Quand la musique rallume la flamme dans les Ehpad malmenés par la Covid-19…

Sur le front de la guerre sanitaire, les Ehpad furent les fantassins des premières lignes qui tombèrent par dizaines, fauchés par le virus ou les conséquences de l’isolement forcé.

Quatorze mois plus tard, la vie « d’avant » reprend. Doucement.

En musique pour remettre en harmonie l’orchestre du corps.

Quand la musique rallume la flamme dans les Ehpad malmenés par la Covid-19

 

Le Montbéliardais Florent Puppis qui aligne vingt-quatre ans d’expérience en gériatrie, cite volontiers un proverbe africain : « Une personne âgée qui se meurt et une bibliothèque qui brûle  » Car, embraye le musicothérapeute dans une institution pour personnes âgées en Suisse, « la connaissance, la transmission des valeurs, la sagesse s’éteignent. Dans nos sociétés, une personne âgée qui se meurt est un appartement qui se libère. Ça me pose vraiment soucis. La société aurait tort de mettre au rebut ses anciens ».

Des anciens que Florent Puppis observe, écoute, soutient via la musicothérapie depuis la sortie du confinement avec la reprise des visites familiales et des animations.

La Covid a déshumanisé les relations

Comment ont-ils vécu cet isolement forcé dicté par un virus mortel et planétaire ? « Très très mal malgré tous les accompagnements mis en place par des équipes extraordinaires dans les Ehpad qui ont fait ce qu’elles pouvaient avec leurs cœurs et leurs bras pour faire face à une situation totalement inédite et angoissante. »

La Covid a déshumanisé les relations

L’âge moyen d’entrée en Ehpad est de 85 ans. Souvent dans des situations d’urgence avec des personnes dépendantes et fragiles.

Ceux qui ont vécu la dernière guerre, la faim, les bombes assurent que la pandémie fut pire

Florent Puppis

« On le dit peu mais la personne admise en institution perd une partie de son identité », note Florent Puppis. « Elle n’est plus dans sa maison ou son logement donc n’a plus ses repères spatio-temporels. Elle sait que ce qui a été ne sera plus, que l’Ehpad est sa dernière demeure. Vous ajoutez à cela la Covid qui a déshumanisé les relations. Inutile de se voiler la face : le virus a mis le personnel et les résidents en état de stress. Les visites et les activités qui maintiennent du lien social ont été stoppées avec l’isolement que ça suppose. »

Le lâcher prise

Puis il y a eu les morts. Beaucoup de morts dans les maisons des seniors. Liées au coronavirus. Aussi au syndrome de glissement. Ce que Florent Puppis nomme pudiquement « le lâcher prise. Fragiles, fatiguées, les personnes âgées renoncent et se laissent mourir ». De cette période virale, sous cloche et anxiogène, les anciens disent peu ou prou la même chose : « Celles et ceux qui ont vécu la dernière guerre, la faim, les bombes assurent que la pandémie fut pire. Beaucoup plus dure car d’une évidente violence psychologique. »

Résultats extraordinaires de la musique sur la maladie d’Alzheimer

En douceur, la vie reprend dans les maisons pour personnes âgées. L’enseignant à la fac de musicologie de Besançon et à l’IUT de Belfort Montbéliard, par ailleurs responsable de la vie socioculturelle au sein de la fondation suisse, a repris ses ateliers de musicothérapie.

Quand la musique rallume la flamme dans les Ehpad malmenés par la Covid-19

Car la musique en général, les sons en particulier sont essentiels pour attiser la mémoire, les émotions et l’étincelle de la vie.

« Notre notre corps est un véritable orchestre »

« Notre cœur bat, nos cellules vibrent, le sang circule, bref notre corps est un véritable orchestre. Nous avons tous de la musique en nous », s’enthousiasme Florent Puppis qui utilise les instruments de percussion, aussi le bol tibétain et le bol chantant en cristal de quartz dont les vibrations sonores et positives stimulent le corps, le mental et l’émotionnel, favorisent la relaxation.

Des malades Alzheimer sont capables de chanter sur un morceau alors que d’ordinaire ils ne parviennent plus à composer une phrase

Florent Puppis

Les neurosciences ont prouvé que le son a une influence sur les ondes cérébrales, le système nerveux, la chimie du corps.

Réminiscence du passé

Florent Puppis dispose aussi de sa playlist dont les extraits musicaux causent aux souvenirs des personnes âgées. « La musique est fondamentale dans la réminiscence du passé », dit-il. « Elle suscite en nous un profond sentiment de sécurité. »

Les résultats sont d’ailleurs extraordinaires sur les malades Alzheimer. « Ils sont capables de chanter sur un morceau alors que d’ordinaire ils ne parviennent plus à composer une phrase. » Kant l’écrivait. La musique est l’art qui fait revivre !

Le clip des mémés a fait plus d’un million de vues

Le clip des mémés a fait le buzz sur la toile en 2018. Aujourd’hui encore, il suscite des commentaires.   Capture de vidéo.

La musique fut le vecteur d’une furieuse dynamique à l’Ehpad la Résidence du Parc à Audincourt et à l’association d’aide et de soins à domicile des personnes âgés Colchique à Belfort. Sur la musique de « Je veux » de Zaz, les mamys ont commis un clip de 5 minutes titré « les mémés s’éclatent » vu plus d’un million de fois sur You Tube. Un clip message où les mémés de 80 ans et plus font savoir qu’elles ne comptent pas pour des prunes, préfèrent « le rock au tricot », ont besoin de « respect et considération ». Besoin aussi de personnel pour soutenir le grand âge. Un message porté en 2018 jusqu’au Sénat et à l’Assemblée nationale.

Le clip pétillant porté par des mamys pétulantes a fait souffler un zef revigorant sur l’Ehpad. « Je marche la tête haute » nous confiait à l’époque l’énergique Mauricette Cassis, 86 ans qui aurait bien aimé accueillir à l’Ehpad celui qu’elle nomme alors « le gamin » (N.D.L.R. Emmanuel Macron) et «Madame Brigitte ». Mauricette n’en aura pas le plaisir. Elle est décédée l’an dernier. Demeure ses copines de l’aventure musicale : Jacqueline, Marie-Thérèse, Colette et les autres. 2020 fut une année difficile, le temps passe mais le clip demeurera.

Source EST REPUBLICAIN.

Jura. Une soignante accusée de maltraitance par ses collègues à l’Ehpad de Salins…

Une partie du personnel estime que la soignante en question est maltraitante, et dénonce l’immobilisme de la direction et de l’ARS, malgré une enquête interne.

La résidence Artémis fait partie du groupe Colisée.

 

L’an dernier, des salariés de la Résidence Artémis de Salins-les-Bains signalent à leur direction et à l’ARS ce qu’ils jugent être de la maltraitance de résidents de la part d’une aide-soignante. En février 2020, une enquête interne est ouverte à ce sujet. Tous les salariés sont invités à témoigner par écrit de faits de maltraitance qu’ils auraient pu constater dans l’Ehpad.

Humiliations verbales

Ces témoignages, écrits, restent confidentiels. Mais plusieurs salariées affirment y avoir fait part d’incidents survenus entre l’aide-soignante en question et les résidents : des humiliations verbales, surtout. Mais aussi parfois physiques : une résidente poussée dans le dos pour rentrer plus vite dans sa chambre, une autre se voyant enfoncer une cuillère dans la bouche parce qu’elle ne voulait pas manger.

Une inaction qui étonne des salariées

Suite à l’enquête, la salariée, par ailleurs enceinte, est mise en arrêt de travail. Et les salariés n’ont plus de nouvelle de l’affaire. Début 2020, un nouveau directeur, Alexis Gagliardi, prend la tête de l’Ehpad, puis, en mars, le retour de l’aide soignante est annoncé. Certains s’étonnent alors que leurs témoignages n’aient pas donné lieu à des sanctions, et que leur collègue puisse à nouveau travailler au contact des résidents.

Un signalement dès 2018

« La direction nous a simplement répondu de la surveiller, mais ce n’est pas notre rôle. Elle n’a aucune patience, elle n’aime ni les résidents ni son travail, il faut qu’elle fasse autre chose. »

Une aide-soignante interrogée

Trois autres salariées ont également témoigné de comportements inappropriés de leur collègue. D’autant que les premiers signalements ne datent pas de 2020. En avril 2018, déjà, une infirmière fait un courrier à l’ARS de Bourgogne-Franche-Comté. Dans la réponse de l’institution, que Voix du Jura a pu consulter, l’agence régionale de santé lui conseille de se tourner plutôt vers sa direction. Sans résultat.

Main courante

Quelques mois plus tard, la même infirmière dépose une main courante à la gendarmerie. Se disputant avec sa collègue sur le parking de l’établissement, cette dernière l’aurait poussé et fait tomber au sol.
Les témoignages recueillis par Voix du Jura convergent. Ils décrivent une aide-soignante parlant systématiquement mal aux résidents, atteints d’Alzheimer : « Dégagez dans votre chambre, vous puez ! », « si c’est pour faire ça, mieux vaut encore ne rien faire » à une résidente lors d’une activité, « j’en ai rien à foutre ! » hurlé sur une autre. Une dame ne voulant pas manger aurait été secouée sur son fauteuil pour la forcer.

Un comportement qui n’a pas évolué

Et les choses ne se seraient visiblement pas arrangées depuis son retour d’arrêt de travail.

« Fin mars, elle m’a dit qu’une résidente dormait pour ne pas avoir à la faire manger, ce qui était faux. »

Une infirmière

Le directeur actuel de l’établissement, Alexis Gagliardi, dit prendre très au sérieux ces accusations.

« Je n’étais pas directeur au moment de l’enquête. Il y a eu à ce moment-là des choses dites, mais rien de factuel et avéré, avec des faits précis et des dates précises. Il y a un code du travail, on ne peut pas licencier quelqu’un sans ces bases-là. »

Alexis GagliardiDirecteur de l’Ehpad

Il précise aussi que l’ARS a suivi l’enquête, et n’a pas non plus décidé de prendre des mesures. Le directeur liste aussi les actions de son établissement pour lutter contre la maltraitance : formation des équipes à la manière de signaler un cas, charte de la bientraitance rédigée par la neuropsychologue de l’Ehpad, rappelle de ces principes à l’aide soignante mise en cause à son entretien de reprise. Il a également fourni à Voix du Jura les résultats de l’étude de satisfaction 2021 des salariés de son Ehpad. En moyenne, ceux-ci accordent 8 sur 10 aux relations avec leurs collègues.
L’ARS, de son côté, dit avoir été saisi et être en train d’examiner les faits.

Source ACTU.

Coronavirus : Les droits et libertés des résidents d’Ehpad « grandement entravés » pendant la crise sanitaire…

EPIDEMIEViolations de la liberté d’aller et venir, ainsi que du droit au maintien des liens familiaux.

Coronavirus : Les droits et libertés des résidents d’Ehpad « grandement entravés » pendant la crise sanitaire

 

Les droits et liberté des résidents en Ehpad ont été bien plus bafoués au cours de la crise sanitaire que pour le reste de la population dénonce mardi la Défenseure des droits dans un rapport. Le phénomène n’est pas nouveau puisque ces six dernières années déjà, 900 réclamations dénonçant les conditions et les modalités d’accompagnement médico-social des personnes âgées ont été adressées à cette autorité administrative indépendante, dont 80 % mettaient en cause un Ehpad.

Cependant, les saisines et témoignages se sont accrus ces derniers mois du fait de la pandémie liée au Covid-19, dénonçant notamment « une augmentation, de la part des directions des établissements, de violations de la liberté d’aller et venir des résidents ainsi que de leur droit au maintien des liens familiaux », précise le rapport qui formule une soixantaine de recommandations pour garantir leur « liberté ».

Interdiction de sortie pendant le déconfinement

Réalisation de tests de dépistage sans consentement, maintien de restrictions de sorties pendant les périodes de déconfinement, interdiction des sorties à proximité, des visites de proches ou d’aidants familiaux pendant plusieurs semaines, impossibilité pour des familles de voir leur proche décédé car immédiatement mis en bière, maintien des interdictions de sortie pour les résidents vaccinés… De nombreux exemples sont cités.

« L’examen de ces réclamations montre, de manière récurrente, des atteintes aux droits fondamentaux, au respect de la dignité et l’intégrité des personnes accueillies », souligne la Défenseure des droits, Claire Hédon.

« Les restrictions ne peuvent être laissées à la seule appréciation des directions d’Ehpad »

« La crise sanitaire a mis en évidence les difficultés, pour les pouvoirs publics, à concilier les enjeux de santé publique avec la nécessité d’une réponse appropriée aux besoins spécifiques des personnes âgées accueillies en Ehpad afin de préserver non seulement leur santé, mais aussi leurs droits et libertés », poursuit la Défenseure, regrettant une « difficile accessibilité et lisibilité » des normes en vigueur instaurées par le gouvernement.

« Les restrictions, qui peuvent être gravement attentatoires à la liberté, ne peuvent être laissées à la seule appréciation des directions d’Ehpad. Elles doivent faire l’objet d’un encadrement strict sur la base de l’égalité pour l’ensemble de la population », considère en outre l’institution.

Parmi les 64 recommandations du rapport figure la nomination systématique d’un « référent consentement », la fixation d’un « ratio minimal de personnels travaillant en Ehpad » établi à 0,8 effectif à temps plein (ETP) par résident, ou encore de veiller à ce que les décisions liées au renforcement des mesures sanitaires soient « proportionnées » et prises « pour une durée déterminée ».

Source 20 MINUTES.

Seine-Saint-Denis : des résidents d’Ehpad dépouillés par des auxiliaires de vie. Le préjudice subi s’élève à 80.000€…

Trois salariés travaillant dans une maison de retraite de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et une clinique parisienne viennent d’être condamnés à des peines de prison.

Ils ont été confondus pour des vols de cartes bancaires et chéquiers au préjudice de pensionnaires très âgés.

Des résidents d’Ehpad dépouillés par des auxiliaires de vie

Leur trio était parfaitement organisé. Deux femmes, employées comme auxiliaire de vie et aide-soignante, et un homme, également auxiliaire de vie, viennent d’être confondus pour une série de vols commis dans un Ehpad de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et la clinique des Buttes-Chaumont à Paris (XIXe). Confondues pour une série de vols au préjudice d’une dizaine de retraités, âgés de 74 à 92 ans, en situation de grande faiblesse pour certains d’entre eux, les deux principales autrices ont été condamnées, le 30 avril, à 2 ans de prison, dont un an avec sursis par les juges du tribunal de Bobigny. Leur complice a écopé de 1 an de prison, assorti du sursis. Le préjudice subi s’élève à près de 80000 euros.

L’étude du planning d’une des suspects a permis de constater sa présence au moment des vols. « Les deux principales protagonistes de cette affaire effectuaient des vacations dans différents établissements d’accueil et de soin de retraités, souligne une source judiciaire. Elles ont été interpellées le 27 avril avant de reconnaître, tout ou partie, des faits reprochés. Nous sommes face à deux femmes, particulièrement cupides. » Au cours des perquisitions de leur domicile, les enquêteurs ont saisi 1000 euros en argent liquide ainsi que des chaussures et des vêtements de luxe pour une valeur estimée à 32 000 euros.

Source Le Parisien

« La Covid a révélé une manière de maltraiter la prise en charge de nos aînés » : un directeur d’EHPAD jette l’éponge…

Directeur général adjoint de la Mutualité française en Normandie, Sylvain Meissonnier supervisait six EHPAD.

Après 30 ans de carrière au contact des personnes âgées, il jette l’éponge.

Il dénonce un système sociétal qui a privé son travail de sens.

Sylvain Meissonnier, directeur général adjoint de la Mutualité française en Normandie a décidé de quitter ses fonctions.

 

Ils sont tous un peu sonnés. Et perdus. Depuis un an, ils traversent tous ensemble la tempête du Covid. « C’est peut-être la pire année de ma carrière« , confie Patricia Becq-Poinsonnet, directrice de l’EHPAD « les jardins d’Elsa » à Ifs, « On a vécu des choses vraiment terribles. Il y a des jours où on se demandait comment on allait pouvoir continuer notre prise en charge. C’était vraiment au jour le jour. » Dans cette tempête, les équipes des EHPAD du groupe ont pu compter sur Sylvain Meissonnier, le directeur général adjoint. « C’était le chef d’orchestre », raconte Maxime Montagne, médecin coordonnateur. « Il avait un rôle de soutien, d’encouragement. Il nous amenait ce dont on avait besoin quand c’était possible« , explique Patricia, « Il nous a aidé à tenir. » Mais aujourd’hui, le capitaine a décidé de quitter le navire.

Et l’éclaircie tant attendue depuis des mois de s’éloigner encore plus dans l’esprit des personnels. « La réalité, c’est que c’est vous les forces vives« , lance Sylvain Meissonnier à ses collaborateurs abattus, comme pour les consoler, « C’est vous, des directeurs aux aides-soignantes, des personnes qui font le ménage à celles qui sont en cusine, c’est vous qui faites le quotidien de nos aînés. En réalité, des gens comme moi on est là que pour vous dire : vous avez des projets, on va vous soutenir. Mais ce ne sont que des mots. L’action, c’est vous qui la menez. C’est vous qui faites vivre cette qualité d’accompagnement et de respect qu’on doit à nos aînés. »

Sylvain Meissonnier a travaillé près de 30 ans auprès des personnes âgées

« Je ne veux plus faire semblant de croire à un système »

Si le directeur général adjoint a foi en ses équipes, la crise de la covid a balayé ses dernières illusions. « On continue à ne pas se poser les bonnes questions sur la prise en charge, l’accompagnement, le respect qu’on doit aux personnes du grand âge« , estime Sylvain Meissonnier, « Le choix que je fais c’est de ne plus être à la manette pour abîmer la relation avec les résidents, les familles et le personnel (…) Je ne veux plus faire semblant de croire à un système auquel je ne crois plus. » Un système au sens large, à l’échelle de toute la société.

« L’objectif, c’est le bien-être des gens à qui on doit le respect, des gens qui nous ont nourris, des gens qui nous élevés »

Sylvain Meissonnier

Pour le capitaine, la boussole est cassée. « Quand on s’occupe d’un public malade, fragilisé par l’âge, on ne peut pas rentrer dans la question de l’accompagnement et de la prise en charge par la donnée économique« , pense celui qui se présente pourtant comme un gestionnaire, « La donnée économique, c’est un résultat. Ça ne peut pas être l’objectif de départ. L’objectif, c’est le bien-être des gens à qui on doit le respect, des gens qui nous ont changés, qui nous ont nourris, qui nous ont élevés, qui ont payé nos études. » Et de citer l’exemple des repas. « Est-ce que c’est respectueux d’imaginer de continuer à faire manger des résidents pour 5€10 par jour ? Nous, à 5€10, on est plutôt cher. La moyenne nationale c’est plutôt 3€50. Est-ce que vous imaginez manger quatre repas par jour pour 3€50 ? »

Des sacs poubelle pour habiller le personnel

Les aînés ne sont pas les seules victimes du système que dénonce Sylvain Meissonnier. « Ça fait 25 ans qu’on dit que les personnels des EHPAD sont les oubliés d’un système social« . Le Ségur de la santé apparait selon lui comme un premier pas en avant mais « il a fallu attendre six mois avant qu’il soit décliné dans les établissements privés non lucratifs« . Et le compte n’y est pas. « Les aides-soignantes de nos établissements vont bénéficier d’une revalorisation mais pas celles qui interviennent à domicile. Or, depuis 25 ans, on nous dit qu’il faut développer la prise en charge à domicile. Au bout d’un moment, quand on se lève le matin, on a besoin d’avoir du sens. »

La considération financière ne passe pas que par les salaires. Le début de l’épidémie en France a été marqué par le manque d’équipements de protection. « Dans les EHPAD, on habillait les personnels avec des sacs poubelle« , rappelle Sylvain Meissonnier, « C’est juste ça la vraie vie. Combien de temps, en tant que dirigeant, je vais continuer d’accepter qu’on habille des soignants avec des sacs poubelles ? »

« Quelqu’un, qui n’a sans doute jamais mis les pieds dans un EHPAD, décide de quelque chose et l’annonce dans un bureau »

Sylvain Meissonnier

Un manque de respect des pouvoirs publics qui, selon lui, va bien au-delà des moyens attribués. « Je n’ai pas envie de continuer à cautionner un système où on apprend le dimanche soir à 2O heures à la télévision que les visites vont reprendre le lendemain. Après vous avez l’ARS qui vous dit : ne vous inquiétez pas, on va vous envoyer une note pour vous expliquer comment organiser ces visites mais vous l’aurez jeudi ou vendredi. Nous sommes en plein milieu d’un désastre de communication où quelqu’un, qui n’a sans doute jamais mis les pieds dans un ehpad, décide de quelque chose et l’annonce dans un bureau. »

Hôpital ou prison

Cette envie de jeter l’éponge, Patricia Becq-Poinsonnet, directrice de l’EHPAD « les jardins d’Elsa » à Ifs, reconnait, après un instant d’hésitation, qu’elle lui a traversé l’esprit. Le 17 octobre dernier, un premier cas positif est signalé dans son établissement. Très vite, la spirale infernale s’enclenche. 90 résidents sur 100 sont touchés par le virus. « Notre établissement ressemblait plus à un hôpital qu’à un EHPAD. » Le personnel n’est pas épargné. Le coronavirus frappe aussi les salariés. Et les familles frappent aux portes, angoissées par le sort de leurs parents. « J’avais plus l’impression de tenir une prison qu’un EHPAD. Pour moi, ce n’était pas entendable. »

Patricia Becq-Poinsonnet, directrice de l'EHPAD "les jardins d'Elsa" à Ifs

Mais « l’équipe a vraiment tenu le choc« , raconte Patricia Becq-Poinsonnet. Durant cette période où le personnel est sur le pont du lundi au dimanche, le contact avec Sylvain Meissonnier est permanent. « On avait des réunions tous les jours. On pouvait appeler n’importe quand. Il y avait toujours quelqu’un qui nous répondait. » Le directeur fera même venir un glacier devant l’établissement pour réconforter personnels et résidents.

Distribution de glaces à l'EHPAD d'Ifs

Depuis le début de la crise, Sylvain Meissonnier tente, selon ses équipes, de répondre à leurs besoins mais aussi de « créer des liens entre les EHPAD, faire de l’échange d’expérience, créer une entraide et la chapeauter« , indique le médecin coordonateur, alors que les consignes des autorités sanitaires « pouvaient être en contradiction d’une semaine ou d’un jour à l’autre« . Et d’adapter les ordres venus d’en haut à la réalité du terrain. « Il réfléchissait toujours dans l’intérêt des résidents et des familles. »

Si la période la plus sombre de cette crise semble être passée dans ces EHPAD, les effets du coronavirus continuent de se faire sentir. « On se rend compte que toutes les nouvelles entrées sont des entrées trop tardives. Ces personnes auraient dû rentrer plus tôt. Mais à cause de la pandémie, pour X raisons, elles n’ont pas pu rentrer dans l’EHPAD et finalement elles arrivent très fatiguées, avec un état très altéré« , raconte Maxime Montagne, « On a énormément de décès dans les jours qui suivent les entrées, une à deux semaines après l’arrivée de ces personnes. Elles ont tenu tout ce qu’elles ont pu au domicile, dans des conditions assez précaires d’isolement.Toutes les conséquences de cette pandémie, tout cet isolement, cette non accessibilité aux soins, on le ressent maintenant. »

Maxime Montagne, médecin coordonnateur, au chevet d'un résident

« Bousculer un peu tous ces vieux modèles »

Après trente ans de carrière, Sylvain Meissonnier quittera ses fonctions le 30 juin prochain. « Si on continue malheureusement à donner envie aux passionnés de ne plus être passionné, demain, dans des établissements comme les EHPAD, on ne fera plus que des gestes techniques. Et ça, clairement, ça ne m’intéresse pas du tout« , prévient le futur ex directeur, qui envisage son départ plus comme une parenthèse que comme point final. « Je veux faire le point sur cet engagement de près de 30 ans, chercher à quel endroit je peux être utile pour faire évoluer les choses. Le prochain point de chute devra avoir du sens et permettre de bousculer un peu tous ces vieux modèles. »

Source FR3.

Le combat d’une retraitée pour retirer son compagnon d’un Ehpad…

Monique Bachet, une octogénaire de Messein, tente depuis plusieurs mois de retrouver son compagnon, résident d’un Ehpad meusien.

Dans un contexte marqué par le Covid, la situation s’est enlisée avant qu’une décision de justice ne statue en sa faveur.

Le combat d’une retraitée pour retirer son compagnon d’un Ehpad...

 

« Je ne peux laisser Maurice mourir de chagrin ». Monique Bachet ne sait plus à quel saint se vouer. Cette retraitée de 80 ans, résidant à Messein, tente depuis plusieurs mois de faire sortir son compagnon d’un Ehpad de Gondrecourt-le-Château, en Meuse. L’histoire est assez rocambolesque : Monique et Maurice, 88 ans, se fréquentent depuis 12 ans. Ils vivent ensemble, dansent, partent en vacances. Même lorsque l’homme, souffrant de troubles cognitifs, est placé sous tutelle il y a un peu plus de deux ans, la vie sociale de ce couple qui a retrouvé une vie sentimentale sur le tard reste active.

Mais en septembre, l’aidante souhaite partir en cure à Contrexéville pour se reposer. Son compagnon ne peut pas l’accompagner. À contrecœur, l’octogénaire, fatiguée, accepte le placement de l’homme dans un Ehpad. De retour de cure thermale, elle regrette amèrement son choix : « En le rappelant, je voyais qu’il dépérissait. Je m’en suis voulu ! »

Une lettre au ministre Olivier Véran

Précédemment, une opération de l’octogénaire avait nécessité un séjour temporaire de Maurice dans un établissement toulois, d’où il s’était évadé. Pour la tutelle et certains proches, l’état de santé du couple ne leur permet plus de vivre ensemble. Mais Monique Bachet n’en démord pas. Depuis huit mois, elle relance inlassablement la maison de retraite et l’Udaf (Union départementale des associations familiales) de Meurthe-et-Moselle, chargée de la tutelle, afin de faire avancer plus rapidement les choses. Elle rédige même des missives au préfet et au ministre de la Santé Olivier Véran, lui enjoignant d’agir.

« Je lui parlais des mésanges qui venaient sur notre terrasse. Ça lui faisait du bien ». Monique Bachet

 

En octobre, la Messinoise a droit à une visite, à travers une vitre. Quelques semaines plus tard, elle retourne à Gondrecourt-le-Château en catimini. Elle, derrière une haie, lui à sa fenêtre. Telle une Roxane rendant la pareille à son Cyrano, elle lui glisse des mots doux, par téléphone : « Je lui parlais des mésanges qui venaient sur notre terrasse. Ça lui faisait du bien ».

Ce sera l’un des derniers contacts qu’elle aura avec son « chéri ». Il ne sera plus joignable, faute de recharge pour son téléphone. « Il n’a pas dû comprendre. Maurice a payé pour moi », s’emporte la retraitée, « personne ne me tient au courant, je ne sais pas dans quel état il est », souffle-t-elle dans un sanglot.

« Il n’y a eu aucun frein aux visites », s’est défendu la direction de l’Ehpad, tout en reconnaissant que l’une d’entre elles a été annulée, sans donner de précisions.

Menaces de défenestration

Fin mars, la justice a statué en faveur du couple ; le juge des contentieux de la protection a décidé que Maurice devait revenir chez sa compagne « pour sa santé psychique et cognitive ». Une expertise psychiatrique du résident, jointe au dossier, fait état d’une situation sociale préoccupante : dans son rapport, le médecin note « un détachement affectif » ainsi qu’un « isolement progressif ». Il requiert un retour au domicile de Mme Bachet, en raison « de demandes incessantes de rentrer chez lui » et de « menaces de défenestration ». Depuis le 22 mars, date de l’ordonnance du tribunal, Monique Bachet assure n’avoir aucune nouvelle de l’évolution de la situation, malgré ses démarches administratives.

« Le problème est en train de se régler. S’il n’y avait pas eu le Covid, cela aurait mis trois semaines », a plaidé Emmanuel Thibaut, directeur général de l’Udaf. « Il n’y a eu aucune volonté de séparer les personnes ou de perdre du temps », reprend-il, tout en reconnaissant les difficultés que Mme Bachet a eues à voir son compagnon. Il assure que toutes les conditions nécessaires, notamment les aides à domicile, sont enfin réunies pour le retour de Maurice chez sa compagne, prévu le 10 mai, sans cacher sa crainte de voir la situation se reproduire dans quelques mois.

La retraitée assure qu’elle peut encore s’occuper de son compagnon. Mais a peur qu’il ne soit déjà trop tard : « Je vais récupérer un homme qui a souffert ».

Source EST REPUBLICAIN.

Baisse du taux d’occupation dans les Ehpad : les professionnels inquiets…!

Cette baisse est en partie due aux nombreux protocoles sanitaires qui ont retardé les admissions de nouveaux résidents.

Korian a connu une baisse de 5 points du taux d'occupation de ses établissements depuis le début de la crise.

 

« La situation est inédite » partage Annabelle Vêques, la présidente de la Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées (Fnadepa). Alors que les taux d’occupation étaient toujours très élevés et les listes d’attente prises d’assaut, beaucoup d’Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ne croulent désormais plus sous les demandes. Une évolution qui suscite des inquiétudes.

Le groupe Korian, leader du secteur avec près de 500 établissements en France, a connu depuis le début de la crise sanitaire « une baisse de 5 points du taux d’occupation » de ses établissements, partage le groupe. Selon Korian, cette baisse est due à l’effet combiné de plusieurs facteurs, liés à la pandémie. En premier lieu, les protocoles sanitaires, nombreux et très contraignants.

« Quand il y a des cas de Covid, les protocoles de l’ARS et du ministère de la santé n’autorisent pas l’arrivée de nouveaux résidents » explique la direction. Des mesures sanitaires compréhensibles, mais qui grippent le bon fonctionnement des Ehpad. Pour Annabelle Vêques ces protocoles – «plus de 50 depuis le début de la pandémie» – ont retardé de nombreuses admissions : « les gens se sont dit qu’ils allaient différer, attendre que la crise passe, ils ne voulaient pas voir leur proche que tous les 15 jours ». Même si des dérogations sont accordées pour les « situations urgentes », les admissions ont été ainsi presque gelées lors du premier confinement.

Pour la directrice de la Fnadepa, cette situation est préoccupante, car si la santé des résidents est bien sur la priorité des directeurs d’établissements, ces derniers ne peuvent pour autant évacuer la question économique. «Le modèle économique des Ehpad est viable seulement si le taux d’occupation est très élevé», explique-t-elle.

Ces inquiétudes ne sont toutefois pas partagées par tous les directeurs d’établissement : « Il y a de forte disparité selon les régions » précise la direction de Korian. Pour la directrice de la Fnadepa, « il faudrait une enquête nationale de l’État pour y voir un peu plus clair » et mieux cerner l’ampleur de ces transformations.

Que laissent augurer les campagnes de vaccination ? « Avec le vaccin cela repart, mais on n’a pas retrouvé les niveaux d’avant crise » déclare le service presse de Korian. Malgré tout, la présidente de la Fnadepa reste confiante : « les résidents sont maintenant primo-vaccinés à 99%, les personnes dans nos maisons de retraite seront donc les lieux les plus sécuritaires de France. La collectivité qui était auparavant un risque crée désormais une bulle sanitaire ».

Des informations qui devraient rassurer les personnes dépendantes et leurs familles et ce d’autant plus qu’une défiance grandissante envers ces établissements s’est développée avec la crise. Une dizaine d’Ehpad fait en effet l’objet de plaintes, ces établissements sont accusés d’avoir délaissé les résidents pendant la crise sanitaire. Des scandales de plus en plus nombreux et qui n’aident pas à redorer l’image déjà négative des Ehpad.

Cette réputation pousse même certaines personnes à trouver d’autres solutions. « Avec mes frères et sœurs nous envisagions l’an dernier de placer notre mère en Ehpad » raconte Louise*, la soixantaine et dont la mère – dépendante depuis peu – souffre de plusieurs pathologies.

Malgré « de vives pressions exercées par le corps médical » Louise et sa famille ont finalement opté pour une solution alternative à l’Ehpad : le maintien à domicile avec hébergement d’un étudiant et « le recours à tous les moyens d’assistance financièrement accessibles » comme l’aide à domicile, la douche à l’italienne, etc. Ces alternatives auraient connu un grand succès à la faveur de la crise sanitaire comme l’affirme Aurélie Besançon, directrice marketing de Ouihelp, une agence d’aide à domicile qui compte une vingtaine d’antennes en France : « Nous avons dû recruter davantage pour faire face à la demande».

La jeune directrice constate chez les «aidants», les proches des personnes dépendantes, une «peur de l’Ehpad». «Au-delà du moral de leur proche, les gens s’inquiètent désormais pour leur santé» explique la directrice. À l’avenir, le recours à l’aide à domicile pour les personnes au seuil de la dépendance sera peut-être plus systématique.

*Le prénom a été modifié

Source LE FIGARO.

Covid-19 : l’incompréhension d’un résident, isolé dans son Ehpad après un déjeuner chez son fils…

La crise sanitaire continue à être une épreuve pour les aînés hébergés en Ehpad.

Malgré les protocoles transmis aux familles des résidents de Rion, des Ombelles et de Foug, certains y perdent leur latin.

A ses dépends et bien que vacciné, Sam Vergne s’est vu placé à l’isolement à son retour d’un repas de famille.

Covid-19 : l’incompréhension d’un résident, isolé dans son Ehpad après un déjeuner chez son fils

 

« Je ne critique pas l’Ehpad, ce sont des amours. » Sam Vergne, en pleine possession de ses moyens à 93 printemps moins quelques semaines, n’a rien contre l’établissement de Foug où il est hébergé depuis novembre 2018. Seulement, son déjeuner dominical pris chez son fils à Domgermain lui a laissé comme un goût amer en bouche. A son retour, le vaillant nonagénaire s’est en effet vu consigner dans sa chambre, sans interaction possible avec les autres résidents et ce, « durant sept jours », lui a-t-on annoncé.

« Il m’a assuré qu’on ne l’avait pas prévenu à l’avance », détaille au téléphone l’un de ses trois fils, installé à Nice. « S’il avait su ce qui l’attendait, jamais il se serait sorti ! » Inquiet pour ce père « catastrophé » par la situation – et habituellement peu enclin à appeler à l’aide -, l’homme a voulu mettre en lumière une affaire ni claire pour l’intéressé, ni pour sa famille.

Un rescapé du virus

Car Sam Vergne a déjà contracté la Covid-19 en novembre 2020. Le virus l’a atteint au point de passer un mois aux urgences, mais ne l’a pas terrassé. « Il a même développé les anticorps », relève au passage son fils. Un premier médecin lui a conseillé d’attendre six mois après guérison pour se faire vacciner. Un second a annoncé trois mois. Moralité, Sam Vergne a reçu une première injection de Pzifer à l’Ehpad. Il pensait qu’une seule piqûre suffirait vu qu’il avait été déjà malade. Que nenni. Une seconde lui a été administrée ce jeudi 22 avril.

Pensant que les sorties étaient autorisées, le policier retraité s’en est donc allé déjeuner chez cet autre fils installé dans le Toulois… Et patatras, la nouvelle est tombée, alourdie, ce lundi, par l’annonce du décès d’un beau-frère. « Il ne pourra pas aller à l’enterrement », déplore le fils niçois qui craint aujourd’hui de voir son paternel sombrer. « C’est un homme de contact. Pour lui, c’est la punition. » Contacté, l’intéressé dit effectivement « ne rien comprendre » et affirme cash : « je suis catastrophé. Je ne sais pas si les gens peuvent se mettre à ma place. »

Joint ce lundi, le directeur de l’Ehpad, Hervé Pierrot, se veut rassurant. Le confinement de ce résident « très actif » sera levé mercredi soir. Soit à l’issue de la semaine réglementaire qui assure l’efficacité du vaccin. Le responsable est également formel : il pourra assister aux funérailles de son beau-frère. Pour cela, Sam Vergne devra se conformer à un test antigénique et portera un masque FFP2 le jour J. A son retour à l’Ehpad, point de mise à l’écart : le nonagénaire retrouvera sa liberté comme avant. Pour l’heure, si les contacts restent prohibés avec les autres pensionnaires, le retraité peut s’aérer sur un balcon. Et si l’ancien policier a prévu d’avancer dans l’écriture de ses mémoires, il doit surtout s’armer de patience.

Source EST REPUBLICAIN.

Coronavirus : Pourquoi il faut absolument sécuriser des doses de vaccin pour les nouveaux résidents d’Ehpad…

VACCINATION Si les autorités sanitaires assurent que 100 % des résidents d’Ehpad ont reçu leur première dose de vaccin anti-Covid, il y aurait en réalité chaque mois des milliers de nouveaux résidents qui, eux, arrivent en Ehpad pas encore vaccinés.

Coronavirus : Pourquoi il faut absolument sécuriser des doses de vaccin pour les nouveaux résidents d’Ehpad

 

  • Première population ciblée par la campagne vaccinale contre le Covid-19, les résidents d’Ehpad ont à ce jour presque tous été vaccinés.
  • Le ministère de la Santé indique ainsi que 100 % des résidents ont reçu leur première dose de vaccin.
  • Mais le secteur précise que chaque mois, les Ehpad accueillent des milliers de nouveaux résidents qui, souvent, arrivent sans avoir encore eu accès au vaccin. D’où son appel pour qu’un stock de doses soit sécurisé pour les prochains mois.

Objectif atteint. A ce jour en France, 100 % des résidents d’Ehpad et d’unités de soins de longue durée (USLD) ont reçu leur première injection de vaccin anti-Covid, selon les tout derniers chiffres du ministère de la Santé. Et 76 % ont d’ores et déjà reçu leurs deux doses. Pour les autres, ce n’est qu’une question de jours avant de recevoir leur deuxième injection, puisque pour les résidents d’Ehpad, le délai entre les deux doses n’est que de 21 jours, pour leur assurer une protection contre le coronavirus la plus optimale et rapide possible.

Forcément, les chiffres ont de quoi réjouir. Mais cela signifie-t-il que le Covid-19 est pour de bon hors des Ehpad et que la totalité des résidents ont été vaccinés ? Pas tout à fait.

Un renouvellement important des résidents

99 % dimanche. 100 % ce mardi. Le ministère de la Santé suit de près et actualise quotidiennement ces chiffres pour les résidents d’Ehpad. Une couverture vaccinale maximale, mais qui accuse peut-être un léger décalage avec la réalité du terrain. « Les 100 % annoncés sont fondés sur la capacité globale des Ehpad et USLD à vacciner. Les « vrais » chiffres tournent plutôt aux alentours de 90 à 92 % de premières doses administrées, indique Yann Reboulleau, dirigeant de Philogeris Résidences, un groupe d’une douzaine d’Ehpad. Ce qui est malgré tout très bon, ajoute-t-il. En réalité, on n’est pas à 100 % ». Pour sa méthodologie, Santé publique France précise que « du fait de l’impossibilité d’identifier les populations cibles en tant que telles dans Vaccin Covid [l’outil numérique de suivi de la vaccination], des algorithmes sont mis en place afin d’estimer au mieux les populations cibles sur la base des données disponibles », et rappelle notamment « l’absence de codage pour les résidents en Ehpad ou USLD ».

Mais surtout, « au moment où la vaccination a commencé, les Ehpad n’étaient pas remplis, et ces derniers mois, il y a eu beaucoup d’arrivées de nouveaux résidents, souligne Yann Reboulleau. En dehors du contexte particulier de la pandémie, il y a en moyenne 15.000 résidents qui décèdent chaque mois en France, soit environ 180.000 par an. C’est une réalité : ce public vient passer la dernière partie de sa vie en Ehpad. Depuis de début de l’année, des milliers de nouveaux résidents se sont installés en Ehpad, et ce que nous observons, c’est qu’ils arrivent majoritairement non vaccinés. Ce sont souvent des personnes âgées qui vivaient isolées à domicile, déjà fortement en perte d’autonomie et qui n’ont donc pas eu la possibilité d’aller vers le vaccin avant leur arrivée ».

« On ne peut pas empêcher le Covid-19 de circuler »

Problème : le virus, lui, est toujours là. « On ne peut pas empêcher le Covid-19 de circuler. Les deux tiers des Ehpad y ont été confrontés et il continuera à circuler aussi longtemps que l’épidémie sera en cours, estime Yann Reboulleau. Certes, on n’aura plus des clusters de plusieurs dizaines de personnes comme nous avons pu en connaître lors des deux premières vagues, mais les contaminations restent possibles. On le voit, il y a des cas recensés dans différents Ehpad où les résidents ont pourtant été vaccinés. La bonne nouvelle, c’est que ce sont des cas bénins voire asymptomatiques, et les protocoles sanitaires et les gestes barrières restent de rigueur. Mais forcément, un nouveau résident qui arrive non vacciné risque toujours d’attraper la maladie et surtout de développer une forme grave ».

Et après de longs mois d’un isolement difficile pour les résidents, plus question pour eux d’en repasser par là. « Le virus ne doit plus impacter collectivement les établissements, qui doivent fonctionner dans des conditions normales. Les résidents sont privés de tous les petits plaisirs de ce moment de leur vie : le contact des proches, la possibilité de voir leurs petits-enfants, de partager un repas en famille, de sortir se balader, déplore-t-il. Rien ne justifie de remettre les établissements sous cloche : quand on regarde les chiffres de la troisième vague, on observe qu’elle ne touche pas les Ehpad et les personnes très âgées, à la différence des deux premières. S’il n’y avait pas eu la vaccination en Ehpad, la mortalité aurait sans doute été encore plus forte que durant les vagues précédentes. Aujourd’hui, il faut laisser les résidents vivre ».

Sécuriser des doses de vaccin pour les nouveaux résidents

D’où l’importance capitale d’assurer la vaccination de ces nouveaux résidents. « L’évolution de l’épidémie en Ehpad démontre la pertinence d’avoir vacciné en priorité les personnes âgées. La vaccination est un immense soulagement. C’est pourquoi il est impératif d’approvisionner en continu les Ehpad de 100.000 doses par mois jusqu’en juin, puis de 50.000 doses mensuelles, afin de poursuivre la protection des nouveaux résidents et des personnels jusqu’à la fin de l’année, et de rassurer les familles », abonde Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du SYNERPA, le premier syndicat des Ehpad privés.

« Il y en aura de moins en moins, mais aussi longtemps qu’il y aura des personnes âgées à domicile pas encore vaccinées, on verra arriver de nouveaux résidents pas vaccinés, à qui l’on doit pouvoir administrer un sérum anti-Covid dès leur arrivée, renchérit Yann Reboulleau. Pour cela, il faut sécuriser des doses, conserver des modalités spécifiques d’approvisionnement ».

Source 20 MINUTES.

Coronavirus : Age, région, état de santé… Qui sont les 100.000 personnes mortes du Covid-19 en France ?…

Santé publique France a annoncé ce jeudi que la barre des 100.000 morts du Covid-19 avait été officiellement dépassée.

Coronavirus : Plus de 500 nouveaux décès en 24 heures (Illustration)

 

  • Il y a désormais plus de 100.000 morts du coronavirus en France.
  • Selon Santé publique France, 57 % des personnes décédées de la maladie sont des hommes, 93 % sont âgées de plus de 65 ans et 41,5 % étaient atteintes de comorbidités.
  • Les régions les plus endeuillées au début de la crise étaient l’Ile-de-France et le Grand-Est.

Le chiffre symbolique est officiellement atteint. 100.000 personnes sont décédées du coronavirus en France depuis le début de l’épidémie. Qui sont ces personnes ? Où vivaient-elles ? Souffraient-elles déjà de problèmes de santé ? 20 Minutes dresse le portrait-robot des individus derrière ce bilan, grâce aux données de Santé publique France et celles recensées par le Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de Décès ( CépiDc).

Lors de la première vague en mai 2020, Santé publique France indiquait que 84 % des décès concernaient des personnes atteintes de comorbidités et 92 % étaient âgées de plus de 65 ans. Un peu moins d’un an plus tard, le taux de décès lié au Covid-19 reste le plus élevé chez les personnes de plus de 65 ans présentant des comorbidités.

Majoritairement des hommes, âgés, et atteints d’une ou plusieurs comorbidités

Depuis le début de l’épidémie, 58 % des personnes décédées du Covid-19 sont des hommes. Entre mai 2020 et avril 2021, l’âge moyen du décès se situe entre 84 et 85 ans et 93 % des personnes décédées avaient 65 ans et plus. Parmi les plus jeunes (moins de 20 ans), seules douze personnes sont mortes de la maladie en France.

Mais l’âge n’est pas le seul facteur à prendre en compte, comme le rappelle Catherine Hill, épidémiologiste et bio statisticienne : « l’âge et les comorbidités jouent tous les deux un rôle dans les formes graves du Covid-19 ». Selon Santé publique France, sur 43.000 certificats de décès reçus par le CépiDc, 65 % des personnes décédées étaient déjà fragilisées par une ou plusieurs pathologies. L’hypertension artérielle et les pathologies cardiaques sont les plus mentionnées sur les certificats électroniques.

Morts à l’hôpital

Les régions les plus endeuillées au début de la crise étaient l’Ile-de-France et le Grand-Est. A l’automne 2020, lors de la deuxième vague, d’autres régions ont été durement frappées, comme l’Auvergne-Rhône-Alpes, la Bourgogne-Franche-Comté et Provence-Alpes-Côte-d’Azur.

Selon Santé publique France, entre le 1er mars 2020 et le 6 avril 2021, 71.208 décès sont survenus au cours d’une hospitalisation. 26.093 autres décès ont eu lieu dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées (Ehpad) et autres établissements sociaux et médico-sociaux.

Cependant, il faut rappeler que face à la flambée de l’épidémie en avril et mai 2020, les autorités ont peiné à organiser le décompte, et seuls les décès survenus en milieu hospitalier étaient alors comptabilisés. La mission du CépiDc a par la suite permis de traiter les informations liées à la mortalité avec des certificats électroniques, mais il reste encore  des incertitudes sur les chiffres des morts en Ehpad.

Source 20 MINUTES.