TÉMOIGNAGE : « L’impression d’être dans une bulle » pour Françoise, confinée avec son mari atteint d’Alzheimer…

Le confinement imposé partout en France, en raison de l’épidémie de coronavirus, a augmenté les difficultés chez certains aidants familiaux.

Témoignage de Françoise, habitante des Hauts-de-Seine, confinée depuis plus d’un mois avec son mari atteint de la maladie d’Alzheimer.

"L'impression d'être dans une bulle" pour Françoise, confinée avec son mari atteint d'Alzheimer. Photo d'illustration

Ils sont plus de huit millions en France : les aidants familiaux qui prennent régulièrement soin d’un proche malade à la maison. Certains sont soutenus par des associations, des soignants mais à cause du coronavirus, ces aidants se retrouvent confinés 24h/24h avec ce père, cette mère, cet enfant ou conjoint malade. Beaucoup se sentent démunis et inquiets.

Huis clos avec son mari

C’est le cas de Françoise Ayral, qui vit à la Garenne-Colombes dans les Hauts-de-Seine avec son mari, Jean-Marc. Ce dernier souffre de la maladie d’Alzheimer. Avant le confinement, il passait ses journées dans un accueil de jour, géré par une association. Mais l’accueil depuis un mois, l’accueil est fermé et depuis Françoise vit avec son conjoint, toute la journée, sans aucune visite d’ami ou de famille. « Je me sens très seule », nous confie-t-elle. « La vie sociale me manque car je reste enfermée avec un malade qui ne parle pas beaucoup, à l’écouter répéter des dizaines de fois dans la journée ce qu’il m’a déjà dit », sans se souvenir.

« Ça m’isole complètement »

Même si Jean-Marc est assez indépendant pour rester tout seul à la maison, Françoise n’en reste pas moins stressée quand elle doit sortir pour faire des courses dehors. Elle se presse pour rentrer le plus vite possible. « Si jamais il n’a plus la télé allumée, ou qu’une chaîne change, ça se passe mal, il peut y avoir une crise ». Et à la télé, impossible de choisir un bon film ou une bonne série pour Françoise car son mari, ancien médecin de profession, regarde en bouche les chaînes d’infos qui parlent du coronavirus. De quoi rendre la situation encore plus pesante et anxiogène pour elle.

Le risque d’aggraver la maladie

Mais surtout, Françoise se sent « démunie » face au risque de régression que ce confinement pourrait avoir sur son conjoint. « À l’accueil du jour, il avait beaucoup d’ateliers, d’interactions avec les membres de l’association. À la maison, mis à part la télévision, il n’y a plus aucune interaction sociale ». Moins de stimulation pour les malades d’Alzheimer, c’est le risque de faire avancer la maladie « vers des paliers où ils perdent encore un peu plus d’indépendance ». 

Source FRANCE BLEU.

Coronavirus : scènes d’horreur dans une maison de retraite canadienne

Scènes d’horreur dans une maison de retraite au Canada.

Coronavirus : scènes d'horreur dans une maison de retraite canadienne

Soignants qui désertent, pensionnaires ni nourris ni changés, un patron ex-délinquant, 31 morts en quelques semaines: les révélations sur une maison de retraite près de Montréal, décimée par le coronavirus, ont provoqué un véritable électrochoc au Canada.

Cet établissement privé, la résidence Herron à Dorval, est devenu en quelques jours le symbole douloureux de l’hécatombe qui frappe les résidences pour aînés du pays. On y recense, comme dans de nombreux pays européens, la moitié des décès liés au Covid-19.

Des responsables des autorités sanitaires appelés à la rescousse dans cet établissement où une grande partie du personnel avait déserté, par peur de contracter le covid-19, avaient découvert des patients pas nourris depuis plusieurs jours, des couches qui débordent d’excréments, des malades gisant au sol après une chute. Et deux aînés retrouvés morts dans leur lit.

Source EST REPUBLICAIN.

 

« On a reçu plus de 50 000 lettres » : un service de courrier en ligne pour les personnes âgées confinées reçoit des milliers de contributions…

Pour rompre l’isolement des personnes âgées confinées en Ehpad, le site « 1lettre1sourire » invite tout un chacun à leur écrire une lettre.

Un service en ligne de courrier qui rencontre un franc succès, comme l’explique Renaud d’Alençon, l’un de ses créateurs.

Lancé mi mars, le site "1lettre1sourire" est un service en ligne de courrier destiné aux personnes âgées isolées en Ehpad. Photo d'illustration.  | PELAEZ JULIO / MAXPPP

« On a beaucoup de demandes, c’est incroyable ». Renaud d’Alençon n’en revient pas. Trois semaines après son lancement, le site « 1lettre1sourire », dont il est l’un des créateurs, est un succès. Ce service en ligne de courrier destiné aux personnes âgées isolées en Ehpad en période de confinement dû au coronavirus a déjà collecté plus de 50 000 lettres, explique Renaud d’Alençon, samedi 11 avril à franceinfo.

Renaud d’Alençon : vous êtes l’un des créateurs du site, comment avez-vous eu cette idée ?

Renaud d’Alençon : Au tout début du confinement, nous étions assis sur un canapé avec mes cousins et mon père qui travaille à la Fondation « Partage et Vie » qui s’occupe des personnes âgées dans les maisons de retraite. Il nous a fait prendre conscience de l’isolement des personnes âgées. Et comme avec le confinement, elles n’avaient plus de droit de visite, c’était très difficile pour elles. Les visites sont presque une raison de vivre pour elles. Donc, on s’est demandé qu’est-ce qu’on pourrait faire pour pallier ce manque de vie. Et on s’est dit que la seule solution, c’était les lettres. Donc, on va leur écrire. Mais voilà, nous, on n’a pas assez d’impact. Le but est de permettre aux personnes d’écrire pour avoir plus de lettres.

Et donc, on a eu cette idée de créer un site internet. Un petit site qui n’était pas référencé par Google au début, mais avec une page Facebook. Et rapidement, elle a été retransmise, relayée et partagée, ça a fait un mini buzz. Et donc, on a créé un site plus performant avec une association qui s’appelle Tous au web, qui nous a aidés à créer un vrai site internet vraiment professionnel. Et maintenant ça fait trois semaines qu’on s’est lancés et on a reçu plus de 50 000 lettres et on a actuellement 800 Ehpad partenaires dans tous les pays francophones, que ce soit en France, en Belgique, au Luxembourg ou même au Canada.

Comment ça fonctionne pour envoyer une lettre ?

C’est très simple. Il faut juste aller sur le site « 1lettre1sourire ». Après, vous cliquez sur « écrire une lettre ». Vous avez quelques informations personnelles à rentrer, comme votre prénom ou votre adresse mail. Vous choisissez à qui vous envoyez, une dame âgée isolée ou un monsieur âgé isolé. Après, vous cliquez sur « suivant » et vous écrivez votre lettre. Vous pouvez aussi ajouter une photo si vous le souhaitez. Vous cliquez sur « envoyer » et c’est bon. »

Avez-vous des retours d’Ehpad ou de personnes âgées qui lisent ces lettres ?

Oui, nous avons eu des retours de personnes âgées très touchants. Par exemple, j’ai eu un personnel soignant qui a envoyé : « C’est avec un plaisir certain que je reçois tes courriers si chaleureux. Ça m’a permis de verser quelques larmes de bonheur en ces temps difficiles ». Ça touche énormément, que ce soit les personnels soignants ou les personnes âgées qui peuvent aussi répondre par des lettres. Par exemple, une dame qui répond : « Chère Jeanne, c’est avec grand plaisir que j’ai lu votre lettre. Quel dégagement de tendresse, je n’aurais pas eu assez d’un grand mouchoir de Cholet pour essuyer mes larmes. La tendresse, je n’attendais que ça. »

Sous quel format sont envoyées ces lettres ?

Au début nous les avons envoyées en version papier, mais on a appris que le virus pouvait se transmettre par le papier, donc nous avons arrêté tout ça et trouvé l’alternative des mails. D’abord, nous lisons toutes les lettres pour vérifier qu’elles soient « bien », qu’il n’y ait pas de messages difficiles. Ensuite, on les transmet en PDF aux Ehpad et ils en font ce qu’ils veulent. Certains les mettent sous enveloppe, d’autres ont désigné des personnes s’occupant de lire les courriers pour pouvoir les distribuer à des personnes spécifiques pour que ça soit plus touchant et vraiment personnel.

Source FRANCE INFO.

« Je suis vivant. On m’a sorti du cercueil » : un survivant du Covid-19 témoigne…! Témoignage Vidéo…

Claude Gatti, 67 ans, est un rescapé du coronavirus.

Après être resté plus d’un mois en réanimation et six jours dans un coma profond, il raconte comment il a échappé à cette maladie.

Claude Gatti : « Je suis vivant. On m’a sorti du cercueil » : un survivant du Covid-19 témoigne

Je suis vivant. On m’a sorti du cercueil, j’arrive à marcher de nouveau. Contaminé par le Covid-19, Claude Gatti, vétérinaire corse, a frôlé la mort. Tout juste sorti de réanimation à Ajaccio, il raconte ses semaines terribles dans notre vidéo ci-dessous.

Le 14 mars, il est hospitalisé et sa vie bascule. Je suis entré en me disant, je suis bientôt mort, je l’ai admis, avec amertume, je pensais à mes enfants, à tous ceux que je laissais.

Quelques jours plus tôt, cet homme de 67 ans répétait joyeusement dans une chorale pour une fête religieuse. Deux des choristes revenaient d’un rassemblement à Mulhouse sans savoir que cette ville du Haut-Rhin était devenue un des principaux foyers de l’épidémie de Covid-19 et qu’elles allaient transmettre le virus à Claude Gatti.

Le 17 mars, il appelle sa famille juste avant d’être intubé pour faire ses adieux. Ses chances de survie sont minces. Je me disais : on va mourir. Le tout est de savoir maintenant comment, quand et avec quelles souffrances ?

Autour de lui, il voit toute la violence de cette lutte désespérée entre la vie et la mort qui se joue en réanimation. C’est effrayant ! De voir des gens… Et puis de voir des nouveaux, parce que d’autres sont morts, parce que le flot de malades ne tarit pas.

« Tragique mais belle »

Lui aussi restera dans un coma profond durant six jours. Pourtant, Claude Gatti s’accroche, se disant que s’il reste une petite chance de s’en sortir, il ne doit pas la laisser passer. Même inerte, j’ai commencé à faire travailler mes mains, justement pour arriver à soulever une main puis l’autre, essayer de toucher mon genou, et ça en permanence. Je me disais si j’ai peut-être une chance de vivre, il faut que je puisse marcher, il faut que je puisse retrouver un petit peu mes sensations et il ne faut pas perdre de temps. Puisqu’on ne fout rien, eh bien je vais travailler mes petits muscles, et ça, ça m’a tenu de bout en bout.

Aujourd’hui, Claude Gatti est le deuxième patient à être sorti du centre de réanimation d’Ajaccio. Il doit rester encore deux semaines à l’hôpital pour sa rééducation. Malgré cette épreuve, il se réjouit chaque matin en regardant le soleil. Il insiste : La vie est tragique mais elle est belle. Chaque journée, il faut la déguster.

Source OUEST FRANCE.

Discours d’Emmanuel Macron : ce qui a énervé les internautes…!

L’allocution du président était très attendue, mais a-t-elle tenu ses promesses ?

Les Français sont nombreux à faire part, sur les réseaux sociaux, de leur agacement et de leur incompréhension.

Discours d'Emmanuel Macron : ce qui a énervé les internautes

Sa prise de parole était très attendue. Le président de la République Emmanuel Macron s’est une nouvelle fois adressé aux Français lundi 13 avril, sa quatrième allocution depuis le début de la crise sanitaire liée au coronavirus Covid-19. Pendant 27 minutes, le chef de l’État a évoqué la prolongation du confinement, les différentes mesures mises en place et a esquissé une sortie de crise au 11 mai. Plusieurs points ont peu ou pas été abordés durant ce discours, ce qui a énervé de nombreux internautes.

1 Allocution de Macron : l’épineuse question du masque

Des zones de flou subsistent autour de plusieurs annonces d’Emmanuel Macron. Sur Twitter, le hashtag « #11mai » est le premier sujet de discussion ce mardi matin et de nombreux internautes estiment que certaines de leurs interrogations n’ont toujours pas de réponse, ou pas de réponse concrète. Un sujet semble particulièrement les intéresser : le port et la distribution des masques. Lors de son allocution, le chef de l’État a affirmé qu’à partir du 11 mai, « en lien avec les maires, l’Etat devra permettre à chaque Français de se procurer un masque grand public » afin de se protéger et de protéger les autres. « Pour les professions les plus exposées et pour certaines situations comme les transports en commun, son usage pourrait devenir systématique », a-t-il ajouté.

Une question s’est rapidement posée sur les réseaux sociaux après cette annonce : comment les Français vont-ils pouvoir se procurer ces masques ? D’autres se demandent également quand ils pourront y avoir accès, alors que leur vente est extrêmement réglementée ?

La question des masques n’est pas le seul point qui a énervé certains Français devant leur télévision. Ils sont nombreux à s’interroger sur la date du 11 mai et sur le scénario du déconfinement… Que va-t-il se passer ?

2 Allocution de Macron : un déconfinement, oui, mais comment ?

Une annonce d’Emmanuel Macron a particulièrement retenu l’attention des Français : la fin du confinement le 11 mai prochain. Le déconfinement devrait donc débuter en France dans un peu plus d’un mois, mais le flou persiste toujours. C’est d’ailleurs ce que reprochent certains internautes au chef de l’Etat, qui n’a pas précisé quel serait le scénario adopté. La levée du confinement se fera-t-elle par région ? Par tests ? Par âge ? Par passeport d’immunité ? Qui aura le droit de sortir en premier ? Comment éviter une deuxième vague ? Des questions qui n’ont, pour l’heure, pas de réponse.

Selon un sondage réalisé par Harris Interactive pour LCI, 54% des Français n’ont pas été convaincus par les annonces d’Emmanuel Macron sur la fin du confinement. Une de ses propositions fait particulièrement débat : la réouverture des écoles le 11 mai prochain.

2 Allocution de Macron : le débat autour des écoles

Pour certains, c’est à n’y plus rien comprendre. La fermeture des établissements scolaires a été une des premières mesures annoncées par le gouvernement dans la lutte contre le Covid-19, mais ils pourraient finalement rouvrir en premier. Lors de son allocution le 13 avril, le chef de l’Etat a promis « la réouverture progressive des crèches et établissements scolaires le 11 mai ». « C’est pour moi une priorité car la situation actuelle creuse les inégalités », a ajouté Emmanuel Macron. Mais que veut dire exactement « progressive » ? C’est la question qui se pose sur Twitter car aucun détail n’a, pour l’heure, été donné sur cette réouverture prochaine.

Pour beaucoup de Français, rouvrir les écoles dès le 11 mai serait une erreur. Ils sont nombreux à s’inquiéter pour leurs enfants mais aussi pour leur propre santé, craignant une nouvelle circulation du virus dans ces établissements.

Source PLANET.

Coronavirus : 25 morts à l’EHPAD de Valdoie, des plaintes envisagées…

Le bilan de la pandémie s’est considérablement aggravé à l’EHPAD de la Rosemontoise à Valdoie dans le Territoire de Belfort.

25 résidents sont décédés, d’après le service Etat civil de la mairie.

25 résidents sont morts depuis le 16 mars dernier au sein de l’EHPAD la Rosemontoise à Valdoie à cause du coronavirus

L’EHPAD de la Rosemontoise à Valdoie est l’établissement pour personnes âgées dépendantes le plus touché du nord Franche-Comté par la crise sanitaire en cours. Le service Etat civil de la mairie de la commune est malheureusement bien placé pour le constater. On parle désormais de 25 morts. 25 résidents sont décédés depuis le 16 mars à cause de l’épidémie du coronavirus, selon la maire de Valdoie. « Il n’y avait eu aucun décès durant la première quinzaine de mars », rappelle Corinne Coudreau. C’est à la maire, toujours en fonction, de la troisième commune du Territoire de Belfort qu’il revient de signer régulièrement les autorisations de fermeture de cercueil à la demande des pompes funèbres.

Huit décès supplémentaires en moins d’une semaine

Suite aux premières révélations et aux 17 premiers décès annoncés en début de semaine, l’ARS, Agence Régionale de santé et le Conseil Départemental du Territoire de Belfort avaient placé cet EHPAD, géré par l’association Servir, sous administration provisoire, relevant ainsi de ses fonctions la direction. En moins d’une semaine, ce sont donc huit décès supplémentaires qui ont été enregistrés au sein de l’établissement.

Trois morts au sein de l’unité Alzheimer

Au sein de l’établissement se trouve également une unité Alzheimer qui n’a pas été épargnée non plus. Trois décès de malades sont aussi à déplorer. « Les personnels avaient alerté depuis longtemps qu’il ne devait pas y avoir de migration de personnel entre les services. Le résultat, c’est qu’il y a déjà trois décès dans cette unité Alzheimer qui est une unité complètement fermée avec des malades spécifiques qui nécessitent d’avoir toujours le même personnel qui les encadre. Cela n’a pas été le cas faute de personnel et d’équipement pour se protéger. On a ramené le virus dans cette unité Alzheimer », explique la maire Corinne Coudereau.

Une casse humaine gravissime – la représentante des familles de résidents

Le Conseil de la Vie Sociale qui représente les familles des résidents de l’EHPAD de la Rosemontoise rappelle qu’elle avait alerté l’ARS et le département sur la situation et les conditions de travail dégradées au sein de l’établissement dès le mois de janvier. Aujourd’hui, elle ne peut que constater les dégâts. « Ce qu’on a fait vivre aux personnels et aux résidents, c’est inhumain, insoutenable, insupportable. Je ne cesse de répondre aux familles, je parle à des gens qui ont perdu un parent ou deux, des gens dont les proches sont entrain de mourir, d’autres familles de résidents qui sont profondément inquiètes. Je ne peux faire que le constat d’une casse humaine gravissime », s’insurge Geneviève Chovrelat, présidente du CVS de la Rosemontoise aux côtés des familles endeuillées.

Un EHPAD n’est pas un hôpital ! – Corinne Coudereau, maire de Valdoie

Stopper la série noire, c’est la priorité au sein de cet EHPAD durement touché. « Je demande à ce que les personnes qui sont contaminées dans cet établissement soit hospitalisées pour qu’elles puissent bénéficier de soins. Un EHPAD n’est pas un hôpital. On ne peut leur apporter de l’oxygène comme on en apporte à l’hôpital. On peut en sauver certains mais pour le moment on les laisse mourir et rien n’a changé même avec le changement de direction », demande la maire de Valdoie.

Un personnel exposé aux sanctions

Dans un mail que France Bleu Belfort Montbéliard a pu se procurer, la direction rappelait à son personnel de « ne répondre à rien, ni à personne venant de la presse et de toute personne étrangère cherchant des informations sur l’EHPAD ». Le message précisait que toutes les personnes qui communiqueraient des informations s’exposeraient à des sanctions. « Personne d’autres que l’ARS et le Conseil Départemental ne sont habilités à répondre ». Ce mail de la direction a été envoyé le soir même ou on apprenait le placement sous administration provisoire de l’EHPAD.

Des familles de résidents pourraient saisir la justice

D’après le Conseil de la Vie Sociale de la Rosemontoise, certaines familles de résidents songeraient à saisir la justice pour déterminer les responsabilités. « Ce seront aux familles touches de voir ce qu’elles feront. Je sais que certaines y songent. De toute manière, il ne faudra pas laisser passer tout ça mais comment ? Je ne sais pas. Si un procès peut faire évoluer le regard qu’on porte sur les EHPAD et poser la question en terme politique, pourquoi pas ? Il existe des pays ou la dépendance n’est pas source de profit. Le problème vient peut-être de là », s’interroge Geneviève Chovrelat.

Des familles de résidents décédés à l’EHPAD de Valdoie songeraient à porter plainte  - Maxppp

Selon la représentante des familles de résidents, la crise sanitaire a fait éclater au grand jour les carences déjà pointées du doigt dans les EHPAD. « Les sous effectifs au regard des besoins médicaux des résidents engendrent des dégradations des conditions de travail et une maltraitance institutionnelle. Ce n’est pas moi qui le dit mais un rapport d’informations sur les EHPAD déposé par la commission des affaires sociales et enregistré à l’Assemblée Nationale en mars 2018 », mentionne Geneviève Chovrelat.

De la non-assistance à personnes en danger, selon la maire de Valdoie

En cas de dépôt de plainte de familles de résidents endeuillées, la maire de Valdoie se montrera solidaire. « Ces drames laissent des familles entières dans le deuil. Je serai à leurs côtés si elles engagent des poursuites judiciaires. Ce qui s’est passé est un drame absolu. Pour moi, c’est clairement de la non-assistance à personnes en danger », indique Corinne Coudereau.

Source FRANCE BLEU.

Activités supprimées, isolement… Les résidents des centres médico-sociaux, « grands oubliés » de la crise du coronavirus…

Face à la pandémie de Covid-19, les maisons d’accueil spécialisées compensent tant bien que mal les conséquences du confinement sur leurs pensionnaires, à la santé souvent fragile.

Activités supprimées, isolement... Les résidents des centres médico-sociaux, "grands oubliés" de la crise du coronavirus. Une partie de l'équipe de la maison d'accueil spécialisée Les Rochers de Nemours, en Seine-et-Marne, le 26 mars 2020 | LEA LOPATKA

« Nous avons zéro cas de Covid-19 pour l’instant », confie soulagée Léa Lopatka, psychomotricienne à la maison d’accueil spécialisée Les Rochers de Nemours (Seine-et-Marne). Mais pour combien de temps ? Car la crise sanitaire engendrée par la pandémie du Covid-19 n’épargne pas les centres médico-sociaux où vit souvent un public à la santé fragile. Les résidents de ces établissements ont besoin de se raccrocher quotidiennement à une routine rassurante, mais qui se trouve bouleversée depuis le confinement.

En France, plus de 22 000 adultes en situation de handicap vivent au sein d’une des 676 maisons d’accueil spécialisées (MAS). Les Rochers de Nemours font partie de la soixantaine d’établissements gérés par la fondation Les Amis de l’atelier. Depuis trois semaines, les équipes de cette MAS tentent de tenir le coup.

Un appel aux dons pour protéger les plus fragiles

« Nos équipes, les personnes que nous accompagnons, ont besoin de façon urgente de masques de protection, de gels hydroalcooliques, de blouses et de surblouses en quantité suffisante », rappelle Luc Gateau, le président de l’Unapei, la première fédération française d’associations des personnes handicapées mentales et de leurs familles, dans un appel à l’aide lancé le 27 mars.

Un appel relayé sur le terrain par de nombreuses associations. « Nous sommes un peu les parents oubliés de cette crise sanitaire », estime Sandra Gardelle, directrice de la communication de la fondation Les Amis de l’atelier, qui accompagne les personnes en situation de handicap

Si nous n’arrivons pas à protéger nos résidents, ils vont se retrouver aux urgences qui sont déjà saturées.Sandra Gardelle, fondation Les Amis de l’atelierà franceinfo

Les différentes donations dont bénéficie cette fondation permettent de répartir des masques et des surblouses dans ses établissements. « Mais nous ne tiendrons pas longtemps », assure Sandra Gardelle. Quant au département seine-et-marnais où se situe la MAS Les Rochers de Nemours, il a récemment distribué plus de 2 500 masques dans des MAS et confirme à franceinfo avoir commandé « un million de masques de type FFP2 (…), dont une partie sera distribuée gracieusement sur le territoire seine-et-marnais, là où la pénurie se fait sentir ».

Mais, à la MAS Les Rochers de Nemours, le temps presse, même si « le bouche-à-oreille permet de tenir », explique Stéphanie Marchand-Pacton, la directrice de l’établissement. « Une amie pépiniériste avait un stock de 980 masques FFP2, elle vient de nous les donner. Et mon mari qui travaille dans le bâtiment nous a donné 20 paires de lunettes de protection. » En revanche, les surblouses font cruellement défaut.

Eviter la contamination des résidents

Un peu à l’écart du centre-ville de Nemours, derrière une façade à la couleur rouille, habitent la quarantaine de résidents de la MAS Les Rochers de Nemours. Agés de 22 à 60 ans, tous souffrent d’une déficience intellectuelle. Ils sont incapables de gérer seuls leur quotidien, comme de faire les courses, se préparer un repas… Ils ont besoin d’un accompagnement constant. Certains sont aussi plus vulnérables au virus, notamment les « polyhandicapés qui ont d’importants problèmes respiratoires ».

Alors, dès la prise de parole du président de la République, le 12 mars, tous les établissements de la fondation Les Amis de l’atelier se sont mis en ordre de bataille. « Nous avons réfléchi à comment protéger au maximum les résidents. Qui garder en internat ? Qui serait mieux en famille ? » Des décisions prises en concertation avec les équipes sur place et les familles concernées, « tout en gardant à l’esprit l’équilibre entre le risque sanitaire et le risque psychologique », explique Sandra Gardelle, directrice de la communication de la fondation. Car pour les équipes et les pensionnaires, le plus gros danger serait que le coronavirus rentre dans l’établissement.

Nous sommes les seuls à pouvoir être responsables de l’intrusion du virus. Et si cela arrivait, nous nous en voudrions énormément.Léa Lopatka, psychomotricienne à France info.

Cette responsabilité pèse de plus en plus sur les épaules du personnel qui est dorénavant le seul à entrer et à sortir de l’établissement.

L’emploi du temps des résidents vole en éclats

En temps normal, c’est plus d’une soixantaine de personnes qui vont et viennent dans les couloirs de la grande maison, jour et nuit. Mais avec les contraintes liées au confinement, les équipes ont dû se réorganiser en urgence. Tout le personnel administratif est en télétravail. « Cela fait un vide pour les résidents. Certains venaient et s’asseyaient quelques instants dans leur bureau », détaille Léa Lopatka. Seuls restent les soignants et les paramédicaux, l’agent technique et les agents d’entretien qui nettoient et désinfectent toute la journée.

Plus aucun intervenant extérieur ne pénètre dans les locaux. Suspendues les séances d’orthophonie, de kinésithérapie ou encore de zoothérapie. Finies les sorties également. Plus de thé dansant, d’équithérapie ou encore de promenade en ville. Les résidents vivent doublement confinés, chacun dans leur pôle, voire dans leur chambre. « Nous sommes devenus leur seul lien avec l’extérieur », décrit Sylvie Neau, la coordinatrice santé.

Le rythme soutenu des activités donnait un cadre rassurant aux résidents et permettait de gérer les éventuels troubles du comportement.Sylvie Neau, coordinatrice santé à France info.

Les équipes doivent donc redoubler d’ingéniosité. Séance de relaxation, musique, lecture, activités manuelles agrémentent les journées moins remplies des résidents qui « ne se laissent pas leurrer facilement » par le changement de rythme.

Certains comprennent ce qu’il se passe et se mettent à stresser, rendant les autres locataires anxieux. Ceux qui ne comprennent pas sont effrayés par le personnel masqué et ganté. Car, petit à petit, les gestes barrières s’imposent, la distanciation entre résidents s’installe, le petit-déjeuner est désormais servi dans les chambres. Les activités collectives sont devenues individuelles, ou à deux, mais jamais plus. « L’occupation du jardin est gérée comme une salle de réunion, en réservant des créneaux pour éviter toute proximité », détaille la directrice.

« Je n’ose pas penser au jour où nous serons à bout »

Pour les résidents souffrant de troubles autistiques, il est difficile de leur faire comprendre que les gestes d’affection « c’est fini pour un temps ». Tout se complique. L’un d’eux arrive à se calmer après des tours en voiture lorsqu’il est en crise. Sauf que la semaine dernière, alors qu’il était assis à côté de l’infirmier qui conduisait, le véhicule a été stoppé par les forces de l’ordre qui effectuaient un contrôle. Une situation qui a aussitôt exacerbé la crise du jeune homme.

Du côté du pôle des polyhandicapés, les plus fragiles de la résidence, le confinement est total depuis plusieurs semaines. Seules les infirmières et aides-soignantes sont autorisées à entrer, habillées de surblouse et de masque. « C’est encore plus dur pour eux, de ne plus nous voir. Alors, on a mis en place un système de talkie-walkie et de visio », raconte la psychomotricienne.

L’angoisse commence à monter parmi les résidents.Sylvie Neau, coordinatrice santé à France.info.

Si au début « c’était très calme », décrit la coordinatrice santé, l’angoisse augmente au fur et à mesure que les règles du confinement se durcissent. Le psychologue du centre est de plus en plus sollicité pour désamorcer les montées de panique des pensionnaires isolés dans leur logement. « Mais cela va être impossible d’enfermer les autistes dans leur chambre », anticipe Sylvie Neau.

Alors les équipes cherchent continuellement un compromis entre les injonctions de l’agence régionale de santé et la stabilité des résidents.« On avance au jour le jour, décrit Sylvie Neau. Je n’ose pas penser au jour où nous serons moins nombreux, parce que certains de nos personnels seront malades ou à bout », confesse-t-elle. Un personnel moins nombreux veut dire qu’ils seront moins présents auprès des pensionnaires et donc moins à même de les modérer. Certains seront alors plus susceptibles d’avoir des troubles du comportement. « S’ils décompensent, ils vont devenir violents ou s’automutiler », redoute la coordinatrice santé.

Gérer le manque lié à l’absence des visites

Une autre « douloureuse conséquence » pour les résidents est la fin des visites. Les parents de Patrick Sabuco, 56 ans, ont l’habitude de le prendre chez eux un week-end sur deux. Avec le confinement, ils ont dû se résoudre à le laisser au centre. Patrick Sabuco souffre d’un handicap psychique et ne parle quasiment pas. Impossible pour ses parents de savoir comment il ressent la situation. « Il avait l’habitude de venir à la maison et de se promener avec moi », s’inquiète son père, âgé de 80 ans.

Alors depuis deux semaines, grâce au personnel, monsieur et madame Sabuco appellent leur fils en visio pour se rassurer, tous les trois.

On a de la chance, on peut le voir en vidéo. Au début, il nous cherchait dans la pièce mais maintenant il regarde bien le téléphone. Il est heureux de nous voir et nous aussi.M. Sabuco, père d’un résident à France info.

Mais le personnel a bien conscience qu’il ne peut pas remplacer la famille. « Nous ne savons pas combien de temps ce confinement va durer, ce qui est angoissant pour les familles et les résidents », confie Sylvie Neau. Alors, pour ceux qui le souhaitent, des moments en tête-à-tête sont proposés avec un des membres du personnel. Le temps de partager un repas ou une activité à deux dans leur chambre.

Quant aux résidents externes qui ne peuvent plus venir à la MAS, le lien est préservé grâce à des appels téléphoniques réguliers. L’équipe a même fourni aux parents une « trousse de secours » remplie d’activités. « Par exemple, on leur propose de faire tous les matins une routine météo. Le résident regarde par la fenêtre le temps qu’il fait et choisit un picto en conséquence avant d’aller l’accrocher sur un petit tableau », explique Léa Lopatka. Cette trousse permet ainsi de créer des habitudes similaires à celles qu’ils connaissent au centre.

Ainsi en cette période de crise sanitaire sans précédent, la solidarité des équipes permet de maintenir « une vie comme avant » au sein de la MAS. « Mais pour combien de temps encore ? », s’inquiète Léa Lopatka.

Source FRANCE INFO.

 

Confinement : un plan contre l’isolement des personnes âgées ou en situation de handicap…

Le ministre de la Santé et des Solidarités, Olivier Véran, a validé jeudi les premières mesures d’un plan contre l’isolement des personnes fragiles dont les conséquences sont « exacerbées » en temps de confinement, avec notamment le renforcement du numéro vert de la Croix-Rouge.

Coronavirus : des mesures pour lutter contre l'isolement des personnes fragiles.

C’est sur la base d’un rapport remis par l’ancien président PS du conseil départemental de l’Essonne Jérôme Guedj que va être lancée une mobilisation nationale contre l’isolement des personnes fragiles âgées ou en situation de handicap. 42 propositions dont cinq ont été « immédiatement validées » par Olivier Véran, selon un communiqué du ministère des Solidarités et de la Santé.

Renforcement du numéro vert de la Croix Rouge

Le numéro vert national d’écoute de la Croix-Rouge (09 70 28 30 00), qui reçoit entre 5.000 et 6.000 appels par jour, va être renforcé dans les prochains jours.

Des entreprises et les mutuelles mobiliseront des écoutants, « la plateforme assurera un soutien psychologique et d’orientation pour les personnes âgées et fragiles et isolées », selon le ministère.

Partage des données des services sociaux

Les personnes fragiles et isolées ont besoin d’être « régulièrement appelées au téléphone par les services des communes et des départements en leur donnant des moyens » souligne le rapport. Pour n’oublier personne, Jérôme Guedj préconise un dispositif juridique d’urgence qui permettrait aux départements de partager aux communes les données des bénéficiaires de l’allocation personnalisée d’autonomie (Apa) et de la prestation de compensation du handicap (PCH).

Mobilisation des gardiens d’immeuble et du service civique

Cette mobilisation nationale va s’appuyer sur les 30.000 jeunes du service civique qui ont vu leurs missions suspendues en raison de la crise du Covid-19. Ils pourront se signaler auprès de leur commune pour aider les services municipaux.

Le rapport propose également de mobiliser les 70.000 gardiens d’immeubles et les bailleurs sociaux et privés pour le « repérage et le soutien aux fragilités« .

Enfin, un site internet, sur lequel seront répertoriées les bonnes pratiques et initiatives locales luttant contre l’isolement, devrait être lancé dans les prochains jours.

Source FRANCE BLEU.

 

Covid-19 : quand un Ehpad s’enferme dans le déni… ! Inquiétant !

Jusqu’au bout, le groupe Korian a nié avoir le moindre cas de Covid-19 dans son Ehpad de Clamart. Le virus a pourtant contaminé plusieurs de ses salariés et une de ses pensionnaires.

La petite-fille de cette dernière reproche à l’établissement un manque de rigueur et de transparence.

Covid-19 : quand un Ehpad s’enferme dans le déni... ! Inquiétant ! (illustration).

Côté pile, l’Ehpad Bel Air de Clamart (Hauts-de-Seine), qui héberge une centaine de pensionnaires au sud de Paris, ressemble à un havre de paix. Sur son site, son propriétaire, le groupe Korian, promet aux familles, « un accompagnement fondé sur le respect de la personne âgée, de ses habitudes, de ses volontés et de son rythme de vie« . On y pratique le positive care, un concept un peu pompeux mais en même temps rassurant.

Côté face cependant, c’est là que, seule dans la chambre 309, Hermine, 96 ans, a été contaminée par le Covid-19, sans que personne ne s’en aperçoive. En apparence, elle serait donc une victime de plus de la fatalité, dans un de ces établissements où les personnels se dévouent corps et âme avec peu de moyens, pour rendre la fin de vie la moins pénible possible. Mais cette vision angélique est mise en cause par la petite fille d’Hermine, Olivia Mokiejewski. Elle se demande si l’établissement n’a pas fait prendre des risques à sa grand-mère, avant de minimiser la gravité de la situation.

Le fils de la directrice à l’intérieur de l’Ehpad

Hermine était arrivée en décembre 2015, dans cet Ehpad racheté par le groupe Korian il y a huit ans. Lorsqu’éclate la crise du Covid-19, dans un premier temps, on constate que pas ou peu d’encadrants portent des masques, comme c’est le cas dans beaucoup d’autres établissements. Mais à cela s’ajoutent des soupçons de négligences.

Ainsi, le mercredi 18 mars 2020, alors que les visites sont interdites et que le confinement est de rigueur, la directrice de l’établissement autorise son fils de 13 ans à venir séjourner dans l’Ehpad. Des familles s’en émeuvent. N’a-t-on pas fermé les écoles en expliquant que les enfants peuvent être un vecteur de contamination ? Comment justifier une telle intrusion parmi les personnes âgées alors que l’épidémie se développe ? Jean-Pierre Corre, le directeur régional du groupe Korian, reconnait dans un mail adressé aux familles qu’un passe-droit lui a été accordé : « Concernant la présence du fils de la directrice au sein de l’Établissement, écrit-il, je vous indique que cette dernière, consciente de l’enjeu et ne trouvant pas de solution de garde immédiate, a, sur mon autorisation, amené son enfant dans son bureau pour quelques heures dans une journée. Je pense que la directrice, qui ne compte ni ses heures, ni ses jours, pour veiller à ce que l’Établissement fonctionne au mieux, n’avait pas d’autre solution. Cette situation exceptionnelle ne s’est pas reproduite, pas plus qu’il n’a été permis aux soignants de venir avec leurs enfants. »

Un animateur qui postillonne

La petite fille d’Hermine s’interroge également sur le comportement d’un des animateurs de l’Ehpad, récemment recruté. Il passait de chambre en chambre pour permettre aux personnes âgées de communiquer avec leur famille via Skype. Problème : elle explique l’avoir d’abord vu sans blouse, portant les vêtements qu’il avait dans le métro, et manipulant la tablette qu’il présente aux pensionnaires sans gants. Elle dit aussi l’avoir vu entouré de trois autres résidents en train de postillonner sur sa grand-mère.

Trois jours plus tard, alors qu’elle se connecte de nouveau à Skype, la jeune femme raconte avoir aperçu le jeune homme sortir un masque de sa poche pour le mettre au dernier moment, en lui expliquant qu’il était trop grand, et qu’il le gênait pour respirer. Au cours de ces échanges par internet, la petite-fille s’inquiète. Sa grand-mère se montre de plus en plus amorphe.

Hermine est déjà contaminée

Le lundi 30 mars, alors qu’une nouvelle connexion est programmée, Olivia Mokiejewski reçoit un mail de l’animateur. « Votre grand-mère dort, lui écrit ce dernier, puis-je vous contacter pour un Skype entre elle et vous dès qu’elle est réveillée ? » Inquiète de son état de santé, la jeune femme interroge la direction qui lui répond : « Comme vous le savez, l’équipe de la Résidence Bel Air est mobilisée en continu depuis plusieurs semaines pour mettre en place toutes les mesures de protection afin de limiter l’exposition de nos résidents au virus. À ce jour, grâce à cela, nous n’enregistrons aucun cas de coronavirus parmi nos résidents, ni nos salariés. »

Le problème, c’est qu’Hermine ne fait pas que dormir. Elle est déjà malade. Un membre de la famille, lui-même médecin généraliste, est finalement autorisé à l’examiner. Il la trouve fiévreuse et prostrée en position fœtale. Olivia Mokiejewski alerte la direction du groupe Korian, ainsi que l’agence régionale de santé :

« L’infirmière est toute seule pour quatre étages, plusieurs patients présentent de la fièvre, notamment à l’étage de ma grand-mère. Le personnel est débordé, pas assez nombreux, ils disent avoir réclamé des masques que la direction ne souhaitait donner qu’en cas de Covid-19, donc quand il serait trop tard. » Olivia Mokiejewski

La directrice se veut toujours rassurante : « Aujourd’hui, je peux vous certifier que tout notre personnel porte un masque, y compris à Korian Bel Air, dit-on aux familles. La résidence applique strictement les recommandations édictées par les autorités publiques et aujourd’hui cet établissement n’est pas affecté par le virus. Nous nous en réjouissons car ce résultat est le fruit des efforts déployés sans relâche par l’ensemble du personnel. »

Plusieurs membres du personnel infectés

L’état de santé d’Hermine ne cesse pourtant de se dégrader. Le 31 mars, le médecin de la famille intervient pour que le SAMU la transporte au service de soins intensifs de l’hôpital Antoine-Béclère. Le verdict tombe : Hermine a bien été infectée par le Covid-19. Sa charge virale est si importante que sa contamination remonterait à plusieurs jours, ce qui permet de s’interroger sur l’état de santé d’autres patients du troisième de l’Ehpad où Hermine résidait. « Plutôt que de dire rapidement qu’il y avait un problème, déplore une personne qui connait bien l’établissement, que d’appeler rapidement les familles, d’enlever rapidement les personnes qui étaient à proximité d’un malade, et de faire le nécessaire, on a perdu du temps et on a fait n’importe quoi. »

« Lorsqu’on parlait de coronavirus, on était démunis, explique-t-on en interne. On nous répondait toujours que ce n’est pas un problème et qu’il ne fallait pas nous inquiéter tant que personne n’était testé positif.« 

Et pourtant, la cellule investigation de Radio France a pu établir qu’un agent d’accueil était bien en arrêt maladie depuis le 24 mars pour cause de Covid-19. Mais ce n’est pas tout. Deux aides-soignantes sont tombées malades, l’une d’elles ayant dû être hospitalisée. Un psychologue présentait également les symptômes du Covid-19 avant le 30 mars. Quant à l’animateur qui s’occupait des liaisons Skype, il a dû quitter l’établissement le jeudi 2 avril à la mi-journée, parce qu’il souffrait de symptômes préoccupants. Nous avons proposé à la direction de l’établissement ainsi qu’à la direction régionale du groupe Korian de s’exprimer sur ce sujet, mais aucune suite n’a été donnée à nos sollicitations.

Un décès qui n’en est pas un

La conclusion de cette affaire est aussi sordide que surréaliste. Alors qu’Hermine est à l’hôpital, et avant de quitter son poste, l’animateur de l’Ehpad s’excuse auprès d’Olivia Mokiejewski. « Un Skype ne sera pas possible aujourd’hui, lui écrit-il, car votre grand-mère n’est pas disponible. » Puis le 2 avril, la petite fille reçoit ce mail de la direction : « Toute l’équipe se joint à moi pour vous présenter nos plus sincères condoléances à la suite du décès de votre grand-mère. Elle a marqué la vie de notre résidence par sa douceur, sa gentillesse et ses sourires quotidiens. Elle nous manquera de toute évidence beaucoup. » Un mail qui se conclut ainsi : « Je suis au regret de constater que notre système de facturation automatisé va vous faire parvenir une facture informative ne tenant pas compte du décès de de votre grand-mère. »

Sauf qu’au moment où ce mail part, Hermine est toujours en vie, dans son lit d’hôpital. Elle décédera trois jours plus tard.

Source FRANCE CULTURE.

Coronavirus: Le maire de Mougins lance un ultimatum après 29 décès dans un Ehpad…! Une situation « apocalyptique » !

CORONAVIRUS – CATASTROPHE SANITAIRERichard Galy, à la tête de la ville depuis 2001, demande que les résidents et le personnel soient tous dépistés sans délai.

Coronavirus: Le maire de Mougins lance un ultimatum après 29 décès dans un Ehpad. La maison de retraite Korian à Mougins (illustration).

Le maire de Mougins n’en peut plus de voir la situation dans sa ville se dégrader et veut le faire savoir dans l’espoir que le gouvernement réagisse. Le nombre de décès dans un Ehpad de cette ville située près de Cannes a en effet encore augmenté et atteint 29 morts en lien avec le coronavirus. Le docteur Richard Galy, médecin généraliste et maire de la ville depuis 2001, a donc lancé vendredi un « ultimatum » pour que résidents et personnel soient tous dépistés sans délai.

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Une situation « apocalyptique »

« De jour en jour, le nombre de personnes touchées a augmenté ainsi que le nombre de morts, maintenant on en est à 29. C’est quelque chose d’apocalyptique, c’est une hécatombe », a fustigé le maire. « A la suite de la réunion de crise de ce jour dont il n’est sorti aucune décision concrète, je ne peux plus faire confiance ni à Korian (propriétaire de cet établissement pour personnes âgées dépendantes) ni à l’ARS (Agence régionale de santé) dans la gestion de cette tragique situation où chaque minute compte », a-t-il ajouté dans un communiqué intitulé « coup de gueule du maire ».

« Ça fait quasiment deux semaines que je demande de tester tout le monde (…) Nous sommes le 3 avril et aujourd’hui il semblerait que la moitié du personnel soit testée mais les résidents toujours pas », a poursuivi Richard Galy en ajoutant : « C’est un ultimatum : d’ici à lundi matin, il faut que tout le personnel et tous les résidents soient testés, et des travaux réalisés pour isoler de manière hermétique le bloc sain du bloc malade ». « Si ce n’est pas possible, je demanderai la réquisition de l’hôtel pour sauvegarder les personnes qui sont pour l’instant en bonne santé car à mon avis, elles n’ont aucune chance de s’en sortir en restant dans l’établissement, c’est dramatique », a-t-il protesté.

Un porte-parole de l’établissement a confirmé « avoir communiqué 29 décès à l’ARS » et « démarré le dépistage des soignants ce vendredi avant un dépistage des résidents prévu lundi ». « L’établissement doit être organisé en deux secteurs distincts et étanches », a-t-il précisé.

Un problème de normes

Lors d’une nouvelle réunion de crise vendredi, le docteur Galy a déjà proposé que les résidents non malades soient relogés dans un hôtel réquisitionné sous la surveillance d’une petite équipe médicalisée mais il a essuyé un refus, en raison de normes invoquées lors de la discussion associant l’ARS, la sous-préfecture de Grasse et le groupe Korian. « De quelles normes parle-t-on lorsqu’il s’agit de sauver des vies ? La seule norme absolue est de secourir au plus vite les résidents », écrit-il dans son communiqué.

Le maire LR a aussi exigé « que l’établissement Korian assure la communication qu’il doit aux familles livrées à elles-mêmes et qui m’interrogent chaque jour car sans nouvelles de leurs proches ». Rien n’interdit aux familles de venir chercher leurs proches ou parents, sous réserve de certaines précautions sanitaires, a rappelé le maire de Mougins.

Source  MINUTES