Jura. Une soignante accusée de maltraitance par ses collègues à l’Ehpad de Salins…

Une partie du personnel estime que la soignante en question est maltraitante, et dénonce l’immobilisme de la direction et de l’ARS, malgré une enquête interne.

La résidence Artémis fait partie du groupe Colisée.

 

L’an dernier, des salariés de la Résidence Artémis de Salins-les-Bains signalent à leur direction et à l’ARS ce qu’ils jugent être de la maltraitance de résidents de la part d’une aide-soignante. En février 2020, une enquête interne est ouverte à ce sujet. Tous les salariés sont invités à témoigner par écrit de faits de maltraitance qu’ils auraient pu constater dans l’Ehpad.

Humiliations verbales

Ces témoignages, écrits, restent confidentiels. Mais plusieurs salariées affirment y avoir fait part d’incidents survenus entre l’aide-soignante en question et les résidents : des humiliations verbales, surtout. Mais aussi parfois physiques : une résidente poussée dans le dos pour rentrer plus vite dans sa chambre, une autre se voyant enfoncer une cuillère dans la bouche parce qu’elle ne voulait pas manger.

Une inaction qui étonne des salariées

Suite à l’enquête, la salariée, par ailleurs enceinte, est mise en arrêt de travail. Et les salariés n’ont plus de nouvelle de l’affaire. Début 2020, un nouveau directeur, Alexis Gagliardi, prend la tête de l’Ehpad, puis, en mars, le retour de l’aide soignante est annoncé. Certains s’étonnent alors que leurs témoignages n’aient pas donné lieu à des sanctions, et que leur collègue puisse à nouveau travailler au contact des résidents.

Un signalement dès 2018

« La direction nous a simplement répondu de la surveiller, mais ce n’est pas notre rôle. Elle n’a aucune patience, elle n’aime ni les résidents ni son travail, il faut qu’elle fasse autre chose. »

Une aide-soignante interrogée

Trois autres salariées ont également témoigné de comportements inappropriés de leur collègue. D’autant que les premiers signalements ne datent pas de 2020. En avril 2018, déjà, une infirmière fait un courrier à l’ARS de Bourgogne-Franche-Comté. Dans la réponse de l’institution, que Voix du Jura a pu consulter, l’agence régionale de santé lui conseille de se tourner plutôt vers sa direction. Sans résultat.

Main courante

Quelques mois plus tard, la même infirmière dépose une main courante à la gendarmerie. Se disputant avec sa collègue sur le parking de l’établissement, cette dernière l’aurait poussé et fait tomber au sol.
Les témoignages recueillis par Voix du Jura convergent. Ils décrivent une aide-soignante parlant systématiquement mal aux résidents, atteints d’Alzheimer : « Dégagez dans votre chambre, vous puez ! », « si c’est pour faire ça, mieux vaut encore ne rien faire » à une résidente lors d’une activité, « j’en ai rien à foutre ! » hurlé sur une autre. Une dame ne voulant pas manger aurait été secouée sur son fauteuil pour la forcer.

Un comportement qui n’a pas évolué

Et les choses ne se seraient visiblement pas arrangées depuis son retour d’arrêt de travail.

« Fin mars, elle m’a dit qu’une résidente dormait pour ne pas avoir à la faire manger, ce qui était faux. »

Une infirmière

Le directeur actuel de l’établissement, Alexis Gagliardi, dit prendre très au sérieux ces accusations.

« Je n’étais pas directeur au moment de l’enquête. Il y a eu à ce moment-là des choses dites, mais rien de factuel et avéré, avec des faits précis et des dates précises. Il y a un code du travail, on ne peut pas licencier quelqu’un sans ces bases-là. »

Alexis GagliardiDirecteur de l’Ehpad

Il précise aussi que l’ARS a suivi l’enquête, et n’a pas non plus décidé de prendre des mesures. Le directeur liste aussi les actions de son établissement pour lutter contre la maltraitance : formation des équipes à la manière de signaler un cas, charte de la bientraitance rédigée par la neuropsychologue de l’Ehpad, rappelle de ces principes à l’aide soignante mise en cause à son entretien de reprise. Il a également fourni à Voix du Jura les résultats de l’étude de satisfaction 2021 des salariés de son Ehpad. En moyenne, ceux-ci accordent 8 sur 10 aux relations avec leurs collègues.
L’ARS, de son côté, dit avoir été saisi et être en train d’examiner les faits.

Source ACTU.

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