des salaires bloqués depuis des années, il tenait à venir manifester. « Six centimes d’augmentation en 10 ans c’est scandaleux ! » s’emporte-t-il. Il dénonce aussi un secteur de plus en plus soumis aux contraintes administratives, « alors que notre cœur de métier c’est l’humain« .

Sylvie Ledunois est elle venue avec ses collègues du foyer de vie de l’ACSEA à Saint-Loup-Hors, près de Bayeux. « Je travaille dans ce secteur depuis 37 ans et j’ai vu les conditions de travail se dégrader » raconte cette aide-soignante. Et elle ne comprend pas qu’elle et ses collègues aient été exclus du Ségur de la santé. « Nous avons fait face à la pandémie, il y a eu un cluster dans notre foyer avec neuf cas positifs, et nous avons dû nous battre pour avoir la prime ! Alors que les personnes dont nous nous occupons sont dépendantes et que nous leur prodiguons des soins, c’est anormal. »

Source FRANCE BLEU.

Fougères. Un courtier en assurance mobilisé pour l’insertion des personnes en situation de handicap…

April partenaires collabore avec l’Esat pour favoriser l’inclusion depuis deux ans, sur ses deux sites d’Ille-et-Vilaine.

Deux personnes en situation de handicap figurent parmi la centaine de collaborateurs basés à Fougères.

 

Christophe et Anita travaillent depuis plus d’un an au service de gestion du courrier d’April partenaires, à Fougères.

Depuis deux ans, April partenaires, un courtier grossiste en assurance qui compte 200 salariés, dont une centaine basés à Fougères, s’engage avec l’Esat (Établissement et service d’aide par le travail) « hors les murs » de l’ADAPT, situé à Rennes. L’objectif est de favoriser l’insertion de personnes en situation de handicap dans le monde du travail.

L’Esat « hors les murs » travaille avec de grandes entreprises, ainsi que des collectivités. April partenaires reste engagé dans un partenariat fort, comme en témoigne son PDG, Claude Guérin, qui se dit « très fier que cette impulsion donnée il y a maintenant deux ans, a permis d’ancrer ce partenariat avec l’ADAPT de façon pérenne ».

Sur le site de Fougères d’April partenaires, deux personnes en situation de handicap ont été recrutées dernièrement, dans le service de maîtrise de flux. Christophe, arrivé en janvier 2018, et Anita, arrivée en novembre 2019, sont responsables de l’ouverture, la numérisation et le classement du courrier, de l’enregistrement des chèques et du prétraitement des sinistres bris de glaces.

« Une passerelle précieuse »

Une activité importante pour l’entreprise, car elle constitue le point d’entrée de tous les services de gestion et d’indemnisation. Et cela plaît aux deux collaborateurs, comme l’indique Anita : « C’est une occupation et un lien social qui sont primordiaux à mon bien-être, assure-t-elle. C’est grâce à une entreprise qui a su s’adapter, même si j’ai dû moi aussi m’adapter. »

Grâce aux professionnels de l’ADAPT, April partenaires a fait intervenir un ergothérapeute pour aider à l’aménagement des postes et organiser une formation sur-mesure. « Ce partenariat permet de créer une passerelle précieuse pour aller du milieu protégé vers un emploi en milieu ordinaire », se réjouit Vincent Guillouzouic, chargé des relations avec les entreprises à l’ADAPT.
Source OUEST FRANCE.

 

Strasbourg : rencontre avec Nael Sayegh, geek, défricheur informatique et non-voyant…

Nael a 13 ans et une joie de vivre communicative. Même au téléphone.

Pourtant, le petit garçon revient de loin. Tumeur au cerveau à l’âge de 7 ans. Non-voyant depuis. Une fatalité que Nael a fait sienne et qu’il transcende.

En aidant les non-voyants. Avec de la data et des sourires à la pelle.

Nael Sayegh devant son ordinateur

 

C’est fou ce que, bêtement, l’on peut se sentir gêné par le handicap. La différence. Mal à l’aise. Il y a tout de suite, une espèce de condescendance qui vient d’on ne sait où, des tripes ou d’ailleurs, et qui s’installe plus haut. Dans la tête, sur la langue. Qui fausse d’emblée le dialogue. Et quand le handicap touche un enfant c’est pire. Chez moi c’est comme ça. Ça ne rate jamais.

Pourtant, quand j’entends pour la première fois Nael, ce sentiment reste là où il est. Le petit garçon ne me laisse pas le temps de m’apitoyer sur son sort. Son rire rebondit sur le combiné. Glougloute dans mes oreilles. Et fatche ça fait du bien.

Le geek pianoteur

Nael est non-voyant depuis ses 7 ans. Depuis qu’il a été opéré d’une tumeur au cerveau. « Je suis revenu de la salle d’opération, je ne voyais plus. Au départ je pensais que c’était parce que j’avais les yeux gonflés et puis … ben non. Je vois des lumières, certaines couleurs fluo et encore que d’un oeil. Donc oui, on peut dire que je suis non-voyant. »

Aujourd’hui Nael va bien. Très bien même. « Quand je suis tombé non-voyant, il a fallu que je redouble mon CP pour apprendre le braille. Donc voilà maintenant je suis en 5e et non pas en 4e. » La vie a repris son cours. Différemment c’est tout.

« Quand je suis tombé non-voyant, il a fallu que je redouble mon CP pour apprendre le braille. Donc voilà maintenant je suis en 5e et non pas en 4e. »

Nael

« Je fais du piano, j’ai un bon niveau, enfin c’est mon prof du conservatoire de Strasbourg qui le dit. Je suis dans un collège de voyants à Vendenheim dans une classe externalisée du centre Louis Braille où une auxiliaire de vie scolaire m’aide et où j’ai des compléments de cours par un professeur spécialisé. C’est bien. » Mieux, depuis quelques mois, Nael est devenu la star de la cour de récréation. Un Youtubeur.

« Au début, les copains me disaient ‘arrête c’est pas possible’, j’ai du leur montrer mes vidéos et les pages de code de mon site. Ils n’en croyaient pas leurs yeux, sans mauvais jeu de mots. Et aujourd’hui j’ai plus de vues de voyants qui viennent sur mon site que de non-voyants. »  Encore un éclat de rire.

L’éclaireur

C’est le moment d’expliquer ce que bidouille Nael sur son PC. Plein de choses et de trucs en fait. Toujours utiles. Qui éclairent le quotidien de ceux qui vivent dans le noir.

D’abord, le petit garçon met en ligne des tutoriels pour aider les personnes déficientes visuelles à utiliser les nouvelles technologies dans leur vie et gagner en autonomie. « Des logiciels toujours gratuits. Il y a de bonnes choses gratuites pour les non-voyants, pas besoin de se ruiner. » Tous les tutos se trouvent sur son site web, dont il encode lui-même les pages. Oui, sinon ce serait trop facile. « Je ne saurais pas vous dire pourquoi j’ai une passion pour le codage. J’ai commencé pendant le confinement, ça m’intriguait. J’ai demandé à des développeurs non-voyants de m’apprendre et j’ai suivi des cours en ligne. » 

« A quoi ça sert de faire des pages très compliquées avec des fenêtres qui s’ouvrent de partout ? De toute façon je sais pas faire et en plus nous on voit rien »

Nael

Autodidacte, Nael a appris le montage audio et vidéo et désormais le codage. Le voilà donc qui se lance dans la création d’un site internet. Très simple d’apparence, aux yeux des voyants tout du moins. « Oui, à quoi ça sert de faire des pages très compliquées avec des fenêtres qui s’ouvrent de partout. De toute façon je sais pas faire et en plus nous on voit rien. On entend juste. Il ne faut pas troubler notre compréhension à la lecture, donc oui c’est simple et c’est voulu. »

On y trouve des tutos pour maîtriser l’application Scanvox par exemple : « un scan qui permet de transcrire en format texte sur l’ordinateur une lettre, une notice d’utilisation sur le PC pour la faire lire ensuite par la synthèse vocale. »

Une autre sur le téléphone qui s’appelle Be My Eyes. « Elle permet d’appeler un bénévole voyant avec sa caméra de téléphone quand on en a besoin pour qu’il aide à choisir la couleur de son pull, ou à lire la date de péremption d’une boîte de conserve. Ça marche très bien. Dans les 10 secondes y a quelqu’un qui décroche et qui vous aide. Même à 7h30 du matin, j’ai déjà essayé. » Nael en fait la démonstration sur sa page et donne ses explications grâce à un tuto audio.

Nael a également crée sa chaîne Youtube NaelAccessvision où vous, voyants, ne verrez pas grand-chose mais apprendrez à écouter. Nael, patiemment,  y décrit le mode de fonctionnement des applications qu’il a testé tout en donnant son avis éclairé.

Programmation programmée

C’est dans cette veine « pédagogue » que Nael donne désormais des cours d’informatique « tous supports : Samsung, Iphone, PC  » aux membres de la Fédération des Aveugles Alsace Lorraine Grand Est.  En présentiel. « C’est drôle parce qu’avant j’allais à la fédération pour les ateliers pendant les vacances. Maintenant c’est moi qui y donne des cours. J’aime bien aider les autres, ça me fait plaisir et mieux j’en suis très fier. » 

« J’aime bien, moi, aider les autres, ça me fait plaisir et mieux j’en suis très fier. »

Nael

Et il y a de quoi. D’autant que Nael compte bien creuser son sillon. « Je travaille actuellement sur un tuto pour une application de traduction simultanée et je m’attaquerai ensuite à Navilens, un genre de générateur de QR Code que l’on pourra coller sur les vêtements, les boîtes, tout ce qu’on veut et qui à la lecture expliquera de quoi il s’agit. » Enfin dès que son ordinateur fonctionnera : « Je ne sais pas ce qu’il a, il ne veut plus rien enregister. C’est pas de chance hein ? »

Pas de quoi décourager Nael. « Dans ma tête c’est clair, je ferai de la programmation. J’ai encore un peu le temps d’y penser mais j’aimerais vraiment en faire mon métier. Après je sais que pour un non-voyant, trouver un emploi c’est pas évident mais bon… » Mon coeur se serre un peu, ça y est ça commence. Et Nael rit une dernière fois dissipant mes craintes. Il y arrivera c’est clair.

Source FR3.

EMPLOI COMMUNAL : « Les pénalités sont préférées à l’embauche d’un agent en situation de handicap »…

Le rapport du professeur d’économie Yannick L’Horty, de l’Université Paris-Est Marne-La-Vallée, sur les « discriminations dans le recrutement à l’égard des personnes en situation de handicap » était présenté ce mardi 1er décembre lors d’un groupe de travail du Conseil commun de la fonction publique.

« Les pénalités sont préférées à l’embauche d’un agent en situation de handicap »

 

Pour cette troisième campagne de « testing » sur les discriminations à l’embauche, vous avez étudié le handicap, plus particulièrement la déficience auditive. Pourquoi ?

Le handicap est l’un des critères de discrimination qui fait l’objet du plus grand nombre de réclamations auprès du Défenseur des Droits. C’est pourtant l’un des moins étudiés par les chercheurs. Dans notre recherche, nous l’avons comparé à trois autres critères de discriminations : l’origine, le sexe et le lieu de résidence. Nous nous sommes focalisés sur la déficience auditive parce qu’elle est très répandue et qu’elle n’a pas d’impact sur la productivité de la personne concernée. Donc a priori, cette dernière ne devrait pas être discriminée pour cette raison lorsqu’elle cherche un emploi.

Quel est le principal enseignement de votre recherche ?

L’étude montre que les discriminations à l’embauche sont fortes, du même ordre de grandeur que celles selon l’origine. Par exemple, parmi les cadres administratifs, le taux de réponse du candidat de référence est de 21,5 %, contre 16,9 % pour les candidats d’origine maghrébine et 17,6 % pour le candidat en situation de handicap. Vu que la déficience auditive n’a pas d’impact sur la productivité, on n’aurait pas dû avoir ces résultats.

L’enquête montre aussi étonnement que les personnes en situation de handicap administrativement reconnue ne bénéficient pas d’un meilleur accès à l’emploi. Les établissements ayant refusé un entretien affirment qu’ils ne dépassent pas leur obligation de 6 % d’emploi de travailleurs en situation de handicap reconnue. Les pénalités sont préférées aux coûts associés à l’embauche d’un agent en situation de handicap.

Quelles sont vos recommandations?

Nous plaidons pour mettre en place des actions correctrices permettant de lutter contre les discriminations dans l’accès à l’emploi public, en ciblant particulièrement les acteurs des fonctions publiques territoriales et hospitalières.

La FPE étant la meilleure élève, on pourrait transposer les dispositifs qui s’y sont généralisés depuis 2008 : professionnalisation du recrutement, actions de sensibilisation sur la thématique de la diversité et de la mixité, formation des acteurs du recrutement…

Avez-vous été missionné pour une quatrième campagne de testing ?

Nous sommes engagés dans un partenariat durable avec la DGAFP. Il y a un accord de principe pour une quatrième opération qui va se mettre en place progressivement. Cela implique 4 à 5 mois de collecte des données. La nouvelle campagne devrait intervenir fin 2021. L’origine et le lieu de résidence restent nos critères de recherche fixes. Il y a plusieurs pistes pour les critères variables : âge, maternité, on peut aussi croiser les critères… Les perspectives sont infinies.

Source LA GAZETTE DES COMMUNES.

TÉMOIGNAGE – Handicapée et en recherche d’emploi : « Quand on me voit en fauteuil, souvent je n’ai plus l’entretien »…

Du 16 au 22 novembre, c’est la semaine européenne pour l’emploi des personnes en situation de handicap.

Pour elles, bien souvent, trouver un travail relève du parcours du combattant.

À Beauvais, Marie-Hélène témoigne des difficultés qu’elle rencontre depuis un an.

Au chômage depuis le 31 décembre 2019, Marie-Hélène peine à trouver un travail malgré les nombreuses candidatures qu'elle envoie

Depuis un presque un an, les journées de Marie-Hélène ne sont rythmées que par un seul objectif : trouver du travail. « C’est de 7h30 le matin jusqu’à 22h le soir, confie-t-elle. En moyenne, j’envoie 4 à 5 candidatures par jour. Des candidatures motivées et ciblées. »

Cette Beauvaisienne aimerait trouver un emploi dans le domaine de l’accompagnement des personnes. Mais à cause de son handicap, sa recherche se transforme en parcours du combattant. « Quand j’ai repéré une annonce, la première chose que je fais, c’est Google Maps : je regarde l’urbanisme, à quoi ça ressemble. Je vérifie l’accessibilité en transport en commun, je fais le déplacement. Je regarde si les trottoirs sont jouables et si je peux aller et sortir facilement de l’entreprise. Ensuite, je postule. »

La première étape franchie, il faut désormais qu’elle arrive à entrer contact avec un interlocuteur. « Pendant un certain temps, j’annonçais que j’étais en fauteuil. Sur mon profil, je mettais une photo. Je n’avais aucun retour. À l’inverse, si je ne précise pas, j’ai des entretiens plusieurs fois par semaine, cela ne pose aucun souci. »

« Aménager les espaces, mais aussi les esprits »

Si les retours sont positifs, une fois arrivée à l’entretien, c’est une autre histoire. « En général, c’est la surprise. Quand on me voit arriver en fauteuil, souvent je n’ai plus l’entretien. Je peux rester longtemps à l’accueil et on me dit que finalement on ne va pas pouvoir me recevoir« , raconte-t-elle.

Selon une enquête de l’association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées (Agefiph) en mars dernier, en France 58% des dirigeants d’entreprises sont favorables à l’embauche de personnes en situation de handicap, mais ils sont plus nombreux qu’en 2018 à estimer qu’il est difficile de le faire. « C’est vrai qu’au départ, les recruteurs n’ont rien contre, mais on voit quand même dans leur regard une certaine peur. Certains vont focaliser sur tout ce que je ne peux pas faire. Il faut aménager les espaces mais aussi les esprits. Et ça c’est encore compliqué« , témoigne Marie-Hélène.

Toujours selon l’Agefiph, si le nombre de demandeurs d’emploi en situation de handicap a diminué pour la première fois plus vite que les autres (-4 % sur un an contre -3 %) et représente au premier semestre 8,6 %, les personnes handicapées restent fragilisées sur le marché du travail du fait de leur âge (la majorité est âgée de plus de 50 ans) et d’un chômage de longue durée qui continue de progresser. « C’est compliqué déjà quand on est une femme. Le handicap rajouté à ça, ce n’est pas terrible, plus les 50 ans… Vous cumulez finalement plusieurs handicaps« , confie Marie-Hélène.

La crise sanitaire, une épreuve supplémentaire

Si aujourd’hui, elle préfère rester positive et optimiste, la crise sanitaire est une épreuve supplémentaire dans sa recherche d’emploi. « C’est un motif de refus. On me dit que je suis fragile. On décide pour moi, on me dit que ça va être compliqué, que je suis à risque alors que je n’ai pas de problèmes pulmonaires« , affirme-t-elle.

La présidente de l’Agefiph, Malika Bouchehioua, estime cependant que « la crise économique et sociale provoquée par la Covid19 peut être l’occasion de consolider et d’accélérer la construction d’une société plus inclusive. » Dès le confinement du printemps, l’association a mobilisé 40 millions d’euros pour soutenir les entreprises, les salariés, les demandeurs d’emploi et travailleurs indépendants en situation de handicap.

Source FR3.

Handicap : Quelles sont les règles et les aides pour inciter les entreprises à embaucher ?…

EMPLOISi les personnes handicapées représentent 7 % des adultes, leur taux de chômage s’élève à 18 %.

Handicap : Quelles sont les règles et les aides pour inciter les entreprises à embaucher ?

D’après les données de l’Insee, 2,8 millions de personnes en âge de travailler sont reconnues handicapées en France, soit environ 7 % des 15-64 ans. Hélas, ce public peine à trouver du travail. Toujours selon les estimations de l’Institut national de la statistique, le taux de chômage atteignait ainsi 18 % pour ce public spécifique en 2018, contre 9 % pour l’ensemble de la population.

À défaut d’une insertion professionnelle naturelle, l’État a donc instauré différents coups de pouce pour motiver les entreprises.

Une obligation légale d’emploi

Depuis la loi du 10 juillet 1987, toutes les entreprises qui comptent au moins 20 salariés ont l’obligation d’embaucher un minimum de 6 % de personnes handicapées. Trois décennies plus tard et après diverses réformes sur les modalités de calcul, dont la dernière datant de 2018 est entrée en vigueur le 1er janvier 2020, cette règle clé est toujours à la base de la législation sur le handicap et l’emploi.

Les salariés concernés doivent se trouver dans l’une des sept situations prévues par la loi pour entrer dans ce quota. Citons ainsi la reconnaissance de travailleur handicapé (RQTH), le bénéfice d’une pension d’invalidité s’accompagnant d’un certain pourcentage d’incapacité, à moins d’être un ancien militaire ou un sapeur-pompier volontaire, la possession d’une carte mobilité inclusion mention invalidité ou encore la perception de l’allocation aux adultes handicapés (AAH).

Si la loi a créé un quota de recrutement, elle laisse cependant toute latitude aux entreprises pour s’acquitter de cette contrainte. En effet, n’importe quel type de contrat, depuis le CDI à l’intérim ou au stage, peut être signé, sachant que le décompte s’apprécie en équivalent temps plein en moyenne sur l’année. De même, les contrats de sous-traitance sont également pris en compte et permettent aux entreprises de réduire la cotisation qu’elles doivent sinon verser à l’Agefiph (l’Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées) lorsqu’elles n’atteignent pas la proportion de 6 % de salariés handicapés.

Les coups de pouce de l’Agefiph

Il arrive que le recrutement d’une personne en situation de handicap nécessite certains aménagements spécifiques, et donc des frais supplémentaires par rapport à une embauche classique. L’Agefiph est chargée d’attribuer une série d’aides financières visant à l’accueil et à l’intégration de l’employé, l’adaptation de son poste de travail, mais également son maintien dans l’emploi et sa formation. Des dispositifs sont également dédiés à l’aide à l’embauche en contrat de professionnalisation ou d’ apprentissage. À chaque situation correspondent alors des conditions particulières à respecter, afin d’obtenir une enveloppe dont le montant oscille d’ordinaire entre 2.000 et 3.000 euros.

Dans le cadre de la crise sanitaire liée au coronavirus, l’organisme paritaire a adapté et renforcé ces subventions, afin d’encourager et de sécuriser la reprise d’activité. Prise en charge des surcoûts liés aux équipements spécifiques de prévention Covid-19, simplification des démarches liées aux aides de maintien dans l’emploi ou encore soutien pour la mise en place du télétravail font partie des mesures exceptionnelles prévues, pour l’heure, jusqu’au 28 février 2021.

Source 20 MINUTES.