Études, emmener son enfant handicapé aussi loin que possible… Témoignages…

Témoignages.

Études, emmener son enfant handicapé aussi loin que possible

« Il a fallu faire le deuil du diplôme »

Sophie, 51 ans, mère de quatre enfants

« Après un bac pro en comptabilité obtenu au rattrapage, Ludovic a intégré un BTS d’assistant en gestion PME-PMI. Une entrée dans les études qui était loin d’être une évidence. Lorsque à ses 2 ans, j’ai appris que mon enfant présentait un handicap psychomoteur d’origine génétique, avec dyspraxie, dysphasie et hyperactivité, je me suis demandé s’il allait pouvoir un jour lire et écrire…

Pendant son BTS, la Maison départementale de la personne handicapée a continué à faire le lien avec les enseignants qui, par exemple, photocopiaient en grand format les supports de cours pour faciliter la tâche de Ludovic. Mais mon fils avait du mal à s’intégrer dans les groupes de travail. Il a redoublé sa première année. Puis en seconde année, nous avons, avec ses professeurs, décidé qu’il ne passerait pas les examens, pour éviter de le mettre psychiquement en difficulté.

Il a fallu faire le deuil du diplôme. Pour autant, je ne regrette pas ses trois années d’études. Elles lui ont permis d’être stimulé intellectuellement, d’entrer dans un cadre (se lever, prendre les transports, assister aux cours), d’avoir une vie sociale, d’acquérir des compétences professionnelles. Autant de bénéfices qui ont disparu maintenant qu’il a rejoint un Esat (1), qui envoie – de loin en loin – les jeunes en mission dans des entreprises ordinaires. »

« Au prix d’un constant accompagnement »

Marie, 60 ans, mère de trois enfants

« Quand le plus jeune de mes enfants est entré à l’école, j’avais un objectif : l’emmener aussi loin que possible. Comme les deux autres membres de la fratrie. Même s’il est, de naissance, infirme moteur cérébral et doit se déplacer en fauteuil. Même s’il présente des difficultés de repérage, un trouble de l’organisation de la pensée et une grande fatigabilité.

Par chance, mon enfant a pu tout de suite être scolarisé en milieu d’ordinaire, en bénéficiant d’un accompagnement à plein temps jusqu’à la terminale. Désormais, il est épaulé par d’autres étudiants, qui sont rémunérés directement par l’université pour noter les cours à sa place. Cela lui permet de ne pas dépendre du bon vouloir des autres.

Tout cela peut sembler idyllique. En réalité, si mon fils est aujourd’hui en 5e année de droit, avec la volonté de devenir magistrat, c’est au prix d’un constant accompagnement familial. J’ai abandonné ma carrière de juriste pour organiser sa scolarité, appuyer ses demandes, défendre ses droits, me battre par exemple pour qu’il puisse déjeuner à la cantine, faire face parfois à l’équipe éducative qui voulait l’envoyer dans un établissement spécialisé. Il a fallu solliciter la presse, engager des recours…

Dernièrement, mon fils a vu sa candidature refusée dans les deux seuls masters 2 proposés localement dans le prolongement de son master 1 en droit pénal, qu’il a pourtant terminé 50e sur 350. Il a dû écrire pour expliquer qu’entre les soins spécialisés dont il a besoin, la nécessité de bénéficier d’une aide humaine, ses contraintes de logement et de transport, il ne pouvait pas, contrairement aux autres, postuler ailleurs en France. Vingt-quatre heures plus tard, il recevait un courriel d’acceptation dans l’un des deux cursus. »

(1) établissement et service d’aide par le travail.

Source LA CROIX.

Tom annonce qu’il est autiste : il perd son apprentissage, sa formation devient incertaine…

« Ai-je été viré pour ça ? », c’est la question que se pose Tom Hannane. Ayant décroché un contrat en alternance dans une radio privée, son employeur a mis fin à sa période d’essai alors qu’il venait de l’informer qu’il était atteint du syndrome d’Asperger.

Aujourd’hui, il cherche un autre contrat.

Tom annonce qu’il est autiste : il perd son apprentissage, sa formation devient incertaine. © capture écran YoutTube - TH3N

 

Son employeur a-t-il mis fin à sa période d’essai en raison de son trouble autistique ? Tom Hannane en est persuadé. Ce jeune homme, originaire de Limoges, l’explique dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux. Un message, une confession sur son syndrome et une incompréhension sur son éviction professionnelle. Au-delà de cette mauvaise expérience, Tom se retrouve aujourd’hui sans contrat et sans école.

Son aventure débute le 4 septembre 2019. Le jeune homme de 21 ans  rêve depuis longtemps de devenir journaliste. Il choisit alors l’alternance. Inscrit dans une école de journalisme dans le sud de la France, il trouve un contrat d’apprentissage dans une radio privée. Ses missions : aller sur le terrain, écrire des papiers radio et des papiers sur internet. Problème : il a du mal à tenir ses angles, la durée de ses reportages et parle parfois un peu trop vite. Défauts courants quand on débute dans la profession !

Mon langage n’était pas assez simple. Trop complexe et trop riche selon la rédaction qui me demandait de simplifier mon phrasé. J’ai fait beaucoup d’efforts pour m’y conformer

Au bout de trois semaines de stage, son employeur souhaite faire le point avec lui car « il ne le sentait pas assez épanoui« . Tom dit alors  que tout va bien mais explique qu’effectivement il doit travailler en « séquences », qu’il peut atteindre ses objectifs, mais pas forcément du premier coup. Il ne peut réaliser les choses que les unes après les autres. La direction lui demande pourquoi. Tom annonce alors qu’il est atteint d’un trouble autistique : le syndrome d’Asperger.

Ce TSA se manifeste par un manque notable d’intuition, j’analyse beaucoup, voire trop et je n’ai quasiment pas d’instinct. Il m’est également impossible de traiter plusieurs informations simultanément.

La direction prend acte : les choses sont claires et tout semble aller pour le mieux. Il lui aurait été demandé d’être opérationnel pour le mois de décembre.Trois jours plus tard, Tom est à nouveau convoqué. On l’informe alors que la collaboration s’arrête là. Qu’il n’ira pas au bout de sa période d’essai.

Une décision légale

Dans le cadre d’un d’apprentissage, lors des deux premiers mois, l’employeur, tout comme l’apprenti, peuvent mettre fin au contrat, sans motif. C’est donc la décision qu’a prise la direction de la radio.
Tom le reconnaît : on ne lui reproche aucune faute grave mais des blocages relatifs à son expression, sa façon d’être. « Oui, je suis quelqu’un de singulier, nous confie-t-il, c’est comme si j’étais né dans une autre époque. »

Ce qu’il regrette, c’est qu’il n’ait pas eu le temps de faire ses preuves, ni de se justifier, ni de se défendre.

Nous avons contacté l’ex-employeur de Tom qui ne souhaite pas faire de déclaration particulière. A ce jour, ni Tom, ni la radio n’ont pris de décision quant à la suite à donner à cette affaire sur le plan juridique

Diagnostiqué il y a un an

Ça me coûte vraiment de vous livrer cette partie de moi

Tom nous raconte qu’à l’école, puis au collège, il rencontre des difficultés. Il se rend compte qu’il est quelqu’un de particulier. Au lycée et en classe préparatoire, tout semble s’arranger mais reste une question : « Pourquoi ai-je des difficultés dans mes relations sociales alors que j’ai eu une enfance stable et heureuse ? « . Il dépose un dossier en vue d’un diagnostic en janvier 2018 et quelques mois plus tard il a enfin l’explication : le syndrome d’Asperger.

C’est un suicide social !

Avant de réaliser cette ‘ »confession-vidéo », Tom dit  avoir pris conseil auprès de ses proches qui lui ont déconseillé cette démarche. Josef Schovanec, l’écrivain et militant autiste lui aurait déclaré : « C’est un suicide social de l’annoncer publiquement ainsi« . Mais Tom a fait fi de ces recommandations.

Quelle insertion professionnelle ?

Et au-delà de ce qui pourrait être ou devenir une polémique, se pose, une nouvelle fois, la question de l’insertion des personnes atteintes d’un TSA dans le monde éducatif et/ou professionnel.

« Nous ne sommes pas malades, nous n’avons pas de superpouvoirs, nous ne sommes pas des attardés et pas tous des savants […] 1 % de la population est touchée par un trouble du spectre de l’autisme […] et cette partie de la population éprouve beaucoup de difficultés pour trouver un emploi. Je viens d’en faire l’amère expérience. » Tom Hannane

Dans un rapport présenté en 2017 à la Secrétaire d’Etat chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l’exclusion sur le devenir professionnel des personnes autistes,  Josef Schovanec écrit : « Indéniablement, la situation actuelle de l’emploi des personnes autistes en France n’est pas bonne. D’aucuns feraient, légitimement sans doute, appel à des termes plus forts encore. Le malaise à traiter du sujet est d’autant plus grand que la méthodologie d’ordinaire de rigueur, à savoir l’impératif de s’appuyer sur des faits et des chiffres pour décrire un phénomène social, ne peut tout simplement pas être suivie ici : les données statistiques, fragmentaires en matière d’emploi des personnes handicapées en général ainsi que ne manquent pas de le relever répétitivement les organismes dédiés, deviennent pour ainsi dire inexistantes pour ce qui est du seul autisme.« 

Josef Schovanec poursuit : « La question de l’accessibilité trouve pourtant ses premières limites face au refus fréquent bien qu’inexplicable de nombre d’entreprises d’adapter, même légèrement, certaines habitudes telles que les horaires de travail ou la prise des repas. »

« Jamais un autiste n’atteindra un niveau de virtuosité des gens non autistes »

Source FR3.

Côtes-d’Armor. Josef Schovanec donne deux conférences sur l’accès à l’emploi des autistes…

Jeudi 10 et vendredi 11 octobre 2019, le philosophe et écrivain, lui-même autiste, donnera deux conférences sur l’emploi des personnes autistes, à Dinan et à Plérin (Côtes-d’Armor).

Côtes-d’Armor. Josef Schovanec donne deux conférences sur l’accès à l’emploi des autistes . Josef Schovanec.

« L’emploi des personnes autistes, un atout pour votre entreprise ? » Le thème de la conférence qui sera donnée lors de deux soirées, à Plérin et à Dinan, par Josef Schovanec, écrivain, docteur en philosophie, et lui-même autiste, pourrait paraître provocateur.

Les associations de familles de jeunes autistes dénoncent plutôt les difficultés d’intégration sociale et professionnelle de leurs proches. À l’image de l’association dinannaise Ouvrons la Bulle !, partenaire de ces soirées. Elle donne en exemple Dominique, « un jeune autiste costarmoricain d’une trentaine d’années, désormais autonome, qui a dû quitter une entreprise où, durant dix ans, il a travaillé quasiment sans congé. Tout en étant le souffre-douleur de ses collègues. »

L’apport des personnes handicapées

A contrario, Josef Schovanec, met en avant l’apport des personnes handicapées pour la vie de l’entreprise. Il est l’auteur d’un rapport visant à favoriser l’emploi des personnes autistes, qui propose « de combattre les représentations négatives de l’autisme, et de leur faciliter l’accès à la scolarisation, jusqu’aux études supérieures. »

Ce jeudi, à 18 h 30, à Plérin, à l’espace Roger-Ollivier. Vendredi, à 19 h, à Dinan, au centre de rencontres René-Benoit. Entrée libre.

Source OUEST FRANCE.

A Bailleul Le Concours Culinaire International dédié aux professionnels porteurs d’un handicap se déroulera le 5 octobre…

Créé en 2003 par Benoît FLAHAULT, c’est le concours culinaire international dédié aux professionnels porteurs d’un handicap.

Ce grand événement gastronomique se tient chaque début d’automne depuis 17 ans au Lycée professionnel Sainte-Marie de Bailleul, il est organisé par l’assiette Gourm’Hand.

Bailleul Le Concours Culinaire International dédié aux professionnels porteurs d’un handicap

C’est la 17ème édition du Concours

En 1h30 d’épreuve, il invite une quinzaine d’équipes françaises et internationales à concourir autour d’un thème donné. Le jury, présidé par Guillaume GOMEZ et organisé en un maillage de grands Chefs, porte son attention tout autant sur la technique observée en cuisine que sur le visuel dans l’assiette et bien entendu sur les qualités des stimuli  goût, flaveur, odeur.

Si ce concours vise à valoriser le travail de personnes porteuses d’un handicap, il propose avant tout de mettre en avant de vrais professionnels aguerris et passionnés.

samedi 5 octobre de 08:00 à 17:30

Lycée professionnel privé sainte-marie

À propos :

L’Assiette Gourm’hand est un concours culinaire qui vise à valoriser le travail de professionnels porteurs d’un handicap mental. L’événement se déroule annuellement à Bailleul (59).

Organisé chaque année au Lycée Professionnel Privé Sainte Marie de Bailleul, le concours l’Assiette Gourm’Hand s’inscrit dans une démarche de professionnalisation et de reconnaissance.

Le soutien toujours plus fort de l’Académie Nationale de Cuisine donne à ce concours une ampleur nationale avec des établissements d’accueil venant de toute la France. Ils se retrouvent pour cette manifestation originale de valorisation du travail des personnes handicapées dans le milieu professionnel de la restauration.

Le regard doit davantage se porter sur la qualité des réalisations plutôt que sur une compassion devant le handicap.

La participation des chefs reconnus du monde gastronomique permet de restaurer une meilleure image du handicap et aussi de s’en faire une autre idée. Il est placé sous le Haut-Patronage de Monsieur le Président de la République et bénéficie du soutien particulier de l’ensemble de grandes associations culinaires et gastronomiques françaises.

Photos 2018 :

  Bailleul Le Concours Culinaire International dédié aux professionnels porteurs d’un handicap

Bailleul Le Concours Culinaire International dédié aux professionnels porteurs d’un handicap

Source FRANCE BLEU.

Isère : l’Ecole des pupilles de l’air accueille sa première promotion de jeunes atteints d’autisme…

Dix jeunes atteints du syndrome d’Asperger, une forme d’autisme, ont fait leur rentrée à l’École des pupilles de l’air à Montbonnot (Isère). Il s’agit de la première promotion d’élèves en situation de handicap à intégrer cet établissement militaire.

La première promotion de jeunes atteints d'autisme a reçu l'insigne de l'Ecole des pupilles de l'air (Isère). / © Jean-Christophe Pain / France 3 Alpes

Tous en rang, vêtus de chemise blanches immaculées, dix jeunes de l’École des pupilles de l’air ont reçu leur insigne mercredi 25 septembre, marquant leur entrée dans cet établissement militaire. Et leur arrivée dans cette structure signe un grand virage en faveur de l’intégration d’enfants handicapés pour le seul lycée de la Défense de l’armée de l’air en France.

C’est la première fois que cet établissement implanté à Montbonnot (Isère), près de Grenoble, accueille des élèves atteints du syndrome d’Asperger. Ces jeunes autistes, qui souffrent de difficultés significatives dans les interactions sociales, suivront une partie de leur scolarité en inclusion dans les autres classes. Au premier rang lors de la cérémonie de remise des insignes, leurs parents affichent un large sourire.

Alors que la scolarisation des enfants en situation de handicap relève souvent d’un parcours du combattant, Anthony Chudeau se réjouit de l’entrée de son fils Matheo à l’École des pupilles de l’air. « C’est le grand jour pour mon fiston, la cérémonie, s’exclame-t-il. Il a fait beaucoup de progrès depuis son entrée ici, il est autonome, ça change la vie. »

« C’est un vrai défi »

Prendre part à une telle cérémonie n’est pas si simple pour des adolescents qui ont souvent du mal à gérer et exprimer leurs émotions. Alors avant la grand messe, Vania Chauvière les soumet à une série d’exercices pour gérer leur stress. « Certains perçoivent l’émotion plus fort que nous parce qu’ils ont une hypersensibilité visuelle ou auditive, donc ils vont se balancer pour réguler leur tonus, explique l’orthopédagogue. On doit apporter des moments où ils vont pouvoir le faire pour qu’ils puissent supporter leur environnement. »

L’ouverture de cette nouvelle classe relève d’un partenariat inédit entre le ministère des Armées et l’Éducation nationale. Pour accélérer leur progression, ces dix jeunes seront répartis chaque jour en groupes de cinq. Et à partir du collège, ils pourront intégrer le cursus normal de l’École des pupilles de l’air, avec l’appui des professeurs et du personnel médico-social de la structure.

Les 10 jeunes autistes vont, à terme, suivre le même parcours que les autres élèves de l'Ecole des pupilles de l'air. / © J.-C. P. / France 3 Alpes

« Le contenant du groupe est apaisant pour ces enfants souffrant d’autisme parce qu’ils ont besoin d’un cadre, note Géraldine Gonda, infirmière coordinatrice sur le département de l’Isère. Tout est structuré : le temps, l’environnement… S’appuyer sur le groupe est aidant pour limiter l’angoisse d’être seul, perdu. Ce sont des repères autant visuels que de structure qui permettent d’accompagner au mieux ces enfants. »

Après la cérémonie, le personnel de l’École est fier de constater que les jeunes ont tous réussi à rester calmes pendant une heure. « Ils nous montrent tous les jours qu’ils ont des possibilités, qu’ils veulent faire comme tout le monde, se réjouit Olga Da Costa, éducatrice-coordinatrice. Ce cadre les motive, ils prennent exemple sur les autres. D’avoir leur insigne, d’être au milieu de leurs pairs et pas dans un établissement entre eux, ça les motive. » Et d’ajouter avec enthousiasme : « C’est un vrai défi, mais je pense qu’on l’a déjà gagné. »

Source FR3.

Handicapé, Romain Claudet réussit son pari d’embaucher d’autres personnes en situation de handicap…

Victime d’un terrible accident de voiture, Romain Claudet, 24 ans, est devenu PDG de sa propre entreprise « Tout le Monde en Bois » à Frasne (Doubs) où il emploie des personnes en situation de handicap.

Les premiers salariés sont arrivés cette semaine. Histoire d’un tour de force, physique et mental.

Handicapé, Romain Claudet réussit son pari d'embaucher d'autres personnes en situation de handicap

Romain Claudet continue à défier la nature. Le jeune homme de 24 ans, victime d’un terrible accident de la route il y a six ans, est devenu fondateur et PDG de sa propre entreprise Tout le Monde en Bois. Installée à Frasne, dans le Doubs, la société fabrique allume-feu et meubles déco, mais elle construit surtout de nouvelles vies à ses salariés handicapés.

L’entraide comme devise

Luca Jouanolle est arrivé mi-septembre. Malvoyant d’un oeil et handicapé d’une main, il confie : « Je ne pensais pas pouvoir repartir dans le métier que j’avais appris. Le problème, c’est que, quand les gens pensent ‘travailleur handicapé’, ils pensent ‘infirme’« . Grâce à la confiance de Romain, Luca peut à nouveau travailler le bois, et surtout retrouver une vie normale, comme Stéphane Guillaume chef d’équipe :

« C’est dur, c’est physique, c’est crevant. Mais j’ai pu avoir mon appartement, ma paie, peut-être un véhicule bientôt… Une vie normale ! »

Chez Tout le Monde en Bois, la bonne humeur du patron et sa détermination sont un véritable état d’esprit : « ce qui me plait ici, c’est qu’on est une famille, tous unis. S’il y en a un qui a un problème, on arrête tout et on va l’aider, on discute, on trouve des solutions… Il y a une bonne ambiance. »

« On m’avait dit que je ne remarcherai jamais, que je ne reparlerai jamais, que je ne prendrai jamais d’initiative. Après cet accident, je suis sorti avec une force et une rage de vaincre et de montrer à tout le monde que si, c’est possible, avance Romain Claudet, qui a passé 3 mois et demi dans le coma et connu 8 mois et demi de rééducation. »

C’est un exploit de plus au palmarès de Romain Claudet. En février dernier, le jeune homme, champion de trottinette free-style dans une autre vie, avait franchi la ligne d’arrivée de la Transju malgré ses difficultés d’équilibre.Ce miraculé à l’énergie incroyable avait parcouru 12 km en ski de fond en marge de la Transjurassienne aux côtés de l’association la Sapaudia et soutenu par les élèves de 5a, une classe Segpa du collège de Saint-Vit dans le Doubs. A l’époque embauché par l’entreprise de bois de son père, il se battait déjà pour ouvrir sa propre boîte et aider d’autres accidentés de la vie.

Romain Claudet a monté son entreprise seul, sans l’aide d’aucune subvention. Son prochain défi : obtenir l’agrément « entreprise adaptée ».

« Je serai fier le jour où les locaux seront remplis d’handicapés, de gens qui ont vraiment besoin d’un travail. On me dirait : on te redonne ta vie d’avant, je dirai non, c’est mort. Je me suis tellment battu pour la vie que j’ai aujourd’hui qu’il est hors de question pour moi d’abandonner ! », conclut Romain Claudet.

Source FR3.

Paraplégique, il répare vélos et fauteuils roulants dans son garage de Charente-Maritime…

A l’occasion d’une journée commune entre France Bleu et France 3, ce mercredi, sur le thème de la sécurité routière, France Bleu La Rochelle a rencontré François Leray.

Paraplégique suite à un accident de la route, il a ouvert son atelier de réparation de vélos et de fauteuils roulants à Charron.

Depuis 3 ans, François Leray répare dans son garage des vélos et des fauteuils roulants

Paraplégique suite à un accident de moto, il a décidé de mettre son expérience au service des autres. François Leray, un Charentais-Maritime de 33 ans, se déplace en fauteuil roulant depuis huit ans. Après des années de rééducation, de rendez-vous médicaux, de séances chez le kiné, cet ancien plaquiste a décidé de se remettre au travail ! Mais dans un tout autre domaine. Depuis trois ans, il a ouvert son entreprise de réparation de vélos et de fauteuils roulants. Son atelier, c’est son garage, à Charron, qu’il a spécialement aménagé.

Un garage de 16m² où sont entreposés cinq vélos en réparation et un tas d’outils. Des chambres à air, des pneumatiques, il y en a partout, aux murs et au plafond ! Mais le réparateur y trouve son compte. Il a optimisé cet espace et surtout, il l’a adapté. « J’ai fabriqué ce petit établi sur mesure, pour pouvoir passer mes jambes en-dessous. » 

A l’entrée du garage, une table élévatrice que François pointe du doigt. C’est une autre de ses créations et il en est fier. _ »_Je l’ai faite à partir d’un ancien lit médicalisé. Je pose les fauteuils dessus et décide de la hauteur pour pouvoir travailler. »

François passe des heures dans son atelier, et ça lui fait du bien. Reprendre une activité lui permet d’accepter petit à petit son handicap. 

Ça aide à penser à autre chose. Au lieu de passer mes journées enfermé chez moi à me demander comment je pourrais m’occuper, désormais je me lève le matin et j’ai quelque chose à faire. Je n’oublie pas le fauteuil parce que je suis toujours dedans, mais ça m’aide à être une personne normale.

Grâce à son nouveau métier, François se sent « utile ». Et travailler chez lui est un bon compromis. Il peut maintenir les visites médicales à domicile, s’occuper de ses enfants, se reposer quand il en a besoin. La durée de réparation d’un vélo ou d’un fauteuil varie de trente minutes à une journée, selon son état de fatigue. Mais ses clients sont compréhensifs ! Certains sont également en situation de handicap. Alors même si les tarifs de François ne sont pas moins élevés qu’ailleurs, la relation client, elle, est unique. 

« Les gens sont face à une personne de confiance qui est dans la même situation qu’eux. Ça lève tout de suite les tabous et on peut parler de tout ! »

Rien à voir avec les grandes enseignes selon lui, où « on entre, on pose nos roues et on s’en va. » Il préfère prendre le temps de discuter.

François est un commerçant dévoué. Pour ses clients en situation de handicap, il se déplace jusqu’à chez eux pour récupérer et déposer les fauteuils roulants, grâce à son véhicule adapté.

Source FRANCE BLEU.

Les troubles « dys », handicap invisible en entreprise…

Les adultes ayant des troubles « dys » (dyslexie, dyspraxie…) se retrouvent souvent en difficulté dans le monde du travail, faute de connaissance de ce handicap cognitif.

Les troubles « dys », handicap invisible en entreprise

Difficultés à écrire, lire, parler, comprendre une consigne, s’orienter dans l’espace ou réaliser plusieurs tâches en même temps… Les troubles « dys » (dyslexie, dyscalculie, dysorthographie, dysgraphie, dysphasie, dyspraxie ou troubles de l’attention) toucheraient 6 à 8 % de la population.

Si on en parle de plus en plus à l’école, le monde du travail les méconnaît encore largement. « J’ai tenu deux jours comme téléconseillère en assurance car il fallait aller trop vite, raconte Mouna, 21 ans, dyscalculique et dyspraxique, titulaire d’un bac littéraire. Comme serveuse, j’avais trop d’informations à retenir et comme vendeuse, cela se passait très bien à l’oral mais c’était compliqué de rendre la monnaie… ».

Désormais, elle suit une formation en gestion administrative dans les ressources humaines. « À force de volonté, on finit par y arriver. Mais il faut en face de soi des personnes bienveillantes ».

Comme l’explique Nathalie Chappey, orthophoniste à Nantes et fondatrice des éditions Prune, pour faciliter les apprentissages scolaires et professionnels des « dys », « il faut que les entreprises comprennent que le cerveau peut fonctionner de différentes manières. Plutôt que de pointer la lenteur d’un salarié, il faut changer de lunettes et regarder ses atouts ».

Créer son emploi

Sauf qu’en France, avoir des difficultés à lire ou écrire est « encore vécu comme une maladie honteuse, fait observer Vincent Lochmann, vice-président de la Fédération française des dys (1). Un mail d’un candidat à l’emploi truffé de fautes part directement à la corbeille… ». Malgré son master 1 en informatique, Aurélie, « multi-dys » de 28 ans, a eu du mal à décrocher son premier emploi. « Beaucoup de recruteurs nous trouvent trop lents car le temps c’est de l’argent. Mais moi, par exemple, j’ai un sens du détail que d’autres n’ont pas ».

Elle vient ainsi de créer sa propre société pour former enseignants et entreprises à ces troubles. Sylvie, « multi-dys » de 47 ans, a elle aussi créé son emploi, en devenant aide à domicile auprès des personnes dépendantes : « Je suis enfin épanouie dans mon travail car je peux le faire à ma sauce, sans stress ».

Des compensations sur mesure

Depuis 2016, l’AGEFIPH (fonds pour l’emploi des personnes en situation de handicap) propose des compensations spécifiques pour les troubles « dys », au même titre que les handicaps auditif, visuel, moteur… « Elles doivent relever d’une observation fine du poste de travail, précise Ivan Talpaert, directeur de la sécurisation des parcours à l’AGEFIPH. Il peut s’agir de séquencer les tâches ou bien d’utiliser un logiciel spécifique comme ADELE TEAM, une assistance à la lecture et l’écriture conçue avec l’université Paris 8 »

La fédération française des dys lance quant à elle une structure de formation pour les professionnels. Sa première session, en juin, portera sur les outils numériques pour les salariés « dys ». « Tout l’environnement doit être sensibilisé, prévient Vincent Lochmann. Les dirigeants comme les collègues de travail. On ne doit plus considérer les ‘dys’comme des personnes feignantes ou de mauvaise volonté, comme ils l’ont trop souvent entendu durant leur scolarité ».

Source LA CROIX.

Handicap, une baisse du chômage en trompe l’œil…

En un an, le chômage des personnes handicapées a reflué d’un point pour tomber à 18 %. Si cette baisse est encourageante, elle masque une réalité plus contrastée.

Handicap, une baisse du chômage en trompe l’œil

« Nul n’est inemployable, mais il faut lui donner la chance de le montrer. » Muriel Pénicaud, ministre du travail, en a fait son slogan. Et les chiffres vont plutôt dans son sens. En 2018, le chômage des personnes handicapées s’est établi à 18 %, selon une récente étude de l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph) (1). C’est un point de moins qu’en 2017.

Un marché du travail accessible

Un « bon chiffre », qui ne surprend pas Didier Eyssartier, directeur général de l’Agefiph : « La dynamique globale du marché de l’emploi est positive et les personnes handicapées en profitent. Le marché du travail est plus accessible aujourd’hui qu’il y a 20 ou 30 ans. Avec la tertiairisation du travail, les progrès de la scolarisation des enfants, quelle que soit leur pathologie, et de meilleures qualifications, les personnes handicapées se positionnent sur le même genre de métiers que le tout public. »

L’Agefiph se félicite aussi que 80 % des entreprises de plus de 20 salariés comptent aujourd’hui au moins un travailleur handicapé. « Les entreprises prennent conscience que le handicap peut être une source de performance, abonde Emmanuelle Dalsecco, journaliste pour le site Handicap.fr. Certaines boîtes cherchent même à adapter des postes mais ne trouvent pas d’handicapés qualifiés. D’autres considèrent les autistes asperger comme des génies et se les arrachent. Des restaurants embauchent des serveurs trisomiques et ça se passe très bien. Les personnes handicapées ont les mêmes chances que les autres. »

Une réalité plus contrastée

Cette baisse statistique encourageante n’est cependant peut-être pas si effective que cela. De plus en plus de personnes déjà en emploi demandent en effet une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé. Emmanuelle Dalsecco rappelle ainsi que 80 % des handicaps surviennent chez l’adulte : accidents, maladies dégénératives, etc. L’Agefiph constate également que les maisons départementales du handicap (MDPH) transmettent parfois des données « erratiques » qui perturbent les statistiques.

Le handicap reste, dans les faits, le premier facteur de discrimination à l’emploi, comme le montre l’expérience de Leïla, développeuse Web de 27 ans, qui a perdu son travail après l’obtention du statut de travailleuse handicapée. « Ma santé s’est progressivement détériorée. Je faisais des arrêts maladies, j’avais des opérations. Mon patron me harcelait dès que je montrais des signes de faiblesse. » L’initiatrice du hashtag #MonPrivilègeHandiPréféré sur Twitter a fini par se retrouver au chômage.

Le taux de chômage des personnes handicapées demeure ainsi plus de deux fois supérieur au taux national. Et sur le terrain, beaucoup d’entreprises ne font pas le nécessaire pour mettre les handicapés dans des conditions optimales. Leïla rapporte par exemple que son employeur a refusé d’adapter son poste de travail et ses horaires pour favoriser sa productivité. « C’est comme si les personnes handicapées n’existaient dans le monde du travail que par des campagnes de communication », déplore-t-elle.

Un « élan » à confirmer

Par ailleurs, de nombreuses sociétés contournent la loi du 10 juillet 1987 imposant aux entreprises de plus de 20 salariés d’employer au moins 6 % de travailleurs handicapés préférant verser une contribution à l’Agefiph. En 2018, l’association a récolté 400 millions d’euros des entreprises privées, un montant en légère hausse par rapport à 2017.

Emmanuelle Dalsecco juge en fait la situation mitigée. « Avec la carte blanche d’Emmanuel Macron lors du débat d’entre deux tours et une ministre maman d’une fille trisomique, les handicapés ont fondé beaucoup d’espoir sur la politique de ce gouvernement. Aujourd’hui, ils n’y croient plus. Moi, j’ai quand même l’impression qu’il y a un vrai élan. »

(1) D’après un rapport de la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares).

Source LA CROIX.