Des animaux pour les malades d’Alzheimer à l’EHPAD de Pignan…

La zoothérapeute Caroline Carrière organise des séances de médiation animale deux fois par semaine à l’EHPAD L’Oustal, à Pignan (Hérault) avec sa petite ménagerie : une chienne, des lapins et une poule à houppette pour des exercices de motricité et de mémoire.

Les malades d’Alzheimer apprécient.

La zoothérapeute se sert de plusieurs animaux pour ses séances. Ici des lapin et une poule à houppette.

Pour la séance du jour, ils sont quatre autour de la table. Des résidents de l’EHPAD L’Oustal, à Pignan, qui n’accueille que des malades d’Alzheimer. Et couchée sur cette table, une magnifique chienne blanche, un berger suisse extrêmement docile qui appartient à Caroline Carrière, la zoothérapeute qui vient à L’Oustal deux fois par semaine.

Caresser une poule à houppette est un exercice de motricité

Elle se sert de sa chienne pour faire faire quelques exercices. Brosser et caresser l’animal peut paraître banal, mais cela permet aux pensionnaires de travailler l’épaule ou bien la main, alors que parfois, ils refusent de le faire chez le kinésithérapeute. Il y a aussi la mémoire. Caroline Carrière demande par exemple à Eliette de lui rappeler le nom de l’animal. Pas d’hésitation : « Guapa », répond-elle fièrement.

Guapa fait sa pause, d’autres animaux sont amenés sur la table : une poule à houppette et des lapins. L’accent est mis sur le sensoriel, le toucher. « J’ai toujours aimé les animaux, même quand j’étais petite » se souvient Eliette. Une fois adulte, elle a eu des chiens.

Après le séances, du bien-être pour les pensionnaires

« Il faut avant tout de l’apaisement, qu’ils aient envie, pour ce soit un plaisir et de la concentration. Ensuite on va travailler avec des objectifs bien précis selon les pathologies de chacun : réconfort, motricité, mémoire, effet de réminiscence... Sans infantiliser qui que ce soit, on travaille sur les animaux présents et sur les animaux qu’ils ont eu »; c’est ainsi que Caroline Carrière résume les séances qu’elle organise.

Céline Durand, la directrice, est vraiment séduite par cette médiation animale : « On voit, quand ils sortent des activités, le sourire. Quand le chien arrive, de suite les yeux pétillent. Ce n’est pas quelque chose qu’on peut mesurer et ils ne peuvent pas s’exprimer, mais on sent qu’il y a du bien-être pour eux et ça c’est important ».

La belle Guapa qui se prête docilement aux exercices - Radio France

La fameuse poule à houppette - Radio France

 

Source FRANCE BLEU.

Nathalie, 48 ans, a choisi la zoothérapie pour sa fille autiste : « On ne peut que constater les bénéfices au quotidien »…

Cette mère de famille a adopté en 2013 Gringo, un chien d’accompagnement destiné à aider sa fille autiste. Au micro d’Olivier Delacroix, sur Europe 1, elle raconte comment ce compagnon à quatre pattes a changé leur quotidien.

Nathalie, 48 ans, a choisi la zoothérapie pour sa fille autiste : "On ne peut que constater les bénéfices au quotidien"

Nathalie, 48 ans, est la mère de Suzy, une jeune fille de 15 ans, diagnostiquée tardivement autisme « à haut niveau ». Si ce trouble du développement lui permet d’avoir des interactions sociales et une relative indépendance, la moindre perturbation dans les habitudes de la jeune fille peut avoir des conséquences dramatiques. Pour aider Suzy à affronter les incidents du quotidien, la famille a adopté il y a cinq ans un chien d’accompagnement. Au micro d’Olivier Delacroix, sur Europe 1, Nathalie raconte comment Gringo aide chaque jour sa fille à apprivoiser son handicap.

« Suzy fait face à un handicap invisible. […] Quand on voit un enfant autiste dit ‘de haut niveau’, on a l’impression d’un enfant neurotypique, sans difficulté particulière. Sauf qu’elle a des contraintes importantes qui sont cachées, qu’on ne décèle pas au premier coup d’œil et qui peuvent la mettre dans des situations d’angoisse et de panique très importantes, et qui vont l’empêcher de faire un certain nombre de choses, voire la déstabiliser au point de ne plus rien faire.

Par exemple, elle a un trouble de l’automatisation du geste, qui est très discret maintenant, mais qui reste prégnant au niveau visio-spatial, c’est-à-dire que la prise d’information au niveau des yeux est anarchique, et donc se repérer dans l’espace peut être compliqué. Sur un trajet, si les choses changent ça peut la perturber au point qu’elle ne sache plus comment se rendre d’un point à un autre.

Aborder la construction du temps a été extrêmement compliqué, c’est-à-dire qu’elle ne perçoit pas le continuum espace-temps comme nous nous le percevons, au moyen d’une ligne. La notion du temps qui défile peut lui échapper ; elle peut se concentrer très fort sur quelque chose et en oublier le temps qui passe.

Convaincue des bienfaits de la zoothérapie après avoir rencontré une petite fille amputée, Nathalie a décidé de se tourner vers Handi’chien, une association qui forme et fournit gracieusement des chiens d’accompagnement.

Je suis orthophoniste en libéral, et dans ma patientèle la mère d’une jeune fille que je suivais, qui avait […] été amputée d’une jambe, avait fait une demande pour qu’elle soit accompagnée d’un chien d’assistance Handi’chien. Donc, j’ai découvert Handi’chien au travers du vécu de Léa, qui venait au cabinet avec son chien. J’ai trouvé ça vraiment formidable. […] Très rapidement, je me suis posée la question des bienfaits pour accompagner Suzy qui, à l’époque, était relativement jeune, elle devait avoir sept ans. Moi, j’ai beaucoup d’affection pour les animaux, et Suzy en avait aussi. On n’avait pas d’animaux à l’époque et elle en réclamait un très souvent.

Une fois que le dossier est sélectionné, il faut faire un stage de passation. En l’occurrence ça a duré 15 jours, en présence d’un adulte responsable, de l’enfant et de l’animal. C’était à Alençon. On essaye quatre ou cinq chiens qui, potentiellement, pouvaient correspondre à notre demande et, au fur et à mesure des essais, la famille et l’enfant font des jeux et ensuite l’équipe statue sur le fait que ce soit tel chien qui correspondra le mieux. À partir du troisième jour, on évolue 24 heures sur 24 avec le chien. Il rentre avec nous le soir au centre, il est tout le temps avec le bénéficiaire et jusqu’à la fin du stage on va travailler, s’accorder. Il va y avoir des ajustements progressifs entre le chien, l’enfant et le référent pour que ça matche par la suite.

Si Gringo aide Suzy à gérer les petits aléas du quotidien, il a surtout permis à la jeune fille de s’ouvrir davantage au monde extérieur.

Gringo est arrivé en décembre 2013, ça fait un peu plus de cinq ans maintenant qu’il fait partie de la famille. Il est attribué à Suzy, mais nous, autour d’elle, on ne peut que constater les bénéfices de sa présence au quotidien.

«  Elle ose faire des choses qu’elle n’oserait pas faire sans lui « 

Dans le cas de Suzy, on ne guérit pas puisque c’est un handicap. On est vraiment dans la compensation, et Gringo compense les contraintes de Suzy à plusieurs niveaux. Au quotidien, il va être à la fois sa béquille quand elle trébuche, physiquement, il va l’aider à se déplacer. Gringo va être aussi un parachute émotionnel, parce que quand on est autiste [et que l’on tombe], le monde s’écroule, mais aussi et surtout un tremplin et une passerelle avec le monde qui entoure Suzy. C’est-à-dire qu’il a permis de rendre visible ce handicap invisible et d’apporter beaucoup plus de bienveillance dans le regard extérieur, vis-à-vis de Suzy.

La passerelle ne fonctionne pas que dans le sens Suzy-le monde extérieur, mais elle fonctionne aussi dans le sens monde extérieur-Suzy. Les gens viennent à elle parce qu’ils sont intrigués par la présence de Gringo. […] Là est le rôle de Suzy qui va les informer, leur expliquer. Ça la valorise, ça lui permet de suivre une conversation, de s’adapter aux demandes d’un interlocuteur dans la rue, ce qu’elle ne pourrait pas faire en temps normal. Si quelqu’un l’abordait dans la rue sans la présence de Gringo, en lui posant une question, elle serait fragilisée, perdue. Là ce n’est plus du tout le cas et elle ose faire des choses qu’elle n’oserait pas faire sans lui. C’est un vrai tremplin sur lequel elle rebondit toujours plus vite et vers une autonomie plus sûre. »

Source EUROPE 1.